Gaby
Je m'étonne d'être arrivée au bout de ma part, et surtout d'avoir trouvé cela très bon. C'est un plat facile à faire, mais s'il n'a jamais cuisiné comme Rita le dit, il s'en est très bien sorti en ce qui me concerne. Woo ! Je suis en train de féliciter cet enfoiré après ce qu'il m'a fait subir tout à l'heure. Je frissonne, rien que d'y penser, ayant tout d'un coup le gout qui me revient dans la bouche.
— Je pense que Monsieur Callum doit avoir à boire dans son bar, me fait remarquer Rita tandis que je tousse.
— Non, ne vous inquiétez pas. De plus, je ne pense pas qu'il ait quelque chose sans alcool, lui fais-je remarquer.
Rita me regarde ennuyée, comme si j'avais dit quelque chose d'horrible, elle se lève à nouveau pour se rendre dans le bar, avant de revenir avec une petite bouteille d'eau. Je la remercie, étonnée qu'il ait ce genre de boissons dans son bar... j'aurais imaginé des bouteilles d'alcool qui en tomberaient quand on en ouvre la porte.
— Monsieur Callum ne passe pas que son temps à boire et à se droguer, dit-elle en tapotant sur le tapis comme si elle hésitait à continuer.
Franchement, je ne suis pas convaincue qu'il fasse autre chose de son temps. Ah si ! Il harcèle sexuellement les filles comme moi !
— Monsieur Callum était un petit garçon adorable jusqu'à la mort de son père, commence-t-elle.
Oh, je ne savais pas que son père était mort. Je pensais qu'il s'était enfui de cette maison de l'horreur... comme je rêve de le faire.
— Petit, il adorait aider Roger et son père à nettoyer les parterres de plantes. Enfin, il aimait surtout m'amener des gâteaux de terre et de ver de terre, qu'il mettait dans le frigo en prétextant que c'était le gouter, se souvient-elle en riant et je peux voir un drôle de reflet dans ses yeux, comme si cela semblait être les plus beaux jours de sa vie.
Alors que Rita et moi rions des fresques de Callum quand il était petit, la porte s'ouvre, et je me braque directement, rien qu'en voyant son visage. Le souvenir, la douleur et le dégout que j'ai ressenti dans la douche, s'impose à nouveau violemment à moi, tandis que Rita se lève pour quitter la chambre. Non, je ne veux pas rester seule avec lui ! Mais je me suis levée comme un automate, et j'attends là debout, tremblante dans la pièce qu'il parle... qu'il me dise quelque chose ou qu'il disparaisse encore. Oui, c'est cela... s'il pouvait disparaitre à nouveau et me laisser seule me morfondre dans sa chambre, jusqu'à ce que le jour se lève et que nous allions au lycée, où je serai enfin libérée de lui pendant quelques heures.
Je panique totalement alors qu'il se rapproche de plus en plus de moi et surtout de mes lèvres. Il est hors de question que cette bouche me touche, et que cette odeur de tabac dégueulasse entre dans ma bouche, pour se mélanger avec ma salive. Mais voilà, comment puis-je faire pour qu'il ne me touche pas ? Mon dieu, il va vraiment recommencer ?!
— Si tu me promets que tu ne me toucheras plus, lancé-je sentant qu'il faut que je l'arrête tout de suite, avant que mon corps ne se brise totalement à force de trembler.
— Cela dépend, fait-il avec un sourire narquois.
— Tu parles d'avant ou après cette nuit ? Me demande-t-il en passant sa langue sur sa lèvre, comme s'il imaginait un tas de choses cochonnes dans sa tête, que je n'ose même pas imaginer.
Ce mec est un porc ! Je déglutis en détournant mes yeux une seconde de son regard, réfléchissant à ce qu'il vient de dire. Il laisserait tomber les promesses entres nous, mais je n'ai plus vraiment besoin de sa protection de toute façon, puisque Brooke ne semble plus en avoir après moi. Oui, je peux m'en sortir sans crainte, sachant que celui qui me fait le plus peur est à quelques centimètres de moi.
— Maintenant, murmuré-je.
— Cela va être compliqué puisqu'il n'y a qu'un lit. Je te toucherai même inconsciemment, me fait-il remarquer.
— Je dormirai dans le divan ! m'exclamé-je en relevant mon regard dans le sien et je fais un geste de recul en voyant son regard posé sur moi.
