Petit ami et Compagnie - Part...

Par MaevaAndStories

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À un mois de Noël, la pétillante mais quelque peu poissarde Annabelle Stewart est piégée. Pourquoi ? Car au m... Plus

Préface
Prologue
Chapitre 1 : Le mariage du cousin
Chapitre 1 partie 2 : Tomber dans le piège de la sorcière
Chapitre 2 : Opération Alexander lancée
Chapitre 3 : Être une sage-femme
Chapitre 4 : Monsieur café
Chapitre 4 partie 2 : Deux hommes pour le prix d'un
Chapitre 5 : Soirée cinéma, potins et Derek Jones
Chapitre 6 : Partir à la chasse
Chapitre 7 : Le nouveau voisin
Chapitre 8 : Team Housewives
Chapitre 9 : Mercredi, journée chargée
Chapitre 9 partie 2 : L'homme aux deux visages
Chapitre 10 : Petit accident de voitures
Chapitre 11 : Le nouveau cardiologue
Chapitre 12 : Rendez-vous avec Nash
Chapitre 12 partie 2 : Un homme surprenant
Chapitre 13 : Covoiturage et compagnie
Chapitre 13 partie 2 : Cohabitation forcée
Chapitre 14 : Les amies
Chapitre 15 : Séance décoration
Chapitre 15 partie 2 : Soirée entre mecs
Chapitre 16 : La catastrophe
Chapitre 16 partie 2 : Panique à bord
Chapitre 17 : Le nouvel Alexander
Chapitre 17 partie 2 : Le repas
Chapitre 18 : Les gremlins
Chapitre 18 partie 2 : Nuit agitée
Chapitre 19 : Le retour du docteur Holfender
Chapitre 20 : Le spectacle de danse
Chapitre 20 partie 2 : Le chauffeur attentionné
Chapitre 21 : Déprime, glace et Max
Chapitre 22 : Le malade inattendu
Chapitre 22 partie 2 : Docteur douceur
Chapitre 22 partie 3 : Révélations
Chapitre 23 : Le rescapé
Chapitre 23 partie 2 : Surfer sur la neige
Chapitre 24 partie 2 : Je te promets d'essayer
Chapitre 25 : La visite
Chapitre 25 partie 2 : Le violoniste et la pianiste
Chapitre 26 : Le réveillon de Noël
Chapitre 27 : Twister moov et retardataire
Chapitre 27 partie 2 : Le danseur pas content
Chapitre 27 partie 3 : La dispute de Noël
Chapitre 28 : Joyeux annivel
Chapitre 28 partie 2 : Merry Christmas !
Petit ami & compagnie - Partie 2

Chapitre 24 : La discussion

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Par MaevaAndStories

Le 24 décembre

Samedi, vers le coup des quatorze heures, c'est bras dessus bras dessous avec Maxime que je traverse la route. La neige de la veille a tenu. Après ma garde nocturne, je suis rentrée au pas chez moi. Étant donné que j'ai travaillé la nuit du vingt-trois, j'ai mon vingt-quatre et une partie du vingt-cinq décembre de libres. C'est un bon compromis, si je puis dire.

Après avoir entendu parler de mon accident que ma mère m'a obligé à avouer lorsque je suis allée lui rendre visite, Maxime a tenu à venir me chercher pour m'emmener en ville. Bien qu'il n'aime pas conduire sur la neige, il a fait le chauffeur de taxi. Et même si j'aurais aimé pouvoir dormir plus de trois heures, je suis tout de même contente d'être avec lui.

Désormais à Ottawa, ma tête collée contre son bras, j'observe les décorations. Une musique de Noël retentit dans les haut-parleurs accrochés aux lampadaires et donne une ambiance féerique à l'allée. Mon cousin tient Happy pour que je ne sois pas embêtée par ce dernier qui est excité par la surpopulation des rues.

— Je n'arrive pas à croire que l'on est déjà la veille de Noël ! avoue-t-il et la buée de son souffle vient me chatouiller le visage.

Tous ces gens qui se promènent avec des sacs remplis d'emplettes, ça donne chaud au cœur.

— Tu es sûr que ça ne dérange pas Alice que tu sois là avec moi plutôt qu'elle ?

Max opine du chef avant de me tapoter affectivement le sommet du crâne.

— Je dois lui trouver un cadeau, souffle mon cousin.

Je fronce les sourcils et quitte son bras pour croiser son regard.

— Tu ne m'avais pas dit que tu en avais déjà un ? relevé-je bien que je me doute de ce qu'il va m'annoncer.

