Pétales de Rose et rameau d'O...

By Susi-Petruchka

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« Jamais Rose Phorbe-Nascorie n'avait connu situation plus insolite que celle dans laquelle elle se retrouva... More

I. Damoiselle Rose, sur un muret perchée
II. Damoiselle Rose, au bal égarée
III. Damoiselle Rose, en un saule incarnée
IV. Damoiselle Rose, en pirogue embarquée
V. Damoiselle Rose, par les remous malmenée
VI. Damoiselle Rose, dans les combles réfugiée
VII. Damoiselle Rose, dans des plans très foireux impliquée
VIII. Damoiselle Rose, plusieurs fois abusée
IX. Damoiselle Rose, par la chaleur incommodée
X. Damoiselle Rose, en territoire ennemi infiltrée
XI. Damoiselle Rose, abondamment frustrée
XII. Damoiselle Rose, en un duel engagée
XIII. Damoiselle Rose, par la vérité assomée
XIV. Damoiselle Rose, à la franchise résignée
XV. Damoiselle Rose, en contre-attaque avancée
XVI. Damoiselle Rose, b(a)isouillant dans les bois
XVII. Damoiselle Rose, par la réalité - et le manque de sommeil - rattrapée
XIX. Damoiselle Rose, en un si sacré sanctuaire emmenée
XX. Damoiselle Rose, à bien des périls exposée
XXI. Damoiselle Rose, par les événements dépassée
XXII. Damoiselle Rose, entre des feux croisés piégée
XXIII. Damoiselle Rose, par de menus détails intriguée
XXIV. Damoiselle Rose, par une licorne secourue
XXV. Damoiselle Rose, sacrifiée
Épilogue : Juste Rose

XVIII. Damoiselle Rose, à de très légers problèmes relationnels confrontée

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By Susi-Petruchka

Rose et ses compagnons suivirent Aguaje jusqu'à une hutte de branchages et de plantes situées légèrement à l'écart des autres, à l'intérieur de laquelle ils trouvèrent cinq hamacs à l'air confortable, qui se balançaient doucement dans l'air nocturne. Le jeune indien s'avérait toujours aussi diablement attirant, la faute à ses abdominaux toujours aussi diablement bien dessinés, à son visage de gredin toujours aussi diablement charmant et à l'aura de férocité sauvage qui se dégageait de sa personne. Toutefois, un malaise certain s'était installé entre lui et ses hôtes, créant un mur quasi infranchissable, qui faisait barrage à toute envie de dialoguer. Edelweiss finit cependant par le briser, les yeux étrécis en une expression qui n'annonçait rien de bon, si ce n'était une furieuse envie de prendre sa revanche.

– Alors comme ça, tu nous espionnais... grommela-t-elle, agrémentant sa réplique d'un monstrueux sourire, qui donna des frissons à Rose – celle-ci ne le connaissait que trop bien.

– Le mot est un peu fort, petite Edelweiss, répliqua Aguaje, dessinant sur ses traits la même expression bien trop affable que celle de son interlocutrice. Je me renseignais, oui. Mais ça ne m'a pas empêché d'apprécier les moments que nous avons passés ensemble – tu es une amie de valeur. Et ta jolie sœur m'a bien manqué.

Il jeta une œillade équivoque à Rose, qui l'ignora de son mieux, priant pour ne pas se retrouver prise dans un feu croisé entre lui et Olivier. Elle s'était laissée aller à ses sentiments, sans plus écouter son sens critique ni sa prudence, et sentait à présent qu'elle s'apprêtait à récolter les fruits de son imprudence – soit bien des ennuis.

Voyant que ses tentatives amicales se soldaient par des échecs, Aguaje n'insista pas. Il haussa les épaules, tira la langue à Edelweiss, qui parut outrée par le geste et se hâta d'en faire de même, puis annonça qu'il partait leur chercher de quoi manger, et qu'ils étaient priés de ne pas quitter la hutte – une demande formulée par Inga, qui ne souhaitait pas voir les arrivants troubler la quiétude de son village.

– Attends, je vais t'aider !

