Deuxième tournée

بواسطة MonNomEstTab

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Deux ans plus tard, Monsieur Lefebvre a remis les couverts en décidant de rassembler à nouveau les deux derni... المزيد

Avant-propos
A♡délaïde
R◇upert
C♡assandre
N♡yl
E◇van
S☆oirée
À Lefebvre
Note finale
avril 2010
Bonus

A◇ndreï

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بواسطة MonNomEstTab

J'ai l'habitude d'être au centre des attentions et ce n'est absolument pas un problème pour moi.
Étant populaire, j'aime quand on me regarde et que l'on parle de moi, vraiment.
Cependant, la proposition de Monsieur Lefebvre n'était pas la plus excitante que l'on m'ait faite.

Je n'avais pas vraiment envie de rentrer dans le jeu mais trois personnes avaient eu le courage de raconter leur secret avant moi et j'étais quelqu'un de courageux alors, je me suis décidé à en faire tout autant.
Néanmoins, je n'étais pas réellement enthousiaste à l'idée de révéler quelque chose à propos de ma vie privée mais malheureusement, c'était le but.

Je voyais, à travers le regard d'Adélaïde ou même celui de Rupert qu'ils commençaient à s'impatienter à cause du temps que je prenais à réfléchir au lieu de parler et d'aller droit au but. Je n'ai fait aucun commentaire à ce propos mais je les trouvais malgré tout très culottés en sachant le temps qu'ils avaient pris avant d'accepter de parler, surtout Rupert.

Je comprenais entièrement, depuis le début de l'activité, l'hésitation dont ils avaient fait preuve mais dès que mon tour est arrivé, ce sentiment s'est amplifié. Je me suis véritablement rendu compte que c'était tout sauf facile d'être confronté à cinq inconnus qui attendent bêtement à ce que vous leur révéliez votre secret sans vous quitter des yeux.

J'ai fait de mon mieux pour ne rien laisser paraître parce que je suis un Currentzis et je comptais bien continuer à faire croire aux élèves de ce lycée qu'il nous en faut beaucoup pour nous détruire moralement. Mes cousins et mon frère, qui avaient été lycéens à Blaise Cendrars quelques années plus tôt avaient fait passer ce message et je n'avais aucune envie qu'il tombe dans le néant de l'oubli.

J'ai alors décidé de mettre ma fierté de côté pour me prêter au jeu sans pour autant oublier le devoir que j'avais pour rappeler à ces foutus étudiants d'où je venais et qui étaient les Currentzis.
Ça n'a peut-être pas été aussi facile que ça en avait l'air. D'un côté, il y avait Rupert qui griffonnait frénétiquement des mots ou des phrases dans son petit carnet et juste en face, Cassandre avait la tête baissée, certainement honteuse d'avoir accepté si facilement de parler et de donner des informations à son sujet, au sujet de sa famille.

Mon secret aussi avait un rapport avec ma famille et j'avais affreusement peur de finir dans le même état que Cassandre.
Nous, les Currentzis, nous sommes des durs mais il suffit que quelque chose nous déstabilise un peu trop pour que l'on perde pied. Et lorsque ça arrive, c'est toujours durant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.

Nyl avait son regard clair posé sur moi, sur mon corps qui tremblait secrètement. Ça me plaisait qu'elle ne soit pas déstabilisée par ma taille supérieure à la moyenne, par ma mâchoire anormalement carrée ou encore par mes grandes épaules. Je ne me considérais pas comme étant un garçon hors-norme physiquement mais en arrivant à cette table, j'ai marché quelques mètres à côté de cette lycéenne et ai remarqué qu'elle arrivait seulement au sommet de mes épaules. Elle devait bien faire vingt-cinq centimètres en moins que moi, trente si elle venait à enlèver ses bottines aux talons fins.

J'ai respiré une bonne fois avant de me lancer et de leur faire part du fait que ça avait un rapport avec ma famille aussi.

   -C'est complètement fou que déjà trois personnes aient un secret avec leur famille, a commenté Adélaïde en s'exclamant.

