Bourdeaux, été 2014
Tout aurait pu être parfait. Le soleil qui brûlait la peau et faisait brunir les visages. Les rires fous des innocents libérés de toutes les contraintes. Les beats vibrantes de la musique, nuit et jours. Mais il était temps de briser les masques. Acheter une bouteille de Vodka, lâcher les chiens et regarder ses sombres secrets en face. La soirée était riante, les paupières et les bouches brillantes. Les pupilles noires d'ivresse.
Notice d'utilisation : un shot de vodka par personne, chacun dit quelque choses qu'il n'a jamais fait et si une personne à déjà une fois dans sa vie fait l'action dite, elle boit son verre cul-sec.
Ajouter des questions existentielles et superficielles. Une première cuite. Des sentiments mal placés. Remuez. Laissez exploser et jaillir les larmes.
-Je n'aie jamais été attiré par quelqu'un du même sexe.
Tu regardes ton verre. Tu ne veux pas boire. Tu regardes le mur, les fissures qui courent sur la peinture blanche vieille de 100 ans. Au loin, très loin, tu entends L. qui hurle de rire. Tu regardes la bouteille vide. Tu fixes les lumières dehors et la lune de lait.
Tu penses à sa peau de crème et ses grains de beauté comme des centaines d'étoiles. Tu penses à sa bouche, ses cheveux à la couleur indéfinissable de renardeau. Tu vois son visage de gamine adulte qui s'endort contre une vitre pleine de buée. Elle n'est pas magnifique ni même sexy. Pour toi, elle est plus que ça. C'est la lumière même qui se révèle dans un visage familier. C. avait volé ta raison un soir d'été, cramé ton cerveau et foutu le feu à ton âme.
Soudain, tout est clair.
Tu lèves ton verre et la brûlure de l'alcool brut sur tes lèvres et ta langue te secoue. Tu trinques à ta déchéance. Personne n'a remarqué que ton verre était vide. La gorge en feu, un verre vide à la main, tu chiales comme un bébé. Un bébé avec trois grammes d'alcool dans le sang. Un bébé bourré qui pleure des larmes grosses comme des gouttes de pluie.