~ Quelques mois plus tôt ~
Comme tous les vendredis soirs, Aomine et moi allons faire une sortie nocturne au parc, jouer au basket jusqu'à ce qu'on soit à bout de force. Il veut voir où est-ce que j'en suis rendue pour après planifier les entraînements de la fin de semaine. Mon coeur bondit dans ma poitrine. Ça fait maintenant sept mois que l'on sort ensemble, lui et moi. Et la dernière année du collège touche à sa fin! Plus que trois mois, et ce sera les vacances d'été! J'ai terriblement hâte de quitter cet enfer... Depuis que je ne joue plus dans l'équipe de basket, je me donne à corps et âme dans les matchs amicaux de Street Basket. Je suis devenue presqu'aussi rapide et agile qu'Aomine. J'adore ce style de basket, c'est pas croyable! J'ai l'impression de danser avec le ballon, de voler. C'est rendu facile de jouer à présent.
J'attends mon amant, m'échauffant pour le duel à venir. Je m'imagine des adversaires, me concentre, et commence à courir.
"- Il faut que t'apprennes à partir de zéro au maximum, puis t'arrêter du maximum à zéro."
Il m'a appris cela il n'y a pas longtemps. Ce n'est vraiment pas facile, mais je m'y applique de mon mieux. Je m'arrête brusquement comme si un joueur me bloque, fais une feinte, passe le ballon sous lui, le contourne avant de reprendre le ballon et de lancer au panier. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres.
- Tu t'es vraiment améliorée depuis la première fois. Tu te souviens? Ça remonte presqu'à deux ans déjà...
Je sursaute et me tourne vers Aomine qui me sourit faiblement. Je lui souris en retour et dirige vers lui.
- Salut, lâché-je doucement.
- Salut.
Je me mets sur la pointe des pieds pour lui déposer un baiser sur ses lèvres. Il ferme les yeux et soupire doucement.
- Merci du compliment, déclaré-je ensuite. T'as passé une belle journée?
Aomine ne répond pas et baisse plutôt la tête.
- M'ouais. Pas si mal.
Je arque un sourcil et lui prends doucement la main.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé?
Il soupire de nouveau et me prend dans ses bras. Je me laisse faire, fermant les yeux. Je peux ressentir sa tristesse...
- Rien d'important, murmure-t-il.
- Aomine-kun... Dis moi, s'il-te-plait.
- S'il-te-plait.
- Oi!
- Mais quoi? Tu m'as dis de dire s'il-te-plait, s'amuse-t-il.
- Baka!
Il rigole et me décolle de moi pour m'admirer, liant ses doigts aux miens. Il me sourit.
- Ne t'inquiète pas. C'est juste que... Je ne m'amuse vraiment plus durant les matchs.
Je reste tout de même inquiète, sourcils froncés. Il ne s'amuse vraiment plus durant les matchs...? Oui, il me l'a déjà dit, mais je ne pensais pas que ça allait encore durer aussi longtemps...
- Tu ne penses quand même pas à abandonner, hein?
- C'est une option...
- Aomine!
Je fais la moue, en colère.
- On en a souvent discuté à propos de ça! Ne baisse pas les bras. C'est bientôt fini, on va aller au lycée!
Aomine détourne à nouveau le regard, attristé.
- Vivement que ça se termine, ouais...
- Et tes amis? Ton équipe? Tu ne t'amuses pas avec eux non plus?
- Non. Je te l'ai dis; je ne trouve plus aucun intérêt à jouer... Personne n'est capable de me battre. Personne ne pourra jamais me battre! Même pas toi! Le seul qui peut me battre... C'est moi!
Il me regarde froidement. Je grimace. J'ai l'impression que mon coeur vient de se faire poignarder... Il ferme les yeux et soupire encore une fois, délaissant mes mains.
- Désolé... Ça a sorti tout seul.
Je le regarde tristement.
- Ça va, je comprends.
Il s'avance vers le ballon et le prend avant de commencer à dribbler. Il semble se détendre...
- On fait une partie ou pas? me demande-t-il avec son sourire habituel.
Je souris à mon tour et hoche la tête.
- Ouais!
•°•□•°•
Je me regarde une dernière fois dans le miroir et souris à mon reflet. C'est enfin terminé. Ce soir, c'est mon bal! J'ai décidé d'aller à celui d'Aomine; de toute façon, que je sois présente ou pas à mon bal à moi, personne ne me remarquerait. Aomine... Je perd mon sourire. Il sourit beaucoup moins souvent, toujours sérieux, le regard sombre... C'est encore lié au basket. J'essaie de lui remonter le moral, mais rien à faire. Il est souvent triste, déprimé.
