- J'en reviens pas ! Comment tu peux accepter ça ?!
Hermione posa le livre qu'elle tenait pour éviter de le jeter au visage de Draco. Elle était furieuse après lui et la façon dont il envisageait de se mettre en danger. Il était rentré peu de temps après elle et n'avait même pas eu le temps de dire un mot. Il ne l'avait jamais vu se laisser emporter par la colère ainsi. Draco était assis sur le canapé, attendant qu'elle le laisse en placer une, tandis qu'elle se tenait debout face à lui.
- Tu sais ce qu'ils te feront ! Tu veux crever ou quoi ?
- Granger, stop, dit-il en se levant brusquement.
Il s'approcha d'elle et prit sa main comme il avait l'habitude de le faire.
- Non, je ne veux pas crever et je sais très bien ce que je risque en acceptant. C'est pour ça que j'ai refusé.
- Quoi ? balbutia-t-elle, d'une voix faible.
- J'ai refusé.
- Mais, pourquoi tu n'as rien dit ?
Un sourire moqueur se dessina sur le visage du jeune homme.
- Tu m'as pas vraiment laissé dire quoi que ce soit.
- Tu n'es qu'un idiot, dit Hermione en détournant le regard, les joues rouges.
Draco tourna son menton d'un doigt, la forçant à le regarder.
- C'est pour ça que tu m'adores.
Il se rapprocha un peu plus d'elle, posant les mains sur sa taille.
- Tu pensais vraiment que tu allais te débarrasser de moi comme ça ? Je ne veux plus partir, Granger.
***
Le temps passa à une vitesse folle. Presqu'une année s'était écoulée depuis le retour de Draco. Le jeune homme s'était installé chez Hermione et la cohabitation se passait encore mieux que prévu. Même s'ils étaient tous deux réticents à donner un nom à leur relation, tout leur entourage les considérait comme un couple. Ils vivaient ensemble et avaient même trouvé une certaine routine dans leur quotidien. Hermione travaillait encore au Ministère de la Magie et Draco cherchait sa voie, enchaînant les petits boulots. La jeune femme le soupçonnait d'avoir un plan derrière la tête mais ne disait rien. Elle avait pleine confiance en lui et savait qu'il finirait par trouver sa place.
Ce soir-là, c'était un soir d'été, en plein mois de juillet. Le soleil brillait encore, refusant de se coucher. Hermione et Draco avait été invités à dîner chez Ginny et Harry. Les deux amoureux venaient de s'installer ensemble, dans la maison des parents de Harry. Ils avaient donc proposé à leurs amis de venir faire la pendaison de crémaillère de leur nouveau foyer. Hermione avait enfilé une petite robe d'été à fleurs et tentait désormais de dompter sa crinière. Draco entra dans la salle de bains et s'adossa contre le cadre de la porte, la regardant avec un sourire béat.
- Tu es prêt ? demanda Hermione, gênée de se sentir tant observée.
- Plus ou moins, répondit-il en s'approchant d'elle.
Il passa dans son dos, la prit dans ses bras et décala ses cheveux pour embrasser son cou. Hermione soupira, fermant les yeux.
- J'aime beaucoup cette robe, chuchota-t-il.
La jeune femme s'éloigna soudainement de lui, les joues écarlates.
- On va être en retard !
- On n'est pas obligés d'y aller...
Hermione croisa les bras.
- S'il te plaît, sois sympa. Ce sont mes meilleurs amis. Je sais que vous ne vous entendrez probablement jamais mais ça compte pour moi que tu essaies. Au moins un tout petit peu.
Draco eut un sourire moqueur. Elle ne semblait pas réaliser ce qu'il était capable de faire pour elle, surtout quand elle le regardait avec ces yeux là. Mais, le jeune homme avait sa fierté et ne pourrait jamais l'admettre. Il s'approcha d'elle et déposa un baiser sur son front.
- Oui, Madame.
Les deux amants finirent de se préparer avant de transplaner dans Godric's Hollow. La petite maison devant laquelle ils arrivèrent était pleine de charme et ne ressemblait en rien à ce que Hermione avait vu lors de leur "chasse" aux Horcruxes. La jeune femme se tourna vers Draco pour voir comment il se sentait. Contrairement à d'habitude, il semblait nerveux. Elle attrapa sa main, lui sourit et le conduit jusqu'à la porte d'entrée. Elle appuya sur la sonnette et une petite mélodie retentit. Après quelques instants, la porte s'ouvrit sur Ginny, qui les accueillit avec un grand sourire. Elle prit sa meilleure amie dans ses bras avant de faire la bise à Draco. Ce fut quand elle se retourna pour les laisser entrer que Hermione l'aperçut. Elle attrapa brusquement la main gauche de son amie. Là, à son annulaire, se trouvait une bague en or sertie d'un diamant. La brune écarquilla les yeux.
- Ginny !
La jeune femme lui fit signe de se taire.
- Tu es la première à la voir mais tais-toi, on voulait vous l'annoncer ce soir ! dit-elle en riant.
- Félicitations ! répondit son amie en la serrant de nouveau dans ses bras.