Rose s'était exprimée sans vraiment réfléchir, à la recherche d'un moment où elle pourrait tenir une conversation en tête à tête avec lui, et même si son intervention n'avait rien de naturel, elle lui offrait au moins cette occasion.

– D'accord. J'imagine. Enfin...

Aguaje tira une drôle de tête, mais permit néanmoins à la jolie rouquine de se joindre à lui. Ils s'éloignèrent en silence, sans tenir compte des regards lourds de sens d'Edelweiss, Chardon, Valerian et Olivier, qui pesaient sur leurs dos.

– Je... hésita Rose lorsqu'ils se trouvèrent en dehors du champ de vision de ses compagnons, et hors de portée même pour les oreilles les plus aiguisées. Je voulais te parler... à propos de... euh...

– De ce baiser passionné que je t'ai volé, sourit Aguaje, à qui les hésitations de la jeune femme arrachaient un irrépressible sourire en coin.

Rose se sentit rougir, et se dit que la situation n'allait définitivement pas dans le sens de l'amélioration lorsque son charmant guide lui adressa un clin d'œil.

– Ne t'inquiète pas, je ne dirai rien à tes amis, décréta-t-il toutefois, ayant sans doute perçu le malaise de Rose – mais sans l'interpréter correctement, semblait-il ; il ignorait tout de la relation passionnée qui pouvait bien lier sa jeune amie au fils de Donatien de Tantale ; il ignorait d'ailleurs même l'identité réelle d'Olivier, à bien y réfléchir.

– Il n'y a pas que ça, murmura Rose, penaude. C'est juste que... tu m'as prise par surprise, l'autre jour, et même si je reconnais avoir... apprécié... sans doute, je dois aussi t'avouer que... ce n'est pas possible. Tout simplement.

Aguaje pouffa, toujours incapable de se prendre au sérieux – et ne comprenant visiblement toujours pas où voulait en venir Rose.

– Que d'inquiétudes pour un simple baiser volé, sourit-il. Tu ne me dois rien, Rose. Je dois certes avouer que le fait que tu me refuses ton amitié m'attristerait un peu, mais je m'en remettrai. Et j'irai peut-être coller un poing au pauvre type qui serait parvenu à voler ton cœur, mais seulement pour me défouler, promis ! Rien de personnel.

La jeune femme déglutit difficilement, hocha la tête une fois, puis une deuxième. Elle ne chercha pas à emmener la conversation plus avant ; ce qui devait arriver finirait bien par arriver. Et puis, qui savait... Olivier gagnerait sans doute un côté mauvais garçon relativement sexy avec un œil au beurre noir.

Elle l'aida donc à emmener les quelques plats prévus à leur intention en direction de leur maison d'un soir, appréciant les délicieux fumets qui s'élevaient de la casserole de ragoût d'ornithorynque au manioc, ainsi que les couleurs vives des plats de fruits exotiques – bananes aux courbes arrondies, mangues juteuses, anones des marais à la belle couleur verte, dattes et figues, fruit de la passion, pomme-surette, et d'autres encore, dont Rose ne connaissait même pas le nom.

Elle se prit d'ailleurs à espérer que tous étaient bel et bien comestibles et qu'il ne s'agissait pas là d'une tentative d'empoisonnement particulièrement sophistiquée, sans quoi elle mourrait très certainement, tant le plat lui paraissait appétissant. À défaut de pouvoir se déterminer, elle étouffa ses soupçons en se persuadant de ne manger que les fruits qu'elle aurait vu Aguaje avaler d'abord, ce qui lui sembla une alternative des plus satisfaisantes.

