Liam
Huit jours. Huit longs jours que je m'occupe d'Adam et ce type est détestable. Je pensais que vu son âge, il serait un peu plus sympathique mais, non. Il ne m'adresse quasiment pas la parole sauf pour me faire des reproches très dures et qui me font du mal. Il me regarde méchamment et son visage n'exprime jamais rien d'autre que de la colère et ses yeux vide, du dégoût. Enfin c'est juste mon impression mais, quand même, ce gars est effrayant.
Une routine s'est installée. Le matin, Sam ou Charles ou même les deux, viennent me chercher. Une fois dans le service, je salue les infirmières et je vais chercher le plateau-repas d'Adam avant de rejoindre sa chambre. S'il dort, je ne dois surtout pas le réveiller et s'il n'a pas faim, je ne dois pas le forcer. Les 3/4 du temps, c'est moi qui mange son repas. Ensuite, j'attends 10h et je vais chercher ses médicaments qui atténuent sa fièvre et ses douleurs. Parfois, je prends aussi une autre couverture car il a toujours froid malgré la chaleur de sa chambre. Nouveau temps d'attente jusqu'à 11h. Là, je m'en vais et je reviens pour 13h. Je récupère à nouveau son plateau-repas et ses médicaments. Il mange et se rendort ou alors, il lit. Dans tous les cas, je ne dois pas faire de bruit sinon, il m'engueule. Vers 16h, il est complètement réveillé et suffisamment en forme pour qu'on discute mais au bout de quelques minutes, il s'énerve à cause de ce que je dis, même si c'est innocent, et me fais des remarques déplaisantes. Je le supporte jusqu'à 19h sans dire un mot, sans rien faire et je m'en vais. Sam ou Charles me récupère et il me ramène en me demandant si j'ai passé une bonne journée, ce à quoi je réponds par l'affirmative. Je rentre, je mange et je me couche et le lendemain, ça recommence.
Ce matin, je ne suis pas en forme. Une migraine m'a empêché de dormir toute la nuit et je suis d'une humeur massacrante. Journée de merde en perspective. Je m'habille et quitte mon studio, sans prendre la peine de manger, comme toujours. Une fois dehors, je grimace car il neige et j'ai horreur de ça. Il fait froid et mon "chauffeur" est en retard. Je vois, avec soulagement, la voiture arrivée et se garer juste à côté de moi. Je monte à l'arrière car Sam est avec Charles. Je suis surpris de voir deux bouts de choux adorables, installés. Il s'agit sans aucun doute de Will et Ariane, leurs enfants. La brunette m'observe avec un intérêt évident et je lui souris car j'aime les gosses. Ils sont marrants, pleins de vie et innocents. Elle me rend mon sourire et penche légèrement la tête.
- Tu es qui ? demande-t-elle de sa voix aiguë d'enfant.
- Liam, une connaissance de tes papas. Tu es Ariane, c'est ça ?
- Oui ! Pourquoi tu es dans la voiture avec nous ?
- Car ils m'emmènent au boulot, je n'ai pas encore de voiture.
Elle hoche la tête, satisfaite de ma réponse avant de se lancer dans un monologue sur les princesses. Je hoche la tête en faisant mine d'écouter même si je laisse mes pensées vagabonder. À côté, le bambin babille comme s'il répondait à sa sœur et c'est assez drôle. On arrive assez rapidement et je salue l'adorable petite famille avant de descendre. J'entre et vais aussitôt saluer Kathy qui est à l'accueil.
- Liamou ! Comment vas-tu ?
- J'irai mieux quand tu arrêteras de m'appeler comme ça ! J'suis pas un enfant !
Elle rit moqueuse et je lui tire la langue, renforçant ce qu'elle pense de moi, soit que je suis un sale gosse mais adorable quand je veux. C'est ce qu'elle m'a dit et je trouve ça mignon qu'elle m'est prise d'affection. J'aurais aimé que ce soit le cas d'Adam pour ne pas subir ses continuelles remarques qui me fatiguent.
- Plus sérieusement, comment vas-tu ? interroge-t-elle après avoir calmé son fou rire.
- Pas trop bien, j'ai mal à la tête et je suis fatigué.
- Va voir Mina et demande-lui une aspirine.
Elle note quelque chose sur un bout de papier et me le tend. Je vais donc voir Mina, l'infirmière en charge de la pharmacie et elle me donne de quoi soulager mon mal de tête ainsi que les médicaments de l'autre. Je me dépêche de gagner sa chambre pour qu'il me ne reproche pas mon retard s'il est réveillé. Quand j'entre, une jeune femme est dans la pièce. Elle a un teint de porcelaine, une longue chevelure lisse et rousse, des yeux verts, un corps fin et mince. Elle est très élégante et dégage une aura plutôt calme. Elle se tourne vers moi et me sourit.
- Tu dois être Liam. Je suis Cassiopée, Cassy pour les intimes. Tu n'as sûrement pas entendu parler de moi mais je suis une amie d'Adam.
