Je me déguise en pingouin albinos ?
Noémie était aux anges. Le bal du rodéo était dans quatre jours et tous ses amis venaient avec elle. Cet après-midi elle devait aller en ville avec Mahogany et Mia pour choisir leurs tenues.
Un sourire peint sur les lèvres, elle passait en revue dans son esprit ce qu'il fallait qu'elle mette pour ce fameux soir, tout en se dirigeant vers les écuries.
Une fois devant les stalles, la jeune fille chercha Tyson. Ce dernier était dans le box de la jument ronde comme une citerne.
Noémie– Qu'est ce que tu fais ? Pourquoi elle est couchée ? Elle a une colique ? C'est grave ?
Tyson– Calme toi No' ! Elle va bien. Mieux qu'ça même puisqu'elle est enceinte.
Noémie– Oh c'est merveilleux. Elle va mettre bas dans combien de temps ?
Tyson– C'te semaine si tout s'passe bien.
Noémie– Super ! Tu as déjà une idée du prénom que tu vas donner au poulain ?
Tyson– Non...
Noémie– C'est qui le père ?
Tyson– Fiery.
Noémie– Ah oui ? Mais vous venez juste de le récupérer. Comment ça se fait alors qu'il soit le père ?
Tyson– On l'a récupéré à cause d'ça. Il appartenait à une vieille dame excentrique qui habite à l'aut'e bout d'la ville. Il s'échappait souvent. Un jour il est v'nu chez nous, MoonLight était en pleines chaleurs et quelques mois plus tard on s'rend compte qu'elle est enceinte. Pas b'soin d'chercher bien loin pour savoir qui est l'père. Au final la vieille dame nous apporte Fiery et nous sort « Pr'nez le ou c'est l'abattoir pour lui. J'ne sais pas quoi en faire. Cet animal est incapable de tout, à part d'vous mettre un poulain sur les bras. ». Et voilà où on en est.
Noémie– Tant mieux alors d'avoir pu le récupérer.
Le palefrenier fit une petite grimace avant de secouer la tête en riant avec la française.
Noémie– Je peux prendre OldBoy pour aller dans le corral ?
Tyson– OldBoy doit s'reposer cette semaine. Et puis y a Fiery dans le corral. J'dois encore m'occuper d'MoonLight mais on v'rra après le rodéo pour reprendre tes exercices. Tu progresses d'ailleurs. La prochaine fois c'est à cheval !
Il lui fit un clin d'œil auquel elle répondit avec un beau sourire. Puis Noémie le laissa avec la jument.
Prudemment elle piqua une pomme dans la cuisine de la maison et s'approcha du corral. Elle s'assit sur la barrière en bois. Elle avait l'habitude de venir parler à Fiery, de tout et de rien. Le cheval l'observa et vint vers elle quand il aperçut la pomme qu'elle tenait. La française croqua dedans avant de la lui donner.
Mais aujourd'hui, elle n'avait rien de spécial à lui dire. Une envie la démangea instantanément et elle se sentit folle. Elle ne savait pas ce qui lui prenait de penser à ça. Et elle avait beau secouer la tête et tenter de songer à autre chose, l'idée restait bien là. Elle voulait monter sur le dos de Fiery.
Noémie souffla et frotta ses mains sur son jean. L'étalon avait déjà un licol autour de la tête, une longe pendait sur la barrière un peu plus loin.
La jeune fille sauta dans la poussière du corral et attrapa la longe.
Jamais elle n'avait touché le cheval. Elle avait seulement eu du contact avec OldBoy.
Noémie– Allez, c'est pas si dur.
Doucement elle avança vers Fiery. Ce dernier dressa les oreilles en arrièreet recula. La française s'arrêta net. Puis elle se souvint quec'est sa voix qui attirait l'animal alors elle commença à luiparler tout en s'approchant.
Noémie– Tu sais Fiery, il y a un truc que je ne t'ai jamais dis. J'ai eu un traumatisme. C'est pour ça que j'ai du mal avec les chevaux. Il y a quatre ans, un accident a bouleversé toute ma vie. Je suis restée endormie pendant trois mois. Mes parents croyaient que je n'allais pas me réveiller. J'aurai du restée endormie pour l'éternité... Je regrette d'avoir ouvert les yeux.
Elle toucha l'encolure de l'animal et accrocha la longe au licol. Elle fit glisser sa main le long de ses crins jusqu'au garrot.
Noémie– Ça m'aurait éviter tant de souffrance. J'ai perdu ce à quoi je tenait le plus. Les piliers de ma vie.
