Rimbaud et Lolita

By OhMyLonelyMonster

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La disparition de la jeune Nola Kellergan, tout le monde l'a oubliée, à Aurora. Ça se comprend, l'affaire rem... More

blurb
disclaimer
prologue
un // mouettes
deux // carottes
trois // cafés
quatre // équation
cinq // pluie
six // boîte
huit // amertume
neuf // photographie
petit mot de l'auteure
dix // médisances
onze // vérité
douze // vengeance
treize // maison
quatorze // millard
quinze // lâche
seize // bébé
dix-sept // point de non-retour
dix-huit // embarras
dix-neuf // fantôme
vingt // corps
vingt-et-un // inopiné
vingt-deux // parias
vingt-trois // mère
bonus // océan mer
vingt-quatre // colère
vingt-cinq // winston
vingt-six // manuscrit
vingt-sept // sweet sixteen
vingt-huit // pénultième (1)
vingt-huit // pénultième (2)
vingt-neuf // glas
trente // rideau
trente-et-un // calamité
trente-deux // adieux
trente-trois // magouilles
trente-quatre // canada
trente-cinq // déchéance
trente-six // twitter
trente-sept // alma
trente-huit // retrouvailles
bonus // montages photos
trente-neuf // règle d'or
quarante // dorian gray (1)
quarante // dorian gray (2)
épilogue
the end...or is it?
des mouettes et des hommes

sept // monstre

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By OhMyLonelyMonster

Map Of The Problematique, Muse

Marcus, à la réflexion, se sentait d'un côté touché par l'amour impossible mais sincère de Harry envers la petite Nola; de l'autre, coupable de l'avoir soupçonné d'avoir joué un rôle dans cette affaire des plus sordides. C'est pourquoi, après cette fameuse nuit, il décida de consacrer un peu plus de temps à son ami.

Le jeudi qui suivit, au lieu de s'attabler devant son ordinateur portable, il prit sa voiture et alla faire les courses à Montburry. Harry, en rentrant de sa journée à Burrows, s'exclama tout étonné :

—   Oh, Marcus! Vous n'auriez pas dû.

—   Ne dites pas n'importe quoi. Vous aviez envie de manger de la pizza ce soir encore? se moqua Marcus.

Harry roula les yeux et le suivit jusque dans la cuisine.

—   Vous allez voir, continua Marcus, déterminé, je vais nous préparer un repas digne de ce nom. Que dites-vous d'un canard à l'érable et au café?

—   Ça m'a l'air délicieux.

—   Ça le sera, enfin si je réussis la recette.

—   Tant que vous ne brûlez pas la maison..., ironisa Harry.

Marcus, penché sur le magret de canard, releva la tête avec un grand sourire aux lèvres.

—   Je ne m'appelle pas Daisy, tout devrait bien aller.

Harry, adossé contre l'îlot, éclata de rire.

—   Au moins, ses biscuits au chocolat sont maintenant comestibles.

Marcus entreprit de retirer le gras du canard avec méticulosité sous le regard curieux de son ami. Au bout d'un moment, il releva la tête vers lui, le couteau de cuisine dans les airs.

—   Vous savez, je n'ai plus dix ans, vous n'êtes pas obligé de me surveiller.

Harry s'esclaffa.

—   Bon, bon, puisque ma présence vous dérange, je m'en vais. Mais avant...

Il tendit la main par-dessus le magret de canard et attrapa sa boîte en fer, toujours là sur le plan de travail.

—   Vous allez nourrir les mouettes?

—   Pourquoi pas? répliqua Harry.

—   Je veux dire, à cette heure?

Son ami haussa les épaules.

—   Nola, elle, les nourrissait à toute heure de la journée. Quand elle venait à Goose Cove, elle adorait les regarder, de la terrasse ou de la plage. Elle insistait pour qu'on leur lance des mies de pain. Maintenant qu'elle n'est plus là, j'imagine que l'habitude m'est restée.

Il lui sourit d'un air triste avant de tourner les talons, sa boîte dans les mains, pressée contre son cœur.

Marcus soupira avant de retourner à son canard. Jusqu'à présent, il avait cru bien connaître son ami, voire son meilleur ami, alors que depuis le début, il lui manquait la plus importante des pièces du puzzle quebertien : Nola Kellergan. Il comprenait mieux maintenant pourquoi Harry était resté seul toute sa vie, et cette réalisation le poussait non à le prendre en pitié, mais à rester à ses côtés.

