Le Marchand De Sable

By AlexiaGaia2

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Le Marchand de Sable Saison 1 Nola Nott a tellement dû croire à la légende du Marchand de Sable lorsqu'elle é... More

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* INFOS *

Prologue

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By AlexiaGaia2


Il y a bien un feu qui crépite dans la grande cheminée non loin, mais je suis gelé jusqu'aux os. Impossible de me réchauffer. Et les courants d'air qui font mugir les murs de cette ruine n'y sont pour rien, c'est comme si le froid était en moi.

Je baisse les yeux. Mes mains, crispées autour de l'assiette devant moi, ne semblent pas vouloir m'obéir. Pourtant j'ai faim, je suis affamé même, mais tout ce que j'avale ne me cale pas, alors pourquoi m'entêter à ingérer quoi que ce soit ?

Je hais cet endroit. Mais pas autant que je la hais elle. C'est sa faute si je suis enfermé ici. Après avoir parcouru tous les recoins du monde, c'est ici que je pensais la trouver. À part mes propres démons et une mégère hautaine qui me retient prisonnier, je n'ai mis la main sur personne dans ce lieu malsain.

Comme pour confirmer ma pensée, un morceau du mur en face de moi se détache et s'écroule au sol dans un fracas assourdissant.

La demeure est à l'image de sa propriétaire : une beauté presque inhumaine dont l'éclat attire inexorablement, mais qui est en réalité aussi décomposée qu'un macchabée. Elle est terrifiante et pourrie de l'intérieur.

Je fixe la fissure béante qui s'affiche désormais face à moi. Encore un passage par lequel je ne pourrai pas passer pour partir d'ici... Si je sors, cet enfoiré de chien me déchiquettera sans sommation.

— Tu ne manges pas ? me demande soudain une voix que j'exècre. J'ai passé des heures derrière les fourneaux !

Des heures derrière les fourneaux ? Elle a une armée de servants aussi dévoués que des morts-vivants qui lui obéit au doigt et à l'œil, qu'elle ne me fasse pas croire qu'elle a ne serait-ce que levé le petit doigt.

— Je vais finir par mal le prendre... précise-t-elle.

Ce ton doux et langoureux me dégoûte. Ma logeuse aime me susurrer des mots doux qui, si je m'approche trop près d'elle, deviennent des hurlements assourdissants à m'en faire exploser le crâne.

Je tourne la tête vers elle. Son côté obscur est caché dans l'ombre. Tant mieux, j'ai beau en avoir vu dans ma foutue longue existence, distinguer le pire côté de cette cinglée me retourne l'estomac à coup sûr.

— Mange, ajoute-t-elle froidement.

— C'est infect !

Elle plisse les paupières.

— Te rends-tu compte à quel point tu es exaspérant ? J'en arrive à avoir du mal à te supporter. Mais, après tout, qui le pourrait dans la durée ? Même elle n'a pas tenu le coup !

Je ravale ma bile. Elle revient encore et toujours sur le tapis, comme ma pénitence éternelle. Elle est le fouet qui déchire ma peau.

— À quoi bon me forcer ? Plus je mange, plus j'ai faim. C'est de la torture !

— Et qu'est-ce que tu crois faire ici, Mane* ?

Je la fusille du regard. Si seulement je pouvais le faire vraiment ! J'aimerais pouvoir la réduire à néant, juste pour me sentir mieux, pour que cette douleur qu'on m'inflige sans discontinuer se calme. J'aimerais pouvoir reprendre mon souffle, ne serait-ce qu'une fois.

Je me détourne d'elle en essayant de cacher les tremblements qui me parcourent, mais c'est un mouvement vain car elle les provoque en toute connaissance de cause.

— Tu as toi-même poussé les portes de mon domaine... minaude mon hôte en laissant courir ses ongles trop longs sur le bord de la table.

Ce cliquetis me fait l'effet d'une nuée d'araignées qui me grimperaient dessus. Je sais comment je me suis retrouvé ici, et je le regrette. Je pensais la trouver et atténuer les élancements de mon cœur, étouffer ma peine. Mais c'était une erreur. Je ne sais même plus si je me sens mieux ou pire qu'avant. Le trou béant qui trône au milieu de ma poitrine ne cesse de grandir, lui abandonnant, doucement mais sûrement, ma force. Je lui avais donné mon cœur, elle a massacré mon âme. Et me voilà prisonnier ici en plus de l'être de mes propres peurs.

— Comment aurais-je pu te refuser l'hospitalité ? Je ne suis pas sans... cœur, reprend-elle.

