Je suis ma jumelle

By ErizuTeriyaki

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Je m'appelle Marion. Je suis une fille insociable qui passe le plus clair de son temps cloîtrée dans sa chamb... More

Chapitre 1 : Moi et elle
Chapitre 3 : Une étrange invitation
Chapitre 4 : Une fête des plus agréables...
Chapitre 5 : Le lancement de l'opération
Chapitre 6 : Premier rendez-vous
Chapitre 7 : Multiples imprévus

Chapitre 2 : La journée de la révélation

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By ErizuTeriyaki

Driiiiing... Driiiiing...

Cela faisait un moment que mes oreilles s'étaient rendues compte que mon réveil avait entamé son doux chant matinal, mais mon cerveau, toujours dans les vapes, n'y prêtait pas attention.

Ce fut finalement ma sœur, déjà débout et fin prête, qui se chargea de me tirer des bras de Morphée, en me balançant un chausson sur la tête.

« Mary, fais pas ta feignasse, lève-toi ! Maman a dit qu'elle voulait qu'on prenne le temps de prendre le p'tit dèj' tous ensemble avant qu'on aille en cours ! »

Je restai quelque secondes silencieuses, le temps d'enregistrer toutes ces –nombreuses, pour quelqu'un qui émerge du sommeil- informations. Puis, marmonnai le « Mmh » le plus motivant que je me sentais capable de répondre, et éteignais mon réveil qui, comme à chaque nuit, restais sous mes oreillers.

Ma sœur n'en avait pas besoin. Bien avant l'aube, elle quittait déjà son lit. Puisqu'elle passait des heures à choisir une tenue adéquate, à se coiffer et à se maquiller, elle veillait à se lever le plus tôt possible pour ne pas arriver en retard. Si tous les établissements scolaires imposaient encore aujourd'hui un uniforme, la vie serait tellement plus simple, me disais-je toujours lorsque ma sœur stressait en se demandant quel style adopter. Mais le plus impressionnant était qu'Agathe était déjà pleine d'énergie chaque matin. Sitôt sur pied, elle se sentait capable de déplacer des montagnes. Elle était naturellement si éveillée qu'elle possédait un réveil mental. Ce n'était pas un petit objet braillard qui la contraignait à se bouger, seulement elle-même. Tandis que moi, même en conservant mon réveil le plus près de mon oreille, j'étais capable de m'ordonner d'oublier le son pour rester dormir encore une bonne demi-heure.

Agathe avait déjà quitté la pièce pour se rendre dans la cuisine. Je sortais ma tête de serpillère –celle que j'arborais à chaque réveil- de sous les oreillers, me levais pour me diriger d'un pas lent en direction de l'armoire. J'enfilais les premiers vêtements me tombant sous la main et posai sur ma tête mon inséparable bonnet gris.

Ne me sentant pas le courage de m'offrir un brin de toilette, jugeant cela trop long et trop mouillé, je comptais déjà rejoindre ma famille dans la cuisine. Je croisai alors mon père dans le couloir, qui possédait pour destination la même que la mienne. Tout comme moi, ses cheveux grisonnants n'étaient pas des plus soignés, mais puisque ses cheveux n'étaient pas aussi longs que les miens, cela n'avait guère d'importance. Je le voyais avec sa canne, avançant d'un pas hésitant, sa main non-occupée tâtant dans le vide. Ses yeux bleus qui ne regardaient nulle part n'affichèrent aucune expression, mais soudain je le vis sourire.

« -Bonjour, Mary ! J'ai reconnu ton pas.

-Bien le bonjour, capitaine Papa ! lui répondis-je. Bien dormi ? »

Il tendit la main vers moi. Je la pris et l'aidai à le guider jusqu'à la pièce où ma mère et ma sœur étaient logiquement en train de nous attendre. Mon père était aveugle depuis sa naissance. Il n'était pas du genre à se plaindre et tentait souvent de se débrouiller seul. Mais lorsque quelqu'un était en moyen de l'épauler, il appréciait beaucoup quand c'était moi, sans que je ne sache vraiment pourquoi. Je ressentais une grande affection pour mon père, toujours très gentil et m'accordant tout le temps beaucoup de confiance. Lui et moi avions une bonne complicité, faisant de lui mon meilleur ami. Même avec Bertrand, je ne m'amusais pas autant. Mon père n'aimait pas les gens qui ne le voyaient que comme un handicapé qu'il faut traiter avec une grande attention. C'était tout le contraire, il était plutôt du genre à aimer que l'on prenne son état avec humour, n'y voyant rien de véritablement grave. Pour moi, son infirmité m'apparaissait presque comme une qualité. Puisque mon paternel ne voyait rien depuis toujours, le principe de ressemblance lui était étranger. Et ainsi, moi et Agathe, ses deux enfants, lui apparaissions comme deux véritables entités bien distinctes.

