Mais je vais devoir te tuer
Matthew- Je voudrais porter un toast ! Annonça-t-il en se levant.
Devant lui toute la table se retourna. Ses treize amis. Certains depuis plusieurs années. D'autres depuis deux mois. Le garçon contempla la table un brin nostalgique. La lumière douce du Country qui éclairait ce coin à l'écart du restaurant les plongeait dans une atmosphère presque irréelle.
Matthew- Voilà. Il y a quelques mois j'ai réservé un chalet au Texas. Je me suis dit que si j'arrivais à convaincre tout le monde de venir nous allions pouvoir passer des vacances joyeuses, réunis, comme avant. Avant que nos chemins se séparent. Je ne me doutais pas qu'en arrivant ici on tomberait sur ces deux phénomènes là, rit-il en désignant Mia et Noémie. Mais voilà que nos vacances se terminent et je dois vous dire que ce sont les meilleures que j'ai eu ! Je ne sais pas comment je vais me réveiller après-demain sans le chant du coq, sans l'odeur des pancakes de Maho, sans vos rires, sans vos blagues qui n'en sont pas, sans vos coups de gueules, sans vos cris,sans vos sourires, sans vos larmes et sans tous ces moments merveilleux qu'on a passé ensembles... Non, définitivement, je ne sais pas comment je vais me réveiller après-demain...
Une larme perla au coin de ses yeux et il leva son verre.
Matthew- A ces vacances, les meilleures de toutes et à vous, vous qui avez su les rendre inoubliables.
Tous l'imitèrent et les verres s'entrechoquèrent. On entendait seulement les tintements des quatorze récipients. Pas un murmure ne parvenait à s'échapper de leurs lèvres pincées pour empêcher à la tristesse de prendre le dessus.
C'était leur dernière soirée ensembles et ils avaient tous le cœur serré à l'idée de repartir demain.Dans quelques heures tous reprendraient le cours de leur vie,rejoindraient les différentes voies qu'ils avaient empruntées et diraient adieu à cette petite ellipse du temps d'un été. Certains se reverraient sans doute, d'autres non.
Ces derniers jours ils avaient tous essayé de passer le maximum de temps ensembles. Ils étaient retournés au Paint War et glisser sur la bâche dans le canyon, ceux qui avaient suivis les cours de Tyson avaient tenté de réaliser une belle représentation à cheval qui avait été plus comique qu'autre chose, les soirées se faisaient autours du feu de camp et des chants sous les étoiles.
Soudain un son qu'elle connaissait bien parvint aux oreilles de Noémie. Elle se retourna brusquement vers Nash.
Noémie- C'est toi ?
Nash- Non, ce n'est pas moi. Mais allons-y quand même...
Mia et Cameron s'envoyèrent un clin d'oeil quand ils les virent se lever et s'avancer tous les deux, se tenant par la taille, sur la piste de danse.
A little but I'm hoping it might kick start
Me and my broken heart
Nash la prit parles hanches et la française noua ses doigts dans sa nuque et joua doucement avec cheveux tandis qu'il la faisait bouger au rythme des notes. Personne n'osa les rejoindre. La serveuse du bar augmenta le volume du poste radio déposé sur le comptoir et se mit à rêvasser en regardant le couple se mouvoir sous les faibles lumières des vieux spots.C'était leur moment, à eux deux. Et leurs amis savaient que dans quelques heures, ils auraient sûrement le cœur brisé... Qui l'aurait crû ? En réalité, tout le monde sauf eux.
Aaron- Ils sont mignons quand même.
JackG- Dommage qu'ils aient attendus aussi longtemps pour se mettre ensembles.
Shawn- Je ne les ai pas trop aidé il faut dire.
Carter- T'en fais pas, ils sont grands, ils vont gérer.
Eli- T'en es sûr ?
Carter- Hum... Pas vraiment... Mais je l'espère en tout cas.
Mia- Moi aussi.
Hayes- Je ne veux pas à avoir à les ramasser à la cuillère tous les deux.
Cameron- Je te donnerai un coup de main.
Matthew- Je pense qu'ils en auront besoin certaines fois.
Mia- Et pas qu'un coup de main, coup de pied dans le cul serait bénéfique croyez moi !
Elisabeth lui fit une réflexion mais elle finirent par pouffer de rire ensemble et la musique changea pour Never Say Never de The Fray.
Là les couples se levèrent et rejoignirent les autres clients du bar sur la piste.
Puis les notes devinrent plus rock and roll et enrôlèrent plus de monde.
C'était la fin des vacances et sur une départementale, perdue au fin fond du Texas, dans un petit bar, à l'allure d'une cabane en bois sortie du Western,résonnaient des rires et des notes et à travers les vitres poussiéreuses filtrait une lumière presque irréelle.
