Ellynn Morgan et les Chasseur...

By PerrineDucornait

100K 10.6K 747

Ellynn Morgan est une jeune fille qui possède un étrange pouvoir qui lui permet d'interagir avec la nature. A... More

Prologue 1 - John Félix Morgan
Prologue 2 - La Mouette
2 - Bruxellae
3 - La boutique de Lulu
4 - Premier décret (première partie)
4 - Premier décret (deuxième partie)
5 - La fuite (première partie)
5 - La fuite (deuxième partie)
6 - Avis de recherche (première partie)
6 - Avis de recherche (deuxième partie)
6 - Avis de recherche (troisième partie)
6 - Avis de recherche (quatrième et dernière partie)
7 - Timolas (première partie)
7 - Timolas (deuxième partie)
7 - Timolas (troisième partie)
7 - Timolas (quatrième partie)
8 - Salomon le Fou (première partie)
8 - Salomon le Fou (deuxième partie)
8 - Salomon le Fou (troisième et dernière partie)
9 - Amicus (première partie)
9 - Amicus (deuxième partie)
9 - Amicus (troisième et dernière partie)
10 - Rubis (première partie)
10 - Rubis (deuxième partie)
10 - Rubis (troisième partie)
10 - Rubis (quatrième et dernière partie)
11 - Aeolus Tann'ynn (première partie)
11 - Aeolus Tann'ynn (deuxième partie)
11 - Aeolus Tann'ynn (troisième et dernière partie)
12 - Code: Pirate (première partie)
12 - Code: Pirate (deuxième partie)
12 - Code: Pirate (troisième et dernière partie)
Tome 2 disponible!

1 - Les Bois de l'Iris

5.4K 409 48
By PerrineDucornait

Il s'était passé près de quinze ans depuis que John Félix Morgan avait quitté La Mouette. Les années avaient passé et une nouvelle vie avait commencé.
De l'autre côté de l'océan, une brise légère soufflait sur une petite maison située dans les bois de l'Iris. Les rayons du soleil apparaissaient peu à peu et laissaient filtrer une douce lumière dans tout le bois. L'habitation avait un certain charme et alliait un mélange de bois et de pierres lorsque la façade n'était pas recouverte de lierre. Malgré sa beauté naturelle, tous les recoins de la maisonnette commençaient à tomber en ruine et le toit, abîmé par endroits, laissait filtrer l'eau dès qu'il pleuvait.
Dans la petite chambre du grenier, un nourrisson avait bien grandi. Emmitouflée dans ses draps, Ellynn était encore endormie lorsqu'une voix douce la sortit de ses rêves.

- Ma chérie, le soleil est déjà levé.

Ellynn ouvrit doucement les yeux et entendit sa nourrice descendre le vieil escalier en bois pour rejoindre la cuisine. Tous les matins, c'était le même rituel. Nanny Mi venait la réveiller aux premières heures de la journée puis descendait terminer la préparation du petit déjeuner. Cette routine durait depuis tellement longtemps qu'elle ne pouvait pas dire à quand elle remontait.
Ellynn s'étira et s'extirpa du lit à grande peine. Elle n'était pas quelqu'un du matin et avait toujours besoin d'une dizaine de minutes avant d'être fonctionnelle. Elle ne pouvait pas dire qu'elle était grincheuse au réveil mais elle n'appréciait pas qu'on la bouscule aux petites heures de la matinée.
D'un pas lent et encore endormi, Ellynn se dirigea vers sa garde-robe et observa son reflet dans le miroir fendu de sa garde-robe. Elle était de taille moyenne et avait de longs cheveux blonds cendrés. Son visage était fin et de petites taches de rousseurs faisaient leur apparition sur son nez et ses joues dès l'arrivée des premiers rayons du printemps. Ses yeux verts clairs étaient grands et sa bouche jolie et bien dessinée. Et l'une des choses qu'elle affectionnait dans son physique était sa petite tache de naissance qu'elle portait en-dessous de sa lèvre inférieur et qui formait une larme de couleur brunâtre.
Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle traînait, Ellynn s'activa et choisit une tenue parmi le peu d'habits qu'elle possédait. Celle qu'elle prit était sa favorite. Dans les tons verts, son pantalon était saillant et lui permettait de se déplacer avec facilité dans les bois alors que sa chemise blanche était ample pour qu'elle puisse avoir une plus grande liberté de mouvement avec ses bras. Se coiffant en vitesse, elle descendit les escaliers deux à deux et fit grincer le plancher sous chacun de ses pas. 