Il y a un reflet étrange dans celui-ci qui me rend perplexe, mais pas dans le mauvais sens. On dirait qu'il est déçu... Pourtant, il faut qu'il comprenne que je ne reviendrai pas sur ma parole, je veux bien rester ici cette nuit s'il ne me touche plus.
— Hors de question que tu dormes dans le divan et moi non plus d'ailleurs ! finit-il par s'exclamer en se levant.
— Le lit est assez grand pour nous deux, continue-t-il en fermant la télévision alors que je le regarde ahurie.
Il est sérieux ?! Il est hors de question que j'aille dans ce lit avec lui ! Pas après ce qu'il m'a fait subir tout à l'heure... je ne fermerai jamais un œil ! Je serre mes bras contre ma poitrine, amenant le plaid qu'il m'a donné alors qu'il passe derrière le divan.
— Bon, tu viens ?! lance-t-il.
— Je ne dormirai pas dans ce lit avec toi ! insisté-je catégorique.
— Gabriella, ne me pousse pas à revenir sur la promesse que je viens de te faire, dit-il d'une voix calme mais lasse.
Je m'apprête à lui répondre qu'il n'a rien promis,quand je me rends compte qu'il vient de le faire. Si je restais dormir, il ne me toucherait plus. Mais puis-je vraiment lui faire confiance ? Confiance ?! Gaby, tu es devenue folle ! Il va te sauter dessus dès que tu te coucheras sur ce lit. C'est un monstre qui ne pense qu'à lui, et qui va me dévorer entièrement, si je baisse ma garde ne fusse qu'une seconde. Quelle garde ?! Je n'ai aucune chance de toute façon contre lui...
Je reste là un moment à gamberger, quand j'entends la porte de la salle de bain se rouvrir, et je tressaille en entendant ses pas revenir vers le divan.
— Gabriella, peut-on aller dormir maintenant ? me demande-t-il gentiment.
Mais il n'y a pas de gentiment qui tienne, après ce qu'il m'a fait subir ?!
Je l'entends soupirer bruyamment.
— Gaby, dois-je vraiment revenir sur ma promesse pour que tu comprennes ?! me demande-t-il plus froidement et je me lève d'un bond du divan, en sentant le souffle de son haleine à la menthe dans mon cou.
Callum
Il était temps qu'elle se décide, j'étais tout doucement en train de perdre mon calme quand je suis sorti de la salle de bain, où je me suis brossé les dents. La voir toujours prostrée dans ce divan, alors que je lui ai promis de ne plus la toucher, m'énervait au plus haut point. Je la laisse aller vers le lit, avant de la suivre et elle s'arrête devant celui-ci comme si mon lit était rempli de ronces.
— Il ne va pas te manger, tu peux te coucher, lui fais-je remarquer en enlevant mon bracelet en cuir et ma montre pour les mettre sur la table de nuit.
— Tu as certainement un côté de préférence pour dormir ? me demande-t-elle et je regarde le lit en me disant que si je lui dis que ma place est le plus près possible de son corps, elle va s'enfuir en courant. Donc, je passe la main dans mes cheveux, en me dirigeant simplement du côté droit du lit. J'enlève le drap et je me couche sur le dos, un bras sous ma tête en fixant mon reflet dans le miroir. Gabriella reste quelques minutes devant le lit, et je tousse pour lui faire comprendre que je vais vraiment m'énerver si elle ne se grouille pas.
N'ai-je pas promis de ne pas la toucher si elle dormait avec moi ? Alors quoi ?! Elle croit que je fais des promesses comme elle et toutes ces salopes qui en font et ne les tiennes pas ?! Je serre mon poing contre ma nuque, en commençant à grincer des dents, me retenant de me lever et de la mettre de force dans ce lit, quand elle se décide enfin à y monter. J'expire une bonne fois, pour essayer de retrouver mon calme en la regardant dans le miroir se coucher. Voyant où elle se couche, je pourrais inviter Rita à venir dormir avec nous. Non, mais sérieux, elle va finir par tomber du lit là ?!
Je me redresse dans le lit en la regardant et je m'appuie vers elle. Son corps se recroqueville plus fort dans le lit, et je me remets à ma place comprenant qu'elle ne se rapprochera pas plus près quoi que je dise. Je passe ma langue sur ma lèvre, en la regardant dans le miroir se crisper entièrement dans le lit, tirant sur le drap comme si elle voulait y être engloutie. C'est à peine si elle respire sous ce drap, qu'elle a remonté jusqu'au-dessus de ses yeux. Je regarde la forme qu'elle a sous ce drap et je commence à faire le contour de ce corps, avec mon doigt tendu vers son reflet dans le miroir.