Les autres réservèrent un bon accueil à la nourriture offerte, eux qui n'avaient mangé que leurs provisions peu ragoûtantes depuis leur départ du manoir. Aguaje eut toujours droit à des regards méfiants, mais Edelweiss finit par se détendre, incapable de demeurer fâchée plus longtemps qu'une dizaine de minutes, et reprit avec son vieil ami des relations plus normales, pépiant sans cesse pour lui conter ses multiples aventures et s'enthousiasmer de son séjour dans la jungle. Rose, quant à elle, maintenait une distance de sécurité à l'égard d'Olivier, qui ne s'en offusqua toutefois pas, prenant certainement cette attitude froide pour une volonté de ne pas s'afficher en public. Il passa ainsi l'essentiel de la soirée à disserter avec Valerian, avec qui il s'entendait de mieux en mieux – il fallait dire que les circonstances aidaient, les deux garçons n'ayant que rarement l'occasion de côtoyer des jeunes hommes de leur tranche d'âge, l'un en raison de l'isolement dans lequel le maintenant son statut de fils de, l'autre parce qu'il se trouvait généralement harcelé par trois charmantes damoiselles, respectivement Rose, Edelweiss et Chardon, et qu'il ne restait dès lors plus une seule seconde pour des amis masculins dans son emploi du temps.

Rose rattrapa donc le temps perdu en bavardant avec sa cousine, qui lui avoua d'une voix blanche qu'elle trouvait Valerian changé, depuis quelques jours. Elle se reprit presque aussitôt en l'insultant copieusement, comme si elle n'avait pu supporter la seule idée de s'inquiéter pour le sort de son compagnon – bien involontaire – de pirogue.

– Ce n'est pas lui qui change, grommela Rose en réponse. C'est ton regard à son égard. Valerian a toujours été un garçon charmant – possédant certes un humour des plus particuliers et ayant la malheureuse tendance d'un peu trop bien s'entendre avec Edel, mais charmant néanmoins.

Chardon ne nota pas le sous-entendu assez évident comme quoi leur ami de toujours aurait incarné un petit-ami potentiel des plus alléchants, entièrement absorbée par ses propres réflexions.

– Il a l'air tellement triste, murmura-t-elle. Ça ne devrait pas m'atteindre, mais tu sais... je m'inquiète un peu pour lui, en fait.

Valerian éclata de rire, réagissant à un bon mot d'Edelweiss à cet instant même, anéantissant légèrement la théorie sur sa dépression potentielle, mais Rose préféra ne pas relever, trouvant Chardon enfin aiguillée sur la bonne voie : celle où elle réalisait enfin ses sentiments de toujours pour leur ami d'enfance.

– Très très triste, appuya-t-elle nonchalamment. J'ai même craint de le voir sauter à l'eau pour se donner en pâture aux alligators, durant notre voyage. Mais heureusement, tu te trouvais dans la même pirogue que lui, et il n'aurait jamais osé te mettre en danger. Tu lui as sauvé la vie, en quelque sorte...

Au royaume des théories foireuses, Rose était reine, et faisait montre de toute la – maigre – étendue de ses talents en cet instant même, profitant du bon filon sur lequel elle venait de mettre la main pour tenter enfin de mettre un terme à ces disputes idiotes qui émaillaient leur quotidien depuis des années et des années. Si elle jouait de manière pas trop grossière, empêchant Chardon de remarquer qu'elle se moquait plus ou moins d'elle, les chances étaient bonnes pour que sa cousine finisse dans les bras de Valerian avant la fin de leur périple. Enfin, peut-être... Et à supposer que Rose n'ait vraiment rien de mieux à faire – comme sauver l'Île en empêchant son esprit originel de se suicider, par exemple.

– Peut-être que tu devrais aller lui parler, suggéra alors Chardon. Pour t'assurer que tout va bien. Moi je ne peux pas, il m'enverrait paître sur le champ...

– Je ne pense pas qu'il me dirait quoi que ce soit, avança niaisement Rose, toujours dans son optique de très subtile manipulation. S'il y a quelqu'un à qui il est susceptible de révéler quoi que ce soit, c'est toi. Imagine un peu : tu le fais sortir de ses gonds, il craque, et il te raconte tout. Ça me paraît le meilleur plan d'action. Tu marches avec moi ?

Un sourire mauvais étira les lèvres de Chardon, comme à chaque fois qu'il était question pour elle de faire tourner Valerian en bourrique – sur ce point, Edelweiss et elle devaient avoir hérité des mêmes gènes codant la capacité à emmerder le monde de leur récipiendaire.

