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By real-little-blue

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NON TERMINÉE Fin d'écriture Emily n'est qu'une petite fille du XXème siècle, sans histoire, dont le seul prob... More

Emily
Rejet
'till the end of the line
Hydra-cula
Fall
Le loup
La blondinette qui apprivoisa un loup
Institut Charles-Xavier
Blue (da ba di da ba da)
X-life
Don't forget where you belong
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E
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Chambre blanche

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By real-little-blue

Emily avait le regard dans le vide. Rien ne l'intéressait plus.
Elle ne comptait pas le temps. Elle avait oublié comment faire, et à quoi cela servait.
Le visage de sa mère la hantait, elle qui avait simplement voulu lui offrir un anniversaire digne de ce nom. Elle voyait les rides aux coins de ses yeux, la fine ligne de sa bouche qui souriait mystérieusement, ses yeux bruns qui brillaient quand elle parlait de son projet. Le projet SHIELD, si elle se rappelait bien.

La femme blonde était venue plusieurs fois lui faire des injections. Elle avait semblé contente, car elle lui avait donné des anti-douleurs.
Cela n'avait pas suffit. En fait, cela n'avait jamais suffit.

La pièce était carrée, blanche, vide. Il n'y avait qu'elle, le lit immaculé et les caméras qui tournaient.
Emily regardait le plafond blanc tandis que les caméras tournaient, le voyant rouge constituant la seule couleur dans la pièce.
Rien d'autre ne venait égayer sa vision.
La chambre blanche était parfaite. Parfaitement blanche, parfaitement lisse. Le regard rivé sur le plafond, elle cherchait les défauts et n'en trouvait aucun.
Emily avait compté les carreaux blancs du sol, des murs et du plafond.
92. Il y avait 92 carreaux blancs, parfaitement alignés, de quoi satisfaire les maniaques.

Mais Emily n'était pas maniaque. Elle ne l'avait jamais été. En fait, c'était plutôt l'inverse.
Elle était une gamine des rues. La perfection, elle la haïssait, cela la rendait folle.
Elle avait toujours aimé troubler la surface lisse d'un plan d'eau avec une pierre, répandre de la boue sur un carrelage impeccable ou briser des vitres pour les rendre inégales.
Peu à peu, son monde mou tremblait de panique. C'était trop parfait, cet endroit la stressait.

Il n'y avait au premier abord aucun son, mais elle percevait un bourdonnement presque inaudible, continu et uniforme.
Oh, il n'était pas bien fort, mais à l'entendre continuellement il devenait assourdissant.
Emily faillit complètement plonger dans la folie.
Le bruit lui martelait le crâne, elle se roulait par terre, les mains sur les oreilles, en hurlant de douleur.
Alors les hommes en blanc venaient, il lui faisaient une injection et s'en allaient pendant qu'elle convulsait par terre, replongeant dans son monde visqueux.

Les injections des hommes étaient bien moins douloureuses que celles de la femme blonde. Celles de la femme brûlaient aussi fort que la première fois, la faisant hurler, pleurer, et elle ne parvenait pas à s'évanouir.

La salle blanche lui faisait du bien. Pas le bruit évidemment, ni les visites ou la perfection, mais la couleur pâle soulageait ses yeux révulsés par la douleur.
Elle suivait des yeux le mouvement de va et viens des caméras installées aux angles du plafond. Cela l'aidait parfois à se concentrer un peu, à penser à autre chose qu'à la douleur.

Emily regardait le plafond, ses aspérités.
Personne ne l'avait autorisé à se laver depuis le temps qu'elle était là.
Elle ne comptait pas le temps, mais ses cheveux blonds magnifiques étaient devenus bruns à force d'être gras, et emmêlés faute de brosse, étalés sur le carrelage blanc.

Le visage de Peggy s'était effacé pour être remplacé par celui de Howard Stark.
La barbichette, la moustache chic et élégante, le regard malicieux et intelligent, les cheveux bien plaqués en arrière et le costume impeccable.
Les avant-bras couverts d'huile qu'il tentait de cacher sous ses manches, le sourire qu'il avait quand il parlait de son entreprise. L'entreprise Stark, une révolution.

Emily regardait le plafond en pensant à Howard Stark, et peu à peu son cerveau embrumé prenait le relais, retrouvant des réflexes perdus.
Elle mémorisait inconsciemment le temps que mettaient les caméras à retourner à leur position initiale, les minuscules défauts des gonds de la porte, les tours de garde devant la chambre blanche.

Allongée comme une loque sur le lino blanc, Emily apprenait.
Elle revenait doucement de son monde embrumé et assimilait autant de connaissances.

Jusqu'au jour où elle fut prête. Elle sentit,au bord de sa folie, que c'était le bon moment. Le moment opportun, celui qui lui offrirait sa liberté.
Dans son esprit alors vint s'accrocher l'image de Captain America.
Elle le voyait sourire,et il lui dit: "Vas-y, lance toi, c'est le moment. Fonce!"

Emily se releva. Son inaction avait un peu rouillé ses muscles, mais qu'importe: elle allait s'évader.
Elle s'assit, les jambes allongées, le regard dans le vide.
Elle comptait les secondes. Elle avait apprit à nouveau, à force d'entendre les pas cadencés des gardes.

