Rimbaud et Lolita

By OhMyLonelyMonster

78.1K 7.1K 2.9K

La disparition de la jeune Nola Kellergan, tout le monde l'a oubliée, à Aurora. Ça se comprend, l'affaire rem... More

blurb
disclaimer
prologue
un // mouettes
deux // carottes
trois // cafés
quatre // équation
cinq // pluie
six // boîte
sept // monstre
huit // amertume
neuf // photographie
petit mot de l'auteure
dix // médisances
onze // vérité
douze // vengeance
treize // maison
quatorze // millard
quinze // lâche
seize // bébé
dix-sept // point de non-retour
dix-huit // embarras
dix-neuf // fantôme
vingt-et-un // inopiné
vingt-deux // parias
vingt-trois // mère
bonus // océan mer
vingt-quatre // colère
vingt-cinq // winston
vingt-six // manuscrit
vingt-sept // sweet sixteen
vingt-huit // pénultième (1)
vingt-huit // pénultième (2)
vingt-neuf // glas
trente // rideau
trente-et-un // calamité
trente-deux // adieux
trente-trois // magouilles
trente-quatre // canada
trente-cinq // déchéance
trente-six // twitter
trente-sept // alma
trente-huit // retrouvailles
bonus // montages photos
trente-neuf // règle d'or
quarante // dorian gray (1)
quarante // dorian gray (2)
épilogue
the end...or is it?
des mouettes et des hommes

vingt // corps

952 111 75
By OhMyLonelyMonster

Sirens, Pearl Jam (ou Whole Lotta Love de Led Zeppelin, au choix...)

Sans pouvoir s'en empêcher, il poussa un cri de surprise qui mourut, étouffé, sur les lèvres de l'autre homme. Pendant un long moment, il demeura pétrifié, ses yeux grands ouverts. Il se demanda un instant si son imagination ne lui jouait pas un sale tour. Cette main, frêle et froide, contre sa joue et ces lèvres hésitantes, timides, soudées aux siennes, étaient-elles réelles? Il n'osa pas bouger un seul muscle, de peur que tout gâcher, avant de se rendre compte que son immobilité pouvait prêter à confusion.

Comme si Harry lisait dans ses pensées, il se détacha de lui en moins de deux. La tête baissée, il se recula de quelques pas et se perdit dans d'interminables excuses — qu'il lui pardonne, il n'aurait pas dû faire ça, il ne savait pas ce qui l'avait pris — pendant que Marcus, lui, se fendait d'un grand sourire. Avec de grandes enjambées, il le rejoignit. Sans la moindre hésitation, il entoura son visage de ses mains et joignit leurs lèvres à nouveau.

À cet instant précis, que lui importaient les railleries et les regards de travers qu'ils se récolteraient très certainement au détour du chemin, s'il pouvait toucher cet homme encore et encore et encore? Les yeux mi-clos, il enlaça sa taille, ses mains au-dessus de son bassin, et l'attira à lui. Bientôt, il sentit les bras de Harry tâter ses épaules, puis son cou pour finalement s'y enrouler, les pressant davantage l'un contre l'autre, leurs bouches toujours scellées.

Sans même s'en rendre compte, Marcus avait repris le contrôle de la situation en un rien de temps. Il lui apparaissait plus qu'évident que Harry ne savait pas comment réagir à ses baisers et à ses caresses, sans doute parce qu'il s'était empêché d'aimer pendant toutes ces années au nom de sa gamine disparue. Ce n'était pas grave. Marcus le guiderait, Marcus lui réapprendrait. À lui d'être le mentor, et à Harry d'être l'élève.

Quand ses poumons lui firent trop mal, Marcus se détacha de lui, mais ne le lâcha pas pour autant. Au contraire, il l'étreignit encore plus fort tout en reprenant son souffle, son front collé contre le sien. De loin, il avait toujours cru Harry ne faisait pas son âge, mais force lui était de constater que, tout compte fait, de minces rides sillonnaient son front. À force d'être ainsi examiné, Harry grimaça, le regard fuyant.

— Vous êtes conscient, j'espère, que vous pourriez avoir bien mieux que moi?

Après ce qui venait de se passer, son ton de voix très sérieux amusa Marcus. C'était peut-être sa façon d'alléger son malaise. Il décida de jouer le jeu :

— Je pourrais avoir mieux que l'un des meilleurs écrivains de ce pays? Je ne crois pas, non.