N'était-ce pas ce qu'un vrai ami se devait de faire, après tout?

À partir de ce jour, il se mit donc à faire la cuisine de temps en temps, même si son hôte, les yeux au ciel, insistait qu'il n'avait pas à le faire. Il sortait aussi parfois du bureau pour s'installer, lorsque le soleil était au rendez-vous, sur la terrasse avec son ordinateur portable ou encore au salon près de la baie vitrée, dans l'unique but de passer du temps avec Harry qui, lui, corrigeait les travaux de ses étudiants.

Le jeune homme prétendait chaque fois qu'il avait besoin de « s'aérer l'esprit », mais la vérité était tout autre : Harry Quebert et sa romance interdite l'inspiraient. Marcus faisait souvent semblant de travailler alors que, du coin de l'œil, il zieutait son ami annoter des dissertations. 

Il tentait de l'imaginer plus jeune, comme sur les photographies qu'il avait vues l'autre nuit, en train de rédiger Les Origines du mal en ce fameux été de 1975, avec une gamine penchée sur son épaule qui lui soufflait des mots doux à l'oreille. À cette seule image florissaient mille idées de péripéties et de figures de style dans l'esprit de Marcus. Cela l'avait forcé à tout réécrire le début de son roman, mais ses efforts en valaient la peine : le deuxième jet était bien meilleur que le premier.

Bref, à son insu, Harry et Nola étaient devenus ses muses.

—   Votre roman, il avance, mon brave Marcus? lui demanda-t-il un matin, tandis qu'ils reprenaient tant bien que mal leur souffle après un combat de boxe amical sur la plage.

Marcus, le corps plié en deux, mains posées sur les hanches, prit de grandes respirations avant de lui répondre — c'est que Harry frappait plutôt fort pour son âge.

—   Très bien, merci.

—   J'ai toujours hâte de vous lire, vous savez.

Ainsi encouragé, Marcus se décida à lui faire lire les premières pages de son manuscrit dès leur retour à la maison. Harry, les yeux parcourant à vive allure les lignes dactylographiées, poussait ici et là des exclamations parfois admiratives, parfois réprobatrices. Sa lecture achevée, il se moqua gentiment :

—   Un homme et une femme qui s'aiment inconditionnellement mais qui ne peuvent s'aimer au grand jour? Attention, Marcus, vous êtes en train de parodier Les Origines du mal.

—   Oh... Vous trouvez, Harry?

Il devait vraiment avoir l'air piteux, car Harry éclata de rire et s'empressa de le rassurer :

—   Mais non, je vous taquinais. Ce n'est vraiment pas mal du tout, c'est même prometteur, mais je sais que vous pouvez faire mieux que ça.

—   Comment?

—   Creusez la psychologie de vos personnages, revoyez les motivations de chacun! Améliorez vos fins de chapitre! Là, il n'y en a aucun qui donne vraiment envie de lire le suivant. Oh, et par pitié, coupez vos phrases! Vous vous prenez pour Proust, ou quoi?

Marcus rit, un peu embarrassé, et lui assura qu'il retravaillerait sans faute ses personnages, ses idées et son style quelque peu tarabiscoté.

—   Je me demande ce qu'en pensera Daisy, lança-t-il en remettant ses feuillets en ordre.

Harry hocha la tête.

—   Ça fait un moment qu'elle n'est pas passée, remarqua-t-il.

—   C'est vrai. Elle doit être occupée avec ses cours.

Marcus l'ignorait encore, mais il avait tort sur toute la ligne.

Il en prit pleinement conscience le lundi soir qui suivit, pendant qu'il attendait que Harry revienne de Concord : il s'y était expressément rendu pour donner une entrevue à une station de radio bien populaire de la région.

Marcus se félicitait d'avoir autant écrit cet après-midi quand il entendit les portes d'une voiture claquer à l'extérieur. Harry était de retour. Il se leva pour aller leur préparer du café, mais s'arrêta en plein mouvement quand une voix agressive s'éleva de l'autre côté de la porte d'entrée :

—   Quebert, sortez dehors!

