In Bloom (Fanfiction)

By Celra205

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Leur vie ressemble à une course, constamment poursuivis, le coeur bruyant, à bout de souffle. Ils ne s'arrête... More

Supernova (Acte 2)

Supernova (Acte 1)

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By Celra205

Dans ses rêves les plus vieux, Robyn ne cessait de chuter au coeur d'une faille sans fond. A sa grande surprise, aucun sentiment de peur ne venait lui tordre l'estomac alors qu'elle coulait à pic dans les ténèbres et qu'aucun espoir d'être sauvée ne venait miroiter sous ses yeux. Elle se sentait juste froide et indifférente face à la lumière qui s'éloignait et face à la mort la guettant.

La première fois qu'elle se souvenait en avoir rêvé, elle avait tout au plus sept ans. Vivant à l'époque à Bridgetown, perdue au milieu de ses frères et sœurs, elle avait demandé la signification, effrayée, de ce rêve à sa mère. Tu es en train de grandir, c'était ce qu'elle lui avait répondu avec un sourire étrange. Voilà tout.

Pourtant, à présent que Robyn avait gagné en années et en expérience, le rêve – ou bien le cauchemar – ne cessait de hanter la plupart de ses nuits. De lui hanter l'esprit. Sans doute que cela signifiait qu'elle mourrait jeune ? Ou bien que, comme tout autre chanteur célèbre et ultra-médiatisé, elle connaîtrait bel et bien un jour une terrible descente aux enfers ? Peut-être était-ce dû au fait que ses vingt-sept ans approchaient dangereusement, âge empoisonné pour tout artiste de son envergure ?

Elle l'ignorait. Elle ne voulait pas savoir.

Tout irait bien, n'est-ce pas ?

N'est-ce pas ?

Se donnant intérieurement une gifle, Robyn reporta son attention sur la foule en délire qui la guettait et s'apprêtait à l'acclamer dès qu'elle mettrait un pied hors de ses loges. Malgré les années – bon sang, cela faisait près de dix ans qu'elle côtoyait ce genre de situations –, être cernée par une armée de fans de tous âges et de toutes nationalités qui n'avaient d'yeux que pour sa personne l'impressionnait toujours autant.

Elle prit une profonde inspiration tout en glissant ses lunettes à verres teintées chez Miu Miu sur le haut de son nez et fit valser la porte en verre sous sa paume, ses gardes de corps sur ses talons.

« Regardez, elle est là ! »

« On t'aime, RiRi ! »

« T'es au top ! »

« RIHANNA ! »

Un sourire amusé étira ses lèvres rouges alors qu'elle traversait la foule en faisant marteler ses bottines contre le bitume. Des doigts lui effleuraient la peau, des bouches s'ouvraient et se refermaient sans qu'elle ne puisse entendre d'autres sons qu'un incompréhensible brouhaha, les Nikon des paparazzis se braquaient sur elle...

Clac.

La portière de la Mercedes se referma sur elle, et les hurlements assourdissants en furent étouffées. La voiture démarra et Robyn renversa ses membres épuisés sur la banquette arrière en cuir noir, puis, fredonnant entre ses dents cette vieille chanson des Beatles qui la rassurait étant enfant, little darling the smiles returning to the faces, little darling it seems like years since it's been here, here comes the sun, s'y endormit, bercée par le vent sifflant d'au-dehors.

.

.

Ça fait mal.

Mon corps entier me fait mal.

Mes joues me brûlent, c'est à peine si je parviens à soulever mes paupières tuméfiées et mes lèvres tremblent. J'ai envie de pleurer, mais les larmes ne feraient qu'incendier d'autant plus une douleur déjà plus qu'intolérable.

Un gémissement plaintif jaillit hors de ma bouche lorsque je tâte précautionneusement la pulpe de mes joues contre ma pommette mauve. Le monde tournoie un peu fiévreusement autour de moi.

J'aimerais être forte, j'aimerais être en mesure de serrer les lèvres et ne laisser filtrer aucune émotion pathétique à l'exemple de ces héroïnes surhumaines tirées de films hollywoodiens. J'aimerais pouvoir cacher ma souffrance au monde entier qui a les yeux braqués sur ma personne.

Mais je ne peux pas.

C'est trop, trop, trop dur.

Et jamais je ne l'oublierais.

Ça fait trop mal pour que j'en sois seulement capable.

.

.

« Je ne veux pas m'en aller. » déclara le Dixième Docteur d'une voix déchirée de douleur, et, le regardant se consumer sous une musique tragique et puissante, Robyn sentit ses yeux piquer sérieusement. Doctor Who avait décidément la capacité un peu exaspérante de lui arracher de grosses larmes qu'il vente, qu'il neige, qu'il pleuve.

C'était. Trop. Dur.