- Ah, te voilà ! s'exclama sa nourrice qui était occupée à cuisiner.
- Bonjour ma petite Nanny, dit Ellynn affectueusement en lui faisant la bise.
- Tu as bien dormi ? Tiens – elle lui tendit une assiette avec son déjeuner préféré – installe-toi à table.

Ellynn contourna sa nourrice et s'installa confortablement à table. Elle porta l'assiette à son nez et huma son repas avec délectation. Ellynn adorait manger et chaque repas fait par Nanny Mi était un vrai délice. Prenant une cruche de sirop d'érable, elle aspergea son pain (il avait été préalablement trempé dans un mélange de lait et d'œufs avant d'être cuit dans une poêle) et engouffra son petit déjeuner en moins de deux minutes. 

- À chaque fois que je te vois manger, j'ai l'impression que tu n'as plus été nourrie depuis des semaines, rit Nanny Mi devant son appétit.
- C'est parce que c'est à chaque fois trop bon. Si tu pensais un peu à ma ligne, tu ne me cuisinerais pas tous ces bons plats, la taquina Ellynn. Qu'as-tu d'ailleurs prévu de bon pour ce midi ?
- Oh rien de bien spécial ma chérie. J'ai du poulet, une brioche et quelques légumes. Tu seras là pour le dîner ?
- Je serai surement affamée donc compte sur moi !

À ces mots, Ellynn se leva et débarrassa son assiette dans l'évier. Elle but ensuite un grand verre d'eau et remplit sa gourde pour la matinée. L'heure avançait et elle commençait à trépigner d'impatience à l'idée de sortir et rejoindre son camp d'entraînement. 

- N'oublie pas qu'on révise cet après-midi, ma chérie.
- Oh non, pas aujourd'hui ! Papa revient dans quelques jours et j'ai encore beaucoup de choses à faire avant son retour.
- Ma chérie, ce n'était pas une question, répondit doucement Nanny Mi pour mettre un terme à la discussion.

Ellynn ne savait rien répondre à ça. Nanny Mi avait l'art de l'obliger à faire des choses qu'elle n'aimait pas sans hausser le ton et sans qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit.
Râlant le plus fortement possible pour bien marquer son désaccord (elle détestait perdre un après-midi au camp), Ellynn claqua la porte de la cuisine et se dirigea vers le placard où elle entreposait sa sacoche, son épée et ses bottes de marche. Elle s'habilla à la hâte, grommela un « au revoir » plus ou moins correct à sa nourrice et emprunta le sentier qui faisait jonction entre sa maison et son camp.
Le chemin qu'elle empruntait quotidiennement lui prenait entre vingt et trente minutes en fonction qu'elle marchait ou courrait. Il était sinueux et dangereux par endroit car la végétation était dense et le sol rocailleux. Au détour d'un rocher, Ellynn se mit à courir. Si elle devait étudier toute l'après-midi, elle voulait se dépêcher et avoir le plus de temps possible sur place.
Après une dizaine de minutes, Ellynn commença à se calmer. La nature avait pour habitude de la détendre quand elle ruminait et trouvait le monde injuste du haut de ses seize printemps. Le fait qu'elle puisse toucher un arbre ou effleurer des fleurs lui ramenait toujours le sourire car c'était à l'extérieur qu'elle se sentait le mieux.
Quelque peu apaisée, Ellynn ralentit la cadence pour pouvoir profiter des premiers rayons de soleil de la journée. Chaque jour, ceux-ci offraient un spectacle différent et elle adorait observer les changements quotidiens. Pendant la nuit, il avait plu et la végétation était encore gorgée d'eau. Les feuilles des arbres laissaient filtrer la lumière et celle-ci illuminait la vie qu'abritait les bois de l'Iris. Les animaux commençaient d'ailleurs à sortir de leurs terriers et les oiseaux chantaient leurs mélodies.
Ellynn toucha de sa main la nature qui l'entourait. À chaque fois qu'elle faisait cela, une sensation de bien-être la transportait et la végétation vibrait sous ses doigts. Subjuguée par ce spectacle, elle perdit du temps et sprinta pour rattraper tant bien que mal son retard.
Une fois sur place, ses dernières frustrations s'envolèrent. Il y avait quelque chose de particulier à ce camp. Il n'était peut-être pas grand mais il était pratique et lui permettait de s'entraîner tous les jours, comme son père le lui avait demandé. Ellynn en était fière et ne l'aurait échangé pour rien au monde.
Comme à son habitude, Ellynn fit un tour d'inspection pour s'assurer que rien n'avait bougé depuis la veille. Elle parcourut des yeux sa zone d'entraînement et remarqua qu'elle avait oublié de ranger son vieil épouvantail qui lui servait pour ses cours de combat. Elle l'avait utilisé pour s'entraîner à l'épée et l'avait laissé affalé contre un arbre, mal en point et prêt à rendre l'âme tellement il était usé.
Au-dessus du mannequin, il y avait une cabane qu'elle avait construite avec son père. Elle n'était pas bien grande mais lui permettait de s'y abriter en temps de pluie ou de s'y reposer en cas de fatigue.
Alors qu'elle allait ranger l'épouvantail, Ellynn sentit une présence dans son dos. Doucement, elle se retourna en faisant le moins de bruit possible. Elle observa les environs et remarqua que les animaux ne semblaient pas inquiétés par la présence étrangère dans les bois. Elle sourit alors à pleine dents.

