MONTEZ !

By Deudeu33

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François est un lecteur insatiable ! Par curiosité Il va s'intéresser d'un peu trop près à la vie d'un célèbr... More

Chapitre 1 - François
Chapitre 2 - La petite voix
Chapitre 3 - Le bouquiniste
Chapitre 4 - Le grand écrivain
Chapitre 5 - Rencontre au sommet
Chapitre 6 - Le magicien des mots
Chapitre 7 - L'étage
Chapitre 8 - Proposition indécente
Chapitre 9 - La révélation
Chapitre 10 - Un nouveau défi
Chapitre 11 - À la recherche d'un style haut !
Chapitre 12 - Le grand ménage
Chapitre 13 - Le petit Poucet
Chapitre 14 - Le Discours de la Méthode
Chapitre 15 - Le touche-à-tout !
Chapitre 16 - La cave de l'horreur
Chapitre 17 - Le Prisonnier
Chapitre 18 - Le bagne de la Réécriture
Chapitre 19 - Le code secret
Chapitre 20 - Anna
Chapitre 21 - Infiltration sous tension
Chapitre 22 - In Vino Veritas
Chapitre 23 - L'autre facette d'Emile
Chapitre 24 - Les flammes de l'enfer
Chapitre 25 - L'hôpital
Chapitre 26 - L'interrogatoire
Chapitre 27 - La fuite
Chapitre 28 - Liberté !
Chapitre 29 - Loubignac
Chapitre 30 - La boîte à secrets
Chapitre 31 - François le sorcier
Chapitre 32 - Les pieds dans le plat !
Chapitre 33 - Nuit magique
Chapitre 34 - Enfin seuls !
Chapitre 35 - L'avocate
Chapitre 36 - Chez Anna
Chapitre 37 - Les enchaînés
Chapitre 38 - Tourner la page
Chapitre 39 - La policière
Chapitre 40 - Les cellules grises
Chapitre 41 - Anna fait son rap'port
Chapitre 42 - Les Malheurs D'Anna
Chapitre 43 - Au violon !
Chapitre 44 - Les élucubrations des écroués
Chapitre 45 - C'est la fin !
Chapitre 46 - Révélations et bracelets
Chapitre 47 - Des tensions provisoires
Chapitre 48 - Démons et Merveilles
Chapitre 50 - C'est la Fin !

Chapitre 49 - Tous pour un !

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By Deudeu33

Suite à son malaise, François fut transporté aux urgences .

On l'installa sur un brancard en attendant d'être pris en charge.

- Patientez ici ! Lui balança sèchement une infirmière qui gérait le tri des arrivées. Elle grommela toute seule :

-Rooh ! Il était tout seul chez lui celui-là ? Pfff ! C'est pas vrai la solitude de certaines personnes ! C'est dingue !

Puis elle s'adressa de près à François :

-Monsieur ? Vous avez de la famille ?

François était semi-comateux. Il essaya de parler :

- Humm....y a bien...mes grands.... parents mais ....ne les appelez pas !.... S'il vous plaît....ne les dérangez ......pas pour moi ....ils vont ....s'inquiéter.

- D'accord ! mais qui peut-on contacter alors Monsieur ? on ne peut pas vous laisser tout seul ici ! qui peut venir vous accompagner ? Dit l'infirmière

- A...Anna ! Mais elle ne doit.. pas... venir non ...plus...sinon...elle va re...tourner en ...prison ! balbutia François du bout des lèvres.

- Ah ! D'accord monsieur ! Désolée ! Mais on doit contacter quelqu'un. Nous appellerons vos grands parents ! C'est obligatoire ! C'est la procédure ! imposa l'infirmière.

François était trop fatigué pour répondre ou se battre. Il ne saignait plus du crâne mais du sang séché était resté collé dans ses cheveux.

- Allez ! Ne vous en faites pas ! Vous allez bientôt voir un médecin. Lui dit-elle d'un ton plus calme et presque chaleureux en posant sa main sur son épaule et en lui souriant.

Pendant ce temps, dehors, on se pressait pour le rejoindre.

