Obsession

By Angels_Larry

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Bienvenue dans cette nouvelle histoire, j'espère qu'elle vous plaira. Bonne lecture ♥ More

Prologue
Première partie
Deuxième partie
Troisième partie
Quatrième partie
Cinquième partie
Fin

Partie finale

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By Angels_Larry

Je suis ici depuis des heures et je ne t'ai toujours pas adressé la parole. Il neige, j'ai froid et je t'en veux. Je crois que tu ne réalises pas à quel point je t'en veux Harry. Je n'y arrive pas. C'est moi qui devrais être dans cette tombe, pas toi. Je n'arrive pas à te pardonner d'être mort à ma place. Ce qui s'est passé me hante. La scène ne quitte pas une seule seconde mon esprit, j'ai l'impression de devenir folle tellement ça fait mal. Pourquoi as-tu fait ça ? Cette balle était pour moi Harry, pas pour toi. Quand je ferme les yeux je te vois. Je te vois étendu sur le sol, sans vie. Je revois tout et je ne supporte plus de revivre ce moment encore et encore. C'est trop dur, tu comprends ?

Je te vois te jeter sur moi, tout s'est passé tellement vite. Je n'ai pas réalisé, je n'ai pas compris que tu t'interposais, que tu voulais recevoir la balle à ma place. Tu sais maintenant je ne supporte plus le silence car à cause de lui, j'entends encore et encore le coup de feu. Il raisonne sans cesse dans ma tête. C'est un bruit horrible, je ne veux plus l'entendre. Je crois que ce qui me perturbe le plus, c'est que je n'ai pas compris tout de suite. J'ai vu ton frère écarquiller les yeux d'horreur et ton corps s'effondrer lentement comme au ralenti, je t'ai regardé tomber sans comprendre et ce n'est qu'au moment où je t'ai vu allongé par terre que j'ai réalisé. C'est toi qui avais été touché, pas moi. Tu ne peux pas imaginer ce que j'ai ressenti. Je me suis précipitée vers toi, une tâche rouge se formait déjà sur ta poitrine. Tes yeux étaient ouverts, tu me regardais et moi, les larmes me brouillaient la vue. Ton sang n'arrêtait pas de couler, j'en avais plein les mains, le visage et les cheveux, j'en avais partout. Sais-tu combien de temps il m'a fallu pour ne plus imaginer ton sang sur moi ? En réalité je n'ai jamais réussi, je le vois encore. À chaque fois que je regarde mes mains, je vois ton sang dessus. Je crois qu'il ne partira jamais, même s'il n'est plus réellement là bien sûr, dans mon esprit il y est encore.

Je me rappelle entendre Louis parler, il appelait une ambulance je crois mais je n'en suis pas certaine. Je ne faisais pas attention à lui, je te regardais toi, toi et tes yeux qui partiez de plus en plus loin de moi. J'étais paniquée, j'ai tout fait pour t'empêcher de les fermer, je t'ai parlé, serré contre moi, secoué. Je savais que si tu les fermais, ce serait pour la dernière fois et je ne voulais pas ne plus jamais voir tes magnifiques prunelles vertes. Je ne voulais pas te perdre.

Tes yeux, je ne te l'ai jamais dit mais je n'ai jamais su de quelle couleur ils étaient vraiment. Parfois tu les avais gris et parfois tu les avais verts. Ça me perturbait. Tu avais le regard le plus déstabilisant du monde Harry.

Gris. Tes yeux étaient gris quand tu as prononcé mon prénom. En réalité, tu ne l'as pas réellement prononcé, tu n'en avais pas la force. Tu l'as seulement murmuré. Je pleurais tellement que j'avais du mal à respirer. Tu le disais pour la dernière fois. Je donnerais tout ce que j'ai pour te l'entendre dire encore une fois. Rien qu'une seule fois. Maintenant je hais mon prénom et quand les gens le prononcent, j'ai envie de vomir.

