Alors la vérité a éclaté.
- Vous n'avez toujours pas compris ? Vous êtes vraiment une belle bande d'idiots, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre...
Les six ont tournés la tête en direction de la voix qui venait de parler. Avril s'est effondrée, et Colin s'est exclamé d'une voix tremblante :
- Ha... Hazel ?
La porte de la pièce a grincé, et Hazel est apparue dans l'embrasure dans la porte.
- Vous êtes vraiment naïfs, tous autant que vous êtes, commença-t-elle avec un sourire carnassier, qui contrastait avec son expression habituelle. Vous m'avez vraiment cru quand j'ai dit que j'étais l'un d'entre vous, c'est incroyable ! C'était un coup de bluff pour vous diviser, parce que vous commenciez à vous rapprocher, mais je ne m'attendais pas à ce que ça marche aussi bien. Certains étaient un peu moins crédules que d'autres, mais vous avez tous fini par y croire.
- Alors c'est toi, lui répondit Avril d'une voix atone. Je n'arrive pas à y croire... Tu étais mon amie !
- Oui, la trahison doit piquer un peu non ? Enfin, ça doit être pire pour Colin. N'est-ce pas, chéri ?
- Je... Je pensais que...
- Oh, tu pensais ! Mais tu pensais mal Colin ! Néanmoins tu m'as été d'une aide précieuse, alors je t'en remercie. Tu m'as raconté toute tes petites histoires avec Hannah, c'était adorable de ta part. Comme je n'avais plus Avril pour rester un peu en contact avec vous six, il fallait bien que je trouve quelqu'un d'autre, et tu as fais le job à merveille !
Elle referma alors la porte derrière elle. Dans un geste désespéré, Jase attrapa le pistolet qu'elle avait placé dans le sac d'Avril, et le pointa sur elle.
- Maintenant tu vas nous laisser sortir, et tu vas venir au commissariat avec nous !
Hazel éclata de rire.
- Haha, vraiment naïf, c'est ce que je disais. Vas y Jase, tire. Je t'en pris.
Il la regarda intensément, et sa main trembla. Il sembla rester une éternité dans cette position, puis il soupira et relâcha son bras. Hannah se précipita vers lui pour le soutenir.
- Je savais pas tu n'aurais pas le cran de le faire, le nargua Hazel. Mais je ne suis pas idiote, c'est un faux évidemment. Je n'allais pas vous donner une arme contre moi.
Aaron esquissa un geste pour s'avancer vers elle.
- Hm, à ta place je n'avancerai pas, l'avertit Hazel. Si l'un de vous tente quoi que ce soit, je pars en vous enfermant ici, puis je répandrai tout un tas de rumeurs sur vous. Ça serait dommage n'est-ce pas ? Alors tenez-vous tranquille.
- Qu'est-ce que tu veux ? l'attaqua Emie.
- Oh moi ? Rien, juste m'amuser un peu. Vous êtes si mignons tous les six, on dirait une portée de petits lapereaux effrayés...
- Alors c'est ça ? la questionna Avril d'une toute petite voix. Depuis le début c'est ça, tu t'amuses avec nous ? C'est pour ça que tu as créé toute cette histoire de Carnet ? Pour t'amuser ?
Hazel s'avança vers eux, tandis qu'ils reculèrent vers le fond de la pièce.
- Pour m'amuser ? Oh non, c'est bien plus que ça... Tu crois vraiment que je me serais donné autant de mal juste pour m'amuser comme tu dis ?
- Pourquoi tu as fait ça alors ?
- Pourquoi ? C'est la grande question n'est-ce pas, ce que vous vous demandez tout les jours depuis le début : pourquoi ? Mais tu sais quoi Avril, c'est infiniment plus compliqué que ce que tu penses. Et le pire, c'est que tout ça, c'est de ta faute !
- Ma faute ? Ma faute ?! C'est toi qui a fait ça, pas moi !
- Oh oui, mais si j'ai fait ça, c'est à cause de toi. On est amie depuis un certain temps toi et moi n'est-ce pas ? Et depuis tout ce temps, je suis restée dans ton ombre, à toi puis à Kylie. Tout a toujours tourné autours de toi Avril. Tu as toujours été dans les premières de la classe, tu es belle, tu ne t'en rends pas compte mais les mecs te mattent Avril, tout le monde t'admire. Tu as absolument tout pour toi, mais pourtant tu es la fille timide, qui demande Hazel de parler aux gens à leur place, qui a peur de tout, qui n'ose rien, alors que tu pourrais tout avoir !
- Je... Alors depuis le départ, tu es juste jalouse de moi ?