Ses joues portent vraiment à confusion, tout comme ses vêtements trop larges. Elle n'a rien à envié aux autres filles qui sont passées entre mes doigts, elle a ce qu'il faut là où il faut et elle a ce petit truc en plus que je n'arrive pas à cerner chez elle. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi j'accepte bêtement de rester dormir dans ce lit à côté d'elle, alors qu'il suffirait d'un mouvement pour me l'accaparer entièrement. Et pourtant, je ne fais aucun mouvement, je commence même à siffler cet air que j'ai sans cesse dans la tête, tout en bougeant mon doigt sur son reflet.
— Tu dors ? lui demandé-je voyant qu'elle resserre le drap dans sa main.
— Non, murmure-t-elle.
— Tu as froid ? lui demandé-je me rappelant que je n'ai pas remis la couette sur le lit et qu'elle semblait gelée déjà dans le divan.
—Non, me répond-elle mais son reflet dans le miroir me dit le contraire et je me lève d'un bond du lit, en allant vers l'armoire près de la fenêtre, pour prendre une couverture avant de me retourner vers le lit pour lui donner, quand je me fige. Gabriella est assise dans le lit, le drap serré contre elle et ses grands yeux chocolat sont terrifiés.
— Je ne vais rien te faire, lui dis-je en lui montrant la couverture et je fais un pas vers son coté du lit pour lui donner, mais je m'arrête là... la voyant se mettre à trembler encore plus qu'elle ne le faisait.
Je passe ma main libre dans mes cheveux, en lui lançant la couverture et je fais le tour du lit pour me recoucher à nouveau. Je remarque dans le miroir que Gabriella ne bouge toujours pas, et j'expire encore une fois nerveusement, commençant à en avoir marre de son attitude.
— Gabriella, je me suis excusé tout à l'heure, et je t'ai promis que je ne te toucherai plus, dis-je un peu exaspéré essayant de garder mon calme.
— Alors, peux-tu te coucher et dormir s'il te plait, continué-je mais Gabriella ne fait aucun mouvement.
— Gaby, je suis peut-être un enfoiré, mais quand je donne ma parole, je la respecte ! balancé-je froidement et elle se décide enfin à s'allonger.
Je ferme la lampe de la chambre en poussant sur la télécommande, et je recommence à siffler attendant enfin le sommeil.
Gaby
Je reste figée et recroquevillée dans mon coin, sentant le sommeil s'abattre sur moi, tandis qu'il fredonne encore cette chanson des Callings. Mais il est hors de question que je dorme de la nuit. Une promesse ?! Comme si j'allais le croire ! Il me prend vraiment pour une conne celui-là ?! Je vais attendre d'être certaine qu'il dorme, et j'irai me coucher dans le divan s'il faut... mais je ne dormirai pas avec lui dans ce lit.
Je ne sais pas vers quelle heure je me suis endormie, mais j'ai l'impression qu'il a sifflé plus de la moitié de la nuit, avant qu'il n'arrête. Ou alors est-ce moi qui me suis endormie pour finir ? Il faut dire que la soirée a été horrible en émotion, et bien que je sois un peu plus calme, j'ai hâte de quitter cette maison et de ne plus avoir à faire à cet enfoiré. Espérons qu'il tiendra sa promesse de me laisser tranquille, maintenant que je suis restée dormir. Je n'ai quand même pas fait cela pour rien, mais on parle de Callum...
Comment pourrais-je croire en ses paroles ? Pourtant, il m'a bien défendu quand la terminale s'en est prise à moi, alors qu'il a rendu lui-même sa propre dissertation à Monsieur Sanchez, brisant notre promesse. Enfin, c'est ce que je croyais à ce moment-là... D'ailleurs, je m'étonne qu'il soit resté à sa place cette nuit, et qu'il ne m'ait pas touchée. Il n'est peut-être plus...
Je m'arrête de penser et je me rends compte qu'il y a quelque chose de dur sous ma tête et mon bras... pourtant le lit n'est pas si dur. Me serais-je endormie par terre pour finir ?
C'est là que j'entrouvre les yeux prête à hurler, quand je me rends compte que c'est moi qui... suis venue me blottir contre lui !