J'ai affirmé d'un hochement de tête ainsi qu'Evan, qui s'était un peu calmé avec la grande blonde.
J'en ai profité pour mettre les mots traînant dans ma tête en place afin de former des phrases correctes et compréhensibles. Je n'avais pas non plus envie de me faire passer pour un garçon incapable d'utiliser sa langue maternelle d'une manière correcte.

   -Tu as l'air inquiet, Andreï, a déclaré Adélaïde sans que je ne m'y attende.

Ces paroles m'ont un peu pris par surprise et m'ont déstabilisé davantage mais elles m'ont aussi inconsciemment encouragé à me lancer une bonne fois pour toute et à parler.

   -Je me demande bien pour quelle raison Lefebvre veut que l'on se raconte ses secrets les uns aux autres, ai-je premièrement jugé tout haut, dans le but de peut-être recevoir une réponse qui m'éclairerait, ou alors de gagner du temps.

Quatre ont dit qu'ils n'en savaient absolument rien et le dernier, Evan, peut-être le plus réaliste, m'a conseillé de ne pas me poser ce genre de questions, auxquelles je n'aurais quand même aucune réponse. Il avait raison mais je restais quand même dubitatif face à ce jeu.

   -Et s'il nous enregistrait discrètement et qu'il écoutait chacune de nos révélations lors d'une baisse de régime pour se dire que sa vie n'est pas aussi merdique que celle de la moitié des élèves de ce lycée?, ai-je continué sur ma lancée.

   -C'est une théorie, a affirmé Rupert. Je le crois même véritablement capable de faire une chose pareille; c'est un vicieux, cet homme, en vrai.

Les quelques mots du garçon qui semblait être presque misanthrope ont fait pouffer Nyl. Elle s'est empressée de se cacher le visage de ses mains manicurées, certainement honteuse d'avoir rigolé suite à des mots si peu catholiques.
Rupert a souri à son tour, amusé par le comportement de l'adolescente.

   -Je ne pense pas vraiment qu'il perde son temps à faire une chose pareille, a avancé Cassandre. Il n'est pas aussi déséquilibré que l'on ne le croit.

   -Franchement, je ne suis pas un fan incontournable de Lefebvre mais elle a raison, a assuré Evan. Oublie cette question, Andreï et raconte-nous ton secret.

Cassandre et Evan ont complètement gâché la conversation qui commençait seulement et je me suis remis à stresser de leur faute. Néanmoins, je savais que le garçon avait raison: si j'étais là, c'était pour parler de moi et non pas de détails futiles quant à l'activité proposée, et imposée.

   -Evan a raison, je suis en train de totalement perdre le courage que j'ai en moi, ai-je avoué aux inconnus autour de la table.

Heureusement, aucun d'eux n'a fait de réflexion et ça tombait bien car je n'avais aucune envie de me battre.

   -Je vais donc me lancer, ai-je continué. Je suis persuadé que vous serez déçus mais ce n'est pas grave.

Quatre personnes me regardaient d'une manière prouvant leur interrogation et curiosité tandis que Rupert semblait indifférent, encore perdu dans son carnet. Ce dernier m'intriguait sérieusement et si nous étions juste tous les deux, je ne me serais pas gêné à lui poser une question à ce sujet ou à directement lui arracher le calepin des mains.

À mon avis, Adélaïde avait remarqué le fait que mon regard était perdu sur ce garçon car elle lui a donné un coup de coude dans l'abdomen pour qu'il lève les yeux. C'était bien gentil de sa part mais j'aurais préféré qu'il reste concentré sur son écriture parce que, en toute sincérité, son indifférence face à tout ce qu'il se passait autour de lui m'intimidait beaucoup trop.
Malgré tout, j'ai tourné le regard pour qu'il ne soit plus dans mon champs de vision, honteux qu'un garçon si négligé me déstabilise.

   -Mon secret est lié à mon grand-père, ai-je fini par révéler. Il est né en l'an vingt-quatre et a vécu durant la seconde guerre mondiale.

   -Ça a un rapport avec la guerre?, m'a questionné Nyl, soudainement curieuse.

J'ai haussé les épaules, ne sachant pas si c'était vraiment lié. Enfin, si, bien sûr que c'était lié, mais assez étrangement.

