Je secouais la tête.
Je n'avais pas envie d'en parler avec Mike, je décidais juste de laisser passer et d'oublier.
Il était 18h30 et on décidait enfin de sortir.
On rentrait dans la voiture de Mikey et on était enfin partis pour la soirée...
Je regardais par la fenêtre, perdue dans mes pensées, mais parfois je sentais le regard de mon meilleur ami me brûler l'épaule. Je faisais semblant de ne rien voir...
On arrivait finalement devant chez Jordan (que je ne connaissais pratiquement pas d'ailleurs) et je découvrais les dizaines de voitures garées juste devant chez lui.
- Et moi qui m'attendais à une petite soirée... soupirais-je.
Mike se mit à rire, et je sentais un de ses bras m'entourer.
- T'inquiète pas, je suis là.
Je ne savais pas vraiment si ça faisait une énorme différence...
On pénétrait lentement dans l'immense jardin, puis on arrivait devant la porte d'entrée. Je prenais une grande inspiration, et le contact de la main de Mike dans mon dos commençait à finalement me rassurer.
Je poussais l'immense porte en bois, et la fête pouvait enfin commencer. Je pense que ça ne pouvait que me faire du bien de m'évader le temps d'une soirée.
J'étais allée dire bonjour à Jordan, Ethan et Jay que je n'avais pas vu depuis un petit moment.
- T'es magnifique ce soir Hayley ! Me lança Jordan.
Je souriais.
- Merci beaucoup, et merci de m'avoir invitée ! Riais-je.
Il me fit un bisou sur la joue et je laissais les garçons entre eux.
Mission du soir : alcool, danse, danse, alcool, danse, clope.
Je crois que c'était les trois seuls moyens pour moi de me sentir mieux.
J'allais à la cuisine pour me trouver un petit verre de quelque chose, puis je croisais une ancienne amie à moi en chemin.
- Hayley ? C'est toi ? Me lança-t-elle.
- Zoé ? Souriais-je.
On se sautait dans les bras. Je crois que je ne l'avais pas revue depuis le collège.
On parlait pendant quelques minutes puis elle me proposa de la suivre pour rejoindre ses amies. J'acceptais avec plaisir, ça me permettra de ne pas rester seule.
On parlait toutes un petit moment, puis je décidais enfin de me lancer sur la piste.
Il y avait énormément de monde, certains complètement bourrés, et d'autres avec des yeux affamés. Je souriais.
Je faisais un peu n'importe quoi je pense, mais je me sentais bien. Je ne suis pas la meilleure danseuse au monde, mais je n'avais pas besoin d'en faire des tonnes pour me sentir mieux.
Je souriais toute seule en tournant sur moi-même en regardant les lumières au plafond, puis mon regard croisa celui de quelqu'un.
En fait, mon regard avait croisé beaucoup de regards durant la soirée, mais cette fois ci c'était bien différent.
Il était là, Taron était quelques mètres de moi, l'air totalement dépité.
Mon sourire s'effaçait aussitôt que j'eu tourné la tête sur le côté.
Son regard ne lâchait pas le mien, mais je venais de littéralement imploser.
Son regard tellement coupable, son visage toujours aussi concerné, et cette fille dans ses bras qui me regardait de ses grands yeux bleus, ses longs cheveux blonds qui flottaient dans l'air.
Je restais immobile au milieu de la foule qui dansait l'air de rien, comme si je n'étais pas ici.
J'en venais à moi-même me poser la question.
Est-ce que j'étais vraiment ici ? Pourquoi je me sentais soudainement aussi mal ?
Je soupirais, et j'entendais mon cœur se fissurer quand je la voyais sauter sur les lèvres de mon sauveur qui ne me regardait plus à présent.
Je baissais la tête, puis je décidais d'aller rejoindre les filles. Je ne tenais pas vraiment à regarder ça plus longtemps.
- Ҫa va Hayley ? Me demanda Zoé en me prenant la main.
Je souriais en hochant la tête, puis me remettais à fixer le sol.
Les larmes ne venaient pas, je pense que j'étais beaucoup trop énervée pour ça. Pourtant je n'avais aucune raison de l'être.
Je souriais.
Au fond, je le savais que je n'aurais jamais dû m'attacher à ce garçon.
