Diouldé : itinéraire d'une vie

By dioulde31

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histoire d'une vie, histoire d'un parcours...c'est mon histoire More

Partie 1
Part 2
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Part 4
Part 5
Part 6
Part 7
Part 8
Part 9
Untitled Part 10
Part 11
Part 12
Part 13
Part 14
Partie 15
Partie 16
Partie 17
Partie 18
Partie 19
Partie 20
Partie 21
Partie 22
Partie 23
Partie 24
Partie 25
Partie 26
Partie 27
Partie 28
Partie 29
Partie 30
chronique d'Assy
Assy : les caprices du destin (1)
Assy : les caprices du destin (2)
Assy : les caprices du destin (3)
Assy : les caprices du destin (4)
Assy : les caprices du destin (5)
Assy : les caprices du destin (6)
Assy : les caprices du destins (7)
Assy : les caprices du destin (9)
Assy : les caprices du destin (10)
Assy : les caprices du destin (11)

Assy : les caprices du destin (8)

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By dioulde31

Les premières douleurs de l'accouchement se firent sentirent en pleine nuit. On était eu début du mois de décembre et il faisait froid. Très froid. Tout le monde était couché et elle entendait les ronflements de sa mère. Ablaye, son petit frère dormait avec ses cousins et elle ne voulait pas réveiller sa mère. Mais elle souffrait. Terriblement. Elle gémissait sourdement et se tortillait sur le lit. Vers 2 heures du matin, ne tenant, plus, elle réveilla sa mère. Cette dernière sursauta et avec ses arthroses, mit du temps à se lever. Dès qu'elle vit le visage d'Assy elle comprit, elle lui toucha le ventre et lui dit que le bébé était descendu. Elle lui fit prendre un bain avec un de ses eaux miracles, fit pleins de prières avant de réveiller sa tante.
Assy tenait à peine sur ses jambes. Les fortes douleurs faisaient qu'elle tremblait de tous ses membres. Elle savait qu'il y avait des douleurs, mais elle n'avait jamais imaginé ce degré. Elle s'accrochait à sa mère quand les contractions étaient trop intenses. Cette dernière lui disait de répéter « Ya Latif » sans arrêt et elle le faisait, pensant que ça soulagerait ses douleurs. Mais rien. Elle fut rapidement prise en charge et installé sur la fameuse « table d'accouchement ». Toute la nuit, elle soufra. D'atroces douleurs. Un moment, elle voulut mourir tellement elle avait mal. Elle demanda sa mère, mais personne ne lui permettait de la voir. Un moment, elle pleurait tellement que la sage femme lui permit de la voir un petit moment. Cette dernière s'approcha de la table, les larmes aux yeux et lui demanda d'être forte. Assy s'accrocha à son boubou, ne voulant pas qu'elle parte.
Le bébé poussa son premier cri avec les premières lueurs de l'aube. Difficilement. Elle n'avait plus la force de pousser et on appela une autre sage femme pour appuyer sur son ventre et aider le bébé à sortir. Et cela ne se fit pas sans mal. Elle eut plusieurs points de suture. Malheureusement. Mais, il naquit. Un beau garçon. costaud. Tout fripé, et criant à s'en fendre les poumons. Elle ne pouvait s'empêcher de pleurer en le voyant. Son fils. Son sang.

Plus tard, reposée et se remettant doucement, on lui ramena son enfant. Sa mère le prit d'abord avant de sourire.
- thiey...il n'a rien prit de toi. C'est le portrait craché de son père.
Assy se releva, pressé de voir. Et du se rendre à l'évidence. L'enfant là ne voulait pas être beau. Il avait tout prit de son père. La forme du visage, le beau nez, les yeux, la bouche. Tout. C'était incroyable. Elle sourit. Se souvenant de leur conversation.
- hii maman tu as raison. Omar a vraiment gagné. Mais les enfants changent. Peut être qu'en grandissant, il va me ressembler. Tiens il a les mêmes doigts que moi.
Elle souriait. Aux anges. Emue. Elle essuya furtivement les larmes qui coulaient. Des larmes de joie. Toute la famille défila dans sa chambre et le soir même, on lui permit de sortir avec son bébé puisqu'ils se portaient comme un charme. Elle avait du mal à marcher, mais elle était tellement contente d'avoir son enfant qu'elle n'y pensa presque pas. Elle appela Rama qui pleura comme une madeleine au téléphone. Regrettant de ne pas pouvoir être là pour assister à cela. Mais Assy la rassura en lui disant que tout c'était bien passé et elles restèrent des heures à discuter.
Le coup de blues vint plus tard. Quand le bébé s'était endormi, que tout le monde soit allé se coucher et que sa mère dormait. Elle pensa à Omar. Le père de son enfant. Indéniablement. Ils avaient tant de fois rêvée de ces moments. Tellement de fois, couchés dans leur lit, ils s'étaient fait des films en rigolant, lui disant qu'il se réveillerait les nuits pour lui donner le biberon et elle disant qu'il ne tiendrait pas une semaine. Il disait toujours sur le ton de la plaisanterie que son fils ainé se nommerait comme lui Seydina Omar. Et ainsi il l'appellerait junior. Elle sourit en y repensant. Et laissa couler des larmes, reniflant doucement
- arrête de pleurer Assy. Ce n'est pas bien pour toi. « sa mérète bi dafay yéke »
Elle pensait que sa mère dormait. Elle ne répondit rien.
- khana tu ne crois pas en Dieu ?
- si...
- remet tout entre ses mains.

Le jour du baptême arriva. Mère Saly avait juste prévu une cérémonie sobre pour donner un nom au bébé. Assy avait revêtu une belle tenue toute simple et avait juste attaché ses longs cheveux en un petit chignon derrière la tête. Sa cousine avait tenue à la maquiller quand même. Tonton Souleymane, le mari de sa tante, ordonna qu'on prépare un mouton pour le baptême et on devait le tuer après la cérémonie. Il avait insisté pour qu'on prévienne la famille d'Omar, mais mère Saly avait été ferme. Il n'en était pas question. Elle lui avait dit qu'elle ne voulait plus rien à voir avec cette famille. En désespoir de cause, il avait renoncé, ne comprenant pas.
Assy avait remis de l'argent à sa mère pour le lakh. C'était un minimum. La cérémonie était...pathétique. Elle avait dit à sa mère le nom qu'elle souhaitait donner à son fils. Seydina Omar Bocoum. Quand l'imam le dit tout haut, dans le petit salon de la maison, sous la présence juste d'une dizaine de personne, Assy faillit pleurer. Mais le regard de sa mère l'en dissuada. Elle tenait elle-même son bébé, ce dernier n'ayant pas de badiène. Après cela, on tua le mouton et tonton Souleymane recommanda qu'on sacrifie une partie de la viande. Comme il n'y avait pas grand monde, on prépara une petite quantité pour la maison. Et c'était tout. Et ça lui convenant parfaitement. Ou alors elle n'avait pas vraiment le choix. Ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait espéré pour la naissance de son bébé. Elle voulait Omar à côté. Elle imaginait sa joie. Mais elle revint vite à la réalité. Elle était là, à St-louis avec sa mère pour fêter la naissance de son fils.

Bébé Seydina était un enfant relativement calme. Quand il avait le ventre rempli, il n'avait pas beaucoup de problème. La nuit, il se réveilla souvent en pleur, mais sa mère l'aidait beaucoup et parfois lui disait de se recoucher car elle s'en occupait, surtout quand elle était fatiguée. Seydina avait toujours les traits de son père, heureusement qu'il n'avait pas son teint noir. Au contraire. Il était tout clair et tellement mignon. Un vrai cœur. Tout le monde avait envie de le prendre et parfois Assy était obligé d'aller partout dans la maison pour voir laquelle de ses cousines l'avait kidnappé. Mère Saly avait commencé ses séances de massage sur le petit. Mais Assy ne supportait pas. Bébé criait tellement qu'elle en pleurait, suppliant à sa mère de laisser tomber. Mais cette dernière disait que c'était pour son bien. L'avantage c'est que juste après ces séances de massage, il dormait comme un loire et Assy en profitait aussi pour se reposer car les nuits étaient éprouvantes.
Il venait d'avoir un mois quand un jour elle reçut un coup de fil d'un numéro fixe.
- Allo Assy c'est Omar.
Sans le vouloir, son cœur se mit à battre plus fort et elle crut même défaillir. Pourquoi ressentait-elle encore ces genres de choses pour lui. Après tout ce qui venait de se passer.
- Omar, réussit-elle à articuler
- je t'appelais pour les papiers de divorce. Je voudrais en finir une bonne fois pour toute.
- haa... c'est vrai
Pff...qu'avait-elle espéré ? Qu'il l'appelait pour s'excuser. Qu'il lui dirait qu'il avait senti qu'il avait un fils. N'importe quoi.
- tu peux prendre un avocat pour défendre tes droits. Mais saches déjà que tu n'auras rien.
- je...
- j'ai déjà déposé les papiers, il faut ta présence pour finaliser les choses
- je ne veux rien Omar. Je ne prendrais pas d'avocat. Fais ce qu'il y a à faire. je...ça me va.
Il sembla perdre un peu ses moyens.
- tu es sûre ??
- heu oui... ça sera tout ?
- oui...
- ok ciao
Elle raccrocha le téléphone. Dépitée. Elle s'en foutait maintenant. Elle avait sa vie, son bébé, son petit rayon de soleil.

Les semaines passaient et Assy songeait à retourner à Dakar chercher du travail. Elle avait laissé des CV à Mme Diouf qui lui avait déposé dans plusieurs structures. Juste après son accouchement, elle avait eu des propositions mais elle avait décliné, voulant d'abord s'occuper de son bébé. Mais maintenant, Seydina avait 2 mois et l'argent qu'elle avait gardé commençait à fondre. Eh oui, s'occuper d'un bébé était assez compliqué financièrement. Il y avait les couches, le lait, les médicaments, et tout un tas de choses qu'elle voulait de qualité pour son bébé. Donc il fallait qu'elle se bouge. Mais sa mère n'était pas d'accord. Elle voulait qu'elle reste près d'elle et surtout, elle ne voulait pas que son petit fils soit loin. Elle s'était attachée, presque comme tout le monde dans la maison à ce petit bout de choux. Elle voulait bien rester à St-louis, mais on ne lui proposait que des stages non rémunérés. Elle ne pouvait se le permettre. Même pour avoir de l'expérience. Elle avait une famille à nourrir.
Elle avait à nouveau eu un contact pour un poste à pourvoir. Elle devait y aller pour un entretien et voulait faire un aller-retour rapidement. Seydina était assez autonome et prenait rarement le sein. Il préférait le biberon qui était plus consistant car il avait bon appétit. Mère Saly lui donnait toujours à manger sans respecter les heures d'intervalles comme le voulait Assy et il adorait cela. D'ailleurs, il adorait être avec sa grand-mère qui lui chantait aussi de petites berceuses pour l'aider à dormir.
Donc finalement, elle avait décidé de partir à son entretien. C'était la première fois qu'elle se séparait de son bébé et elle failli verser des larmes. Elle montra à sa mère comment faire les biberons, comment attacher les couches, quel habit il devait mettre ; cette dernière s'énerva.
- je me suis occupée de toi et de ton petit frère. Et tu es en train de m'apprendre comment tenir mon petit fils.
- mais..
- pas de mais. Pars et laisse le moi. Je ne vais pas te le tuer. « Amal sago thi sa dome bi... »
Elle éclata de rire.
- aye Maman, je te fais confiance, mais je ne me suis jamais séparé de lui.
Elle l'avait pris et déposait de petits baisers bruyants sur son front, le faisant sourire. Il était tellement mignon. Malheureusement, à chaque fois qu'elle le regardait, elle avait l'impression de revoir Omar. Oui. Malheureusement. Elle aurait voulu qu'il lui ressemble, qu'elle n'ait plus à penser à lui. Comme cela, elle pourrait s'en libérer plus facilement. Mais non. Cet enfant lui rappelait douloureusement qu'il avait un père.

Comme elle devait être à Dakar à 8heures, elle fut obligée de partir la veille au soir pour passer la nuit chez Mme Diouf. Toute la nuit, elle se tourna et se retourna sur son lit, incapable de dormir. Son bébé lui manquait trop. Elle avait cette impression d'être vraiment seule. Elle en profita pour penser à Omar. Elle aurait voulu l'oublier, mais revenir à Dakar lui rappelait beaucoup de souvenirs.
L'entretien se passa plutôt bien et Assy fit montre de professionnaliste et étala toute son aisance dans la langue de Molière. Malheureusement, ils cherchaient en plus une qui s'exprimait aussi en anglais car le cabinet avait des partenaires anglais. Elle leur dit qu'elle avait de bonnes bases et qu'elle était disposée à entreprendre des cours du soir pour se perfectionner. Le directeur apprécia fortement cette initiative et l'assurance qu'elle dégageait. Elle rentra assez satisfaite. Elle passa rapidement à Pikine voir ses anciens voisins et resta même pour manger là bas. Ensuite, elle reprit le chemin du retour, trop impatiente de revoir son petit cœur. Et elle attendit. Des semaines. Elle était sur le point de se décourager quand enfin ils l'appelèrent pour lui dire qu'elle avait été retenu , mais qu'elle devait compléter son dossier avec son diplôme de bac légalisé. Elle chercha partout, mais ne trouva pas l'original. Elle se souvint plus tard qu'elle l'avait laissé chez Omar. Dans la maison familiale. Elle l'avait rangé sur l'armoire dans une enveloppe et quand ils déménageaient, elle avait oublié de le prendre. Elle le dit à sa mère, l'air paniqué
- mais appelle-le et demande-lui de te le donner, dit sa mère tranquillement
- l'appeler ?
Elle voyait cette éventualité comme une grosse aventure. Ils ne s'étaient plus parlé depuis qu'il l'avait appelé pour le divorce. Et bizarrement depuis, elle n'avait pas eu de retour. Elle se rongea les ongles, réfléchis à une possible autre solution, avant de se résoudre à appeler, le cœur battant. Elle du essayer deux fois car elle raccrochait nerveusement avant que ça ne sonne. Finalement, elle sortit, respira un gros coup et cette fois laissa sonner, le cœur battant
- Allo...
C'était une voix féminine et un moment elle regarda le numéro pour voir si elle s'était trompée. Mais non
- Allo, je voudrais parler à Omar s'il vous plait...
- de la part de qui ?
Elle entendait glousser et en dessous elle distingua la voix rauque d'Omar
- arrête Fama, donne-moi mon téléphone, disait-il. C'est qui ?
- je ne sais pas. Aucun nom n'est affiché.
Il y eu un moment ou elle entendait des éclats de rire et d'autres petits bruits de bisous. Ensuite, le téléphone a du tomber. Assy raccrocha, perturbée, sans voix. Son Omar. Fama. Son assistance. Malgré la séparation, elle n'avait pas songé à cela. Elle rigola nerveusement. Qu'est ce qu'elle pouvait être bête. Son téléphone sonna. Il rappelait

Omar reconnut le numéro d'Assy et bouscula un peu violemment Fama
- Aie...tu me fais mal. C'est qui ?
Sans répondre, il se leva et sortit de la chambre pour composer à nouveau son numéro. Il l'avait effacé mais le reconnaissait parmi mille.
- Allo, dit-elle doucement
Pourquoi entendre sa voix lui faisait tout cet effet. Il avait l'impression de fondre et son cœur s'accéléra. Il respira un gros coup pour reprendre un peu de souffle et continua
- Allo. C'est qui ? dit-il
Il la sentait hésiter
- heu c'est moi...Assy.
- haa.
Il y eut un petit silence. Lourd. Gênant.
- salut. Excuse-moi de te déranger. Heuu...j'avais oublié mon diplôme de bac chez toi.
Il ne disait rien
- heuu quand on déménageait, je l'ai laissé dans une enveloppe sur l'armoire. Je voudrais s'il te plait la récupérer.
Il soupira.
- ok tu n'as qu'à passer le récupérer. Tu n'avais pas besoin de m'appeler pour cela
- non. S'empressa-t-elle de dire.
- quoi ? Qu'est ce que tu veux ?
Elle hésita.
- que tu le donnes au gardien de ton bureau. Je passerais le prendre.
Il gardait le silence
- s'il te plait.
- Ok. Passe demain.
- merci.

Avant qu'il n'ajoute autre chose, elle avait raccroché. Elle s'assit sur le fauteuil, regardant son téléphone. Elle semblait tellement lointaine. Il y avait toujours cette douceur dans sa voix. Elle lui manquait tellement. Il avait tellement envie de la revoir. Mais il se fit une raison. Elle allait bientôt accoucher normalement. Il ne pouvait s'empêcher de calculer, de se dire qu'elle en était à tel mois.
- c'était qui ?
Fama venait de sortir de la chambre, uniquement en sous-vêtement et vint s'assoir sur ses genoux. Elle était coquine. Très coquine. Mais il regrettait cette relation. Il l'avait débuté sous le coup de la colère. Mais c'était son assistante et depuis, elle se croyait tout permis au bureau. Et puis, il ne l'aimait pas. Il voulait, il pensait oublier Assy dans ses bras. Il avait tort. Heureusement qu'ils n'avaient pas couché ensemble. Mais ce n'était pas le refus pour elle. Mais lui ne voulait pas. Il ne se sentait pas bien avec une autre femme. Avec Kiné aussi, il n'y arrivait pas. Et il se sentait prisonnier de ces relations. Kiné avait le soutien de sa famille. Avec Fama, c'était plus compliquée. Il n'avait pas pu continuer les procédures de divorce. Il n'avait pas pu. Il avait demandé à l'avocat de sursoir à la décision et depuis c'était le statut quo.
- tu ne me réponds pas.
Il essaya de la soulever pour s'écarter, mais elle s'accrocha à lui. Il soupira.
- je crois que tu ferais mieux de partir. Je suis fatigué...dit-il doucement en évitant de le regarder.
- pourquoi j'ai l'impression qu'on n'avance pas.
- je ne veux pas qu'on avance Fama. Je suis désolé...
Elle se leva, énervée.
- je suis désolée, mais moi je ne suis pas ce genre de femme qu'on rejette comme un vieux mouchoir.
Elle entra dans la chambre et se rhabilla rageusement avant de sortir sans un regard pour lui.

Le lendemain, il remit l'enveloppe au gardien et lui dit de le remettre à sa femme quand elle viendrait. Il parut surprit, mais ne dit rien.
Toute la journée, il ne travailla pas. Il était debout devant la fenêtre à guetter Assy. Fama ne lui avait pas adressé la parole et lui aussi ne lui avait pas parlé. Il voulait demander son affectation dans une autre agence. Il y réfléchissait quand il la vit. Son cœur rata un battement. Il pensait voir une femme à terme, mais ce n'était pas ce qu'il voyait. Elle avait une petite robe droite bien ajusté et qui arrivait à peine au genou. Elle avait mis une ceinture à la taille. Non Assy n'était pas enceinte. Ou alors ne l'était plus. Elle parla rapidement au gardien et il la vit sourire. Qu'est ce qu'elle était belle. Elle avait lâché ses longs cheveux et avait un joli maquillage. Elle prit l'enveloppe et allait partir quand il se décida. Il fallait qu'il lui parle. Il se leva et se dirigea vers la sortie quand Fama lui barra le chemin
- je peux te parler...dit-elle
- pas maintenant. Je dois sortir...dit-il en essayant de la pousser de son chemin.
- Non, maintenant. S'il te plait mon chéri...
Il la regarda fermement et elle comprit et s'écarta. Mais trop tard. En sortant, Assy avait disparu. Il essaya de l'appeler mais elle ne décrocha pas et lui envoya juste un message avec un petit « merci ». Il faillit s'étrangler de rage.

Assy se dirigeait vers le siège de la société. Soulagée. Elle avait finalement récupéré son diplôme et leur amenait une copie. Tout se passait bien pour elle. Après avoir déposé, elle fut reçut par le DRH qui lui signifia qu'elle était prise pour un contrat à durée déterminé. Il lui précisa le montant de son salaire qu'elle trouva un peu bas, mais il la rassura. Elle était à l'essai pour 3 mois et si c'était concluant, elle aura une augmentation. Elle signa sur le champ et on lui demanda de commencer la semaine suivante. En attendant, elle décida de rentrer le soir même pour prévenir sa mère. En chemin, elle songea à comment elle allait s'organiser avec son bébé. Elle devait trouver un logement et s'installer. Elle ne s'imaginer pas vivre sans son fils. Mais la encore il fallait convaincre sa mère de le laisser l'amener. Et ce fut compliqué. Très compliqué. Elle devait quand même le laisser à sa mère le temps d'aller prendre service et trouver un logement. Après cela, il était convenu que sa mère viendrait un temps pour l'aider, le temps qu'elle trouve une bonne ou une bonne crèche.

La première semaine, elle s'installa chez Mme Diouf et avec l'aide de Rama, elle contacta un courtier. Ce dernier s'avéra très efficace et lui dégota un petit studio très coquet et joli. Le prix était assez raisonnable et elle décida de transformer le salon en chambre. Elle puisa sur ses économies qui prendre l'appartement. Heureusement qu'elle avait trouvé du travail car il ne lui restait plus grand-chose, mais avec son salaire et peut être une éventuelle augmentation, elle s'en sortirait. Mme Diouf se montra adorable et lui proposa du mobilier de maison car elle changeait ses meubles. Assy lui en était très reconnaissante et prit ses vieux meubles qu'elle retapa avec l'aide d'un menuisier. Le travail était très intéressant et elle s'intégra rapidement. Elle arrivait très tôt et rentrait assez tard. Elle y mettait beaucoup de cœur, s'attira la sympathie de la plupart de ses collègues et de ses supérieurs.
Pendant deux semaines, elle resta à Dakar. Sans son fils. Elle faillit devenir folle. Tous les soirs elle appelait en sa mère posait le combiné sur l'oreille du bébé. Quand ce dernier gazouillait, elle pleurait comme une madeleine, au grand dam de sa mère. Elle le sermonnait en lui disant que le bébé se portait comme un charme. Mais ça ne changeait rien. Il lui manquait. Depuis qu'elle avait parlé à Omar et savait qu'il avait tourné la page, elle avait l'impression qu'il ne lui restait que son fils. Quand elle avait commencé à travailler, elle ne manquait pas d'avance. Les hommes de la société s'étaient comme passé le mot. Mais elle se plaisait à dire qu'elle n'était pas libre et qu'elle avait un homme dans sa vie. eh oui. Seydina était l'homme de vie. Elle n'avait aucune envie d'avoir un homme dans sa vie. Non ces choses là c'était fini.

Ce weekend, elle était à St-louis pour prendre ses affaires et aussi pour récupérer son fils. Le revoir après deux semaines d'absence était une délivrance. Il avait grandi et ressemblait encore plus à son père. C'en était choquant. Non, elle ne voulait pas vivre sans lui, même si sa mère insistait pour qu'elle le lui laisse et ainsi travailler sereinement. Mais Non. Elle ne voulait pas. Finalement, elle décida d'amener sa cousine Aicha, qui adorait Seydina et le portait toujours au dos. Elle avait laissé tomber ses études et rêvait d'aller à Dakar pour faire une formation en couture. C'est elle-même qui proposa à Assy de l'amener avec elle et qu'elle l'aiderait. Assy lui promit de lui payer sa formation si elle réussissait à s'en sortir financièrement. Elle en parla à sa tante et cette dernière accepta de la laisser partir. Et le dimanche soir, Assy retourna à Dakar avec son fils, sa mère et sa cousine. A son plus grand bonheur.