Rupert n'a toujours pas levé les yeux, mais je l'ai remarqué déposer sur la table le stylo qu'il tenait dans sa main gauche. J'ai pris cela comme un compliment, comme si mes paroles l'intéressaient au point de laisser tomber son passe-temps favori durant plusieurs minutes consécutives.

   -Lance-toi, Andreï, a continué à m'encourager Adélaïde, ne ressentant plus aucun stress.

   -Je me lance, ai-je répondu. Mon grand-père, alors qu'il n'avait que seize ans, a dû tout laisser tomber pour aller défendre son pays.

   -Pour accomplir son devoir d'homme, a résumé Evan.

J'ai affirmé d'un hochement de tête parce que c'était la raison pour laquelle il avait fait cela: parce qu'il voulait et devait aider son pays, le Monde à avancer.

   -On m'a toujours raconté que mon Papy Firmin avait été défendre son pays, qu'il avait failli mourir lors de la seconde guerre mondiale à multiples reprises, ai-je raconté. Mais il y a un détail que jamais personne n'a pris la décision de m'avouer avant un bon moment.

   -Qu'est-ce qu'il y aurait à avouer si on te disait déjà qu'il avait fait partie de l'armée, ou je ne sais pas trop quoi, de son pays?, m'a curieusement questionné Cassandre.

Sa question était pertinente car dans ma tête aussi, ça avait longuement été de cette manière. D'après moi, c'était déjà quelque chose de difficile à porter et à avouer à un gamin de quatorze ans. Alors, lorsque j'ai été mis au courant, je pensais que c'était le seul et le dernier secret que détenait notre famille.

   -J'aurais préféré qu'il n'y ait pas d'autres secrets, ai-je répliqué suite aux paroles de la fille aux cheveux attachés mais habituellement ondulés.

Elle m'a alors regardé avec de grands yeux extrêmement interrogatifs, curieuse d'en savoir plus à ce sujet.

   -Mon grand-père était nazi.

Un blanc est apparu, et ça a mis un froid énorme au-dessus de nos têtes d'adolescents. Peut-être que je n'aurais jamais dû avouer une chose pareille. J'avais peur d'être maintenant qualifié d'extrémiste, de nazi, d'antisémite à cause de cette activité à deux balles.

   -J'espère que tu n'as pas suivi le même chemin que lui, a déclaré Rupert, en levant enfin les yeux vers nous.

Ces quelques mots m'ont fait mal. Mon coeur s'est serré et mon estomac s'est retourné.
J'avais aimé mon grand-père mais en tant que Papy, pas en tant que connard aux pensées atrocement arrêtées.

   -Il n'avait que dix-sept ans quand il a commencé à adopter les règles de cet homme exécrable, ai-je continué. C'était une enflure pathétique et le père de ma mère faisait partie des enculés qui l'encourageaient. J'ai honte de cette histoire.

   -Je peux comprendre que tu en aies honte mais tu n'as rien à voir avec, a gentiment dit la petite Nyl.

   -C'est vrai, tu n'étais même pas né quand tout cela s'est produit, a affirmé Cassandre, sur la même lancée que l'autre jeune fille.

Je les trouvais adorables d'essayer de calmer la haine que j'avais à ce sujet. Leurs paroles me faisaient du bien certes mais n'étaient pas efficaces pour autant. Ma mère avait souffert à cause de cela et moi-même, la seconde génération après cet événement historique, je n'avais pas encore avalé le comportement de mon aïeul.

   -Ma Maman n'a jamais voulu me parler de toute cette histoire, ai-je dit après quelques instants de silence, elle en avait vraiment honte. Alors, mon oncle, son frère s'en est chargé. Il m'a tout raconté alors que je n'avais que quatorze ans. Je n'étais pas assez mâture pour comprendre ce que signifiait le nazisme. Je ne m'étais encore jamais vraiment intéressé à ce sujet mais dès que j'ai eu cette conversation, j'ai lu énormément de livre sur le nazisme et le régime politique dirigé par Adolf Hitler. Ça m'a dégoûté.

   -Je peux comprendre, a commenté Adélaïde. Cet homme était une parfaite enflure.