— Si, mais je veux lui en offrir un deuxième ! Tu sais, ce n'est jamais trop pour Alice.

Il essaie de stopper le léger sourire qui étire ses lèvres et en remontant soudainement exagérément le menton, il accélère pour me planter bêtement au beau milieu des passants. Je le regarde partir puis secoue la tête.

Je trottine pour rattraper Maxime quand je le vois disparaître à l'angle de la rue. Pourquoi ai-je inventé de mettre des talons alors que le sol est couvert de neige ? Ah oui ! Parce que Max m'a demandé d'être classe, c'est vrai... Je ne sais pas exactement pourquoi il faut que je sois si bien habillée, mais j'ai fait des efforts en ressortant mes fameux talons du spectacle de danse de Roxanne, mon bonnet écru et mon fameux manteau rouge.

Je suis si élégante que l'on dirait que je vais à un repas de la haute société. Bon, peut-être que j'exagère un peu tout de même. Mais disons que l'idée est là.

Je décide d'accélérer pour rattraper mon retard et regrette mon choix lorsque je sens mon pied haut perché glisser. Je remue les bras pour essayer de retrouver mon équilibre, mais ma cheville se tord et mes jambes cèdent. J'échappe un cri en voyant ma distance avec le sol diminuer. Plus le temps d'anticiper, je tombe lourdement au beau milieu de la rue. La neige me mouille le manteau et je sens bientôt le froid gagner mes fesses.

Fatiguée par ma maladresse, je rouspète en secouant mes mains gantées recouvertes de poudreuse tandis que des gens se retournent pour me regarder. Les jambes écartées comme une petite fille, le bonnet glissant sur mon front, je soupire. Heureusement que le ridicule ne tue pas.

— Anna ! Mais qu'est-ce que tu fous par terre ? demande Maxime en revenant sur ses pas.

Mon chien se met à tirer pensant que je suis au sol pour jouer avec lui. Comme si ma cascade ratée ne suffisait pas, voilà maintenant que les jappements d'excitation de mon Welsh Corgi attirent les derniers regards qui ne s'étaient pas posés sur moi.

— Bah je suis tombée pardi ! répliqué-je en secouant la tête et remuant les bras. Tu crois quoi, que je me suis assise au milieu de la rue parce que j'étais fatiguée ?

Max retient un sourire en coin. Je m'apprête à continuer sur ma lancée de rébellion quand j'entends un coup de klaxon derrière moi. Dans la panique, je récupère mon sac et me relève, mais je glisse à nouveau et c'est Maxime qui me rattrape alors que je suis pliée en deux, mes cheveux frôlant le sol. De loin, je suis certaine que l'on pourrait croire que je fais des étirements, et je suis moi-même surprise d'être aussi souple. Comme quoi, même sans faire de gymnastique, j'ai quelques facilités.

Mon cousin lève la main vers le conducteur pour s'excuser puis me traîne avec lui sur le trottoir. Quelques passants vraiment curieux me regardent encore tandis que d'autres ont repris leur route. J'ai envie de leur crier qu'il ne s'agissait pas d'une prestation spéciale Noël et humour, qu'ils peuvent arrêter de me regarder comme un animal de foire, mais je me retiens. Durant ce temps de débat silencieux, Maxime me nettoie les coudes du manteau que j'ai sali.

— Tourne ! m'ordonne-t-il et je m'exécute.

Max donne de légers coups dans mon dos puis sur mes fesses et je comprends que je me suis promenée sur cinq mètres le derrière plein de neige. Au lieu de me sentir moquée, j'éclate de rire en m'imaginant dans cette posture ridicule.

— Putain, mais la neige est une vraie sangsue avec toi. Tu en as encore ! lance Maxime tandis que le fou rire l'attrape lui aussi.

Presque autant que la malchance ! ai-je envie de plaisanter. Mais au final, je ne dis rien.

Deux minutes plus tard, Max m'a repris le bras pour être certain de me rattraper si je glisse une nouvelle fois.

— Quelle honte de ne pas savoir marcher avec des talons, me taquine-t-il tandis qu'il s'arrête devant un café.

Eh oui, la chance que j'ai eue lors de ma course pour rejoindre le bâtiment de danse de Roxanne l'autre fois n'a pas montré le bout de son nez cette fois-ci...

— Comme si tu savais marcher avec des talons tiens ! fais-je en résistant à mon envie de lui tirer la langue.

