Je cogitais dans mon lit. Encore.
Ce n'était jamais bon, quand je commençais à réfléchir au sens de la vie, seule dans le noir, l'édredon remonté jusqu'au menton. En plus, ma jambe commençait à me faire mal.
Chris était sortie, il avait reçu une missive étrange à la fin du repas, qu'un majordome lui avait apporté. J'avais cru mourrir de frayeur en voyant cet inconnu sortir de nul part. Chris avait lu le papier, était devenu encore plus pâle que d'habitude et m'avait dit qu'il avait une affaire importante à régler. C'était tant mieux, j'avais besoins d'un peu d'air.
Des démons voulaient me tuer, j'ignorais dans quel univers alternatif j'avais basculé mais admettons. Les images de mon enlèvement tournaient en boucle dans ma tête et j'avais beau essayer d'en trouver le sens, les derniers événements restaient totalement sans queue ni tête. Je pensai à Sarah et une sueur froide descendit le long de mon dos.
Quelque chose tapa contre la fenêtre.
Surprise, je relevai la tête. Le son retentit à nouveau. Avec précaution, je me levai et avançait précautionneusement en m'appuyant contre le mur.
Chris avait oublié de m'attacher.
Il y avait quelqu'un dans le jardin (que dis-je : le parc!) et bordel, je connaissais cette personne.
- Julien? Chuchotai-je.
Sans plus attendre, j'ouvris la fenêtre et passai la tête par l'ouverture.
J'étais au troisième étage, mais la lumière de la lune était forte, si bien que je pouvais distinctement voir le visage du jeune homme. Il me regardait.
- Ophé!
- Mais qu'est-ce que tu fais là, sombre abruti Comment tu as su que...
- Tu vas devoirs m'inviter à entrer! Me coupa-t-il.
- Quoi?
- Invite-moi!
- Mais je ne suis pas chez moi ici!
- Dit jute : okay tu peux entrer, t'occupes pas du reste.
Je soupirais, totalement désabusé par ce mec.
- Okay, tu peux entrer.
J'aurais crier si Julien n'avais pas mis sa main contre ma bouche.
Il venait de sauter par la fenêtre.
Comme un putain de vampire.
Il enleva la main qui recouvrait mes lèvres et je le dévisageai. Il semblait différent, plus mature, plus ténébreux que d'habitude.
- Coucou belle blonde.
Retirez tout ce que je viens de dire, c'était toujours exactement le même beauf qu'avant.
- Julien, comment as-tu su que j'étais ici?
Il tapota son nez avec un petit sourire.
- Le flaire.
- Et tu sens les ondes négatives que je dégage là? Les odeurs à visé répulsive? Parce qu'elles te sont adressés.
- Tu aimes bien m'en mettre plein la gueule tout le temps hein, ça m'est réservé ou s'est juste ta manière de communiquer avec les gens?
- Ça t'est réservé.
- Donc j'ai l'exclusivité? Jubila-t-il, un sourire dans la voix.
Je secouai la tête de gauche à droite, abasourdie.
- T'es con. Juste. Con. Oublies-le pas. Met le dans ton CV.
À ma grande surprise, il se mit a rire. Comme s'il avait vraiment compris la blague. L'avait-il compris? Ou peut-être qu'il aimait qu'on l'insulte. Il fallait en avoir le cœur net.
- Tête de gland.
- Eh! Pourquoi tu dis ça!
Non, il n'était pas maso finalement.
- Oublie. Comment es-tu monté ici si rapidement?
- Tu ne vas jamais me croire.
Je levai les yeux aux ciels.
- Ne jamais dire jamais.
- Je suis devenu une créature de la nuit... un prédateur farouche... un enfant de l'ombre... je..
- Okay, toi aussi t'es un vampire.
- Suis sauvage et dark... attend quoi? Tu le savais déjà!
- Je voulais en avoir le cœur net. Bordel. C'est vrai alors.
- Hein?
- Julien.
- oui?
- Ta gueule.
Je m'assis sur le bord du lit, prenant ma tête entre mes mains. Soudain, je la redressai.
- Qui t'a fait ça! Qui t'a transformé?
- Un homme.. juste après l'intrusion à l'école. Elle est fermée depuis, on ne sait pas quand les cours vont reprendre.
- Comment va Sarah? Elle est vivante? M'exclamais-je.
- Oui, elle est en état de choc, c'est ce qu'ont dit les médecins lorsqu'elle s'est réveillé à l'hôpital. Sa mère connaît la mienne, elles ont prit le thé ensemble l'autre jour et...
- Julien.
- Pardon, oui, je la ferme.
Je gardai le silence un instant.
- Mais pourquoi t'avoir transformé...
- Peut-être qu'il pensait que je lui serait utile.
- Sans vouloir t'offenser Julien tu...
Je m'interrompis soudain, les yeux écarquillés.
- ... as raison.
Il sursauta, choqué que je lui face un compliment.
- Ah bon? Demanda-t-il d'une toute petite voix.
L'homme à ma fête d'anniversaire. Il avait vu Julien me parler, c'était sûr. Il avait sûrement soutiré des informations à une Sarah ivre morte. Il savait que Julien avait le béguin pour moi. Maintenant que j'y pensai, cet homme n'avait rien d'un démon, et tout d'un vampire. L'un dans l'autre, ce n'était pas rassurant du tout. Et ça ne voulait dire qu'une seule chose.
- Ils t'ont suivi.