– J'imagine que c'est dans mes cordes, lança-t-elle, sûre d'elle. Dès qu'il s'éloigne... je le traque et je l'attrape ! Je te ferai un rapport détaillé après coup !

Rose hocha la tête en s'efforçant de ne pas sourire outre mesure.

– J'y compte bien, avança-t-elle.

Une fois leur repas terminé, Valerian profita ainsi de ce qu'Aguaje soit trop occupé à bavarder avec Edel pour s'éclipser en douce, ignorant les regards accusateurs et les sourcils froncés de Rose et Chardon, qui n'appréciaient guère de le voir contourner de la sorte les directives de leurs hôtes.

– Je ne vais pas loin, murmura Valerian à leur attention afin de les rassurer.

Il sortit sans un bruit, disparaissant dans la pénombre ambiante qui enveloppait le village comme un rideau de brume sombre et mouvante, se dégradant en milliers de nuances de gris et étouffant la vivacité sublime du vert. Rose décida que le moment était bienvenu pour que Chardon passe à l'action, et incita cette dernière à suivre le fuyard d'un coup de coude assorti d'un regard appuyé.

– Oh, pas maintenant, bouda Chardon. La seule chose dont j'ai envie, c'est de me coucher et dormir. Je lui mettrai la main au collet demain, promis !

Rose plissa le nez, mécontente. Il était tout à fait hors de question qu'elle autorise sa cousine à exécuter une marche arrière express alors que ses relations avec Valerian semblaient en si bonne passe de... s'améliorer. Plus ou moins. Si tout se déroulait comme prévu.

– Si ça se trouve, il est allé se jeter dans le bayou pour être dévoré par un alligator ! protesta-t-elle.

– Bah, souffla Chardon en étouffant un bâillement. Lauren, Niniann et les autres se chargeront de nous le ramener entier !

Rose mit une seconde ou deux à se rappeler qu'il s'agissait là des soi-disant prénoms d'adoption attribués par Edelweiss à leurs licornes. Elle fronça les sourcils et, sans tarder, adopta le regard le plus méchant et autoritaire de sa gamme d'expressions faciales – regard qui, à dire vrai, rappelait plutôt un tendre agneau à qui on avait volé une touffe d'herbe qu'un loup aussi cruel que sanguinaire.

– Chardon, grommela-t-elle, en guise d'avertissement.

La jeune femme tiqua à l'énoncé de son prénom complet et ne parut pas vraiment très convaincue, mais elle accepta néanmoins de se lever et de filer retrouver Valerian en catimini, ne serait-ce que pour que Rose cesse de grimacer de la sorte en essayant d'avoir l'air méchante – ce dont elle s'avérait tout à fait incapable.

Rose se retrouva dès lors seule, privée de celle qui jusque-là avait incarné sa compagne de médisance pour la soirée. Elle tenta par conséquent de s'intéresser à la conversation passionnée qu'entretenaient Aguaje et Edelweiss, sous le regard amusé d'Olivier, mais se rendit rapidement compte qu'elle ne pouvait se permettre d'y prendre part, sans quoi elle se serait retrouvée directement confrontée aux deux jeunes hommes qui faisaient battre son cœur depuis quelques jours, lui donnant l'impression d'avoir un métronome emballé dans la poitrine. Or, se retrouver prise en sandwich entre ces deux-là n'arrangerait certainement pas ses affaires, aussi préférait-elle se tenir sagement à l'écart, et tant pis si elle devait s'ennuyer ferme.

Son isolement lui permit au moins de réfléchir un peu, chose qu'elle n'avait pas vraiment eu le temps de faire depuis leur départ, tant les évènements s'étaient accélérés. À vrai dire, la vie de Rose semblait avoir pris un tournant drastique dernièrement ; elle avait un peu l'impression d'avoir passé l'intégralité de sa vie à descendre une calme rivière, et que le courant de celle-ci, non content de s'accélérer, avait soudain décidé de changer de sens durant les semaines écoulées, la forçant à ramer et ramer encore pour avancer. Il s'agissait là d'un sentiment éreintant. Olivier, le meurtre du frêne, les alligators, les licornes, Aguaje, Monsieur de Tantale, et Gaïa, enfin !