Je refuse de faire des enfantillages. Après tout, nous sommes la veille de mes vingt-neuf ans ! Il est temps de grandir.

— Non, mais moi je suis un homme, rétorque-t-il.

Je ne réplique pas, car je viens d'apercevoir Jales, seul à une table dans la petite enceinte devant laquelle mon cousin s'est arrêté. Mais qu'est-ce qu'il fait là ?

J'ai ma réponse lorsqu'il tourne la tête vers nous et que Maxime lui fait un signe de la main. Mon cousin me pousse gentiment vers la porte du café.

— Vous devez parler, lance-t-il avant de grimacer car je résiste.

Cette fois-ci, il me pousse plus fort et je manque même d'en perdre équilibre. Quand je me retourne pour rouspéter après mon cousin, je le vois s'éloigner au pas de course avec Happy. Je soupire puis lève les yeux au ciel, quelque peu agacée par le comportement de Max. Une femme passe à côté de moi et je m'excuse après avoir réalisé que je lui bloque le passage.

Aujourd'hui que je ne pensais pas trop à Jales, voilà que mon cousin le convoque ici pour que nous parlions. Je donne un coup d'œil vers la table de mon voisin et soupire avant d'ouvrir la porte.

Dès mon entrée dans le café, celui-ci me regarde avancer jusqu'à lui. Une fois arrivée à sa hauteur, ne sachant pas comment réagir, je pose une main sur le dossier de la chaise.

— Bonjour Annabelle, assis-toi je t'en prie.

Je m'exécute sans rien dire. Désormais installée face à lui, j'évite de le regarder, sachant pertinemment que si je le fais, je vais fondre comme à chaque fois.

— C'est moi qui ai demandé à Maxime de t'amener ici.

À cette annonce, c'est plus fort que moi, il faut que je le regarde. Fichus yeux chocolat qui ont un pouvoir inexpliqué sur moi ! Ça y est, la force m'abandonne.

— Je crois qu'on a besoin de parler toi et moi.

C'est vrai que ça fait plusieurs jours qu'on s'évite. À cette réflexion, je ravale ma salive puis fixe la table d'à côté.

Il faudra tout de même que je me souvienne d'étrangler Maxime dès son retour. Pourquoi ne m'a-t-il donc pas prévenue ? J'aurais pu me préparer mentalement à voir Jales ainsi. Quoique non, c'est plus probable que j'aurais fui.

— Écoute, si c'est au sujet du repas de Noël, je t'ai dit que je l'oubliais si tu amenais Roxanne à son spectacle de danse. Puis maintenant que l'état de santé de mon père s'ajoute au lot, c'est une évidence qu'on annule. Tu n'as plus besoin de jouer la comédie. Je vais enfin te laisser tranquille. Je te remercie pour tout ce que tu as fait Jales.

Le concerné baisse la tête, porte les mains à son crâne puis soupire.

— Ce n'est pas du repas dont je veux te parler Annabelle, mais de ce que je t'ai dit l'autre soir.

Ce que je redoutais et espérais en même temps arrive. Il veut me parler de la femme qu'il a aimée pour me faire comprendre que lui et moi ça ne marchera jamais. Peut-être que ses mots me blesseront. Non, c'est même certain. Mais au moins, ils me permettront de passer à autre chose. Enfin, j'ose l'espérer.

Jales plante son regard dans le mien et nous restons plusieurs secondes à nous fixer sans rien dire. Mon cœur est sur le qui-vive, prêt à lâcher à la moindre annonce que prononcera mon voisin.

— Elle s'appelait Bianca.

Rien qu'entendre son prénom me chamboule. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai envie de pleurer. Je veux que Jales me raconte leur histoire pour pouvoir le comprendre et accepter que nous deux ça ne puisse pas marcher. Seulement, quelque chose au fond de moi n'a pas envie de l'entendre parler d'elle.

Je range nerveusement mes cheveux derrière les oreilles et mes doigts se coincent dans une de mes boucles. Je tire sur cette dernière et grimace en m'arrachant quelques cheveux. Ça n'arrive qu'à moi ça !

— Nous nous sommes rencontrés lors d'une soirée étudiante.

Je vois... un amour de jeunesse.

Certes, il ne l'a pas rencontrée à dix-sept ans d'après son annonce, mais peut-être était-elle tout de même sa première copine. Qui peut passer après un premier amour décédé ? Pas moi en tout cas, j'ai bien trop d'imperfections pour remporter le combat.