Omar ne pouvait croire que personne dans la famille n'était au courant de l'accouchement d'Assy. Personne. Ça voulait dire que personne dans la famille ne s'intéressait à ce qui pouvait leur arriver. C'était quand même terrible. Et lui n'osait rien demander. Il attendait, se surprenait à épier les conversations, à appeler ses tantes pour espérer s'entendre dire que son ex à accoucher. Mais rien. Il n'entendait que des prières pour retrouver rapidement une femme digne de ce nom. Et sa mère qui la poussait dans les bras de Kiné. Toujours. Et ces derniers jours c'était son père qui s'y était mis. Mais il leur disait la même chose. Il lui fallait encore du temps. C'était trop tôt. il entendit toquer à la porte. C'était Awa.
- entre sœurette. Comment tu vas ?
Awa s'installa et ils se mirent à discuter tranquillement.
- dis-moi Omar, tu as des nouvelles d'Assy ?
Il la regarda un moment sans rien dire. Il ne voulait plus parler d'Assy car ses sœurs ne cessaient de sortir des insanités sur elle. Et ça lui faisait mal.
- pourquoi tu me poses cette question ? tu as de ses nouvelles ?
Awa secoua la tête.
- Non, mais comme tout le monde disait qu'elle était enceinte...je pensais que tu savais quelques choses.
- il ya deux mois, elle est venu à mon bureau pour récupérer un papier qu'elle avait oublié.
- elle avait accouché ?
- apparemment oui. Elle n'avait pas de ventre.
- ha...
Elle ne disait rien.
- tu lui a parlé ?
- Awa pourquoi tu me parles d'Assy comme cela subitement ?
Elle haussa les épaules.
- pour rien. Mais j'ai l'impression que tu n'es pas heureux. Peux être qu'il y a eu un malentendu entre vous. Qui sait ?
- il n'y a eut aucun malentendu Awa. On s'est séparé et elle est allée se faire enceinter par un autre. C'est tout. Maintenant arrête de me parler d'Assy ok.
Il était énervé et Awa se leva et prit congé, laissant Omar tout chamboulé. Il devait faire un voyage sur la France de quelques semaines dans le cadre du travail. Ça lui ferai du bien. Il avait introduit la demande d'affectation de Fama et normalement à son retour, elle ne devait plus être à sa place. C'était lâche, mais il n'avait pas le choix.

- Assy, je peux t'inviter à diner ?
Elle leva la tête et regarda son patron. Patrick. Ce jour là, ils devaient travailler ensemble sur un dossier. Elle avait remarqué les regards appuyés de ce dernier. Elle était là depuis 4 mois maintenant. C'était un blanc assez mignon. Brun, grand et très drôle. Ils avaient lié amitié assez vite et même s'il était son supérieur, il ne se gênait pas pour discuter avec elle librement, la mettant à l'aise et l'aidant dans son travail. Mais elle n'était pas intéresse. Pas du tout. Elle fuyait tout ce qui ressemblait à un homme.
- Patrick, ma mère est rentrée. Mon fils est seul avec ma cousine. Il faut que je rentre très tôt.
- dans ce cas invite-moi chez toi. Pourquoi tu ne veux pas que je vois ton fils.
Seydina avait 6 mois maintenant et était tout simplement adorable. Aicha s'en occupait très bien et Assy travaillait sereinement. Elle appelait quand même deux ou trois fois par jour pour voir si tout se passait bien. Et c'était toujours le cas. Le soir, elle était toujours très contente de rentrer et de retrouver son bébé. Elle lui donnait un bain, à manger avant de le border. Il dormait avec elle dans sa chambre tandis qu'Aicha dormait dans l'autre pièce. Toute sa vie tournait autour de son fils. Ses fins de mois étaient encore très justes mais elle s'en sortait. Parfois de justesse. Mais son fils ne manquait de rien. Seulement, elle était parfois obligée de se priver de manger pour boucler ses fins de mois. Mais ça ne la gênait pas. Elle faisait tout ça pour son fils. Et il n'y avait pas de place pour un homme. Un blanc de surcroit. Non.
- Patrick, une autre fois je te promets.
- tu me promets toujours, mais tu refuse toujours. Allez. Je te laisse rentrer, tu borde ton bébé et je passe te prendre plus tard. Pas plus d'une heure. Promis.
Elle hésita. Et puis ca ne lui coutait rien finalement. Même si elle ne voulait pas sortir avec un gard de son service. C'était trop compliqué. Donc encore une fois elle déclina.

Elle rentra donc et s'occupa de son fils. Comme d'habitude, il l'accueillit avec un grand sourire et en lui tendant ses bras tout potelés. Son cœur se remplissait alors de joie et débordait d'amour pour son bébé. Il était de plus en plus beau et tout simplement adorable. Ce soir Rama l'appela pour lui annoncer une grande nouvelle.
- je voulais attendre d'être à Dakar pour te le dire, mais j'arrive Samedi.
Assy se mit à crier au téléphone sa Rama arrivait dans deux jours. Elle lui manquait tellement. Et elle aussi avait tellement hâte de voir Seydina Omar.
- si tu me fais une blague, walay, je te trouve là bas pour te botter les fesses.
- mais non. Je te jure. Viens me prendre à l'aéroport et amène moi mon fils. C'est surtout pour lui que je viens.
- et moi alors ?
Elles discutèrent encore des minutes avant de raccrocher. Elle avait promis à sa mère de lui amener Seydina, mais là, elle était obligée de décommander. Sa mère comprit, même si son petit fils lui manquait terriblement.

Omar était à l'aéroport de Casablanca et attendait son vol. Il avait fait une escale par ce pays pour rencontrer un partenaire et là, il devait reprendre son vol. Il reconnut une silhouette familière. C'était Rama. Elle avait des écouteurs et semblait vivre à fond la musique qu'elle écoutait. Il lui toucha l'épaule.
- Rama...
Elle se retourna et le reconnut. Il la vit hésiter entre le saluer chaleureusement ou froidement. Et elle fit un subtil mélange des deux.
- Slt Omar. Quelle surprise ? Qu'est ce que tu fais ici ?
- je rentre. Comme toi on dirait. Je viens de Paris et j'avais une petite escale ici.
- Ok. Donc on va partager le même vol on dirait.
- bah oui.
- Ok.
Sans plus, elle remit ses écouteurs et il comprit. Elle n'avait pas l'intention de lui parler plus que cela. Et c'était tant mieux. Comme dit l'adage, qui se ressemble s'assemble. Et Rama devait être comme Assy. donc finalement, il n'avait pas vraiment envie de lui parler.

Assy était avec Patrick sur l'aire d'acceuil de l'aéroport. Seydina dormait sur son épaule et elle attendait patiemment la sortie de Rama. Elle aurait tellement voulut qu'elle le trouve réveillé. Mais elle comptait bien le réveiller quand elle sera là.
- merci Patrick de m'avoir accompagné. Et excuse-moi d'avoir gaché ton samedi.
- mais arrête de me remercier voyons. Je n'avais aucun programme. Tu avais encore refusé de diner avec moi.
Elle sourit.
- et quand tu vas arrêter de m'inviter ?
- si tu penses me décourager, tu rêves. Accepte et on verra. Tu ne veux pas me le donner ce petit trésor.
- Non c'est bon. Il risque d'avoir peur en te voyant à son réveil. Tu n'as pas vraiment la couleur qui sied.
Il éclata de rire.
- c'est bon moque-toi. Si j'étais plus coloré, tu accepterais mon invitation ?
Le cri strident d'Assy l'interrompit.
- RAMMMAAAA...
Elle démarra au quart de tour et fit rapidement le tour des barrières. Rama aussi s'était mise à courir et elles ressemblaient à deux folles qui parlaient et criaient en même temps. Seydina s'était réveillé et étonné, avait mis ses deux doigts dans sa bouche. Son petit tic.
- oh c'est mon petit chou. Viens voir maman mon cœur, dit Rama en essayant de le prendre.
Mais il refusa et s'accrocha au cou de sa mère. Cette dernière essaya encore de la convaincre d'aller voir Rama et celle-ci la prit dans ses bras et le serra, les larmes aux yeux
- oh mon petit cœur...toute la valise là, ce sont tes cadeaux.
Elle ne remarqua pas le visage d'Assy qui se décomposait lentement. Elle venait de voir Omar sortir aussi de l'aéroport et s'approchait d'eux. Son regard passait d'Assy au bébé que tenait Rama et dont le visage était tourné de son côté. Assy paniqua un moment et voulut prendre Seydina. Omar était à moins d'un mètre de Rama et fixait le bébé, le visage figé.
- donne le moi Rama. dit-elle nerveusement.
Elle ouvrit les yeux et regarda Assy.
- Mais laisse-moi mon bébé. N'est-ce pas Seydina Omar que tu veux rester avec ta nouvelle maman....

Omar laissa tomber le sac qu'il avait. Il avait l'impression de ne plus sentir ses jambes. Cet enfant que tenait Rama...il ne pouvait y croire. Non ce n'était pas possible. En s'approchant, il avait remarqué le trouble d'Assy qui essayait de reprendre le bébé. Mais Rama s'accrochait et la dernière phrase qu'elle avait prononcé l'avait tout simplement pétrifié. « Seydina Omar ».
Il était toujours figé à la même place, juste derrière Rama qui ne l'avait pas vu et Assy avait finalement pris le bébé et elle l'entendit parler nerveusement
- Rama viens on y va...
Elle avait brusquement tourné le dos et courait presque. Mais il se ressaisit et la rattrapa
- Assy...
Elle ne voulait pas s'arrêter et marchait rapidement. C'est Rama qui l'interpella.
- écoute Omar, tu ne vois pas qu'elle ne veut pas te parler. C'est bon là.
Sans faire attention, il l'attrapa par le bras et Assy se retourna. Il reçut en pleine figure le visage du bébé. Son portrait craché. Il tremblait presque en le regardant. Il le vit mettre ses deux doigts dans sa bouche avant de se blottir contre sa mère qui était en panique total. Enfant, il avait exactement le même tic. Deux doigts dans la bouche.
- Oh mon Dieu...murmura t-il...


- Assy qu'est ce que ça veut dire ? murmura Omar encore, incapable de détacher ses yeux du bébé
Elle tira son bras violemment
- mais lâches-moi...
Elle se retourna pour se diriger vers la voiture de Patrick, Rama sur ses talons.
- Assy, je te parle...cria presque Omar
- Oui, mais elle ne te cause pas...tu n'as pas remarqué, lança Rama sur un ton moqueur
Il lança un regard meurtrier à Rama qui semblait le narguer.
- Rama est ce que je t'ai parlé ? Murmura t-il entre ses dents
- tu oses ? répondit-elle en le toisant.
Assy observait la scène et avait peut que ça ne dégénèrent. Il confia Seydina à Patrick et se dirigea vers eux
- Rama c'est bon. Viens
Elle l'aida à tirer son chariot et ne put s'empêcher de jeter un rapide coup d'œil à Omar. Il serrait les points et semblait se contenir.
- Assy, je peux te parler.
Assy ne disait rien et tirait le chariot nerveusement passant devant lui, suivie par Rama
- Assy...
- il ya un souci ? demanda Patrick qui s'était approché.
- Non ca va, répondit Assy en essayant de sourire. Rama je te présente Patrick. Un collègue.
- et chauffeur à l'occasion, rajouta t-il
Ils se firent la bise et discutèrent un peu pendant que ce dernier mettait les valises dans la malle de sa voiture.
Omar s'était approché à nouveau d'eux, cette fois accompagné de son ami Jean. Assy avait repris Seydina et ce dernier jouait avec sa chaine.
- Assy, je veux te parler, dit Omar en se mettant en face d'elle.
- Omar c'est bon. Je n'ai pas envie de me donner en spectacle. Ce n'est ni le lieu, ni le moment.
- tu ne penses pas que tu as des explications à me donner, dit-il, énervé
Jean aussi avait le regard fixé sur Seydina et souriait bêtement.
- Salut Assy...dit-il finalement.
Elle le regarda sans répondre. Depuis les problèmes qu'elle avait avec Omar personne ne l'avait appelé, ni pris de ses nouvelles. Jamais.
Elle tourna les talons pour entrer dans la voiture quand Omar la prit par le bras. Elle se dégagea brusquement et entra dans la voiture, ou était déjà installée Rama et Jean démarra lentement.

- c'est mon fils...c'est mon fils, murmurait-il en regardant Jean sans vraiment le voir.
- je crois qu'il n'y a pas beaucoup de doute là-dessus, lui répondit ce dernier. Mais tu m'avais dit qu'elle...
Il hésita
- enfin tu m'avais dit beaucoup de choses, mais je...
- je ne savais pas Jean. Ma mère m'avait dit qu'elle était enceinte de trois mois. Alors que ça faisait 6 mois qu'on ne s'était pas vu. Je l'ai appelé pour la traiter de...Mon Dieu. C'est mon fils...
- je crois qu'il vaut mieux que tu parles à ta mère.
Jean réussit à le faire monter dans la voiture. Il était toujours sous le choc et l'image du petit garçon ne quittait sa tête. Seydina Omar. Rama l'avait appelé comme cela. Avec Assy, il disait toujours que son fils ainé s'appellerait comme cela. Et Assy. Pourquoi lui avait-il caché qu'elle était enceinte ? pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Et sa mère.
Il avait trop de questions qui lui trottaient dans la tête. Et une rage sourde bouillait en lui. il essaya de le réprimer. Arrivé chez lui, il préféra passer par la porte de derrière pour ne pas voir sa famille, voulant se calmer d'abord. Jean l'aida à monter ses bagages et évitait de lui parler. Il le savait en colère et ne voulait pas envenimer les choses.
- merci Jean, dit-il au moment ou ce dernier partait
- je t'en prie. Mais Grand, un conseil. Réfléchis bien à tout ce que tu feras. Ne soit pas trop impulsif
Omar lui tapota l'épaule et le rassura
- t'inquiète. Ça ira.

Il prit son temps, et se doucha. Il prit ensuite son téléphone et essaya d'appeler Assy. Mais elle ne décrocha pas. Il s'était assis dans le noir au salon, tout seul, complètement abattu, le cœur gros, quand il entendit sonner à sa porte. C'était sa mère, accompagné d'Awa.
- Mon fils, depuis tout à l'heure j'entends du bruit ici. Pourquoi tu n'es pas passé dire bonjour. J'ai appelé Jean et c'est lui qui m'a dit qu'il t'avait déposé. Khana tu es malade ?
- Non...grommela t-il en retournant s'assoir
- lou Khew ? demanda sa mère inquiète en allumant la lampe du salon et en se mettant face à lui.
Il soupira et la regarda un moment. Serait-ce possible. Sa mère était-elle au courant et ne voulait rien lui dire. Elle avait toujours détesté Assy. Mais au point de lui cacher qu'elle attendait son enfant. De lui mentir sur cela.
- maman, Assy était enceinte de combien de mois quand sa mère t'a appelé.
Elle parut troublée et bafouilla. A côté, il vit Awa gémir sourdement et reculer imperceptiblement comme si elle voulait partir. Il comprit. Malheureusement.
- Saly...elle m'a dit qu'Assy était enceinte de 3 mois. Pourquoi tu me pose cette question ? dit-elle la voix tremblante.
Il baissa la tête et ne répondit pas.
- Elles voulaient te faire porter le chapeau. La preuve quand je leur ai parlé, elles ont arrêté d'appeler. Elles...
- ARRETE MAMAN...
Il avait crié. Et s'était levé pour lui faire face
- C'EST MON FILS. MON FILS. SAMA DOME.
Il y eut un petit silence ou on entendait la respiration sourde d'Omar. Enervé. On aurait pu voir sortir de la fumée de ses narines. Il n'a jamais été aussi énervé de sa vie. Les mines de sa mère et de sa sœur lui confirmèrent le fait qu'elles savaient. OUI, elles savaient. Awa. Il se tourna vers elle.
- toi tu savais tout. Un jour tu m'as posé des questions sur ça. TU SAVAIS
- heuu non. Je...
- personne ne savait mon fils. Assy t'a encore retourné la tête. Je suis sure qu'elle veux encore de l'argent.
Il regarda sa mère. Méchamment. Mais il se retenait
- tu ne m'as pas entendu maman. Je te dis que c'est mon fils. Je l'ai vu. De même propres yeux. Tu comprends.
Il essayait de parler calmement.
- je ne sais pas si tu te rends compte maman.
- c'est sa mère qui m'a dit.
Il prit rageusement son téléphone.
- attend on va appeler tata Saly pour voir ce qu'elle t'a dit. Je l'appelle.
Il vit la panique sur le visage de sa mère
- il est tard pour l'appeler.
Cette fois il ne se contint plus et leva la main, sur le point de frapper sa mère. Mais heureusement se retint. Elle avait couvert son visage en un geste protecteur. Il recula et se mit à crier. A tue tête.
- et tu appelles cela une bonne mère. Comment as-tu pu me faire cela maman. Comment ? Tout simplement parce que tu n'aimes pas Assy ? tu l'appelles sorcière, mais c'est toi la sorcière.
- Omar surveille ton langage avec moi. Je suis ta mère, dit-elle
- ma mère ? Une mère qui fait cela à son fils ? Quelle genre de mère es-tu ? Tu as tout fait pour nous séparer et je t'ai suivi. Pour ne pas te contrarier, alors que je l'aimais. Oui, je l'aimais et je l'aime toujours. Mais tu as réussi à nous séparer. Il criait de plus en plus fort, sortant des insanités sur sa famille qu'il traita tous d'hypocrites. Sa mère criait et pleurait et un moment tomba pour continuer son cinéma par terre en se roulant.
Mais Omar criait, ne se retenait plus, brisa un vase qui trainait, Son père et son petit frère accoururent. Son père demanda ce qui se passait en se penchant sur son épouse et en criant lui aussi.
- ce qui se passe papa. C'est que j'ai un fils. Ma mère le savait, ma sœur le savait, et elle me le cachait.
- un fils ? Quel fils ? demanda son père étonné
Il expliqua depuis le début, quand sa mère lui disait qu'Assy attendait un enfant d'un autre et la rencontre avec son enfant
- c'est moi papa. C'est mon fils. Il me ressemble comme deux gouttes d'eau.
A ce moment, il ne tint plus et éclata en sanglot et se réfugia dans sa chambre, laissant ce beau monde au salon. Il entendit des éclats de voix, mais il se sentait trop mal. Il ouvrit le tiroir et prit une photo d'Assy. C'était le jour de leur mariage. Elle était belle. Très belle. Même ce jour il avait été odieux avec elle. Il se demandait s'il la méritait. Non, elle ne méritait pas tout ce qu'il lui avait fait. Et ils avaient un enfant ensemble. Il essuya ses larmes. Pleurer. Il n'aimait pas les hommes qui pleuraient. Mais aujourd'hui il les comprenait. Il n'en pouvait plus.

Assy coucha Seydina. Il avait refusé de s'endormir, trop occupé à s'amuser avec les tonnes de jouets que lui avaient ramené Rama. Elle ne plaisantait pas quand elle disait que toute la valise appartenait à Seydina. Il y avait des habits, des tonnes d'habits, des jouets, des biberons. Assy traita Rama de folle, mais cette dernière s'en foutait royalement, disant que c'était son fils.
Patrick était resté un long moment avec elle à discuter. C'était la première fois qu'il venait chez Assy et il était à l'aise. Il parlait plus avec Rama car Assy n'était pas trop dans son assiette.
- il est gentil Patrick, lui dit Rama quand il la rejoignit dans le hall de l'appartement ou elle avait installé un petit salon et une télé.
- oui, il est gentil...répondit-elle sur le même ton.
- mais...
Elle regarda Rama bizarrement
- mais quoi ? Rama. Arrête voyons. Tu n'a pas vu l'erreur.
- non. Tout ce que j'ai vu c'est les regards qu'il te lançait.
Assy sourit.
- Rama, je suis divorcée, mes ex beaux parents me traitent de pute, j'ai un petit garçon de 6 mois, ma vie est assez compliquée et tu veux que j'ai une relation avec un autre. Non. et un blanc en plus....on va me massacrer.
- toujours à penser à ce qu'on va penser de toi?
Rama éclata de rire.
- tu a été absente toute la soirée ma puce. C'est à cause d'Omar.
Assy baissa la tête. Elle aurait voulu être plus forte. Elle avait espérer être plus sereine. Mais non. Elle était vraiment perturbée. Le fait de revoir Omar, le fait de l'avoir vu perturbé à la vue de son fils. Oui, il l'avait vu réellement perturbé. Et elle aussi l'était. Son cœur avait réagit. Malheureusement. La colère, la frustration, la déception, mais aussi l'amour. Il avait un peu maigri, mais avait toujours cette allure, ce charme fou. Et en le revoyant, il ne pouvait que constater la ressemblance avec Seydina.
- Seydina ressemble beaucoup à son père. Je crois qu'il a du se douter que c'était son fils.
Elle haussa les épaules, mélancolique tout d'un coup, sur le point de pleurer.
- c'est son fils Rama. Son sang. Il l'a renié certes, mais les fait son là.
- tu es brave.
Elle émit un petit rire
- Brave. Non. Je ne lui pardonnerais jamais ce qu'il m'a fait. Lui et toute sa famille. Je ne sais pas s'il sait que c'est son fils mais il n'a pas intérêt à tenter quoi que se soit.
- tu l'as déclaré ?
- non. Il fallait la présence du père ou une pièce d'identité. Je n'en avais pas. Donc...
Cette fois ses larmes coulèrent. Rama se rapprocha et la prit dans ses bras.
- massa ma chérie. C'est du passé maintenant. Regarde, tu as un magnifique garçon. Tu ne dois plus pleurer.
Elle essuya ses larmes et essaya de sourire, mais elles coulaient quand même.
- je sais. Mais ça fait tellement mal de se faire traiter comme cela Rama. Tous les jours, toutes les semaines, tous les mois j'ai essayé d'être forte. Pour ma mère qui ne voulait jamais me voir pleurer, pour mon fils. Mais laisse-moi un peu me lâcher avec toi.
Rama se leva et lui tendit un paquet de mouchoir. Elle lui raconta ses états d'âme. La cérémonie de baptême, tellement triste.
- j'avais tellement honte. Même les filles qu'on engrosse ont un père pour leur enfant. Le jour de son baptême, je sentais les regards gênés, les murmures. Un enfant sans père. Le mari de ma tante m'a même appelé le soir du baptême pour me demander si c'était vraiment mon ex mari le père de mon enfant. Tu te rends compte.
Elle essuyait ses larmes. Et vit aussi Rama qui pleurait
- Arrête Rama. C'est moi qui pleure voyons.
Elles se retrouvèrent à rigoler de leurs larmes et Rama l'accusa de la faire pleurer. Finalement, Assy changea de sujet et lui demanda des nouvelles de son copain. C'était un sénégalais souvent de passage au Maroc. Elle lui parlait souvent de lui comme d'une relation sans lendemain, mais qu'elle passait le temps avec lui. Mais Assy avait l'impression qu'elle s'attachait à cet homme et Rama confirma. Finalement, la soirée était plus gaie et elles se couchèrent tard. Aîcha était à St-louis ce weekend et Rama s'installa dans l'autre chambre. Quand Assy se coucha enfin, elle prit son téléphone et y vit une vingtaine d'appel. D'Omar. Et presqu'autant de messages. Elle ouvrit les premiers et il lui demandait de décrocher car il fallait qu'il lui parle, qu'il fallait qu'il s'explique, qu'il y avait un gros malentendu ensuite, il disait qu'il voulait voir son fils. Son fils. C'est le dernier qu'elle lut. Les autres elle les supprima sans les lire. Nerveusement, en rigolant. Un rire jaune. Pathétique. Elle tchipa fort, faisant bouger Seydina. Elle chauffa rapidement un biberon et le lui donna. Il se rendormi après l'avoir terminé et elle le regarda dormir. Il était hors de question que son père entre dans sa vie. Il lui avait fait assez de mal. Lui et sa famille. Non, c'était suffisant. Elle aurait aimé qu'il ne soit jamais au courant. Elle ne voulait plus de lui dans sa vie.