Les inspecteurs Rafeu et Ponce, qui étaient chargés du suivi des deux porteurs de bracelets électroniques, avaient roulé à tombeau ouvert avec la sirène à fond pour superviser leur prisonnier - soit disant malade - mais aussi pour intercepter sa copine fugueuse qui allait forcément se présenter ici !

Justement, Anna, la "fugueuse", était toujours dans son bus et arrivait bientôt à l'arrêt de l'hôpital.

Et loin de tout ce tohu-bohu, "Papou" et "Mamou" furent avertis de l'état de François et se préparèrent en quatrième vitesse pour aller voir comment allait leur "pauvre petit chéri" !

Tout ce petit monde allait se rencontrer au même endroit et cela risquait d'être explosif !

François, qui ne se doutait pas de l'ouragan qui lui fonçait dessus, attendait toujours bien gentiment sur son brancard, dans le hall des urgences, la tête penchée sur le côté, à demi éveillé. Il regardait défiler sous ses yeux fatigués des colonnes de personnes en sang et en larmes, de tous âges et de toutes nationalités, dans la colère, la douleur et les cris, perdus dans cette marée humaine, ce brouhaha infernal, et ces sonneries permanentes.

Au milieu de tous ces zombies en souffrance s'organisait un défilé de blouses blanches, roses, vertes et bleues qui allaient et venaient comme des abeilles dans leur ruche. Chacune ayant sa fonction. Les médecins se distinguaient des infirmières ou des aide soignantes, qui elles-mêmes se distinguaient des femmes de ménage. Mais aucun patient ne savait qui était qui et qui faisait quoi !

Soudain, fendant la foule des malades en deux, tel Moïse sur la mer rouge, un interne en médecine arriva vers François, le stéthoscope au cou et l'air grave. Il demanda à un aide soignant d'installer le patient dans un box, et à une infirmière de l'assister.

Les box où étaient stockés les malades n'avaient aucune intimité et n'étaient séparés entre eux que par un léger rideau en plastique.

L'interne commença à ausculter François. Il écouta son cœur et prit sa tension.

- Houla ! hypertension à 21/7 ! C'est beaucoup ça mon garçon ! Et 150 de fréquence cardiaque ! C'est un peu beaucoup jeune homme ! C'est une belle tachycardie ça ! Tu as des antécédents cardiaques ? Tu te sens essoufflé !? Tu fais souvent des malaises ?

- Heu.... des fois ! répondit François hébété.

- Tu es angoissé ? Inquiet ? C'est le stress de la blouse blanche ? Hihi ! Tu as des soucis mon garçon ? Questionna le médecin en souriant.

- Ben ...heu...oui....je suis très stressé en ce moment oui ! Répondit-il timidement.

- Ohhh ! Mon pauvre petit ! À ton âge tu devrais profiter de la vie! De ta belle jeunesse ! C'est quoi tes malheurs ?

François garda un moment le silence, réfléchit, puis releva la jambe droite de son pantalon et découvrit son objet de torture.

- Wow ! C'est quoi ce machin-là ! J'en avais jamais vu avant ! C'est un smartphone ? Une Gameboy ? Un GPS ? Un pistolet laser ? Dit l'interne en blaguant.

-Non ! Sourit François. C'est un fichu bracelet électronique ! Un vrai boulet au pied !

-Ben dis donc tu m'étonnes que tu est stressé avec ça à la cheville ! Et tu dois le garder combien de temps ce bidule !? Questionna le docteur.

-Ben le temps que je paye ma dette à la police !

-Ah ? Et combien tu leur dois à ces braves gens ?

-90 000 € !

- Quoi ?? 90 000 € ! L'interne écarquilla les yeux un long moment. Ben mazette ! purée de pommes de terre ! Ils y vont pas de main morte avec les amendes les cocos ! Et t'as fais des vilaines choses toi François ? Tu as l'air gentil pourtant ! Qu'est ce qu'ils te reprochent les "keufs" comme vous dites ? Je te pose la question car je m'inquiète pour ta santé mon garçon.

-Ben rien ! On a fui les policiers parce qu'ils nous accusent de crimes qu'on n'a pas commis !

