Aimer, c'est etre là pour l'autre..
Cette lettre t'est directement adressée. C'est mon troisième essai. La feuille d'origine est devenue liasse, pour finir en chapitre, et donc en livre. Je te préviens tout de suite, il y a des moments de tristesse, de joie, de peur, et aussi de colère. Le tout, c'est ma vie. Enfin plutôt, le sketch conçu par une entité avec un humour, un peu spécial. Pourquoi m'adresser à toi ? Tu es mon guide, mon enseignant, pour me découvrir moi, et tout ceci à ton insu.
Comment est-ce possible ? Eh bien, je sais faire quelque chose depuis que je suis petit. Je sais construire des réalités, enfin plutôt, je sais comment créer une vision de la réalité cohérente. Je te rassure tout de suite, je ne peux pas modeler la réalité comme bon me semble. Je peux trouver des règles de fonctionnement de la réalité cohérente pour moi. Elles évoluent en fonction de ce que j'observe.
Pour expliciter, je prends des archétypes issus de mes lectures, film, histoire,... et je les colle sur des personnes, ou des endroits réels. Et ma foi, ça ne marche pas trop mal. Ça met du rêve dans ma vie. Note bien, qu'il y a certaines réalités qui ne peuvent être idéalisées.
Et donc, j'ai construit une réalité autour de toi. Cette dernière a peu de chances d'être la vérité. Mais bon, sur un malentendu, ça peut marcher. Créer cette réalité est d'autant plus facile, puisque je ne connais que très peu de choses sur toi, tes noms, ton prénom, ... J'ai donc la pleine liberté de te définir tel un ange, ou un professeur. Cette réalité est devenue un port d'attache. Puis, je suis parti, et je revenu dans ce port, et cela plusieurs fois. Chaque fois que je revenais de mes incursions, cette réalité devenait peu à peu la mienne. Au final, ce n'est plus un port, mais une baie à l'abri des vents, une petite grève paisible, où je peux m'ancrer quand bon me semble. Cette réalité n'appartient qu'à moi, et tu en as le résumé entre les mains.
Autant être clair tout de suite, tu ne connais pas mes pensées, et je ne connais pas les tiennes. Je ne connais de toi que l'image, ou le masque que tu renvoies. J'y ajoute mes propres définitions ou interprétations.
C'est comme cette impression de connaître quelqu'un depuis longtemps. Alors que le temps passé réellement avec cette personne est infime vis-à-vis des années déjà écoulées. Certains appellent ça le destin, d'autres le hasard, moi j'appelle ça, la nécessité. Je te vois presque tous les jours. Je ne te dirais pas où, de peur que tu me reconnaisses. Car si nos regards se croisaient, j'ai peur de voir disparaître cette magie qui m'anime maintenant depuis deux ans et demi, dont un an en ta compagnie.
L'origine de notre rencontre. Malheureusement, je ne m'en souviens pas. Ça peut être tout et n'importe quoi. Peut-être, que je t'ai bousculée sans le faire exprès. Peut-être, t'ai-je aidé à trouver ton chemin. Je ne m'en souviens vraiment pas. Mais alors, pourquoi t'écrire ? Eh bien, comme je te l'ai déjà dit dans la réalité que j'ai construite autour de toi, tu es mon guide. Par cette lettre, que je recommence pour la troisième fois, je souhaite te montrer tout ce que tu m'as apporté, enseigné. Et n'ai aucune crainte, j'ai ma vie, tu as la tienne. Je me sers de ton image comme référence.
De la lettre, j'ai enlevé tes noms, ils n'apparaissent dans aucun des chapitres. Ainsi, tu peux être n'importe qui. Pas dans le sens où tu n'as pas d'importance, dans le sens où, si un jour tu penses que personne ne pense à toi, il y aura toujours moi. Cette idée de l'anonymat, c'est toi qui me l'as soufflé, afin de te protéger, et moi aussi par la même occasion. Peut-être se rencontrera-t-on, sans masque, sans fard, ... ou pas, ce n'est pas le plus important.
Et donc, lors de mes errances en dehors de ta réalité, j'ai rencontré des personnages qui m'ont parfois touché par leur sincérité, parfois heurté par leur agressivité. Pour commencer ce livre, je vais te parler de ce qui m'est arrivé hier. J'ai vu quelqu'un faire ce que je n'ai jamais osé faire : mettre son âme à nu. Ce que j'appelle mettre son âme à nu, c'est de confier une partie de ces pensées qui sont enfouies en nous-même.
Ces pensées que l'on pense ridicules, car non conformes à la réalité que l'on voit tous les jours. C'est ce que je vais faire en écrivant ce livre, mettre mon âme à nu. C'est comme si cette personne était l'instigatrice de cette envie de t'écrire, et toi le fil conducteur de mes écrits. Cette lettre commence par une description succincte de ce que je suis. Ce chapitre est le « La ». C'est le contre point du livre.
Donc, cette personne a écrit une partie de son âme en toute humilité, ... en toute sincérité. Elle a même été jusqu'à écrire qu'elle partirait si elle se sentait mal venue. Ce texte m'a touché. Pour deux raisons, la première, c'est l'humilité, la deuxième, c'est la ressemblance avec mes propres pensées.
J'ai vu cette âme se faire égratigner, par des propos sans méchanceté, mais très maladroits. Comme des petits coups de patte qui se veulent un jeu, mais qui au final marquent la peau de griffures. Ce qu'ils ont fait, paraît pour beaucoup anodin. Mais ils ont osé dire qu'elle n'avait pas le droit de se définir comme elle l'entendait.