Assy n'avait répondu à aucun de ses messages. Il se retourna encore sur son lit. Incapable de dormir. Que de regret. Il se rendait compte qu'il ne savait même pas ou elle habitait. Ni comment elle faisait pour vivre ? Et entretenir son fils. Il soupira, angoissé tout d'un coup. Elle devait travailler. Elle n'avait jamais rechigné à la tâche. Il ne pouvait croire tout ce qui s'était passé ces derniers mois. Non. Son père était venu lui parler. Un long moment. Il lui a dit toute sa peine pour tout ce qui s'était passé. Il n'avait jamais su qu'Assy était enceinte. Il lui avait dit que de toute façon si elle était enceinte au moment de leur séparation ça voulait dire qu'elle était encore sa femme et qu'on pouvait toujours arranger les choses. Il l'avait écouté sans rien dire. Il avait l'impression d'en vouloir à tout le monde.
Le lendemain, très tôt, malgré sa nuit sans sommeil, il prit sa voiture et entreprit un long voyage. Vers St-louis. Il lui fallait voir Mère Saly. S'expliquer, s'excuser. Il lui devait ça. À défaut de pouvoir parler à Assy. il le ferait avec sa mère. Il arriva à St-louis un peu avant midi et trouva mère Saly assise devant sa chambre en trier les saletés dans une calebasse de riz. Elle était très surprise de le voir et le cacha à peine. Il salua toute la maisonnée et à leur façon de lui répondre, il sut qu'on lui en voulait beaucoup. Il revint ensuite vers Mère Saly et s'installa sur un petit banc à côté d'elle.
- maman Saly, je sais que tu te demande ce que je fais ici après tout ce qui s'est passé, mais...
Il ne savait même pas comment ni par ou commencer. Il avait honte.
- j'ai...je...
Mère saly ne faisait rien pour l'aider et se contentait de baisser la tête et d'attendre. Il était perdu.
- je ne savais pas...finit-il par dire, la voix brisée. Je ne savais pas qu'elle avait un enfant de moi. Je les ai vus la dernière fois et...c'est mon fils.
Mère Saly soupira et rendit grâce à Dieu dans un soupir étranglé en fermant les yeux.
- maman, je ne sais même pas quoi dire. Je suis tellement...désolé. Mais Assy aurait du me prévenir quand elle a sut qu'elle était enceinte.
- Omar...mon fils. Tu seras toujours mon fils. Je t'ai vu grandir. Quand tu es venu me dire que tu voulais prendre Assy comme femme, j'étais soulagée. Assy est ma fille unique. Je ne veux que son bonheur. Quand j'ai vu que c'était toi, je me disais qu'elle était en de bonnes mains. Je pensais qu'en tant que son cousin et aussi son grand frère, tu ne la feras jamais souffrir.
Elle se tut un moment, augmentant la gêne d'Omar
- Haaa mais Omar, j'ai été surprise. Et déçue. J'ai eu mal pour ma fille. Elle m'a tout expliqué. Tout le monde fait des erreurs dans sa vie. Elle regrette. Elle était jeune.
Omar comprit l'allusion et baissa encore plus la tête.
- c'est pour cela que tu lui as tenu rigueur, toi et toute ta famille. Ta mère m'a appelé ici pour me dire que tu n'as pas trouvé ta femme comme il se devait le jour de ton mariage.
Il secoua vivement la tête, décomposé.
- Non, non...elle n'a pas fait cela. Maman Saly, je ne me suis jamais plaint...
- je ne sais pas, mais je te dis juste ce qu'elle m'a dit.
Il ne dit rien. Honteux. Il n'aurait jamais du rien dire
- j'attendais juste que tu viennes me voir pour m'en parler. En tant que mère c'est difficile de voir sa fille traverser toute ses épreuves.
Sa voix se brisa. Omar eut le cœur gros. Il venait de se rendre compte des conséquences de ses actes
- ce n'est pas parce que c'est ma fille que je le dit. Mais Assy ne mérite pas tout ça.
- je sais...murmura t-il
- c'est une fille bien. Elle n'est pas mauvaise. Dieu est témoin. Toute sa vie elle a travaillé pour nous aider. Si elle voulait être mauvaise, elle le serait depuis longtemps. C'était une erreur, répéta t-elle
- je sais maman Saly. J'ai vécu avec elle. Je sais que c'est une femme magnifique. Je sais.
Mère Saly essuya furtivement ses larmes avec le pan de son voile, augmentant la peine d'Omar
- Quand elle est revenue ici après que tu l'as libéré, elle était enceinte. Elle l'a su après que tu lui ai fait part de ta décision et elle ne voulait rien te dire. Mais j'ai refusé en lui disant qu'on ne cachait pas un enfant. Finalement, j'ai appelé ta mère pour lui dire. Elle m'a dit que tu n'étais pas le père. Et tu l'as confirmé quand tu as appelé Assy.
- je ne savais pas. Ma mère m'avait dit qu'elle était enceinte de 3 mois.
- Haann....je lui ai pourtant dit qu'elle était à 7 mois.
- je te jure que je ne savais pas. Jamais je ne renierais mon enfant. Jamais.
Mère Saly garda le silence. Omar aussi. Ils restèrent ainsi de longues minutes.
- mon père m'a dit que le divorce était nul puisqu' elle était enceinte.
Elle sursauta et émit un petit cri de surprise, lui demanda si c'était vrai. Il confirma et Mère Saly appela son beau frère pour lui demander. Ce dernier dit la même chose et que normalement, il devait à nouveau la libérer pour que le divorce soit effectif dans la religion. Ce dernier ne manqua pas cependant de lui passer un savon sur la façon dont il a traité sa femme, l'abandonnant comme on le fait pour une poubelle. Oui, il en a eu pour sa dose et n'osa même pas se lever pour prendre congé. Il voulait lui demander ou habitait Assy, mais n'osa pas. Finalement, il prit congé en fin d'après midi après avoir promis à mère Saly de revenir avec sa famille pour présenter ses excuses.
- Omar, peux-tu amener Aïcha jusqu'à Dakar, elle doit rentrer ?
Il ne vit pas d'inconvénient et l'embarqua dans sa voiture. En chemin, il découvrit qu'elle partait chez Assy et que c'est elle qui s'occupait de Seydina Omar. Il lui posa pleins de questions sur le bébé. Tout le chemin il sourit au fur et à mesure qu'elle lui parlait de son fils qui n'avait pas beaucoup de problèmes. Il sut aussi qu'Assy travaillait dans une boite de marketing depuis 3 mois et à demi mot elle avoua que parfois elles se contentaient de bouillies de riz mais que jamais Seydina ne manquait de lait ou de couches. Cette petite révélation, dit de manière innocente, lui serra le cœur. Et il n'eut plus le cœur de poser d'autres questions.

Assy revenait de sa petite promenade avec Seydina. Enervée. Elle l'était encore. Rama était partie en Casamance pour voir sa famille car elle ne pouvait pas rester longtemps. Quand sa mère l'avait appelé pour lui parler de la visite d'Omar, elle était seule et elle s'est énervée. Surtout quand sa mère lui a dit l'avis de son oncle sur la validité de son divorce. Elle ne voulait plus être mariée. Elle avait presque crié à sa mère de rappeler Omar pour lui dire qu'il n'avait qu'à lui accorder le divorce maintenant. Mais sa mère n'avait pas voulu polémiquer et avait raccoché. Pour se calmer elle était sortie se promener. En chemin, Patrick l'avait appelé et ceci l'avait calmé. Ils avaient discuté de tout et de rien et avec son sens de l'humour, il avait presque réussi à la calmer. En entrant dans son immeuble, elle ne remarqua pas la voiture d'Omar garé juste en bas.

- Aïcha tu es rentrée ? dit-elle en se rendant compte que la porte n'était pas fermée.
Elle se figea. Omar était tranquillement installé sur un fauteuil à l'entrée et il se leva à son entrée pour lui lancer un petit « salut ». Seydina dormait sur son épaule et elle avait un sachet contenant des couches qu'elle avait acheté en chemin. Elle resta un long moment devant lui, le cœur battant. Aïcha sortit de la cuisine à ce moment
- Assy, je suis rentrée. J'ai essayé de t'appelé, mais tu étais en communication. C'est Omar qui m'a ramené.
Assy ne disait rien et Aïcha disparut dans sa chambre, les laissant seuls, dans un silence pesant. Elle entra finalement, à pas lent. L'entrée n'était pas très grande et Omar était assez...imposant.
- donne-le-moi, je vais t'aider, dit-il en avançant ses mains pour le prendre.
Elle eut un geste brusque. Trop brusque
- Ne le touche pas.
Il tiqua, perdit ses moyens, frustré et ramenant ses bras. Elle passa alors devant lui sans rien dire et entra dans sa chambre pour coucher le bébé. Elle prit son temps en espérant qu'il partirait, mais non. Après une bonne demi heure, elle sortit et le trouva encore assis à regarder l'écran de la télé, qui n'était même pas allumé.
- qu'est ce que tu veux Omar ? dit-elle tranquillement.
Il sursauta et se leva. Ils se regardèrent. Assy ne sourcilla pas. Le regardant fixement. Il détourna le regard, mit ses mains dans ses poches, souffla, haussa les épaules...et ne dit rien.
- Ecoute Omar, si tu n'a rien à me dire
- pourquoi tu ne m'as rien dit Assy ?
Il avait froncé les sourcils et regardait ailleurs.
- te dire quoi ?
Il sourit...nerveusement
- que tu étais enceinte de moi ? Que tu avais accouché ? Comment as-tu pu me faire cela ?
- qui t'as dut que j'étais enceinte de toi ?
- arrête, je sais que c'est mon fils...dit-il nerveux
Elle rigola
- ton fils ? Depuis quand tu accepte d'avoir un fils d'une pute ?
Elle le vit changer de mine et baisser la tête.
- Tu as oublié que tu savais que j'étais enceinte. Tu m'as traité de pute.
- je ne savais pas Assy. Ma mère m'avait dit...
- ta mère. Tu as dit ta mère. Mais et toi ? tu as cru ce qu'elle t'a dit non.
- je ne savais pas...
- tu ne pouvais pas savoir parcequ'effectivement tu me prends pour une moins que rien. tu as pensé que je pouvais aller faire cela avec un autre.
Il ne dit rien. Incapable de la regarder.
- on a été marié 3 ans et tu as quand même une si piètre opinion de moi. Et tu viens me réclamer un fils ? Arrête Omar.
S'installa alors un long silence. Assy essayait de se calmer, se retenait de ne pas exploser. Trop de frustration, trop de colère contenue.
- Pardonne-moi.
- te pardonner quoi ? Qu'est ce que je dois te pardonner ? Toi as-tu su me pardonner ? Dis-moi ?
- qu'est ce que tu me reproche ?
Assy laissa éclater sa colère.
- Ce que je te reproche ? Tu me le demande ? Interroge ta conscience si tu en as un. Je t'aimais Omar. Mais toi tu n'as jamais su me pardonner. Jamais. Pendant toutes ces années, tu n'as cessé de me reprocher mon passé. Un moment j'ai cru que tu m'aimais, mais en fait non. Tu me supportais juste. Mais malgré cela je t'aimais. Quand tu n'as plus voulu de moi, tu m'as parqué dans une maison, pour ne venir que pour te satisfaire. J'ai accepté. tu apprends que je suis enceinte, tu me traite de pute. Sans rien chercher à comprendre, sans rien me demander. Si c'était ta sœur, tu l'aurais traité comme ça ?
Il ne dit rien ?
- répond-moi ? Si c'était Ami tu l'aurais traité comme ça ?
Elle criait, ayant du mal à se contenir.
- cet enfant n'est pas ton fils. Ta mère nous a demandé d'aller chercher son père dans la rue.
Seydina choisit ce moment pour pleurer, surement réveillé par les cris. Aïcha aussi était sorti de sa chambre pour aller prendre le bébé. Elle la précéda et lui arracha presque Seydina des mains, tellement elle était énervée. Elle essuya rapidement les larmes de rage. Difficilement contenable.
Quelques minutes plus tard, Aicha lui ramena un biberon et elle le lui donna tranquillement en essayant de se calmer. Seydina buvait goulument quand Omar entra dans la chambre. Elle lui lança un regard meurtrier mais il n'en avait cure. Il se mit devant eux et observa longtemps...son fils. Ce dernier avait ouvert ses grands yeux et le regardait aussi. Un moment, il laissa le biberon pour mieux se tourner vers lui et lui tendit un bras tout potelé. Omar s'approcha voulant le toucher, mais Assy d'un geste brusque esquiva et poussa.
- Assy arrête...
Elle se leva
- Va t'en Omar, va t'en. J'en ai marre de tout cela. cria-t-elle.
Seydina commença alors à pleurer, et Assy sortit de la chambre, croisant Aicha qui le lui prit des bras et comprenant surement la situation, s'enferma avec lui, laissant Assy et Omar seul.
- Assy...
- je t'en prie Omar. Va-t'en. Seydina Omar n'est pas ton fils. C'est le mien. N'insiste pas, dit-elle tranquillement, d'une petite voix, évitant de le regarder.
- je sais que tu m'en veux, que tu ne risque pas de me pardonner facilement, mais j'attendrais Assy. Cet enfant, notre enfant, ne doit pas souffrir de nos problèmes. On en avait tellement parlé, tellement rêvé.
Elle ne disait rien, perdant un peu ses moyens face à la voix douce et tendre qu'il employait.
- je n'ai pas d'excuses, j'ai été odieux avec toi. Mais ne me punis pas en me privant de mon fils.
- va t'en Omar, murmura t'elle entre ses dents. S'il te plait
Sa voix s'était brisée. Elle se sentait tout à coup très fatiguée. Il haussa les épaules et sortit lentement, laissant Assy perdue.

Le lendemain, à sa pause, il est allé faire des courses, prenant tout un tas de choses pour bébé. Des couches, du lait, des petits pots. Il achetait frénétiquement avant de se rendre chez Assy. Elle était à son bureau, mais Aicha le laissa entrer. Quand il le vit, il ne put s'empêcher de ressentir à nouveau ce petit frémissement au cœur, cette sensation que ce petit muscle prenait plus de place dans sa poitrine et qu'il avait d'inspirer plus fort pour tenir. Et il le fit. Il le prit dans ses bras. Son fils. Ce dernier le regarda bizarrement avant de toucher son visage avec ses petits doigts et de sourire. Il fut envahi par un torrent d'émotion qui lui fit monter les larmes aux yeux. Il resta jusqu'à ce qu'il ai faim. Il prit un petit pot de compote qu'il lui donna et il mangea avec gourmandise, ensuite, il le prit dans ses bras jusqu'à ce qu'il s'endorme. Aicha voulut le prendre pour le coucher, mais il ne voulait pas le quitter, ne se lassant pas de regarder son beau visage tout mignon. Il dut appeler à son service pour dire qu'il ne viendrait pas, ne voulant pas laisser son fils.
Assy le trouva en train de s'amuser avec Seydina quand elle descendit vers 18 heures. Elle prit un air contrarié et sans rien lui dire, il prit son bébé et alla s'enfermer dans sa chambre. Il resta à ranger les jouets avant de passer des coups de fils avant de s'installer sur les fauteuils et attendre. Il resta au moins deux heures avant qu'Assy ne sorte. Seydina avait pris un bain et avait mis un pygama. En le revoyant, il tendit ses mains dans sa direction, mais sa mère se dirigea vers la cuisine sans faire attention. Elle lui donna à manger, la mine renfrogné, se retenant de parler...ou d'exploser. Il ne voulait pas envenimer les choses. Assy lui en voulait. A raison.
- Assy, j'y vais...j'ai amené des petits pots pour lui. J'espère qu'il va aimer.
-...
- j'essaierais de venir demain.
Toujours silence. Heureusement que Seydina gazouillait gaiement. Il resta quand même voulant lui parler. La veille quand il avait quitté Assy, il était allé voir son oncle et il lui avait tout expliqué. Il ne lui avait pas laissé le choix. Il voulait récupérer sa femme. Son oncle voulait être plus prudent, lui demandant de faire attention et que peut être qu'Assy le trompait encore. Il s'est énervé, lui criant presque dessus, et ce dernier avait compris qu'Omar ne rigolait pas. En rentrant, il a fait un compte rendu à son père et lui avait dit que le dimanche prochain, ils se rendraient à St-Louis pour présenter des excuses à la famille d'Assy. C'était un minimum et son père était d'accord. Il voulait expliquer tout cela à Assy, mais le visage fermé de cette dernière ne l'encourageait pas vraiment. Il préféra prendre congé, ou partir tranquillement.
Le soir, il appela Assy, espérant lui parler plus tranquillement, mais elle ne décrocha pas et ne répondit à aucun de ses messages. Il savait que ça n'allait pas être facile de toute façon. Depuis qu'il « tait rentré et avait laissé éclaté sa colère, il ne parlait plus à sa mère. Celle-ci le fit appeler, mais il ne répondit pas. Il lui en voulait trop. Et il comptait quitter cette maison rapidement.

Le lendemain, il allait encore aller rendre visite à son fils, mais son supérieur le fit appeler et il dut se rendre au siège de leur boite, intrigué par cette convocation. Il faillit tomber à la renverse quand ce dernier lui fit part de l'objet de la convocation. Son ex assistante, Mlle Fama Gueye avait déposé sur sa table une plainte pour harcèlement sexuel. Il du faire répéter plusieurs fois Mr Dieng pour comprendre ce qu'il disait, n'en croyant pas ses oreilles.
- mais c'est totalement faux. Je ne l'ai jamais harcelé...dit-il
- désolé Mr Bocoum, mais Mlle Gueye, dit que vous êtes sortis ensemble un moment, mais qu'à un moment, elle ne voulait plus de la relation pour convenance personnelle et vous n'avez rien voulu entendre. Et c'est pourquoi vous l'avez fait affecter dans une autre agence.
- mais c'est totalement absurde.
Il y eut un petit silence ou Omar secouait la tête, ne comprenant pas pourquoi on ne le croyait pas
- avez-vous eu une relation amoureuse avec elle ? demanda Mr Dieng tranquillement en fouillant un dossier sur la table
Il hésita, se gratta la tête.
- oui, mais...
- bon, le vous expose les faits. Elle a déposé une réclamation ici suite à son affectation et compte déposer une plainte auprès de la justice. Je pense que vous devriez vous trouver un avocat ou alors discuter avec elle pour trouver une solution.
Il sortit du bureau complètement sonné et appela Fama, lui demandant des explications
- je t'avais dit que je ne suis pas le genre de femme qu'on jette comme une chaussette sale.
- mais qu'est ce que tu veux Fama ?
- toi. c'est toi que je veux....


Mère Saly serrait fort son petit fils dans ses bras. Assy les observait en souriant. Ce weekend elle était venu à St-louis car Rama voulait dire bonjour à mère Saly et aussi pour ne pas encore supporter la présence d'Omar. Il venait tous les soirs et parfois quand elle le trouvait déjà rentrée, elle ne le laissait pas le voir, s'enfermant avec lui dans la chambre. Mais il restait. Sans rien dire, sans insister. D'autres fois, il venait avant elle et dans ce cas, elle lui prenait Seydina dès qu'elle arrivait. Parfois elle lui criait dessus en lui demandant de ne plus venir. Plusieurs fois elle a prévenu Aicha de ne pas lui ouvrir, mais cette dernière disait qu'il se couchait sur la sonnerie et les voisins sortaient, donc elle était obligé d'ouvrir. Rama était revenu la veille et elle était sortie avec Seydina et le soir, elles sont toutes sorties pour diner dehors. Quand elles sont revenues, elles ont trouvé Omar sur le pas de la porte et Seydina dormait. Donc il est parti tranquillement, tout en essayant encore une fois de parler à Assy, de lui dire qu'il ne voulait pas que les choses se passent ainsi entre eux. Au début ça l'énervait, mais plus il insistait, plus elle commençait à avoir pitié. Mais elle ne le lui montrait pas.
- C'est beau St-louis, dit Patrick.
Patrick. Assy le regarda un moment, et il en profita pour lui faire un beau sourire. Il s'était porté volontaire pour l'amener et en profiter pour visiter la ville.
- tu as vu non...c'est vrai que c'est une belle ville, répondit Rama.
- maman c'est bon, tu va l'étouffer...protesta Assy en voyant sa maman serrer encore Seydina qui rigolait comme pas possible.
Rama et Patrick éclatèrent de rire devant la mine choqué de mère Saly qui se mit à rouspéter en disant à Assy que c'était son mari et elle faisait avec lui ce que bon lui semblait. Elle avait présenté Patrick comme son collègue et sa mère l'avait bien accueilli en essayant de lui parler français, faisant rire tout le monde.
- et papa ? Et maman ? répétait-elle inlassablement
Ils passèrent une excellente journée et sa tante concocta un succulent thiébou dieune à la st-lousienne. Après cela, ils se rendirent sur les bords du fleuve pour se promener. Rama avait Seydina dans un kangourou et sans trop savoir comment, Patrick avait pris la main d'Assy. Elle voulait la retirer, sans le frustrer, mais il la maintenait fermement.
- tu sais que tu me plais beaucoup Assy, dit Patrick doucement.
Rama était un peu en retrait avec le bébé en train de répondre au téléphone. Assy paniqua un moment. Elle aurait tellement voulu qu'il ne lui dise jamais ce genre de chose. Et pourtant. Elle sentait les choses venir. Les petites allusions, les compliments, les petites attentions, les petits gestes. Oui, elle le voyait venir et avait tout fait pour lui envoyer des signaux négatifs. Lui parlant de sa vie compliquée, de son divorce. Mais rien. Elle le voyait se rapprocher d'elle.
- Pat...heuu
Il rigola
- je ne te demande pas de me répondre. Je veux juste que tu le saches. Je sais que ta vie est très compliquée actuellement et je ne vais pas en rajouter. Mais j'ai juste l'impression qu'à chaque fois que je t'approche tu a envie de fuir. Donc, il vaut mieux que tu saches ou je veux en venir et comme cela, les choses seront plus simples
Il le disait sur un ton désinvolte. Mais elle savait qu'il était sérieux. Rama les avait rattrapé et ils continuèrent à marcher ensemble et souvent, elle surprenait le regard tendre de Patrick sur elle. Ils rentrèrent un peu tard après avoir dîné en ville à l'hôtel ou était descendu Patrick. Plus tard, ils restèrent longtemps à discuter avec mère Saly, sa tante et les autres membres de la famille dans une très bonne ambiance. Omar ne cessait de l'appeler, mais elle ne décrochait pas et fini par éteindre son téléphone. Elle l'imaginait seule dans le couloir de l'immeuble à appuyer sur la sonnerie. En vain.