Tu t'es battu Harry, je le voyais, tu t'es vraiment battu pour rester en vie jusqu'à la dernière seconde mais tu as compris que c'était trop tard, tu l'as compris avant moi d'ailleurs. Tu perdais tellement de sang, j'aurais dû comprendre que tu n'avais aucune chance de t'en sortir mais je ne voulais pas. Tu aurais pu fermer les yeux, cesser de lutter, te laisser aller tout simplement mais tu ne l'as pas fait. Si tu savais à quel point je te hais pour ça. Pourquoi a-t-il fallu que tu poses ta main sur ma joue et que tu me dises que tu m'aimes avant de fermer les yeux pour la dernière fois ? Pourquoi as-tu fais ça ? Maintenant ces mots, tes mots, raisonnent chaque seconde dans mon esprit.

"Je t'aime."

Tu n'avais pas le droit de me le dire. Pas comme tu l'as fait. Pas alors que tu n'arrivais même plus à respirer. Pas comme ça. Pas sans me laisser le temps de te répondre. Tu n'avais pas le droit Harry. Tu sais, je me suis demandé de nombreuses fois, si tu m'en avais laissé le temps, est-ce que je t'aurais répondu ? Je crois que je n'ai toujours pas la réponse. Putain Harry, est-ce que tu réalises que tu m'as dit la plus belle chose du monde avant de mourir ? Tu n'aurais jamais dû. Tu ne dis pas à quelqu'un que tu l'aimes pour l'abandonner ensuite. C'était cruel de ta part. Puis tu as fermé les yeux.

Je me rappelle encore de ma voix quand j'ai hurlé. Je ne la reconnaissais pas, j'avais l'impression qu'elle ne m'appartenait pas. Je t'ai supplié de rester avec moi, je t'ai ordonné de ne pas me quitter mais tu ne m'as pas écoutée. Tu n'étais déjà plus là.

J'ai entendu un bruit derrière moi, c'était Louis. J'avais oublié sa présence mais quand mes yeux se sont posés sur lui et sur le pistolet qu'il tenait toujours et qui fumait encore, cette arme qui t'avait tué, j'ai perdu le contrôle. Tu sais à quel point il m'effrayait, pourtant je me suis jetée sur lui. Il ne me faisait plus peur. Je voulais le tuer. Il n'a pas réagi quand je l'ai poussé contre le mur et que j'ai commencé à le frapper. Il ne m'a même pas regardée une seule fois, ses yeux étaient fixés sur toi. Alors que je le tapais de toutes mes forces et lui hurlais dessus, lui réalisait ce qu'il avait fait et comme si je n'étais pas là, comme si je n'étais pas en train de déverser toute ma rage sur lui, il s'est effondré au sol. Il a glissé le long du mur et ne t'a pas lâché du regard. Je suis tombée moi aussi, à bout de forces et j'ai rampé jusqu'à toi. Je t'ai serré contre moi le plus fort possible. Je pleurais encore te suppliant de revenir mais tu ne m'entendais pas. Plus tard j'ai réalisé qu'il aurait pu me tuer moi aussi à ce moment là, il lui suffisait simplement d'appuyer sur la détente pourtant il ne l'a pas fait. Il ne m'a pas tuée. Une part de moi lui en veut de ne pas l'avoir fait.

Le pistolet, je ne l'ai vu que quelques secondes mais je serais capable de te le décrire dans les moindres détails tellement je le hais. Tu étais le garçon le plus fort que je n'ai jamais connu et je n'arrive pas à croire encore aujourd'hui qu'une simple balle, un simple bout de métal, ait pu t'enlever la vie aussi facilement. Tu n'étais pas aussi fort que je l'imaginais finalement.

Je... Je ne sais pas comment te dire ça Harry, ce n'est pas facile mais... Mais au bout d'un moment j'ai entendu Louis se relever et quitter la pièce, puis quelques minutes plus tard, un deuxième coup de feu a retenti. Il n'a pas supporté de t'avoir tué, il s'est tiré une balle dans la tête. Je suis vraiment désolée. Même s'il est l'être que je hais le plus au monde, il était ton frère et je sais que tu l'aimais. Je suis sincèrement désolée.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée allongée par terre en te serrant contre moi, j'avais cessé de te supplier de revenir. Tu sais je n'aurais jamais pu imaginer qu'un jour, je saurais ce que ça fait de tenir un être sans vie dans mes bras et j'aurais préféré ne jamais le savoir. C'était juste horrible Harry. Te tenir contre moi alors que tu ne respirais plus, que ton cœur avait cessé de battre, savoir que je ne reverrais jamais tes yeux ou que je ne t'entendrais jamais plus prononcer mon nom, c'était pire que tout. Même si je refusais de l'admettre, je savais que tu étais parti pourtant j'étais incapable de te lâcher. Je pleurais tellement que je ne voyais plus rien. Au bout d'un long moment j'ai entendu du bruit à l'étage, des voix mais je n'ai pas réagi. Une lampe torche s'est braquée sur moi et quelqu'un a crié :

"Elle est là !"