J'ai senti monter en moi la colère. La colère de toutes ces humiliations subies, qui me retiennent chaque jour de ne rien dévoiler de ce que je suis ...respirer, souffler ... Je souhaite souvent avoir une écoute de quelqu'un qui me ressemble, et qui comprend. Cette colère a failli me submerger, ..., mais je me suis retenu. J'ai soutenu cette personne, qui osait faire ce que j'ai toujours voulu faire sans en avoir le courage.
Dès que ma colère est retombée, je me suis demandé, si j'étais prêt à montrer mon âme. Et prendre le risque de ..., oui, le risque de quoi ... ben de rien. Au moment où j'écris, tu n'existes pas, tu n'as de réalité que dans ma tête, donc oui, ce livre est le bon lieu, pour voir si je parais ce que je suis.
Tous les souvenirs que j'évoque dans ce livre, ne sont peut-être que des légendes, voire des mythes. Mais je pense que derrière chacune de ces pensées du passé, il y a des vérités enfouies. On les habille de lumière, ou de ténèbres, afin de rendre sa vie plus supportable ou plus magique, cela appartient à chacun de nous.
J'arrive à la vingtaine, tu sais, le damam de midi, le jeunisme, les bilans, les bolides, et les cinq-à-sept. Sauf que pour moi, il n'est pas question de grosses cylindrées et d'infidélité. Il est question d'amour et de connaissance. Je ne parle pas d'amour des autres, ni des connaissances humaines. Je parle d'amour de soi, et de découverte de son être.
Il est certain qu'avant de te rencontrer j'avais peu d'amour pour moi-même. Je considérai la vie comme une obligation. Se sentir obligé d'être comme ceci, comme cela. Les jours, les années passaient, j'étais là, sans être là. J'avais toujours cette appréhension d'être inconsistant. De ne pas avoir de réalité. Je pensais également me connaître par cœur. Plus je t'écoute, plus je me dis que je n'ai connaissance que d'une infime partie de moi-même.
Et puis, il y a mes besoins. Ces envies, ces plaisirs qui font que l'on se sent vivant. Je n'en ai presque aucun. Attention, je ne dis pas que je ne prends aucun plaisir dans la vie, c'est juste que je satisfais mes besoins spirituels, et matériels a minima.
Pour t'expliquer je vais prendre deux exemples. Le premier est l'argent. Cette denrée après laquelle tout le monde court. J'avoue avoir couru après aussi, par contre ça ne m'apporte pas grand-chose. Car l'argent c'est bien, mais faut-il encore avoir des besoins qui en nécessitent, des vêtements, une voiture, une maison. Personnellement, je me satisfais de ce que j'ai, et je trouve que j'ai déjà beaucoup.
Le deuxième exemple c'est l'écriture. J'ai toujours aimé écrire. Étant jeune, j'ai écrit des poèmes, des histoires, des scénarios de jeux de rôle. Et puis, j'ai grandi. J'ai considéré que je n'avais aucun talent, que je ne pourrais jamais en vivre. J'ai donc choisi la voie de la facilité, celle du bien commun. Attention, ce n'est pas que tout ceci n'est pas plaisant, il reste ce sentiment de manque, de frustration. Pour combler ce vide, j'ai commencé à t'écrire.
Voyons, si je suis ce que je dis. Voyons, si j'accepte d'être ce que je pense être. Je parle d'acceptation, car c'est une des découvertes surprenantes que j'ai trouvées. J'ai compris le sens du mot. J'ai compris que j'avais ce droit. En mon âme, et conscience, j'ai le droit d'accepter, ou pas, ce que je vis, ce que je suis. Si tu as fait l'expérience de t'accepter toi-même tel que tu es, tu comprendras ce droit.
J'ai également le droit de choisir, ou pas. Ce droit, c'est toi qui me l'as appris. On parle également de lâcher-prise. Comme tu me l'as enseigné, je suis sûr que tu le comprends. Et enfin, j'ai le droit de me soumettre, ou pas. Ce droit est difficilement compréhensible. A l'heure où j'écris ces lignes, je commence à l'utiliser. C'est une forme d'acceptation couplée au lâcher-prise. Le danger avec ce droit, c'est de croire que la soumission est un engagement. Ce n'est ni une promesse, ni de l'abnégation. C'est un choix réversible envers une entité que l'on considère comme vivante.
Il n'y a pas de droit sans devoir. J'ai trouvé que j'avais le devoir de rester en vie. Assez simple, mais à la fois compliqué. Car certaines fois, la vie nous paraît injuste, absurde, voire même violente à notre encontre. Le deuxième devoir que je m'applique, est de respecter la vie. Encore une fois ça semble être très loin d'être difficile. Mais force est de constater que j'essaye de plier la vie à mes désirs. C'est-à-dire de considérer que certaines choses me sont dues. Le dernier devoir était, pour moi, presque insurmontable. C'est principalement ce devoir que tu m'as enseigné. Il est tout simplement d'évoluer dans la réalité en étant moi, sans masque, ni artifice.
Dans ces quelques phrases, tu as l'essence de ce que je suis, un humain tout comme toi. Ce livre est une invitation au voyage qu'a été ma vie, ce n'est pas un voyage extraordinaire, c'est une aventure parsemée de magie, la magie de la vie.