Un jour, il était allé voir une amie. Sa meilleure amie d'enfance, avait dit sa mère. Il ne m'en avait jamais parlé d'elle. Il ne m'avait jamais dit qu'il allait la voir. J'ai appris qu'il allait souvent la voir, surtout les fois qu'il disait qu'il avait des cours de basket. J'étais vraiment en colère. Pas qu'il ait été chez son amie, mais le fait qu'il m'ait menti. On a eu notre première dispute, à ce sujet. Il s'était ensuite excusé. Depuis ce jour-là, il me disait la vérité, s'il allait voir son amie ou bien s'il allait vraiment à un cours de basket.
J'observe mon visage reflété dans le miroir et souris de nouveau. Voilà, c'est mieux. Je porte une robe rouge de soirée. Mon haut est en forme de coeur et des perles sont parsemées ici et là, décorant joliment la robe. Je porte des escarpins argentés, ce qui fait ressortir les perles. Je me suis bouclée les cheveux et maquillée un peu. Pas trop. J'aime pas me démaquiller après la journée. Je souffle un peu pour me calmer, puis je sors de ma chambre avant de descendre les escaliers.
- Je suis prête! lancé-je en arrivant dans le salon.
Je pose mes yeux sur Aomine et mon coeur rate un battement. Il est habillé d'un veston noir, d'une chemise rouge en dessous, avec une cravate noire. Pantalons et souliers également noirs. Dieu qu'il est beau! On reste planté là, à nous regarder, comme deux bêtas. Il me sourit. Oh putain... Je peux mourir là, maintenant, je serais heureuse malgré tout après avoir revu ce sourire. Ce sourire qui m'a tant manqué... Il s'approche doucement de moi.
- Arisa-chan... Tu es vraiment-...
Il caresse du bout des doigts ma joue. Je ne peux m'empêcher de frissonner.
- ... magnifique... murmure-t-il.
Je suis devenue rouge tomate. Mon père se racle alors la gorge. On sursaute et on se tourne vers lui. Je vois qu'il a un sourire moqueur au visage.
- Vous êtes prêts?
Aomine déglutit et hoche la tête, rougissant à son tour.
- O-Ouais... Désolé...
- Non, ça va, rigole mon père.
Je souris à mon tour. Ma mère arrive alors avec son appareil photo.
- Une photo avant de partir! s'exclame-t-elle.
Je m'installe avec Aomine. Il passe son bras autour de ma taille et me colle à lui. Je glousse et porte un bref moment mon attention sur lui, l'admirant. Il regarde la caméra, un large sourire aux lèvres. Je retiens un soupir et me tourne à mon tour vers la caméra, toute souriante.
On part ensuite en voiture. C'est mon père qui nous fait le transport. Je serre gentiment la main à Aomine.
- Vous êtes contents? C'est enfin terminé, déclare mon père en nous jetant un coup d'oeil par le rétroviseur.
Je hoche vivement la tête.
- Ouais!
- On va décider à quel lycée on va aller, Arisa-chan et moi, ajoute Aomine.
- Ah oui?
- On a même une petite idée...
On s'échange un regard.
- Et ça serait où? nous questionne mon père.
- À Touou.
- Ah, oui. C'est un bon lycée.
Je souris. J'ai vraiment hâte de partir. On a prévu habiter dans un même appartement, lui et moi. Ça va être fantastique.
Mon père finit par arriver au collège de Teiko et Aomine débarque en premier pour m'ouvrir la porte. Je rigole et le remercie avec un bec sur la joue.
- Je reviens donc vous chercher vers trois heures, ça vous va comme ça? nous demande mon père.
- Oui! ai-je répondu. Merci beaucoup p'pa!
- Oui, merci beaucoup monsieur Eimichi.
- De rien. Profitez-en les jeunes!
On le salue une dernière fois et on le regarde partir avant de se diriger vers le bâtiment. Aomine me prend la main.
- T'es sûre que tu ne veux pas qu'on aille à ton collège? m'interroge-t-il de nouveau.
- Sûre et certaine. De toute façon, il est trop tard, mon père est déjà parti.
- C'est vrai.
•°•□•°•
Comme dans tous les films, au début, il y a eu des professeurs qui sont venus parler pendant pratiquement deux heures de temps. Aomine et moi sommes assis à une table pour deux qu'il avait réservé. Il y a aussi des grandes tables pour plusieurs personnes. Je lui ai demandé pourquoi il n'a pas voulu aller s'asseoir avec ses amis, c'est le bal après tout.
"- Je ne suis pas leur amis." m'a-t-il répondu.
C'est triste de l'entendre dire ça alors qu'il s'entendait super bien avec eux avant. Pourtant, dans cette affirmation, il semblait ne pas être très... convaincu. Comme s'il regrette de penser ainsi.
