Petit ami et Compagnie - Part...

By MaevaAndStories

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À un mois de Noël, la pétillante mais quelque peu poissarde Annabelle Stewart est piégée. Pourquoi ? Car au m... More

Préface
Prologue
Chapitre 1 : Le mariage du cousin
Chapitre 1 partie 2 : Tomber dans le piège de la sorcière
Chapitre 2 : Opération Alexander lancée
Chapitre 3 : Être une sage-femme
Chapitre 4 : Monsieur café
Chapitre 4 partie 2 : Deux hommes pour le prix d'un
Chapitre 5 : Soirée cinéma, potins et Derek Jones
Chapitre 6 : Partir à la chasse
Chapitre 7 : Le nouveau voisin
Chapitre 8 : Team Housewives
Chapitre 9 : Mercredi, journée chargée
Chapitre 9 partie 2 : L'homme aux deux visages
Chapitre 10 : Petit accident de voitures
Chapitre 11 : Le nouveau cardiologue
Chapitre 12 : Rendez-vous avec Nash
Chapitre 12 partie 2 : Un homme surprenant
Chapitre 13 : Covoiturage et compagnie
Chapitre 14 : Les amies
Chapitre 15 : Séance décoration
Chapitre 15 partie 2 : Soirée entre mecs
Chapitre 16 : La catastrophe
Chapitre 16 partie 2 : Panique à bord
Chapitre 17 : Le nouvel Alexander
Chapitre 17 partie 2 : Le repas
Chapitre 18 : Les gremlins
Chapitre 18 partie 2 : Nuit agitée
Chapitre 19 : Le retour du docteur Holfender
Chapitre 20 : Le spectacle de danse
Chapitre 20 partie 2 : Le chauffeur attentionné
Chapitre 21 : Déprime, glace et Max
Chapitre 22 : Le malade inattendu
Chapitre 22 partie 2 : Docteur douceur
Chapitre 22 partie 3 : Révélations
Chapitre 23 : Le rescapé
Chapitre 23 partie 2 : Surfer sur la neige
Chapitre 24 : La discussion
Chapitre 24 partie 2 : Je te promets d'essayer
Chapitre 25 : La visite
Chapitre 25 partie 2 : Le violoniste et la pianiste
Chapitre 26 : Le réveillon de Noël
Chapitre 27 : Twister moov et retardataire
Chapitre 27 partie 2 : Le danseur pas content
Chapitre 27 partie 3 : La dispute de Noël
Chapitre 28 : Joyeux annivel
Chapitre 28 partie 2 : Merry Christmas !
Petit ami & compagnie - Partie 2

Chapitre 13 partie 2 : Cohabitation forcée

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By MaevaAndStories

Je me frotte le front et soupire à mon tour. C'est l'apothéose. C'est le summum du ridicule. Et voilà maintenant que nous sommes en panne ! Si j'ajoute le fait que mon voisin est peut-être un tueur en série qui va m'égorger dans la minute qui suit, je ne suis pas bien du tout. C'est vrai après tout, qu'est-ce je sais de lui ? Rien.

— Comment se fait-il que nous n'ayons plus d'essence ? Vous ne pas rouliez pas sur la réserve quand même ?

Vu sa tête, j'ai ma réponse. Mais qui est assez fou pour rouler sur la réserve bon sang, surtout quand on sait que l'on était en ville et qu'on la quitte pour un village qui n'a pas de pompe à essence à moins de dix kilomètres ?

— J'avais largement assez pour rentrer, et tout se serait bien passé si j'avais pris la déviation du centre-ville ! s'énerve-t-il et je suis tellement surprise qu'il monte le ton que je ne trouve rien à répliquer.

La tête dans les épaules, je grimace. Il est déjà assez en rogne comme ça, ce n'est pas la peine de provoquer le tueur qui sommeille peut-être en lui en lui disant qu'en roulant au ralenti dans les embouteillages des travaux, il aurait aussi gaspillé son carburant.

Deux longues minutes de silence terminent de refroidir l'atmosphère. Je regarde le tableau de bord et me frotte les bras. Je jette un coup d'œil à Jales. Évidemment, qui dit panne d'essence, dit voiture qui ne s'allume plus et donc plus de chauffage.

— Bon, appelez un dépanneur, m'ordonne-t-il subitement en continuant de fixer devant lui.

Je m'apprête à lui demander pourquoi moi quand je me rappelle que j'ai fait tomber son portable tout à l'heure. Il aurait vraiment de nombreuses raisons de vouloir m'égorger, si on y réfléchit bien.

