Éva et l'Alpha

By elonaballon

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Éva, dix-huit ans, tente de se défaire de l'emprise de son père, un homme alcoolique qui violente sa mère et... More

Introduction
Chapitre un
Chapitre deux
Chapitre trois
Chapitre cinq
Chapitre six
Chapitre sept
Chapitre huit
Chapitre neuf
Chapitre dix
Chapitre onze
Chapitre douze
Chapitre treize
Chapitre quatorze
Chapitre quinze
Chapitre seize
Chapitre dix-sept
Chapitre dix-huit
Chapitre dix-neuf
Chapitre vingt
Chapitre vingt-et-un
Épilogue

Chapitre quatre

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By elonaballon

Derek et moi déambulons dans les couloirs du manoir depuis plusieurs minutes. Je découvre quelques suites aussi immenses qu'identiques, discutant de choses et d'autres avec lui. Notre échange est agréable, je suis détendue et à l'aise en sa présence.

Je tiens à le remercier de m'avoir aidée la nuit dernière et permis d'être soignée. J'ai conscience que je devrais le vouvoyer à cause de son statut, mais nos âges rapprochés m'en empêchent. Aussi, une connexion s'établit d'emblée entre nous.

— Le dîner est prêt, nous convie Madame Starckley.

Alors que nous rejoignons le rez-de-chaussée, je demande à mon hôte s'il est fils unique.

— Non, pas vraiment, s'amuse le concerné.

— Pourquoi est-ce que tu es destiné à prendre le pouvoir, dans ce cas ?

— Je suis le plus âgé. Mes parents pensent que je ferais un bon Alpha, mais ils se bernent.

Il m'avoue ça l'air de rien, ponctuant sa remarque d'un clin d'œil taquin. Puis, il ajoute plus sérieusement :

— Ils ne tiennent pas compte des crises d'angoisse qu'il m'arrive d'avoir. C'est un risque à prendre lorsqu'on dirige un territoire aussi grand que le nôtre...

Je hoche la tête. Mon attention est vite détournée quand nous pénétrons dans la cuisine, d'où s'échappent des odeurs gourmandes.

À l'image de la demeure, cette dernière est subtilement agencée. Les murs d'un blanc nacré s'accordent aux meubles anthracite. Un plan de travail en acier sépare les fourneaux de la table ronde qui trône au centre de la pièce. Madame Starckley a pris le soin de la dresser.

— Manon, Blaire, Julien ? À table ! crie-t-elle cette fois-ci.

Une jeune femme surgit de l'escalier. Sa sœur et son frère le dévalent à sa suite et s'approchent de moi, tout sourire. La première, l'aînée, est une ravissante brunette au regard vert d'eau et aux cheveux mi-longs. Je lui donne tout juste la vingtaine. L'Alpha me confirme qu'elle a dix-sept ans.

— Je te présente Blaire. Blaire, voici Éva.

— Manon, ravie de faire ta connaissance.

— Julien, s'annoncent-ils respectivement.

Je leur retourne ces politesses.

Julien a seize ans. Manon, quinze. Elle est aux antipodes d'eux. Ses yeux sont bleus et sa chevelure soyeuse tire sur le blond cendré. Julien, lui, la porte courte, d'un noir de jais semblable à celle de son père.

Nul n'évoque le sujet de ma fugue durant le déjeuner. J'ignore pourquoi, mais pour une fois, je me sens à ma place – tant que ce sentiment de bien-être finit par me déranger. Je me fais plutôt discrète, souris quelques fois devant leurs chamailleries, riant aux blagues de leurs parents.

— Vous avez perdu le pari, à vous de débarrasser la table.

Le trio s'active de bon cœur. Je me raidis. Cette plaisanterie n'est rien d'autre que les prémices d'une discussion que je ne veux pas aborder. Que je n'ai pas le courage d'aborder.

— Tu viens, Éva ? lance la Luna.

Je les suis sans ronchonner. Nous prenons place sur un banc dans la cour arrière, sous un pommier.

Je sais qu'ils ne veulent pas s'imposer à ma vie ni m'obliger à leur révéler la vérité. Cette conversation est sur le point d'avoir lieu, c'est à moi de mener la danse pour me sentir à l'aise avec eux. Je préfère donc les devancer :

— Vous devez sûrement vous poser des questions à mon sujet. Qui je suis, ce qui m'a poussée à m'enfuir de chez moi, ce que je compte faire maintenant que je n'ai plus...

— Ce n'est pas un interrogatoire, m'interrompt l'Alpha.

J'inspire, lorgne mes mains qui tremblent.

— Il est vrai que mon statut implique que j'en apprenne davantage à ton sujet. Plus que ça, je ne souhaite pas nuire à ma famille en t'accueillant sous notre toit. Mais tu as l'air gentille comme tout...

