Si son bras pouvait bouger plus activement, Clara était certaine que le fouet dans sa main se serait cassé en deux et qu'elle finirait par devoir pétrir la pâte avec ses doigts. Son doux visage était tendu de contrariété, les lèvres plissées et ce pli gravé entre ses deux sourcils se formait seulement lorsqu'elle se trouvait au-delà de son paroxysme. Plus de vingt-quatre heures étaient passées depuis que son patron avait mentionné le prénom de Janice au lieu du sien, et pourtant la pure déception et frustration étaient toujours aussi forte qu'à la seconde où Clara avait vu cette garce de collègue avoir la promotion qu'elle méritait et attendait à juste titre.
Elle travaillait au Lone Hour depuis maintenant six mois, mais s'il y avait bien une chose qu'elle avait appris durant cette période, c'était qu'il n'y aurait jamais trop de sel dans les pommes de terre à l'ail. Outre, cette Janice Reeds était la personne la plus exaspérante qu'elle ait connu et il était mieux de rester à tout prix loin d'elle. Ce fut ainsi jusqu'à hier, Clara avait réussi à avoir la majeure partie de son emploi du temps en décalé avec celui de Janice. Néanmoins, maintenant qu'elle avait bénéficié d'une promotion en tant que chef cuisinier, il n'y aurait plus moyen d'échapper à Janice parce qu'elle était techniquement sa nouvelle patronne.
« Clara, » chantonna le diable, les vapeurs de son parfum bon marché indiquèrent à Clara qu'elle se tenait près d'elle à présent, certainement avec un air suffisant sur son visage. Le fouet dans sa main s'arrêta, mais ses doigts étaient encore fixés fermement autour du manche.
« Oui ? »
« As-tu fini avec cette pâte ? Nous avons besoin de commencer une nouvelle fournée de pâtés de viande. » La voix de Janice était perchée trop haut et son accent était trop prononcé, et quand Clara se retourna enfin, elle vit son nez crochu qui était bien trop gros pour son horrible visage, et ses sourcils bien garnis qui avaient besoin d'être épilés.
Janice était magnifique, en réalité, mais Clara était déterminée à prétendre qu'elle ne l'était pas. Ça l'aidait à la détester beaucoup plus facilement.
« Oui, » Clara força un sourire pendant qu'elle tendait le bol, « j'ai finis. Voici pour toi, Janice. » Le froid dans sa voix quand elle cracha son prénom était inéluctable. Clara ne supportait même plus de la regarder longtemps, donc elle tourna les talons et alla travailler sur une autre tournée de pâte, sa prise sur le fouet étant aussi forte qu'avant. C'était la chose à laquelle elle était la meilleure pour la fabrication, suivi par la tourte grillée et les pommes de terre à l'ail. C'était ses plats préférés sur le menu par conséquent c'était gravé dans son esprit.
Cette semaine de travail avait été particulièrement animée, ce qui était regrettable puisque cela avait doublé le stress par rapport à l'histoire de son frère, Jackson, à qui elle pensait toutes les nuits tandis qu'elle essayé de trouver le sommeil. Alors que Clara était généralement très sereine quand il s'agissait de ses inquiétudes et de ses ennuis, elle était doucement en train de perdre la force de tenir le coup avec chaque heure de sommeil qu'elle perdait. Dire que la semaine avait été totalement terrible était un euphémisme. Les poches sous les yeux de la jeune femme et la tension dans son corps étaient des signes certains de sa mauvaise humeur.
« C'est comme surveiller un gamin de cinq ans, » Clara avait sifflé à son frère cette nuit quand elle avait scruté ses blessures. Heureusement, la plupart d'entre elles n'avaient été que des bleus qui allaient disparaitre au fil des jours. « À quoi pensais-tu ? »
« Je pensais que je pouvais lui botter le cul, » avait dit Jackson en arborant un sourire suffisant. Il demeurait confiant même si des marques visibles de sa défaite étaient dispersés sur son corps. Son éternelle arrogance et stupidité étaient une grande contribution à l'anxiété de Clara.
