Les chiens des vampires

By CamilleShi

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Les vampires contrôlent le monde. Camille est ce qu'on appelle "un chien", une esclave adoptée par son Maître... More

Quand j'ai voulu voir le soleil
Quand il m'a achetée (1/2)
Quand il m'a achetée (2/2)
Quand il a gravé son nom (1/3)
Quand il a gravé son nom (2/3)
Quand il a gravé son nom (3/3)
Quand nous avons joué aux cartes
Quand nous sommes allés à une soirée (1/2)
Quand nous sommes allés à une soirée (2/2)
Quand j'ai voulu mourir
Quand ce fut la pleine lune (1/3)
Quand ce fut la pleine lune (2/3)
Quand ce fut la pleine lune (3/3)
Quand il m'a emmenée au travail (1/2)
Quand il m'a emmenée au travail (2/2)
Quand je me suis réveillée à l'hôpital (2/2)
Quand on s'est promené
Quand nous sommes allés chez Adeline (1/2)
Quand nous sommes allés chez Adeline (2/2)
Quand il a fallu s'excuser (1/3)
Quand il a fallu s'excuser (2/3)
Quand il a fallu s'excuser (3/3)
Quand j'ai perdu confiance (1/3)
Quand j'ai perdu confiance (2/3)
Quand j'ai perdu confiance (3/3)
~ Fin de la première partie ~

Quand je me suis réveillée à l'hôpital (1/2)

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By CamilleShi

La sensation désagréable de ne pas dormir au bon endroit me reveilla. Ma nuque, lourde, reposait sur un oreiller qui me paraissait aussi dur que du béton. Ce n'était ni le coussin moelleux, ni les draps cotonneux auxquels j'étais habituée. Le lit était bien plus ferme et une odeur de propreté, de désinfectant, s'en dégageait ; un parfum tout autre que celui du bois humide de l'appartement du Maître.

Aussi floue que mes pensées, ma vision était saturée d'une lumière chaude. Tournant la tête pour chercher un point de repère au milieu de la lueur éblouissante, je reconnus la forme d'une fenêtre aux stores à moitiés fermés. Celle-ci traversait le mur de la pièce dans toute sa longueur et donnait sur une vaste plaine d'herbe. Je clignai des yeux plusieurs fois, fixant ce qui me semblait être le ciel.

Rêvai-je ou était-ce bien le soleil qui venait juste de se coucher au loin ?

Le spectacle étrange avait fait naître une certitude en moi : je n'étais pas chez le Maître. Le ciel, encore éclairé par les derniers rayons du soleil disparu, paraissait aussi bleu qu'avant la guerre. Pendant un court instant, j'embrassai l'espoir que je ne vivais plus dans un monde contrôlé par les vampires.

Réveillant mes jambes, puis mes bras, je m'assis sur le lit en repoussant le drap blanc. Le mouvement réveilla une sensation désagréable dans mes côtes. Jetant un regard inquiet sur la zone sensible, je découvris sur mon ventre une cicatrice de plusieurs centimètres.
Elle avait été soigneusement recousue dans toute sa longueur par des fils encore tâchés de sang séché.

Confuse, j'allai chercher de mes mains le seul objet qui pouvait me situer dans le temps : le collier. Il était bien là, soudé autour de mon cou. Mon pouce glissa le long du cercle de métal jusqu'à ce qu'il rencontre la première lettre gravée du nom de mon Maître actuel. Reconnaissant la double vague, je lâchai un soupir de soulagement.

Soudain, un bip retentit. Peu après, une femme pénétra dans la pièce devant mes yeux éberlués.

— Bonsoir, jeune fille, fit-elle avec calme.

La femme d'âge mûr portait une blouse blanche et ne semblait pas gênée par le reste de lumière qui traversait la fenêtre.

— B...Bonjour, bredouillai-je, étonnée que l'on s'adresse à moi avec tant de douceur.

Elle fit un pas en avant pour m'ausculter rapidement.

— Comment te sens-tu ?

Je lui répondis d'une expression mêlant confusion et détresse. Elle soupira.

— Ici, c'est un centre de soins pour humains. Tu as failli mourir. Tu as eu de la chance d'avoir été soignée par Dame Catherine.

Le nom qu'elle venait de prononcer ne m'était pas complètement inconnu. Le Maître l'évoquait quelques fois.

— Je ne me souviens pas de m'être blessée, Madame, fis-je avec le même ton poli que je réservais normalement aux Maîtres.

— Et pourtant, enchaîna-t-elle, tu es arrivée en très mauvais état. N'as-tu aucun souvenir de ce qui s'est passé ?

Elle avait bien plus d'assurance qu'un simple humain. J'étais intimidée.

— Je ne me souviens pas, réfutai-je en secouant la tête.

— As-tu mal ? s'enquit-t-elle après un court silence teinté d'embarras.

— Pas vraiment.

— C'est déjà ça. Je vais l'annoncer à Dame Catherine.

Elle inscrivit quelque chose sur un écran et fit demi-tour. La voyant partir, j'avais subitement envie de lui poser tout un tas de questions.

— Vous êtes humaine ? dis-je précipitamment.

— Oui, assura-t-elle sans honte, j'appartiens à Dame Catherine.

Elle n'avait pourtant pas le profil type du chien. Les chiens étaient en général plus jeunes, plus frêles. Sans prêter attention à l'expression interdite sur mon visage, elle posa son appareil sur la porte. À l'idée de me retrouver à nouveau seule dans cette chambre inconnue, je m'affolai.

— Attendez, je vous en prie ! lui criai-je, que dois-je faire ? Est-ce que le Maître va venir me chercher ?

