Deuxième tournée

By MonNomEstTab

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Deux ans plus tard, Monsieur Lefebvre a remis les couverts en décidant de rassembler à nouveau les deux derni... More

Avant-propos
A♡délaïde
R◇upert
C♡assandre
A◇ndreï
E◇van
S☆oirée
À Lefebvre
Note finale
avril 2010
Bonus

N♡yl

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By MonNomEstTab

L'histoire d'Andreï m'a énormément émue.
J'aurais pu rester indifférente face à cela uniquement parce que je ne le connaissais pas personnellement mais l'an dernier, ma meilleure amie en était secrètement amoureuse. Elle n'avait aucune chance avec lui certes mais était folle de sa façon de ne rien ressentir, de toujours rester la tête haute.

Puis, Sara, ma meilleure amie donc, a raconté que sa manière détachée de tout l'insupportait. Je n'ai jamais compris pourquoi cette raison, qui avait été celle pour laquelle elle l'aimait justement, lui avait fait changer d'avis.

Mais quand Andreï a parlé lorsque son tour est arrivé, mon amie n'a pas quitté mon esprit. J'aurais aimé qu'elle entende l'histoire du jeune homme parce que c'était d'une tendresse et d'une douceur touchantes et révoltantes à la fois.

Ces explications m'ont déstabilisée, m'ont fait perdre pied mais en remarquant, sur son visage et à travers sa voix, son mal-être intérieur et son besoin de cesser de parler à cet instant, j'ai décidé de prendre la parole. C'était naturellement contre mon gré; je ne voulais que lui rendre service comme j'aurais aimé que l'on me fasse si j'avais eu la malchance de me retrouver dans la même situation que lui.

Alors, je me suis proposée d'accélérer le mouvement et de me presser à parler. A mon avis, parmi les vingt tables qu'il y avait, j'étais la seule à agir de cette manière.

Ça aurait pu sembler étrange et je le comprenais amplement mais j'avais l'impression qu'Andreï allait se mettre à pleurer et je voulais éviter cela.

   -Mon secret n'est pas directement lié à ma famille mais ça a quand même un petit lien avec, ai-je débuté mon monologue.

La première phrase que j'ai prononcée a fait lever les yeux de Rupert. Ce dernier avait l'air interrogatif et curieux de savoir ce que je m'apprêtais à dire.
D'une certaine manière, je comprenais le fait que ça l'interpellait.

J'ai hésité à parler durant plusieurs instants en me concentrant sur ma respiration afin de calmer le stress qui montait doucement en moi.
Après un certain temps, un peu de courage m'a incitée à parler donc je me suis lancée.

   -En fait, je ne sais pas si je parviendrai à vous raconter mon secret, ai-je franchement clamé. Je ne veux pas faire ma victime et manquer de courage mais je n'ai encore jamais raconté cette histoire de ma vie à personne.

Adélaïde avait l'air de plus en plus intriguée, ça se voyait à sa façon de plisser les yeux.
Je trouvais que les expressions faciales de cette fille la rendaient vraiment authentique.
À mon avis, j'étais la seule non-populaire à avoir une bonne estime d'Adélaïde mais je trouvais sa manière de regarder les gens ou de pincer les lèvres sincère.

Evan, par contre, qui ne quittait pas la blonde des yeux, paraissait davantage surpris par mes paroles. Comme si je venais d'avouer que je me prostituais depuis l'âge de douze ans, chose complètement folle et stupide.

   -Peut-être que nous en parler t'ôtera un poids des épaules, a avancé Cassandre.

   -Tu as raison, et je m'en rends compte, ai-je répliqué, mais je ne sais pas si je peux réellement me permettre de parler d'une telle chose à des inconnus.

Je pensais véritablement la phrase que je venais de dire mais je me rendais bien compte que s'il le fallait, les cinq personnes autour de la table seraient prêtes à argumenter autant qu'elles le pourraient pour contredire chacun de mes mots et m'inciter à parler.