— Mais euh... je vous ai déjà dit que je n'avais pratiquement plus de forfait !

J'attrape cependant mon portable dès que je croise son regard noir. Ça va, j'ai compris le message.

Je regarde mon écran et surtout l'unique barre de batterie qu'il me reste, puis essaie de réfléchir à la situation. OK, est-ce que nous connaissons notre adresse ? Pas du tout. Alors comment pouvons-nous être dépannés si nous sommes incapables de dire où nous nous trouvons ? C'est un marrant lui, mais si je dis à l'homme au téléphone que nous sommes sur une vieille route, à plus de trente minutes d'une déchetterie, je ne pense pas qu'il nous trouvera.

Soudainement, je songe à ma maison et à Happy. Là en revanche, je peux faire quelque chose. C'est après avoir pris une bonne inspiration que je compose un numéro que je connais par cœur désormais. On décroche dès la deuxième sonnerie.

— Oui allô Juliette, c'est moi Annabelle ! Je n'ai pas beaucoup de temps, je vais être un peu en retard, alors est-ce qu'il te serait possible d'aller voir si Happy va bien ? Ah merci, je suis... Euh allô ? Juliette, tu m'entends ?

Je regarde mon écran puis tapote ce dernier. Ah non, non, non ! Ce n'est vraiment pas le moment. Je n'avais pas fini.

— Vous êtes sérieuse ? Vous dîtes que vous n'avez pratiquement plus de forfait et vous le bousillez pour appeler votre voisine ? Puis maintenant vous n'avez carrément plus de batterie, termine Jales en apercevant mon écran noir.

Je voudrais répondre quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Pourquoi n'ai-je pas pensé à prendre mon chargeur avec moi ? Il n'est pas rare que je le fasse car mon téléphone a tendance à perdre rapidement ses barres. Il faut dire que ça fait quelque temps que je l'ai et je pense qu'il a plus l'âge d'être à la retraite qu'à faire un temps plein. Je parle toujours du portable bien évidemment, si certaines personnes se posent la question...

— Bon, si vous avez un chargeur, on peut tenter de mettre votre carte SIM dans mon portable et...

— Mais je n'ai pas de chargeur ! soupire mon voisin. Vous croyez quoi ? Que je me trimballe avec toute l'artillerie ?

Jales laisse cogner sa tête contre son volant et le klaxon me fait sursauter. Je me mords les lèvres et me frotte les mains pour les réchauffer. J'ai pleinement conscience de la situation dans laquelle nous sommes. Nous sommes en panne, perdus en pleine nuit, dans le froid de décembre et sans moyen d'appel. La possibilité qu'une voiture passe par ici doit être synonyme de néant.

C'est déprimant et effrayant. Aussi effrayant que le fait que si Jales décide de m'éliminer, mon corps sera probablement recouvert de neige avant demain matin. Je resterais ici pour toujours et j'imagine déjà le titre d'article qui annoncera mon décès : « Annabelle, la jeune femme qui a disparu un mystérieux soir de décembre ». Oh, seigneur, c'est affreux ! Non, non, je dois trouver une solution.

Je regarde autour de moi. Peut-être il y a-t-il une borne d'appel ? Mais le chemin que nous avons pris est en si mauvais état que c'est comme chercher une épine dans une botte de foin. Je me redresse dans mon siège et donne un coup d'œil vers Jales qui a toujours la tête sur son volant. Je me gratte la nuque, mal à l'aise. Si je pars d'ici, il y a encore plus de chance pour que je périsse.

— Je ne comprends toujours pas pourquoi vous avez appelé pour votre chien au lieu de contacter un garagiste.

On dirait qu'il a décidé de tout me mettre sur le dos. Alors que certes, je suis en tort, mais je ne suis pas la seule.

— Et qu'aurais-je pu dire ? On ne sait même pas où on est ! soupiré-je.

— J'ai un GPS comme vous pouvez le voir, lâche-t-il d'un air dépité en montrant son tableau de bord.

Ah... Ah ! Ah, mince.

— Oui bah, la voiture ne s'allume plus, donc le GPS...

— A encore de la batterie et fonctionne encore.

Oups ?

Bon, réfléchis Annabelle. Réfléchis à une solution pour vous sortir de ce pétrin parce que sinon, le voisin va t'égorger !