Harry roula les yeux et le repoussa. Les bras croisés, il marcha jusqu'à la baie vitrée derrière laquelle on pouvait admirer la mer. Marcus le rejoignit, entêté. Il ne le laisserait pas se refermer sur lui-même.

— Qu'est-ce qui ne va pas? tenta-t-il. J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas?

Harry laissa échapper un rire nerveux. Pour la première fois qu'ils se connaissaient, il s'adressa à lui de manière informelle :

— Mais non, Marcus. Ce n'est pas toi, le problème. Je veux dire, regarde-toi, un peu. Tu es jeune, beau, tu as la vie devant toi. Tu pourrais avoir n'importe qui. Et je suis sûr que tu le sais.

— Mais je ne veux pas n'importe qui, dans quelle langue il va falloir que je te le dise? s'emporta Marcus. Écoute, je ne sais pas comment on en est arrivés là. Mais ce que je sais, c'est que je ne veux pas d'un type qui part travailler à 8 h et qui ne rentre qu'à 17 h, pendant que je reste à la maison pour écrire. Je ne veux pas d'un type qui accepte à contrecœur, juste pour me faire plaisir, de courir avec moi le matin ou de m'accompagner à l'opéra, au théâtre et dans des galeries d'art. Je ne veux pas non plus d'un type qui fasse semblant de s'intéresser à mes livres et qui me couvre de louanges à l'excès pour ne pas me blesser.

Il prit une grande respiration, son regard ancré dans le sien, avant de s'approcher encore plus de lui.

— Ce que je veux, en revanche, c'est quelqu'un qui sache par quoi je suis passé pour être où j'en suis et, surtout, qui me comprenne. Peu importe son âge.

Harry grimaça et secoua la tête.

— Tu dis ça, mais dans quelques années, tu changeras d'avis.

Marcus le dévisagea, immobile, les poings serrés. Comment osait-il lui sortir pareille connerie? Essayait-il de se protéger? Et de quoi, bon sang? Jamais il ne lui ferait le moindre mal, du moins pas volontairement.

En revanche, Nola — rien que son prénom le dégoûtait — lui avait fait du mal, c'était un fait. La petite, elle, avait changé d'avis quelque trente ans plus tôt. Elle avait disparu dans la nature, laissant derrière lui un homme assez fou pour l'attendre. À force d'espérer en vain, il en était devenu paranoïaque. Peut-être même croyait-il, tout traumatisé qu'il était, que les gens finiraient tôt ou tard par le quitter? Dans ce cas, ce serait à Marcus de lui prouver le contraire.

— Il va falloir me faire confiance, Harry, répondit-il doucement. Sinon, ça ne marchera pas.

L'autre homme acquiesça de la tête.

— C'est plus facile à dire qu'à faire.

— Je sais. Laisse-moi t'aider.

Déconcerté, Harry tourna la tête vers lui, et Marcus, avec un petit sourire, franchit la courte distance qui le séparait de lui. Cette fois, il l'embrassa avec douceur, il ne voulait pas le brusquer. Mais les soupirs à moitié étouffés qui s'échappaient de sa bouche le rendaient fou et bientôt, il s'agrippa à lui comme si sa vie en dépendait. Sans réfléchir, il le poussa doucement vers le canapé, et Harry n'opposa pas de résistance; à nouveau, il le laissait mener la danse.

Le cœur sur le point de le lâcher, Marcus mordilla la lèvre inférieure de l'autre homme qui, docile, entrouvrit sa bouche. Il le força ensuite à s'asseoir et rompit leur baiser pour qu'ils puissent reprendre leur souffle. Une fois ses coudes enfoncés dans le canapé moelleux, son visage à quelques centimètres du sien, il s'arrêta un moment pour l'observer.

Certes, il n'avait plus le corps d'un type de vingt ans — comme Alice —, mais il n'en était pas désagréable à regarder pour autant. Ses larges épaules et ses bras musclés, héritage de sa longue pratique de la boxe, compensaient amplement ses quelques rides, qui lui donnaient même un certain charme, de l'avis de Marcus.

— Ça va? chuchota-t-il.