— Et tu as besoin d'aide, complète Madame Starckley.

— On ne te parle pas en tant que dirigeants, mais en tant que parents. Même si on ne te connaît pas, ton état nous inquiète.

Son épouse hoche la tête. Je contemple les jeux d'enfants, la balançoire qui tangue au gré du vent et la cabane dont les fissures ne filtrent pas l'air.

— Si vous n'étiez pas l'Alpha Suprême, est-ce que vous m'auriez recueillie ?

— Évidemment !

Je me mure dans le silence face à cet élan de générosité.

— Je ne veux pas profiter de vous, je préfère m'en aller.

— Éva, me stoppe la Luna. Pose-toi la question avant tout... Tu es majeure, libre d'aller où bon te semble. Tu ne dépends plus de quiconque, du moins en théorie. Est-ce que tu comptes retourner chez toi ?

— Je ne sais pas, réponds-je après un moment de réflexion.

Un dilemme s'impose à moi. Mon cœur parle, mais mon corps ne supporte plus les coups.

— Reste avec nous quelques jours afin qu'on trouve une solution, propose-t-elle. Tu pourrais te poser, prendre le temps de réfléchir, retrouver un équilibre.

— Je n'ai aucune idée d'où j'irai par la suite. Je souhaite juste vous épargner mes soucis, ne pas être un fardeau pour vous. Je ne veux pas vous attirer des ennuis.

— Tu n'es pas un fardeau, loin de là. C'est inconcevable pour nous de te laisser repartir dans cet état.

Une larme solitaire roule le long de ma joue, se frayant un chemin au coin de mes lèvres. Ma carapace se brise. Je me libère de cette tristesse que je n'ai pas extériorisée jusqu'à présent. Madame Starckley me serre naturellement dans ses bras, cela me surprend et me déstabilise à la fois. Elle relève mon menton du bout des doigts, puis me conseille :

— Tu devrais te reposer, ça te ferait du bien.

J'approuve et les remercie plusieurs fois. Dans le couloir, je croise Derek. Le jeune homme m'intercepte :

— Je rentre chez moi, mais je reviendrai ce soir. J'espère que tu iras mieux. Reprends des forces et tiens, si ça ne va pas.

Il me tend un papier où un numéro de téléphone est inscrit.

— N'hésite pas.

Son regard accroche le mien. Ses lèvres s'entrouvrent encore, puis se referment sans un mot. Il s'éclipse alors je retourne dans la chambre, m'allongeant sur le lit. De nouveau, je m'effondre et laisse la culpabilité m'envahir par bouffées. Mes paupières lourdes se ferment sur ces pensées.

* *
*

Tu me gâches la vie! Tu passes ton temps à me hurler dessus. Qu'est-ce qui t'arrive ? Reprends-toi... Voir maman aussi malheureuse ne te touche pas?

Me parle pas sur ce ton.

J'essaie de te faire réagir... Comprends-moi, comprends-nous. Tu ne nous rends pas la vie facile, tu sais?

Tu te ridiculises. T'as des hématomes, des courbaturesEt alors, qu'est-ce que ça peut bien me foutre ?

Et alors? réitéré-je, sidérée par ses propos. Tu m'ôtes les mots de la bouche.

— Oh, pitié, prends pas tes grands airs avec moi.

Dix minutes que je tente de discuter de cette situation qui s'éternise depuis quelques mois. J'aurais bien essayé...

Pris d'une soudaine envie de se défouler, Grégory attrape mon chignon d'une poigne ferme. Sa main valide écrabouille la mienne. Mes os craquent. Je pleure sous la douleur, surtout de colère. Il vient de me briser les phalanges, j'en suis certaine.

Que faut-il faire pour que tout ça cesse? crié-je. Te tuer en premier ?

C'est la première fois qu'il me violente en étant sobre. Qu'est-ce que je devrais en penser ? Peut-être était-ce son vrai visage depuis le début... Peut-être a-t-il simplement bien caché son jeu.

Je me redresse, tremblant de tous mes membres. J'empoigne un objet dans mon élan – un de mes livres favoris qui traînait là, sur la table basse. Invaincue, je rabats la quatrième de couverture sur le crâne de mon géniteur. En deux temps, trois mouvements, ce dernier me l'arrache des mains avant de me rire au nez.

Écoute-moi, le supplié-je encore. Je dois te parler. J'ai trop de choses sur le cœur...

— Arrête d'être insolente. Tu te caches sous les jupons de ta mère quand je m'en prends à toi.

Co-comment est-ce que tu parles d'elle? De ta femme...

Lassé de devoir insister, Grégory abat sa dernière carte. Il lance une offensive : son poing percute mon nez dans un bruit assourdissant. Aussitôt, je tombe dans les vapes.

Et je me réveille, essoufflée.

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