J'étais de dos à la porte, je ne me suis pas retournée pour regarder, au lieu de ça je me suis raccrochée à toi et quand j'ai senti des bras tenter de me relever, je me suis mise à hurler. Je ne voulais pas te laisser, je voulais rester avec toi. Je crois qu'ils s'y sont mis à plusieurs pour me faire lâcher prise. Bien entendu ils ont réussi. Des voix sortaient de tous les côtés, elles tentaient de me rassurer mais j'étais comme hystérique. Tout était flou autour moi, je ne les voyais pas, je ne voyais rien hormis ton corps qui s'éloignait petit à petit de moi alors qu'on me tirait hors de la pièce. Je me suis débattue jusqu'au bout, je voulais te rejoindre. Je me suis même dit que tu allais avoir froid avec ton simple t-shirt blanc. Je voulais te rendre ta chemise que je portais toujours. Tu réalises à quel point c'était stupide ? Comme si tu pouvais encore avoir froid.

Dehors le soleil m'a brûlé les yeux, je n'y étais plus habituée, j'ai distingué des voitures de police. Une dizaine et plein d'hommes en uniforme. J'avais l'impression d'être dans un film. Tu sais la scène finale quand ils viennent arrêter le méchant. Sauf que c'était ridicule, tu n'étais pas le méchant, ils se trompaient. Des bras encerclaient fermement mon corps et on me parlait toujours, je ne comprenais pas ce qu'ils disaient puis on m'a allongée sur un brancard et après, ça a été le noir complet.

Je me suis réveillée plus tard dans une chambre d'hôpital, mes parents et Niall étaient là mais toi non et je me suis mise à paniquer. Tu n'étais pas là. Je pourrais te raconter en détails toute cette partie mais je crois que tu te doutes un peu de comment elle s'est passée. Quand on m'a annoncé que tu étais mort, j'ai refusé d'y croire. Je ne voulais pas l'accepter.

J'ai passé plusieurs jours là bas. On m'a fait toute une série de tests. Les médecins m'ont demandé si tu avais abusé de moi. Je leur ai hurlé que tu n'aurais jamais fait une chose pareille. On a fait l'amour, tu ne m'as pas violée mais ça ils refusaient de le comprendre. Tu n'imagines pas à quel point ça a été dur pour moi de devoir leur dévoiler ça. C'était intime, c'était entre toi et moi. Ça ne les regardait pas. Ils ont tenté de te faire passer pour le méchant dans l'histoire. J'en étais malade. J'ai même vu une psychologue, elle m'a parlé du Syndrome de Stockholm. Elle m'a expliqué ce que c'était. Elle m'a dit que tout ce que je ressentais pour toi n'était pas réel. Que j'avais créé un lien avec mon ravisseur et que ça arrivait souvent dans les affaires de kidnapping.

Une affaire.

Voilà ce que j'étais pour eux. Une simple affaire. J'ai rejeté tout le monde, même mes parents, je ne supportais plus de les voir. J'ai tenté de leur dire de nombreuses fois que tu n'étais pas fou, ni malade, que tu avais juste vécu des choses très dures mais ils ne m'écoutaient pas. J'ai tenté de leur expliquer qu'avec toi je me sentais bien. Que tu comptais pour moi et que tu n'étais pas le psychopathe qu'ils s'imaginaient, mais la seule chose qu'ils me répondaient à chaque fois, c'était que tout ce que je ressentais pour toi était faux. Que ce n'était pas de ma faute, que c'était de la tienne. Ils refusaient de comprendre et ils me dégoûtaient. Je ne supportais plus leurs regards compatissants sur moi. Le seul avec qui je me sentais à peu près bien, c'était Niall. La mort de Liam nous avait éloignés mais ce qui s'est passé nous a rapprochés. Alors que tout le monde était contre moi, lui me soutenait. J'avais enfin retrouvé mon petit frère.