On applaudit les discours, puis on nous souhaite une belle soirée. Là, ça pouvait commencer. On décide d'attendre que la plupart du monde se soit tous servi, avant de nous lever pour aller chercher notre repas.
- Aominecchi!
On se tourne vers un grand blond qui vient nous rejoindre, un large sourire aux lèvres. Aomine marmonne et me presse de prendre une assiette pour partir le plus vite. Pourquoi il veut fuir aussi rapidement ses amis?!
- Oi, ça va? demande le blond avec une mine surprise.
- Ouais, répond froidement mon amant.
- Qui c'est, elle? Ah! Mais je l'ai déjà vu! Bonjour jolie demoiselle, je m'appelle Kise...
Je le regarde bêtement, puis je lui souris et hoche la tête.
- Bonjour. Je m'appelle Arisa.
Kise est un adolescent vraiment séduisant et il me fait penser à quelqu'un... Puis, mon regard s'illumine. Oui! Je me souviens de lui! C'est un mannequin; Ryota Kise! Aomine me prend alors doucement le bras.
- Bon, tu viens?
- Oui.
- Oi, mais pourquoi vous ne venez pas manger avec nous? demande le blond avec une moue.
- Parce que, répond sèchement mon ami.
Il part sans plus attendre et je reste surprise. Je jette un regard désolé à Kise qui semble se demander ce qui ne va pas avec son ami.
- Désolée... À la prochaine, Kise.
- Ouais. Ravi de t'avoir enfin fait connaissance!
- Comment ça, enfin?
- Bah, depuis que je t'ai vu au match, je voulais absolument te rencontrer.
Il me fait un franc sourire. Je ne sais pas quoi répondre. Je lui réponds par un petit sourire.
- Je vais y aller...
- Ouais. On va se revoir?
Je déglutis.
- Euh... Je sais pas... Peut-être.
Kise hoche la tête, le regard brillant. Je le salue avant de partir rejoindre Aomine. Ce dernier a la mine sombre. Je m'assis en face de lui, inquiète.
- Ça va? lui demandé-je.
- T'as l'air de bien t'entendre avec Ryota-kun...
Je reste surprise puis fronce les sourcils.
- Oui. Il est sympa. Pourquoi t'as l'air en colère?
- Je suis pas en colère!
- Pourtant, t'as l'air, oui...
Il marmonne un bon appétit avant de commencer à manger. Qu'est-ce qui lui prend? Je mange à mon tour, agacé de son comportement. C'est un bal, on est supposé avoir du plaisir, pas être en colère!
•°•□•°•
Il y avait un après bal et on avait décidé d'y aller. L'élève avait organisé la fête dans une grande salle, avec beaucoup d'alcool et de petites bouchées. Entre temps, Aomine s'était calmé et avait repris un air rayonnant. On s'amusait, on chantait à tue-tête la musique qui jouait, on dansait... On avait pris quelques verres d'alcool aussi. C'était ma plus belle soirée à vie.
Jusqu'à ce qu'Aomine boivent un verre de trop... Il commençait à me coller un peu trop à mon goût.
"- Aomine-kun...! On est dans un lieu public!" avais-je dit avec un petit rire.
"- Oh, aller... Personne ne nous voit..." avait-il répondu avec un sourire en coin.
Il avait frôlé mes fesses de sa main, et ce fut trop. Le rouge m'avait monté au visage et je lui avais pris le poignet pour l'entraîner à l'extérieur.
Nous nous faisons donc face, moi avec les bras croisés, lui avec une mine surprise. J'ai la tête qui tourne un peu... C'est dur de se concentrer comme il faut. Je sors mon cellulaire.
- Qu'est-ce qu'il y a? me demande-t-il.
- T'as trop bu. Je vais appeler mon père pour qu'il vienne nous chercher...
- Hein? Comment ça!? On s'amuse, non?
Il se rapproche de moi et tente de poser sa main sur ma hanche. Je le repousse.
- Non. Je t'ai dit que je ne voulais pas en lieu public, l'empêché-je.
Il se mit alors en colère.
- Qu'est-ce que t'as bon sang!? s'exclame-t-il.
Je reste surprise de son ton. Le rouge me monte à nouveau au visage.
- C'est toi! Tu as trop bu! On va rentrer.
- Je n'ai pas demandé à quitter!? Depuis quand tu te prends pour ma mère!?
- Quoi? Je ne te prends pas pour ta mère!
- Tu te comportes comme elle en tout cas...
Je fronce les sourcils et suis sur le point de composer le numéro de mon père.
- Tu m'énerves tellement Arisa...! soupira-t-il en grimaçant.
- Je t'énerve...? répété-je avec surprise.