— Ce que tu appelles un cœur n'est qu'une caillasse, de mon point de vue ! répliqué-je aussitôt.

— Je préfère encore ma pierre froide à ton âme torturée... Et même si mon cœur ne pulse pas avec force, c'est toujours mieux que le tien qui souffre encore de sa trahison !

La vague de rage qui me happe est impossible à contrôler. Une fois de plus, j'envoie valser tout ce qui me passe à portée de main. C'est ce qui arrive chaque fois que mon esprit se tourne vers le passé, vers la raison de ma présence ici, dans cet état. Cette violence se déchaîne lorsqu'on me parle d'elle, de ce qu'elle a fait.

Mon hôte reste impassible, elle n'a pas peur de moi. Comme celle qui m'a tout pris. Elle ne me craignait pas, et c'est précisément ce que j'aimais, ce que je n'arrive pas à oublier, même après tout ce temps passé ici.

D'un coup de pied, je brise la chaise en bois sur laquelle j'étais assis quelques secondes plus tôt. Il fait si froid ici qu'elle explose sans que j'insiste, puis la table subit ma colère et finit à l'autre bout de la pièce, emportant avec elle cette infâme nourriture.

Je m'arrête, à bout de souffle, sans parvenir à remplir mes poumons d'oxygène. Comme s'ils n'étaient plus capables de bouger, écrasés par mon cœur et son trou sans fond.

— Tu as fini ? demande mon hôte après quelques longues secondes de silence.

— Va te faire foutre.

— Si seulement... soupire-t-elle.

Toujours plantée sur sa chaise, elle n'a pas bougé. Quoi que je fasse, je ne pourrai pas l'atteindre. Et si un jour j'y parviens, son clebs me sautera à la gorge. Ça mettrait peut-être enfin un terme à ma souffrance...

— Mane... Si tu savais où elle se trouve, tu irais ?

Je tourne brusquement la tête vers elle. Son côté sombre me toise et me noue le ventre aussitôt.

— Tu te vengerais si tu la trouvais ? insiste-t-elle.

Me venger ? Oui. Je ne désire plus qu'une chose : la faire souffrir autant que j'ai mal ! Mais à quoi bon ?

Il n'y a que lorsque je ferme les yeux que je la trouve. Il n'y a que dans le monde des Songes qu'elle m'est encore accessible, celui dans lequel mes angoisses s'impriment sur mes rêves pour se jouer de moi et se transformer en terreurs nocturnes. Même dans ce monde à part, elle me fuit sans assumer son choix et enfonce la lame brûlante de sa trahison dans mon cœur glacial.

— Je sais où elle est ! me lance-t-elle en posant un regard scrutateur sur moi.

Je suis convaincu qu'elle se joue de moi. Cela ne serait pas la première fois. Elle se délecte de ma souffrance et trouve tous les moyens pour l'attiser.

— Tu mens encore, rétorqué-je, furieux.

— Va donc vérifier par toi-même, dans ce cas...

Elle balance un morceau de papier par terre. Simplement plié en deux. Il repose entre nous, comme la réponse à toute ma rage.

— Qu...

L'immense double porte de la propriété s'ouvre, me laissant voir la cour du manoir et la fontaine en son centre, qui laisse se prolonger derrière elle le pont que j'ai emprunté il y a bien longtemps pour venir ici.

— Tu te fous de moi ? demandé-je.

— Non. Je comprends ta peine et je veux t'aider.

Elle fait un signe de tête vers l'extérieur, m'intimant de partir. J'hésite, c'est un choix impossible à faire.

— Comment as-tu découvert où elle est ? J'ai cherché partout, longtemps.

— Ne laisse pas ton unique chance passer, Mane. Va-t'en, se contente-t-elle de me répondre.

Je lui lance un regard en coin. Si elle se fout de moi, je la réduirai à néant !

J'avance et attrape le papier pour lire ce qu'il y a inscrit dessus. Deux mots. Je fronce les sourcils puis, après une courte seconde de réflexion, je passe la porte.

La faim qui me tiraille m'empêche de réfléchir, mais un grognement sonore force mon corps à s'arrêter. Le chien !

Cette saloperie me barre brusquement la route. Il est encore plus gros que dans mes souvenirs.

— C'est bon, Garm*... Laisse-le passer, lance une voix dans mon dos.

La réaction est immédiate. Le monstre baisse sa garde et, doucement, sans me quitter des yeux, comme une sorte d'avertissement silencieux, s'écarte de mon chemin.

Je relève le nez devant moi avec une boule dans la gorge. La trouver est le seul moyen d'arrêter de souffrir.



A jeudi pour le chapitre 1 !

Love, Gaïa.


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