- Tu comptes encore m'observer longtemps ? demanda Ellynn amusée dans la direction d'un buisson feuillu où elle avait vu quelques feuilles bouger.

En moins de deux secondes, une énorme boule de poils lui sauta dessus et la fit tomber à la renverse. Sous le choc, Ellynn eut le souffle coupé mais ne put s'empêcher de rire face à son compagnon de jeux.

- Gladius, mon beau.

Bien qu'elle soit presque étouffée par le poids de l'animal, elle ne lui demanda même pas de bouger. Elle adorait ce genre de moment privilégié qu'elle avait avec lui. Gladius était son tigre à dents de sabre et elle avait grandi avec lui. Elle l'avait un jour trouvé dans son jardin alors qu'ils n'étaient tous les deux que des bébés. Selon les dires de Nanny Mi, Gladius était resté longuement assis à observer Ellynn et avait attendu patiemment qu'elle vienne le rejoindre. Lorsqu'elle l'avait touché pour la première fois, quelque chose s'était passé entre eux. Un lien infaillible s'était tissé entre eux et depuis ce jour, ils ne s'étaient plus jamais quittés.
Gladius avait un pelage brun-roux et des dents aussi tranchantes que des sabres. Il était plus grand et imposant que la moyenne de ses compères et pouvait être considéré comme étant un mâle-alpha. Il était doté d'une très grande intelligence et ils n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre.
Perché au-dessus d'elle, Gladius la fixait de ses iris intenses. Elle le connaissait mieux que quiconque et les plans de sa journée s'envolèrent immédiatement.
Ellynn se releva et caressa affectueusement sa tête. Debout, elle arrivait à peine à son garrot tellement il était grand. Elle lui gratta l'arrière de ses oreilles comme il l'aimait tant et rit quand il grogna de plaisir dans son cou. 

- Tu veux aller te balader ? lui demanda Ellynn inutilement.