   -Je ne sais pas, les gars, ai-je continué. En toute sincérité, je suis réellement effrayée à l'idée de vous parler de cela.

   -Nyl, franchement, nous jurons, a commencé Evan en lançant un regard aux quatre autres lycéens, que nous ne ferons aucune remarque et que nous garderons ce secret pour nous.

Andreï a étrangement été le premier à affirmer cette promesse. Ça m'a un peu étonnée de sa part mais je n'y faisais pas vraiment attention car je n'ai pas cessé d'être surprise depuis que l'activité avait commencé. D'une certaine manière, c'était normal vu que tous les secrets révélés étaient enfuis dans les entrailles de chacun depuis plusieurs années déjà.

J'ai essayé de me reconcentrer sur moi-même au lieu de perdre mes pensées sur des constatations aussi minimes que celles-là. Ça n'a pas été aussi facile que ce que j'espérais mais après plusieurs secondes, je suis parvenue à remettre mes pensées en place.

   -Tu sembles vraiment inquiète, Nyl, a commenté Cassandre. Tu dois penser que j'ai facile à dire cela vu que je suis déjà passée et tu as certainement raison mais sache que tu peux avoir confiance en nous.

   -Oui, elle a raison, nous sommes tous les six au même niveau, a repris Andreï. Et je pense qu'aucun de nous ne veut que son secret soit révélé à tous les autres élèves de terminale, alors personne ne va rien dire.

Ces mots m'ont amplement convaincue. Il avait raison dans le fond, Andreï. Si l'un de nous osait raconter l'un des secrets dits dans le courant de cette matinée, il y avait de nombreuses chances pour que le sien quitte aussi cette table et arrive aux oreilles de toute l'école.
Il y avait donc très peu de raisons pour qu'il y ait des fuites suite à cette activité, alors j'ai repris confiance en moi.

   -Vas-y, Nyl, n'aie pas peur, m'a gentiment encouragée une dernière fois Rupert.

   -Oui... euh, ai-je hésité.

Adélaïde a posé sa grande main sur mon avant-bras et m'a envoyé un magnifique sourire comme pour m'amadouer, me faire parler. C'était probablement la technique qu'elle utilisait lorsqu'un garçon ne la laissait pas indifférente et qu'elle voulait arriver à ses fins avec lui et je comprenais facilement la raison pour laquelle ça fonctionnait: ses yeux étaient si bleus que l'on avait l'impression de se faire capturer l'âme et d'être tout de suite après à sa merci.

   -Je suis séropositive, ai-je soudainement lâché.

Évidemment, ces trois mots ont rendu l'atmosphère tendue et plus aucun son n'a été émis avant deux bonnes minutes.
Je me suis sentie affreusement stupide d'avoir dévoilé un secret si honteux et si difficile à porter à ces personnes dont je ne connaissais rien si ce n'était le prénom et l'âge.

J'ai cru que j'allais me mettre à pleurer. C'était bête de réagir de cette manière mais ce mot m'a toujours fait cet effet dès que j'ose le prononcer à haute voix.

   -Ne pleure pas, s'il te plaît, Nyl, m'a demandé Rupert d'un regard adorable.

Je ne sais pas s'il était sincère ou s'il se payait secrètement ma tête car j'étais incapable de lire ce qu'il ressentait sur son visage- habituellement, je parviens à faire cela avec une facilité enfantine- mais il paraissait s'inquiéter pour mon état et cela m'a tellement touché. Je lui ai donc envoyé un petit sourire sincère pour le remercier de cela.
Ce n'était peut-être pas grand chose mais ça m'avait fait plaisir et j'avais donc besoin de le lui faire comprendre.

   -C'est difficile d'aborder ce sujet de conversation lorsque vous en êtes touchés, vous savez, ai-je continué.

Adélaïde a confirmé mes paroles, comme si elle savait ce que cette maladie était. Enfin, elle le savait mais elle ne l'avait pas, je crois alors elle ne savait pas ce que ça faisait de devoir la ressentir, de la porter, de l'assumer. De vivre avec la frayeur de la donner à quelqu'un et surtout d'avoir des chances de mourir avec un simple rhume.