La chose qui avait surtout mis à bout Clara cette semaine, bien qu'elle essayait de ne pas se l'admettre, était l'image de ce fort et magnifique visage étranger, qui était douloureusement gravé dans son esprit et refaisait surface de façon aléatoire. C'était frustrant et mal que pendant qu'elle se changeait pour revêtir son uniforme de travail, ou qu'elle lavait ses cheveux au shampooing dans sa bouche, qu'elle pense désespérément à l'homme qui avait tabassé à lui seul son frère. Clara fit semblant de plisser son nez de colère à chaque fois que la pensée lui apparaissait, mais il y avait cette chaleur qui se proliférait à l'intérieur de son estomac, imaginant à quoi aurait ressemblé ses bras quand ils avaient été balancés dans le visage de Jackson.
Ses lèvres. Seigneur, ses lèvres étaient si pulpeuses mais fines à la fois, et elles étaient gercées de par l'air froid et la pensée de faire courir sa langue sur la peau durcie suffisait pour que ses cuisses se resserrent. Et il y avait ses yeux, qui l'avaient examiné avec un regard vide au travers de ses iris vertes, un regard fixe et fort, qui l'avait fait sentir n'être rien d'autre qu'un petit animal sans défense. Clara n'avait pu enlever l'image malgré tous ses efforts.
« Clara, » l'appela de nouveau Janice à la fin de son service. Il était vingt-et-une heures trente passées et le ciel était d'une obscurité totale dehors, tous signes de lumière étaient absent dans la nuit froide. Il y avait même de légers flocons de neige qui avaient commencé à tomber, des plumes de glace parsemant les petites fenêtres de la cuisine.
« Oui ? » Clara leva les yeux intérieurement alors qu'elle dénouait le tablier de ses hanches.
Elle voulait à tout prix rentrer chez elle pour retrouver la chaleur de son appartement où elle pourrait enfin demeurer dans son canapé et regarder les rediffusions de Friends pendant que Maggie serait enroulé sur ses genoux, dans le but d'oublier tous ses soucis. Clara avait regardé l'horloge sur le mur pendant toute la durée des huit heures de son service, l'observant avec angoisse tandis que l'aiguille semblait se déplacer avec une lenteur désespérante. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas son travail, parce qu'elle était en réalité amoureuse de la cuisine, mais devoir être proche de Janice quand son sang était déjà en train de bouillonner du fait des images indésirables de lui qui hantaient son esprit, était trop à supporter même pour Clara.
« J'aimerais parler avec toi de quelque chose d'important, » indiqua Janice avec un sourire forcé qui donna immédiatement la nausée à Clara.
« Okay ? » Clara ne voulait pas à avoir à passer une minute de plus avec l'odeur de Janice envahissant ses sens. Elle se retourna à contrecœur vers sa collègue et releva son sourcil en signe d'attente, tapant son pied d'impatience, et froissant son tablier dans ses mains.
« Eh bien, comme tu le sais déjà, j'ai été promue Chef de la cuisine, » son faux sourire était à présent remplacé par un autre, plus narquois . Les dents de Clara grincèrent conjointement. Pas besoin de me le rappeler, poufiasse. « Peu importe, j'ai observé tout le monde aujourd'hui et j'ai tout de suite eu le sentiment que – enfin, ce que j'essaye de te dire est que je pense que tes compétences seraient souhaitables pour faire la vaisselle. »
Clara entendit les mots que formaient les lèvres de Janice mais elle ne les enregistrait pas vraiment. Son corps paraissait incapable de bouger pendant les premières minutes depuis qu'elle se tenait là, figée et fixant son magnifique visage, enfin, sa nouvelle patronne à présent. Elle tenta de dire quelque chose en réponse, mais tout ce qui sorti fut un discret 'Oh, okay'. Le sang dans ses veines semblait être remplacé par de la glace et son être entier semblait s'étouffer de froid ; son esprit était engourdi et des frissons se soulevèrent sur sa peau dorée.
« Laver la vaisselle. »
Ce ne fut que lorsqu'elle avait rejoint sa voiture qu'elle avait commencé à pleurer. Les larmes avaient été piégées derrière les murs qu'elle avait construit tout au long de la semaine mais maintenant, avec la nouvelle que Janice venait de souffler, le barrage avait volé en éclats. Les larmes se déversaient sans merci, et d'horribles sons s'échappèrent de ses lèvres mouillées. Clara avait l'impression de se trouver cent pieds sous l'eau, avec la pression pesant sur elle et brisant chaque os de son corps, ses poumons se comprimant jusqu'à ce qu'il n'y ait bientôt plus d'oxygène.
Elle frappa ses petits poings contre le volant, imaginant le superbe visage de Janice. « Va te faire foutre toi et tes horribles sourcils ! » Les larmes de Clara étaient chaudes contre sa peau et ses sanglots stridents semblaient plus fort dans l'habitacle de la petite voiture.