En guise de réponse, Gladius se courba et se mit à sa hauteur pour qu'elle puisse monter sur son dos. La grandeur de son tigre lui permettait de le chevaucher et de faire de grandes balades. S'accrochant à son pelage, elle monta sur son dos et s'y installa confortablement en bloquant ses pieds à l'arrière de ses coudes avant. En agissant de la sorte, elle n'avait pas besoin de selle et ne faisait plus qu'un avec lui.
Ellynn ne parvenait pas décrire ce lien qui les unissait et qui allait bien au-delà de la simple relation maître-animal. Lors de leur première rencontre (et ce malgré leur très jeune âge), c'était comme si Gladius était devenu une partie d'elle-même et elle une partie de lui. Ils ressentaient leurs émotions, se comprenaient, se soutenaient et se protégeaient. Elle n'avait jamais besoin de lui expliquer ses moments de faiblesse car lui-même ressentait sa douleur et elle la sienne. C'était un lien puissant qui les rendaient plus forts et plus soudés que jamais.
Comme d'habitude, Gladius attendit que sa compagne soit bien installée puis, bondit en avant et s'élança à toute vitesse dans les bois. Ellynn dut se cramponner pour ne pas perdre l'équilibre car même si son tigre savait ce qu'il faisait, sa brusquerie l'avait déjà propulsée à plusieurs reprises au sol.
Ellynn perdit toute notion du temps. Son compagnon avait besoin de se dégourdir les jambes et cavalait partout où il le pouvait. Les paysages défilaient à toute allure et Ellynn avait à peine le temps de les admirer. Les bois de l'Iris étaient vastes et abritaient une faune et une flore incroyable. Son endroit préféré était le lac de l'Iris car il lui permettait de se baigner et d'admirer le coucher du soleil avec Gladius. Elle avait toujours souhaité y baser son camp d'entraînement mais son père s'y était opposé en lui disant que la végétation n'y était pas assez dense et qu'elle y serait trop exposée.
Ellynn savait qu'elle n'était pas une jeune fille ordinaire. Son père le lui avait souvent dit et dès sa plus tendre enfance, il avait inlassablement insisté pour qu'elle apprenne à se battre et à contrôler ses émotions. Il avait pris cette décision un soir d'été où Ellynn avait piqué l'une de ses premières colères. Suite à une bêtise, elle avait été grondée et privée de dessert. Furibonde, elle avait tapé des mains sur le sol et des crevasses étaient soudainement apparues dans la terre. Le lendemain, son père lui avait donné son premier entraînement et l'avait incitée à s'exercer quotidiennement pour apprendre à contrôler son pouvoir étrange.
Ellynn ne savait pas pourquoi elle possédait cette particularité. Elle avait questionné son père à maintes reprises et celui-ci lui avait assuré qu'elle était la seule à posséder ce don. Au fur et à mesure des années, elle s'était rendue compte qu'elle ne savait communiquer qu'avec la Terre et que les autres éléments tels que l'eau, le feu ou l'air ne lui répondaient pas.
L'utilisation de son don lui demandait beaucoup d'énergie en fonction de ce qu'elle essayait de faire. Ainsi, elle avait remarqué que l'accélération ou le ralentissement de la croissance d'une fleur lui demandait moins d'énergie que l'élaboration d'un mur de terre ou la communication avec la nature au travers de Gladius. Aussi, quand elle propulsait son esprit par la Terre, elle fragilisait la nature par endroit pour pouvoir puiser suffisamment d'énergie pour aller le plus loin possible.
Son père l'épaulait et la conseillait dès qu'il en avait l'occasion. Il l'avait vue à l'œuvre à de nombreuses reprises et lui avait demandé de ne pas montrer ce dont elle était capable de faire à d'autres personnes que lui ou sa nourrice. Cette demande provenait principalement du fait que ses entraînements pouvaient aussi mal tourner.
Ellynn en avait d'ailleurs un souvenir vil. Un jour, elle s'était exercée pendant plusieurs heures avec un arbre pour tenter de ne faire plus qu'un avec lui. À bout de force, elle avait capitulé et tellement râlé qu'elle n'avait plus fait attention à ce qu'elle faisait. Sa déconcentration avait fait que l'arbre s'était fendu en deux et était tombé sur elle, son père et Gladius, les blessant au passage.
Chassant ces pensées de sa tête, Ellynn se concentra sur l'itinéraire de son tigre à dents de sabre. Il longeait les falaises qui plongeaient sur le lac et bondissait de rocher en rocher. Sa cadence ne faiblissait pas et Ellynn sut qu'ils allaient bientôt arriver au spot qu'ils adoraient tant.
Ellynn profita des quelques minutes de trajet restantes pour s'exercer. Elle resserra ses genoux pour accroître son équilibre, se redressa et écarta les bras. Elle ferma les yeux et commença à respirer plus lentement pour calmer son rythme cardiaque. Entrer en contact avec la nature était à présent aisé pour elle.
Tout à coup, un grondement sourd l'interrompit dans sa concentration. Ellynn ouvrit grand les yeux et remarqua que Gladius avait changé son itinéraire habituel pour s'éloigner rapidement du lac.

