Point de vue de Killian.
Elle semble beaucoup s'amuser dans le jardin, son oiseau en main elle rit aux éclats en se tournant vers mon ami.
Pourquoi, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à la faire sourire ? Est-ce qu'une fois dans ma vie je pourrai voir son visage s'illuminer grâce à moi ?
Bon sang, qu'ai-je fais de mal ? Sept mois, sept long mois que l'on se côtoie et pourtant elle n'éprouve même pas de la sympathie envers ma personne.
Je n'irai pas me chercher d'excuses pour hier soir, dopé par son comportement et ses paroles je n'ai pas su m'arrêter, je n'avais pas la force de m'arrêter.
C'est impardonnable. Tout simplement impardonnable.
-Lord ?
Interrompu dans ma contemplation de la plus pure des créatures je me retourne exacerbé.
Rika dans l'encadrement de la porte m'attend un plateau en main.
-Qu'y a-t-il ?
-Une nouvelle lettre pour mademoiselle Alice est arrivée.
Je me dirige vers elle d'un pas rapide et saisis cette fichue lettre avant de m'assoir devant mon bureau et d'attraper ma dague afin d'en déchirer le papier.
Ma chère Alice,
Mon ange, il ne s'écoule pas une heure sans que je ne pense à toi.
Les semaines sont longues et mon coeur se déchire de te savoir si loin de nous, à l'instant où je me suis senti comblé par ta présence un autre t'a emmené loin de moi, loin de mon île.
Je ne suis même pas sûr que mes courriers te parviennent mais en tous cas je l'espère grandement.
Comme je regrette de ne pas avoir su te protéger.
J'attends impatiemment le moment où je pourrai à nouveau te serrer dans mes bras.
Peter.
Inlassablement ce morveux continu de lui écrire, frustré je déchire le papier et le brûle d'un mouvement de la main.
-Merci Rika, assure-toi qu'aucunes de ces lettres ne parviennent à Alice, c'est un ordre, aucunes !
Elle hoche la tête et s'incline avant de disparaitre dans le couloir, je me lève nerveusement et me rapproche de la fenêtre.
Sur l'herbe, assise contre un arbre Alice somnole aux côtés d'Arlequin.
-Je ne te laisserai pas partir, jamais.
Point de vue d'Alice.
Alors que la chaleur caresse ma peau je me sens brusquement basculer sur la droite et tombe dans le vide avant d'heurter le sol pur et dur.
-Aïe aïe aïe.
Lentement je me redresse et m'étire, plus loin Arlequin est debout en train d'épousseter ses vêtements.
-Quelle heure est-il ?
Le jeune garçon se tourne vers moi et redresse son visage vers le ciel.
-Je dirai qu'il est aux alentours de midi trente.
Déjà ? Je me dépêche de rejoindre la fauconnerie en quelques pas et remets Sekkarô avec ses congénères. Une fois rentrés dans la maison Arlequin et moi sommes appelés pour le déjeuner. Le voilà, le moment que je redoutais tant, je vais revoir Killian, je vais le revoir alors qu'il a essayé de...
J'attrape la manche d'Arlequin et tire dessus. Immédiatement il se tourne vers moi et me pousse légèrement contre le mur en maintenant mes épaules.
-Ne t'inquiètes pas Alice, je suis là, il ne t'arrivera rien d'accord ?
-Mais il...
-Il ne fera rien en ma présence.
Il saisit ma main et exerce une pression dessus; ses yeux droits dans les miens j'hoche finalement la tête.
-Oui, d'accord.
J'inspire longuement et c'est sans plus attendre que nous entrons dans la salle à manger.
Je me dirige vers ma place la tête haute en m'inclinant légèrement devant Killian sur mon passage. Une fois le brun assis nous l'imitons et c'est dans la tension la plus palpable qui soit que débute le déjeuner.
Entre les pommes de terre et la salade Killian tente d'entamer la conversation sans grand succès.
-Alice, je vous prie ... je vous prie de bien vouloir excuser le comportement absolument indigne dont j'ai fais preuve hier soir à votre égard, j'en suis réellement désolé.
J'hoche timidement la tête, en même temps que faire d'autre ? Je ne peux lui pardonner ainsi, c'est trop facile d'essayer d'abuser de moi puis de s'excuser comme si de rien n'était.
Arlequin ne dit mot, il semble se contreficher de l'atmosphère hostile qui règne dans la pièce.