Le lendemain, elles se levèrent tard et étaient en train de prendre tranquillement leur petit déjeuner en discutant quand elles entendirent saluer à la porte. Elle distingua la voix d'Omar dans le lot et se leva pour voir. Elle vit tonton Amadou et son meilleur ami tonton Ismaela, son oncle tonton Omar, l'homonyme de son ex, sa badiène Fatou qui se dirigeait vers le bâtiment de sa mère. Elle avait Seydina sur les genoux et avait juste envie de fuir, ou d'aller se cacher quelque part. Mais c'était impossible. Tout ce beau monde s'immobilisa sur la véranda ou elles prenaient leur petit déjeuner et elle répondit aux salutations machinalement. Elle ne put empêcher Omar de prendre Seydina dans ses bras car ce dernier l'ayant reconnu tendait ses bras vers lui. Il le présenta à son père qui parut ému. Très émue et prit un mouchoir pour essuyer ses yeux humides, tandis qu'on leur amenait des sièges. Assy voulait reprendre son bébé, mais Omar lui fit un petit sourire en lui demandant de le laisser avec lui. Badiène Fatou voulait aussi le prendre dans ses bras
- Aye Omar, dérète mo fort. Ton fils est ton portrait craché. J'ai l'impression de te revoir au même âge. Assy ton mari t'a dominé on dirait sur ce coup.
Assy préféra ne pas répondre. Elle n'avait presque pas desserré les dents, répondant à peine aux salutations. Tout ce cinéma commençait à l'indisposer surtout quand sa mère appela sa tante et son mari car tonton Omar voulait discuter aussi avec les chefs de la maison. Rama s'était éclipsé et elle se leva aussi disposé à partir quitte à laisser Seydina. Mais tonton Omar la rappela
- Assy reste. On doit te parler.
Elle allait quand même partir, mais le regard de sa mère la découragea et elle se rassit à contre cœur, croisant au passage le regard appuyé d'Omar. Seydina était maintenant dans les bras de son grand père et ce dernier ne pouvait s'empêcher de verser quelques larmes sous le regard ému de son fils. En bons sénégalais, ils passèrent une demi-heure en salutations interminables, avant que tonton Omar ne prenne la parole.
- Saly, notre visite d'aujourd'hui n'est pas fortuite. Omar est venu chez moi pour me parler de ce qui s'est passé entre lui et sa femme. Il m'a tout expliqué. et tout ceci m'a fait mal. Avant d'être marié, ces deux là sont parents, cousins, donc on ne devait pas les laisser se séparer sans intervenir. Mais, les choses sont ce qu'elles sont et la situation est là. Un enfant est né de cette union. Il doit être là pour renforcer les liens, rétablir la paix et réunir ses parents.
Assy bouillait à sa place, ne supportant pas ce discours. Surtout que sa badiène aussi prit la parole pour s'excuser de leur retard et précisant qu'elle ainsi que toute la famille n'étaient pas au courant de la grossesse d'Assy et que s'ils avaient su tout ce malentendu n'arriverait pas. Tous, à tour de rôle ont parlé pour se dédouaner et s'excuser.
Après leur discours, mère Saly laissa la parole au mari de sa sœur, tonton Saidou
- comme dit l'adage, il vaut mieux tard que jamais, commença t-il. Assy est venu ici avec sa grossesse. Sa mère nous a juste expliqué qu'elle et son mari s'était séparé. Sans plus. Nous aussi nous avons joué notre rôle de parent, de kilifa. On l'a accueilli, et quand son fils est né aussi nous avons fait tout ce qui se devait. On a tué un mouton et on lui a donné le nom que sa mère avait choisi. Seydina Omar Bocoum. C'est elle qui a choisi le nom, car sa mère me disait que son père n'avait pas reconnu la paternité de l'enfant
Assy voulut parler. Elle ne tenait plus. Mais dans ce genre d'assemblée, elle ne pouvait se le permettre. Omar avait baissé la tête et badiène Fatou protestait en disant ne jamais avoir été mis au courant de l'accouchement d'Assy.
- elle est là, et je prends Dieu à témoin. Le jour du baptême, ne voyant personne venir du coté de votre famille, je lui l'ai appelé pour lui demander qui était le père de son fils. Et elle m'a répondu que c'était son ex mari. Une femme ne ment jamais sur la paternité de son enfant.
Tous en cœur, secouèrent la tête. Son oncle poursuivit son discours, énervant encore plus Assy
- donc si aujourd'hui vous me dites que vous reconnaissez que cet enfant est le votre et que vous n'étiez pas au courant, je ne peux que vous croire et vous redonnez votre femme. Parce que le mariage est toujours valable. C'est ce que dis la religion. En état de grossesse un divorce n'est pas valable. Il faut attendre l'accouchement et dans ce cas, s'il le désire, le mari peut confirmer sa décision de se séparer de sa femme ou alors la maintenir.
Assy soupira et relevant la tête croisa le regard interrogateur d'Omar. Elle secoua la tête e, signe de désaccord et détourna les yeux. Non, il s ne pouvaient pas comme cela décider que ce mariage n'était pas fini. Non. Dans sa tête c'était clair. Elle devait refaire sa vie. Pas parce qu'elle n'aimait plus son mari. Au contraire. Malgré l'indifférence qu'elle feignait à chaque fois qu'elle le voyait, malgré la colère sourde qui grognait en elle, la rancœur, la frustration, elle éprouvait quand même un fort sentiment pour Omar. Parfois, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à leurs bons moments, de vouloir encore goutter à ses lèvres, toucher son corps. Mais elle ne pouvait plus. Pour sa tranquillité, elle ne pouvait plus prendre le risque de souffrir à nouveau. Et avec la famille d'Omar, sa famille, elle savait qu'elle n'aura jamais la paix. On ne l'acceptera jamais. Et son fils risquait d'en souffrir. Et elle devait le faire comprendre à ce beau monde.
Heureusement, à la suite de son oncle, sa mère demanda la parole et sur un ton très calme, elle rappela l'origine de la brouille, son appel à Badiène Oumy et la réponse de cette dernière. A ce stade, le père d'Omar intervint pour encore s'excuser et leur dire toute sa déception suite à la réaction de sa femme qui n'é avisé personne. Mais Saly ne se laissa pas démonter et raconta l'appel d'Omar à sa fille, l'accusant de s'être fait engrosser par un autre. Cette fois c'est Omar qui prit la parole pour s'excuser de sa réaction et après avoir admit avoir été poussé à l'erreur par sa mère.
Toutes ses explications commençaient à ennuyer Assy et un moment, sa mère accepta les excuses d'Omar, et comme si c'était une délivrance, ils commencèrent à sourire, avant que son oncle se tourne vers Omar.
- Ah Omar, les choses sont claires maintenant. Tu as fait des pieds et des mains pour qu'on vienne te récupérer ta femme. Maintenant, la balle est dans ton camp. Souhaites-tu la reprendre ?
Cette fois, Assy bondit. Non, ils faisaient tous comme si elle n'avait pas son mot à dire, comme si elle était un petit objet, devant juste se contenter de suivre, comme un gentil toutou
- hhéééé...Non, mais arrêtez cela. Je n'en veux plus moi de ce mariage. C'est fini. Vous tous, autant que vous etes personne n'a remué le plus petits doigt quand on a eut des problèmes. Au contraire. J'ai eu droit à une mise en quarantaine de la part de toute la famille. Toute la famille. C'est vous, toi tonton Omar, Badiène Fatou, tonton Amadou. Vous avez souhaité et obligé Omar à se séparer de moi car je ne convenais pas. C'était il n'y a pas longtemps. Et aujourd'hui, parce qu'il y a un enfant, tout le monde viens s'excuser. Oui, maintenant, je suis apte à venir.
- Assy...tais-toi.
C'était sa mère qui essayait de la faire taire.
- Non maman. Tu ne peux pas avoir oublié ce qu'il t'ont fait. Ce qu'ils nous ont fait. Enfant ils n'ont jamais voulu de nous. Et pourtant mon père est leur frère. Mais ça n'a rien changé. On ne comptait pas dans cette famille. Et rien n'a changé maman. Ils sont là parce qu'ils ont un fils ici. C'est tout. Dans un ou deux ans, ils me chercheront encore des poux et me chasseront.
- ce n'est pas vrai Assy, dit Omar tranquillement.
- si c'est vrai...et tu le sais Omar. Tu veux qu'on se remette ensemble pour ton fils. Rien que pour ton fils. Eh bien non. Je n'entre plus dans ses mascarades. Ta mère ne m'aime pas, ta famille... « Ma » famille n'aime ni ma mère ni moi. Et je ne pense pas que mon fils sera épargné. Alors Omar libère moi une bonne fois pour toute.
Il y eut un long silence gêné, tendu. Assy attendait une réaction d'Omar. Et il réagit
- Assy...je sais que je n'ai pas été le meilleur des maris. Je sais qu'au cours de ses années, j'ai commis des erreurs avec toi. Je le reconnais et je n'en suis pas fière. Maintenant, je tenais, devant tout le monde ici présent Assy à te présenter mes excuses. Pardonne moi pour les mots blessants que je t'ai sorti, pardonne-moi pour t'avoir fait souffrir. Je veux que tout le monde sache que je t'aime. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé quelqu'un Assy. Les problèmes, la séparation n'ont rien changé. Cet enfant, ce sont nos prières que le Bon Dieu a exhaussé. Je te supplie juste de me donner une autre chance. Il est hors de question qu'on se sépare Assy. Je ne veux pas. Pardonne-moi.
Tous les regards étaient dirigés vers Assy. Attendant sa réaction, sa réponse. Elle perdit un moment ses moyens, sa belle assurance. Et son oncle reprit la parole.
- Assy, ton mari s'est excusé, tout le monde fait des erreurs. Il a eu la grandeur de les reconnaitre et de te demander pardon. Tourne la page. Fais le pour ton enfant.

Tout le monde le reprit et en rajoutait, mettant Assy mal à l'aise. Un moment il y eut un silence, et relevant la tête, elle se rendit compte qu'on la regardait. Seydina tendit à ce moment ses bras vers elle et elle le prit, en ayant le cœur gros.
- je lui pardonne. Je le fais pour mon fils. Son fils. Je ne vais plus l'empêcher de le voir. Mais pour le reste, je ne peux pas du jour au lendemain retourner avec Omar. Il s'est passé trop de choses. Je ne peux pas. Demandez-lui de me libérer.
Il y eut des murmures et Omar les calma
- je refuse Assy. Tu es ma femme. Je te donnerais le temps que tu voudras, mais ne me demande pas cela.
Il y eut encore un silence. Un malaise. Un gros. Perturbé par Seydina qui commençait à pleurer comme s'il avait décelé la tension entre les adultes.
- doumala séyal. Je perds ton temps si tu penses me retenir.
Le père d'Omar prit la parole pour essayer de la raisonner, ainsi que sa badiène. Mais elle n'en démordait pas. Omar ne restait qu'à cause de son fils. Et dans ce cas ce n'était pas la peine d'être marié. Elle le laisserait voir son fils.
- c'est bon...soupira Omar. Je te libère.
Il avait murmuré cela, la tête baissée et on sentait beaucoup d'émotion dans sa voix. Un moment Assy regretta de l'avoir acculé comme cela devant tout le monde. Elle eut même envie de lui prendre la main et d'essayer de le réconforter tellement il semblait abattu. Après cette déclaration d'Omar tout le monde gardait le silence. Elle eut les larmes aux yeux et elle les essuya rapidement
Tonton Omar reprit la parole
- Omar, Assy vous êtes jeunes. J'espère vraiment que les choses s'arrangeront entre vous et que cette enfant vous rapprochera à nouveau. Omar est ton cousin Assy. Discutez, et essayez d'arranger les choses. Maintenant les choses sont officielles. Tu n'es plus sa femme. Mais Seydina est son fils.
Assy jeta un coup d'œil à Omar, mais il gardait toujours la tête baissée et se tortillait les doigts nerveusement. Elle s'en voulut encore plus.
- Maintenant, on doit retourner sur Dakar. Saly parle à ta fille et j'espère qu'elle reviendra à de meilleurs sentiments. Omar l'aime. Il n'a cessé de me le répéter depuis des jours. Il regrette tout ce qui s'est passé. Je comprends Assy. Elle est en colère. Mais avec ton aide, il faut qu'on arrive à les réconcilier. Sur ceux, faisons une prière.
Tous tendirent les mains et après avoir formulé des prières, ils remirent une forte enveloppe à mère Saly avant de prendre congé. Seydina commençait à dormir dans les bras de sa mère et elle ne voulut pas se lever pour les raccompagner. Omar traina un moment et ils se retrouvèrent seuls.
- Assy, je suis désolé pour tout, dit-il doucement en la regardant.
Elle remarqua les yeux rougis, le visage grave
- Moi aussi. Je suis désolée. Vraiment. Répondit-elle, baissant la tête, ne supportant pas de voir autant de peine sur son visage.
- Allez ciao. Je passerai demain voir Seydina.
Elle se contenta de hocher la tête et il resta à la regarder. Sans rien dire. Et c'est ce moment que choisit Patrick pour entrer et se diriger vers elle avec un grand sourire, semblant ne pas trop remarquer Omar.
- hé la plus belle, tu n'aurais pas du venir avec Rama. je te rappelle qu'on devait aller faire un tour.
Il s'était penché pour lui faire son habituelle bise et en profita pour toucher délicatement la joue de Seydina qui dormait. En se relevant, il se retrouva devant Omar qui s'était approché et le dépassait d'une bonne tête. Ils se regardèrent un moment et Patrick lui tendit la main.
- Patrick. Je crois qu'on s'est rencontré la dernière fois à l'aéroport, commença Patrick en souriant un peu nerveusement
- c'est vrai. Moi c'est Omar.
La poignée de main ressemblait plus à un petit duel de coq qu'à une franche salutation. Heureusement qu'on appela Omar pour prendre la route et il se baissa pour déposer un baiser sur la joue de son fils. Assy ne put s'empêcher de couper sa respiration. Il était trop proche d'elle. Leurs bras se sont frôlés, et elle voyait de trop près ses lèvres. Un moment leurs regards s'accrochèrent et elle détourna la tête rapidement. Il se releva alors et prit congé d'Assy avec un petit geste.
Elle se leva pour se préparer à partir, laissant Seydina avec sa mère. Cette dernière la regardait avec des yeux pleins de reproches, mais elle n'avait pas envie d'en parler. Elle sortit avec Patrick et retrouvèrent Rama qui l'interrogea du regard. Mais elle n'avait toujours pas le cœur à en parler et ils firent rapidement quelques courses avant d'aller prendre congé et de revenir sur Dakar. Mère Saly voulut lui remettre l'enveloppe, mais elle refusa de prendre et partit rapidement. Plus tard, elle raconta à Rama le déroulement de la réunion et cette dernière la l'écoutait sans rien dire.
- tu es sûre que c'est ce que tu voulais Assy. Pourquoi j'ai l'impression que tu es toute triste.
Elle se força à sourire.
- peut-être parce que je le suis un peu.
- tu l'aimes toujours c'est ça.
Elle haussa les épaules sans rien dire.
- écoute de toute façon la séparation ne pourra que vous faire du bien. Prend le temps de réfléchir. Si tu penses que le mieux c'est de repartir avec lui eh bien...tu le feras.
- tu penses qu'il va passer toute sa vie à m'attendre. Déjà la dernière fois, il était avec son assistante et ça avait l'air de coller. Donc je ne me fais pas trop d'illusions. Il voulait que je revienne juste pour son fils. Donc que je l'aime ou pas n'a pas vraiment d'importance.
Rama lui proposa de venir s'installer au Maroc avec elle, mais elle ne voulait pas. Elle n'avait pas aussi le droit d'éloigner Omar de son fils. Et il y avait aussi sa mère.

Cette nuit, Assy pleura. Elle pleurait son Omar, son amour. Toutes ses années ou elle a quand même été heureuse avec lui. Mais elle se faisait une raison, en se disant que de toute façon, ça n'aurait jamais marché entre eux. Pas tant que sa famille sera là à jouer les hypocrites. Et puis elle n'était pas vraiment sûre des sentiments de ce dernier pour elle. Il lui avait fait tellement de méchancetés ces derniers temps, lui a dit tellement de propos blessants. Et puis, elle l'avait bien entendu flirter avec son assistante. Peut être même qu'il était déjà engagé dans une autre relation. Non, la meilleure chose à faire est de tourner cette page.

Omar s'écroula sur son lit. Abattu. Se demandant ce qu'il avait fait pour mériter tout cela. Assy ne voulait plus de lui. Il avait tout gâché entre eux. Tout d'un coup, il se sentait vide, malheureux. Il avait perdu la femme de sa vie. Bêtement. Son téléphone sonna. Fama. Il décrocha quand même.
- Chéri, qu'est ce que tu me fais là ? je t'attend depuis une demi heure.
Il soupira. Elle avait promis de retirer sa plainte à condition qu'ils se voient et qu'ils discutent du problème. Mais là, il n'avait le cœur à rien du tout.
- écoute Fama, je n'ai pas le cœur à discuter de tout cela. Fais ce que tu voudras. Je m'en fous pas mal maintenant.
Il raccrocha avant qu'elle ne proteste et éteignit son téléphone, préférant ruminer seul sa peine. Il avait les yeux grands ouverts une heure plus tard quand il entendit sonner. Il ne voulait pas bouger, mais ça insistait et finalement, il se leva pour ouvrir. C'était sa petite sœur Ami. Depuis qu'il s'était séparé d'Assy leur relation était redevenue normale. Mais depuis qu'il était revenu de voyage et avait découvert qu'il avait un fils, il en voulait à tout le monde
- qu'est ce que tu veux Amy ?
- te parler. S'il te plait.
Il hésita avant de s'écarter. Awa était juste derrière. Cachée. Celle là, elle l'avait classée comme sa mère et ne lui adressait plus la parole. Elles s'avancèrent vers le salon et un moment s'arrêtèrent, figées. Omar avait prit une photo de Seydina et l'avait agrandi pour le mettre au salon. Amy resta des minutes à regarder la photo, tandis qu'Awa s'était assise et se tenait la tête.
- c'est Seydina ? demanda t-elle lentement
- Oui. Seydina Omar.
Elle garda encore le silence.
- il est vraiment mignon...et comment va Assy ?
Il soupira
- Amy pourquoi tu es là. Je suis fatigué et je n'ai pas vraiment envie de parler.
- pour m'excuser. Je suis vraiment désolée pour tout ce qui s'est passé dernièrement. Maman nous avait dit qu'Assy était enceinte. On aurait du t'en parler. Mais...
- Ok c'est bon. Donc toi aussi tu savais.
Il soupira. Awa prit la parole
- Omar, on est vraiment désolé. C'est vrai que c'est un peut tard, mais on tenait quand même à te présenter toutes nos excuses. Tu es un grand frère merveilleux et tu ne mérite pas tout cela.
Il y eut un petit silence
- Assy aussi ne mérite pas tout cela. Elle t'aimait et ça se voyait.
Omar ne trouvait rien à dire. Tout cela commençait juste à lui peser. Il rassura ses sœurs et retourna se coucher. Encore plus dépité. Il avait perdu Assy. Et tout ce qu'il voulait c'est être seul.

Assy trouva Omar à la maison. Encore. Elle se demanda s'il travaillait. Quand elle appelait le matin Aicha lui disait qu'il était là. Et le soir il était encore là. Peut être qu'il était en congé. Mais elle ne pouvait savoir. Ils ne se parlaient presque pas. Au début c'était Assy qui l'évitait, ne voulant pas lui adresser la parole. Mais après, Rama lui avait fait remarqué avant qu'elle ne parte que c'était un comportement enfantin et puéril. Et elle avait raison. Ils avaient un enfant ensemble. Mais maintenant, c'était lui qui se renfermait complètement sur lui. Quand elle descendait, même sans qu'il ne lui dise rien, il lui remettait Seydina et prenait congé. Sans plus. Elle avait remarqué qu'il évitait de le regardait et leur échange se limitait au strict minimum. Cette situation lui pesait maintenant, même si c'était elle qui avait commencé.
En semaine, il venait le matin et passait la journée avec Seydina. Les weekends, il appelait Assy pour demander s'il pouvait venir. Et la plupart du temps, Assy lui disait non, car elle voulait rester avec son fils, ou alors elle partait à St-louis voir sa maman.
On était jeudi et apparemment il avait encore passé la journée avec son fils. Assy venait de rentrer et après de brefs salutations, elle était comme d'habitude parti prendre une douche avant de faire ses prières et de sortir. et c'était toujours ce moment que choisissait Omar pour prendre congé et parfois Seydina se mettait à pleurer quand il savait que son père allait partir. Et ce soir, particulièrement, il refusait qu'Assy le prenne et s'accrochait au cou de son père.
- qu'as-tu fait à mon fils pour qu'il ne veuille pas venir me dire bonjour, dit Assy sur un ton faussement colérique
Omar, surpris, la regarda. En deux mois c'était une des phrases les plus longues qu'elle lui accordait. Ils se regardèrent et Assy détourna les yeux. Légèrement troublée.
- c'est juste qu'on passe beaucoup de temps ensemble.
- oui, j'ai remarqué. Aicha n'a plus grand-chose à faire.
Encore un petit sourire entendu.
- tu...es en congé ? Osa demander Assy finalement
Il sourit
- non, pas vraiment. Disons que je suis au chômage ces temps-ci...
Dis sur un ton si léger, Assy eut du mal à le croire. Et son air surprit, fit éclater de rire Omar.
- c'est une longue histoire. Tu te souviens de Fama ?
- ton assistante ?
- oui, elle avait déposé une plainte contre moi pour harcèlement car j'avais demandé son affectation. Eh bien, elle a maintenu ses propos et on m'a servi une mise à pie. J'ai préféré démissionner. Et depuis, je suis là. Heureusement que j'ai Seydina.
Assy avait les yeux grands ouverts, surprise par tout ce qu'il venait de lui dire.
- mais.. ; Comment c'est possible ? Vous...heu...vous sortiez ensemble non ?
Elles les avaient entendus ce jour là au téléphone. Ils avaient l'air d'un couple.
Omar sourit et rigola nerveusement
- je ne sais pas si cette conversation est de mise. Ça fait deux mois que tu ne me parles pas et d'un coup tu me demande tout ça.
Assy baissa la tête. Honteuse.
- c'est vrai. Je...je t'en voulais Omar.
- je sais, répondit-il sur le même ton, en baissant aussi la tête.
Il y eut un petit silence, interrompu par les gazouillis de Seydina.
- même moi je m'en suis voulu. Donc je te comprends Assy.
Elle soupira et le regarda. Il avait laissé pousser sa barbe ce qui lui donnait un faux air négligé qui lui allait à merveille. Elle avait envie d'y poser sa main, de toucher. Avant, quand il laissait pousser sa barbe, elle se moquait de lui et l'obligeait à l'enlever. Maintenant, elle se contentait de regarder.
- je suis désolée pour ce qui t'arrive. J'espère que cela va s'arranger. Dit-elle doucement.
- je l'espère aussi.
Il y eut un petit silence.
- Assy...
- humm
- je crois que je vais y aller.
Seydina s'était endormi dans ses bras et il parlait doucement pour ne pas le réveiller. Assy se leva pour le prendre. Elle était obligé de le toucher, de se rapprocher de lui, de sentir son souffle, sa respiration chaude. Elle se releva, perturbée et ne sachant trop quoi dire. Elle avait tellement prit l'habitude de ne pas lui parler.
- je...Excuse-moi d'avoir été odieuse ces dernières semaines. Mais...
- Non, ce n'est rien. Merci déjà de me laisser le voir sans problème.
- c'est ton fils Omar.
Il sourit.
- je t'avais dit qu'il me ressemblera...dit-il en la regardant
Elle sourit aussi, détournant les yeux
- oui, malheureusement. Il est tout vilain...
Ils rigolèrent. Pour la première fois depuis qu'il venait, elle rigolait devant lui. Et c'était aussi la première fois qu'ils se taquinaient. Comme avant.
- tu es la seule à le dire. Il est trop beau...comme son père.
- tu t'enflammes...
Encore un éclat de rire. Ensuite, ils se regardèrent. Un peu trop longtemps. Un peu trop intensément. Assy imperceptible, laissa son regard s'attarder sur ses lèvres, se troublant. Elle détourna la tête la première, tandis qu'Omar continuait à la fixer. Augmentant son trouble.
Son téléphone sonna. Elle se détourna. Soulagée. C'était Patrick.
- salut ma belle.
- slt...
Elle jeta un coup d'œil à Omar qui remettait ses chaussures.
- tu es toujours fâchée contre moi ?
- Non, même pas. Écoute, je te rappelle. Il ya Seydina qui essaie de dormir.
- ok. A plus bisou.
Elle raccrocha
- j'y vais Assy. Demain c'est samedi. Je crois que je ne pourrais pas le voir. Peut être dimanche alors ?
- Oui. A dimanche.
Et il partit. Elle coucha Seydina et passa un coup de fil à sa mère. Elle allait se coucher quand Patrick rappela. Elle ne savait pas comment définir leur relation. Depuis bientôt un mois, après le départ de Rama, il se montrait plus présent. Au début, elle se laissait faire, trouvant en lui une épaule réconfortante et rassurante. Mais elle sentait qu'il voulait plus que la relation amicale qu'elle tentait d'instaurer entre eux. Il était charmant, patient, et vraiment, à part la différence de religion et de culture, elle n'avait pas grand-chose à lui reprocher. Mais elle n'avait pas le droit, elle ne pouvait plus se permettre de se fourrer dans ce genre de relation compliqué. Surtout qu'Omar était tellement présent, et son fils tellement jeune. La veille, il avait essayé de l'embrasser et elle l'avait très mal pris. Bien qu'il se soit excusé, elle bloquait encore
- Patrick. Excuse-moi je terminais des choses ?
- quelles choses ?
Il était dans les détails. Il avait toujours envie de savoir ce qu'elle faisait. Mais ce soir elle n'était pas d'humeur
- rien.. ; Des broutilles.
- Assy. Je suis vraiment désolé pour hier. Je...
Elle l'interrompit.
- ce n'est rien Patrick. N'en parlons plus.
- justement je voudrais qu'on en parle Assy. je t'ai dit que tu me plaisais. Tu m'a bien expliqué que c'était compliqué, mais je sais être patient tu sais. Seulement, je voudrais bien sentir un tout petit peu que c'est possible.
Assy garda le silence un moment
- Patrick, c'est compliqué. On n'est pas de la même religion
- je peux être musulman Assy. Tu le sais.
- Oui, mais ce n'est pas si simple que cela. Écoute, il est tard, et si on en parlait demain.
- je vous apporte le petit déjeuner demain, dit-il avant de raccrocher pour ne pas entendre les protestations d'Assy.