Tu sais ce qui a été le plus effrayant dans tout ça ? Cela a été de me retrouver entourée de monde après avoir passé autant de temps seule avec toi. Voir tous ces gens me paralysait. J'avais l'impression d'étouffer et je n'avais qu'une seule envie, c'était de retourner dans la pièce de ton sous-sol, chez toi. Cette pièce que j'ai tellement détestée était le seul endroit où je voulais être.

D'ailleurs j'y suis retournée. Hier. J'en avais besoin. Je n'ai rien dit à personne, j'ai pris la voiture de mon père bien que je n'aie pas le permis de conduire et j'ai roulé jusqu'à chez toi. J'ignorais si j'allais avoir la force de rentrer mais ça m'était égal, il fallait que je vienne. Je l'ai eue, la force de rentrer je veux dire. Je l'ai eue. La porte d'entrée était verrouillée et j'ai dû casser une fenêtre, mais je l'ai fait. Je suis rentrée. J'aurais pu en profiter pour faire le tour, visiter en quelque sorte, mais je n'en voyais pas l'intérêt. Je suis seulement allée dans ta chambre. Rien n'avait bougé. Elle était encore sans dessus dessous par ma faute. Je m'en suis voulu de l'avoir mise dans cet état. Même si c'est trop tard maintenant, je m'excuse Harry. Je me suis allongée sur ton lit, je voulais me sentir proche de toi mais ça n'a pas marché. Je ne suis pas restée longtemps, ta chambre ne représentait rien pour nous. Je suis descendue jusqu'à la cave. Devant les escaliers j'ai eu peur de voir ton frère surgir devant moi, c'est idiot je le sais puisqu'il est mort. Mon cœur s'est brisé car j'ai réalisé que si ton frère ne pouvait pas surgir pour me faire du mal, toi tu ne viendrais pas pour me sauver.

J'ai descendu les marches une à une, lentement, j'avais malgré tout ce stupide espoir que tu serais là. Je me suis arrêtée dans la salle de bain et mon ventre s'est serré quand j'ai vu qu'aucune robe blanche ne m'attendait dans le coin de la pièce. Tu n'étais plus là.

D'ailleurs regarde, j'en porte une aujourd'hui, tu la trouves jolie ? C'est celle que j'avais à l'enterrement de Liam, la première fois que tu m'as vue. Je l'ai mise pour toi. Elle te plaît ?

Je hais ce silence. Tu n'imagines pas à quel point ça me fait mal que tu ne puisses pas me voir ou me répondre. Encore une fois, je t'en veux d'être dans cette tombe Harry. Ce n'est pas ta place. Tu ne devrais pas y être, tu devrais être avec moi et tu devrais me dire que oui, tu trouves ma robe jolie. Je te déteste de ne pas être là. Je suis restée un long moment à l'entrée de ma cellule.

Cellule.

Au début c'est ce qu'elle représentait pour moi, maintenant ce mot sonne faux. Ils ont tout enlevé tu sais. Le matelas, la chaise et même la lampe. Je crois que je ne t'ai jamais remercié pour la lampe pourtant ton geste m'avait vraiment touchée. Alors merci Harry, merci pour cette lumière. Merci de ne pas m'avoir laissée dans le noir. Merci de m'avoir permis de te voir. Tu étais vraiment magnifique. Tu vas sûrement trouver ça ridicule mais au début je t'ai détesté d'être beau. Dans ma tête, tu étais le méchant et tu n'avais pas le droit de l'être, tu étais censé être moche et répugnant. Pas le garçon le plus magnifique qu'il m'ait jamais été donné de voir. Je me demande encore ce que tu as pu me trouver. Je me sens minable face à toi.

Je m'égare, excuse-moi...

