Cassie tergiversa un long moment avant d'oser l'approcher. Ce n'est que lorsqu'elle l'entendit claquer des dents qu'elle daigna avancer vers la couche.
Il semblait à nouveau inoffensif, et grelottait sous la fièvre qui n'avait pas cessé de le dévorer. Après l'avoir prestement recouvert du plaid, elle l'abandonna à sa douleur.
Dans la cuisine, elle attrapa en hâte les armes et chercha un lieu où les cacher. Elle décida que la grange était le meilleur endroit. Elle traversa la cour en trombe sous la pluie, et dissimula son butin derrière des bottes de foin.
Lorsqu'elle pénétra dans la maison, elle était trempée.
L'homme toujours inconscient, elle se déshabilla et étendit ses vêtements devant le feu.
Grelottante, elle fouilla dans ses tiroirs et saisit des habits secs, puis tira le rocking-chair près du foyer. Elle veilla à s'installer face au lit.
La journée s'étira en longueur.
Dehors, les bourrasques se fulminaient, la pluie cinglait l'unique fenêtre de la cabane. Le clapotement des gouttes sur le toit berça la jeune femme qui ne tarda pas à s'assoupir. Sa nuit en pointillé et l'affrontement avec l'étranger eurent raison d'elle. Elle sombra dans un sommeil lourd et sans rêve.
Lorsqu'elle se réveilla, le calme était revenu. Il ne pleuvait plus, et le vent avait décliné. Par la fenêtre, elle aperçut un faible rayon de soleil s'aventurer en vain à éclairer la cour.
Une bûche rougeoyait toujours dans la cheminée, et dispensait sa chaleur dans la petite cuisine. Cassie en rajouta une nouvelle, et raviva les flammes. Des étincelles crépitèrent bruyamment avant de disparaître dans l'âtre.
Elle se rassit sur le fauteuil, et avec des gestes lents et précis, brossa ses longs cheveux châtains. Les yeux perdus dans le vague, elle laissa les heures se dérober. Lorsqu'elle reposa la brosse, quelques boucles rebelles remontèrent dans son cou, et chatouillèrent sa peau délicate. Elle les repoussa d'un mouvement gracieux, et s'efforça de ne pas entendre la respiration sifflante de l'homme dans son lit.
Depuis des heures, elle entendait son souffle où perçait une douleur térébrante. Elle s'évertua alors vainement à ne pas ressentir d'émotion.
Mais elle finit par se lever et s'approcher du malade.
Ses paupières étaient entrouvertes. Il ne dormait pas. Il tentait de vivre, accroché avec peine au filet d'air qui entrait laborieusement dans ses poumons.
Cassie vint s'asseoir au bord du matelas et l'étudia. Il ne semblait plus en état de la blesser. Un silence pesant s'installa entre eux, seulement brisé par sa respiration rauque et difficile.
En dépit de tout, elle se pencha vers lui et enveloppa sa main de la sienne. Ses cheveux retombèrent en cascade devant elle, comme un rideau de protection.
Il serra faiblement ses doigts, sans cesser de la scruter.
Le soleil termina bientôt sa course dans le ciel, et la demeure fut peu à peu plongée dans une semi-pénombre réconfortante.
Avec délicatesse, elle s'allongea à côté de lui, sur les couvertures. Il tourna son visage, ses prunelles toujours ancrées sur elle.
Cassie croisa ses doigts autour des siens, et attendit.