Avertissement : avant d'entamer la lecture de cette confession, il est important de s'emparer d'un comprimé de Padamalgam et de l'ingérer rapidement. Une fois ceci fait, vous pouvez commencer la dégustation de mon texte en ayant à l'esprit que mon objectif n'est pas de casser du sucre gratuitement mais de faire part de certaines expériences négatives qui ne sont, du moins je l'espère, pas forcément représentatives de l'ensemble de la communauté des volailles.
En ces temps de troubles et de manifestations publiques ponctuées ça et là d'exactions policières, des souvenirs me reviennent dans lesquels quelques gallinacés m'ont ébloui par leur manque total d'intelligence, de morale, de bon sens, voire les trois à la fois.
Je tiens à rappeler avant tout que j'ai aussi eu de bonnes expériences avec des policiers. J'en ai d'ailleurs fait mention dans d'autres confessions, et j'ai en mémoire également ce fabuleux tournage de snuff movie dans une cave à Aubervilliers... ah non, là, ce n'étaient que des déguisements ! Bref, reprenons.
Ou plutôt, commençons. Je pose le contexte : je reviens d'un séjour dans le sud et je dois retrouver mon cousin à Gare de Lyon pour que celui-ci m'emmène ensuite de la gare à chez moi en voiture. C'est bien plus pratique pour moi, étant donné l'état désastreux du complexe ferroviaire francilien. Il y a du monde pour faire des jeux de mots pour le 1er avril, mais par contre, pour mettre des ascenseurs, y a plus personne.
Je retrouve mon cousin à la surface et nous rejoignons rapidement sa voiture, juste à temps pour intercepter un agent de police qui s'apprête à mettre une amende pour un stationnement interdit sur une place GIC. Sur le coup, je ne lui en veux pas : mon cousin n'a pas le macaron GIC, c'est moi qui le détiens (forcément, c'est moi l'infirme !), et je me dis qu'une simple explication devrait suffire pour échapper à l'amende qui, en tout bon sens, ne se justifie plus. Mais là, je fais plusieurs erreurs : j'utilise des mots qui n'ont aucun écho dans la tête du monsieur qui fait son métier avant tout pour atteindre des quotas et non pour que le droit soit respecté comme il se doit.
Aucune explication n'est recevable puisque le flic a entièrement raison à partir du moment où c'est lui le flic et pas nous. Le bon sens, il ne connaît pas. Il ne connaît que le constat, et son constat est qu'une voiture est garée sur une place où elle ne devrait pas.
À cette époque, je ne suis pas en fauteuil et je me déplace seulement avec une canne. Et aux yeux de ce représentant de la haute intelligence, rien ne prouve que je suis handicapé. Ah bah tiens... heureusement que j'ai ma carte d'invalidité dans mon portefeuille ! Sinon, comment aurait-il pu deviner qu'un jeune homme marchant à l'aide d'une canne ne feignait pas le handicap ? Peut-être seulement en m'écoutant et en me regardant plutôt qu'en étant fixé sur l'amende qu'il rédigeait... mais c'est trop demandé pour un cerveau occupé à faire de si grandes choses !
La situation commence à vraiment m'énerver et comme j'ai une grande gueule, je ne peux m'empêcher de balancer un « voilà ce que ça fait de donner du pouvoir à des abrutis ». Ça par contre, il a écouté et bien enregistré. Du coup, en plus de l'amende pour stationnement interdit, vient s'intercaler une autre pour outrage. Un peu à la manière des Inconnus, quand dans les Trois Frères ils qualifient l'huissier de moults sobriquets (« c'est pas incompatible avec un enculé, c'est même un pléonasme », à mourir de rire !), je suis à deux doigts de lui demander d'en signer une autre pour réellement lui faire comprendre ce que c'est un outrage. Mais bon, je me calme. Tout aussi représentant de la loi qu'il puisse être, le flic a tort. Ce que l'administration m'a prouvé après maintes procédures longues et chiantes comme le tour de France à la télé...
Il faut croire qu'être handicapé est seulement possible si on est détenteur des papiers qui indiquent que l'on est handicapé. Pas de carte d'invalidité, pas d'handicapé. Pas d'handicapé, pas de place handicapé. Pas de place handicapé, pas d'infraction. Pas d'infraction, pas de problème. Enfin je crois. J'ai un doute. Le contact de ce bel abruti a endommagé mon intelligence...
Si seulement il n'y avait eu que lui ! Une autre fois, j'avais une course à faire (un relais 400 m haies, si si, je vous jure !) avec un ami, et nous cherchions désespérément une place pour se garer. Évidemment, les places GIC, ou plutôt la, était prise par une voiture qui ne disposait pas du macaron. Je vous vois venir, vous allez argumenter comme quoi il y a deux paragraphes je décrivais une situation dans laquelle l'absence de ce petit carré de papier cartonné bleu était justifiable. Je vous l'accorde. Mais croyez en mon expérience, 99 % du temps, s'il n'y a pas de macaron (huuuum les macarons c'est délicieux), c'est qu'il n'y a pas d'handicapé à bord.