Draco la félicita à son tour puis ils rejoignirent le salon, où les attendaient Harry, Ron, Luna et Neville. Ils se saluèrent, malgré l'air renfrogné du rouquin. Puis, ils s'installèrent autour de la table de la salle à manger et, en portant un toast à leur nouvelle vie, Harry leur annonça la grande nouvelle : il avait demandé Ginny en mariage et elle avait dit oui. Ils les félicitèrent tous plus heureux les uns que les autres et, après de nombreuses embrassades, ils commencèrent le dîner.
Après le repas, Harry leur proposa comme dessert un fondant au chocolat qu'il avait lui-même préparé et partit le chercher dans la cuisine. Contre toute attente, Draco lui offrit son aide et l'accompagna. Ginny fit un petit sourire à Hermione mais celle-ci ne voyait pas cette initiative sous le même angle que son amie et sentit son estomac se nouer. Son intuition semblait lui jouer des tours mais, après une bonne dizaine de minutes, elle commença à s'inquiéter et décida de les rejoindre. En arrivant près de la porte de la cuisine, elle entendit les deux hommes parler à voix basse.
- C'est de pire en pire, dit Harry. Les Aurors n'ont presque plus de contrôle sur la situation.
- Où sont-ils ? demanda Draco.
- Aucune idée. Tout ce que nous savons, c'est qu'ils sont de plus en plus nombreux et que Lucius est à leur tête. Les journaux moldus commencent à s'affoler. Tout le monde voit que le chaos n'est pas loin de revenir. Malfoy, je crois que...
- Je sais. Tu crois que je n'y ai pas réfléchi, depuis le temps ?
Hermione entra alors dans la cuisine, croisant les bras sur sa poitrine.
- Je ne vous dérange pas ?
- Mione... commença Harry
- Non. Merci pour le repas, mais je pense qu'il est temps que nous rentrions, dit-elle sèchement, fixant Draco qui ne disait mot.
Après avoir dit au revoir à ses amis, Hermione transplana, bientôt suivie de Draco. Arrivés chez eux, elle se tourna brusquement vers lui.
- Tu comptais m'en parler ?
- Écoute, Granger, je sais très bien ce que tu penses de tout ça. Mais, je ne suis pas stupide. Je sais ce que je risque en m'engageant là-dedans, je me souviens très bien de m'être fait tabasser.
- Mais...
- Laisse-moi finir. Viens t'asseoir avec moi.
Ils prirent place sur le canapé.
- Tu ne peux pas comprendre la culpabilité avec laquelle je vis au quotidien. J'ai causé tellement de morts, peu importe le camp que j'ai choisi au final.
- Non...
- Granger, par Merlin, laisse-moi parler. Je sais ce que j'ai fait. Je sais également que je n'avais pas le choix mais ça n'enlève rien à ce que j'ai fait. Des gens meurent, Granger. Nous devons faire quelque chose avant qu'il ne soit trop tard. Tu imagines mon père devenir le nouveau Voldemort ? Tu imagines revivre ce qu'on a vécu ? Tu penses être capable de vivre avec de nouvelles cicatrices ?
- Stop, ça suffit.
Hermione se leva soudainement.
- Tu t'entends parler ? Qui dit que tu pourrais empêcher ça ?
- Je ne peux pas te donner les détails mais tout a été calculé et...
- Évidemment.
Draco se leva à son tour, agacé par la façon dont elle lui parlait.
- Et s'ils s'en prenaient à tes parents ? Tu ne serais pas soulagée que quelqu'un tente quelque chose pour les aider ?
Elle planta son index dans le torse du jeune homme.
- Je t'interdis de parler de mes parents.
Hermione partit dans sa chambre et claqua la porte derrière elle. Draco soupira, se frottant les yeux d'une main.
Plus tard dans la soirée, Draco alla frapper à la porte de la chambre.
- Granger, je peux entrer ?
Hermione ne répondit pas alors il décida d'entrer. Elle était allongée dans le lit, dans ses draps. Il s'approcha pour s'asseoir près d'elle. Ses yeux étaient clos et sa respiration lente.
- Je sais que tu fais semblant de dormir, chuchota-t-il.
La jeune femme mima un ronflement sonore, le faisant rire.
- Tu sais depuis combien de temps je dors avec toi ? Je sais à quoi ressemblent tes ronflements.
- Je ne ronfle pas, dit-elle, toujours les yeux fermés.
- C'est sûrement ça.
Elle finit par se redresser, s'asseyant dans le lit pour lui faire face.
- Je te demande pardon. Je n'aurais pas dû parler de tes parents.
Le silence s'installa entre eux. Elle baissa les yeux, jouant avec les draps.
- Tu as dit que tu ne voulais plus partir...
- Est-ce que j'ai vraiment le choix ?
Hermione le regarda enfin dans les yeux et Draco put voir toute la compassion du monde dans son regard.
- Alors, c'est ça ta vie ? Ne jamais avoir le choix ? Ne jamais pouvoir faire ce que tu veux ni être libre ?
Il se laissa tomber en arrière pour s'allonger dans le lit. Elle se mit à genoux près de lui pour l'embrasser sur le front.
- Pardon, je ne voulais pas te blesser.
- Non, tu as raison. C'est injuste.
Draco se sentit tout à coup plus vulnérable que jamais. Il la regarda droit dans les yeux et, du bout des lèvres, il souffla :
- J'avais perdu avant même de n'avoir pu effleurer ta peau.