- "on" ? Qui ça "on" ?

-Ben Anna et moi !

- Ah ! Vous êtes "Bonnie and Clyde" en fait ! le couple de malfaiteurs ! Et elle est où cette "Anna" ?

- On a rien fait ! Cria François. On a tué personne !

-Tout doux petit ! Tout doux ! Tranquille! C'est pas bien pour ton cœur le stress ! T'es pas obligé de me répondre tu sais ! Je cherche juste à causer avec toi mon grand ! Mais maintenant je comprends ta grande anxiété et ton état de stress excessif. Et cette "Anna" ... Elle va venir ?

-Non ! elle a pas le droit ! Cria François

-Quoi ? Sursauta l'homme en blouse blanche. Comment ça elle a pas le droit ? Pourquoi ?

François baissa la tête et murmura comme un aveu honteux :

-C'est une prisonnière aussi !

-Ah mince ! Elle est en prison la dame ?

-Non ! elle a un bracelet comme moi à la cheville !

-Ahhhh ! Ben alors elle peut venir ! Dit le docteur d'une voix douce et posée. Pourquoi elle est pas là !??

- Tadaaaam ! Je suis là ! Dit fièrement Anna qui surgit dans le box en effrayant tout le monde. Surprise mon François ! Je suis venue quand même ! M'en fous de la police ! Ils ont qu'à venir ! Même pas peur !!

- Ça tombe bien Mademoiselle ! Nous sommes là ! Dit l'agent Rafeu qui surgit tel un beau diable, suivi de près par l'agent Ponce, un peu essoufflé qui commença à plaisanter :

- Je dirais même plus...Nous sommes là !

Anna les regardait effrontément et se tenait bien face à eux, les poings sur les hanches, prête à en découdre, mais commença à sourire quand même un peu avec la blague nulle de Ponce.

-Oh non ! "Dupont et Dupond" !Encore eux ! En chair et en os ! Se moqua Anna

- Mademoiselle ! veuillez ne pas nous insulter s'il vous plaît ! Dit Rafeu

-Mais c'est pas une insulte ! Rafeu ! Juste une plaisanterie !Répondit Anna du tac au tac !

-Nous appeler "Ducon et Ducon" c'est pas une insulte !? Allez ! je lui colle les menottes à celle-là !

Ponce lui bloqua la main et lui dit en souriant :

- Ah non ! Aussi vrai que j'm'appelle Ponce tu vas pas lui mettre les pinces ! Elle a dit "Dupont" cher collègue, et pas la vilaine chose que vous avez dite qui m'écorche l'oreille.

-Ducon ? Répéta Rafeu

-Mon dieu quel vilain gros mot ! Bouhh ! Fit Ponce avec plein de manières de mains et d'intonations aiguës.

Anna eut un large sourire devant les facéties de l'inspecteur Ponce.

François, lui, la dévorait juste des yeux sa belle Anna qui avait encore pris des risques pour lui. Il était subjugué par tant de charme, d'humour, de malice et de courage ! Il avait envie de l'embrasser et pensait même l'épouser ! là ! sur le champ ! Il voulut lui faire part de ses pensées mais il ne put dire que :

-Laissez la tranquille ! J'ai absolument besoin d'elle ! C'est vital ! C'est prioritaire ! Elle a bien le droit de venir me voir quand même !

- Non jeune homme ! s'énerva Rafeu. Tout détenu porteur d'un bracelet électronique est dans l'obligation de respecter les horaires de présence au domicile convenu par la loi, à savoir son domicile personnel. Ne peut être autorisée une sortie que si la commission l'a jugée nécessaire.
Ladite commission n'ayant pas été sollicitée pour la sortie exceptionnelle ici présente, elle ne saurait être acceptée et validée !

Rafeu faisait étrangement penser au Schtroumpf à lunettes qui énervait tout le monde !
Ponce n'en pouvait plus et parla au nom de tous :

-Rafeu ?

-Oui Ponce ?

-TAIS-TOI !