Le lendemain, comme convenu, il est arrivé très tôt et Assy l'entendait taquiner Aicha. Elle se leva et prit Seydina qui commençait à pleurnicher de faim. Il lui fit la bise et lui tendit les sachets de croissants. Ils prirent ensemble un petit déjeuner royal et elle se changea pour sortir ensemble faire quelques courses. Plus tard, alors qu'Aicha était parti voir une de ses amies ils se retrouvèrent seuls dans l'appartement. Seydina dormait dans la chambre et ils discutaient de tout et de rien. Cette fois encore, il remit sur le tapis une probable relation entre eux. eMais Assy ne pouvait s'y résoudre.
- Ecoute Patrick, j'ai passé l'âge de m'amuser. Je ne veux plus rien faire que je puisse regretter demain. Donc donne-moi le temps.
- fais-moi confiance. Tu ne le regretteras pas.
- je sais. Mais je ne suis pas prête pour ce genre de choses. Comprend-moi.
Il hocha la tête, déçu. Mais lui promit de l'attendre
Elle hocha la tête, anxieuse.

Le mois qui suivit fut difficile pour Assy. Elle avait plus de travail et terminait parfois très tard. Elle restait donc au bureau jusque très tard et passait son temps à appeler Aicha pour demander comment allait son bébé. Mais il y avait toujours Omar qui était là. parfois, il l'amenait se promener et Seydina adorait son père. Avec Patrick, c'était plus...compliqué. Il faisait tout pour être adorable avec elle. C'était son supérieur et elle devait rendre compte. Mais les séances de travail étaient parfois transformées en déclaration d'amour qui gênait Assy. Mais il n'insistait pas. Lui assurant qu'il attendrait. Seydina avait 9 mois et malgré tout, elle estimait qu'elle n'avait pas le droit d'amener un homme. De temps en temps, elle acceptait de sortir avec lui pour de petites soirées restaurants. Il lui assura qu'il ne buvait plus, ne fumait plus, et qu'il avait commencé à lire les préceptes de l'islam. Assy se plaisait à lui recommander des livres. Oui, Patrick était adorable et n'importe quelle femme serait sous le charme. Mais Assy ne savait pas ou elle en était
C'était dimanche et Assy devait sortir avec Patrick car il avait un de ses amis avec qui il avait fait ses études à Paris, qui était à Dakar avec sa famille. Elle demanda à Aicha d'aller se promener avec Seydina, le temps qu'elle se prépare rapidement. Elle avait commencé à se doucher quand elle entendit la sonnerie. Pensant que c'était Aicha qui avait oublié quelques choses, elle prit une minuscule serviette et sortir en courant pour aller ouvrir. Sans regarder qui avait ouvert, elle recourrait déjà vers sa chambre pour terminer sa douche.
- Aicha, je suppose que tu as oublié ta clé. Ferme en sortant
- c'est moi...
Elle se retourna et regarda Omar qui refermait la porte.
Elle se sentit tout à coup...toute nue. Sa petite serviette ne cachait pas grand-chose.
- Omar. heuuu...Aicha est sorti avec Seydina. Je ne savais pas que tu devais venir.
- ce n'est pas grave Assy. J'ai essayé de t'appeler, mais je n'arrivais pas à te joindre. Je crois que je vais partir

Omar regardait Assy. Incapable de détourner les yeux. Il aurait du ouvrir la porte et partir. Mais au lieu de cela, il s'approcha d'elle. Sa Assy. il avait pensé qu'elle s'enfuirait, mais elle était encore debout là. À la porte de la chambre. Retenant d'une main la serviette qui cachait à peine ses seins et arrivait juste après les fesses, dévoilant ses belles jambes. Non, il ne pouvait se retenir. Il était à quelques centimètres d'elle et elle avait levé ses yeux sur lui. Il voyait sa respiration s'accélérer, sa poitrine se lever et s'abaisser frénétiquement.
- tu m'as tellement manqué Assy...
Il se baissa et l'embrassa lentement. Se contentant de saisir lentement sa lèvre inférieure avant de se reculer un peu pour la regarder.
- Arrête Omar...souffla t-elle.
Mais elle ne bougeait pas.
Cette fois, son baiser s'accentua et il entendit Assy gémir et se mettre sur la pointe des pieds.
- je t'aime tellement Assy.
Il prit sa main qui retenait sa serviette qui tomba, dévoila son magnifique corps nu. Omar déglutit difficilement et son regard remonta au visage d'Assy, ses yeux s'accrochant aux siens. Il eut lu du désir. Comme avant. Elle avait envie de lui. Son corps réagit. Il la souleva doucement et l'entrainant sur le lit
- arrête Omar. Je dois sortir.
Il se mit à l'embrasser et Assy glissa ses mains sous son teeshirt avant de le lui retirer frénétiquement et de laisser courir ses doigts sur la poitrine...rapidement, leur corps se retrouvèrent, s'accrochèrent, se cherchèrent. Assy gémissait en s'accrochant à Omar
Un moment, elle eut un éclair de lucidité et essaya de repousser Omar
- Arrête Omar. Va-t'en.
Omar s'arrêta et la regarda un instant. Mais il était trop excité. Il reprit ses caresses et ses baisers un moment avant de s'arrêter et de la regarder.
- tu veux vraiment que j'arrête ?
Elle essaya de se dégager.
- On n'est plus marié Omar. On ne doit pas faire ce genre de chose...
- on se marie alors ???
- c'est hors de question

Omar regarda Assy.
- pourquoi Assy ?
Elle essaya de se redresser, mais Omar la maintenait contre lui. Comme Assy ne répondait pas, il laissa courir son doigt le long de son épaule et descendit lentement vers sa poitrine. Elle sursauta et sourit.
- arrête...
- répond-moi d'abord. On peut se remarier Assy.
- je t'ai dit non Omar. Je ne veux plus me marier avec toi.
Il la regarda intensément. Un long moment. Essayant de voir dans ses yeux les réponses qu'il voulait entendre.
- tu ne m'as toujours pas pardonné ? dit-il finalement.
Elle détourna les yeux, cherchant encore une fois à se libérer.
- laisse-moi y aller Omar.
Il écarta les bras et se poussa, permettant à Assy de se redresser. Comme si elle venait de se rendre compte de sa nudité, elle se couvrit les seins avec ses bras, faisant sourire Omar
- je t'ai déjà vu nue tu sais.
Assy sourit également
- oui, mais c'était avant, répondit-elle
Omar était toujours couché et lui caressait lentement le dos, la faisant frissonner. Omar ne répondait rien, mais s'était redressé pour déposer de petits baisers sur son dos, glissant ses mains sous ses aisselles et entourant délicatement ses seins. Assy gémit et se laissa aller contre lui, non sans protester faiblement.
- Oui c'était avant dit-il finalement. Je voudrais tellement que tout redevienne comme avant Assy.
Elle ferma les yeux et savoura les délicieuses caresses d'Omar. Il connaissait tellement bien son corps. Il savait exactement ou il fallait toucher pour la faire réagir.
- tout ne peut plus être comme avant Omar. Il s'est passé tellement de choses.
- tu ne penses pas que tu pourras me pardonner.
- je t'ai pardonné. J'ai aussi ma part de responsabilité. J'attendais peut être trop de toi.
Il y eut un silence
- enfin bref, je n'ai plus envie de revivre cela.
- tu ne le revivras plus. Je te le promets.
- tu m'avais promis tellement de choses Omar. Tu avais promis qu'on serait toujours ensemble. Tu avais promis que tu pourrais supporter mon passé. Tu avais promis que tu ne laisserais personne se mettre entre nous.
- je sais...
Il s'était aussi redressé et avait posé son menton sur l'épaule d'Assy
- tu avais promis de ne jamais me faire souffrir...
- je sais. Assy, je ne sais pas ce qui m'a pris. Je regrette tellement.
Elle s'était tournée pour le regarder. Le sonder. Il hésita, semblant chercher une réponse
Elle se leva lentement et Omar ne fit rien pour la retenir. Elle se rendit dans les toilettes et se regarda un long moment dans le miroir. Se demandant que faire maintenant de sa vie.
Quand elle sortit, Omar s'était rhabillé et était assis sur le bord du lit. Elle était en peignoir et allait passer devant lui, mais il lui prit la main et l'attira vers lui. Elle protesta faiblement et se retrouva entre ses jambes, ne voulant pas le regarder. Mais il lui prit le visage et l'obligea à le faire. Elle le regarda. Au fond des yeux. Ne pouvant rien y lire qu'une profonde tristesse. Elle en eut les larmes aux yeux et elle baissa la tête, les laissant couler.
- Assy, je t'aime.
- moi aussi. Mais je n'ai plus confiance en toi Omar. Je suis désolée.
- Assy...
Elle le regarda tristement
- A chaque fois que tu m'en a voulut, que tu étais fâchée contre moi, tu m'as traité comme une moins que rien Omar. Sans vraiment chercher à comprendre. Tu...j'étais enceinte Omar. De toi. Quand tu m'as appelé pour me dire que j'étais...une...
La voix tremblante, elle ne put continuer, étreinte par l'émotion
- Je suis désolé Assy. Ça ne se reproduira plus.
- si Seydina n'était pas là, tu serais là ?
Il garda le silence un moment. Trop long pour elle. Elle chercha à se dégager.
- attend Assy. Je te jure que je n'ai jamais cessé de t'aimer. Il y a eu une grosse incompréhension. Tout ceci n'aurait jamais du arriver.
- je pense que oui. Je cherchais juste un moyen
- pourquoi j'ai du mal à te croire ?
- je n'en sais rien. Tu ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais je sais une chose. Je ne supporterais plus cela. Et je préfère ne plus me risquer à tenter le coup.
Omar garda le silence un moment, essuyant délicatement de ses doigts les larmes d'Assy qui coulaient lentement, avant de la serrer contre lui, posant sa tête sur sa poitrine, écoutant les battements de son cœur. Ils s'embrassèrent encore et elle lui demanda gentiment de partir, lui expliquant qu'elle devait aller diner chez des amis à Patrick. Avant de partir, il lui avait quand même demandé de réfléchir à leur avenir ensemble, de penser à leur fils et surtout de bien comprendre qu'il l'aimait.

- tu es belle Assy, s'exclama Patrick quand elle lui ouvrit la porte.
- merci. Toi aussi tu n'es vraiment pas mal.
Il s'était coupé les cheveux et avait mis une belle chemise. Lorsqu'il se pencha pour lui faire une bise, elle sentit un parfum délicieux qu'elle ne put s'empêcher d'apprécier.
- et tu sens bon. Entre. Je prends mon sac et on y va.
Aicha donnait à manger à Seydina et Patrick s'arrangea pour prendre le relais et Seydina le regardait comme toujours...bizarrement. Patrick se moquait en disant qu'il ne s'habituerait jamais à sa couleur de peau. Assy lui disait que c'était ses yeux bleus qui devaient l'intriguer. En tout cas, il pouvait rester des minutes à fixer Patrick sans sourciller. Patrick voulait l'amener au diner, mais Assy refusa disant qu'il allait bientôt dormir et qu'il risquait de pleurnicher là bas. Donc ils partirent seuls.
Assy était étonnement calme. Elle rigolait à peine aux blagues de Patrick et ce dernier lui fit la remarque. Elle prétexta une fatigue passagère avant de se replonger dans ses pensées. Sa pensée. Omar. Elle aurait voulu ne plus l'aimer, le détester. Mais pas ressentir ces sentiments troubles, ces sensations délicieuses quand elle était dans ses bras. Il lui avait fallu un effort surhumain pour quitter ses bras et lui dire droit dans les yeux qu'elle ne voulait plus que ce genre de choses se reproduise entre eux. Bien sur Omar ne lui avait rien promis, lui répétant qu'il l'aimait et ferait tout pour la récupérer. Mais elle voulait être ferme.
- Assy, je te parle...
Elle sursauta.
- décidemment, tu n'es vraiment pas dans ton assiette.
Elle se forçat à sourire. Ils étaient arrivés et ils trouvèrent pas mal d'incités déjà sur place. Ce qui dérangeait Assy c'est qu'elle avait l'impression que tout le monde la connaissait car Patrick apparemment ne cessait de parler d'elle. Il ne lui lâchait pas la main et se comportait avec elle comme si elle était sa copine. Elle en étai gênée, mais trop triste pour réagir. Elle se contentait de sourire et de participer du mieux qu'elle pouvait. Juste après le diner, elle entendit une vois qui lui semblait familière saluer à l'entrée. Et effectivement. Khalil.
Il était aussi étonné qu'elle en la voyant. Au début, il avait eu du mal à le reconnaitre
- Assy ???Non khalé mague na. C'est bien toi ? Mais tu es tout simplement magnifique. Eh bien
Il la regarda avec de gros yeux, se tenant la bouche, faisant sourire Assy
- Khalil arrête voyons...protesta Assy
Patrick intervint
- oh Khalil laisse tomber. Elle n'est pas libre.
Khalil sourit.
- mais Patrick tu va arrêter. Assy est comme une petite sœur pour moi. enfin la Assy que je connaissait...
Il la regardait bizarrement et un moment, elle fut vraiment gênée et s'excusa pour se rendre dans les toilettes.
En sortant, elle fut capté par Khalil qui la prit par le bras pour l'entrainer un peu à l'écart pour lui parler. Il lui demanda de ses nouvelles et elle lui dit qu'elle avait divorcé et avait un enfant. il hochait toujours la tête avec un air...énigmatique
- tu ne me demandes pas des nouvelles d'Ibrahima ?
Elle sourit.
- je devrais ? il va bien non ?
Non, elle ne voulait pas avoir de ses nouvelles. Elle avait réussi à l'enfouir dans un coin reculé de son esprit, ayant au fil des années réussi à le sortir de son cœur.
- oui, il va bien...
-c'est tant mieux.
Patrick vint à son secours et elle demanda à rentrer car il commençait à faire tard.

Le lendemain, elle passa une journée tranquille avec son fils et Aicha. En début d'après midi, Omar se pointa et comme elle n'avait pas vraiment envie de lui parler, elle s'enferma dans sa chambre. Leur conversation de la veille était encore présente et elle voulait lui montrer qu'elle avait bien l'intention de faire sa vie sans lui. Elle ne voyait pas encore comment, car même si elle lui en voulait toujours, elle devait quand même reconnaitre que leurs petit écart de la veille avait réveillé en elle des sensations qu'elle ne voulait plus ressentir pour lui. Elle aurait préféré rester de marbre, mais au lieu de cela, elle s'était laissé aller et aurait même voulu qu'ils aillent plus loin. Il lui manquait. Tellement. Mais elle ne devait plus.
- Assy, je voudrais amener Seydina à la maison. Mon père ne cesse de le réclamer.
Elle grimaça. Son fils chez sa badiène. Elle en avait des frissons. Mais pouvait-elle refuser ? C'était aussi son fils.
- heuu...je ne sais pas.
- je le ramènerais assez tôt.
Elle ne dit rien, continuant à s'affairer dans la cuisine
- Assy...
Elle le regarda
- tu as réfléchis à ce que je t'ai dit hier ?
Elle soupira.
- Omar, je n'ai pas changé d'avis, répondit-elle. Je ne vais pas me remettre avec toi. Je ne peux plus le faire.
Il ne dit rien et se contenta de hocher la tête. Elle changea son fils et le remit à son père. En silence. Omar se mura dans un lourd silence qu'elle ne fit rien pour rompre. Au moment de partir, il la regarda un long moment avant de partir. Triste.

Omar ne savait plus ou il en était avec Assy. Il ne savait pas. La veille, il avait été surprit qu'elle réagisse comme cela à ses baiser. Il pensait qu'Assy le haïssait, qu'elle ne voulait même pas le voir en peinture. Mais il avait passé la nuit à se dire que c'était encore possible. Il savait qu'il l'avait profondément blessé. Oui, il le savait. Il savait aussi que ça ne serait pas facile pour elle de pardonner. Mais il essayera. Elle avait répondu à ses baisers, elle avait vibré dans ses bras. Comme avant. Lui redonnant espoir que c'était encore possible. Même si elle lui avait clairement dit qu'elle ne reviendra jamais avec lui. Mais il voulait essayer. La convaincre qu'il l'aimait. Malgré tout ce qui s'était passé. Et pas seulement pour son fils. Mais surtout pour elle. Il l'aimait. Et ce Patrick qu'elle voulait faire passer pour son petit ami n'y changerait rien.
Il était fier de présenter son fils. La plupart de ses amis étaient chez lui et Seydina était l'objet d'attention de tous. Tout le monde voulait le prendre et il était tout simplement adorable. Tout le monde était unanime à lui dire que Seydina lui ressemblait beaucoup. Plus tard, quand tout le monde fut parti, il se décida à amener Seydina dire bonjour à ses grand parents. Il trouva sa mère et son père au salon.
- mais c'est Seydina Omar...dit son père qui l'avait déjà vu.
Sa mère qui égrenait son chapelet, le laissa tomber à la vue du bébé et Omar vit ses yeux s'embuer de larmes. Elle prit un pan de son foulard pour essuyer et demanda à le prendre. Seydina refusa d'aller la voir. Fermement. Il se mit même à crier pour que son père le reprenne. Cette fois sa mère laissa couler ses larmes. Triste.
- Omar ton fils ne m'aime pas on dirait.
Elle se leva et rentra dans sa chambre pour en sortir avec une vieille photo d'Omar. On aurait dit Seydina au même âge. Depuis qu'il avait découvert qu'il avait un fils, Omar ne parlait presque plus à sa mère. Il se contentait de la saluer, de lui demander son état de santé. Il ne pouvait plus. Du moins pas pour le moment. Même pour son chômage, il avait juste avisé son père et celui-ci l'avait soutenu en lui promettant des jours meilleurs.
Fama. Elle avait été impitoyable avec lui. Le poussant à la démission. C'était soit cela, soit accepter son chantage. Depuis, il ne cherchait pas vraiment un autre travail, voulant prendre du recul, profiter de son fils. N'eut été lui et Assy, il aurait quitté le pays. Ne supportant presque plus sa famille. Mais il ne pouvait pas.
- puisque vous êtes là tous les deux, je voulais vous annoncer que je vais déménager.
Sa mère sursauta et le regarda bizarrement.
- j'ai déjà trouvé un appartement et j'attends la semaine prochaine pour prendre mes affaires.
- Omar, tu ne travailles pas ces temps, ci. Je ne crois pas que ça soit une bonne idée de déménager.
- en fait, je ne faisais que vous aviser de ma décision. Je ne compte pas revenir sur cela.
Il y eut un silence. Pesant. Tout avait tellement changé. Maintenant il avait des problèmes pour regarder sa mère sans ressentir cette rancœur, cette déception, ce regret. Il se demandait comment il en était arrivé là.
- il est tard. Assy va s'inquiéter. Je vais le ramener.
Il se levait quand on sonna à la porte. Il cru mal voir quand il vit Assy entrer tranquillement. C'était son frère Alassane qui avait ouvert et l'accompagnait, bras dessus bras dessous
- je vous amène Mme Bocoum...dit-il en entrant.
- Non, Mlle Kane, rectifia t'elle.
Omar vit le visage de sa mère se décomposer. Perdre ses moyens un moment. avant d'afficher un large sourire
- Assy. ma fille. assied-toi.
Assy se dirigea vers elle avec un petit sourire
- Badiène...Diop.
Elle fit une génuflexion en regardant sa mère droit dans les yeux. Omar ne perdait aucune miette de la scène. Gêné sans vraiment y participer. Il intervint car un lourd silence s'était installé.
- Assy j'allais le ramener.
Elle sourit
- je sais. Mais je voulais venir dire bonjour à ma badiène. Depuis que j'ai quitté cette maison, on ne s'est pas vu.
- ha ma fille, tu es trop gentille. Lahila. Je disais à Omar que Seydina est son portrait craché.
- ha...tu trouves ? demanda t'elle un brin ironique.
Sa mère se perturba encore plus. Cherchant un objet sur le fauteuil ou elle était assise, bougeant sans cesse, incapable de regarder Assy. Cette dernière se leva finalement.
- Omar, on y va...
- Assy reste, ne part pas. il diner est prêt, essaya de la retenir Badiène Oumy.
- non, je passais juste dire bonjour. Une autre fois peut être....
Plus tard dans la voiture, Omar ne cessait de lui jeter des coups d'œil. Elle avait le visage fermé, crispé. Il voulait l'interroger, mais se dit que ce n'était pas le moment. Il savait que ça avait du lui couter d'être revenu dans cette maison.

- Assy...
Elle leva la tête de sa pile de dossiers. Fatiguée. La semaine avait été vraiment épuisante pour elle et elle sentait les effets.
- Khalil...
Elle le regarda, surprise de le voir ici.
- j'avais rendez-vous avec Patrick.
- ha...
Que dire de plus. Elle ne voyait pas. Elle regarda sa montre. Presque 19 heures. Elle sursauta et ferma le dossier et rangea ses affaires.
- excuse-moi. Tu veux que je t'accompagne dans le bureau de Patrick.
Il hésita
- on peut, peut-être discuté un peu avant.
- discuter de quoi ?
Il s'approcha d'elle.
- je t'invite ?
Elle fronça les sourcils, ne comprenant rien. Depuis qu'ils s'étaient vus lors du diner, il venait souvent au bureau et demandait toujours à voir Patrick.
- Khalil, je n'ai pas de temps. Mon fils m'attend, et il est tard. Je n'aime pas ton attitude de ces derniers temps avec moi. Soit je suis folle, soit j'ai l'impression que tu essaie de...de...
Elle secoua la tête. Et lui, le regardait fixement. Les yeux grands ouverts. Etonné.
- Non, non Assy.
Il rigola. Soulageant Assy. Elle ne comprenait plus rien de son comportement. Il l'invitait à sortir, voulait avoir son numéro, l'appelait sur le fixe.
- Bon, je jour mal le rôle d'intermédiaire on dirait. En fait, Iba voudrait te parler. murmura t-il
Elle crut avoir mal comprit. Elle préférait croire cela. Et ne demanda rien.
- Bon j'y vais. Dit-elle comme si elle n'avait effectivement pas entendu ce qu'il venait de lui dire.
Elle était presque à la porte quand il la rappela
- Assy ? Tu as entendu ce que je t'ai dit ?
Sans répondre, elle sortit rapidement et prit un taxi pour rentrer. En cours de route Patrick l'appela
- chou, pourquoi tu ne m'a pas attendu pour te déposer ?
Elle n'aimait pas qu'il l'appelle ainsi. Surtout au bureau.
- je suis fatiguée. Je ne voulais pas te déranger.
Elle raccrocha fatiguée. C'est une fois devant chez elle qu'elle eut l'impression que l'information venait d'arriver à son cerveau. Ibrahima voulait la voir. Ibrahima. la voir pour quoi ? Son visage lui revint en mémoire et elle se demanda s'il ressemblait toujours à celui dans ses souvenirs. Elle ne voulait pas savoir.
Elle trouva Seydina endormi et eut un gros pincement au cœur. Elle venait juste de prendre son bain et mangeait dans le petit salon quand Omar sonna.
- il dort ? demanda t-il, le visage espérant une réponse négative
- Oui...
Il soupira. Découragé.
- ça fais deux jour que je ne le vois pas. Je vais commencer à regretter d'avoir repris le travail.
Assy sourit et le laissa entrer.
- moi aussi.
Il lui remit un paquet lui disant que c'était pour Seydina. Leur relation s'était de plus en plus normalisée. Ils recommençaient à se taquiner. A redevenir les amis qu'ils étaient avant. Il ne lui avait plus demandé de revenir avec lui, mais était tellement plus présent. Maintenant il l'appelait souvent, se permettait de la charrier...redevenait comme avant
- ne t'avise pas de les manger. Gourmande.
Elle ouvrit le sachet et le regarda amusée.
- c'est pour moi n'est ce pas...oh merci Omar.
Elle lui fit un grand sourire et se retint de lui sauter au cou. De la glace.
- ça mérite un petit bisou non ?
Sans trop réfléchir, elle lui passa les mains autour du cou et déposa un bisou bruyant sur sa joue. Mais Omar l'avait retenu et le sourire d'Assy disparut. Laissant place à une expression plus sérieuse. Elle le regarda, s'attardant sur ses lèvres, le cœur battant. Elle devrait se dégager, mais elle était tellement bien dans ses bras.
- merci...souffla-t-elle
Il se pencha et l'embrassa. Au début, elle ne réagissait pas trop, se contentant de savourer, mais vite, elle se laissa emporter et répondit à son baiser. Pourquoi ne se laissait-elle jamais de ça. De ses lèvres, de ses sensations quand elle était dans ses bras.
Elle s'écarta doucement et il ne chercha pas à la retenir.
- tout ça pour une glace. Si je rachète LGM ça va donner quoi ?
Elle sourit et se rendit dans la cuisine pour essayer de retrouver ses moyens. Il l'y trouva.
- j'ai faim. Il y a quoi à manger ?
Elle se retourna et le regarda. Il était vraiment charmant. Il était encore en costume et cravate et sentait vraiment bon.
- je t'ai dit que j'avais ouvert un restau ici ?
Il sourit.
- désolé, être célibataire c'est difficile.
- c'est bon maintenant tu es bien installé ? demanda t'elle en lui préparant un plat.
- oui. Ca va. Tout est encore en désordre, mais j'ai un lit où dormir.
Elle rigola
- tu es toujours aussi désordonné ?
- c'est encore pire. Tu n'es plus là pour arranger. Ils se regardèrent un moment et Assy détourna les yeux.
Il resta un bon moment et ils discutèrent de tout et de rien avant qu'il ne parte. Il se pencha pour déposer un léger baiser sur ses lèvres au pas de la porte.
- tu me manques tellement Assy...murmura t-il.
Elle se troubla. Lui aussi lui manquait. Mais rien n'avait vraiment changé.
- Omar...
- je sais je sais...au fait le baiser c'était pour Seydina.
Elle lui envoya une tape sur l'épaule et rentra. Elle ne savait plus ou elle en était avec Omar. Il était tellement présent maintenant. Tellement attentionné avec elle et Seydina, qu'elle se retrouvait à se sentir seule quand il partait. Elle se rendormit plus tard en faisant une chose qu'elle n'avait plus fait depuis bien longtemps. Penser à Ibrahima. Pas de manière obsessionnelle comme avant. Mais se demandant juste ce qu'il pouvait bien lui vouloir.