   -C'est la chose la plus handicapante de ma vie, ai-je expliqué. Elle ne quitte jamais mon esprit. Quoi que je fasse, elle est là, dans un coin de mon esprit. J'ai toujours peur d'attraper une maladie et qu'à cause du fait que j'aie le SIDA, elle me mette au tapis.

   -Sans indiscrétion, comment l'as-tu attrapée?, m'a interrogée Evan.

Je ne savais pas comment expliquer cela sans faire passer ma famille pour une débauchée. Enfin, ça n'en était pas une mais j'avais l'impression que leur raconter une chose pareille reviendrait à leur donner de quoi me critiquer plus aisément.
Il y avait de nombreuses chances que je me fasse des films mais pourtant, j'avais vraiment peur d'avoir raison et que ça se passe de cette manière.

   -Ma grand-mère, me suis-je lancée. Elle l'a attrapée à l'âge de vingt ou vingt-deux ans à cause d'un type étrange. Ensuite, elle l'a refilée à ma mère, qui me l'a donnée à son tour. Enfin, je ne sais pas grand chose à ce sujet car nous n'en parlons pas avec joie.

   -C'est normal, a confirmé Evan. Ce n'est pas le meilleur sujet de conversation qui existe pour parler en famille.

J'ai opiné d'un hochement de tête, me remémorant à quel point ça avait été difficile pour elle comme pour moi de parler de cela. Ça ne s'est fait qu'une fois mais ça fallait toutes les fois du Monde, tellement c'était gênant et horrible à accepter.

   -Ensuite, je suis née avec cette stupide maladie. Vous vous rendez compte, ai-je essayé de ne pas m'énerver, naître avec le SIDA.

   -C'est prodigieux, a bêtement répliqué Evan.

J'ai cru que j'allais lui en retourner une mais j'ai rapidement compris qu'il avait essayé de détendre l'atmosphère. J'ai trouvé sa méthode pathétique à pleurer mais je n'ai rien dit, tentant tant bien que mal de me détendre afin de ne pas répliquer.
Du haut de mon petit mètre soixante, je suis loin d'être effrayante mais je préfèrais malgré tout éviter toute forme de dispute. Je n'étais pas venue pour cela et je ne suis pas friande des cris et insultes.

   -Franchement, Evan, je te dis cela gentiment mais ferme-là, l'a prévenu Adélaïde.

Je trouvais cela adorable de sa part mais ne l'ai pas remerciée pour autant. Ce n'était pas par manque de politesse mais simplement parce que j'avais envie de passer la parole à Evan le plus rapidement possible.

   -Je ne qualifierai pas cela comme étant de quelque chose de prodigieux, justement, ai-je pourtant relevé la remarque du jeune garçon aux yeux très clairs. Je considère plus cette maladie comme une malchance inexpliquée.

Le garçon en question, Evan donc, a baissé les yeux, comme s'il se sentait soudainement stupide d'avoir osé dire une chose pareille.
Avec sincérité, je trouvais cette pensée juste mais ai fait de mon mieux pour ne pas y faire trop attention, ayant d'autres préoccupations que le comportement débile d'un garçon dont je ne connaissais même pas le nom de famille.

   -Et quand tu es sur le point d'avoir une relation sexuelle, est-ce que tu l'avoues à la personne?, m'a franchement demandé Cassandre.

   -Je n'ai encore jamais eu affaire à une situation pareille, ai-je répondu en sous-entendant ma virginité.

J'avais un peu honte d'être encore prude à ce niveau. Enfin, ce n'est pas une obsession mais je savais que j'étais la seule à n'avoir jamais vu un corps nu autour de la table et ça me donnait l'impression d'être plus jeune, plus innocente qu'eux.

   -Ne te sens pas honteuse de n'avoir encore jamais eu de relation sexuelle, Nyl, m'a conseillé Rupert. C'est vraiment prodigieux qu'il y ait encore des filles vierges à cette période.