Nous finissons donc par nous garer avec les warning sur une place réservée aux taxis. Je dis à mon ami qu'au pire, je reste dans la voiture et que si jamais par totale malchance un policier se pointe, je lui explique la situation et que ça devrait le faire, en tout bon sens. Ce fameux bon sens qui fait bien trop souvent défaut à ceux qui devraient en avoir...
En même temps, c'est un peu ma faute, j'ai compté sur la chance alors que je m'étais déjà bien fait entuber à la loterie génétique, alors à celle des flics...
Evidemment, au moment même où mon pote coupe le moteur, une espèce de colosse en uniforme de poulet vient taper à la porte. Pas le temps de parler ou d'expliquer quoi que ce soit qu'il annonce déjà la sentence : amende pour stationnement interdit, non négociable. Je lui montre mes papiers, je lui explique la situation, mon ami va même lui ouvrir le coffre pour qu'il voit mon fauteuil plié à l'intérieur, mais non. Ce type est un véritable cyborg. On s'attend presque à ce qu'il prenne la voix de Stallone et nous balance « la loi c'est moi ».
Il m'exaspère tellement que je sors de la voiture en prenant péniblement appui sur la portière pour lui montrer du doigt le véhicule qui est sur la place GIC. Et lui ? Il est pas en infraction lui ? Parce que sur son pare-brise, je vois ni macaron ni amende !
Ce à quoi il me demande de me calmer, que je n'ai pas à parler sur ce ton à un représentant de l'ordre, et surtout, adoubé par la grâce de la justice et par son succès lors du concours pour devenir gardien de la paix (que n'importe quel abruti peut facilement réussir, c'est peut-être là qu'est la source de nombreux problèmes, je dis ça je dis rien... pourquoi confier du pouvoir à une personne qui ne sait pas utiliser le bon sens et la logique ? Du coup, les véritables idiots, ce sont ceux qui garantissent l'accessibilité facile à ces professions... la poule ou l'œuf, lequel est arrivé le premier ? Tout est question de gallinacés).
Le miracle intervient. Stallone découvre qu'il a un cœur, et peut-être même que ce cœur participe à l'irrigation de son cerveau. Il décide, tel Commode (« ne suis-je pas d'une grande clémence ?! »), de, je cite, « nous accorder le bénéfice du doute ». Je suis plus révolté que soulagé par ce qu'il dit, puisqu'il n'y a aucun doute à avoir sur mon statut d'handicapé, mais je garde mon sang-froid et fais profil bas, préférant nous épargner à mon ami et moi une amende injustifiée.
Pour finir, je vous parlerai de ce retour de soirée, un samedi vers quatre heures du matin, lorsque mes amis veulent me déposer en voiture et me ramener chez moi mais que toutes les places du parking sont prises (chose assez invraisemblable, mais il a fallu que ça arrive), même bien sûr les GIC, et évidemment par des personnes sans macaron (si des pâtissiers lisent cette confession, vous savez maintenant quel filon exploiter). Il n'y a aucun endroit pratique pour sortir mon fauteuil, le déplier et le remonter.
Qu'à cela ne tienne, faisons appliquer le droit ! Je compose le 17, explique le contexte, et là on me dit sans détour que franchement, ils ont autre chose à faire que de se déplacer pour ça. Pour ça. Bah oui, je les appelle juste pour qu'ils fassent leur boulot, à savoir faire en sorte que le droit soit respecté. Et oui, je suis casse-couilles, on est en plein milieu de la nuit, mais c'est comme ça. Il aura quand même fallu que je débatte avec la personne au bout du fil pendant presque 10 minutes pour qu'elle se décide à envoyer une patrouille, patrouille qui évidemment n'est jamais venue. Heureusement que deux places de parking classiques et côte à côte se sont libérées entre-temps...
Je rappellerai avant de filer que je ne cherche absolument pas à salir l'image de l'entièreté des policiers. C'est comme dans tout, il y en a des biens, et il y en a des débiles. Il y a des professionnels et il y a des branleurs. Les événements qui se passent en France ces derniers jours, et la manie incessante qu'ont les médias à stigmatiser les jeunes comme étant des abrutis inconscients de ce qu'ils font et surtout pas concernés par ce qu'ils défendent, face à cette autre manie de glorifier l'état policier dans lequel nous sombrons, tout cela me pousse à me mêler très modestement du débat, en apportant ma petite pierre d'expérience à l'édifice d'une réalité qui est parfois belle et parfois odieuse.
Même si ces derniers temps, elle se révèle plus à gerber qu'autre chose...
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