Tu sais ça m'a fait mal de voir la pièce vide. Je n'ai pas eu mal à cause du matelas, de la lampe ou de la chaise. J'ai eu mal car elle était vide de toi. Même si je le savais et même si c'était stupide, je n'avais pas réussi à faire taire cet espoir que j'avais en moi, qui me disait que tu serais là. Mais tu n'étais pas là. En réalité la pièce n'était pas totalement vide. Le livre de « Roméo & Juliette » était posé dans un coin. J'ignore comment ils ont fait pour l'oublier mais pourtant c'est le cas, il était là par terre, rempli de poussière. Je m'en suis saisi et je me suis allongée là où toi tu étais allongé quand tu as fermé les yeux pour la dernière fois. Je suis restée plusieurs heures comme ça sans bouger, à serrer le livre contre moi en  t'imaginant à mes côtés.

Dans ta chambre je n'avais pas réussi à me sentir plus proche de toi mais allongée à même le sol sur le béton dans cette cave, j'ai réussi. Durant ces quelques heures où je suis restée immobile, mon cœur s'est senti un peu moins vide.

Tu ne réalises pas à quel point tes yeux me manquent. Peu importe qu'ils soient gris ou verts, ils me manquent et je veux les revoir.

Les coupures sur mes bras cicatrisent lentement mais à chaque fois que je vois celles de mon poignet, j'ai envie de recommencer. Pas pour avoir mal, je souffre suffisamment intérieurement comme ça, mais j'ai envie de le faire pour que tu viennes et que tu me dises d'arrêter. Que tu me fasses promettre encore une fois de ne plus jamais le faire, que tu me demandes de ne plus jamais recommencer. Un soir j'étais enfermée dans ma chambre et je tenais la lame de rasoir dans ma main, même si je savais que c'était impossible, je voulais que tu viennes m'en empêcher puis je me suis rappelée de ce soir là dans la forêt, devant les ruines de ton ancienne maison, quand tu m'as raconté la première fois que tu m'avais vu le faire. Tu m'as dit que tu étais caché dans l'arbre face à ma fenêtre. Alors je me suis levée pour voir, j'ai espéré bêtement que tu serais là à m'observer. Mais tu n'étais pas là, l'arbre était vide. J'ai repensé à toutes ces photos de moi que tu avais prises et j'ai réalisé que moi je n'en avais pas une seule de toi. J'ai longtemps pleuré ce soir là, j'avais tellement peur d'oublier ton visage. Puis j'ai repensé à cette photo, la seule que j'avais vraiment eu le temps de voir, celle où je dormais dans mon lit, celle qui m'avait fait prendre conscience que tu avais pénétré dans ma chambre. Ma chambre. Tu avais été dans ma chambre. Même si je ne t'y avais jamais vu, elle restait un endroit que nous avions partagé alors je me suis sentie un peu plus proche de toi et ça m'a apaisée.

Au début rien que l'idée que tu puisses avoir été dans ma chambre me rendait folle, maintenant c'est un soulagement. Il y a une part de toi chez moi.

Vingt-et-un jours. Tu m'as enlevée pendant vingt-et-un jours Harry. Je le sais car après quelque temps passé à l'hôpital, je suis rentrée chez moi et là des agents de police sont venus m'interroger. Ils m'ont demandé de leur raconter ce qu'il s'était passé. J'ai refusé, c'était entre toi et moi. Il était hors de question que je leur raconte notre histoire. C'était notre secret. Ils savent que tu m'as enlevée, que ton frère t'a tué et qu'il s'est tué ensuite. C'est tout. Mais même si je n'ai rien voulu leur dire, j'ai quand même pris ta défense. Même si ces deux policiers étaient de simples inconnus, je ne supportais pas qu'ils aient une mauvaise image de toi. Je t'ai défendu, je leur ai dit que tu ne m'avais jamais fait de mal. Je ne leur ai pas dit que tu m'avais frappée deux fois. Je sais que tu t'en voulais énormément même si tu ne me l'as jamais dit. Je ne t'en veux pas Harry, d'accord ? Tu étais aussi perdu que moi. Tu sais ce qui me rend malade, c'est qu'à chaque fois que je disais du bien de toi, ils me regardaient d'un air triste et compatissant. Ils m'ont balancé à la figure que ce n'était pas ma faute, que le Syndrome de Stockholm était quelque chose de très dur. J'avais envie de leur vomir dessus. Je n'en pouvais plus que ce foutu syndrome refasse surface à chaque fois que j'ouvrais la bouche, comme une excuse à tout ce que disais, alors j'ai fini par me taire. À quoi bon continuer ? Je pouvais dire tout ce que je voulais, ça ne changeait rien. À leurs yeux, tu restais toujours un monstre.