J'ai aimé le fait qu'il tente de m'ôter l'idée que j'avais en tête et qu'il ose utiliser le même mot qui, quelques secondes plus tôt, a failli compliquer les choses autour de cette table.
Rupert était un garçon bizarre mais était tout aussi imprévisible et cela, c'était génial.
Je ne le connaissais absolument pas avant cette activité mais je le trouvais vraiment sympathique, et vrai. Je comptais bien essayer de me faire amie-ami avec lui à la fin de ce jeu à deux balles.

   -Mais je ne sais pas si j'oserais avouer une chose pareille à qui que ce soit, ai-je repris là où la conversation était restée. Je me contenterai de dire que je ne prends pas la pilule pour que le garçon mette un préservatif et se protége lui-même d'un potentiel danger de se détruire la vie. Et surtout pour qu'il n'ait pas peur que je le mène à sa perte, que je suis un poison.

   -Tu es dure avec toi-même, a remarqué Cassandre.

   -Tu as probablement raison car je ne l'ai pas choisi, d'être atteinte de cette manière mais ça me pourrit la vie.

J'espérais que personne ne me demande la raison pour laquelle j'étais si défaitiste face à l'entièreté de ma vie à cause d'une simple maladie sexuellement transmissible car j'aurais été incapable d'expliquer le fond de mes pensées. Heureusement, aucun d'eux n'a osé me poser une question de ce genre.

   -Vous savez, je n'ai même pas dix-sept ans et j'ai un truc comme ça à assumer, ce n'est pas facile tous les jours, ai-je continué en un souffle. Un jour,... enfin non, laissez tomber.

À cet instant, une tape dans le micro s'est fait entendre et tous nos regards se sont tournés vers la scène où était posté Monsieur Lefebvre. Ce dernier s'apprêtait certainement à nous dire qu'il était temps de passer à la dernière personne du groupe.

Malgré tout, à peine avait-il terminé que les cinq regards non convaincus se sont posés à nouveau sur moi.

   -Raconte-nous ce que tu avais commencé avant de te faire couper, m'a sommée Adélaïde.

Je n'avais pas envie de dire ce que à quoi je pensais car c'était honteux et personnel mais je venais bien de leur parler de quelque chose que même certains de mes amis proches ne savaient pas. Je pouvais donc me permettre d'en rajouter une couche.

   -Un jour, j'ai regardé un film, tout ce qu'il y a de plus normal, me suis-je lancée, et après quelques minutes, le personnage principal a fini dans le lit avec un garçon. Ils n'ont pas discuté et ont eu une relation assez rapidement, sans prendre le temps d'aller chercher un préservatif.

Les yeux de Cassandre étaient grands ouverts, comme si ce que je racontais était aussi vulgaire qu'étrange. Je ne pense pas que c'était le cas, encore moins pour l'année 1991. J'ai alors fait abstraction de son expression faciale et ai continué:

    -Je me suis alors dit que jamais je ne pourrai me contenter de la pilule contraceptive comme eux, ou alors tellement moins sereinement. Et ça me déchire le coeur.

Un léger sourire s'est posé sur les lèvres de Rupert et a éclairé son visage d'habitude si fermé. Je pense que c'est la première fois qu'il souriait depuis le début de l'activité, ayant commencé deux heures et quelques minutes plus tôt.

   -Tu ne devrais pas t'inquiéter, a dit le même garçon. Tu tomberas sur un garçon qui t'aimera à ta juste valeur et qui aura simplement besoin d'honnêteté. Je ne m'inquiète pas vraiment pour toi.

J'étais définitivement amoureuse. Pas de lui mais de sa spontanéité et sa franchise. À premier abord, il semblait si étrange, si fermé mais était si gentil, en réalité.

J'ai alors terminé mon monologue de cette manière, le sourire aux lèvres et les pensées ailleurs.

🔵N Y L🔵

_____
Je trouve ce chapitre un peu décevant mais j'espère que vous n'êtes pas trop trop déçus pour autant.
Je fais de mon mieux pour poster rapidement.
[21.02.2017]

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