- Oh non, j'ai dépassé le stade de la simple jalousie depuis un certain temps. C'est de la haine Avril. Alors quand cet été, Kylie a commencé à aller voir ailleurs et nous abandonner progressivement, et que tu es partie à Paris, en ne m'envoyant que de stupides messages comme « coucou, ça va ? tu fais quoi ? », j'ai commencé à monter cette histoire de Carnet, pour te faire souffrir un peu, toi la miss-parfaite ! Sauf que j'ai découvert quelque chose d'assez incroyable grâce à ta mère : tu avais un cancer. J'aurais pu m'arrêter là, à vrai dire j'y ai pensé. Mais comme tu n'as pas jugé utile de me prévenir, moi ta "meilleure amie", je me suis dit que tu le méritais. Et puis peu après, j'ai surpris la discussion de Colin et Hannah, quand elle lui apprenait qu'elle était enceinte. Et je me suis dit que c'était stupide de me venger de seulement toi, Avril, alors qu'il y avait tant de personnes détestables que je pouvais faire chanter. Alors j'ai cherché d'autres possibles secrets, chez les personnes qui m'énervaient profondément. Et j'ai trouvé. J'ai décidé de faire souffrir tous ceux qui semblait avoir une vie parfaite, tout ceux qui représentait tous ce que je détestais. Hannah, la fille la plus stupide et superficielle possible, en plus riche, belle et populaire. Colin, le mec le plus intelligent du lycée, qui s'en vante à chaque occasion. Jase, le sportif populaire, le salaud avec les filles. Emie, la petite rebelle insupportable qui s'imagine mieux que tout le monde. Aaron, le bad-boy égoïste, qui fout en l'air la vie des gens sans aucuns regrets. Oh, vous pourriez répliquer que je ne suis pas mieux, mais je ne suis surement pas pire que vous. J'aurais aussi pu choisir d'autre personne : Edna, la fille bizarre qui se mêle de tout (elle a d'ailleurs failli tout deviner vers noël), Kelly, la cheerleader idiote, Kylie, Becca, Kaitleen, Josh, Cara, Karl, Isaac, Chris... Mais c'est tombé sur vous, il faut croire qu'eux savent mieux protéger leurs petits secrets.
- Tu veux dire que tu as fait tout ça à cause...
- De ce que vous représentez, oui parfaitement. Le plus drôle c'est qu'au début vous m'avez donné raison, vous étiez exactement tel que l'on pouvait s'y attendre en vous regardant. Heureusement, quand j'ai commencé à révéler vos secrets, vous avez commencé à changer, ce qui était mon but.
Avril, Colin, Emie, Jase, Hannah et Aaron se regardèrent, sonnés par toute ces révélations.
- Mais comment tu as fait ? la questionna Colin. Je ne t'ai jamais soupçonné, pourtant on était souvent ensemble...
- Oh ça, ce n'était pas si compliqué. Il y avait un mouchard dans le Carnet. Quand vous l'aviez, j'entendais tout ce que vous disiez. Notamment pour Emie, qui parle à voix haute quand elle écrit. Il y avait aussi un GPS, donc je suivais tous vos déplacements. Au lycée personne ne m'a jamais remarqué, alors c'était vraiment simple pour moi de vous espionner. Et pendant vos soirées je n'en parle même pas !
- J'arrive pas à y croire, murmura Hannah.
- J'imagine, c'est beaucoup d'information d'un coup pour toi et ton petit cerveau. Mais peu importe que tu réalises ou pas, tu n'en parleras à personne. Et ça vaut pour vous tous. Maintenant que vous savez tout, le Carnet est fini. Mais ça ne m'empêche pas de toujours avoir des moyens de pression sur vous. Alors faites attention à ce que vous faites...
Hazel s'avança alors vers eux, et attrapa le Carnet et le pistolet.
- Je garde ça évidemment.
Et avant que personne n'eut le temps de réagir, elle sortit en courant, les laissant seuls, hébétés.
Aaron eut le reflexe de se lancer à sa poursuite, mais Hazel avait refermé la porte principale avec le verrou. Le temps qu'il casse une fenêtre pour sortir, elle était déjà loin, emportant le Carnet avec elle. »
Voilà ce qu'il s'est passé, et comment la vérité a éclaté cette nuit là.
Le lendemain, vous êtes tous allé au commissariat, malgré ce que je vous avais ordonné. Mais vous n'aviez plus aucune preuve, à part des sms d'un numéro masqué et quelque mails d'une adresse bidon. En plus c'était un dimanche matin, alors les policiers n'ont pas été très patients avec vous, et vous ont simplement rit au nez.
J'ai bien vu qu'Avril hésitait à balancer Aaron, mais elle s'est heurtée au même problème que moi : ce salaud n'a laissé aucunes preuves.
Oups oui, j'étais encore là. Quand je disais que j'étais discret, ou plutôt discrète n'est-ce pas, je n'exagérais pas.
Enfin, cela n'a plus d'importance maintenant. Vous savez tout, et je n'ai plus rien à faire avec vous. De toute façon, moi aussi je déménage. On a beau faire chanter six personnes, quand le reste de sa famille déménage, on n'a pas vraiment le choix. C'est pour ça que je vous ai tout expliqué, je pars ce soir. Je ne vous dirai pas où évidemment, mais sachez que vous allez être tranquilles désormais.
Adieu, mes chers écrivains. Faites attention aux psychopathes comme vous dites, il y en a plus qu'on ne le pense. Après tout, qui parmi vous avait ne serait-ce qu'une seule fois pensé à Hazel Jones comme Inconnu potentiel ?
***
Ça y est, c'est la fin... !
Je posterai l'épilogue et le mot de la fin dans quelques minutes...