-Quoi ? Mais jamais personne ne m'a parlé comme ça ! Et encore moins un collègue de travail ! Je suis choqué ! J'irai me plaindre au grand chef et au syndi...

-TAIS-TOI !! Crièrent en même temps Anna, Ponce, François, et même le docteur qui s'était lâché !

Rafeu ne dit plus rien, et fit la tête comme un enfant vexé et humilié en public. Son autorité - si tant est qu'il en eut ! - en avait pris un coup.

-Allez Rafeu ! Ne le prenez pas mal mon ami, mais vos longues tirades sont d'un ennui mortel !
Ironisa Ponce en faisant un clin d'œil amical à Anna qui lui répondit par un petit rire discret.

-Mouais c'est ça ! Moquez vous ! Je vais tous vous mettre en tôle moi ! S'énerva Rafeu

-Wow ! Comme vous y allez mon ami ! Vous dépassez vite les bornes ! S'offusqua Ponce.

Le docteur intervint :

-Bon messieurs ça suffit ! Allez faire vos jérémiades ailleurs ! Mon patient doit se reposer ! Et Anna doit rester.

-Non ! Docteur ! elle ne peut pas ! Insista Rafeu !

-Messieurs ! Fit Le médecin avec un charisme inégalé. Ici vous êtes dans mon hôpital et ici, la loi, c'est moi ! Alors soit vous obéissez, soit je vous colle un rapport qui vous suivra toute votre vie et qui vous enverra faire la circulation aux carrefours !

- Mais je vais pas à Carrefour moi ! Je vais à Auchan ! Dit naïvement Rafeu.

Et tout le monde hurla ensemble leur cri de ralliement :

-RAFEU ! Tais-toi !

-Oh purée ! si tout le monde est contre moi, je m'en vais ! Fit Rafeu dépité

-Rooh ! Pierre ! Mon Pierrot ! Mon ami ! Fit Ponce plein de sympathie.

- Mon ami Pierrot ! Ah ah ah ! Excellent ! s'esclaffa Anna de rire.

- Bon ! jeunes gens - reprit l'interne - une dernière fois, je vais remettre les pendules à l'heure ! ...

- ...Et les points sur les "i" ! fit Ponce

- ...et les barres aux "t" ! fit Anna

- ....et l'église au milieu du village ! Fit François

- et ta mère en maillot de bain ! Dit Rafeu qui n'était jamais dans le ton.

Et un fou rire éclata pour tout le monde, sauf l'interne en médecine. C'était comme un feu d'artifices, ils oublièrent un instant les bracelets électroniques, les menaces de retour en prison, l'énorme amende et même l'état inquiétant de François.

Rafeu prit encore la parole :

-Non mais sérieusement vous voyez ce que vous me faites dire ! Je suis un agent assermenté moi ! Je représente l'ordre et la loi et vous me faites tenir des propos absurdes et...

-RAFEU !! TAIS-TOI !!!! Reprit en chœur le groupe de gais lurons auquel s'était joint cette fois le médecin.

Ponce voulut recadrer gentiment tout ce beau monde survolté :

- Chers amis, calmons-nous un peu s'il vous plait ! Pour revenir sur la raison de notre venue ici, le fait que vous portiez des bagues électroniques...

-des bracelets ! Coupa Rafeu sèchement

- Oui des bracelets ! Enfin des chaînes ! Des gourmettes ! C'est pareil mon loulou ! Pfff ! Tu m'as coupé ! Rohhh ! Je sais plus où j'en étais ! Rahhh ! Je suis colère !

-Des "bra-ce-lets é-lec-tro-niques ! Intervint Anna le sourire aux lèvres.

- Merci ma belle ! t'es un amour ! Reprit Ponce. Oui donc vous êtes porteurs de ces trucs électroniques tout moches qui bipent quand vous vous éloignez de chez vous quand vous avez pas le droit ! Ben c'est pour ça qu'on est là ! On est venu pour lui, déjà, parce qu'il fait style : <<je suis malade ! J'ai bobo docteur aïe aïe aïe ! >> et on doit s'assurer qu'il a bien bobo pour de vrai !

François leva les sourcils !