Ibrahima hésita encore. Depuis que Khalil lui avait parlé d'Assy, il ne cessait de penser à elle. Comme il l'avait fait durant toutes ses années. Il n'y était pas arrivé. Jamais. Il n'avait jamais pu l'oublier. Jamais pu l'enlever de son esprit, de son cœur. Donc quand il lui avait dit qu'elle avait divorcé, il ne demandait qu'à la voir. Mais apparemment Assy ne voulait rien entendre. Et dire qu'il pensait que ça allait être facile. Aujourd'hui, il avait pris son courage à deux mains et avait décidé de la voir. Il n'avait pas son numéro. Ne savait pas ou elle habitait. Donc ce n'était qu'ici qu'il pouvait la voir. Il entra dans l'immeuble et demanda son bureau. La secrétaire lui indiqua et il s'avança lentement. Et il la vit. Assy. Elle avait changé. Elle était tellement plus belle, plus mature, plus...femme. Il hésita encore. Mais elle leva les yeux et le vit devant elle. Il vit plusieurs expressions passer sur son visage allant de la surprise à une petite panique. Elle le regardait sans sourciller.
- slt...dit-il finalement
Elle déposa le stylo qu'elle avait et se redressa lentement.
- iba...
- Assyatou Kane...
Elle sourit. Lui aussi. Elle baissa la tête. Il continua à la regarder.
- toujours aussi belle ?
Encore ce sourire. Crispé. Pourquoi elle ne disait rien. Il ne savait même pas quoi faire. S'assoir, rester debout, la regarder. Encore. Elle demanda des nouvelles de Sophie et il répondit tranquillement sans trop de détails. N'arrivant pas vraiment à détendre l'atmosphère.
- assied-toi Iba. Khalil m'a dit que tu voulais me voir. J'espère que ce n'est rien de grave ?
Elle avait la voix un peu tremblante, manquant d'assurance. Sur ce point au moins elle n'avait pas changé.
- en fait c'est la pause là. ca te dirait qu'on sorte un peu.
Là elle était réellement surprise.
- Iba tu débarque comme cela et tu veux que je sorte avec toi pour la pause. si tu as quelque chose à me dire je t'écoute.
Il la regarda étonné. Non finalement le manque d'assurance n'était plus là. Il perdit un peu ses moyens et la regarda.
- je voulais juste te parler Assy. Je ne serais pas long. Viens. Je te ramène dans maximum une heure.
-...

Assy le regardait. Elle s'attendait à le revoir. Mais pas comme cela. Pas dans son bureau. Il n'avait pas beaucoup changé. Toujours aussi beau. Toujours cette prestance, cette belle assurance, ce beau regard. Il la regardait. Comme si elle emplissait toute la pièce. Comme si il n'avait nulle part ou poser son regard. Tout d'un coup des souvenirs lui revinrent en mémoire. Cet homme avait laissé tellement de séquelles dans sa vie. Tellement.
- Iba, j'ai du travail.
- alors je t'attends quand tu auras fini ? demanda t-il
- désolé je rentre directement. Mon fils m'attend, répondit-elle
Elle avait envie qu'il sache. Qu'il sache qu'elle avait sa vie et ne voulait rien changer pour lui. Plus maintenant. Il s'assit finalement. Lentement. En continuant à la regarder fixement.
- ton fils ?
- Oui...qu'est ce que tu me veux Iba ?
- toi...Assy. Toi.
Elle sourit et prit son temps pour répondre.
- je ne sais pas de quoi tu veux parler ? dit-elle finalement
- tu comprendras bientôt. Dit-il en se levant. Ça m'a fait plaisir de te revoir Assy.
Il se leva et se dirigea vers la porte, mine de rien. Énervant Assy.
- Iba.
Il se retourna. Elle se leva et se dirigea vers lui.
- ne recommence pas, dit-elle doucement
Il fronça les sourcils.
- recommencer quoi ?
- N'entre plus dans ma vie. Je ne veux pas. tu n'as plus le droit de me faire ça.
Il sembla un peu perdu une fraction de secondes.
- si tu penses que parce que je suis divorcée, je suis disponible pour toi tu te trompes. Donc arrête.
Il ne disait rien et haussa les épaules
- mais je n'ai rien dit Assy.
- Ok. Je ne voudrais juste pas qu'il y ai des malentendus entre nous.
Il ne rajouta rien et sortit après l'avoir observé quelques instants.
Elle ne put travailler de la journée. Trop troublée. Trop énervée par tout cela. Elle ramassa ses affaires et décida de rentrer. Elle avait besoin de quelques jours pour se reposer. Patrick fut un peu inquiet en la voyant le prévenir qu'elle prenait quelques jours de repos. Mais elle le rassura. Elle voulait se reposer un peu.
Elle rentra directement et revoir son fils lui fit oublier un peu. Lui permit de s'évader. De sortir Iba de sa tête. Et malheureusement elle tomba vraiment malade. Trop de pression.

- tu manges à nouveau donc ca veut dire que tu va mieux...
Elle sourit à Omar. Depuis deux jours, il était la. Il venait à chaque fois qu'il avait du temps libre. Et la nuit ne partait que quand elle dormait. Il était vraiment inquiet et l'avait amené voir un médecin qui lui avait prescrit un repos médical de quelques jours. Indéniablement, Patrick l'avait croisé quand il venait la voir lui aussi. L'ambiance était alors tellement chargée que ce dernier préférait partir, Omar n'étant pas disposé à le laisser seule avec elle. Il la taquinait ensuite en lui disant que son « thiof » avait peur de lui.
- tu lui fais peur avec ta barbe là. Je te rappelle que je suis célibataire Omar. Il me faut trouver un autre mari. Si tu me les chasses, je vais finir vieille fille...
Il sourit
- pas tant que je serais vivant. Toi tu es à moi Assy.
- j'étais à toi. Mais c'est fini ça.
Ils continuèrent à se taquiner gentiment.
Aicha était parti à St-louis car elle avait reçut un appel lui annonçant le décès d'une de ses amies. Assy lui avait alors remis rapidement le transport, compatissante.
- je vais devoir passer la nuit ici...sinon tu va te retrouver toute seule.
Elle le regarda. Touchée. Elle n'avait plus eu de nouvelle d'Iba et c'était tant mieux pour elle.
- ne te dérange pas pour moi. Seydina fait ses nuits maintenant. Il ne se réveillera que demain matin. Tu peux partir.
Elle était dans sa chambre, couchée sous les draps.
- et si je ne veux pas partir ? dit-il en s'asseyant sur le bord du lit.
- le canapé du salon n'est pas très confortable tu sais...
Il sourit.
- c'n'est pas grave.
Il entra dans les toilettes et prit une douche. En sortant, Assy le regarda et ne put s'empêcher d'admirer son beau corps musclé.
Il se pencha sur elle pensant qu'elle dormait et croisa son regard fixé sur lui
- tu ne dors pas ?
Elle secoua la tête, essayant de masquer son trouble. Au lieu de partir, il resta à la regarder. se rappelant pleins de choses. Sans trop savoir comment, ils se retrouvèrent à s'embrasser, à se déshabiller à se caresser. Assy ne cherchait même pas à refréner les ardeurs d'Omar. Non cette fois, elle ne trouvait pas la force, la volonté d'arrêter ce torrent de sensation. Elle voulait replonger, gouter à nouveau aux délices qu'il pouvait lui procurer. Ce soir donc, ils se retrouvèrent et firent l'amour de façon désespéré. Sans retenue.
Très tôt le matin, alors qu'ils étaient encore dans les bras l'un de l'autre, Assy se réveilla la première. Elle évita de bouger, voulant encore profiter du beau visage d'Omar qui dormait paisiblement. Les remords commençaient à venir et elle voulut les repousser. Omar ouvrit les yeux à ce moment et elle eut l'impression qu'il comprenait ce qu'elle ressentait. Il posa délicatement sa main sur sa taille et s'approcha plus d'elle
- ne dis rien Assy. Je sais ce que tu penses, mais pas maintenant. On en parle plus tard ok ?
Elle hocha la tête et voulut se lever pour voir Seydina quand on sonna à la porte. Qui pouvait venir à pareille heure.
Omar se leva et prit une serviette pour couvrir sa nudité.
- attend je vais aller voir.
Elle se leva aussi et se couvrit aussi et entendit des voix dehors. En sortant, elle entendit distinctement la voix de...sa mère. Elle faillit retourner dans la chambre, mais c'était trop tard.
- ASSY...cria t'elle.
Son regard passait d'Omar à elle. Un regard désapprobateur.
- Omar, va t'habiller. Je dois te parler. Toi Assy...
Elle était tellement en colère qu'elle ne pouvait rien dire.
- han...vous deux là, vous demandez à divorcer pour faire cela ? han...je vais appeler ton père Omar. Aujourd'hui vous ne passerez pas la journée sans être marié....


Assy regarda sa mère. Apeurée. Paniquée. Réfléchissant rapidement à ce qu'il fallait lui répondre. Consciente que là, ça allait être assez compliqué de sortir une explication plausible. Si elle se mettait à polémiquer, elle allait encore plus l'énerver. Elle la connaissait. Elle essaya quand même de s'expliquer. Omar lui, avait préféré s'éclipser dans les toilettes.
- maman ce n'est pas ce que tu crois. C'est la première fois qu'il passe la nuit ici. C'est parce qu'Aicha n'est pas là et j'étais malade. Demande à Aicha. Elle te dira que jamais il n'est resté ici pour passer la nuit
- et il ne s'est rien passé entre vous ? Assy, je ne suis pas une gamine...
- maman...ce n'est pas ca que tu crois je te dis...mentit-elle éhontemment.
Sa mère la regardait visage fermé
- vous êtes de grandes personnes. Je vais de toute façon en parler à ton oncle Omar. Je n'aime pas cette situation. Si vous vous voyez il vaut mieux vous mariez. Je vais y aller tout à l'heure
- maman...laisse tomber. N'y va pas. Le moment venu, on se décidera
- et pour le moment vous vivez dans le péché
- mamannnnnn. On ne vit pas ensemble
- tcchhiiiippppppppppppppp. J'attends qu'Omar sorte. Il va prendre ses responsabilités. En attendant, je dois te parler.
Elle remarqua alors les yeux rougis de sa mère et son air triste malgré la colère.
- qu'est ce qui se passe maman. Et puis, pourquoi est tu venue si tôt ? Hier quand on se parlait, tu ne m'avais pas dit que tu viendrais.
Elle s'assit sur un fauteuil et se tint la tête, avant d'éclater en sanglot. Assy accourut et vint s'assoir à côté d'elle
- maman parles-moi. Dis-moi ce qui se passe ? Il est arrivé quelque chose à Ablaye?
Elle pleurait toujours. Et Assy décida de lui laisser le temps de se calmer.
- Assy c'est ton père...finit-elle par dire entre deux sanglots.
- Mon quoi ? Quel père ?
Elle ne comprenait rien. Son père qui avait disparu depuis des années...
- il est revenu Assy. Ton père est revenu et il est malade. Il est chez son grand frère Omar. Ta badiène m'a appelé hier nuit pour me le dire et je suis venue aussi vite que j'ai pu. Il est gravement malade. Prépare-toi on va y aller.
Assy regarda sa mère. Découragée. Elle ne comprenait pas qu'elle se mette dans cet état pour cet homme. Cet homme qui n'avait pas hésité à les abandonner depuis plus de 15 ans. Sans aucune nouvelle.
- maman ? Tu te mets dans cet état à cause de lui ? Moi qui pensais que c'était grave
Sa mère la regarda en fronçant les sourcils.
- Assy, ne te moques pas de moi. Je ne suis pas ton égal. Je viens de te dire que ton père est malade et on l'a ramené.
Assy se tut, n'ayant pas trop envie d'en débattre. Ensuite, elle proposa à sa mère de venir se coucher et dormir un peu car il était encore trop tôt pour débarquer chez les gens. Elle accepta et se rendit dans la chambre d'Aicha. Assy resta jusqu'à ce qu'elle s'endorme avant de sortir doucement pour aller dans sa chambre. Omar s'était douché et répondait au téléphone. Il la regarda bizarrement et elle comprit que la personne à l'autre bout du fil l'avisait certainement pour son père. Enfin pour cet homme. Il raccrocha doucement et s'approcha d'elle
- slt mon cœur.
Mon cœur. Ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas entendu cela. Son petit surnom. Elle sourit, mais garda le silence
- tu vas bien ?
Elle se contenta de hocher la tête, baissant la tête, honteuse.
- viens là ??? dit-il en souriant en la prenant dans ses bras et en lui relevant la tête pour la regarder.
- on n'aurait pas du faire ça Omar. Ce n'est pas bien.
Il grimaça en secouant la tête.
- tu as raison. Ce n'est pas bien. Peut être que ta mère a raison. Il faut qu'on se remarie. Je t'aime Assy. Tellement, tellement.
Elle sourit
- on s'est déjà marié Omar. Ça n'a pas marché.
- mais si on ne le fait pas, je ne sais pas si je pourrais me retenir Assy. j'ai toujours envie de toi.
- ça marchera cette fois. Je te le promets.
Elle le regarda. La tête plein de doute. Elle devait avouer aussi qu'elle en avait un peu marre de son statut de célibataire. Elle se faisait tout le temps draguer, Patrick croyait fermement que ça pourrait marcher entre eux, et maintenant Iba qui se pointait. Lui aussi avait l'air de penser qu'elle était libre et peut être disposée à reprendre les choses. Finalement, elle se demandait si elle ne devait pas de remarier. Même si elle n'avait pas vraiment confiance. Omar savait être imprévisible. Elle ne voulait plus souffrir. Elle n'en avait plus la force. Elle préféra ne rien répondre et alla se doucher.

Plus tard, alors qu'ils prenaient le petit déjeuner ensemble, avec Seydina accroché aux bras de son père, sa mère sortit de la chambre et les regarda méchamment. Omar la salua en se levant et elle lui répondit à peine. Omar jeta un coup d'œil à Assy qui faillit éclater de rire mais se retint. Sa mère n'était pas d'humeur.
- Omar, tu me déçois beaucoup. Je pensais que tu étais plus responsable. Tu ne devais pas accepter cela. Je ne pas ce que vous faites, mais je vais parler à ton père et à ton oncle. Assy, toi...loumala wara wakh khèpe ko. Tu disais que tu ne voulais pas rester avec ton mari. Ce que vous faites là c'est quoi ?
- maman...je t'ai dit que ce n'est pas ce que tu crois. Il a passé la nuit parce qu'Aicha n'est pas là. C'est tout. Dis lui Omar.
Il ne disait rien et la regardait fixement.
- et tu as réponse à tout. Mais tu verras.
Elle se tourna vers Omar.
- amène-moi chez ton oncle Omar. Je ne sais pas si tu es au courant mais le père d'Assy est rentré
Omar hocha la tête et lui expliqua que sa mère l'avait appelé pour lui dire. Assy les écoutait sans rien dire et quand sa mère lui demanda de les accompagner, elle refusa, prétextant qu'elle n'avait personne pour surveiller Seydina
- Seydina viendra voir son grand-père. Ou es le problème.
Assy garda le silence. Ne voulant pas laisser éclater sa colère. Elle bouillait. Elle ne comprenait pas l'attitude de sa mère. Après tant d'années, elle se décarcassait encore pour cet homme. Le considérant toujours comme son mari. Non elle ne comprenait pas et n'était pas du tout disposé à jouer une comédie pour lui faire plaisir.
- Assy, je te parle, lui cira t-elle.
- une autre fois maman. Je suis malade. J'irais une autre fois.
Sa mère rouspéta encore, mais partit quand même sans elle.

Plus tard, après leur départ, elle se mit à éprouver du remord. Il était malade et après tout c'était son père et rien ne pourra le changer. Mais elle lui en voulait tellement. Elle passa la journée seule jusqu'en fin d'après midi ou elle reçut la visite de Patrick. Il parut content de ne pas voir Omar et prit ses aises. Au cours de la conversation, elle sut qu'Ibrahima était passé plusieurs fois au bureau et chaque fois demandait d'après elle.
- tu ne m'avais pas dit que tu le connaissais, dit-il
- je ne savais pas que c'était si important. Je le connais comme je connais Khalil. C'est tout.
- pourquoi il te cherche comme cela ? La dernière fois il me demandait ton numéro.
- tu lui a donné ?
- je n'aurais pas du ?
Assy soupira, excédée
- Non. Tu n'aurais pas du Patrick.
- tu ne veux pas m'expliquer pourquoi ?
Elle le regarda avant de commencer à lui parler. Lui expliquant qu'ils avaient eu une relation et ne voulait pas vraiment le revoir. Il semblait intrigué
- il n'est pas trop âgé...pour toi.
Elle haussa les épaules. Sans rien dire.
- suis désolé. Je ne pouvais pas savoir. Mais je peux toujours lui dire que de toute façon c'est mort pour lui. que tu es avec moi.
Il la regarda. Les yeux pleins d'espoir.
- Patrick. A ce propos, il faut qu'on parle. Je... je ne suis pas dans les dispositions pour entretenir une relation avec toi. tu es un homme bon, gentil et tout ce que souhaite une femme. Mais...
Patrick soupira.
- Mais, tu aimes ton ex mari c'est ca ?
Elle le regarda
- écoute, il est toujours ici, vous avez l'air complice, il te regarde avec des yeux...enfin.
- je suis désolée...dit-elle en baissant la tête
- en fait je ne vois pas trop l'intérêt de divorcer si c'est pour revenir ensemble.
- c'est...compliqué. Mais je crois que je vais retourner avec lui
- explique-moi toujours...
Elle haussa les épaules, n'ayant pas trop envie de s'épancher sur sa vie.
- c'est trop long. Mais je veux juste que tu continue à être un ami pour moi. J'en ai besoin Patrick. Je t'apprécie beaucoup et je crois que si je t'avais rencontré plus tôt...
Et elle était sincère en plus. Elle l'appréciait beaucoup. Il avait des qualités humaines et en plus elle savait qu'il l'aimait vraiment. Il semblait vraiment déçu et eut du mal à le cacher. Mais il changea de sujet et essaya de détendre l'atmosphère, lui assurant qu'il serait toujours là pour elle. Il lui conseilla de se remarier à Omar puisqu'elle l'aimait et aussi pour le bien de son fils. Ils étaient encore là à discuter quand Omar refit son apparition. Comme d'habitude, il regarda Patrick...bizarrement. Ce dernier ne s'attarda pas et fit une rapide bise à Assy et Seydina avant de partir avant de serrer la main à un Omar boudant. Assy le laissa bouder encore et s'occupa de faire manger Seydina.

Omar regarda tonton Souleymane Kane. Son oncle et beau père. C'était un bel homme. Même malgré l'âge, la maladie, il était un bel homme. Mère Saly avait été émue de le revoir. Elle avait pleuré et tonton Ousmane aussi avait versé de chaudes larmes. Toute la famille était venue et tout le monde pleurait. Il s'excusait auprès de tout le monde, demandant des nouvelles d'Assy et d'Abdoulaye. Il expliqua qu'il a d'abord été en côte d'Ivoire avant d'aller en Afrique du sud. Il avoua avoir toujours pensé à sa famille, mais éprouvait trop de remords pour appeler. Il disait qu'il avait été lache d'abandonner sa famille, mais regrettait énormément. Mère Saly le rassura en lui assurant qu'il fallait d'abord qu'il pense à sa santé. Sa mère était venue de même que toutes ses sœurs. Il parla de sa maladie qui l'a poussé à rentrer auprès des siens et avoua que c'était d'ordre cardiaque car il s'essoufflait rapidement. Il était question d'opération mais il avait refusé disant qu'il préférait rentrer. Il resta avec la famille toute la journée et on l'informa qu'Assy était marié à Omar et qu'ils avaient un fils. Il s'en était réjoui jusqu'à ce qu'on lui dise qu'ils avaient divorcé.
Mère Saly choisi ce moment pour intervenir. Devant toute la famille présente. Pour leur dire, l'air sérieux qu'elle avait trouvé Omar chez Assy tôt le matin et que malgré les explications fournis par sa fille, elle demeurait convaincue qu'ils se voyaient souvent. Devant tonton Omar, elle fit part de ses inquiétudes par rapport à la religion et qu'ils ne devaient pas, en tant que parents et kilifa laisser les enfants se comporter comme cela. Comme d'habitude tout le monde y mit son grain de sel. Même sa mère. Après avoir présenté ses excuses à Mère Saly, elle demanda humblement qu'Assy revienne vivre à la maison et se réconcilie avec son fils.
- Oumy, devant ton frère et tout le monde, je dois t'avouer que je t'en veux. Bilaye walaye. Je m'étais promis de ne plus t'adresser la parole car au delà de certaines considérations Assy est ta fille. La fille de ton frère. Quand les enfants ont divorcé, personne n'a levé le petit doigt pour essayer d'arranger les choses. ca veut dire que vous ne l'aimez pas. Depuis, je prie pour qu'elle trouve un autre bon mari. Je le jure. Qui l'aimera. Mais le cœur à ses raisons. Je sais que ma fille aime Omar. Même au plus fort du problème, lorsqu'elle était seule avec son fils, elle disait qu'elle l'aimait. Donc la meilleure chose à faire c'est de les laisser vivre en paix.
Oumy gardait le silence, tête baissée
- tout le monde commet des erreurs dans la vie et ce n'est pas toi qui me diras le contraire. Donc laissons ces enfants vivre en paix.
Tout le monde avait alors pris la parole pour dire son point de vue et encore une fois faire amende honorable. Finalement, ils avaient décidé de sceller à nouveau le mariage le samedi qui suivait, dans moins d'une semaine au grand soulagement de tout le monde et même de tonton Ousmane qui voulait quand même qu'Assy vienne lui rendre visite. Omar gardait le silence, mais était heureux. Il avait hâte de revivre avec sa femme et son fils. Dans le nouvel appartement qu'il avait, il avait déjà aménagé une chambre pour Seydina. Oui, il voulait avoir sa famille auprès de lui.
En sortant de là, il passa un coup de fil à Jean. Ce dernier était très affecté par la situation de son ami et ne cessait de l'exhorter à se réconcilier avec sa femme. il ne put le joindre, mais il avait plus urgent à faire. Aller parler à Assy.

