Ellipse de deux heures.
Une caresse parcourait sa peau alors qu'Allison était encore embrumée par un léger sommeil, la chaleur d'un souffle calme venait s'envoler dans son cou mais le sommeil la tenait encore fermement et elle était trop épuisée pour songer à se réveiller maintenant.
Elle laissa simplement la caresse que quelqu'un aimait porter sur sa joue la bercer tendrement.
Au bout de quelques minutes l'effleurement avait cessé alors tant bien que mal, la jeune fille ouvrit les yeux difficilement.
Elle constata qu'elle était blottie dans les douillettes couvertures de la chambre d'Harry mais elle ne voyait le jeune homme nul part à l'horizon, elle leva un instant le regard vers la fenêtre qui avait été ouverte pour laisser rentrée l'air qui sentait bon la fin d'un après midi d'été. Elle souffla avant de s'affaler à nouveaux au milieu des couettes. Toute trace de fatigue avait à présent, quitté son esprit. Elle se leva doucement et marcha pieds nus à travers la chambre, elle descendit les marches de velours de escaliers débouchant ensuite devant l'arche de la cuisine, sans bruit elle s’appuya contre celui si, les yeux portés vers l'intérieur. Inconsciemment, elle sourit.
Anne, Gemma et Harry s'activaient dans la cuisine, eux aussi le sourire aux lèvres. Allison aimait à les voir heureux, ils le méritaient.
La mère de famille un instant se retourna et aperçu la brune, elle la gratifia du plus beau des rictus rassurant.
- Allison ma belle, viens dans mes bras, dit-elle avançant vers elle tendrement.
La jeune fille parut surprise dans un premier temps, c'était sa mère qui toujours l'avait rassuré en la câlinant, en la comblant de mots beaux, mais maintenant elle n'était plus de ce monde pour tenir ce rôle. Allison n'avait-elle pas droit à un peu d'amour maternelle même maintenant ? La jeune fille hésita, puis son besoin d'amour l'emporta sur ses remords et elle se faufila entre les bras ouverts d'Anne, son coeur la brûlait comme il ne l'avait jamais fait, il la brûlait de joie. La joie de trouver du réconfort en Anne et pas seulement en Harry. Mais d'un autre côté elle se sentait mal, elle avait l'impression de trahir sa mère en trouvant du réconfort en une autre. Au fond elle savait que de là haut ça mère la regardait heureuse pour elle, qu'elle s'était trouvé un foyer mais tout de même elle se sentait coupable.
/ FLASHBACK \
L'enfant laissa tomber une larme sur le parvis de l'église, dans sa petite robette noire elle était plus malheureuse que jamais. La tête abaissée, les yeux mouillés. Elle venait d'enterrer sa mère à seulement quatre ans.
Trop d'inconnus défilaient devant elle, trop de gens qui étaient là pour pleurer sa mère et pourtant aucun ne faisaient vraiment attention à la petite fille bouleversée. La plus part était des amis éloignés, ou des cousins.
Chamboulée, elle s'assit sur les marches de l'église, sa tête déjà déchirée de pensés malgré son jeune âge, elle savait que son père s'était enfuit mais elle ne savait pas bien pourquoi, elle savait qu'il avait fait quelque chose de mal à sa mère, puis peu à peu elle avait pris précocement la notion de la mort.
En venant ici elle espérait trouver quelqu'un que sa mère aurait connu quelqu'un de gentil pour la faire sourire, mais au fond que pouvait une enfant de quatre ans face à la cruauté du monde ?
Quelques instants plus tard, une très vielle femme s'arrêta devant Allison les yeux emplis de larmes, elle s'abaissa difficilement à la hauteur de la fillette peinée.
- Je suis désolé Allison...
La petite ouvra des yeux pétillants malgré les circonstances.
- Vous connaissez ma maman ? Vous savez pourquoi elle est endormie dans la boite noire ? Elle joue à la Belle au bois dormant ?
La femme le coeur lourd, fendu par les paroles de la petite lui sourit fébrilement.
- Oui, elle était mon arrière nièce, oui je pense qu'elle joue à ça, ou peut être à Blanche Neige, qui sait ?
La petite fille ne comprenant pas tous les mots de la phrase hormis Blanche Neige, se releva, l'air frivole.
- Vous allez me prendre avec vous ? Pour pas que j'aille loin avec d'autres gens bizarres ?
La vieille femme soupira alors qu'une larme coula le long de sa joue, l'innocence d'Allison lui fendait le coeur, elle aurait temps voulu l'aider, mais elle était en maison de retraite et ne pouvait pas avoir une enfant à sa charge, elle aurait pourtant tellement voulu donner à cette fillette la belle vie qu'elle méritait, l'amour qu'elle venait de perdre, la rassurer du mal qu'elle avait trop souvent enduré. Mais elle ne pouvait pas.
- Allison, je ne peux pas te prendre, car je suis dans une maison pour les personne vielles comme moi, mais ne t'inquiète pas, les gens seront très gentils avec toi.
La brunette se rassit, l'air pâle et triste.
- D'accord, mais ils veulent m'emmener loin de maman...
La vielle dame une fois de plus prit un coup entendant les paroles de la fillette, elle passa une main sur sa joue rougit par les pleurs et lui sourit.
- Ça va aller Allison, tu auras une belle vie je te le promet, n'oublis pas que malgré c'est circonstances tu ne dois jamais abandonner, jamais. La roue tourne et un jour elle tournera pour toi.
La petite fille offrit le plus beau des rictus à l'octogénaire, ayant retenu de bonnes choses de son message même si tous les mots n'avaient pas trouvé chemin dans son esprit.
Depuis ce jour là Allison n'a jamais abandonné, oui elle est tombée, de nombreuses fois mais ce qui compte n'est pas qu'elle soit à chaque fois relevée ?
/ FIN FLASHBACK \
Les deux filles se délassèrent et la quinquagénaire passa ses mains sur les contours pâle du visage de l'adolescente. L'air un peu préoccupé quant à sa mine blanchâtre.
- Ton petit somme t'a un peu remis sur pieds ? demanda Anne.
La jeune fille fébrilement acquiesça, heureuse d'avoir Anne au près d'elle mais encore retournée suite au souvenir qui venait de lui revenir en mémoire.
Elle jeta un coup d'oeil à Harry qui lui regardait les deux femmes depuis sa chaise, la jeune fille lui lança un petit regard qui voulait tout dire. Le bouclé se leva et prit la jeune fille tendrement dans ses bras la blottissent contre son coeur, la serrant fortement, comme toujours. La maîtresse de maison, s'écarta des jeunes gens, la face souriante. C'est deux là c'étaient bien trouvés.
Harry décala sa tête pour coller sa bouche contre l'oreille d'Allison.
- Je veux que tu me parles si tu vas mal Allison après ce qu'il s'est passé, comme tu l'as fait tout à l'heure.
Une larme inattendue perça la joue de la brune, sa gorge se serra.
- Je le ferai Harry, merci d'être celui que tu es. Celui qui a rendu ma vie meilleur, merci d'avoir été ce changement qu'on m'avait promis et auquel je ne croyais guère plus.
Le brun déposa un doux baiser dans la nuque frissonnante d'Allison.
- Je t'aimerai toujours Allison, ne l'oublies jamais.