Pour une fois, tout le monde a été d'accord avec ses paroles. Et encore, le mot enflure était faible pour qualifier ce que je ressentais à son sujet.
Malgré tout, je n'ai pas repris la grande blonde. Premièrement, parce que j'étais bien lancé pour parler de cette histoire et deuxièment parce que je m'énerverais à tous les coups et je n'en avais pas envie.

J'ai alors pris la sage décision de recommencer là où j'avais laissé mon monologue.

   -Deux ans plus tard, alors que j'avais seize ans et demi, mon oncle m'a jugé assez mûr pour remettre le sujet sur le tapis. Il m'a donc parlé de la pire chose que son père n'avait jamais osé faire. Ça faisait déjà un moment que Papy était mort, à ce moment-là, ai-je précisé.

Les cinq lycéens avec lesquels je partageais l'activité farfelue ne me quittaient pas des yeux. Ils semblaient même envoûtés par mes mots. C'était la première fois que je voyais quiconque accroché à mes lèvres de cette manière et bien que je détestais l'histoire qui les intriguait autant, je trouvais cela complètement fou et insensé.

   -Qu'est-ce qu'il t'a raconté?, m'a remis Evan sur le droit chemin.

   -Il m'a raconté que son père a longuement travaillé pour les nazis, ai-je commencé à narrer. Il était jeune et avait des cheveux étrangement blonds pour un Currentzis, comme si le destin avait bien fait les choses. Un jour, il a rencontré une femme. Elle se prénommait Daniella, n'avait que dix-neuf ans et était juive. Ils se sont liés d'amitié et il paraît même qu'elle en était tombée amoureuse. Lui, par contre, l'appréciait uniquement en tant qu'amie. Plus tard, il a raconté à ses enfants qu'il ne l'aimait pas en tant que maîtresse mais plutôt comme une petite soeur, comme quelqu'un qu'il ne voulait pas perdre. Puis, un jour, il a reçu comme ordre de la violer, de la maltraiter, de la tuer, simplement parce qu'elle avait eu le cran d'insulter un connard de nazi qui avait envoyé les autres membres de sa famille dans un camp de concentration.

   -Elle a encore été gentille, a jugé Nyl. J'aurais hurlé jusqu'à perdre la voix et aurais tenté de tuer cet homme de mes dents.

Ces quelques mots m'ont décroché un sourire. Je les ai trouvés naïfs et adorables à la fois.

   -À peine aurais-tu essayé de faire un pas vers un de ces hommes que tu aurais déjà eu une MST et quelques temps après, une balle dans la tête, a réagi Rupert.

Ces mots n'étaient pas mâchés mais reflétaient à merveilles la manière de fonctionner de ces animaux.
Ça a un peu calmé la gentille Nyl et mon sourire en coin a complètement disparu de mon visage.

   -Il a obéi aux ordres de l'homme. Il a violemment pénétré son amie qui hurlait sans s'arrêter, ai-je raconté en omettant aucun détail. Ensuite, il l'a frappée à sang durant un long moment avant de sortir une arme de ses habits et d'appuyer sur la détente.

Cette histoire me dégoûtait, me donnait envie de vomir mes tripes.
La première fois que l'on me l'a racontée, j'ai pleuré, la deuxième, j'ai hurlé et la troisième, j'ai vomi.
Cette fois, rien de cela ne s'est produit.

J'ai simplement commencé à haïr mon grand-père qui aurait pu être un grand-père hors-norme.

Personne ne m'a demandé d'arrêter de parler, de rentrer dans un mutisme inexplicable mais j'ai pris la décision de définitivement me taire, incapable d'ajouter un seul mot à ce sujet.

Les cinq lycéens ont accepté cela sans émettre un seul commentaire négatif.
J'ai alors posé mon regard sur Nyl afin d'essayer de lui faire comprendre que j'avais besoin de l'entendre parler pour parvenir à ôter toutes ces merdes de mon esprit.

   -Je vais me lancer, Andreï, a-t-elle doucement prononcé, comprenant mon mal-être.

🔵A N D R E Ï🔵

_____
Pour le coup, je poste plus rapidement pour me faire pardonner de la fois dernière.
La fin ne me plaît pas mais bon, il fallait que je termine d'une de ces manières.
J'espère que ça vous a plu.
[16.02.2017]

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