-Ponce ! Sois sérieux bon sang ! Réprimanda Rafeu.

- Dit celui qui rigolait tout à l'heure et disant "la maîtresse en maillot de bain !" balança Ponce. Hum ! Excusez-moi Mooosieur mais c'était grave nul comme blague !! Alors tu repasseras pour les trucs drôles mon chou !

Cela fit bouillonner Rafeu :

-Alors déjà je ne suis pas ton "chou" ! ok ? Et on est venus pour elle aussi ! Pour la remettre en cabane vu qu'elle est sortie de chez elle alors qu'elle y était pas autorisée ! Et tout à l'heure pour ta gouverne Ponce, j'ai été entraîné par le rire collectif, par l'ambiance...j'ai glissé quoi !

Et là François ne put manquer l'occasion de placer :

- J'ai glissé chef ! Hi hi hi

Et Anna s'y engouffra :

-vous za-fé du-à-l'ail ?? Mwahaha

Rafeu :

- Mais arrêtez heu !

Et ils reprirent tous en se moquant :

- Mais arrêtez heuuuu !

L'hilarité générale et les moqueries contre Rafeu battaient bon train.

Tout s'arrêta net d'un coup, retomba comme un soufflet quand arriva la grand-mère de François puis son grand-père, les larmes aux yeux, comme prêts à voir une dernière fois leur petit fils chéri sur son lit de mort.

Tout le monde les regardait fixement. Plus personne ne voulait rire ou blaguer devant ces deux visages défaits par l'inquiétude et la peine, décomposés par les larmes et le malheur.

Chacun reprit son sérieux et son professionnalisme, glacé par le respect de la douleur des grands-parents.

Rafeu s'exprima sans plus aucune crainte d'être raillé :

-Bonjour madame et bonjour monsieur ! Vous êtes les grands-parents du prévenu ? ... Enfin de François ? Merci d'être venus. Nous pouvons récupérer Anna maintenant et la mettre sous les verrous.

Ponce réagit immédiatement :

- Quoi ? Ahh ! Mais non ! Ça va pas la tête Rafeu ! Désolé mais Anna restera ici près de lui comme a demandé le Docteur.

Le docteur voulut commencer à dire un mot quand "super mamie" refroidit tout le monde en parlant fort, comme si elle grondait des enfants turbulents :

- Mais c'est quoi ce cirque ?! Vous faites les imbéciles alors qu'il y a mon petit fils qui n'est pas bien ?! Vous n'avez pas honte vous deux, des policiers en service, de vous comporter de la sorte ! Comment voulez-vous qu'on vous respecte après ça ! (Ponce et Rafeu baissèrent la tête). Et vous le docteur, vous laisser faire ce genre de choses dans votre hôpital? Devant vous ? Comment voulez-vous qu'on vous respecte également ? N'êtes vous la haute autorité ici ! Le chef des chefs ?

- Non madame ! Se permit la cadre qui fit irruption dans la conversation, le regard froid, écrasant et dévastateur. C'est moi ici la cheffe des chefs ! La commandante suprême ! Pas cet étudiant en médecine ni ces deux rigolos en costumes de gendarmes ! J'ai été mise au courant de votre venue et je tenais à vous expliquer la situation moi-même. Je peux vous recevoir dans mon bureau ? Nous y serons mieux installés que dans ce box mal désinfecté.

- Non Madame la super intendante ! Fit la grand-mère pleine de courage et d'ironie. Je reste ici auprès de mon petit-fils ! je suis venue pour le voir LUI ! Pas VOUS !

Puis la grand-mère s'adressa à l'interne :

- Docteur ? Jeune homme ? Vous êtes bien Docteur ?

- Oui Madame ! enfin... bientôt !

- C'est très bien mon petit ! Vous êtes très courageux et vous vous occupez bien de mon petit François. Vous n'êtes pas derrière un bureau à cracher votre venin sur tout le monde vous au moins ! Dit-elle avec un air mauvais en regardant la cadre de pied en cap.

La "cheffe des chefs" avait trouvée plus forte qu'elle et ne trouva rien de mieux que de battre en retraite sans rien dire, la mâchoire serrée.

