11:16 am
Je me réveille enfin. Je sens mes jambes engourdis et mon cœur serré. Chaque jour je me lève avec un nouveau poids sur les épaules. C'est pour ça que j'aime autant sortir la nuit au lieu de dormir, pour ne pas avoir à me réveiller. Je tombais dans des sommeils de plusieurs jours et lorsque je me me levais, je continuais les rêves les plus tristes.
Mon père n'est pas là, sûrement au travail, comme toujours depuis la mort de ma mère. Il se tue au travail pour ne plus penser à ses problèmes et ses responsabilités. Du coup, il m'oublie moi.
Je me roule un joint et m'allonge sur le canapé pour le fumer. J'ai ni amis, ni famille. Je passe pratiquement mes journées seule, parfois défoncée, mais toujours aussi seule. Avant je les passait avec Ken. Je souris en me remémorant des images de nous deux. On s'embrassait, il me faisait l'amour et je lui griffait le dos.
On s'enlaçait sans s'en lasser.
J'étais bien avec lui. Mais après tout, c'est un homme. Tous les hommes sont obligés d'aller voir ailleurs pour rassurer leur ego. J'en ai subit les conséquences.
Mon portable vibre, un message.
De Ken:
Tu me manque, vraiment.
Je souris. J'ai jamais réussi à supprimer son numéro. J'avais peur qu'un soir lorsque je serais sur le point de tout lâcher, je ne pourrais pas entendre sa voix.
Je n'ai jamais pensé à l'avenir, au futur. Tout simplement parce que ma mère le faisait pour moi. Ken y pensait constamment, se demandant ce que nous allions devenir ou ce que nous ferions. Pourtant sans ses bras, l'avenir semblait un concept vague et absurde.