Les mots d'Édouard

By PhilippineForest

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Depuis la mort de son père, c'est son fils Édouard qui doit reprendre la ferme familiale. Mais le jeune homme... More

Le père de famille
Une nouvelle vie
Édouard
Le 14 Juillet
Panique dans le train
Paris
Marius
Une proposition
Jeanne Lavalière
Lacunes
La lettre
Tradition
Menace
Bilan
L'arrestation
Télégramme
Blessures
(En aparté)
Une envie de fuite
À La note de musique
Tic tac, tic tac
Sienne
Rêve ou cauchemar ?
Surprise
Ensemble
Le lâche
Pourquoi ?
Au camp
Sheridan, le sauveur
La libération
Enigme
Journal du jour
Le bonheur
Dernière lignes
Trailer : Les mots d'Édouard.

La dote

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By PhilippineForest

Les rideaux de la fenêtre n'avaient pas étaient fermés dans la chambre,et le soleil ne tarda pas à se lever en inondant la pièce de sa lumière vive. Ébloui, Édouard cligna des yeux plusieurs fois,l'esprit tout embrouillé par les événements de la veille. Il pensait être submergé par le chagrin, mais celui-ci ne se manifesta, restant tapit dans un coin de sa tête, ce dont il profitait un peu sans en oublier ce qui s'était passé. « Ne pas penser, c'est la seule chose à faire », se disait-il.

En soupirant, il s'assit sur le matelas, massant ses tempes sur lesquels avaient coulés ses larmes. En ayant les yeux bien ouverts, il fut surprit de voir Jeanne, endormie sur la chaise de son bureau, son visage reposant dans son coude appuyé contre le dossier de la chaise. Il se souvenait s'être endormi contre son épaule, mais il ne pensait pas qu'elle resterait, préférant dormir dans sa propre chambre.

« A-t-elle veillé toute la nuit ? », s'interrogea Édouard.

Il ne se posa la question trop longtemps, se levant prudemment pour ne pas faire de bruit et se diriger vers le bureau. Il s'agenouilla devant la jeune fille et passa sa main sur son épaule, ses doigts effleurant ses mèches brunes.

-Jeanne ? chuchota-t-il d'une voix tendre.

Elle ouvrit lentement les yeux, découvrant Édouard devant elle. Le dévisageant, elle cherchait toutes traces de faiblesse ou de tristesse sur son visage, ne trouvant rien.

-Tu vas bien ? l'interrogea-t-elle pour être sûre.

-Oui, ça va. En revanche, il aurait été mieux pour toi que tu dormes dans un lit.

-Je ne voulais pas retourner dans ma chambre.

-Pourquoi ?

Mais à peine Jeanne réfléchissait à une réponse qu'il la trouva sans effort. Dans l'état où il était hier, elle voulait certainement veiller sur lui, avec une motivation qu'il ignorait. Étrangement, le fait qu'elle soit restée ne lui déplaisait pas, au contraire il se sentait rassuré, ce qui n'était pas le cas avant. Mais timide comme il était, il ne put l'avouer à Jeanne, s'excusant plutôt.

-Jeanne, à propos de ce qui s'est passé hier... enfin je voudrais m'excuser. Ce n'était pas forcément à toi d'entendre tout ça.

-Aurais-tu préféré que ce soit quelqu'un d'autre ?

-Non, pas du tout ! Ce n'est pas ce que je voulais dire, se récria-t-il. En t'exposant à ma peine et à mon secret cette nuit,j'avais l'impression de te mettre un poids de plus sur les épaules.Tu dois déjà gérer Viktor, et maintenant tu as un secret dangereux à garder. Si jamais Viktor ou même ton père devinait que tu savais ma religion d'origine, il le ferait payer à Marius qui est au courant depuis le début, et à toi. Je ne veux pas te faire subir ça.

Jeanne médita ses paroles, sans pour autant montrer qu'elle était d'accord avec ce qu'il venait de lui annoncer.

-Tu sais, finit-elle par dire d'une voix basse, je crois que ni Viktor ni mon père ne seront  très intéressés par notre relation aujourd'hui. Mon cher et fidèle prétendant vient manger ce midi avec nous pour parler de la dote. Et vu que mon père est très riche, Viktor ne va pas se gêner pour demander une fortune.

Elle soupira, croisant ses mains.

-Désolé, je ne savais pas, s'excusa Édouard

-On en a parlé à table hier, avant que je vienne te voir.

Elle sourit, repensant à la découverte qu'elle avait fait cette nuit.Mais revenant à la réalité, son sourire se fana.

-Mon père aurait pu mettre cet argent dans mes études de médecine que je ne ferais sans doute jamais ou même pour te payer un peu plus parce que tu fais du super travail avec mon frère, mais non.Il a choisit de les dépenser pour graisser la patte à un allemand afin qu'il m'épouse.

Édouard pensa que Jeanne parlait de Viktor comme si il n'était qu'un pion que Richard déplaçait petit à petit. Mais au fond, elle avait raison : peut-être que Viktor n'était que attiré par l'argent et par la possibilité de se vanter grâce à ce mariage.

-Combien de temps avant tes dix-huit ans ? s'enquit soudain Édouard.

- Quelques semaines. Mon anniversaire est le 15 septembre.

Elle resta silencieuse un instant, puis elle saisit la main d'Édouard,celle-ci abîmée par les blessures récente, prise avec délicatesse par celle de Jeanne, douce et chaude.

-C'est peut-être trop demandé, débuta-t-elle, mais je voudrais que tu sois là. Aussi bien ce midi que dans un mois, je voudrais que tu ne me fuis pas seulement à cause d'un mariage forcé. J'ai et j'aurais besoin d'un ami à ce moment là.