Je me mords les lèvres tandis qu'un fou rire m'attrape. Ce doit être à cause de la pression. J'échappe un rire et me couvre la bouche. Jales relève la tête et me regarde d'un air ahuri. Comment une femme qui nous perd sur la route peut rire d'une telle situation ? Je suis certaine que c'est la question qu'il se pose actuellement. Je suppose qu'il ne voudra plus jamais me voir et pour le coup, je ne peux que respecter son choix.

Il fait froid, très froid et mon manteau ne me tient pas vraiment chaud.

— Il y a peu de chance que quelqu'un passe, constaté-je et je regrette aussitôt d'avoir parlé.

Jales soupire bruyamment, mais ne dit rien. Je souffle sur mes mains pour les réchauffer.

Au bout de deux minutes, la buée commence à recouvrir le pare-brise. Parce que la température de mon corps chute petit à petit, je me frotte les bras. Ce n'est pas encore le grand froid et je me sens déjà engourdie. La panique s'empare de moi tandis que je me demande si je vais survivre à la nuit. Ce n'est peut-être pas Jales qui mettra fin à mes jours finalement.

— J'ai une couverture dans le coffre, m'informe ce dernier en me voyant frissonner.

Je croyais qu'il ne se trimballait pas avec une artillerie ? Monsieur n'a pas de chargeur mais un plaid dans son coffre ? Bon, peu importe parce que ça m'arrange. Alors je vais me taire.

Sans plus attendre, j'ouvre la portière et l'air glacial me saisit le visage. Seigneur, c'est terrible, j'ai l'impression de me transformer en glaçon. Je referme derrière moi et me dirige vers le coffre. Je pense soudainement aux SDF et j'ai une grande peine pour eux. C'est vrai que l'on ne songe pas assez souvent à eux. C'est vraiment dur ce qu'ils endurent. Encore plus durant cette période.

J'attrape la grosse couverture en tâchant de ne pas la faire traîner par terre et referme la malle. J'ouvre ensuite la portière arrière et me faufile sur la banquette bien plus confortable que le siège passager. C'est dans une plainte que je me couvre. L'idée de passer la nuit dans cette voiture ne m'enchante pas, mais je n'ai pas le choix. J'espère seulement que je ne vais pas mourir de froid.

J'espère aussi que quelqu'un passera bientôt et que nous pourrons être ramenés chez nous, bien au chaud. Parce que je m'inquiète pour Happy. Il n'est pas habitué à passer la nuit tout seul, surtout quand j'ai été absente la journée. Jales n'a pas de chien donc il ne peut pas comprendre ma vision des choses. Mais toute personne qui me connait sait que mon chien est vraiment précieux à mes yeux. Car sous cette adorable fourrure bat un petit cœur et cette vie, j'en suis responsable. Alors bien évidemment, lorsque des imprévus arrivent, je pense tout de suite à lui.

Je baisse la tête et un tremblement m'échappe. Je clos mes yeux en essayant d'oublier le froid, seulement à l'entente de mouvement devant, je les rouvre. Jales m'adresse un coup d'œil et je remarque qu'il semble inquiet.

— Vous êtes toute pâle, lâche-t-il au bout de trente secondes.

Parce que c'est la première fois qu'il me regarde vraiment sans me juger comme une folle, enfin je suppose, je ne me sens pas des plus à l'aise. Je monte un peu plus la couverture, jusqu'à cacher une partie de mon visage. Puis parce que j'entends la portière claquer, je monte à nouveau le plaid.

Rien ne se passe comme j'avais décidé.

Premièrement, je pensais que Roy serait mon Alexander, mais il s'avère que j'ai conclu mon accord avec Nash, celui qui refuse de dire qu'il est bisexuel et que j'avais catégorisé comme flop. Et finalement, je dois reconnaître que celui que j'appelais « gars bizarre » a été mon meilleur rendez-vous.

Deuxièmement, je pensais tomber sur une famille sympathique qui me permettrait de ne pas trop regretter l'époque où Terrence habitait à côté, mais c'est finalement Jales qui est apparu. Et alors que j'aurais voulu avoir une bonne relation entre voisins, je vais le pousser à me tuer si ça continue.

Troisièmement : je viens de nous perdre en pleine nuit et il fait un froid de canard !

— Prenez mon écharpe.

Je me fige quand je me rends compte que mon voisin est désormais à mes côtés. Je réalise aussi à cet instant que je claque des dents. Jales fait glisser la couverture de mon visage et notre proximité me surprend. Je ne retrouve pas le caractère de mon voisin. Lui qui m'insupporte avec ses roulements d'yeux quasiment quotidiens pourrait presque m'embrasser tellement il est proche de mon visage désormais.