Enfin, à présent elle allait pouvoir se lancer dans la cinquième saison, disponible sur Netflix. Alors, reniflant toutes les trois secondes, elle avala sec une nouvelle bouchée de glace à la pistache tout en se renfonçant dans ce confortable canapé en cuir que lui offrait cette chambre d'hôtel VIP où elle logeait.

« A nous deux, Matt Smith. » Et encore un peu de glace pour se remettre de ses émotions.

Au moment même où l'épisode s'ouvrait sur le crash complètement désespéré du Tardis, on toqua à sa porte. Grommelant dans sa barbe, Robyn leva les yeux au ciel et abandonna le confort de sa couverture – sans doute était-ce l'un de ses gardes du corps, juste pour être sûrs qu'elle ne manquait rien.

Mais comment pouvait-on seulement manquer de quelque chose quand on s'appelait Rihanna et qu'on avait sous la main une fortune s'étendant à plus de deux cent quarante-sept millions de dollars ?

Ce à quoi elle ne s'attendait pas le moins du monde, c'était tomber nez à nez avec Marshall Mathers.

« Hey, Fenty. » la salua-t-il, vraisemblablement amusé par la tenue négligée qui n'était pas coutumière à cette passionnée de mode et de maquillage.

En effet, Robyn n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler à son avantage. Sa figure était complètement démaquillée et ses paupières aussi alourdies que rougies par son chagrin de fangirl trahie. Elle était en vieux T-shirt Pink Floyd et jogging de sport, avait rassemblé ses cheveux sombres en une sorte de palmier informe.

Mais, ne s'en souciant guère, elle se jeta dans ses bras avec un glapissement qui ressemblait à peu près à ceci :

« Em', il vient de se passer quelque chose de terrible ! »

Il y avait quelque chose de naturellement apaisant chez Marshall. Elle avait toujours aimé l'enlacer, que ce soit en studio ou bien au terme d'un de leurs concerts collaboratifs, et jamais il ne l'en avait empêchée.

Alors, sans le relâcher d'un pouce, elle l'entraîna presque de force à l'intérieur de la chambre d'hôtel – ou, plus exactement, de l'étage lui étant dédié.

« Quoi ? Quelqu'un est mort ? » questionna le rappeur en ôtant son treillis trempé de pluie. Il se retrouva en sweat sombre – pour changer –, et ébouriffa ses cheveux pâles avant de prendre place dans le canapé. « Ou bien quelqu'un veut te tuer ? T'as plus de voix pour le concert de demain ? Non, je sais : t'as plus de maquillage, c'est ça ? »

« Idiot ! Ta méchanceté te perdra. » rit Robyn en cognant son poing gracile contre l'épaule de Marshall. « Non, c'est pire que ça – pire que la Bérézina, que l'Apocalypse, que Ragnarok, que le 21 décembre 2012, que Negan en personne, pire que le jour où Michael Jackson a quitté ce monde, pire que le jour où tu es né Mathers : le Dixième Docteur est mort ! »

Un long blanc suivit l'exclamation suraiguë de la jeune femme. Marshall finit par rouler des yeux.

« ... Doctor Who, c'est ça ? » soupira-t-il.

« Ne me dis pas que tu ne regardes pas ce chef d'oeuvre... »

« Disons que je pourrais mieux te décrire détail par détail les trois saisons de Violetta. »

Une fois encore, un ange passa avant que Robyn ne se plie en deux, sous le regard blasé du rappeur, dans un fou rire – rappelant sans peine les hyènes ricanantes du Roi Lion à Marshall – qui dura près de deux minutes.

« ... Mais quelle virilité, c'est trop chou. »

« Tu vois à quel point je suis un homme généreux. » marmonna-t-il en retour. « Whitney aura tout intérêt à avoir son diplôme haut la main, trouver un mec sympa, beau et intelligent qui aura fait de bonnes études et qui saura la rendre heureuse, et me donner des petits-enfants potables. Sinon je la ficellerais à un fauteuil et je la forcerais à visionner Le Seigneur des Anneaux, Walking Dead et les sept Fast And Furious à la suite et sans la moindre pause.

« ... je retire immédiatement ce que j'ai dit, tu es flippant. Pauvre gosse. D'ailleurs, tu t'es jamais rendu compte à quel point tu ressemblais à Elijah Wood ? »

Il s'en étouffa à moitié.

« Pardon ? »

« Quand j'avais douze-treize ans et que je savais même comment tu t'appelais, j'arrêtais pas de vous confondre tous les deux. » 

« Quand j'y repense, c'est pas la première fois qu'on me fait la remarque... »

Et ça continua ainsi jusqu'à plus de quatre heures du matin. Tous les deux, rien qu'eux affalés sur le canapé à ricaner comme des fous. Ils ouvrirent du Malibu, regardèrent un peu Doctor Who, parlèrent de tout et de rien, et, quand Marshall s'en alla finalement dans un dernier rire, Robyn sentit une crispation douloureuse tendre ses muscles.

Après tout, elle n'avait jamais aimé dire au revoir.

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