Elle s'appuya sur l'animal et se hissa sur son dos d'une facilité éblouissante.
Noémie– Mais si tu m'acceptes, alors je regretterai moins d'avoir refoulé la mort.
Fiery ne rechigna pas. Il souffla juste par les naseaux comme pour donner son accord et se mit au pas. La française ferma les yeux, sera la longe entre ses mains et sentit tout son corps onduler avec celui de l'étalon. Elle sentait ses muscles se tendre et se détendre, son encolure se balancer au rythme de ses sabot qui frappaient le sol, soulevant la poussière.
Elle se rendit enfin compte que cette sensation jouissive lui avait manqué.
Elle rouvrit les yeux, mêla ses doigts aux crins de Fiery et pressa les talons pour qu'il accélère l'allure. Ils se retrouvèrent à trotter, en parfaite harmonie, le long de la clôture en bois du corral.
Soudain la française aperçu quelqu'un appuyé contre un poteau et qui les regardait. Elle retenu sa respiration et se crispa alors l'étalon s'arrêta d'un coup.
Noémie– Qu'est ce que tu fais là Nash ?
Nash– J'étais venu prendre l'air et je vous ai vu. Vous êtes beau à regarder. Je suis content que tu ai pu dompter ta peur. Tu es vraiment courageuse.
Noémie– Je... Hum, merci. Tu es seul ? Personne d'autre ne nous as vu ?
Nash– Non je suis seul. Pourquoi tu es si inquiète ?
Noémie– Je ne suis pas censée monter Fiery.
Elle descendit du cheval qui posa son museau au creux de son épaule.
Nash– Il a l'air de bien t'aimer.
Noémie– Je l'aime bien aussi.
Un silence gênant s'installa entre eux.
Noémie ne savait pas quoi dire. Elle ne savait pas si il fallait apprécier Nash ou s'en méfier. Elle était consciente qu'il lui avait fait du mal mais après avoir lu son carnet, il était si différent. C'est un nouveau garçon qu'elle avait découvert. Un garçon attentionné, joyeux, attentif et compréhensif et elle avait commencé à avoir, ne serai-ce qu'une once, de l'affection pour lui.
De son côté, Nash était terriblement gêné. Il passa sa main dans ses cheveux et se frotta la nuque. Il voulait faire évoluer leur relation. Qu'elle devienne plus fusionnelle. Il savait qu'il était semblable à Noémie et il l'admirait tellement... Il voulait gagner sa complicité. Ses intentions n'étaient pas mauvaises, loin de là, mais il ne savait pas comment si prendre et se trouvait trop maladroit. A une époque tout aurait était plus simple, mais maintenant c'est comme si sa confiance en lui s'était envolée. Il ne s'en était jamais rendu compte, jusqu'à maintenant.
Nash– Tu vas en ville cet après-midi avec les filles ?
Noémie– Oui, on va choisir nos tenues pour vendredi.
Nash– Oh. En parlant de la soirée de vendredi, est ce que... Est ce que...
« Tu as un cavalier ? » n'arrivait pas à sortir de sa bouche.
Nash– Est ce que tu sais comment je dois m'habiller ? Je veux dire, chic ou on s'en fou ?
« Non mais quel crétin ! T'as pas trouvé mieux ?! Pourquoi pas « Je me déguise en pingouin albinos ? » tant que tu y es !! » hurlait rageusement sa conscience.
Noémie– Tu n'as qu'à venir comme tu es. T'es très bien comme ça je trouve. Pas besoin d'être chic pour que tu sois beau.
Rapidement le rouge lui monta aux joues quand elle réalisa ce qu'elle venait de dire. Nash lui offrit son plus beau sourire.
Nash– Merci No' ! On se voit plus tard, pourquoi pas ce soir.
Noémie– Oui oui d'accord. Peut être à ce soir.
La française le regarda rentrer au chalet et secoua la tête en riant sans bruit. Puis elle pensa à la sortie qu'elle allait faire avec les filles. Il fallait qu'elle trouve une robe superbe, mais pas inappropriée non plus, ce n'est pas un bal de promo. Une petite robe simple devrait faire l'affaire, mais il fallait qu'elle la mette assez en valeur pour qu'elle plaise à Shawn. Son avis comptait beaucoup pour la jeune fille. Elle se mit alors à rêvasser en les voyant tous les deux sur la piste de danse, tout en refermant la barrière du corral après une dernière caresse à Fiery.