— Elle a été mon premier amour. Enfin, disons qu'elle a été ma seule relation sérieuse.

OK, pas de chance. Je me mords les lèvres puis plisse le nez. Sans même m'en rendre compte, je me prends la tête dans les mains et essaie de me concentrer sur ma respiration qui commence à flancher.

— Annabelle, est-ce que ça va ? demande Jales en posant sa main sur mon épaule.

Je gigote pour qu'il la retire.

— Continue, soufflé-je.

Dire ce simple mot m'a demandé tellement d'efforts que j'ai l'impression que je vais mourir sur cette fichue chaise. J'attends la suite de son explication, seulement Jales ne dit rien. Pas décidée à lui accorder un regard, je fixe le verre transparent de la table en me mordant les lèvres. Mes yeux me piquent avant de se remplir de larmes. Mes doigts se crispent sur mes cheveux. J'ai envie de pleurer. L'écouter prononcer le prénom de cette femme a été difficile, mais entendre sa voix trembler en m'expliquant qu'elle avait été sa seule relation sérieuse a carrément été un supplice.

Je ravale ma salive puis soupire. C'est après un reniflement pas du tout glamour que je relève la tête. Jales cherche mon regard et je fuis le sien en donnant un coup d'œil vers le comptoir du café.

Pourtant, lorsque j'ai fini ma contemplation de l'accueil, je découvre que mon voisin m'observe encore. De sa main, il vient essuyer une larme sur ma joue et j'ai encore plus envie de pleurer. Ne pourrait-il pas arrêter avec ses gestes tendres ? Veut-il me voir inonder les lieux avec mes pleurs ? Ah, ça valait bien la peine de me maquiller. Je dois ressembler à un raton laveur à l'heure qu'il est !

— Bianca et moi sommes sortis ensemble durant sept ans, et nous nous sommes mariés quand j'en avais vingt-six.

C'est de pire en pire. Comment pourrais-je me mesurer à un amour de sept ans ? Comment pourrais-je le soigner d'une perte aussi importante ?

Je renifle une nouvelle fois et m'essuie les yeux.

— Elle est décédée il y a six ans, d'une tumeur cérébrale.

Mon sanglot est si sonore que le couple à la table d'à côté se retourne. Je me couvre la bouche et essaie d'oublier les nombreuses crampes abdominales qui tentent de me faire craquer. Jales et... Ils ne se sont pas quittés volontairement. C'est la mort qui les a séparés. C'est une tragédie à l'état pur.

Sentant ma gorge s'assécher dangereusement, j'attrape le verre d'eau de Jales sans même lui demander l'autorisation et bois l'intégralité.

— Annabelle ? Annabelle, est-ce que tu es sûre que ça va ? s'inquiète-t-il.

Alors que c'est lui qui devrait avoir les larmes aux yeux, je me rends compte que c'est moi qui pleure comme une madeleine. Qu'est-ce qui cloche avec moi bon sang ? Ne puis-je pas être moins émotive ? Ne puis-je être celle qui ne s'effondre pas et console les autres ? Pourquoi suis-je aussi fragile ?

— Tu as... dû... beau-beaucoup... souffrir, arrivé-je à dire malgré ma suffocation.

Je colle mon poing contre mes lèvres tandis qu'une toux m'échappe, brûlant mes poumons et ma gorge au passage. Jales ne me répond pas. Ses beaux yeux chocolat ne quittent pas les miens et ça ne fait qu'accentuer ma tristesse. J'ai du mal à respirer. J'ai besoin d'air. J'ai besoin de sortir d'ici, mes poumons se compriment.

Les mains tremblantes, j'ouvre mon sac à la recherche de ma Ventoline que j'ai tenu à rajouter après mon incident sur la neige. Être asthmatique n'est pas facile tous les jours et je devrais me considérer chanceuse que les fameuses grosses crises que j'avais autrefois en étant adolescente ne reprennent pas en ce moment. Ça me permet d'avoir un traitement plus léger.

Tout en essayant de calmer ma respiration, je tente de respirer correctement bien que ce soit difficile et prends une bouffée lors de mon inspiration. Je renouvelle ensuite l'opération puis pose la main sur la table, complètement vidée. Je remarque le regard quelque peu effrayé de Jales lorsqu'il fixe ma Ventoline. Je suppose que cela lui rappelle de mauvais souvenirs.

— J'ai beaucoup souffert oui, répond-il finalement avant de soupirer. J'ai cru que j'allais en crever.