Après Nash, voici que Jales s'y met... Tous les hommes du coin ont décidé de me surprendre ou quoi ?

Jales enfile son écharpe autour de mon cou et je peine à ne pas reculer. Il me regarde comme il regarderait sa patiente et je comprends soudainement qu'il s'inquiète pour ma santé. Il craint que je clamse dans sa voiture probablement. Bon, ça me conforte dans un sens. Cela prouve qu'il n'avait pas l'intention de m'égorger et que ce n'est pas un tueur en série. Enfin, à moins qu'il préfère me torturer plutôt que laisser le froid s'en charger.

Je respire tellement fort que la buée sur les vitres me coupe de l'extérieur. Je claque des dents et tremblote en serrant un peu plus fort le plaid. Je n'ose même pas m'imaginer dans un pays de grand froid, plus grand que le nôtre en tout cas ! Je serais certainement déjà morte.

J'ai un sursaut lorsque je sens des bras m'entourer. Des mains me frictionnent tandis que mes dents font des percussions. Je tourne la tête et ravale ma salive en manquant de me cogner contre le visage de Jales.

— Vous ne devez pas tomber en hypothermie, lance-t-il avec bienveillance.

Contrairement à moi, il ne semble pas bloquer sur la proximité de nos visages et il ne semble pas gêné de me serrer dans ses bras non plus. Ses yeux chocolat sont neutres à côté des miens qui doivent laisser transparaître de la peur, de la surprise, de la souffrance et que sais-je encore !

Alors que je commence tout juste à ressentir un peu de réconfort, une armée de pensées traverse mon esprit. C'est sûrement la faute du froid qui doit dérégler mon cerveau. Il n'y a pas d'autres explications. Sinon, pourquoi aurais-je eu des images presque torrides de mon voisin et moi, dans cette voiture ?

C'est vrai quoi, lorsque Nash a fait cette partie de bowling avec moi, je ne me suis pas imaginée me jetant sur lui. Je reconnais que lorsqu'il m'a embrassée sur la joue, ça m'a quand même fait quelque chose. Mais...

Les doigts de Jales attrapent mes mains pour vérifier leur température et je soupire. Ce dernier doit sûrement prendre cela pour de l'agacement et il n'a pas tort. Seulement ce n'est pas contre lui que je m'énerve. C'est envers moi-même ou envers mon cerveau disjoncté plus exactement.

***

Lorsque je me réveille, il me faut quelques secondes pour comprendre où je me trouve. Je me redresse doucement et découvre que je me suis endormie sur l'épaule de Jales. Ce dernier dort. Je ne sais pas quelle heure il est. Je ne sais pas s'il fait encore nuit ou bien si le jour s'est levé.

Je regarde le visage de mon voisin. Il est paisible, ses cheveux retournent sur les pointes. Son gel n'a pas réussi à garder disciplinée sa chevelure brune. J'observe en détail son visage. Il n'a pas un nez parfait. Plutôt droit, il lui donne tout de même un côté assez princier. Jales a les cils courts, pas super longs comme cet acteur que l'idolâtrais en étant plus jeune. Il a une jolie bouche ourlée et je dois reconnaître que sa barbe de trois jours la met vraiment en valeur.

Quand il bouge légèrement et fronce les sourcils, je ne peux pas m'empêcher de sourire. Malgré son visage d'homme, il a un je-ne-sais-quoi-d'enfantin. De la pureté peut-être ? Je ne sais pas vraiment.

J'arrange ma mèche rebelle que j'attache d'ordinaire avec une barrette et je réalise que ma deuxième main est prisonnière. Je retiens un cri de surprise en découvrant que c'est Jales qui la tient. Est-ce qu'il l'a tenue toute la nuit ? Subitement, mon cœur s'emballe à cette pensée.

Jusqu'à ce que j'entende le son d'un moteur.

Je retire ma main brusquement en réveillant celui qui m'a tenu chaud toute la nuit au passage. Je m'emmêle dans la couverture lorsque j'essaie de la retirer et rouspète. Je sors dehors, le pied encore prisonnier de mon couchage. Je ne prends même pas la peine de refermer la portière. Les deux écharpes glissant de mon cou, je me mets à courir en levant les bras en l'air derrière la voiture qui vient de nous dépasser.

— Attendez ! Attendez ! hurlé-je à m'en égosiller.