Alors qu'elle démarrait le véhicule, tout avait l'air flou. Les lumières de la rue se fondaient avec les bâtiments, et la route paraissait ne jamais se finir, comme si elle continuait de conduire pendant qu'elle sanglotait en pagaille et qu'il n'y avait pas de stop à ces sentiments qui la submergeaient. Elle ne rentrerait jamais à son confortable appartement, elle ne reverrait jamais Maggie, et elle ne sortirait jamais de cet enfer dans lequel elle vivait.
Bien entendu, quelque chose l'a fit s'arrêter.
C'était une personne. Une personne habillée tout en noir, mélangée dans le manteau de la nuit. Elle pouvait difficilement la discerner jusqu'à ce que la voiture soit face à elle, et il était trop tard pour qu'il n'y ait pas d'impact. Clara laissa échapper un hurlement alors qu'elle pressait son pied contre la pédale de frein, sa voiture s'arrêtant d'un coup sec. Elle cria presque quand elle entendit le bruit sourd, le son de l'impact entre sa voiture et un corps humain.
« Putain ! » Elle hurla et déboucla sa ceinture rapidement. Ses doigts tirèrent sur ses cheveux bruns et ses larmes séchèrent presque instantanément sur ses joues. Son chagrin était oublié pendant un bref moment alors qu'elle descendait de sa voiture et courait vers le corps qui était allongé sur la route bétonnée, chaque fibre de son corps le suppliant d'être en vie.
« Vous allez bien ? » Clara piailla. Ses yeux clignèrent avec acharnement pour qu'elle puisse voir à travers leur humidité. L'homme qu'elle avait frappé avait l'air d'aller bien puisque sa tête était relevée et sa poitrine se soulevait et descendait avec une respiration régulière. Le soulagement submergea Clara mais fut remplacé par le choc. Sa bouche s'ouvrit totalement à la vue de longues boucles brunes, qui retombaient sur le visage de la personne alors qu'elle s'asseyait doucement, ses mains frottant son front alors qu'elle gémissait. L'homme qu'elle avait tapé avec sa voiture n'était personne d'autre que le propriétaire de la paire de phalanges qui avaient meurtri la pommette de son frère. L'homme qu'elle avait imaginé en train d'embrasser son corps nu avec ses lèvres cerises.
Elle était bien trop surprise pour choisir les mots à dire. Lorsqu'une paire d'yeux vert émeraude dévia vers elle, une lueur de surprise les traversant également, elle réalisa alors qu'il l'avait reconnu, aussi.
« C'était une vengeance pour cette merde avec ton frère ? » Sa voix grave parla après un moment. Il semblait un peu essoufflé, sûrement à cause de la chute, et l'expression sur son visage était tout aussi vide que sa voix rauque. Pendant que Clara suffoquait avec sa propre respiration, il avait calmement appuyé sa main sur le sol pour se relever.
« Non, » elle bégaya enfin. Clara cligna des yeux, comme pour se redonner de la contenance et prit conscience de la situation. Ses mains frottèrent ses joues tâchées par les larmes et elle prit de lentes et profondes respirations pour reprendre ses esprits. « Je n'avais pas l'intention de te percuter. Je ne t'ai pas vu. »
« Et tu n'as pas vu le panneau stop, non plus ? » Son ton était monotone, ce qui fit serrer les poings de Clara.
« J'ai certainement eu la pire soirée de ma vie à l'instant donc si tu pouvais ne pas l'empirer pour moi, ça serait grandement apprécié, » elle cracha presque, même si elle savait que tout était de sa faute, et non de la sienne. Il avait tous les droits d'être en colère contre elle, que Dieu l'en préserve, même essayer d'engager des poursuites.
Le magnifique et détestable étranger se tenait maintenant debout, ayant eu une légère oscillation quand il s'était mis sur ses pieds. À présent Clara pouvait mieux le voir sous la lampe de la rue qui était suspendue au-dessus de la route. Elle remarqua qu'il y avait une petite coupure traversant sa joue qui avait tout juste saigné, accompagné d'une sombre ecchymose sous celle-ci. Puis ses yeux voyagèrent jusqu'à ses jambes ; il paraissait être appuyé plus sur celle de droite que sur l'autre.
« J'ai tordu ma cheville, » il dit, ignorant sa précédente déclaration.