Elle entendit le geôlier partir. Elle avait vingt-cinq secondes, sauf si la machine à café était en panne. Dans ce cas elle aurait une minute et trente secondes.
La caméra se tourna vers le fond de la salle.
La jeune fille blonde bondit, détacha le fil de fer de ses cheveux sales et emmêlés, l'introduisit entre les gonds et fit sauter la porte. Elle l'avait déjà fait des centaines de fois.

Le couloir était vide, comme prévu. Elle s'engagea à droite, ayant mémorisé l'emplacement de la salle de surveillance grâce aux pas des gardes.
Personne ne l'avait rattrapé.
Elle avait placé des oreillers sous le drap pour faire croire qu'elle dormait, et avait fermé la porte, pour que l'on ne se doute de rien.
Oui, elle avait beaucoup apprit de sa bande d'enfants sauvages et de Captain America.

Elle poussa la porte grise métallique et se glissa dans la salle sombre en silence.
Les deux hommes étaient assis dos à elle sur des fauteuils moelleux, regardant distraitement les écrans de surveillance.
Emily se saisit d'une batte de base-ball qui traînait dans un coin et assomma le premier d'un coup dans la nuque.
Le second se leva immédiatement, cherchant maladroitement le pistolet posé sur le bureau.

Il n'eut pas le temps de s'en saisir car la jeune fille blonde lui fracassa la tête avec sa batte.
Il s'écroula dans un bruit sourd.
Emily resta figée quelques secondes. Elle ne pensait pas qu'elle avait assez de force pour éclater le crâne d'un homme adulte. Elle essuya distraitement la cervelle qui maculait ses pieds nus et sortit, sa nouvelle arme à la main.

La chemise blanche qu'elle portait était trop grande pour elle, le tissu rêche battait ses chevilles et elle avait une épaule à découvert. Ainsi fagotée elle ressemblait à un fantôme.
C'est la réflexion qu'elle se fit en passant devant un miroir en pied. Elle s'arrêta un moment pour se regarder, passant la pulpe de ses doigts sur sa peau malmenée.
Ses plaies s'étaient refermées sans problème, malgré que les soigneurs venus la voir ne les aient pas désinfectées.
Il ne restait que des croûtes brunes qui tiraient sa peau au moindre mouvement et des hématomes parsemant sa peau claire.
Son sourire de l'ange avait cicatrisé grâce à sa salive et il n'y avait que deux fines lignes pâles sur ses joues.

Elle reprit sa course dans le dédale.
Elle avait réussi à mémoriser le plan affiché dans la salle de contrôle et savait désormais où se diriger.
Les panneaux lumineux et fort peu discrets marqués "sortie de secours" aidaient aussi.

Elle se coula comme une ombre devant le bureau de la folle blonde au rire hystérique et dévala les escaliers en silence, ses pieds nus épousant le sol.
Elle poussa le double battant de la porte de secours verte et se rua dehors.
La lumière vive et l'air froid la prirent par surprise et elle se stoppa un instant.
La lande s'étendant devant elle lui était parfaitement inconnue.
C'était un paysage montagneux, rocailleux, parsemé de sapins qui embaumaient la résine. Le ciel était orageux, l'air épais et lourd.

Emily posa prudemment ses pieds nus sur la terre molle et les cailloux grisâtres. Ce paysage n'était pas américain, elle en était sûre.
Elle ne regarda pas en arrière la prison qu'elle quittait, inspira profondément l'air pur et détala dans les hautes herbes.
Le paysage montagneux n'était pas à son avantage, elle qui venait de la mer, mais elle savait crapahuter.
Son seul problème sur le moment, en plus de fuir Hydra, était les rochers cachés par la végétation et qui lui brisaient les chevilles.

Emily se sentait perdue. Lorsqu'elle fuguait à New York elle savait où trouver de quoi se nourrir, et elle pouvait rentrer chez elle à tout moment. Pas ici.
Elle se savait maladroite dans cet environnement qu'elle ne maîtrisait pas, aussi décida-t-elle d'apprivoiser la montagne, de se créer un abri, le plus loin possible de Hydra.

Elle se dit que monter était moins évident que de descendre dans l'esprit humain, alors elle visa les sommets. Tromper la pieuvre rouge était un objectif vital qu'elle s'efforçait d'atteindre.

Elle cueillait des fruits pour survivre, et d'autre notion de temps lui revinrent, grâce au cycle des jours et du soleil.
Elle passa trois semaines à cheminer, se nourrissant de végétaux, incapable d'attraper 'e moindre lièvre.
Sa force physique en était affaiblit, mais sa détermination ne flanchait pas.

Au bout de quatre semaines elle assomma un oiseau avec une pierre et le dévora, ne laissant que les os et les plumes.
Le lendemain, la pluie s'abattit sur la montagne.
L'eau ruisselait de partout, les arbres ployaient, d'énormes coulées de boue dévalaient les flans rocheux, emportant tout sur leur passage.

Au milieu de ce déchaînement des éléments, campée sur ses jambes au sommet de la montagne, les bras levés comme défiant le ciel emplit d'éclairs, Emily riait, hurlait sa liberté, l'eau coulant librement sur son visage.
Oui, elle était libre, Hydra ne la retrouvait jamais, ni eux ni son faux père, ni sa fratrie, ni même Dieu au visage duquel elle riait.
Simplement libre.

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