- Oui! Ton comportement m'énerve... Quand tu me sermonnes, quand tu me répètes que je vais trouver un adversaire à ma taille, surtout avec tes histoires de Inter Hight et Winter Cup...! Tu penses vraiment rentrer dans une équipe de gars!? C'est impossible, tu vois, parce que t'es une fille! Tu n'y arriveras jamais! Tu n'arriveras jamais à ma cheville! Tu n'es même pas capable de faire un dunk... Alors arrête de te prendre pour quelqu'un de supérieur alors que t'es même pas capable de me tenir tête!
Je reste consternée, l'impression qu'on me poignarde sauvagement le coeur. Un frisson de dégoût me parcourt.
- Quoi...? murmuré-je.
- T'es ridicule...
Aomine grimace et me regarde de haut. Mes jambes tremblent. J'ai envi de pleurer. Mais je suis aussi très en colère. Vexée. Je me sens... trahie. Mon visage se referme et je garde un air neutre. Je compose le numéro de mon père.
- Tu fais quoi?
- Je retourne chez moi.
- Quoi? Pourquoi?
Ma colère augmente. C'est lui qui est ridicule! Pourquoi je pars!? J'ai envi de lui hurler que c'est à cause de lui si je pars. Je porte mon cellulaire à mon oreille.
- Pourquoi!? répète l'adolescent à mes côtés, commençant à perdre patience.
- RÉFLÉCHIS UN PEU ESPÈCE DE CRÉTIN! lui hurlé-je, le fusillant du regard. APRÈS CE QUE TU M'AS DIT HEIN!? TU PENSES QUE JE PARS POURQUOI!?
- Allo?
- Papa...!? Voudrais-tu venir me chercher s'il-te-plait? Je suis au centre multifonctionnel...
- Euh, oui, je pars.
Je raccroche, toujours sur les nerfs. Aomine peste et passe ses mains sur son visage.
- Ça a sortit tout seul... Je suis désolé Arisa-chan...
Je ne répond pas. Je tente de retenir mes larmes.
- Excuse moi, s'il-te-plait...
- Arrête de t'excuser. J'en ai marre, craché-je. J'en veux plus de tes excuses, Aomine.
- Je ne suis pas moi même...! J'ai un peu trop bu...
- T'avais rien qu'à réfléchir à ce que t'allais dire.
Non mais! Il me prend pour une idiote ou quoi!? S'il pense que je vais lui pardonner aussi facilement! Je suis vraiment blessée de ses propos.
- Mais-... Je ne voulais pas-...
- Ça suffit Aomine. J'en peux vraiment plus.
- Quoi...? Ça veut dire quoi ça!?
Je garde un bref moment le silence. Ce qu'il m'a dit est vraiment la goutte qui a fait déborder le vase.
- Arisa!
Aomine m'empoigne fortement le bras. J'écarquille les yeux de surprise et me tourne vers lui. Il est dans une colère noire et il me sert trop fort le bras.
- C'est fini!? Tu me jettes!?
- Aomine... Lâches-moi... Tu me fais mal!
- Tu peux pas faire ça! Je viens de te dire que ça a sorti tout seul!
- Tu n'arrêtes pas de dire ça! Je ne sais plus si je dois te croire...
Sa main se resserre autour de mon bras. Mes larmes menacent de déborder. Je tente de me soustraire à sa poigne.
- Parce que c'est la vérité! s'exclame-t-il.
- Ah oui!? La vérité à propos de quoi? De tout ce que tu m'as dit!?
Il reste sans voix, ne sachant pas du tout quoi répondre. Je réussi à me dégager de sa prise. Qu'il ne me réponde pas me blesse encore plus. Je ne suis plus capable de retenir mes larmes. Aomine écarquille les yeux et déglutit.
- Non... Je-...
- Non, ne dis rien. J'ai compris. Ça répond à ma question...
Je plisse les yeux et me détourne de lui, serrant mes bras contre moi.
- Arisa-chan...
Je renifle et pince les lèvres, gardant les yeux baissés.
- S'il-te-plait... Pardonne moi... Je-... Je ne voulais pas... te faire pleurer... balbutie l'adolescent.
- Arrêtes! m'exclamé-je d'une voix brisée. Tu fais exprès ou quoi putain!? Fous-moi la paix!
Aomine ne répond pas cette fois. Je ferme les yeux, sanglotant silencieusement. Puis je l'entends s'éloigner d'un pas traînant. Pourquoi...? Pourquoi il pense comme ça, lui aussi!? Pourquoi il m'a dit ça? J'ai mal. Mal à mon coeur, à mon ventre... J'ai l'impression que quelque chose s'est brisé en moi. Et c'est vraiment douloureux.