— Alors tu n'as jamais fréquenté personne d'autre ? m'autorisé-je à demander après trente bonnes secondes de silence.

Mes pleurs et ma toux ont irrité ma gorge si bien que j'ai l'impression d'avoir une angine. Puis en me rendant compte que Jales n'a pas répondu à ma question, je le regarde et comprends alors. J'ai été trop directe et complètement insensible en demandant cela...

Tout en me mordant les lèvres, je m'excuse silencieusement.

— Non, personne, lâche-t-il avant de déglutir comme si cette réponse lui coûtait.

— Mais, tu n'as même pas...

Je ne termine pas ma phrase. Quel homme resterait célibataire durant six ans sans avoir d'histoire d'un soir ? Cette idée m'arrache une grimace. L'imaginer au lit avec une femme, autre que moi, m'est insupportable et la révélation qu'une telle pensée m'amène sur un plateau d'argent m'achève.

Je suis jalouse. Je suis jalouse que des femmes aient pu partager des plaisirs charnels avec lui alors que je dois me contenter du souvenir de deux baisers. En soi, ce n'est pas nouveau. Je m'en étais déjà rendu compte avant. Mais à cet instant, cette pensée me comprime encore plus le cœur.

— Lorsque j'ai réalisé que ça me rendait plus malheureux qu'autre chose, j'ai arrêté.

Je me demande combien de temps ça lui a pris pour s'en rendre compte. Pas longtemps, j'espère.

J'attrape une nouvelle fois son verre pour boire, mais réalise assez rapidement qu'il est vide, par ma faute.

Même si je stressais à l'idée qu'il me parle de la femme qu'il a perdue, j'avais des questions à son sujet. Alors c'est le moment ou jamais pour obtenir les réponses que je désire.

— Est-ce qu'elle me ressemblait ?

Prononcer son prénom est encore au-dessus de mes forces.

— Enfin je veux dire, continué-je face au calme de Jales, je sais que tu étais distant avec moi au départ parce que tu me trouvais étrange, mais est-ce que c'est parce qu'indirectement je te fais penser à elle que tu ne veux pas que l'on soit ensemble ?

Il me regarde avec attention puis fronce les sourcils comme si je venais de dire quelque chose de débile. Peut-être que je lui fais penser à sa défunte épouse et que c'est trop dur à supporter pour lui.

— Bianca était ton opposé.

Aïe, ça fait mal. Il est tombé amoureux d'une femme mon contraire. Je ravale difficilement ma salive et sens mon visage se figer malgré moi.

— Bianca était une femme d'affaires. Elle était plutôt froide et le genre à réussir dans tout ce qu'elle entreprenait.

Merci bien Jales ! Autrement dit, je suis une femme fervente, sans véritable profession et qui rate tout ce qu'elle entreprend.

C'est dur à avaler, même de sa bouche. C'est blessant. Très blessant même...

Sentant que le désespoir me gagne en plus de la colère, je récupère ma Ventoline puis l'enfourne dans mon sac. Je m'apprête à me lever de ma chaise quand Jales m'attrape la main.

— Je ne voulais pas te vexer. Ah, c'est pas vrai ! soupire-t-il, je m'exprime mal. Ça ne veut pas dire que tu...

Il ne termine pas sa phrase. Je suis d'un tempérament assez « bon », voire peut-être même parfois « naïf », si bien que j'ai souvent été utilisée durant toutes ces années. J'ai toujours aimé faire le bien et tenté l'impossible pour faire le bonheur des gens, mais cette fois-ci, c'est trop douloureux. Je ne peux pas continuer à l'écouter parler. Je suis bien trop à fleur de peau.

— Ça suffit Jales. Au risque de paraître insensible, je ne souhaite plus t'entendre me parler d'elle. Ce n'est pas nécessaire d'en rajouter. J'ai compris qu'elle était et sera toujours dans ton cœur. J'ai compris que je n'étais pas à la hauteur. Je t'ai dit que je ne t'embêterai plus. Tu pourras même faire comme si tu ne me connaissais pas, si c'est ce que tu désires.

J'attrape mon sac en bandoulière que je passe autour de mon cou avant de le balancer sur mes fesses.

— Non Annabelle, c'est pas que je voulais dire !

Malgré son exclamation, je secoue la tête et quitte le café.

- - - - -

NOTE AUTEUR

Alors, que pensez-vous de cette discussion ?

Les souvenirs de Jales ?

Le choix de ses mots ?

Bianca ?

La réaction d'Annabelle ?

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