- E-Enchanté.
Je suis déstabilisé par la classe et la facilité à parler de cette fille. De son côté, monsieur le râleur est toujours dans son lit et semble avoir avalé le contenu de son repas sûrement emmené par son amie. Je vais remplir un verre d'eau que je lui donne avec ses médicaments. Il me remercie à peine, les yeux rivés sur la jolie rousse qui arrange un bouquet de fleurs sur la table.
Cassy est restée toute la journée, enfin jusqu'à 17h. Elle a meublé le silence car malgré sa présence, Adam n'a pas été très bavard. L'avantage, c'est que je n'ai subi aucun reproche mais malheureusement, j'ai toujours mal à la tête et je suis presque épuisé. Je sens le regard pesant du mourant sur moi mais je ne relève pas les yeux, fixant obstinément le sol.
- Ça va Liam ?
Je tressaille en l'entendant parler et j'hésite entre lui dire la vérité et mentir. J'opte pour la deuxième option.
- Ouais.
- Tu mens.
Je grimace. Comment ce type peut le savoir et donc l'affirmer avec un tel aplomb ? Je passe une main dans mes cheveux.
- J'ai juste mal à la tête et je suis fatigué.
Évidemment, il en tire des conclusions trop hâtives.
- Tu as trop bu, c'est ça ? Tss... Toujours en train de foutre ta vie en l'air à ce que je vois.
- Arrête !
J'ai quasiment hurlé, ce qui le fait sursauter et perdre de son assurance. C'est vrai qui se je venais à m'en prendre à lui sous le coup de la colère, il ne ferait pas le poids. Mais là, ce n'est pas le cas. J'ai les larmes aux yeux. Je suis plutôt sensible et quand je suis à bout de nerfs, surtout en ce moment, je réagis avec des larmes que je ne souhaite pas forcément. Adam semble surpris.
- Tu pleures ?
- Nan !
J'essuie rageusement mes larmes, humilié d'avoir ainsi réagi face à cet imbécile.
- Approche, souffle-t-il.
Je le regarde, déstabilisé par sa demande et finis par m'exécuter. Je m'assieds au bord de son lit.
- Qu'est-ce qu'il y a, réellement, Liam ?
- Réellement ? J'en ai marre que tu me fasses constamment des remarques et des reproches ! Je suis comme je suis et ce n'est pas tes paroles acerbes qui vont y changer quelque chose ! Tu m'aimes pas, ok j'ai compris mais arrête, c'est tout ce que je te demande !
Il ne semble pas comprendre ce que je raconte.
- Je ne te fais pas de reproches, murmure-t-il.
- Bien sûr que si ! Encore y'a quelques minutes, tu as dit que j'avais bu et que je fous ma vie en l'air alors que tu ne sais rien ! Je n'ai pas bu une goutte d'alcool depuis plusieurs semaines, mon mal de tête est dû à je ne sais quoi. Mais, il n'y a pas que ça. C'est comme ça depuis le début. Peu importe ce que je dis, tu trouves quelque chose à redire, même sur la plus innocente des remarques.
- Vraiment ? Je ne m'en suis jamais rendu compte.
Il semble sincère et je le crois.
- Je suis désolé Liam, je ne voulais pas paraître désagréable. Je n'ai plus l'habitude d'être en contact avec des jeunes comme toi, j'ai l'impression que tu gâches ta vie avec la drogue, l'alcool et les conneries alors que des gens sont mourants et n'ont plus de vie. Tu sais, je crois que je t'apprécie vraiment et c'est pour ça que je réagis aussi mal. Je ne veux pas que tu passes ta vie derrière les barreaux ou comme dealer.
Je suis stupéfait par ce qu'il me dit mais je finis par hocher la tête.
- Ok, ça va mais, s'il te plaît Adam, ne recommence pas. J'ai vraiment été blessé par tes remarques.
- D'accord gamin.
- Gamin ? Il est hors de question que tu m'appelles comme ça !
- Pourtant, ça te va bien comme surnom !
- Non !
- On que si, gamin.
- Tu n'as peut-être pas tort, le vieux.
- Quoi ?
J'éclate de rire devant son expression outrée. Je crois qu'une petite paix s'installe entre nous mais je sais qu'elle sera brève. Cela fait plus d'une semaine qu'on se connaît et il ne lui reste vraiment pas longtemps. Ça me fait peur car malgré tout ce que je dis, je commence à vraiment apprécier Adam. Je m'attache très facilement aux gens et malgré son côté aigris, il semble dans le même cas. Mais j'ai peur, je ne veux pas qu'il meure alors qu'il y a encore un peu d'espoir.
« La peur ne peut pas se passer de l'espoir et l'espoir de la peur » -Baruch Spinoza
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1536 mots !
Aujourd'hui, j'avais de l'inspiration, j'ai donc pu terminer ce chapitre qui, j'espère, vous plaît !
Bisous~