Marcus se figea avant de se ressaisir. À contrecœur, il passa la tête par l'embrasure de la porte et découvrit un géant, probablement dans la fin quarantaine. Adossé à son pick-up noir, il croisa ses bras en apercevant Marcus et le détailla de la tête aux pieds.

Prudent, Marcus demeura sous le porche.

—   Désolé, Harry Quebert n'est pas là.

—   Comment ça? s'étonna l'homme. Daisy m'a dit qu'il ne s'absentait que le jeudi.

Tiens donc. Après la mère, voilà que Marcus rencontrait le père de la jeune fille. Rick Harrison, s'il se souvenait bien.

—   C'est vrai, seulement on l'a invité à donner une entrevue, à Concord, expliqua-t-il patiemment. Je ne sais pas quand il rentrera. 

—   Ça vous dérange si je cause avec vous, alors?

Marcus arqua un sourcil.

—   Bien sûr que non. Voulez-vous entrer, monsieur?

—   Non, ça va aller, grogna Harrison, toujours collé à son véhicule. 

Marcus soupira distraitement. Ça promettait.

—   C'est bien vous, Goldman, hein? Le gars qui a failli tuer ma fille? commença l'homme, les yeux plissés.

—   Techniquement, oui, mais je ne l'ai pas fait exprès, et elle le sait très bien. On se taquine d'ailleurs à ce sujet, c'est vraiment une fille attachante et sympathique quand on apprend à la connaître, et je...

—   Oh, ça va! Je la connais, ma petite Daisy, pas la peine de me la décrire, le coupa brusquement Harrison.

Marcus resta interdit devant tant d'agressivité.  

—   J'ai appris qu'elle passait beaucoup de temps ici, reprit le géant.

—   Daisy nous rend souvent visite, oui. Vous savez pourquoi elle ne vient plus?

—   Ouais, je lui ai interdit de revenir.

—   Vraiment? Pourquoi donc? s'étonna Marcus.

—   Pourquoi? Mais parce qu'elle a mieux à faire que de traîner chez deux inconnus, voyons! éclata Harrison.

Marcus hocha la tête.

—   C'est tout à fait légitime de votre part de vous inquiéter pour Daisy, mais Harry et moi...

—   Non, épargnez-moi vos belles paroles, le coupa Rick Harrison. Si je suis venu ici, c'est pour vous dire que Daisy ne reviendra pas ici.

—   Écoutez, monsieur...

—   Non, vous, écoutez-moi, aboya Harrison. Quebert et vous, vous ne vous approchez plus de Daisy, compris? 

Le jeune homme garda le silence. Que s'imaginait ce pauvre type? Que Harry et lui s'adonnaient à des jeux pervers avec une adolescente? Et quoi, encore?

—   Vous ne vous approchez plus d'elle et vous ne lui parlez plus.

—   Daisy travaille au Clark's, on risque de se reparler tôt ou tard, ironisa Marcus, sans pouvoir s'en empêcher.

—   Vous savez très bien ce que je veux dire!

Il s'approcha alors de lui d'un pas lent, malhabile, jusqu'à ce qu'ils se retrouvent face à face. Marcus retint son souffle : l'haleine de l'homme empestait l'alcool.

—   Si vous lui reparlez, vous allez le payer très cher, tonna Harrison en lui empoignant le collet de sa chemise.

—   Lâchez-moi, demanda calmement Marcus.

—   Vous m'avez compris?

Marcus tenta de se dégager, en vain. Même bourré, le géant avait une poigne de fer.

—   Rentrez chez vous, monsieur.

—   Ne me dites pas quoi faire! 

—   Lâchez-moi tout de suite!

Marcus avait gardé son calme jusque-là, mais commençait à s'énerver devant un type aussi paranoïaque. Il saurait se défendre en cas de besoin, même si Harrison le dépassait d'une bonne tête, mais préférait ne pas en arriver là, si possible. Il s'agissait tout de même du père de Daisy.

Cerise sur le gâteau, la Corvette rouge de Harry entra à ce moment précis dans la cour, et le bruit du moteur alerta Harrison, qui libéra enfin Marcus.

—   Tiens, votre ami arrive.

—   Votre sens de l'observation me stupéfie, grinça Marcus.

Les mains levées pour garder son équilibre, Harrison s'avança vers Harry, qui sortait de sa voiture comme si de rien n'était, sa serviette dans les mains.

—   Vous voilà enfin, Quebert!