Sur le chemin du retour, dans la jeep de Nash, Noémie s'endormit doucement contre son épaule et il joua avec ses cheveux, une main sur le volant et l'esprit ailleurs. Allait-il la revoir un jour ? Il l'espérait plus que tout. Que lui avait-elle fait cette fille ? Pourquoi se sentait-il ainsi, si... Si amoureux... Il mordit sa lèvre inférieure en sentant les larmes venir. Non il ne devait pas pleurer. Il s'était juré de ne plus jamais pleurer. Il devait être fort. Fort pour elle.
Cameron qui était assis derrière posa sa main sur l'épaule de son meilleur ami et tenta de le rassurer.
Nash se gara et porta la jeune fille endormie jusque dans sa chambre. Il aurait voulu passer sa dernière nuit avec elle mais il n'allait pas rester au ranch, il fallait qu'il rentre au chalet. Il retira le short et les converses de Noémie puis la recouvrit d'une couette. Exténué par la soirée il s'assit sur la banquette sous la fenêtre et regarda la française dormir. Qu'allait-il faire maintenant ? Ça lui fendait le cœur de devoir s'en aller demain matin.
La porte de la chambre s'entrouvrit et un homme d'une quarantaine d'années entra dans la pièce. Nash le reconnu pour l'avoir vu au Country le soir du rendez-vous orchestré par Mia et Cam. C'était le père de No'. L'homme s'approcha sur la pointe des pieds et s'assit près du jeune homme et regarda sa fille dormir.
...- Merci de l'avoir ramenée.
Le châtain était intimidé par sa présence et ne savait pas comment réagir. La gorge serrée il essaya de rester naturel.
Nash- De rien, c'est normal...
...- Je m'appelle Simon, je suis son père.
Nash- Enchanté, je suis Nash.
Ils se serrèrent la main et contemplèrent de nouveau la jeune fille endormie.
Simon- Alors, toi et ma fille vous êtes ensembles ?
Nash- Hmm... Oui monsieur. Répondit-il terriblement mal à l'aise.
Simon- Je vois. Et d'ici demain, vous serez toujours ensembles ?
Nash- Oui monsieur.
Simon- Comment allez vous faire ? Les amours de vacances ne sont fait que pour...
Nash- Elle n'est pas un amour de vacances. Je... Votre fille est plus que ça.
L'homme se tourna vers lui surpris mais un sourire naquit sur ses lèvres quand il vit les yeux du châtain briller à la vue de sa fille.
Simon- Je suis heureux d'avoir fait ta connaissance Nash. Mais je vais devoir te tuer.
Le concerné se retourna choqué.
Nash- Co... Comment ?
Simon- Et bien oui, puisque tu va faire souffrir ma fille je dois te tuer, c'est la règle du code paternel.
Il défia du regard le jeune homme avant de laisser s'échapper un léger rire.
Simon- Je blaguais mon garçon, détend toi.
Nash soupira. En plus de ça le père de Noémie avait le même humour pourrit que sa fille. Bon au moins lui il n'avait pas peint sa voiture en jaune mais bon, on ne sait jamais...
Nash- Je sais que ça va être dur. Nous allons en souffrir tous les deux, elle autant que moi mais je saurai être fort pour elle. Votre fille n'est pas n'importe qui. J'espère sincèrement que vous ne repartirez pas, le Texas c'est moins loin que la France... Les trajets seront moins longs, dit-il en se levant de la banquette.
Simon- Je suis content que Noémie soit tombée sur toi. Tu as de la chance et elle aussi. Je vais essayer de postuler pour Washington DC. On verra bien ce que ça donnera.
Washington ? C'était encore mieux ! Nash sourit à s'en tordre la mâchoire et serra la main que Simon lui tendait en lui souhaitant une bonne nuit puis il s'en alla.
Le lendemain matin les douze adolescents tirèrent leurs valises sous un temps gris et un air morose sur le visage. Ils les chargèrent dans les trois voitures et s'arrêtèrent devant le ranch.
Maggie avait dressé une grande table sur la terrasse en bois et un copieux petit-déjeuner y était servi. Ils s'assirent aux côtés de Mia, Noémie, ses parents, Tyson et Fred qui étaient déjà là et ils attendirent que la maîtresse de maison revienne avec le bacon pour commencer à manger. Les adultes tentaient de faire la conversation mais le cœur n'était pas là.
On se faisait passer les œufs brûlés, le jus d'orange et le café. Les assiettes de fruits tournaient, comme les pots de confitures et de garnitures avec les pancakes et les tartines grillées. Et cette valse de mets délicieux évoluait dans le calme.
Puis, quand tout le monde eut finit et que personne n'osait se lever, se fut Aaron qui craqua le premier en sanglotant. Ils repoussèrent leurs chaises et se mirent tous sur leurs jambes, Mahogany le prit dans ses bras pour le réconforter et les adieux débutèrent.