Trouver ce Patrick, encore une fois chez Assy ne lui plaisait pas. Pas du tout. Il ne l'aimait pas. Surtout qu'il avait l'air étonnement gentil avec Seydina et trop...trop tactile avec Assy. Il n'aimait pas cela. Il avait juste envie de lui crier de laisser tomber. Mais bon. Il se retenait. Quand il partit, il ne desserra pas les dents. Il entendit Assy appeler sa mère. Cette dernière avait décidé de passer la nuit pour veiller sur le malade car tôt le lendemain, ils devaient se rendre à l'hôpital. Après ce qui s'était passé entre eux la veille, il ne supportait pas de voir trainer Patrick autour d'elle. Non, pas après avoir fait l'amour passionnément. Pas après l'avoir entendu gémir de plaisir, s'accrocher à lui, crier son nom. Non. Il n'aimait pas cela. Il ne desserra pas les dents et Assy semblait l'ignorer. Enervé, il se leva pour aller prendre Seydina sans un regard pour Assy.
Elle alla s'enfermer dans sa chambre, les laissant seul. Il rumina encore sa colère avant de se ressaisir, trouvant qu'il exagérait. Mais il attendit que Seydina dorme pour entrer doucement dans la chambre. Assy dormait et il mit le bébé dans son berceau avant d'aller se coucher près d'Assy, déposant un baiser sur sa joue. Elle bougea et ouvrit les yeux avant de se retourner de l'autre coté, lui tournant le dos. Il se rapprocha et l'entoura de ses bras
- Assy.
Elle se libéra et se leva
- Omar non c'est bon. Je veux dormir.
- on se marie samedi...dit-il simplement. Les parents ont décidé.
Elle le regarda sans vraiment de réaction ;
- depuis que tu es là tu ne m'as pas parlé, tu boudes. Et tu viens me dire comme ça qu'on se marie. Omar tu n'as vraiment pas changé finalement. C'est quoi ton problème ?
Il se leva aussi, énervé
- le problème c'est que je ne supporte pas ton Patrick là. Je ne sais pas quelle relation vous avez mais il faut arrêter cela. Pas après qu'on ai fait...
Il ne termina pas. Elle garda le silence un moment avant de se lever et d'ouvrir la porte
- c'est bon Omar va t'en. J'en ai marre de toujours devoir m'expliquer. On est plus marié. On ne le sera plus. Donc je n'ai pas d'explications à te fournir.
- écoute j'en ai marre que tu me traite de la sorte Assy. Qu'est ce que tu ferais à ma place ? Quoi ?
- je te demanderais, j'essaierais de comprendre au lieu de tirer des conclusions et de bouder. Moi aussi j'en ai marre. Marre que tu penses que je sois capable de faire certaines choses. Après tout ce qui s'est passé. Tu ne me connaîtras jamais. Tu ne seras jamais en mesure de savoir que je ne suis pas comme cela. Merde à la fin. J'en ai marre de toi Omar.
Il la regarda sans rien dire passa devant elle, tout aussi énervé. Lui aussi en avait marre.

Assy essaya de s'endormir en vain. Trop de choses s'étaient passé durant la journée. Sa mère, son père qui débarque et maintenant sa dispute avec Omar. La réaction de ce dernier l'avait blessé. Elle regarda la montre. 1 heures du matin. Elle soupira. Et dire qu'elle devait aller travailler le lendemain. Aicha n'était toujours pas revenue, mais elle avait, en rapport avec une de ses collègues décidé d'amener Seydina dans une crèche pas trop loin du service. Ça lui faisait des dépenses supplémentaires, mais elle n'avait pas trop le choix. Son téléphone sonna. Elle pensa que c'était Omar qui lui envoyait un texto pour s'excuser. Mais non.
« slt c'est iba. Je peux t'appeler ? »
Elle relut le message et le supprima. Quelques minutes plus tard, il sonna à nouveau. Il appelait. Sans hésiter, elle coupa la sonnerie et le mit sous vibreur avant de fourrer le téléphone sous l'oreiller.
Il vibra encore plusieurs fois, mais elle ne regardait même pas, ne réussissant toujours pas à dormir. Elle se leva pour boire quand on sonna à la porte. Il était 2 heures passé et elle eut peur.
- c'est qui ? demanda t'elle en se mettant derrière la porte, pas disposé à ouvrir.
- Omar
Elle ouvrit doucement et resta à la porte à le regarder, le visage fermé.
- Oui ?
- je peux enter. Je dois te parler
- Non. Il est tard Omar, je dois aller travailler. Et on s'est tout dit.
Elle allait fermer la porte, mais Omar fut plus rapide et bloqua la porte. Elle laissa tomber et retourna dans la cuisine, pas disposé à parler. Il la suivit et s'arrêta à la porte et se mit à l'observer. Sans rien dire. Quand elle voulut sortir, elle ne le put pas, Omar bloquant la sortie
- laisse-moi passer.
- j'ai dit que je voulais te parler.
Assy soupira et secoua la tête.
- Omar, on ne peut pas passer toute notre vie à parler. J'ai cru un moment que c'était possible, mais finalement non. Seydina est ton fils. On n'a pas besoin de se marier pour que tu t'en occupe. C'est bon. On a parlé. Laisse-moi passer.
- je suis désolé. J'ai peut être mal réagi, mais je ne crois pas que ça vaille la peine qu'on se dispute
- Non Omar, c'est trop facile, dit-elle doucement. Déjà que j'avais des doutes. Beaucoup de doutes. J'ai peur de m'engager à nouveau et que tu penses que tu peux encore te comporter comme tu veux avec moi. C'est fini ce genre de choses. Je ne suis plus dans ses dispositions. Je suis désolée.
Omar soupira
- je ne te comprends pas. Pourquoi tu réagis comme cela ? On ne peut pas être tout le temps en conflit Assy. Je viens de m'excuser. J'ai mal réagi tout à l'heure. C'est bon. On tourne la page et on avance
- Non, tout ce que tu veux c'est qu'on tempère jusqu'à la prochaine fois ou tu décideras encore de te comporter comme cela avec moi. Tout simplement parce que tu n'as pas compris que tu dois me respecter Omar.
- je te respecte Assy.
Elle secoua la tête.
- non. Le respect ça commence par la confiance Omar. Tu n'es pas encore en mesure de savoir que je ne peux pas être avec toi et être avec un autre. Je ne peux pas faire cela. Tu m'as demandé c que Patrick faisait ici. Je t'ai dit que c'est un ami. Sans plus. Il passe me voir en tant qu'ami. S'il y avait plus entre nous, je ne me permettrais jamais de...
Enervée, elle se tut et chercha encore par passer. Mais Omar la maintint par la taille, lui barrant le chemin
- Assy, je suis désolé. Je t'aime. J'ai peur de te perdre encore c'est tout. Essaie de comprendre s'il te plait.
Elle essaya de se dégager.
- lâche-moi Omar.
Il se baissa voulant l'embrasser, mais elle tourna la tête, évitant ses lèvres.
- pardonne-moi mon cœur...je suis désolé, murmura t-il en déposant des baisers sur sa tête
- laisse-moi partir, dit-elle plus fermement, toujours prisonnière de ses bras.
Il insista encore, la suppliant de lui pardonner, mais comme elle ne disait plus rien et faisait tout pour éviter qu'il ne l'embrasse, il la laissa partir, mais la suivit dans la chambre.
Assy se coucha et se recouvrit pour ne pas voir Omar
- tu ferais mieux de partir. Je ne voudrais pas que ma mère te trouve ici et pense encore qu'on fait des choses...enfin va t'en
Au lieu de partir, il s'approcha et s'assit sur le lit
- Assy, je te jure que je n'en peux plus. Ça fait des mois que je survis, sans vraiment arriver à voir le bout du tunnel. Je ne parle plus à ma mère, avec mes sœurs c'est compliqué. Même avec mon père qui était un ami c'est difficile. Tout simplement parce que je les prends pour responsable de ce qui s'est passé entre nous. J'ai l'impression de nager en eaux troubles et toi et Seydina êtes mes bouées de sauvetage. Je n'ai que vous. Assy, tu ne peux pas passer ta vie à m'en vouloir. Pour tout. Je ne suis pas irréprochable c'est vrai, mais ce dont je suis sure c'est que je t'aime et je veux te rendre heureuse.
Assy soupira et mais gardait la tête sous les draps touchée par le discours et la voix un peu hésitante d'Omar.
- je suis désolé pour tout Assy. Tu ne peux pas savoir comme j'ai mal rien qu'en pensant que tu as vécu ta grossesse toute seule, que tu as accouchée toute seule. Sans moi.
Il s'arrêta un moment
- je me suis senti lâche. De t'avoir fait tout ça. J'essaie de me racheter Assy. Parce que je tiens à toi. Parce que je t'aime. Je veux me racheter auprès de toi, auprès de mon fils, de ta famille. J'essaie. Maladroitement peut être mais j'essaie Assy. Donne-moi une chance. Une toute dernière. Fais le pour Seydina.
Assy gardait toujours le silence.
- si maintenant tu estime que ce n'est vraiment plus possible, que tu n'as pas envie de me pardonner, que tu ne veux plus refaire ta vie avec moi...Je comprendrais. Même si je sais que tu m'aimes toujours. Je le sais Assy
Assy ne disait toujours rien et respirait à peine. Omar resta un moment, un long moment à attendre qu'elle réagisse, mais elle ne disait toujours rien. Finalement il se leva et sortit de la chambre. Elle attendit quelques longues minutes et resta à réfléchir. Son discours l'avait quand même touché et elle se demandait si elle ne tirait pas trop sur la corde. Elle se leva pour voir s'il était déjà parti, décidée à lui parler, mais elle ne trouva personne et retourna se coucher. Pensive.

Le lendemain, elle se dépêcha de préparer Seydina et l'amena à la crèche. Patrick ne la salua pas avec la même chaleur que d'habitude, mais elle comprit et préféra cela. Au moins maintenant elle avait été claire avec lui et leur relation n'était plus ambigüe.
Sa mère l'appela plusieurs fois pour lui demander de venir voir son père. Il avait été hospitalisé dans une clinique et demandait à la voir. Elle lui promit de passer, tout en lui rappelant qu'elle avait beaucoup de travail et ne pouvait pas se libérer facilement. Un moment, sa mère lui proposa de lui passer son père, mais sans attendre, elle coupa le téléphone, le cœur battant. Non elle n'était pas prête pour cela. Elle ne voulait pas encore le voir, ni lui parler d'ailleurs. Elle en avait trop sur le cœur pour cela.
Elle venait de raccrocher quand Omar appela.
- salut, dit-il simplement
- salut.
- heuu...tu es finalement allé travailler ?
- oui
- et seydina ?
- je l'ai amené à la crèche.
Il hésita un moment avant de soupirer
- Ok. A ce soir.

Assy venait de quitter l'immeuble de son travail, Seydina dans ses bras. Elle était allée le récupérer avant de venir continuer son travail. Maintenant, elle rentrait et voulait appeler Omar pour le prévenir avant d'y renoncer. Elle marchait sur le trottoir, quand elle le vit s'avancer vers elle. Ibrahima. Sans hésiter, elle s'arrêta et traversa la rue, espérant qu'il ne la suive pas. Avec ses talons hauts elle ne pouvait pas aller très vite, mais elle avait prit le sens opposé quand soudain, elle sentit qu'on lui tirait le bras. Elle se retourna, exaspérée
- Assy, attend.
- Ibrahima s'il te plait. Je dois aller y aller.
Il s'arreta devant elle et regarda Seydina
- c'est ton fils ?
Elle hocha la tête et Seydina lui tendit un bras en lui souriant. Il voulut le prendre, mais elle le maintenait fermement contre elle.
- il est beau. Il s'appelle comment ?
- Seydina...
Il la regarda un moment. Avant de lui sourire. Toujours aussi beau. Elle essaya de détacher ses yeux du charmant visage, en vain. Leurs yeux s'accrochèrent. Elle finit par sourire et haussa les épaules.
- qu'est ce que tu me veux Iba ? Je n'ai pas de temps à perdre.
- te parler Assy. Tout simplement.
- je n'ai pas envie de t'écouter Iba. Comprend-moi.
- mais écoute-moi au moins. C'est à propos de nous Assy. Je n'ai jamais cessé de penser à toi. Jamais. Je ne voulais pas te perturber car je savais que tu étais marié. Mais moi je n'ai jamais cessé de t'aimer.
- Ok, mais moi je ne t'aime plus Iba. J'ai réussi à t'oublier. Difficilement. Tu as marqué ma vie. Je n'y peux rien. Mais tu fais partie de mon passé.
- Assy, tu ne peux pas me faire croire qu'un amour si fort a disparu. Je ne peux le croire. Assy tu t'es donné à moi. Pour ta première fois.
Assy détourna les yeux gênés. Iba lui continuai à la regarder tranquillement, les mains dans les poches, l'air sérieux et la voix chargée d'émotion. La rue était déserte et un moment Assy fit attention au silence alentour. Ne voulant pas réfléchir, faisant des efforts pour ne pas se souvenir. De ce jour. Ou elle était tellement désespérée, qu'elle avait commis l'irréparable. Elle s'en voulait encore aujourd'hui.
- Iba. C'est du passé...répondit –elle en baissant la tête.
Seydina était fatigué et avait posé la tête sur son épaule
- Oui, mais la vie nous donne encore une chance. On est libre et cette fois je ne vois pas pourquoi nous ne vivrons pas ensemble pleinement cet amour.
Assy sourit et cette fois le regarda.
- tu sais, je t'en ai voulu quand à un moment tu avais choisi ta famille. Ta femme, tes enfants. Tu m'avais clairement fait comprendre qu'ils étaient prioritaires. Maintenant, je ne t'en veux plus. Je te comprends.
- comment cela ?
- maintenant, j'ai aussi une famille Iba. Et comme toi à l'époque, ils passent en premier.
- mais tu es divorcée Assy. Et cet enfant ne peut être un frein
- oui, mais je vais prendre exemple sur toi. Cet enfant a un père.
Il sourit et regarda ailleurs, vide
- tu te venges Assy ?
Elle n'arriva même pas à sourire tellement elle se rendait compte de l'évidence.
- Non, même pas. Je...
- Assy réfléchis à ce que je viens de te dire. Ne prend pas de décision hâtive.
Son téléphone sonna. Omar. Elle décrocha en regardant Iba qui tout d'un coup semblait triste.
- Assy. Je suis devant ton bureau et on m'a dit que tu étais partie. Je voulais venir t'aider avec Seydina.
Il avait parlé d'un trait. Sans prendre la peine de la saluer. Elle n'était pas loin et regarda du coté de leur bureau. Elle le vit, le téléphone à l'oreille. Tout élégant.
- heuu
Elle hésita et regarda encore Iba
- je te vois. Je ne suis pas loin. Tourne la tête à droite.
Il tourna et elle lui fit signe. Il raccrocha et s'approcha. Assy paniqua soudain. Plus Omar approchait, plus son cœur battait fort.
- Salut...dit-il en la regardant avant de se tourner vers Iba qui lui aussi le regardait. Avant de regarder à nouveau Seydina. Et il comprit.
- Salut. Dit Assy, légèrement perturbé
- bonsoir, dit-il en tendant la main à Iba. Omar Bocoum
- bonsoir. Ibrahima Aidara
Le geste d'Omar se figea et il regarda Assy. il perdit ses mots et ne sut pas quoi faire.
- donne le moi...il dort ? murmura t-il en détournant les yeux d'Assy et en se penchant sur son fils.
- Oui, il doit être fatigué
Il le prit délicatement
- je t'attends dans la voiture...heuu...pour...te ramener.
-on y va, répondit-elle, tout aussi gênée
Puis se tournant vers Ibrahima
- Ibrahima, on y va. Heuu...merci et...
Elle ne savait quoi dire, Iba lui gardait un calme stoïque, ne semblant pas se rendre compte de la lourdeur de la situation
- Ok. Je t'appelle tout à l'heure Assy. et surtout réfléchis à ce que je t'ai dit.
Assy voulut creuser un grand trou et s'y enfoncer. Elle jeta un coup d'œil à Omar qui sans plus de commentaire, traversa la rue et d'un pas rapide s'éloignât, les laissant seuls.
- Iba arrête. Ne m'appelle plus. Tu vois cet homme ? C'est lui que j'aime.
Il sourit
- Non Assy c'est moi que tu aimes.
Choquée, elle haussa les épaules avant de partir rejoindre Omar qui attendait adossé à la voiture. Il lui remit Seydina sans un mot et entra dans la voiture.
- Ta mère m'a demandé de t'amener à l'hôpital voir ton père. C'est pourquoi je suis venue te chercher.
Il regardait droit devant lui, l'air sérieux
- Omar, laisse-moi t'expliquer
Il gardait le silence
- les enfants ne sont pas autorisés à l'hôpital. Je resterais dehors pour garder Seydina, le temps que tu discute avec ton père
- Omar. Ecoute-moi. Ibrahima...ce n'est pas ce que tu crois. Je...
Il se tourna vers elle.
- Assy...je ne crois rien. J'ai compris.
Elle décela une grande déception dans sa voix.
- Omar, arrête encore une fois de te faire des idées. Il voulait me parler simplement. Je...
- as-tu essayé une seule fois de te mettre à ma place Assy ?
Elle se tut. Réfléchissant rapidement. Et compris que ça ne devait pas être évident pour lui.
- on en parle à la maison ? demanda t-elle inquiète.
Sans rien dire, il démarra la voiture. Elle était inquiète. Vraiment. Elle n'avait aucune envie de perdre Omar. Pas à cause d'Ibrahima. Encore une fois. Non.
Elle était perdue dans ses pensées quand ils arrivèrent devant l'hôpital ? à ce moment une réelle panique l'envahit. Elle se tourna vers Omar, cherchant un secours. Mais il était tellement crispé qu'elle n'osa rien lui demander.
- donne le moi. Il est à la chambre 8
Elle lui donna Seydina qui dormait, machinalement. Et resta dans la voiture. Incapable de bouger
- je ne peux pas Omar.
Il la regarda intrigué mis ne desserra pas les dents.
- je ne peux pas le voir. Ramène-moi à la maison. S'il te plait
Il secoua la tête
- Non, j'ai promis à ta mère. Il est tard. Vas-y
Elle se tourna vers lui.
- Omar...
Elle posa une main sur son bras, mais il ne réagit pas. Elle sortit de la voiture et pensa un moment à se cacher quelque part un moment et ressortir. Mais elle croisa sa Badiène fatou qui sortait et qui lui prit la main et la mena jusqu'à la chambre. Elle n'était pas préparé. Elle avait l'impression qu'elle allait s'évanouit tellement son cœur battait vite. Elle vit sa mère qui lui sourit avant de se tourner vers le lit ou était couché...son père.
- Assy...murmura t-il
elle jeta un rapide coup d'œil sur l'homme. Il avait pourtant l'air bien portant. N'eut été sa respiration un peu lourde, elle ne saurait pas qu'il était malade. Leurs regards se croisèrent un instant. Elle détournant rapidement les yeux.
- tu ne dis pas bonjours à ton père Assy, lui dit sa mère, légèrement émue
- Bonjour, réussit-elle à articuler, le cœur toujours battant.
Elle avait envie de partir, de sortir de cette chambre. Elle répondit par oui ou par non aux questions de son père lui demandant si elle allait bien, comment se portait son fils. Elle se sentait à l'étroit, oppressait, respirant difficilement, ne pouvant avoir de pensées cohérentes. Trop d'émotions. Au bout d'un temps qui lui semblait une éternité, elle se leva brusquement et prit congé. Elle croisa le regard désapprobateur de sa mère. Mais elle ne fit pas attention et sortit sans un autre regard pour son père.
Elle avait la gorge nouée et reprit Seydina sans un mot. Revoir son père l'avait secoué et elle fit à peine attention à la mine d'Omar. Il les avait abandonnés. Toutes ces années. Et il faisait comme si tout était normal. Et sa mère qui elle aussi semblait avoir tout oubliée. Elle avait l'impression que sa tête allait exploser. Arrivée à la maison, elle s'assit sur le canapé, laissant à Omar le soin de changer Seydina et de lui donner à manger avant de le border. Il la trouva à la même place, le regard vide, une bonne heure plus tard. Il se tenait debout devant elle
- Assy, Seydina dort. Je vais y aller.
Elle le regarda un bon moment avant de se lever et sans un mot, se blottit dans ses bras. Au début, il ne savait pas ce qu'il devait faire mais finit par l'enlacer et la serrer fort.
- Omar, je t'aime tu sais. Je t'aime tellement, dit-elle en se retenant de pleurer
Il soupira
- tu es encore sous le coup des émotions Assy.
Elle leva la tête et lui prit le visage
- non. Omar. Tu avais raison hier. Je t'aime. Je veux qu'on se donne une autre chance. Pas pour Seydina uniquement. Mais pour nous. Pour moi.
Il la regarda. Septique
- tu es fatiguée Assy. Va te reposer. On en reparlera demain.
- non Omar, on parle maintenant.
-...