Il pleut encore et mes cheveux sont rapidement trempés. J'ai de la boue jusqu'aux genoux et je dois probablement avoir une allure ridicule, mais mes appels sont récompensés lorsque la vieille voiture s'arrête. Je cours dans sa direction en continuant de lever les bras.

Quand j'arrive à la hauteur de la vitre du conducteur, je tapote contre cette dernière en reprenant mon souffle. Bien que je sois adepte des promenades avec mon chien, je ne suis pas très sportive et avoir fait un petit sprint ne m'a pas réussi.

Je sens bientôt une présence derrière moi et me cogne la tête contre le torse de Jales lorsque je me retourne. Je me décale pour le laisser parler avec le vieil homme. Je m'éloigne un peu puis m'assois par terre. Je serai encore plus sale qu'avant, mais mes jambes me font tellement mal que je ne peux pas résister à cette petite pause. Les courbatures du boulot sont triplées à cause de ma course.

Au final, le conducteur nous conduit gentiment jusqu'à la pompe à essence la plus proche. Lorsque je regarde l'heure au-dessus de la porte du petit magasin, je réalise enfin que je manque mon jour de travail. Le vieil homme nous ramène ensuite jusqu'à la voiture de Jales et tandis que celui-ci se charge de remettre son véhicule en route, je remercie le monsieur pour la quinzième fois.

— Il faut faire attention la nuit avec les vieilles routes vous savez. Il n'est pas rare que je trouve des conducteurs égarés depuis qu'ils ont fermé le petit chemin contournant la ville pour y construire leur grande déchetterie, me lance-t-il en me tapotant l'épaule.

Ah, voilà qui explique tout alors !

Un élan de bonté me pousse à le serrer dans mes bras. Je pense que je lui serai redevable toute ma vie. Lorsque je me retourne, je réalise que Jales nous regarde. On dirait qu'il observe deux bêtes rares qui se rencontrent. Pourtant, l'entre-aide entre personnes, ça existe encore. La preuve !

Cette fois-ci, nous suivons le vieil homme pour ne pas nous perdre à nouveau. Le trajet du retour se fait dans le silence bien qu'il soit moins pesant que la veille. Je dois être en partie pardonnable puisque c'est moi qui ai trouvé ce conducteur.

Je donne quelques coups d'œil en direction de Jales qui n'a pratiquement pas décroché un mot depuis ce matin, sauf avec le vieil homme. J'arrange ma mèche qui ne cesse de me tomber dans l'œil. Mon voisin, comme moi, vient de rater son boulot. Je m'attendais à ce qu'il nous amène à l'hôpital, mais au lieu de ça, il me ramène chez moi.

Une fois arrivés à destination, lorsque j'ouvre la portière, je m'attends à ce qu'il sorte comme moi, mais il ne le fait pas. Alors je me penche sur le côté pour pouvoir l'apercevoir sur son siège.

— Merci de m'avoir raccompagnée.

Je m'apprête à sourire, mais je ne le fais pas en repensant à tout ce qui s'est passé. Tout était ma faute, ou presque. Le coup de la panne d'essence et de la déchetterie, ce n'est pas ma faute en revanche. Mais peu importe, il vaut mieux que je la joue tranquille.

— Et encore désolée pour...

— Arrêtez de vous excuser pour tout. Ne vous rendez-vous pas compte que ça permet aux autres de prendre le dessus sur vous et de mal vous traiter ? me coupe-t-il ce coup-ci en m'adressant une œillade.

Alors que ses yeux chocolat rencontrent les miens, ma bouche s'ouvre sous la surprise. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse dire une chose pareille, si toutefois je n'interprète pas mal sa phrase. Je hoche la tête avant de refermer la portière puis me dirige vers ma maison en cherchant mes clés dans mon sac. Je tends l'oreille, attendant le coup d'accélérateur, mais il n'arrive pas.

C'est une fois sur mon pas de porte que je me retourne. Il attend toujours, probablement que je rentre. Je n'ai pas plus le temps de réfléchir à son geste que mon chien me saute dessus.

— Oh, Happy, tu m'as manqué ! m'écrié-je en me baissant pour le porter.

Je referme derrière moi sans même donner un coup d'œil à mon voisin. Mon toutou tremble et pleure en même temps et je me sens aussitôt coupable de la nuit en solitaire que je lui ai imposée.

- - - - -

NOTE AUTEUR

La panne de voiture, la crainte d'être égorgée, Jales qui s'inquiète de la santé d'Annabelle, le coup de la batterie HS du portable, il y a eu beaucoup de choses dans ce chapitre !

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