Aifos : Sous le voile du sole...

By PhieHolie

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Les cendres qui tombent du ciel, échappées des flammes du soleil lui-même, semblent pleurer sur un monde en d... More

Cendres
Justice
Échos
Quête
Abandon
Éveil
Seuil

Traversée

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By PhieHolie

Tandis qu'Aifos s'échappait, marchant d'un pas ardent pour broyer les derniers traits d'antan jusqu'à la mener à Erèp. Un frisson parcourut son échine, ce n'était ni courant d'air, c'était plus familière, comme le rire d'un père, mais mesquin et d'un grain trop enclin, trop plein de faim. Une petite visite en fuite, pas un mythe, un brin de parasite à sa poursuite, sans limite, empêchant sa fuite : c'était Minit.

Les émotions qui s'infiltrent à travers leur lien psychique, mélange toxique de haine et d'amusement enfantin, presque puéril, n'étaient pas nouvelles. Elle rappelait à Aifos les tumultes passés sous l'œil rempli de sagacité d'Erèp.

Minit avait toujours été une pure et dure, une force de la nature. Même dans les joutes verbales les plus banales, elle affichait une ténacité qui relevait d'une intensité et d'une densité qui en venait à être un don d'une immense félicité.

Jamais elle ne lâchait prise, que ce soit dans un débat ou dans un jeu de cour de récréation, elle ne démordait jamais.

C'était de cette danse d'endurance sans clémence qu'elle poursuivait sans relâche et avec de moins en moins de distance Aifos, et elle le sentait, elle sentait Minit s'approchait de minute en minute à tout azimut.

C'était cette même endurance qui permettait à Minit de poursuivre Aifos sans relâche à travers le désert, ignorant la fatigue, les obstacles, et la distance. Là où d'autres auraient cédé sous le poids écrasant du soleil et du sable, Minit avançait, mue par une volonté de fer, un reflet de sa nature inébranlable.

C'était un jeu du chat et de la souris où les deux parties connaissent intimement les forces et les faiblesses de l'autre, un jeu de récréation devenu mortel, orchestré par des années de camaraderie devenue rivalité.

Aifos, consciente de l'épuisement recherché par Minit en la poursuivant à travers l'étendue aride, décide de changer brusquement de cap, guidée par son instinct surnaturel : la jungle de Seyssinet. Une dense muraille verte inhospitalière pour les derniers humains de ce monde mais pas pour Aifos.

Au cœur des terres désolées, là où les échos de l'ancien monde murmuraient encore parmi les ruines, la jungle de Seyssinet se dressait comme un mirage verdoyant, un vestige mystérieux d'une ère révolue.

Pour les habitants des cités-bulles, elle était un sujet de fascination et de terreur, un conte vivant tissé de mystères et d'avertissements. Les voyageurs de retour racontaient des histoires de cités englouties sous une canopée impénétrable, où les immeubles s'élevaient comme des fantômes, enveloppés dans l'étreinte vorace de la végétation.

Ils parlaient d'une nature qui ne se contentait pas de recouvrir les traces de l'humanité, mais qui semblait les absorber, les transformer, donnant naissance à une biodiversité étrangement évoluée, où la flore et la faune défiaient toute logique scientifique.

Ces récits transmettaient des avertissements sur des créatures nées de la fusion entre le technologique et l'organique, des plantes qui murmuraient dans une langue oubliée, et des lacs dont les eaux reflétaient non pas le ciel, mais les souvenirs d'une ville qui fut autrefois le cœur battant de la civilisation. La jungle était décrite comme vivante, respirant et observant avec une curiosité insatiable ceux qui osaient pénétrer ses secrets.

Pour Aifos, ces récits ne faisaient qu'attiser sa soif d'exploration, elle qui depuis l'enfance avait toujours été aussi curieuse. Chaque histoire, chaque légende, était une pièce du puzzle qu'elle désirait assembler. La jungle de Seyssinet représentait plus qu'un simple abri contre Minit ou un obstacle à surmonter; elle était une énigme enveloppée dans le vert, un appel à l'aventure que son esprit indomptable ne pouvait ignorer. C'était dans cet écho entre la curiosité et l'avertissement qu'Aifos trouvait sa résolution. Armée de son courage et de sa détermination, elle se préparait à plonger dans ce monde inconnu, prête à confronter ses mystères et à dévoiler les secrets que la nature avait si jalousement gardés.