Omar regardait Assy. Elle s'activait rapidement à préparer Seydina en rouspétant contre Aicha qui ne revenait toujours pas.
- voila, mon petit trésor est prêt, dit-elle en déposant un bisou sur la joue du bébé.
Il lui sourit et Assy en fit de même. Omar ressenti un fort sentiment de plénitude devant cette belle image. Sa famille.
- prête ? dit-il en interrompant ce moment de tendresse.
Assy se retourna vers lui et lui sourit à son tour. Comme d'habitude, il fut frappé par sa beauté et son cœur faillit rater un battement. Non, il ne s'habituera jamais. Il avait juste envie de la prendre dans ses bras et de l'embrasser.
- oui, on y va...
Il lui prit Seydina et cette fois, ne se retenant pas il se baissa pour déposer un léger baiser sur ses lèvres. Elle lui sourit et essuya du pouce la marque de rouge à lèvre.
- tu portes la même tenue. On va chez toi tu te changes avant ?
Omar haussa les épaules
- tu ne seras pas trop en retard ? De toute façon, après le mariage, vous venez vous installer chez moi.
Assy le regarda en haussant les sourcils. Il y lut une petite hésitation, mais ne voulant pas s'y attarder, il prit le sac du bébé et la devança à la porte.
Plus tard, après avoir déposé Seydina à la crèche, et Assy à son service, dans le calme de son bureau, il se remémora la scène d'hier. Houleuse. Il a failli ne pas reconnaitre Assy. la douce Assy avait sorti ses griffes pour lui poser un ultimatum qui ne dépassait pas le reste de la soirée. Il en sourit encore en y repensant

- Ecoute-moi Omar et écoute-moi bien, avait-elle commencé. J'ai l'impression d'avoir toujours ravalé mon amour propre avec toi tout simplement parce que je t'aime. Toujours. Mais là ça suffit. Je n'ai plus l'intention de parler de nous, de ce que je te reproche, de...si je n'étais pas disposé à te pardonner, à envisager à nouveau de faire ma vie, je ne coucherais pas avec toi. Je ne m'excuserais pas, je ne me justifierais pas pour ma rencontre avec Ibrahima. si tu n'es pas en mesure de me faire confiance, de savoir que c'est toi que j'aime et que les autres je m'en balance, c'est ton problème.
Elle avait parlé d'un trait, énervée. Avant de le dépasser pour se rendre dans sa chambre. A la porte, elle s'était retournée.
- si tu décides de prendre ton temps et de réfléchir, c'est ton problème. Mais ne reviens plus me parler de nous. Tes crises de jalousie j'en ai par-dessus la tête. C'est parce que tu ne me faisais pas confiance que tu as laissé d'autres se mettre entre nous et nous séparer. Je ne l'accepterais plus.
Au lieu de répondre, il avait souri en secouant la tête
- Assy qu'est ce qui te prend ?
Elle le regarda. Haussant un sourcil
- rien Omar. Rien. Si toit tu n'en a pas marre, moi je n'en peux plus. Je t'aime, mais je te jure que je peux me passer de toi. Nul n'est indispensable dans cette vie. Si tu as encore des doutes par rapport à moi, ce n'est pas la peine de se remettre ensemble.
Il s'était tu, étonné par la détermination dans sa voix. Elle était retournée dans la chambre et après être resté dans le salon un bon moment, il avait décidé d'aller la rejoindre. Il n'aimait pas les hommes qui lui tournaient autour, et pour y mettre fin, il fallait qu'elle redevienne sa femme. Elle était dans les toilettes et il se mit devant le berceau pour regarder dormir son fils. Quand Assy sortit des toilettes, il ne se retourna pas. Attendant. Mais elle n'avait rien dit et s'était dirigé vers l'armoire pour sortir une tenue de nuit.
Toujours en silence, il s'était approché et l'avait enlacé. Sans rien dire. L'avait retourné. Toujours sans un mot et ils s'étaient regardé longuement, avant qu'il ne se penche pour l'embrasser tendrement. Elle soupira et passa ses bras autour de son cou, s'approchant encore plus de lui.
- moi aussi je t'aime Assy. Et moi non, je ne peux pas vivre sans toi. Non, je ne peux pas me passer de toi.
Elle sourit
- c'est plus simple pour toi. Ce n'est pas toi qui a été abandonné du jour au lendemain. Tu avais les rennes du traineau. Tu n'avais pas besoin de t'adapter. Moi je l'ai fait.
Il la regarda en fronçant les sourcils, grave.
- on tourne la page ?
- on tourne la page
Elle lui avait souri et leurs lèvres se sont cherché, leur corps se sont retrouvés. Naturellement. Mais quand plus tard, il voulait aller plus loin dans leur flirt, elle l'avait arrêté fermement le convaincant qu'il fallait vite convaincre les vieux de sceller le mariage. Il la supplia de le laisser faire car il avait trop envie d'elle, mais elle refusa toujours, lui répétant les paroles de sa mère quand elle disait qu'ils vivaient dans le péché. Il éclata de rire et alla prendre une bonne douche froide et revint la prendre dans ses bras.
- Comment est né Seydina ? demanda t-il brusquement
Elle sourit en essayant de se remémorer cette nuit froide ou elle avait souffert le martyre. Elle lui raconta sa peur, ses cris, et sa joie de voir son fils après des heures de souffrance. Il l'écoutait en silence et dans le silence de la nuit, la voix d'Assy, lui rappelant son absence dans ses moments, surtout au moment du baptême, le fit craquer. Il versa de chaudes larmes silencieuses. Assy fut touché et en souriant, elle lui assura que c'était passé, mais qu'il n'avait plus intérêt à lui refaire le coup. Oui, la nuit avait été longue et il avait à peine dormi

Il était penché sur ses dossiers quand on lui annonça que sa mère voulait le voir. La veille, il avait promis de la rappeler pour parler du mariage que la mère d'Assy avait soulevé il y a quelques jours. Mais il avait oublié
- Omar, ces temps ci tu me néglige mon fils.
- ne dis pas ça maman. Mon travail est prenant.
- mais tu ne passes plus à la maison ? Hier soir, je suis passée à ton appartement, mais il n'y avait personne.
- c'est vrai. J'étais avec Assy. On est allé voir son père.
Elle sourit
- c'est à propos d'Assy que je suis venue te voir. Omar, je regrette tout ce qui s'est passé. Je sais que tu m'en veux encore et je vais essayer de me racheter. Je vais aller parler à Assy. J'ai été dure avec elle, mais tout le monde commet des erreurs.
Il l'écoutait, essayant de refréner la rancœur qui l'habitait. Cette petite colère qui se réveillait à chaque fois qu'elle voyait sa mère. Et pourtant il l'aimait. Mais il lui en voulait.
- Maman, avec Assy les choses se sont arrangées maintenant. Ne le prend pas mal, mais cette fois, j'aimerais que vous restiez en dehors de tout ça. Surtout pour le moment. On essaie de tout reconstruire.
- Aye mon fils...tu pense que je vais gâcher les choses entre vous ? Après tout ce qui s'est passé ? Je ne suis pas mauvaise quand même.
Il sourit, secouant la tête, cherchant ses mots.
- maman, ce n'est pas cela. Je...enfin...comprends-moi. Les choses sont allées un peu trop loin. je pense que j'ai beaucoup de chance qu'elle accepte de revenir avec moi après tout ce qui a été fait...tout ce qui a été dit.
Sa mère continua à se plaindre, lui disant qu'elle voulait qu'ils reviennent dans la maison familiale, qu'elle voulait garder son petit fils, s'occuper de lui puisque sa mère travaillait. Mais Omar a été ferme. Ils resteraient chez lui. Il lui précisa qu'il voulait que les vieux fassent le mariage le lendemain samedi comme convenu. Sa mère lui précisa que son père était disposé à aller demain voir le père d'Assy et qu'il devait juste donner l'argent pour acheter la cola qu'il faut amener. Sans hésiter, Omar lui donna de l'argent, beaucoup plus que pur l'achat de la cola, enchantant sa mère. Mais n'empêche, elle partit, l'air dépitée, et pas du tout satisfaite de la réaction de son fils. Mais Omar était décidé. Cette fois, il voulait bien faire les choses. Pour Assy. Pour Seydina.

Assy s'apprêtait à aller récupérer Seydina quand Iba surgit devant elle. Un sachet à la main. Elle soupira.
- Iba, s'il te plait.
- salut mon amour, dit-il en se tenant nonchalamment devant elle
Elle ne put s'empêcher de sourire devant son assurance et son petit air coquin. Comment faisait-il pour être toujours aussi beau.
- tu sais, tu me fatigues tellement que je n'ai pas l'occasion de te demander des nouvelles de Sophie.
Il sourit, et lui dit qu'elle allait bien et que présentement, elle était chez sa mère. Il faisait expres de s'approcher d'elle et elle reculait, pour ne pas rester trop proche de lui.
- Arrête Iba. Je t'ai dit que tu pers ton temps. Je me remarie dimanche. Donc bas les pattes.
Iba se figea un moment, perdant sur le coup sa superbe.
- tu rigoles ?
Elle sourit. Un peu gênée
- Non, je ne rigole pas. Mon fils a besoin de son père et moi aussi j'ai besoin de lui.
- ne me fais pas ça Assy. J'ai quitté le Gabon pour toi. Donne-moi une chance.
- Non Iba. Tu ne sais pas à quel point tu as bouleversé ma vie. je n'accepterais plus que ça se reproduise. Comprend-moi
- tu ne m'aimes vraiment plus ? Assy regarde-moi et répond-moi.
Elle le regarda droit dans les yeux. Frissonnant légèrement. Le cœur battant.
- j'ai refais ma vie Iba. C'est fini.
Il continua à la fixer, avant d'hausser les épaules.
- ok...merci de ne pas avoir répondu à ma question.
Avant qu'elle ne puisse répliquer, il avait tourné les talons et se dirigea vers sa voiture.

- Assy, ton père a décidé que c'est lui qui allait donner ta main à nouveau à Omar.
Assy sursauta et regarda sa mère. Mais gardait le silence. Elle venait de rentrer du travail et sa mère était arrivée quelques minutes plus tard. Elle venait prendre le reste de ses affaires pour aller à St-louis le lendemain. Son père était sorti de l'hôpital et mère Saly voulait faire un aller retour rapide pour ramener son jeune frère pour qu'il voit son père. Comme Assy ne disait rien, elle continua :
- C'est prévue pour demain et il n'y aura rien de particulier. Je vais partir mais ton père sera la bas ainsi que tes oncles. C'est dans la même famille. Il n'y aura aucun protocole.
Toujours silence d'Assy
- il est sorti ce matin, et est chez ton oncle Omar. Essaie d'y aller demain.
-...
- Assy je te parle...
- Comment tu fais maman ? demanda t-elle brusquement, tout en continuant à donner à manger à Seydina, évitant de la regarder.
- comment je fais quoi ? répondit-elle intriguée.
Assy hésita. Regretta d'avoir posé la question et ne dit rien, continuant à donner à manger à Seydina.
- Assy, c'est ton père. Que tu le veuille ou pas, il restera ton père.
- c'est juste un titre. Je ne le considère pas comme tel...répliqua t-elle butée
- Assy...comment tu peux dire une chose pareille ? dit-elle choqué.
Assy posa rageusement la cuillère, faisant sursauter Seydina, avant de se lever, suivie par sa mère.
- il est parti. Sans se demander si on allait bien, sans jamais s'inquiétait si on ne manquait de rien, si on vivait, comment tu te débrouillais pour t'en sortir. Jamais. Et aujourd'hui, après plus d'une dizaine d'année, il débarque et on doit l'accueillir à bras ouverts ? Non, si toi tu peux jouer à ça, moi pas. C'est un lâche.
Sa mère la regardait, triste.
- tu es qui pour le juger Assy ? Même s'il était l'homme le plus mauvais du monde c'est ton père. Tu te demande pourquoi je reste avec lui ? C'est parce qu'à un moment donné de ma vie, il m'a aidé, soutenu, comme jamais personne ne l'a fait. Et tu ne peux pas imaginer à quel point. Cet homme là, je n'ai pas le droit de l'abandonner. Je lui reconnais ses erreurs. Mais ce n'est pas sur un lit d'hôpital, souffrant, que je vais le régler.
Assy gardait le silence, légèrement perturbée, perdant un peu l'assurance qu'elle avait au début
- ne penses pas qu'il soit parti de gaieté de cœur. Je n'essaie pas de le justifier, mais je te demande de revoir ton comportement avec lui. Toi, si on ne t'avait pas pardonné et compris tu n'en serais pas là.
Assy accusa le coup et baissa la tête. Elle avait commis des erreurs. Une erreur qui lui avait certes couté cher. Mais son père, lui avait fait plus qu'une simple erreur. Abandonner sa famille n'est pas une erreur. Non, c'était un crime. Mais elle ne voulut pas polémiquer avec sa mère.
- j'irai le voir maman. répondit-elle la gorge nouée, évitant de la regarder
Cette dernière se radoucit.
- la vie est trop courte Assy pour cultiver des rancœurs. Pardonne à ton père. Fais le pour moi.
Elles se regardèrent un moment et Assy ne rajouta rien, se contentant d'aller prendre Seydina. Elle ne pouvait rien refuser à sa mère. Elles changèrent de sujet et Assy l'aida à ranger ses affaires avant de descendre avec elle pour aller chez tonton Omar. Finalement, elle allait tout de suite voir son père.
Comme la dernière fois, son cœur se mit à battre plus fort quand elle l'aperçut, assis au salon, à discuter avec son frère Omar. Ce dernier la taquina
- Alors ma fille. Désolé, mais c'est ton père qui a décidé de repousser la date du mariage à la semaine prochaine
Elle se contenta de sourire et lui dit qu'elle pouvait même attendre un mois, faisant rire tout le monde. Ensuite, elle se tourna vers son père. Pour la première fois, elle le regarda vraiment. Elle remarqua l'air fatigué, pâle et malgré tout le petit sourire qu'il lui faisait. Elle détourna les yeux. Son oncle prit congé, les laissant seul, sa mère étant resté dehors avec la femme de l'oncle Omar.
- Assy...tu m'as amené mon petit fils ? dit-il le souffle court, respirant difficilement
Elle sourit et lui tendit Seydina qui une fois dans ses bras semblait intrigué par son nez qu'il tirait en souriant. Assy vit perler des larmes et tout d'un coup, son cœur se remplit. Amertume, rancœur, colère...tristesse. Elle leva les yeux, se retenant de pleurer. Mais quand elle vit son père prendre un mouchoir pour essuyer ses larmes et maintenir le tissu sur ses yeux, elle ne tint plus. Elle se laissa tomber et s'assit à côté de lui, la tête baissée, sur le point d'exploser.
- Assy, ma fille...donne-moi ta main.
Elle le fit, et chacun resta silencieux, tête baissé, essuyant de temps en temps des larmes. Seuls les gazouillis de Seydina interrompaient le silence de la pièce. Assy se calma petit à petit
- Comment tu vas ? demanda t-elle timidement, la tête toujours baissée.
- je vais mieux ma fille. Quand j'arrivais je pensais que je ne tiendrais pas un jour de plus.
Il parlait difficilement, s'essoufflant vite.
- c'est bien. Je prie que tu te porte mieux.
- et toi tu va bien ? Ton fils ressemble à son père. Je me souviens comme si c'était hier. La même tête.
Elle sourit. Enfin.
- Oui, tout le monde le dit.
- Omar est venu me parler longuement Assy. Il t'aime beaucoup et ce remariage sera une bonne chose.
Elle ne dit rien, trouvant la situation...bizarre. Il ne la connaissait pas et lui parlait de son remariage. Elle ne voulut pas s'y étendre. A ce moment elle trouva la situation...déplaisante.
Elle ne trouva rien d'autre à ajouter.
- tu n'as pas beaucoup de choses à me dire ?
Elle le regarda brusquement. Non, elle n'avait pas grand-chose à lui dire. Et pourtant. Elle se posait tellement de question. Comment avait-il vécu toutes ses années ? Lui arrivait-il de penser à eux ? De se demander s'il vivait ? Était-il si insensible au point de laisser sa famille comme cela.
- je n'ai jamais cessé de penser à vous Assy. Jamais. Tous les jours, toutes les heures. Jamais un jour sans que je ne pense à toi, à ton frère. Je suis tellement désolé pour tout. Mais je t'ai tout expliqué dans les lettres que je t'envoyais...
Elle sursauta.
- les lettres ? Quelles lettres ? demanda t'elle.
Il la regarda intrigué. Seydina commençait à s'agiter et elle le prit.
- tu n'as jamais répondu mais chaque mois je t'envoyais une lettre ainsi que de l'argent quand je le pouvais pour vous aider.
Assy le regarda étonnée, n'y comprenant plus rien. Non, elle ne savait pas de quoi il parlait.
- je n'ai jamais reçu de lettre. Jamais.
Il fronça les sourcils.
- tu es sure ? Chaque mois j'essayais d'envoyer une lettre pour te parler de moi, pour que tu ne m'oublie pas. J'envoyais cela à ta tante Oumy. Quand j'ai su que tu t'étais marié avec Omar, je me suis dit que c'est peut être en venant chercher ton courrier que vous vous êtes rapproché.
Il y eut un petit silence
- si j'avais su votre adresse j'allais te les adresser directement, mais...
Assy se sentit mal sur le coup. Son père lui envoyait une lettre et de temps en temps de l'argent et Badiène Oumy ne leur a jamais rien donné.
- Mamannnnn, cria t-elle, nerveuse.
Celle-ci accourut, la main sur le cœur, croyant qu'il était arrivé quelque chose à
- Assy que se passe t-il ?
- maman, tu recevais des lettres et de l'argent de la part de...
Elle ne pouvait l'appeler papa. Elle ne savait pas comment faire. Mère Saly les regarda et s'avança lentement vers elle.
- Assy arrête de crier. Il y a des choses plus importantes à régler. Ton père est malade. Laisse tomber cela. On en parlera plus tard.
Assy vit rouge.
- plus tard ? Mais jusqu'à quand cette famille va foutre notre vie en l'air. Pendant des années j'ai appris à détester mon...cet homme, dit-elle en le désignant. Parce que je me disais qu'il nous avait abandonné, ne voulait plus rien avoir avec nous. Pendant ce temps il voulait prendre de nos nouvelles, il m'envoyait...des lettres. Parce qu'il me considérait comme sa fille. Et je n'en savais rien.
Ses yeux s'était rempli de larmes. Son père regardait sa mère bizarrement
- tu n'as jamais reçu les lettres Saly ? Et l'argent ?
Elle secoua la tête.
- Assy je t'ai demandé de te taire. Ce n'est pas le moment de faire un scandale. Le moment venu on demandera à ta badiène. TAIS-TOI
Sans rien ajouter, le cœur gros, elle préféra sortir. Sans prendre congé. Elle ne put se résoudre à rentrer chez elle. S ns trop réfléchir, elle indiqua la maison de sa Badiène Oumy. Omar l'appela en chemin, mais elle préféra ne pas décrocher. Trop énervée
Amy lui ouvrit la porte et était trop contente de voir son neveu. Elle cria et le prit rapidement. Assy essayait de paraitre naturelle et demanda sa tante. Mais Amy était trop occupé à faire des grimaces à Seydina, elle s'avance seule vers le salon et n'y trouva personne. Elle frappa à la porte de l chambre de sa tante et sans vraiment attendre de réponse, elle entra. Sa tante était sur sa natte de prière et égrenait son chapelet.
- Assy ? Qu'est ce que tu fais là ? demanda t'elle surprise. Ou est mon chéri Seydina, j'espère que tu me l'as amené ?
- pourquoi tu pries ? demanda Assy sans répondre. Tu ne devrais même pas te donner la peine de le faire. Toi, c'est juste la mort qui te sépare des feux de l'enfer.
Sa tante la regardait bizarrement. Elle s'avança et ferma la porte de la chambre à double tour.
- Mooo..Assy tu es folle maintenant, demanda t-elle en se levant
- oui, je suis folle. Et aujourd'hui je vais te montrer que je sui folle. Donne-moi tout de suite toutes les lettres que mon père t'envoyait sinon, je te jure que je te tue.
Sa tante perdit sur le coup sa belle contenance et balbutia des mots incompréhensibles, poussant Assy à crier fort
- Badiène, je ne te demande pas des explications, je veux ces lettres et tout de suite. Comment on peut être aussi mauvaise, comment tu fais pour dormir la nuit ? tu ne dois pas être humaine. Non, ce n'est pas possible. Autant de méchanceté ne peuvent pas se regrouper sur une seule personne.
- Assy, je ne suis pas ton égale, surveille ton langage avec moi.
- DONNE MOI LES LETTRES, cria Assy, sans chercher à se retenir, prenant au passage une boite à bijoux sur la coiffeuse, bien disposée à lui écraser la tête.
Sa tante recula
- je ne sais pas de quoi tu parles. Ton père ne m'a rien remis. Il est parti en vous laissant ici comme de vulgaires objets et aujourd'hui pour se racheter, il parle de lettres. Ne m'énerve pas Assy
Assy brandit sans hésiter la boite et sa tante prit peur. Elle recula mais Assy la suivait. Elle se mit alors à crier et fit mine de tomber comme si elle piquait une crise, mais Assy s'en foutait. Elle posa la boite et fonça sur elle pour lui donner une gifle retentissante. Sans pouvoir se retenir. Aveuglé par la colère.
- lève-toi et donne moi les lettres sinon, je te jure que je te tue. Dit-elle en lui enserrant le cou.
Sa tante sut qu'elle ne rigolait pas et se mit à crier. fort. On commençait à frapper à la porte. Mais elle était fermée.
- elles sont dans le tiroir de ma coiffeuse. En bas.
Assy se leva et se dirigea vers l'endroit indiqué tandis que sa tante ouvrait la porte. Elle trouva une grosse enveloppe avec a l'intérieur un paquet de lettre. Toutes ouvertes. Tonton Amadou, Amy, Alassane. Tout le monde entra en même temps et sa tante continua son cinéma en s'écroulant par terre et en criant
- Woooyy, Assy veut me tuer...elle m'a frappée
Tous les regards se tournèrent vers elle et Seydina commença à pleurer, surement effrayé par tout ce bruit. Sans faire attention, Assy s'avança vers eux pour prendre son fils, mais Alassane la bouscula pour lui demander ce qui s'était passé et pourquoi sa mère était dans cet état
- Alassane, elle devait me donner quelque chose. Je ne lui ai rien fait. Elle a de la chance. Mais si je pouvais, j'allais la tuer. Je n'ai jamais détesté une personne comme je la déteste
- le mariage avec mon fils tu peux l'oublier. Tant que je serais vivante, les vauriennes de ton espèce n'entreront pas dans ma maison
Assy pouffa.
- avale-le ton fils. Le Bon Dieu est là pour tout le monde. Mais saches que l'argent que mon père t'envoyait, tu le rembourseras ? Soit dans ce bas monde soit dans l'au delà. Mais tu le rembourseras. Parce que je ne te le pardonnerais jamais.
Elle se remit à crier.
- c'est maintenant que tu as un père. C'est maintenant que tu as un père.
Tonton Amadou protesta et demanda à Assy de partir rapidement et de ne plus remettre les pieds dans la maison. Elle ne se fit pas prier. Elle prit son fils, le sac qu'elle avait posé à l'entrée de la chambre et sortit de la maison. Sans un mot, l'enveloppe bien serrée sous ses aisselles.

- Assy qu'est ce qui s'est passé avec ma mère ?
C'était Omar qui appelait. Elle venait à peine d'arriver chez elle et donnait à manger à Seydina avant qu'il ne s'endorme
- Omar, si tu m'appelle pour cela, tu peux raccrocher. Je n'ai pas l'intention d'en parler
Silence. Un long silence et elle attendit. Elle s'attendait à une explosion de colère, un déferlement de grossièreté. Mais rien. Il gardait le silence avant de soupirer.
- ok. J'arrive. Mon bébé dort ? dit-il calmement
- presque.
- j'arrive.

Omar raccrocha et se dirigea vers son père.
- annule tout. Cette fille est folle à lier. Comment on peut avoir ce genre de comportement ? c'est du n'importe quoi
Omar aussi ne comprenait pas. Sa mère disait qu'elle n'avait rien fait et lui en voulait à cause de son père. Mais il savait qu'il y avait plus que ça. Assy n'était pas du genre à s'énerver et à frapper. Non. Même si dans un premier temps, il était énervé, il a préféré se calmer d'abord. Avec Assy il fallait s'y prendre doucement. Au risque de la faire exploser.
- Papa, on n'annule rien. J'aime Assy et c'est la mère de mon enfant. Si tu ne peux pas y aller, j'irai moi-même amener la cola. Je ne peux pas vous laisser contrôler ma vie. J'ai un fils maintenant. Et puis, il faut entendre la version d'Assy.
- Omar quelle que soit la raison, elle n'avait pas le droit. Ta mère peut porter plainte.
Omar soupira.
- ça ne changera rien à ma décision. Bon, j'y vais. J'ai envie de voir mon fils.

Il trouva Assy assise dans le canapé, en train de lire des lettres et de pleurer. Il lui demanda ce qui se passait, mais elle pleurait toujours, des sanglots qu'elle tentait d'étouffer avec le revers de sa main. Il la prit dans ses bras.
- il m'écrivait. Il n'a jamais oublié mon anniversaire. Jamais. Il me disait qu'il pensait à moi, il me disait de prendre soin de ma mère, de lui lire les lettres. Il me disait qu'il reviendrait un jour.
Omar ne comprenait toujours rien et l'aida à se ressaisir. Il lui donna un verre d'eau qu'elle but difficilement tellement elle tremblait. Puis elle se coucha sur sa poitrine, légèrement apaisé. Il prit une lettre et la lut.
- Ou as-tu pris cela Assy ? demanda t-il quand il comprit que c'était des lettres de son père.
- mon père envoyait tous les mois les lettres à ta mère pour qu'elle nous les donne car il ne connaissait pas notre adresse. Et jamais, jamais, elle ne nous a transmis cela.
Omar garda le silence. Bouleversé, choqué. Il ne comprenait pas. Il prit une autre lettre ou son oncle souhaitait un joyeux anniversaire à Assy quand elle avait 14 ans, lui souhaitant tout le bonheur du monde.
- pourquoi as t-elle fait cela ?
- et pendant ce temps, je le détestais, je souhaitais ne jamais le revoir de ma vie. Alors qu'il n'a jamais cessé de penser à nous.
Elle se redressa et regarda Omar
- ta mère a gardé ces lettres, faisant croire à tout le monde que mon père nous avait abandonné, nous mettant à l'écart, nous minimisant.
Omar ne trouva rien à dire. Honteux.
- je la déteste. Je la hais.
- Assy...je suis désolé. Je ne sais même pas quoi dire.
Elle la regarda. Sérieuse.
- je sais qu'on doit se marier, fonder un foyer, mais jamais je ne pardonnerais à ta mère ce qu'elle m'a fait. Jamais. Donc...
Elle hésita. Omar sentit son cœur battre vite. Non, elle n'avait pas l'intention de tout arrêter.
- je comprendrais si tu me dis que tu ne veux plus te marier.
Il garda le silence
-....




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