Les révélations concernant l'ancêtre la laissaient toujours aussi perplexe ; elle ne comprenait pas, ne savait de quelle manière réagir, et au final, se demandait si elle n'aurait pas mieux fait de consulter sa mère, puits de sagesse malgré ses lacunes dans l'éducation de ses filles, plutôt que de se laisser embarquer dans cette folle aventure. Que pouvaient cinq adolescents et une tribu indienne contre la terra mater toute puissante ? Et comment interdire à une telle créature de réaliser un souhait aussi puissamment morbide que sa propre mort ? La situation semblait inextricable. Rose ne parvenait même pas à entièrement se convaincre que les explications promises par Inga pour le lendemain parviendraient à changer quoi que ce soit à leur situation. Après tout, la communauté des indiens hybrides s'était révélée complètement impuissante jusqu'à présent, incapable de contrer les plans sophistiqués de Donatien de Tantale – dans l'ombre duquel complotait Gaïa.

La soirée finit par s'avancer tant et si bien que la nuit tomba entièrement, chassant de son voile si sombre, au noir de jais, les couleurs fanées du crépuscule. Chardon et Valerian ne revenaient toujours pas, ce qui pouvait être interprété comme un bon signe. Ou un mauvais. Allez savoir. Rose ne s'estimait pas experte de la psychologie humaine, loin de là – cela constituait le registre quasiment exclusif d'Edelweiss, qui comprenait et disséquait les réactions de chacun avec beaucoup plus de finesse que sa sœur aînée, quand bien même cette dernière s'avérait plus sensible et plus apte à deviner les tourments de chacun.

Quoi qu'il en soit, Aguaje finit par s'éclipser – non sans avoir noté que deux personnes manquaient à l'appel – et s'en retourna vers sa mère et les autres membres de la tribu, non sans avoir demandé à Rose, Edelweiss et Olivier de ne pas bouger. Les trois concernés résolurent donc de se mettre au lit – quoiqu'Edelweiss le fit légèrement contrainte et forcée, souhaitant spéculer sur les raisons de l'absence de Valerian et Chardon, qu'elle ne remarquait qu'à l'instant. Les silences somnolents de ses deux aînés l'empêchèrent cependant d'entretenir la conversation qu'elle aurait souhaité, et après une dizaine de minutes passées à monologuer depuis le sommet de son hamac, elle abandonna la partie et sombra la première vers un sommeil de plomb. Rose ne tarda pas à l'imiter, non sans avoir profité de l'intimité soudaine que leur conférait la hutte pour offrir un baiser rapide à Olivier – baiser qui faillit bien tourner au désastre tant il était aisé de succomber au désir. Heureusement, la peur qu'entretenait Rose à l'idée d'être surprise par Aguaje et de devoir s'expliquer sur la situation la retint, la forçant au sommeil.

Environ une demi-heure plus tard, la charmante rouquine fut tirée de ses songes – lesquels contenaient des images d'une chasteté toute relative – par le retour tonitruant de Chardon et Valerian, qui boudaient tous deux, sans que cela ne les empêche cependant de s'avérer aussi bruyants que de coutumes. Ils tapèrent des pieds, râlèrent, soupirèrent et soufflèrent, et même les regards noirs qu'ils devaient se lancer à travers l'obscurité semblèrent résonner comme une armée de cloches et de sonnailles.

Rose s'autorisa à afficher une petite grimace en songeant que son plan ne s'était certainement pas déroulé comme prévu, mais évita néanmoins de montrer aux deux tourtereaux hystériques qu'elle ne dormait pas – plus – de peur de se retrouver encore prise à parti dans l'une de leurs inconséquentes disputes.

Le silence finit par reprendre ses droits, ne laissant plus vibrer que les murmures légers de la rivière, si proche, et les mille et un bruissements qui hantaient la forêt – bourrasque soudaine animant les branchages, petits animaux jouant et chassant à travers les buissons, splendides licornes dansant au clair de lune, et toutes ces présences mystiques qui devaient se partager la nature sauvage, ici, si profondément enfouies au cœur de l'Île.

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