Au final c'est eux qui ont beaucoup plus parlé que moi. Ils m'ont parlé de toi. Ils m'ont dit que quand la maison de vacances de tes parents a brûlé, toi aussi tu étais à l'intérieur et que c'est Louis qui t'a sorti des flammes. Ils m'ont dit que les pompiers ont dû te retenir à plusieurs pour t'empêcher de retourner à l'intérieur sauver tes parents. Mon Dieu Harry, ce devait être horrible. Je n'ai même pas de mots pour te dire à quel point je suis désolée que tu aies dû vivre ça. Tu ne le méritais pas. Ils ont dit que tes parents étaient très riches et que ton frère et toi viviez de leur héritage. Ils m'ont aussi appris qu'avant leur mort, tu suivais des cours au conservatoire de musique de Londres et que tu as tout abandonné à leur décès. J'ai repensé aux guitares et au piano dans ta chambre, je suis sûre que tu étais très doué, tu n'aurais jamais du tout laisser tomber. Ils m'ont dit ton nom aussi. Styles. Tu t'appelais Harold Edward Styles. Tu avais deux prénoms, ça m'a marquée mais ça m'étais égal. Tu étais Harry pour moi.

Avant qu'ils s'en aillent, je leur ai demandé comment ils avaient su où j'étais et tu sais ce que l'un d'eux m'a répondu ? Bien sûr que tu le sais puisque c'est toi qui leur as dit. Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu leur as téléphoné pour tout leur dire, ton nom, là où tu me retenais et pourquoi tu l'avais fait. Pourquoi tu leur as dit tout ça Harry ? Pourquoi tu ne m'as pas simplement laissée partir ?

Je ne sais pas s'il a cru bien faire mais l'un des agents m'a dit que c'était lui qui avait reçu l'appel. Ton appel. Il m'a dit qu'il avait tellement été surpris qu'il t'a demandé pourquoi tu te dénonçais ainsi. Tu lui as répondu que tu le faisais pour moi. Pour que moi je n'aie pas à le faire à ta place. Tu lui as dit que tu voulais me protéger de toi. Tu n'es qu'un idiot, un crétin et un abruti, je ne t'aurais jamais dénoncé Harry. Jamais. Si ton frère ne t'avait pas tué et si tu m'avais réellement laissée partir, je serais revenue vers toi. Tu voulais me protéger de toi ? Tu es mort à cause de moi bon sang. C'est toi qui aurais dû te protéger de moi, pas l'inverse. Et maintenant que tu n'es plus là, qui peut me protéger Harry ? Qui ? Dis-le-moi ? Car tu vois, sans toi je me sens complètement faible et démunie. Il n'y avait que dans tes bras que je me sentais en sécurité. Me protéger ? Tu as complètement foiré, je n'ai jamais été aussi fragile que maintenant. J'ai peur de tout Harry. Les gens dans la rue, le noir, la solitude, le silence, le moindre bruit me fait sursauter. Tout est contradictoire. Tout m'effraie, me paralyse et tu n'es plus là pour me rassurer. Tu n'es plus là pour me serrer contre toi et me dire que tout va bien, que je n'ai aucune raison d'avoir peur.

Regarde ce que tu as fait de moi. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même. Une minable. Tu m'as complètement détruite.

Je te hais Harry, je te hais vraiment car tu m'as tout enlevé. Tu m'as enlevé ma vie. Tu m'as tout pris. Mais tu as fait bien pire encore car tu m'as donné bien plus. Tu m'as montré ce qu'était l'amour. Même si tu l'as fait de la pire manière qu'il soit, tu m'as prouvé que l'amour existe. Je n'aurais jamais pu imaginer un jour que quelqu'un m'aimerait aussi fort que tu m'as aimée. Je croyais ça impossible. Grâce à toi, j'ai eu le sentiment de compter réellement pour quelqu'un pour la première fois de ma vie. Tu avais cette façon de me regarder qui me faisait me sentir exceptionnelle. Quand tu prononçais mon prénom, j'avais l'impression que c'était le plus beau mot du monde. Et quand on a fait l'amour toi et moi, je ne me suis jamais sentie aussi vivante.