Après quelques minutes de méditation, je décidais de remonter pour aller voir Mike. Mais avant, j'avalais un ou deux verres de vodka, je ne m'en souviens plus vraiment.
Ils étaient tous en train de hurler et de chanter, puis ils se mettaient à siffler quand j'entrais dans la pièce.
Mike me prenait dans ses bras et me portait au-dessus de sa tête. Je riais.
En me reposant sur le sol, je m'approchais de son visage et lui déposais un baiser sur le menton.
Il me regardait en souriant et m'embrassait le nez en redescendant. J'ai hésité pendant un instant, mais plus rien ne me retenait réellement.
Je déposais mes deux mains sur ses joues et ses lèvres s'écrasaient contre les miennes.
Ҫa m'a fait comme un électrochoc dans tout le corps, mais je pense que c'était principalement dû à l'alcool.
On se séparait finalement et il m'attrapait par la main en me sortant de la pièce.
Je ne savais pas vraiment où on allait, mais je me souviens que je trouvais ça particulièrement excitant.
Il me fit monter des escaliers, puis on se retrouvait dans une immense chambre. Je ne m'y attendais pas vraiment, et crois qu'à ce moment précis toute la dose d'alcool que j'avais dans le sang avait soudainement disparue.
Je commençais à paniquer en me demandant ce qu'il allait faire, mais je me contentais de sourire.
Il s'approchait lentement de moi, me prenait par la taille en me tirant vers lui, puis il se jetait sur mes lèvres une deuxième fois.
Il empestait l'alcool, c'était affreux. Mais bon, disons que ce n'était pas le premier mec bourré que j'embrassais.
Il commençait à me pousser contre le lit, et c'était comme la sonnette d'alarme dans ma tête.
- Hm... Mike... soufflais-je entre deux baisers.
Il ne me répondait pas.
J'essayais de le pousser autant que je le pouvais, mais tout le poids de son corps était pressé contre le mien, je ne pouvais presque pas bouger.
- Mike, lui dis-je plus fort que la première fois.
Il souriait et commençait à passer sa main sous mon t-shirt.
- Mike ! Stop ! Hurlais-je.
Il relevait la tête vers moi mais ne retirait pas ses mains de ma poitrine.
Je lui donnais un coup de genou dans le ventre en le poussant encore plus fort.
J'avais réussi à lui faire mal et à l'éloigner de moi. Je courrais vers la porte aussi vite que je le pouvais, mais j'étais vite arrêtée par une poigne de fer qui m'attrapa par la taille.
- C'est comme ça que tu traites ton meilleur ami ? Souriait-il en me retournant vers lui.
Je faisais tout ce que je pouvais pour me libérer de son emprise, mais ma force ne rivalisait pas le moins du monde avec la sienne.
- Mike, arrête-toi ! T'es pas dans ton état normal là ! Je te reconnais pas ! Lui hurlais-je au visage.
Il ne m'écoutait même pas parler et se jetait une nouvelle fois sur moi pour m'embrasser. Il me portait ensuite pour m'allonger sur le lit.
Je ne pouvais plus me retenir, les larmes tombaient toutes seules. Mon meilleur ami, mon frère, le garçon avec qui j'ai grandi et tout appris... il était sur le point de commettre l'irréparable.
Il se stoppa un instant et me regardait dans les yeux, toujours en me maintenant immobilisée sur le lit.
- Hayley... tu... commençait-il.
J'en profitais pour lui donner un coup de pied entre les deux jambes.
Il me tombait dessus, mais je me dépêchais de sortir du lit avant qu'il ne m'attrape. Je me dirigeais ensuite vers la porte, à bout de souffle.
- Hayley, attend... susurra-t-il alors que j'avais ma main tremblante sur la poignée de la porte. Je t'aime...
Ma vision se troublait.
- Moi aussi je t'aimais, Mike. Je t'aimais, jusqu'à ce soir. Tu peux bien aller te faire foutre, lui crachais-je en quittant la pièce.
Je descendais les escaliers à toute vitesse en bousculant des gens au passage. Ma tête commençait à tourner, et ma vue n'allait pas mieux.
Je bondissais en dehors de la maison pour me calmer, puis je me faufilais à l'arrière du jardin.
Je regardais le ciel, puis j'explosais une nouvelle fois.