« Ouais, eh bien t'as fait bien plus de dégâts à mon frère, » elle ne put s'empêcher de rétorquer mais elle soupira instantanément dès que les mots odieux quittèrent ses lèvres. Clara mâcha sa joue. Il faisait un froid de canard dehors et elle portait seulement sa tenue de travail qui se composait d'une chemise blanche et d'un pantalon noir coupe droite. Ses bras enlaçaient son corps frêle alors qu'elle tremblait. « Elle est foulée ? » Elle demanda nerveusement.
« Comment le saurais-je ? »
« Tu peux marcher ? »
« Ouais. »
Ses doigts passèrent à travers son épaisse chevelure et elle balaya les alentours pendant un moment avant de retourner son attention sur lui, le coin de ses lèvres se contractant de colère.
« Um—est-ce que tu, » elle s'éclaircit la gorge qui était âpre à cause de l'air froid. « Est-ce que tu vas porter plainte ? » Elle garda sa voix douce alors que les tremblements secouaient son corps.
L'étranger aplatit ses mains contre ses cuisses pour les nettoyer de la saleté qui s'y était accrochée lors de sa chute. Clara observa ses larges mains pendant un instant, imaginant la sensation de les sentir claquer contre son fessier... ses veines gonflées alors qu'il reculerait sa main de sa peau rouge...
« Non, » il déclara simplement et Clara se racla la gorge pour éloigner les images dans sa tête.
Alors qu'elle se tenait là se réjouissant mentalement qu'il ne décide pas de compliquer davantage la situation en portant plainte, elle faillit manquer de remarquer que l'homme boiteux avait commencé de marcher péniblement le long du trottoir, ses cheveux couvrant son visage et ses pas étant pratiquement silencieux.
« Tu veux que je te dépose ? » Elle s'exclama, sa voix résonnant dans le vide environnant. Clara n'était pas vraiment fan à l'idée de le déposer, et plus particulièrement depuis qu'elle était si désespérée de se réfugier chez elle, mais sa conscience lui cassait les pieds. Et s'il marchait dans ce temps froid et que l'état de sa cheville empirait ? Et si ça s'infectait et qu'il mourrait ? Peu importe à quel point il avait amoché son frère, elle ne pouvait pas se permettre de ne pas au moins lui proposer de le déposer.
« Non merci. »
Clara soupira. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement coopérer pour que sa conscience soit lavée de toute culpabilité. Mordillant sa lèvre pendant une minute, elle décida qu'elle n'allait pas lui permettre de boiter tout le chemin, qu'importe où il allait. Elle grogna avant de trottiner derrière lui.
« Attends— » Elle haleta car les activités physiques de toute sorte n'était pas son fort. Les deux fois où elle s'était retrouvée autour de ce type, elle avait fini par courir, encore une raison pour elle de rester loin de lui. « Laisse-moi juste te déposer merde. »
« Je vais bien, sérieux, » dit-il, mais il s'agissait clairement d'un mensonge étant donné qu'elle était capable de le rattraper. Ruminant, il se retourna pour lui faire face.
« Tu n'as évidemment pas appris beaucoup de la dernière fois. Tu ne te rappelles pas de ce que j'ai fait à ton frère, » il grogna pratiquement, mais ils savaient aussi bien l'un que l'autre que c'était des menaces en l'air. Toutefois, elles firent reculer Clara de surprise ; il ne semblait pas le genre à laisser sa colère gagner sa personne alors que son faciès et sa voix avaient tendance à être vide et insensible. Elle se recroquevilla sous sa grande taille et leva les yeux vers son regard sombre qui paraissait presque noir comme la nuit qui les enveloppait. Elle aurait pu être effrayée, et elle l'était me direz-vous, mais par-dessus tout, elle était perdue dans un pétillant sentiment qui était venu en l'observant en colère. Ça la remplissait quasiment d'excitation, des pensées de lui se mettant en colère contre elle pour d'autres raisons inondèrent son esprit...
« Pourquoi ne m'as-tu pas écouté ? » Sa voix rauque hurla. Il l'a suivi, reculant vers le bord du lit où ses genoux cédèrent et elle se sentit tomber en arrière sur le moelleux matelas, ses lèvres se courbant en un sourire innocent.