- Allez ! Une bonne chose de faite ! Et Bon débarras la vieille chouette ! Se gaussa fièrement la grand-mère, comme un boxeur après une victoire. Docteur ? Alors ? Qu'est-ce qu'il a mon petit François ? Dites-moi tout !

- Alors madame, votre petit fils a fait vraisemblablement un malaise dû au stress ! Ce qui a causé une chute à domicile sur le crâne. On le garde en observation pour plus d'examens complémentaires. Mais je vous rassure. Son état n'est pas grave. Son pronostic vital n'est pas engagé. Mais la cause de son malaise est bien due à un choc émotionnel, un très grand stress.

- Du stress ? Oh oui il est stressé mon petit Fran-Fran ! Depuis tout petit il est comme ça mon pauvre petit chéri ! Ses parents...ses copains de classe...ses copines. Tout était source de souffrance pour lui. Combien d'heures il a pleuré mon pauvre petit. Et c'est pour ça qu'il écrivait pendant des heures tous les jours , tous les soirs, toutes les nuits...parce qu'il était tellement mal à l'aise ! Tellement triste ! Il fallait que ça sorte ! Qu'il s'exprime ! Même s'il n'avait personne à qui le dire ! Son cahier et son stylo étaient ses meilleurs amis je crois, ses confidents en somme, ses doudous quoi ! vous comprenez ...

Là plus aucune mouche ne volait, tout l'hôpital s'était comme figé devant des propos si touchants.

Ponce avait la larme à l'œil. Rafeu la mâchoire serrée. Le docteur était très ému et très touché. Et Anna se colla contre son cher François pour le prendre dans ses bras.

François, lui, après les paroles si compréhensives et si pleines d'humanité de sa "mamou d'amour", la contemplait avec plus d'amour qu'il n'en eut pour sa propre maman. Sa chère mamie avait pour lui un cœur tellement grand qu'elle pouvait pardonner tout et redonner vie à ce qui était en train de mourir, éteindre toutes les flammes de l'enfer par tous les flots apaisants de sa bonté et de sa générosité. Il l'aimait tant. C'était SA grand mère. Celle qui l'avait comme recueilli. Celle qui le consolait et qui savait tous ses malheurs et tous ses démons et qui avait tenté de les combattre et de lui apprendre à être plus fort qu'eux. Celle qui pouvait, entre ses bras, réparer les plus gros chagrins. Celle enfin qui portait en elle tout l'amour de la Terre et de l'Univers.

Ponce était subjugué par cette petite femme aux allures si ordinaires qui avait tant d'amour et tant de force. Il ne put s'empêcher de lui avouer :

- Ohlala ! Mazette ! Madame ! Vous êtes une grande dame ! J'ai pour vous un respect é-norme ! François a beaucoup de chance de vous avoir comme mamie ! Ohh ! J'aimerais trop en avoir une comme vous moi aussi ! Ça serait trop cute ! (prononcer [kioute] ), trop smart ! trop kaway ! (prononcer [kawaille])

-Mais vous êtes fou mon pauvre Agent Ponce ! Lui sortit sans détour la mamie. Puis elle regarda le docteur et lui demanda : Docteur, alors c'est le stress le responsable qui a faillit tuer notre François ?

- Oui Madame, c'est ce qu'on appelle une "attaque de panique". confirma-t-il. Cela vient souvent d'un sentiment de grande vulnérabilité.
Et il a de quoi être écrasé par le stress votre François ! Il est sous bracelet électronique, prisonnier à domicile chez lui avec des horaires strictes de sortie. Il doit en plus la coquette somme de 90 000 € à la justice avec sa chère et tendre ! C'est une chance qu'il n'ait eu que cette "petite alerte" ! Ça aurait pu être pire !

- Fichtre ! S'étonna Mamie ! 90.000 balles pour qu'on vous fiche la paix ! Eh ben ! Ils se mouchent pas du coude les flicaillons !

- Madame soyez polie ! Rétorqua Rafeu

- Oh écrase ! S'énerva mamie.

- Mamie ! Reprirent tous les autres.