Nous arrivions enfin dans la cuisine. Ma mère était en robe de chambre, mais ses cheveux châtain clair ondulés étaient déjà impeccablement noués en un délicat chignon, elle avait posé sur son nez ses lunettes aux branches rouges qu'elle mettait lorsqu'elle s'appliquait, et était en train de s'affairer rapidement sur le plan de travail. Ma mère était pareille que ma sœur. Sitôt que le soleil finissait sa sieste, ma mère s'occupait déjà de tout. Elle était toujours très stressée et veillait le plus rapidement possible à ce que toutes les tâches qu'elle se fixait se terminent le plus tôt possible, quitte à ce qu'elle puisse s'ennuyer au bout d'un moment. C'était sans doute pour cela qu'elle aimait mon père, qui lui ne stressait jamais, était même rarement anxieux, et amenait donc souvent sa femme à retrouver son calme.

J'aidai mon père à s'asseoir et pris place sur une chaise devant lui, à côté de celle où Agathe était déjà assise. Tandis que je me servais en épaisses brioches, que je tartinais sans modération en Zutella, avec du chocolat chaud mélangé à du miel et des marshmallows, je la voyais se contenter de vitamines effervescentes pour tenir la journée. A certains moments, je la surprenais glisser un regard sur mon festin. Même si elle demeurait muette, je savais parfaitement qu'elle aussi aurait volontiers tout dévoré, mais Mademoiselle faisait une certaine fixette sur son poids, même si elle refusait de l'admettre.

Ma mère posa la théière sur la table, et pris enfin place, et sembla enfin prendre conscience de notre présence à moi et mon père, même si elle ne le laissa pas paraître dans sa voix.

« -Bonjour Chéri, bonjour Marion.

-'Lut Maman, répondis-je, entre deux gorgées de chocolat.

-Comme tout le monde est là, il serait temps de discuter pour savoir qui ira chez Mamie Yvette pendant les vacances, annonça-t-elle.

-On vient à peine de se poser et hop, on doit discuter ! m'exclamai-je.

-Arrête, tu sais très bien que je n'aime pas attendre avant de décider les choses. J'y ai réfléchi, je pense que ce serait mieux que ce soit Agathe qui aille chez elle. Elle sera plus à même de rendre service à Mamie.

En entendant cela, je ne pus m'empêcher de laisser échapper un petit rire.

-Wow ! J'ai hâte de savoir comment elle va survivre sans réseau. Elle devait se filmer pendant son voyage, on pourra assister à une émission de télé-réalité encore plus dangereuse que Collant Tah, avec une pauvre jeune fille perdue au beau milieu de nulle part, sans texto à envoyer pour surpasser cette épreuve.

Ma sœur ne répondit pas à ma moquerie, et continuait de regarder ma mère, tout en essayant de cacher sa détresse. Notre grand-mère maternelle n'avait plus toute sa tête depuis la mort de notre grand-père, quelques années avant notre naissance. Elle oubliait même constamment que sa fille Charlotte, notre mère, n'avait pas eu une seule fille, mais deux. Mamie Yvette croyait toujours qu'Agathe et moi n'étions qu'une seule personne, et dès que nous étions toutes les deux en face d'elle, elle s'agaçait de ne plus rien comprendre et se plaignait pendant plusieurs heures de son statut de pauvre vieille. Mais cela n'empêchait pas qu'elle oubliait rapidement et se remettait chaque fois à croire que notre mère ne lui avait donné qu'une unique petite-fille. Toute personne normale dirait que notre grand-mère devait se rendre dans une maison de retraite, mais Maman n'avait pas le cœur à la faire quitter la maison dans laquelle sa mère vivait depuis des années, en sachant que Mamie en perdrait certainement davantage la tête en se demandant si elle avait toujours vécu là, et que l'aïeule s'entendait merveilleusement bien avec son voisinage qui se chargeait toujours de l'aider dans ses tâches quotidiennes. Mamie Yvette était gentille, mais comme elle ne retenait rien de ce qu'on lui disait, qu'elle savait à peine s'occuper d'elle-même, et qu'elle vivait dans un village reculé dont la technologie remontait à dix siècles en arrière, qui voudrait venir chez elle en vacances ?

-Alors Agathe, c'est d'accord ? insista ma mère, sans prêter attention à ce que je venais de dire.

-Euh, ben... Oui, d'accord.

-Et bien, c'est nickel. J'appelle Mamie tout à l'heure. Maintenant, dépêchez-vous de vous préparer. »

Ma sœur était définitivement trop aimable. Si je m'y étais rendue à sa place, je n'aurais fait que m'ennuyer. Elle, elle allait s'ennuyer et se sentir loin de ses amis, c'était encore plus dramatique. Mais ma jumelle était incapable de faire faux bond à ma grand-mère qui voulait absolument voir sa petite-fille, et continuer de faire stresser ma mère, qui était toujours inquiète quand elle ne savait pas au plus vite comment organiser certains événements.