Elle rougit, baissant les yeux sur sa main entrelacée avec celle de son compagnon. Édouard passa une main sous son menton et en la regardant dans les yeux, lui jura :

-Tu n'avais pas besoin de le demander. Je te le promets.

Il était déjà onze et demi quand Jeanne et Édouard descendirent ensemble dans le séjour. Ida s'affairait à nettoyer la table basse, Mme Lavalière guettait l'arrivée de Viktor et Richard rajustait sa cravate rayée grise. Quand il aperçut sa fille, il s'énerva :

-Mais qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ?

- Père, je me suis habillée humblement voilà tout. Je ne veux pas passer pour la fiancée qui ne se dévoile que pour satisfaire son promis, je veux me faire belle que quand cela me fait plaisir.

En soit, la tenue de Jeanne n'était pas vilaine, mais trop décontractée pour un repas aussi important. Elle avait sur elle un joli gilet rouge framboise, une jupe longue bleue marine et des petite bottines de cuivre. Ses cheveux qui d'habitude dévalaient son dos et bien coiffés étaient pourtant attachés en une queue de cheval basse,une mèche folle bouclée allant se poser sur son front.

Édouard ne pouvait s'empêcher de la regarder, il la trouvait encore plus belle quand elle s'habillait de manière simple, sans chercher à se maquiller ou à chercher la robe la plus chic de tout Paris.Cependant, Richard n'était pas du même avis.

-Va te changer, tout de suite !

-Richard, intervint son épouse, elle peut rester comme ça, on n'est pas à une tenue près...

-Pour son prétendant, une demoiselle doit se surpasser dans la beauté, pas la négliger !

Mme Lavalière soupira.

-Fais ce que dis ton père.

Irritée,Jeanne partit d'un pas furibond vers les escaliers.

« Ça commence bien ! », pensa ironiquement Édouard.

À peine Jeanne était-elle redescendue dans une robe noire, la couleur n'ayant pas été choisie par hasard, que la sonnette de la maison retentit.

-Ida, allez ouvrir ! ordonna Richard.

La servante posa rapidement le plateau contenant des coupes de champagne et se précipita pour ouvrir à Viktor Astier. En voyant Richard se gratter le menton, Édouard se demanda si il était nerveux à l'idée de devoir donner une haute somme à ce prétendant qu'il appréciait tant.

Ida précéda Victor dans le salon, ce dernier s'approchant de Jeanne qui était aussi voûtée que d'habitude.

-Je suis content de te voir ma belle Jeanne, déclara-t-il, en l'embrassant sur la joue.

Édouard ne manqua pas de voir le nez de Viktor plonger dans le cou de son amie, en humant certainement l'arôme de fleur dont il avait lui même senti l'effluve dans la soirée. Piqué à vif par une soudaine jalousie, il détourna les yeux. Il écoutait d'une oreille distraite les autres salutations, jusqu'au moment où Viktor se posta devant lui.

-Édouard, je suis heureux de vous revoir !

« Ben voyons ! » se moqua-t-il.

-C'est réciproque Viktor, je suis ravi de vous retrouver.

-Je vois que cela va mieux depuis la dernière fois, reprit l'allemand. Espérons pour vous que cela dure.

Édouard déglutit, et c'est avec un sourire satisfait que Viktor s'en alla prendre une coupe de champagne auprès d'Ida avant de s'asseoir à côté de M Lavalière.

-Bon Viktor, parlons de la dote, lança Richard, en s'asseyant. Vous préférez de l'argent à une demeure j'imagine.

-Je conçois que cela serait plus pratique pour financer notre propre demeure et ce qui va avec, acquiesça Viktor.

-Dans ce cas, je vous propose une première somme : cinq centsmille francs.

Le silence tomba sur le séjour. Du coin de l'oeil, Édouard vit Marius ouvrir des yeux ronds et Jeanne rester en apnée devant l'annonce du prix. Lui ne devait pas avoir une meilleure tête.

-Disons... sept cents mille franc, embraya Viktor.

« Il ose demander plus ? » s'indigna Édouard, jetant un regard oblique à Richard qui pour une fois, ne savait quoi répondre.

- Je voudrais vraiment avoir tous les moyens nécessaires pour assurer le bonheur de Jeanne, assura-t-il. Grâce à cette somme, nous pourrons rapidement trouver une maison et assurer notre famille.

-C'est très juste ! approuva Richard, en se levant. J'adhère !

Alors que personne n'eut le temps de placer autre mot, il reprit son champagne.

-Je lève mon verre au futur mariage de Jeanne et Viktor ! clama-t-il, sa coupe levée en l'air.

-Au mariage de Jeanne et Viktor ! répétèrent les membres de la famille Lavalière.

Édouard avait essayé tant bien que mal de cacher son amertume. Quant à Jeanne, elle était collée à Viktor, ce dernier l'ayant enlacé,son bras passé autour de ses épaules.

-Ma chère épouse, es-tu heureuse ? lui demanda son fiancé.

-Oh que oui !

Si sa bouche se fendait d'un sourire faussement enjoué, seuls ses yeux chocolats trahissaient la vérité, et Édouard fut le seul à s'en apercevoir.

                                                                                   ***

Coucou !

Bon, je ne m'y connais pas vraiment en franc mais quand même, sept cents mille francs, vous ne trouvez ça pas hyper cher ? 

Je sais que ce chapitre n'est pas le plus captivant mais la dote est un point très important dans un mariage arrangé, surtout à cette époque.

Le chapitre suivant arrivera bientôt, il mettra peut-être un peu plus de temps à arriver parce que je suis en pleine écriture avec quelques chapitre en avance qu'il faut que je peaufine. Mais n'hésitez pas à aimer et a commenter, ça me donne toujours plus de courage pour continuer !

Merci de me lire !

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