J'étais incapable de comprendre comment c'était possible qu'il me fasse ça maintenant, alors qu'on a passé 20 ans ensemble. J'étais déçue, triste, et en colère.
Mais bizarrement, Mike n'était pas la seule cause de ces sentiments qui s'emparaient de moi ce soir.
Je repensais à Taron. Je ne m'attendais pas à le voir ici ce soir, mais je crois que je m'attendais encore moins à le voir avec quelqu'un. Je ne savais pas vraiment si ça me faisait du mal ou si j'étais juste triste de ne pas être à la place de cette fille.
C'est vrai, elle a tout gagné. Elle a su profiter de cette occasion que n'importe quelle fille rêverait d'avoir...
Je secouais la tête et sortais une cigarette de ma poche.
Je l'allumais, puis j'entendais la porte d'entrée s'ouvrir de l'autre côté. Je n'y prêtais pas vraiment attention, c'était certainement des mecs bourrés qui sortaient pour aller pisser.
Je m'asseyais contre le mur froid de la maison et continuais de fumer ma cigarette, complètement perdue dans mes pensées.
C'était censé être une bonne soirée avec des amis, mais ça n'aurait pas pu être pire.
J'étais soudain sortie de mes pensées par des bruits de pas qui venaient vers moi.
Je relevais rapidement la tête en ayant peur que Mike revienne à la charge et essaie une nouvelle fois de me violer.
Mais à ma plus grande surprise, c'était Taron qui s'approchait doucement de moi.
Sans rien dire, il s'asseyait juste à côté de moi. On était alors plongés dans un long silence extrêmement gênant. Je pense que je ne savais pas quoi dire, et que lui n'avait tout simplement rien à dire.
Je soupirais, puis je sentais son regard me brûler la joue.
- Tu fumes ? Me demanda-t-il en me faisant sursauter.
- Désolée, lui répondis-je simplement, toujours en regardant en face de moi.
Il se mit à rire très légèrement.
- C'était pas un reproche, me lança-t-il en sortant une cigarette de sa poche.
J'étais surprise. Depuis que je l'ai vu habillé en costume cravate, je l'imaginais plus en tant que parfait petit gentleman.
Je le fixais longuement, puis ses yeux se concentrèrent sur un point de mon visage, puis se mettaient à le balayer de haut en bas.
- Tu as pleuré ? Me demanda-t-il.
- Non, mentais-je.
Il soupirait.
- Hayley, arrête de me mentir, soufflait-il.
Je tournais mon visage vers le sien.
- C'est qui le plus gros menteur entre nous deux, d'après toi ? M'énervais-je.
Il avait l'air surprit de ma réaction.
- De quoi tu parles ?
- De tous tes petits secrets ! Mais fais attention, ne m'en dit pas trop, ta copine va être jalouse, lui lançais-je.
Il colla sa tête contre le mur derrière lui.
- Alors c'est pour ça ? Reprit-il d'un ton très sérieux.
Je pris une grande inspiration de ma cigarette et soufflais en direction du ciel.
On était une nouvelle fois plongé dans un profond silence. Celui-ci était plein de tension.
Je ne l'entendais même pas respirer, on ne bougeait pas d'un seul centimètre.
Mais c'était trop pour moi.
- Mike a essayé de me violer, soufflais-je en baissant la tête.
Je sentais son regard sur mon épaule, et je devais être devenue rouge de honte.
- Pardon ? Me demanda-t-il d'un ton très autoritaire.
Je ne lui répondais pas. Je jetais ma cigarette et plaçais ma tête entre mes mains.
J'entendais Taron se lever et je sentais ses mains se poser sur mes genoux.
- Hayley, regarde-moi, me demanda-t-il.
Je relevais faiblement le regard, puis il passait sa main sur ma joue.
- Est-ce que c'est la vérité ? Me demanda-t-il.
Je pouvais sentir son pou s'accélérer pendant que sa main était posée contre ma joue, comme si la rage montait en lui.
J'hochais lentement la tête.
Il serrait les dents et baissait la tête. Sa main quittait brusquement mon visage, me faisant ressentir comme un manque.
Il cherchait quelque chose dans sa poche, puis en sortait des clés quelques secondes plus tard.