À son hochement de tête, il recolla leurs lèvres avec un sourire pendant que Harry, comme tout à l'heure, plaçait ses mains dans son dos. La respiration plus rapide, Marcus enfouit ses mains dans les cheveux de l'autre homme, qu'il tira sans pouvoir s'en empêcher. Aussitôt, un lourd gémissement roula de la gorge de Harry, qui releva la tête et exposa son cou nu, invitant.

Marcus ne se fit pas prier deux fois; il délaissa la bouche de son compagnon pour s'attaquer à son cou, qu'il embrassa. À travers ses lèvres, il sentait son pouls s'agiter à l'unisson avec son propre cœur. Il sourit de toutes ses dents, victorieux, quand il l'entendit panteler son prénom, ses mains cramponnées encore plus fort à son dos et ses épaules.

— Marcus, attends..., échappa-t-il, sa voix inhabituellement enrouée.

Les sourcils froncés, Marcus se redressa, toujours au-dessus de lui cependant. Il le regarda. L'homme tremblait. Quelque chose n'allait pas. Inquiet, il parcourut du regard son visage : ses yeux étaient écarquillés et ses joues, cramoisies.

— Quoi? demanda-t-il enfin.

— Peut-être que ça va trop vite...

Marcus cilla. Oui, peut-être que ça allait trop vite, en effet. Avec Alice, il ne s'était jamais posé la question; les choses s'étaient enchaînées sans qu'il ne le réalise vraiment, parce qu'à ce moment-là, il avait été trop curieux de coucher avec un homme pour la première fois de sa vie pour arrêter quoi que ce soit. Résultat, il s'était davantage concentré sur son propre plaisir plutôt qu'à celui de son partenaire.

Et en toute franchise, il ne voulait pas que ça se passe comme ça avec Harry. Lui, il méritait bien mieux qu'une simple partie de jambes en l'air.

Le principal intéressé se redressa à demi, appuyé par ses coudes. Il murmura, grimaçant :

— Je suis désolé.

— Quoi? Mais non, pas du tout. C'est peut-être mieux qu'on prenne notre temps, après tout. Et puis, on pourra toujours se reprendre une autre fois...

Pour le rassurer — le pauvre tremblait encore —, il le prit dans ses bras et sourit lorsqu'il le sentit refermer ses bras autour de lui. Ils restèrent ainsi quelques instants, en silence, et quand Harry se calma enfin, Marcus le relâcha et se redressa. Mais au passage, il effleura l'autre homme, qui ferma les yeux et siffla entre ses dents.

— Désolé, murmura Marcus en s'empressant de se mettre debout.

Il était sincère, son pantalon à lui aussi commençait à être serré... Pour dissiper le malaise, il proposa de s'occuper du repas de ce midi. Tandis qu'il se dirigeait vers la cuisine d'une démarche quelque peu crispée, il essaya de se concentrer sur des additions pour se changer les idées — il avait toujours eu les mathématiques en horreur.

Seigneur, que penserait sa mère si elle le voyait dans un tel état? Sa mère. Il grimaça pendant qu'il sortait la casserole de l'armoire et qu'il la remplissait d'eau. Ils ne s'étaient toujours pas reparlé depuis qu'ils s'étaient vus à l'hôpital. Il n'avait pas essayé de l'appeler, elle non plus d'ailleurs. C'était le silence radio, le calme avant la tempête, peut-être. Car si elle avait mal réagi en apprenant sa « véritable nature », comment réagirait-elle en le voyant au bras d'un homme beaucoup plus âgé que lui?

Harry était très respecté dans tout le pays, mais aux yeux de sa chère mère, ça ne signifierait évidemment rien. Quant à son père, il abonderait dans le même sens, aucun doute là-dessus. Il imaginait déjà les questions qu'ils lui mitrailleraient. Mais comment peux-tu aimer ce type? Enfin, es-tu sûr de l'aimer? Manques-tu d'argent ou d'attention? Peut-être qu'il te manipule? Peut-être que c'est un vieux pervers dégoûtant? Rien qu'à y penser, il serra les dents.

— Attention! Ça va déborder.

Harry venait de le rejoindre en cuisine. Marcus fronça les sourcils; il était tellement perdu dans ses pensées qu'il n'avait pas surveillé l'eau qui se remplissait dans la casserole. Avec un soupir, il en jeta le tiers dans l'évier. Harry sourit et lui demanda :

— Je peux t'aider?