- Que fais-tu ? lui demanda Ellynn étonnée alors que Gladius se précipitait derrière plusieurs arbres au feuillage épais pour les cacher.

Gladius n'agissait jamais de la sorte et son comportement indiquait qu'il y avait un danger potentiel. Alerte, Ellynn observa les alentours et prit silencieusement son épée en main. Cela faisait depuis quinze ans qu'elle vivait dans ces bois et jamais elle n'avait rencontré le moindre problème. Cependant, la nervosité de son tigre était palpable et cela ne présageait rien de bon.
De longues minutes passèrent. Puis, au loin et presque de manière imperceptible, Ellynn entendit le bruit d'un galop. Ce dernier venait de l'est et se rapprochait dangereusement d'eux. Sans attendre, elle descendit de son tigre et ils se couchèrent pour être complètement dissimulés. Avide de savoir ce qui se passait, Ellynn toucha le sol poussiéreux de sa main et communiqua avec la Terre.
Au travers de sa main, Ellynn libéra son énergie et laissa son esprit entrer en communion avec son élément. Elle propulsa ensuite son esprit à plusieurs centaines de mètres de là où elle se trouvait et chercha l'origine de ce galop intempestif.
Ce qu'elle vit la figea. Le vacarme qu'ils entendaient n'était pas provoqué par une mais trois personnes. Ils étaient tout de noir vêtus et chevauchaient leurs étalons à robes sombres comme si l'enfer était à leurs trousses. Ils étaient lourdement armés et une femme menait le groupe, ses cheveux blanc virevoltant dans tous les sens.
Ellynn s'arracha à cette vision et revint à l'endroit où elle se trouvait. Même si la connexion était terminée, elle pouvait encore ressentir toute la détresse de la nature entourant les cavaliers. Sur ses gardes, elle s'agrippa encore un peu plus à son épée tandis que Gladius utilisait son corps pour la protéger.
Les intrus ne mirent pas beaucoup de temps pour entrer dans leur champ de vision. Ils traversèrent la plaine juste devant elle et Gladius et ne prirent même pas la peine de regarder les alentours. Ils ne semblaient craindre personne et les animaux les fuyaient comme la peste. Tout dans leur comportement indiquait qu'ils n'étaient pas commodes et qu'il ne fallait surtout pas se trouver au travers de leur chemin. Ils dégageaient une aura négative et Ellynn ne pouvait éprouver que de l'horreur en les regardant.
Quand ils disparurent de son champ de vision, tout ce qu'elle retint, c'est qu'ils étaient trois et qu'ils avaient laissé sur leur passage un sentiment de souffrance.


Au début de l'après-midi, Gladius déposa Ellynn devant sa maison. Le chemin du retour avait été long car ils avaient été prudents et avaient évité les sentiers habituels. Elle savait que Nanny Mi ne serait pas contente de son retard mais ce n'était pas sa première préoccupation. Ce qu'elle avait vu dans les bois ne la rassurait pas et son envie de manger était partie avec les trois cavaliers.
Quand elle arriva dans la cuisine, son repas était sur la table mais sa nourrice n'était pas dans les parages. Prenant son assiette, elle ressortit de la maison et la donna à Gladius, heureux de cette attention. 

- Ça fait plaisir ! fit une voix dans son dos.

Ellynn sursauta et failli renverser le contenu de l'assiette par terre.

- Mon Dieu Nanny Mi ! s'écria Ellynn. Ne me refais plus jamais ça !

Nanny Mi était dans son dos et la regardait d'un air réprobateur. Elle la dévisageait – ses bras croisés comme elle le faisait chaque fois quand elle était fâchée – et attendait une explication pour son retard. Ellynn, encore sous le choc de ce qu'elle venait de voir, resta pantoise.