- Attend-moi dans ma voiture, hors de question qu'il te ramène ce soir, m'affirmait-il.
Mais avant qu'il ne se lève, je l'attrapais par le bras.
- Comment tu sais que c'est lui qui m'a emmenée ? Soufflais-je.
Il me fixait droit dans les yeux, comme si il cherchait une réponse au plus profond de son esprit.
- Je m'en suis douté, me répondait-il avant de se libérer de mon emprise et de rentrer dans la maison.
J'avais envie de l'arrêter, j'avais envie qu'il laisse passer tout ça et qu'il aille dormir au lieu de s'occuper de moi, mais j'en étais incapable. Mike m'avait tellement déçue...
Je soupirais et décidais de me lever pour aller rejoindre la voiture de Taron, même si je n'avais aucune idée de laquelle ça pouvait bien être.
J'appuyais sur le bouton de la clé pour repérer quelle voiture allait s'éclairer, et une fois trouvée, je me pressais de monter à l'intérieur. Il faisait beaucoup trop froid dehors.
Au loin j'apercevais une énorme voiture noire se garer devant chez Jordan, le genre qu'on ne croise pas à tous les coins de rue.
Je souriais. Je ne savais pas que Jordan avait des gosses de riches dans sa liste d'amis.
Quelques minutes plus tard, une fille sortait de la maison et passait le portail... j'étais persuadée que je l'avais déjà vu quelque part...
Puis une lumière s'alluma au-dessus de ma tête. C'était elle, la fille qui était dans les bras de Taron chez Jordan.
Elle montait dans la voiture noire en regardant longuement derrière elle, comme pour surveiller qu'elle n'était pas suivie. Je ne comprenais pas vraiment ce que je voyais, mais on va dire qu'il était tard et que j'étais fatiguée.
Je me réchauffais autant que je le pouvais en attendant qu'il revienne, puis je déposais ma tête contre la fenêtre gelée de la voiture. Je pense que j'avais besoin de sommeil, ça expliquerait peut-être pourquoi je m'étais endormie aussi rapidement.
Après quelques secondes, minutes, ou peut-être même des heures, j'entendais une portière s'ouvrir, ce qui me réveillait en sursaut.
Je me frottais lentement les yeux en tentant de retrouver la vision.
- Bah alors princesse, on dort pas assez la nuit ? Riait-il.
- On est la nuit je te signale, riais-je.
Il mettait le contact et me jetait un énième regard.
- C'est réglé avec Mike, souffla-t-il.
- Comment ça ?
- Personne n'a le droit de te faire ce qu'il t'a fait, Hayley.
J'étais surprise de sa réaction. Je ne pensais pas qu'il allait vraiment aller le voir ou même qu'il allait en avoir quelque chose à faire.
- T'étais pas obligé de faire ça... soupirais-je.
Il accélérait.
- Tu ne peux pas comprendre...
- Alors explique-moi, merde Taron ! C'est tout ce que je demande de comprendre ! Explosais-je.
Il soupirait.
- Ecoute Hayley...
- Tu sais quoi ? Laisse tomber. Ne dis rien, mais s'il te plait ne revient plus jamais t'incruster dans ma vie en jouant les supermans alors que je n'ai pas besoin de toi. Tu as tes secrets ? Très bien, j'ai aussi les miens et pourtant je suis capable de te les confier à toi même si tu sors de nulle part et que je ne te connais pas, mais toi non. J'ai l'impression que tu te fou vraiment de ma gueule et ça commence à vraiment m'énerver, explosais-je une nouvelle fois.
Puis un long silence s'installait dans la voiture.
Je crois que j'y avais été un peu fort.
- Au moins tu dis les choses très franchement, riait-il.
Je ne comprenais vraiment pas ce mec. Je venais de lui envoyer toute ma haine au visage, mais ça le faisait rire. En réalité, je ne savais pas vraiment si je devais me sentir vexée ou gênée.
- Qu'est-ce qui te fait rire ? Je suis très sérieuse ! Repris-je en croisant les bras.
Il me jetait un regard furtif puis redéposa son regard sur la route.
- Ҫa, souriait-il.
Je ne comprenais absolument rien, mais ça me faisait quand même rougir.
On ne parlait pas beaucoup plus pendant le trajet, mais ce silence me soulageait beaucoup.