— Non merci, ça devrait aller, je fais des spaghettis, répondit-il en déposant la casserole sur le feu.

Harry hocha la tête en s'adossant contre l'îlot. Pendant que Marcus attendait que l'eau soit prête, il lança à brûle-pourpoint :

— Harry, je sais ce que tu en penses, mais moi, je n'ai plus envie de me cacher. Je me suis caché toute ma vie, tu le sais, et je réalise maintenant que la vie est trop courte pour ça.

Il l'aperçut du coin de l'œil se croiser les bras.

— Et tu as pensé aux conséquences, bien sûr? Tes parents...

— ... penseront bien ce qu'ils voudront, compléta-t-il. Comme le reste du monde. D'ailleurs, à leurs yeux, on est déjà un couple. Je suis Marcus Gold digger, tu te rappelles?

Harry esquissa un sourire.

— Je me demande quel surnom débile ils me colleront. Avec Quebert, il n'y a pas tant de possibilités.

— Oh, on le découvrira bien assez tôt...

Marcus ajouta les pâtes à l'eau bouillante et brassa le tout. Il sentait le regard de Harry posé sur lui, et si auparavant il lui aurait demandé s'il y avait un problème, là il ne pipa mot, sourire aux lèvres. Pendant que les pâtes cuisaient, ils gardèrent tous deux le silence, avant que Marcus ne commence à chantonner Whole Lotta Love, et que Harry ne rouspète :

— Ça y est, je vais l'avoir dans la tête tout le reste de la journée, merci.

— Quoi, j'adore cette chanson.

Harry roula les yeux avant de quitter la cuisine; quelques minutes plus tard, les fameuses premières notes de guitare résonnaient dans la maison. Quand il revint, Marcus pouffa de rire.

— Je ne savais pas que tu avais ça en vinyle, encore moins que tu écoutais ce genre de musique, commenta-t-il une fois calmé.

Harry balaya l'air de la main.

— Je n'écoute plus depuis des années, pour être honnête. Tu vas peut-être trouver ça pitoyable, mais la seule raison pour laquelle j'ai commencé à m'intéresser à l'opéra, c'était pour Nola qui, elle, adorait.

Sitôt le prénom maudit prononcé, Marcus délaissa un moment ses pâtes pour se tourner vers lui.

— Le rock, c'est très bien aussi, tu sais.

Un demi-sourire apparut sur les lèvres de Harry.

— Qui sait, c'est peut-être même meilleur.  

Bon, eh bien il n'y a plus de retour possible, je déclare le Goldbert officiel! Non, plus sérieusement, qu'avez-vous pensé de ce chapitre? Que ça vous rassure ou que ça vous déçoive, je n'ai pas l'intention de catégoriser cette histoire Mature, parce que je juge qu'il n'y a rien de choquant ou de vraiment osé dans ce que j'ai écrit et que très franchement, je doute qu'il y ait une autre scène « olé-olé », encore que celle-ci soit très soft. Voilà, je tenais à le préciser. 

J'espère que vous ne trouvez pas ça trop bizarre que nos deux cocos se tutoient? Ça m'a semblé normal qu'ils en viennent là, à ce stade-ci de l'histoire; quoi qu'il en soit, ne vous en faites pas, vous allez vous y habituer. Aussi, j'ai essayé de les garder in character (en bref, fidèles au bouquin d'origine) tout en explorant leur nouveau lien, est-ce que j'ai réussi? 

Continue Reading

You'll Also Like

34.1K 557 52
Tu es tp tn, une jeune femme de 18 ans portant le poids d'un passé douloureux, dont les cicatrices refont surface. Lorsque tu rencontres Inoxtag, tou...
91.5K 12.9K 35
Logan, c'est le grand brun aux yeux bridés qui aime les drames, ceux qui se terminent par de longs dialogues et des larmes séchées. Il les aime telle...
35.5K 3K 23
/!\ LES CHAPITRES 1, 2 ET 3 SONT RÉÉCRITS MAIS LA SUITE DE L'HISTOIRE NE L'EST PAS ! VOUS AUREZ DU MAL À COMPRENDRE SI VOUS CONTINUEZ LA LECTURE AU D...
177K 10.5K 182
- toutes les histoires ne finissent pas forcément bien #1 imessage - 14 Septembre 2018 23 octobre [still number one] #2 imessage - 27 septembre 2018