Agathe et moi étions depuis dix minutes en train de parcourir les petites rues de notre ville, sous un vent quelque peu agité. Ma sœur ne lâchait pas un mot, sans doute par contrariété face à la décision de Maman. Elle maintenait son regard baissé sur le sol pavé, tandis que je tournais la tête dans tous les sens, toujours à l'affut d'un détail que je n'aurais jamais vu dans le coin, lors de mes précédentes promenades.

« -Marion, qu'est-ce que tu fais ? marmonna Agathe, après m'avoir jeté un léger coup d'œil. On vit par ici depuis presque toujours, et ça fait un an qu'on prend cette route pour aller au lycée. Tu connais tout par cœur maintenant.

-Le store du Bull's Burger est moins baissé que d'habitude, non ?

-Faut être à moitié psychopathe pour remarquer des choses comme ça... »

Je ne répondis rien, me demandant d'un coup ce que je pouvais bien vouloir à tout prix trouver chaque jour.

Nous continuâmes de marcher et arrivâmes au lycée. Dès l'entrée principale franchie, ma sœur me faussa compagnie et accourut vers tout son grand troupeau de fréquentations. Je ne voyais Bertrand nulle part, et avais très envie de partir directement devant la salle de français, mais il n'appréciait guère quand je ne l'attendais pas. Je restais donc plantée le dos contre un mur, espérant qu'il ne tarde pas.

C'est là que mes yeux, habitués à voir de nombreuses choses pour avoir toujours tenté de tout remarquer dans les moindres recoins, aperçurent la plus belle création qu'ils leurs furent jamais donnée de voir. Un beau jeune garçon, que je n'avais jamais remarqué durant toute mon année de Seconde fit son apparition devant moi. Il avait de beaux cheveux blonds hérissés mal arrangés, un visage rond adorable ponctués de légères taches de rousseur et des yeux bleus rieurs. Ses goûts vestimentaires en faisaient un garçons des plus classes pour son temps, avec un sweat bleu vif, un jean et des baskets noires. Mais dans sa démarche semi-sautillante, ses cheveux sur lesquels il s'était peu appliqué, et dans son regard sincèrement joyeux, je voyais un garçon presque naïf, d'un naturel heureux, et surtout sincère.

Et c'est là que je me vis m'avancer vers lui, passer mes bras derrière sa nuque, glisser ma main droite dans sa tignasse ébouriffée, caresser son nez avec le mien, et poser mes lèvres sur les siennes.

Enfin non, pas moi. Ma sœur. C'était Agathe que je voyais pendue à son cou. Mon cœur se mit à battre à pleine allure. Donc, ma sœur avait un petit ami ? Depuis quand ? Pourquoi est-ce qu'elle ne m'en avait jamais parlé ?

Elle tourna négligemment les yeux en ma direction, sursauta, et son visage devint aussi rouge que le corps d'un nourrisson. Elle se sépara doucement du beau blond et fit un pas vers moi.

« -Hum... Tu nous as vus ?

-Non, pas du tout, répondis-je en sachant qu'Agathe connaissait parfaitement mon côté sarcastique.

-C... C'est un nouveau, il s'appelle Tony. Ses parents ont déménagé ici il y a quelques semaines et depuis, il est dans notre lycée. Il n'aura donc passé que la fin de la Seconde ici, ça fait bizarre mais bon... Enfin bref, on sort ensemble maintenant.

-Vraiment ?

-Arrête... s'agaça-t-elle, en baissant la tête pour cacher son visage devenu encore plus rouge. On est ensembles depuis une semaine. C'est lui que je suis allée voir hier soir, désolée de t'avoir menti. Je n'osais pas tellement en parler à toi, Papa et Maman. Tu comprends, c'est mon premier copain, ça m'intimide de parler de ça...

-D'accord, d'accord, je comprends.

-Super ! Allez, j'y vais ! »

Elle accourut vers son chevalier servant, qui avait été accosté par un autre garçon pour entamer une discussion, pendant qu'il attendait ma frangine. Je les vis s'éloigner main dans la main. En voyant leurs mains ainsi soudées, je sentis en moi un manque. Puisque personne ne s'intéressait à moi, jamais personne ne m'aimerait comme Tony aimait Agathe.

Quand j'y réfléchissais, j'étais presque étonnée que ma sœur n'ait jamais été amoureuse avant. Elle qui était si sociable, et entourée par tant de garçons qui lui faisaient du charme, elle aurait pu avoir une vingtaine de petits amis par an depuis la Sixième.

« -Salut Marion !

-Ah... Salut Bert. »

Après que nous nous soyons salués, Bertrand et moi partîmes en cours de français. Où durant toute l'heure, je profitai du fait que nous n'avions plus grand-chose à faire en fin d'année, pour concentrer toutes mes pensées sur les beaux yeux bleus enfantins... 

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