- Madame, expliqua calmement Rafeu, nous pourrions vous arrêter pour outrage à ..

- Combien ?! 90.000 !? Coupa la grand mère qui d'un coup ressemblait plus à une cheffe de gang de mafieux qu'à une gentille petite vieille dame.

- 90 000 oui ! Répondit posément Rafeu.

-Ben ça fait mal au c..

- Mamie !!!! Crièrent juste à temps Anna et François pour la censurer !

- Oh je l'adore ! Je l'adore ! Je l'adore ta mamie François ! elle est terrible ! Wow ! Hurla Ponce hystérique.

- Vous êtes des voleurs ! Balança la grand mère qui avait des faux airs de Ma Dalton dans Lucky Luke !

- Bon allez Ponce ! On les embarque les deux fugitifs ! Dit Rafeu énervé

- Attendez messieurs les agents ! Attendez ! Ne les arrêtez pas ! Libérez-les s'il vous plaît ! Tant pis pour nos économies qu'on avait de coté avec papi ! De toutes façons... c'était pour les enfants... alors ça sera bien utilisé. On vous paiera cette somme Messieurs les policiers. Intégralement. Mais libérez-les s'il vous plaît. Pour l'amour de Dieu !

Et la grand-mère fondit en larmes, inconsolable, épuisée et à bout de nerfs. Papi essaya de la prendre dans ses bras mais elle le repoussa et lui balança :

- Et toi tu dis rien ! Tu laisses faire les choses ! Ils nous les enlève, ils nous les enferme et toi tu réagis pas ! Mais bon sang qui m'a foutu un bonhomme pareil ! C'est une punition divine cet homme là ! Quel enfer ! On est pas aidé !

- Mamie ! Intervint François. Il n'y est pour rien Papi ! C'est nous qui avons fait des bêtises ! C'est de notre faute uniquement ! Vous n'avez rien à vous reprocher ! Ni l'un ni l'autre ! S'il vous plaît ne vous disputez pas !

Anna prit la parole à son tour :

- Mamie ! Ma très chère mamie ! c'est très généreux de votre part ! même extrêmement généreux ! Mais on ne peut pas accepter ! C'est beaucoup trop d'argent ! On trouvera un moyen de rembourser notre dette ! Et on déjà des idées pour y arriver !

- NON ! Anna ! on paiera cash ! et en liquide ! Dit fermement la grand-mère.

- En liquide ? Mais on ne prend pas de liquide ! Dit Rafeu

- Oh ! il m'ennuie celui-là ! Alors OK on va vous faire un virement ! Renchérit la grand-mère.

- Mamou stoppe s'il te plaît ! Je ne veux pas que vous payiez une telle somme pour moi ! Papi ! Dis lui toi ! C'est une aberration ! Cria François.

Le grand-père marmonna :

-Oh tu sais mon p'tit François, ça fait belle lurette que je m'oppose plus à ta grand mère ! C'est mieux pour ma survie ! Fit-il en lançant un clin d'œil complice à son petit fils.

- Mais Papou ! Mamou ! Gardez votre argent ! et votre retraite ? Vous allez vivre comment ? Réagit ce dernier.

- Oh tu sais mon petit, lui répondit mamie, à nos âges on dépense plus comme avant. On met beaucoup de côté et on vit très bien de petites choses, de petits plaisirs. On l'emportera pas au paradis notre pognon ! Alors autant qu'il serve à quelque chose d'utile ! Une noble cause ! Vous donner une seconde chance par exemple ! Mais promettez moi de plus faire de conneries. De plus jouer avec la justice et de vivre vos vies sagement ...en n'oubliant pas de vous faire plaisir quand même ! Hi hi hi ! Dit-elle avec un sourire malicieux.

Tout le monde était conquis. La grand-mère continua et enfonça le clou :

- François mon grand ! Écoutes la supplique de ta pauvre grand-mère ! tu dois écrire ! Tu es fait pour ça ! Et toi Anna ! Soutiens-le s'il te plaît ! Veille sur lui ! Il a besoin de toi ! je te fais confiance ! Je t'aime déjà comme ma propre fille tu sais. Tu fais partie de la famille.