« J'aime te voir énervé, » ronronna Clara, scrutant de haut l'homme qui surplombait le lit, ses yeux s'assombrissant comme deux profondes forêts ; la douce fille innocente ne devrait pas se perdre dedans. « Est-ce mal de ma part ? »
« Oui, » ses doigts cherchèrent à défaire sa ceinture, ses joues se contractant. « Je n'aime pas quand tu n'écoutes pas. »
Ses joues s'enflammèrent alors qu'elle clignait des yeux pour effacer la scène de sa tête, une bourrasque de vent froid lui rappelant la situation en question.
« Est-ce que tu peux simplement—simplement monter dans ma voiture, » marmonna Clara, humidifiant ses lèvres. « J'essaye d'être gentille là, même si tu ne le mérites pas. Et je veux vraiment rentrer chez moi parce que ma journée a été une pure merde et que je n'ai pas bien dormi depuis des jours et cette putain de Janice— »
« Bien, » il la coupa et les lèvres de Clara se scellèrent.
« Oh, bien alors. » Elle lui accorda un hochement de tête maladroit et sa langue caressa l'intérieur de sa joue avant qu'elle ne tourne les talons et qu'elle se rapproche de sa voiture, ses mains profondément enfoncées à l'intérieur de ses poches de pantalon. Elle ne s'attendait pas vraiment à ce qu'il accepte mais il était inutile de perdre plus de temps ; ils prirent tous les deux place dans sa voiture, lui ayant besoin d'un petit peu plus de temps à cause du boitement dans sa jambe gauche, et Clara commença à conduire. Il ne parla pas beaucoup, aucun d'entre eux ne le fit, sauf pour d'occasionnels 'Par où je tourne ?' et ainsi de suite. Clara se sentait fatiguée alors qu'elle conduisait, lestée par son stress et son manque de sommeil, mais au moins le temps avec l'homme assis sur le siège passager à ses côtés agissait comme une distraction, par conséquent Clara n'eut pas à penser au lavage de vaisselle.
Au lieu de ça, elle pensait à la forte odeur de sueur salée et à l'odeur naturelle qui s'échappait de son corps et qui emplie le petit espace de sa voiture. Elle aimerait évaser ses narines durant chaque minute ou simplement capturer autant d'odeur qu'elle le pourrait. Elle ne le regarda pas, il ne le fit pas non plus, mais elle était pratiquement certaine qu'il était en train de regarder par la fenêtre avec la même expression ennuyée et distante qu'il arborait sans doute toujours.
Clara ne savait pas quoi penser de lui. Elle savait qu'elle était furieuse par l'horrible façon dont il avait tabassé son Jackson, mais en même temps elle était reconnaissante qu'il ait fait descendre son frère de son piédestal sur lequel il s'était bêtement placé. Clara savait également que son corps avait déjà décidé de ce que son esprit devait penser de lui, même si elle ne connaissait pas son prénom ou rien de plus, hormis le fait qu'il se battait pour de l'argent, mais bien entendu ce qui ne réussit pas à mettre un terme à ses hormones.
« Arrête-toi là, » il dit une fois qu'ils avaient atteint une petite... maison. Ce n'était pas un immeuble comme elle aurait pu imaginé un jeune mec comme lui vivre dedans, mais ce n'était pas non plus une somptueuse maison à trois étages dans un bon quartier, non plus. Il s'agissait seulement d'une espèce de petite maison négligée qui se trouvait sur la 8ème avenue, pas le meilleur quartier mais pas non plus comme Melhive (le coin où elle avait trouvé son frère allongé de douleur).
Clara se stationna sur le trottoir et tenta de ne pas regarder lorsqu'il ouvrit la porte et sortit, devant appuyer sa main contre le haut de sa voiture pour garder dans un premier temps son équilibre. En réalité, sa cheville se sentait déjà mieux et la coupure sur sa joue avait séché, mais il y avait toujours une pointe de douleur qui se manifestait dans son mollet quand il y appliquait une trop forte pression.
« Désolé pour ton frère, » il dit si doucement que Clara pensait qu'elle l'avait imaginé. « J'espère qu'il va bien. »
« Oh, merci— » Elle fut interrompu par le lourd claquement de la portière. Clara se tourna finalement pour regarder par la fenêtre embuée, l'observant monter péniblement jusqu'à chez lui, la tête baissée et les muscles de son dos se mouvant sous le tissu de son sweat pour lesquels l'esprit de Clara s'emballa une nouvelle fois.
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Retrouvailles tumultueuses entre Clara & Harry.
Préparez-vous, le prochain chapitre va être assez... agité. ;)
Bonne lecture, xx.