—   Pardonnez-moi, on se connaît? lâcha Harry, peu impressionné.

Marcus sourit intérieurement devant la nonchalance de son ami.

—   Rick Harrison, je travaille au garage d'Aurora.

—   Ravi de faire votre connaissance, répliqua Harry, sarcastique.

Il se dirigea d'un pas assuré vers la maison, ignorant du même coup Harrison. Le malotru parvint à le rattraper en trébuchant presque tant ses jambes ne le soutenaient plus. Comment il avait fait pour se rendre jusqu'à Goose Cove sans provoquer d'accidents, c'était un mystère.

—   Ne partez pas, il faut qu'on cause, tous les trois, fulmina-t-il.

Harry, arrivé près de Marcus, se tourna enfin vers Harrison.

—   Eh bien? Parlez, puis partez, ordonna-t-il sèchement.

Même s'il était plus petit que ce géant de Harrison, Harry ne se départait pas de son autorité naturelle. Lorsqu'il s'exprimait, il parlait d'une voix forte et articulée et il dégageait une telle assurance qu'on ne pouvait pas s'empêcher de tourner la tête et de l'écouter.

Pas étonnant que les journalistes se l'arrachaient quand ils voulaient que la balance penche d'un côté ou de l'autre parmi le grand public comme de l'élite culturelle : en Amérique, les opinions et les idées de Harry Quebert comptaient.

Harrison cilla, avant de se reprendre :

—   Ma fille passe beaucoup de temps ici, oui ou non?

Harry coula un regard interrogateur à Marcus, qui comprit le message et lui expliqua :

—   C'est à cause de lui que Daisy ne vient plus chez nous : il ne veut plus que nous lui reparlions, autrement il nous démolit la figure.

—   Oh, vraiment?

Il se tourna vers Harrison, qui suivait la discussion, ses yeux toujours plissés.

—   Merci beaucoup d'avoir fait tout ce chemin dans le seul but de nous avertir, monsieur, vous êtes bien aimable. Vous pouvez vous en aller, maintenant.

À ces mots, Marcus gloussa malgré lui. 

—   Vous trouvez ça drôle, vous? grogna Harrison en braquant son regard noir vers Marcus.

Comme Marcus, pris de court, ne répondait pas, il s'avança vers lui et poursuivit sur le même ton :

—   Je sais ce que vous avez fait, à New York, Goldman. D'ailleurs, tout le monde le sait.

—   Je ne suis pas...

—   Non, non, vous êtes un monstre, le coupa Harrison. Ne le niez pas. Mais vous ne corromprez plus ma Daisy, ça vous pouvez en être sûr.

—   Je n'y ai pas touché, à votre Daisy, protesta Marcus, piqué au vif. Nous sommes simplement amis.

—   Amis mon œil, ouais. Elle ne fait que parler de vous à la maison, grimaça Harrison.

Marcus arqua un sourcil. 

—   Nous sommes simplement amis, répéta-t-il fermement.

—   Plus maintenant, grommela Harrison. Tenez-vous loin d'elle. Mieux encore, repartez d'où vous venez. 

—   Sinon quoi? le défia Marcus, les bras croisés.

—   Sinon...

À nouveau, Harrison s'avança vers lui avec, cette fois, le poing levé. Il tenta de le lui balancer en pleine poire, mais vacilla au même moment et manqua de s'étaler face contre terre.

—   Bon, ça suffit comme ça, s'irrita Harry. Quittez tout de suite ma propriété, monsieur.

Harrison, son équilibre retrouvé, ricana d'un air bête. Il perdit son sourire, cependant, quand Harry s'impatienta et le tira de force vers son pick-up, sous le regard ahuri de Marcus.

—   Vous... Vous n'avez pas le droit, balbutia Harrison, pris de court.

Il essaya d'appliquer les freins, mais Harry ne se laissa pas démonter.

—   Goldman! Eh, Goldman! s'écria le géant. Tenez-vous loin de ma fille, sinon je vous jure que je...

Mais Harry ne lui laissa pas le temps d'achever sa phrase. Il le jeta sans ménagement derrière le volant.

—   Bon vent! cria-t-il en claquant la portière.

Harrison, mécontent, lui fit un bras d'honneur, ce devant quoi Harry resta de glace, avant de démarrer le moteur et de partir au quart de tour. 

Marcus s'approcha de son ami.