Tu étais quelqu'un de violent Harry, je m'en suis rendue compte quand tu frappais ton frère. Tu avais tellement de violence en toi que tu aurais pu le tuer, pourtant quand tu m'as fait l'amour tu as été si tendre, si doux... Quand je ferme les yeux, je sens encore tes caresses sur ma peau. Tes mains sont les plus belles mains que je n'ai jamais vues, c'est pour ça que je n'ai pas été surprise quand on m'a dit que tu étais inscrit au conservatoire de musique. Tu as des mains de musicien. J'aimerais tellement pouvoir les sentir sur moi encore une fois.

Je ne sais pas si tu réalises tout ce que tu m'as donné en si peu de temps Harry. Vingt-et-un jours. Qu'est-ce que cela représente dans toute une vie ? Pas grand chose. Pourtant il t'a suffit de seulement vingt-et-un jours pour bouleverser la mienne à tout jamais. Tu n'es qu'un con, j'espère que tu en as conscience. Tu es le pire des cons car ce jour là au cimetière quand je t'ai souri, tu aurais dû venir me voir. On souffrait tous les deux, on aurait pu guérir ensemble. J'aurais même pu passer des heures à te regarder jouer du piano, j'en suis certaine. J'aurais aimé t'entendre jouer, même ne serait-ce rien qu'une seule fois. Oui, on aurait vraiment pu être heureux ensemble, toi et moi. Mais au lieu de ça, tu as fait de ma vie un enfer et de la tienne en même temps.

Tu m'as tout donné de toi Harry. Tu m'as fait me sentir différente, exceptionnelle. Je n'ai jamais eu beaucoup considération pour moi- même et grâce à toi j'avais l'impression d'être quelqu'un. Quelqu'un d'important. Tu as pris soin de moi comme jamais personne ne l'avait fait avant. Tu m'as protégée, quand j'étais dans tes bras, je savais que rien ne pouvait m'arriver car tu étais là. Se sentir aimée comme ça, c'est quelque chose de fort Harry. C'est puissant et profond. C'est un sentiment que je n'aurais jamais pensé connaitre, mais je l'ai connu grâce à toi. Tu m'as appris ce qu'était le vrai amour, celui avec un grand A, puis tu m'as abandonnée. Tu m'as laissée là. Tu m'as fait t'aimer et tu m'as abandonnée. Ton amour pour moi était pur mais destructeur Harry et il nous a détruits tous les deux.

Il n'y a qu'à la télévision ou dans les livres que le garçon se sacrifie pour la fille qu'il aime. Ce n'est pas réel, ce n'est pas censé arriver dans la vraie vie. Aucun garçon ne doit mourir et encore moins pour moi. C'est juste de la fiction tout ça mais pourtant tu l'as fait. Tu l'as fait Harry, tu es mort pour moi. Et moi je suis dans un cimetière, devant ta tombe à te raconter tout ça. J'ai l'impression d'être dans un film et de tourner la scène finale. Un film dramatique. Le genre de film que j'aurais aimé voir et qui m'aurait fait pleurer car je l'aurais trouvé bouleversant. Mais on n'est pas dans un film. Je ne vais pas me relever et tu ne seras pas là à m'attendre dans les coulisses pour me féliciter de mon jeu d'actrice et me tendre un café chaud car je meurs de froid. Non ça n'arrivera pas car justement on n'est pas dans un film et c'est ça qui est dramatique. C'est que tu es vraiment mort. Mort pour de vrai. Mort pour moi. Pas de caméras, pas de scénarios. Juste toi, mort et enterré dans cette tombe qui porte ton nom.