- Oh ! Merci mamie ! Fit Anna qui se jeta dans ses bras pour lui faire un câlin.

- Oh ma toute petite chérie ! Tu es trop mignonne ! Réagit la grand-mère. Acceptez notre cadeau pour débuter une nouvelle vie tous les deux s'il vous plaît ! On peut bien faire ça pour vous non ?

Le grand père acquiesça d'un signe de la tête et les bras croisés, bien décidé.

- Alors c'est réglé ! Marché conclu ! L'affaire est dans le sac !Alea jacta est ! Cria pleine d'euphorie et de joie la charmante mamie !

- Ah ben mamie connaît plein d'expressions !! S'étonna Rafeu !

- Hé ! c'est pas ma mamie pour rien ! Fit François plein de fierté.

Et ils rirent tous ensemble, le médecin, les policiers, les grands parents et les deux amoureux qui sentaient enfin arriver l'air du large, la liberté et une nouvelle vie pleine d'espoir, de créativité et d'amour !

Le docteur leur rappela un peu l'état de son patient et son devoir :

-Pardon messieurs dames ! C'est bien beau tout ça ! la liberté ! L'amour ! l'argent pour les libérer ! Ce don extrêmement généreux ! Mais François doit rester ici pour des examens.

- Bien sûr ! Bien sûr Docteur ! Dit mamie. Est ce qu'on peut rester ici en attendant ? Quelque part ? Dans le hall ?

- Bien sûr ! Vous pouvez attendre dans le salon des familles. Nous amenons François passer des examens et nous vous tenons évidemment au courant de la suite.

- Très bien Docteur ! Nous irons au salon des familles et nous attendrons. Merci Docteur ! Fit-elle

Et tout le monde de suivre :

- Merci Docteur !

L'interne fit amener en examens son jeune patient, qui avait retrouvé bonne mine.

Pendant de longues heures interminables, tout ce petit monde était assis et discutait tranquillement.

Anna profita de ce moment pour expliquer à sa "mamie" que le premier livre qu'avait écrit François avait fait beaucoup de ventes et allait lui rapporter beaucoup d'argent et qu'ils la rembourseraient.

La grand-mère refusa gentiment et expliqua que de toutes façons elle avait décidé de le donner à François cet argent et que ça lui servirait pour qu'il vive "au milieu des livres" comme il aimait.

Anna fut réjouie de cette idée. Elle pensait même que ce serait bien d'ouvrir une librairie avec François.

Mamie trouva l'idée "super !".

Anna voulut même aller plus loin et faire comme un concept de café littéraire ! Où il y aurait des lectures, des échanges, des ateliers d'écriture !

Mamie était enchantée de l'idée d'Anna. Mais elle s'intéressa aussi à un autre sujet qui la préoccupait : la vie de famille de leur petit fils !

Elle confia à Anna que ce serait le plus beau cadeau qu'elle puisse leur faire en retour que d'épouser leur petit François. Anna fut très surprise mais aussi très flattée. Elle leur avoua qu'elle n'attendait en fait que sa demande pour lui dire "oui" et se jeter dans ses bras pour passer sa vie à ses côtés !

Mamie fit un grand sourire et son visage s'illumina. Papi eut les larmes aux yeux sous le coup de l'émotion, même s'il prétexta faussement que c'était de la poussière qui lui piquait les yeux !

Mamie fit volte face sur son siège, se tourna vers Ponce et Rafeu et leur lança, pleine de joie, qu'ils seraient invités au grand mariage !

Les deux compères furent surpris mais ravis. Chacun à leur façon. Rafeu avait le sourire contrôlé, le remerciement professionnel et glacé, tandis que Ponce partit en exubérance, en hauts cris de joie et en grands gestes qui firent rigoler tout le monde.

Au bout dun long moment, le docteur revint voir le groupe, la démarche lente, la mâchoire serrée, l'air grave. Il leur dit d'une voix glacée :

- Désolé de vous annoncer ça mais ...je n'ai rien pu faire ! Désolé ! ...C'est fini pour François !


***


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