On se serrait la main, on remerciait pour l'hospitalité, on s'accordait une accolade ou deux, une bise sur la joue ou une plus longue étreinte. Certaines larmes salées virent humidifier les adieux, mais la plupart se retenaient de pleurer. Il ne fallait pas se disaient-ils, il fallait rester digne.
Les adultes rentrèrent et laissèrent les plus jeunes entre eux.
Carter- On a tous les mails des autres. On se fera des webcam groupées. Ce sera drôle...
Eli- On s'appellera souvent.
Cameron- Et on pourra s'organiser des vacances cet hivers. On pourrait aller skier à Aspen. On louerait un autre chalet.
Tout le monde acquiesça et sourit en pensant à cette perspective là. Ils se prirent tous dans les bras pendant quelques minutes et les premiers montèrent en voiture.
Mia- Je te rejoins dans une semaine.
JackG- Je viendrai te chercher à l'aéroport, je serai-là.
La blonde hocha la tête et le serra fort dans ses bras. Ce n'était rien une semaine mais elle avait quand même une pointe au cœur de le voir s'en aller. Elle enfouie sa tête contre le torse du garçon et inspira son parfum en tentant de le mémoriser. Elle le retrouverai dans une semaine, que rêver de mieux ?
Nash et Noémie se faisaient face mais n'osaient pas se regarder, jouant maladroitement avec leurs doigts ou fixant la pointe de leurs pieds.
Nash- Hum... Tu sais, j-je pense qu'on se verra souvent. J'ai parlé avec ton père et il y a une chance pour que tu t'installes à Washington DC. Je n'aurai qu'un état à traverser et puis dans un an, quand tu aura finit le lycée, tout sera plus simple.
La jeune fille se mordit la lèvre inférieure et se jeta sur lui, le serrant si fort qu'il en eu mal. Mais il enlaça sa taille et exerça une pression contre son dos pour qu'elle ne puisse pas bouger. Ils auraient voulu rester là, l'un contre l'autre, à se perdre dans des iris bleus ou verts, à respirer leurs parfums et à se toucher du bout des doigts la peau, de peur de voir l'autre s'effacer tel un souvenir. Au moindre touché un frisson les parcourait et il semblait de plus en plus difficile de se séparer de l'autre.
Néanmoins Noémie s'écarta du torse de Nash et déposa ses lèvres sur celles du châtain. Ce n'était pas un doux baiser,c'était un baiser plein de désespoir, de rage, de colère et d'amertume.
Noémie- Pourquoi est-ce que tu dois partir ? Hein ? Tu peux rester ici, tu sais !
Nash- No'... Ne fais pas l'enfant... Tu sais bien que ce n'est pas possible. On s'appellera tous les jours, d'accord ?
Noémie- J-j'ai juste besoin de te sentir près de moi...
Il l'embrassa à nouveau pour la faire taire et prit son visage entre ses mains.
Nash- Tu vas me manquer. Tu vas terriblement me manquer...
Une larme roula sur sa joue et il l'essuya d'un revers de son pouce.
Nash- Ne pleure pas. On va se revoir, je te le promet. Peut être que ce sera long au début mais on va rester ensemble, se tenir les coudes et on va y arriver. Regarde nous. Regarde comment nous étions au départ et regarde comment nous sommes maintenant.
Il l'embrassa une dernière fois, plus longtemps et comme si sa vie en dépendait puis, manquant de souffle, ils se séparèrent et le jeune homme monta dans la jeep, sur la place passagère.
Le van noir démarra, suivit du 4 x 4 et de la voiture jaune.
Nash se retourna et observa la silhouette de la française se flouter derrière la poussière et la distance. Elle restait là, statique, à le regarder partir loin d'elle et disparaître sous le porche du ranch. Et sur leurs lèvres, un murmure inaudible s'accrocha, tandis qu'ils s'évanouissaient de leur champ de vision : « je t'aime ».
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Ne me tuez pas, un épilogue arrive incessamment sous peu.
En attendant voici en média le trailer que j'ai réalisé. Une fille en avait fait un pour moi, qui était génial mais pas vraiment à l'image de ce que je me faisais de cette "bande annonce" et quelques trucs ne collaient pas avec l'histoire. Mais je tiens à la remercier tout de même ! Alors merci beaucoup @Ysiana !!!
Je vous remet le bon trailer ici si jamais vous n'avez pas pu le lire dans le média :
Gros bisous,
Delphine xx
P.S. : Milles mercis à MAGrierespinosa sans qui cette histoire n'aurait sans doute jamais eu de fin ! Marie, tu as été un véritable moteur pour moi, surtout au début de la publication ! Hihi j'avais un peu peur, heureusement que tu étais là !
Et bien sûr, merci à vous, mes lecteurs, qui avaient été ma force essentielle. Sans vous je n'en serais pas là !