J'ai longtemps cherché à comprendre pourquoi tu avais fait ça. Pourquoi tu as pris cette balle à ma place. J'ai compris maintenant. C'était soit moi sans toi, soit toi sans moi et tu n'aurais pas supporté de vivre sans moi. Tu es juste un putain d'égoïste en fait Harry. Tu ne m'as pas sauvée ce jour là, tu t'es sauvé toi et tu m'as laissée là. Ce n'est pas la même chose. Tu n'es pas un super héros, tu es juste un lâche en réalité. Mais tu vois, tu n'es pas parti seul, tu m'as emportée avec toi. Je n'y arrive plus sans toi. J'entends tout le monde me dire :

"Tu ne l'aimes pas Hailey, tu es atteinte du Syndrome de Stockholm."

Mais ils se trompent. Ils ont tort. Ou peut-être que non, pour être honnête je ne sais pas. Peut-être que tout ce que je ressens pour toi, je ne devrais pas le ressentir. Peut-être qu'ils ont raison, peut- être que c'est ce foutu syndrome qui me met la tête à l'envers. Mais au final qu'est-ce que ça change ? Rien. Ça ne change absolument rien. Je t'aime Harry. Et ce jour là tu n'as pas été le seul à recevoir une balle en plein cœur. Moi aussi j'en ai reçu une et elle est bien plus douloureuse, tu peux me croire.

Tu m'as appris à t'aimer et tu m'as laissée ici avec ton sang sur les mains, le cœur brisé et détruite. Tu m'as promis que tu ne partirais pas. Tu t'en souviens ? Tu me serrais tellement fort contre toi car j'en avais besoin et tu m'as promis que tu ne t'en irais pas.

"Je te le promets Hailey."

Tu l'as dit Harry. Tu l'as dit, tu m'as promis de ne pas m'abandonner mais tu l'as fait. Je te déteste. Je te déteste d'être parti. Je te déteste d'avoir mis ma vie sans dessus dessous. Je te déteste de m'avoir fait t'aimer car maintenant que tu n'es plus là, j'ai beau chercher, chercher de toutes mes forces, je ne trouve plus aucune raison de vivre.

Je ne baisse pas les bras, c'est seulement que sans toi, ma vie n'a plus aucun sens. Elle me semble vide et fade, sans intérêt. J'ai passé vingt-et-un jours avec toi, je viens de passer vingt-et-un jours sans toi et je ne veux plus continuer. Tu es parti il y a vingt-et-un jours, seulement vingt-et-un jours, j'ai l'impression que ça fait une éternité que tu n'es plus là.

Regarde, j'ai volé ce pistolet dans le bureau de mon père. Tu ne trouves pas ça ironique que « Roméo & Juliette » soit mon livre préféré ? Je l'ai tellement lu que je le connais par cœur mais je ne l'avais jamais réellement compris avant de te rencontrer. Finalement ce n'est pas qu'une simple histoire. L'amour pousse à la folie mais la perte de l'être aimé pousse à la destruction. Je t'entends déjà me dire d'une voix suppliante :

"Ne fais rien de stupide, ne fais pas ça Hailey."

Mais tu sais quoi Harry ? Tu n'as plus rien à me dire. Tu as perdu ce droit quand tu as fermé les yeux et que tu es parti. Tu l'as perdu quand tu as choisi de prendre cette balle à ma place. Peux-tu seulement imaginer ce que je ressens ? Être en vie et ne plus sentir mon cœur battre. C'est ça que je ressens Harry. Tu vois, je suis vivante mais mon cœur lui ne bat plus. Il a cessé en même temps que le tien. C'est de ta faute tout ça, c'est toi le coupable. Pas moi. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi même. Tu n'aurais jamais dû rentrer dans ma vie comme tu l'as fait si c'était pour en partir ensuite. Alors oui, tout est de ta faute. Tu m'as laissée seule, totalement seule mais tu vois, je ne supporte plus cette solitude ni ce manque de toi constant qui me broie de l'intérieur. Je ne veux plus être seule, je veux être avec toi. J'ai passé vingt-et-un jours avec toi et vingt-et-un jours sans toi. Je veux l'éternité à tes côtés. Si tu savais à quel point je te déteste, je te déteste tellement de m'avoir fait t'aimer pour ensuite m'abandonner.

Tu m'aimais et tu voulais que je t'aime. Tu as réussi. Je t'aime Harry, je t'aime autant que je te hais.

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