—   Vous n'auriez pas dû, soupira-t-il.

—   Qu'auriez-vous donc voulu que je fasse, Marcus? Que je le dorlote jusqu'à ce qu'il dessaoule?

—   Non, mais... Dans son état, il va se tuer au volant.

—   J'ai envie de dire que ce n'est pas notre problème.

Marcus roula les yeux et sortit son portable de sa poche. Il composa le numéro de la police et leur expliqua brièvement la situation. Quand il raccrocha, il avait le front soucieux.

—   La police était déjà sur l'affaire : des témoins l'ont vu sortir, assez éméché, d'un bar tout à l'heure. Peut-être qu'on l'attrapera avant qu'il ne soit trop tard.

Maussade, Harry acquiesça d'un signe de tête. Aux alentours, le silence était revenu, et c'était si tranquille, tout d'un coup, que l'on aurait pu croire que la visite de Rick Harrison n'avait été qu'un simple cauchemar.

Les deux hommes rentrèrent et se préparèrent du café : l'heure du dîner approchait, mais ni l'un ni l'autre n'avait vraiment faim après le petit incident qui venait de se passer. Au salon, Marcus se vida le cœur :

—   En tout cas, c'est de la persécution. Et je ne comprends pas. Pourquoi m'en voulait-il à ce point? Pourquoi moi?

—   Parce que vous êtes l'étranger qui débarquez de New York, avança Harry avec un sourire triste. Facile de vous accuser de tous les maux.

Il s'était assis, café en main, sur le fauteuil et s'il s'était emporté tout à l'heure, il semblait maintenant plus détendu.

—   Ne vous tracassez pas avec ça, Marcus. Sous ses airs de brute, ce n'est à mon avis qu'un père inquiet, voire anxieux.

Marcus, la mine dépitée, haussa les épaules.

—   Oui, si vous le dites...

—   Allons, cessez d'être si pessimiste. Vous n'avez rien fait de mal, n'est-ce pas?

—   Bien sûr que non!

—   Alors n'y pensez plus.

À ce moment sonna le téléphone de Marcus. C'était le shérif de la région. Il lui expliqua qu'on avait retrouvé le pick-up de Rick Harrison dans le fossé à quelques miles seulement de Goose Cove.

À première vue, il s'y était jeté suite à une fausse manœuvre, et compte tenu de ses facultés affaiblies, ce n'était guère étonnant. Par chance, il n'y avait eu aucun autre véhicule au moment de l'accident; l'homme, lui, s'en tirerait avec une simple commotion cérébrale. 

Pour conclure, et c'était justement ce pourquoi il l'appelait, il lui assura qu'il donnerait suite au comportement violent de Harrison dès que ce dernier sortirait de l'hôpital. À son avis, il écoperait probablement d'une amende, voire d'un bref séjour en prison.

Lorsqu'il raccrocha, Marcus résuma la conversation à Harry, qui l'écouta attentivement.

—   C'est une bonne chose, déclara-t-il. Ce qui est ironique, par contre, c'est que demain matin, l'imbécile ne se souviendra absolument de rien.

—   Sauf de ses divagations sur nous et Daisy, auxquelles il a l'air de croire dur comme fer.   

—   C'est sans doute un ivrogne, Marcus. Le mieux à faire, c'est de l'ignorer et de laisser la justice suivre son cours.

Marcus hocha la tête, l'air sombre. Harry lui toucha alors l'épaule en un geste réconfortant. Il lui déclara, le plus sérieusement du monde :

—   Marcus, il ne faut pas avoir peur d'un pauvre type comme ce Harrison. Je vous promets que s'il ose lever la main sur vous, il le regrettera amèrement.

Ses yeux brûlaient d'une ardente détermination, et Marcus comprit qu'il ne parlait pas à la légère. Il se sentit tout de suite un peu mieux.

NOTE DU 30 SEPTEMBRE 2017 ☆ Je suis consciente qu'il est impossible que Marcus cuisine un canard à l'érable et au café, car étant de religion juive, il ne peut manger que de la nourriture kasher. Je ne me suis aperçue de cette bévue que des mois après avoir écrit ce chapitre et je tiens à m'excuser auprès des personnes que j'ai éventuellement pu offenser. Une fois que cette histoire sera bel et bien terminée, je repasserai par ici pour réécrire la scène. 

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