- Tu es pâle ma chérie, il y a un problème ? lui demanda sa nourrice en changeant complètement de comportement, soudain inquiète de voir sa protégée si blême.

Nanny Mi mit sa main sur son front puis toucha ses joues pour voir si Ellynn avait de la température. Ce n'était pas dans ses habitudes d'arriver de manière si tardive et en prime, de ne pas manger le repas préparé.

- Je vais bien, tenta de la rassurer Ellynn en s'écartant de sa nourrice. 

Ellynn ne voulait pas inquiéter Nanny Mi. Après tout, ce n'était que des cavaliers et il n'y avait pas de quoi s'alarmer. Seulement, quand elle avait communiqué avec la Terre, celle-ci avait été en souffrance après leur passage et cela n'était encore jamais arrivé. Ce ressenti convaincu Ellynn à tout raconter. Sa nourrice ne sortait pas plus qu'elle des bois de l'Iris mais il était possible qu'elle en sache un peu plus qu'elle sur ces cavaliers qui venaient de passer.
Après lui avoir tout relaté, Ellynn vit que Nanny Mi était inquiète. Elle ne disait rien mais il était évident qu'elle réfléchissait.

- Je pense qu'une petite visite en ville s'impose, dit Nanny Mi après un long moment.
- Quoi ? s'écria Ellynn.

Elle n'en revenait pas de ce que venait de lui annoncer sa nourrice. Elle n'avait presque jamais le droit d'aller en ville car son père estimait que c'était trop dangereux au vu de son don. Il lui disait toujours qu'un accident était si vite arrivé, ce qui la frustrait au plus haut point. 

- On partira demain, à l'aube, reprit sa nourrice, faisant abstraction de l'excitation de sa protégée. Le cours de cet après-midi est annulé car je dois préparer toutes nos affaires. On ne restera pas longtemps car ton père revient dans quelques jours. Je pensais me rendre en ville avec lui pour acheter du matériel pour réparer les fissures dans le toit et acheter de nouveaux médicaments. On pourrait en profiter pour se renseigner sur ces hommes et voir ce qui les amène dans notre royaume. On ne restera pas longtemps. 

Ellynn ne put s'empêcher de sautiller sur place tellement son excitation était grande. Tous les adolescents de la ville allaient à l'école alors qu'elle n'en avait pas le droit de son père. Il préférait nettement que ce soit Nanny Mi qui s'occupe de son éducation, provoquant de réelles disputes au fur et à mesure des années. Ellynn se sentait seule et souhaitait rencontrer d'autres jeunes de son âge. Malheureusement, elle n'avait jamais obtenu gain de cause et avait dû se résoudre à rester cloîtrée dans les bois de l'Iris. 

- Gladius peut venir avec nous ? ne put-elle s'empêcher de demander.
- À une condition : qu'il reste aux abords de la ville et qu'il ne se fasse surtout pas remarquer.

Ellynn cria de joie, embrassa sa nourrice et couru dans sa chambre préparer ses affaires. Elle n'avait pas beaucoup de choses à prendre mais elle était tellement excitée qu'elle voulait que tout soit prêt le plus rapidement possible. Le trajet du lendemain allait durer quelques heures et elle voulait être reposée pour être le plus en forme possible.


***************************************************

Est-ce que ça vous plaît toujours autant??? :)))

Continue Reading

You'll Also Like

1.9K 271 10
Pour ce premier numéro, plongez dans le mystère des prophéties, ainsi que dans un univers rempli de surprises !
283K 17.2K 78
Quand on a des parents qui nous traitent comme des moins que rien, on peut facilement dire qu'on n'a pas la vie rose et on a tendance à vouloir se do...
1.7M 155K 144
Si vous deviez être courtisé par un Dieu olympien, lequel choisiriez-vous ? Ambre, passionnée de mythologie grecque a dix-sept ans lorsque sa mère l...
1.9M 140K 109
Ruby est une jeune orpheline elle ne connaît rien de son passé rien de ses parents de sa famille ni de ses origines. Elle n'a pas connue que la joie...