-Si jamais je pouvais faire quoi que ce soit pour racheter ma faute je le ferais.
C'est très noble de sa part, si on enlève le fait qu'il est essayé de me violer !!
-As-tu des nouvelles de Peter ? réclamais-je.
Son front est barré d'un trait tandis qu'il semble fulminer.
-Non je n'ai pas eu de nouvelles de mon frère cadet récemment.
Je porte mon verre à mes lèvres avant de reprendre:
-Je veux de ses nouvelles.
Killian déglutit surement furieux de mes revendications. Néanmoins il obtempère:
-Si jamais il y a du nouveau je vous tiendrai au courant, vous serez la première avertie.
J'acquiesce en silence, mais pourquoi m'arrêter là ? Killian est prêt à me lécher les bottes si il le faut.
-Je voudrais le voir.
-C'est impossi...
-Je voudrais le voir, c'est seulement lorsque j'aurai de ses nouvelles et que je l'aurai vu en bonne santé que tu seras pardonné Killian. Ton comportement n'avait rien de gentleman comment peux-tu penser que je pourrais t'apprécier si tu ne fais pas d'efforts ?
Le brun pince ses lèvres et broie ses couverts au creux de ses mains.
-Sept mois, sept mois que je vous comble de cadeaux en tous genre tous les jours Alice, vous ne manquez de rien, si vous désirez quelque chose vous l'avez dans l'instant, n'osez jamais redire que mon comportement n'a rien de celui d'un gentleman.
Je baisse timidement les yeux, c'est vrai je suis mauvaise langue, Killian comble mes envies et presque toutes mes attentes.
-Quant à mon frère je ne vous garantis rien pour le moment, cette discussion est terminée, conclut-il.
Cette discussion est terminée et j'ai encore perdu.
-Je veux qu'Arlequin reste ici plus longtemps, persistais-je.
-Pardon ? intervient Killian.
-Je souhaite qu'Arlequin reste un peu plus longtemps que prévu.
Le concerné de l'autre bout de la table fixe le brun mais ne dit mot.
-Et pourquoi voudrait-il rester ?
-Parce que je lui demande.
-Moi ça ne me dérange pas si il est d'accord.
Nous nous tournons vers le blond qui regarde maintenant les miettes sur sa serviette.
-Alors ? insiste Killian.
-Ça ne me gène pas, de plus je m'ennuyais seul chez moi en ce moment, acquiesce-t-il finalement.
Je suis heureuse, que Killian est cédé à ma demande me rends joyeuse et la présence d'Arlequin d'autant plus.
Finalement le repas se termine tranquillement.
Je décide de retourner au jardin en compagnie des deux garçons. Fort heureusement je convaincs ces messieurs de jouer avec moi, cache-cache, loup touche touche, tout y passe.
-Sur terre, ça s'appelle du football.
D'un jeu de jambe agile j'esquive Killian qui souffle et croise ses bras sur son torse.
-Eh bien le futboul est un jeu très ennuyant, râle Arlequin.
-Football, le corrigeais-je, eh bien dans ce cas à quoi veux-tu jouer ?
-Et si nous dansions ? Propose Killian, Arlequin est un excellent joueur de violon.
Immédiatement ma curiosité est piquée à vif et l'envie de danser me saisit.
-Oui ! Oui ! Je t'en prie Arlequin joue du violon, Killian dansons !!
Le garçon au couvre chef acquiesce, part d'un pas rapide dans la demeure et revient quelques courtes minutes plus tard un étui en main.
Arrivé à notre hauteur il l'ouvre et dévoile le fabuleux instrument.
-Fantastique, je t'en prie, je t'en prie, joue une valse pour moi !
Le blond accepte, puis après s'être correctement accordé débute une douce mélodie qui virevolte dans les airs quelques instants aussi légère qu'une plume.
Je pose ma main sur l'épaule de Killian et attrape sa main. Délicatement sa main droite vient se poser sur ma hanche et au rythme de la musique nous exécutons une valse à laquelle assistent les oiseaux cachés dans les arbres.
Aucun sifflement ne vient interrompre cette danse, non, non, tous se sont tût pour admirer le spectacle.
Et en ce moment, alors que mon rire résonnait aux éclats et comme de plus en plus souvent, j'oubliais Peter Pan.....le pays imaginaire.......et les garçons perdus.