Le reste de la ballade fut monotone.
Je voyais bien que Samuel Bernard m'évitais soigneusement, ce qui me désola. Je restais donc aux côtés d'Allison jusqu'à la fin de la promenade, l'observant s'émerveiller au sujet de la beauté des feuilles ou bien encore de l'apparition d'un animal.
Lorsque ce fut terminé, on nous déposa devant chez nous avec une nouvelle invitation a un dîner. Je n'osais pas refuser en croisant le regard insistant de ma voisine.
-Ils sont gentils hein ? Me dit calmement Allison, le regard dans la vide.
-C'est vrai, mais un peu insistant quand même.
-Mmm.. Moi je les trouves gentils, dit-elle en regardant ses pieds.
Je souris et lui caressais les cheveux tendrement.
-Qu'est-ce que tu veux manger a midi ? Demandais-je.
-Comme tu veux, dit-elle 'un air absent.
J'hochais la tête et lui fit signe d'entrer dans la maison, ce qu'elle fit sans hésiter. Je posais mes affaires et allait dans la cuisine avant de commencer a faire cuire des pâtes, le plat préféré de ma sœur.
-Reeve, dit-elle soudain, brisant le silence.
-Oui ?
-Tu sais, j'ai pas peur que maman meurt.
Je m'arrêtais et me retournais, l'observant avec attention.
(Reeve)
-Pourquoi tu dit ça ?
-J'ai parlé a mon amie, tu sais, Ruth.
Je cherchais rapidement dans ma mémoire et l'image d'une petite fille timide aux cheveux châtains foncés me revint en tête.
-Et qu'est-ce qu'elle t'a dit ? Demandais-je en m'approchant de ma sœur.
-Elle m'a raconté les histoires de quand son papa est mort, dit-elle calmement.
Je restais muet, incapable de savoir quoi répondre. Au lieu de tenter de trouver une réponse, je me mit accroupis devant Allison, afin d'être a sa hauteur.
-Elle m'a dit qu'au début elle était triste, mais après sa maman lui a expliqué que c'était la vie et que dans la vie les gens ils meurent. C'est vrai non ?
Je la regardais, les yeux écarquillés, ne sachant pas quoi répondre. Je n'osais pas lui avouer la dure vérité, l'impitoyable loi de la nature qui condamnais tout ce qui existait a dépérir un jour ou l'autre. Comment exposer une si dure réalité a une enfant si jeune ?
-S'il te plais Reeve, me ment pas. J'aime pas les adultes parce qu'ils mentent tout le temps. Quand je parle de maman, Monsieur Sam arrête pas de mentir.
-Il dit ce genre de choses pour ne pas te blesser, pour te protéger...
Je baissais les yeux, ne sachant pas quoi rajouter de plus.
-Mais moi je veux savoir la vérité. Je veux pas qu'on m dise des mensonges ! Cria Allison.
Je la regardais dans les yeux et vit la colère assombrir ses pupilles.
-Oui Allison je comprends. Et c'est vrai ce que t'a raconté Ruth. Les gens meurent tous les jours, ça fait partie de la vie.
Elle sembla se calmer et me regarda attentivement. Elle comprenait que moi, contrairement aux autres adultes, je ne lui mentais pas.
-Tu crois que maman va mourir ?
-Je sais pas, dis-je dans un souffle.
Elle me regarda attentivement, et visiblement elle avait l'air d'être sereine. Pendant un moment, je restais assis, perdu dans un tourbillon de pensée.
Ma sœur, une jeune enfant, semblait parfaitement sereine face a la mort. Elle semblait comprendre la vie et l'accepter bien mieux que moi, ce qui me troubla jusqu'au plus profond de moi.
-T'a peur ? Demanda-t-elle.
J'hochais la tête, ne voyant pas de raisons de lui mentir. Elle s'approcha de moi et me prit dans ses bras. Je la serrais contre moi de toute mes forces, me sentant chanceux d'avoir une sœur aussi forte qu'elle.
***
Après avoir déposé ma sœur chez son amie Ruth, je prit mon portable et composais le numéro de mon petit ami. Cela faisait un long moment que je n'avais pas eu de nouvelles d'Elijah, et cela commençais a m'inquiéter.
Je l'appelais et attendit, les yeux rivés sur le plafond de ma chambre.
Pas de réponses.
Je soupirais et passais la main dans mes cheveux, mordant nerveusement mes lèvres. Je décidais de regarder un film, afin de m'occuper l'esprit. Je devais absolument penser a autre chose qu'a ce silence de la part d'Elijah ou j'en deviendrais fou.
(Reeve)
Mais cette idée ne fut pas excellente, car Elijah occupait toujours mes pensées. Je grognais et prit mon téléphone avant de l'appeler encore et encore, décidé a l'arceler jusqu'a obtenir une réponse de sa part.
Mais deux heures plus tard, toujours rien. L'angoisse me serrait la gorge et je décidais d'aller le voir, afin de m'assurer que tout allait bien.
Je me précipitais en bas et attrapais ma veste, me dirigeant vers la porte d'entrée. Le froid me frappa tandis que je sortais, mais je ne prit pas d'écharpe, tant j'étais impatient de voir Elijah. Je marchais d'un pas rapide, proche de la course.
J'arrivais enfin chez mon petit ami, essoufflé et impatient. Je pressais sur la sonnette et vit bientôt sa mère au pas de la porte.
Elle parut surprise de ma visite, m'observant en silence.
-Hum.. Bonjour, dit-elle en bégayant.
-Bonjour, est-ce qu'Elijah est la ?
Elle m'observa, n'osant pas me répondre. Je vis une sorte de lueur étrange dans son regard et me précipitais a l'intérieur en l'esquivant. Je n'attendis pas de réponse de sa part tandis que je courrais jusque dans la chambre de mon petit ami.
-Elijah ?
Il n'y eu pas de réponses et j'ouvrais brusquement la porte. Il était la, par terre, recroquevillé contre le mur, le visage couvert de larmes.
-Elijah ! Criais-je en me précipitant vers lui.
Je me jetais a ses côtés tandis qu'il toussa et s'étrangla en sanglotant.
-Que c'est-t-il passé ? Demandais-je en le caressant doucement.
-Elle... Elle m'a frappé, Reeve.... Elle n'arrêtait plus. Je t'e jures, j'en peux plus...
Il éclata a nouveau en sanglot tandis que la rage montait en moi.
-Viens on se tire, dis-je en le forçant a se lever.
Il me regarda, d'un regard vide rempli d'une profonde tristesse. Je prit sa main et le forçais a se lever, puis attrapais précipitamment son sac de cour, jetant quelques vêtements et affaires importantes a l'intérieur.
Il m'observait en pleurant, ne prononçant aucun mot.
Je lui fit signe de me suivre et il s'exécuta, après avoir attrapé son appareil photo. Je lui tendit sa veste et ouvrait la porte d'entrée, sans savoir quoi dire.
-Qu'est-ce que vous faites ? Demanda une voix féminine derrière nous.
-On s'en va, déclarais-je avant de claquer la porte.
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