Elle m'adressa un regard désolé, compatissant avec ma détresse.

— Je n'en sais rien. Je te conseille de te reposer et de ne pas trop bouger. Ton Maître passera sûrement cette nuit.

Elle me salua d'un hochement de tête amical, puis quitta la chambre après le bip. Le battant de la porte se referma d'un coup en me laissant une impression de déjà-vu. Épuisée, je retombai négligemment sur le matelas. Je lâchai un gémissement quand, au lieu de s'enfoncer dans la mousse, ma colonne percuta une chaîne métallique. Dégageant celle-ci de mon dos, je compris qu'il s'agissait de la chaîne que Meiré avait accrochée à mon collier quand nous étions partis ensemble à son travail.

Soudain, les souvenirs de mon altercation avec Charles refirent surface et j'essuyai une violente claque mentale. Je revis l'instant fatidique où, me grondant de sa voix scandalisée, le Maître avait pendu mon corps au dessus du sol.

— Oh non ! m'écriai-je, horrifiée.

Je n'arrivais plus à me détacher de l'image de Charles blessé à la joue. Je l'avais frappé. J'avais frappé un Maître. J'avais osé répondre à ses mots, et pour combler le tout, j'avais répondu à ses coups! Mon corps fut prit de spasmes nerveux. Quelle imbécile ! Frapper un vampire était extrêmement grave. C'était un crime qui pouvait signifier ma mort. Rattrapée par le désespoir, je me recroquevillai sur le lit rigide et froid, serrant le coussin contre mon estomac noué.

Quelques heures s'écoulèrent, pendant que je divaguais au bord du lit, noyée dans un flot d'idées noires. Au milieu de la nuit, la porte s'ouvrit à nouveau. Des pas lourds à la cadence unique se rapprochèrent du lit, suivis du grincement de la chaise accueillant le poids d'une grande personne.

Tournant le dos au Maître, je ne pouvais pas le voir et c'était mieux ainsi. Je l'entendis soupirer, longuement. Sans rien dire, il souleva la couverture pour venir effleurer du bout de ses doigts la longue cicatrice. J'attendis nerveusement un mot, un reproche, quoique ce soit qui puisse briser le silence étouffant.

— Tu m'as vraiment mis dans l'embarras, dit-il soudain, épousant de sa main gelée la longue blessure. Ton sang s'est répandu sur le sol, quel gâchis !

Je me raidis, sentant ses ongles se resserrer autour de la plaie tout juste recousue. Je n'osai pas bouger. Sa voix, grave et amère, me laissait toutefois un doute ; était-il vraiment en colère ? Les remords se mêlaient à ses mots. Libérant enfin mes côtes, il se pencha au dessus de mon visage, parfumant l'air de son odeur de cendre.

— N'as-tu comme seul but celui de me fuir ? Souffla-t-il, agacé que je lui tourne le dos. Dois-je donner raison à Charles et me séparer de toi ?

Ses mots me firent l'effet d'un électrochoc. Immédiatement, je me retournai pour le fixer de deux yeux épouvantés, capturant sa main froide entre les miennes.

— Non ! criai-je, plaquant ma tempe contre sa paume gelée, je n'ai jamais souhaité te causer du tord, jamais ! Je voulais juste...

Quand son regard inquisiteur croisa le mien, ma gorge se resserra, m'empêchant de terminer la phrase. Il attendait en silence, sa main entre les miennes, supportant les irritations de mes larmes sur sa peau.

— Je voulais juste en savoir plus sur cet endroit, murmurai-je tout bas avec humilité. Je n'ai jamais essayé de fuir...

Je serrai les dents. Je m'en voulais d'avoir profité de son indulgence pour m'aventurer hors de son bureau. J'avais beau me dire que ce n'était pas de ma faute, que c'était humain, que la vie était ingrate, je me sentais coupable d'avoir sali l'honneur du seul Maître qui s'inquiétait, un peu, de mon confort. Il n'avait pas mérité que je le trahisse.

— Je ne te désobéirai plus jamais, pardonne-moi... suppliai-je en m'accrochant désespérément à sa main, les yeux fermés. Je ne supporterai pas un autre Maître ! Je préfère encore mourir...

Pour la première fois depuis ma longue vie de chien, j'avais enterré ma fierté pour avouer à un Maître que je préférai le servir lui, plutôt qu'un autre. Une seule chose comptait, peu importe l'humiliation ; il ne fallait pas qu'il me renvoie à l'élevage.
Pendant un court instant, ses yeux brillèrent d'une lueur intense, comme s'il allait me dévorer sur place. L'indignation finit par quitter son visage, pour laisser place à des traits plus compréhensifs. Un léger sourire sinistre se dessina sur ses lèvres.

— Je ne t'en veux pas, Camille, avoua-t-il, éloignant sa main des miennes. Tu es en vie.

Il essuya les larmes sur sa chemise, calmement. Après un moment de silence, il reprit la parole ;

— Heureusement que Catherine était là, elle a réagit rapidement pour te sauver, dit-il en prononçant le nom de la femme avec beaucoup de respect.

Entendant ce nom pour la deuxième fois depuis mon réveil, je m'interrogeai sur la nature de son porteur ; parlait-il de la créature aux cheveux blonds qui ne semblait pas apprécier les paroles de Charles ?

— Malheureusement, tes cris ont alerté tout l'étage, enchaîna Meiré, préoccupé. J'espère que cette histoire ne remontera pas aux oreilles de la milice.

La milice. À chaque fois que Meiré l'évoquait, je pouvais ressentir son malaise face à cette organisation. Si la milice prenait connaissance de mes terribles actes, il était certain qu'il perdrait son chien, et ça, il ne le souhaitait pas.

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