Alors qu'elle se rapprochait de la lisière de la jungle, Aifos commençait à percevoir les changements subtils dans l'environnement. L'air devenait plus humide, chargé des parfums riches et terreux de la végétation dense. Le son lointain mais constant de la vie sauvage, un mélange de cris d'animaux non identifiés et du murmure du vent à travers les feuilles, créait une bande sonore presque surnaturelle. Cette transition graduelle vers un monde totalement différent la préparait mentalement et physiquement aux défis qu'elle allait affronter.

À peine a-t-elle franchi le seuil de cette jungle que l'atmosphère change radicalement. L'air est plus frais, humide, chargé des chants de néo-animaux issu des manipulations génétiques ou de l'évolution suite aux changements drastiques du climat terrestre. Ici, les arbres s'élèvent vers le ciel, leurs feuilles épaisses tissant une canopée qui filtre la lumière du soleil en une mosaïque de taches lumineuses au sol. C'est un monde à part, où chaque pas révèle une nouvelle merveille.

Aifos sentit la présence de la jungle envelopper son être. Il ne s'agissait plus d'une fuite, mais d'une immersion dans un monde où chaque élément, des murmures du vent dans les feuilles au lointain cri d'une créature inconnue, semblait communiquer avec elle. La jungle n'était pas silencieuse; elle parlait dans une langue ancienne que seul le cœur pouvait comprendre, offrant à Aifos les clés d'une sagesse oubliée, essentielle pour déchiffrer les énigmes de son propre passé et forger le chemin vers son avenir.

La sueur perle à son front, se mêlant à la poussière de ses batailles passées, traçant des rivières salées sur sa peau brûlée par le soleil. L'air, épais et humide, semble chercher à remplir ses poumons d'eau plutôt que d'oxygène, chaque inspiration est un combat. Ses muscles crient leur protestation sous l'effort continu, le lourd sac à son dos se faisant sentir comme un fardeau de plomb. Les branches griffent son visage, laissant des stries rouges sur sa peau tandis que le sol inégal met à l'épreuve sa détermination à chaque foulée. C'est une lutte pour avancer, mais elle ne faiblit pas; la jungle peut sentir son désespoir, sa rage de survivre, et pourtant, elle avance, inébranlable.

Elle remarqua alors des mouvements à la périphérie de sa vision - des créatures camouflées, des prédateurs de cette jungle dense, dont la présence rappelait qu'elle n'était pas la seule à chasser. Aifos se figea, repérant un Serpenflora se faufilant à travers les feuilles, ses écailles brillant d'un vert presque surnaturel. Elle savait qu'elle devait traverser son territoire pour continuer. Prenant une profonde inspiration, elle calcula sa route, puis sprinta. Le Serpenflora réagit immédiatement, se lançant à sa poursuite dans un sifflement menaçant.

Avec une agilité affûtée par des années de survie et son instinct génétique, Aifos esquiva les arbres, sauta par-dessus les racines exposées et glissa sous les branches basses. Elle entendit le Serpenflora se rapprocher, chaque mouvement de l'énorme serpent créant un bruissement distinct à travers la végétation.

Juste au moment où elle sentait son souffle sur sa nuque, elle atteignit une clairière et se retourna brusquement, armant son fusil. Mais le Serpenflora, comprenant peut-être qu'il ne s'agissait pas d'une proie facile, s'arrêta à l'orée de la clairière, ses yeux perçants fixés sur elle un moment avant de disparaître silencieusement dans le sous-bois.

Reprenant son souffle, Aifos ne put s'empêcher de sourire face à l'adrénaline du moment. « La jungle teste ses visiteurs », songea-t-elle, avant de reprendre sa route. Elle savait que Minit la suivait, mais cette jungle était à elle maintenant, ses dangers devenus des défis à surmonter, chaque victoire la rapprochant de son but ultime.

C'est alors qu'un Papigiganteum assombrit le soleil au-dessus d'Aifos, volant avec ses ailes iridescentes captant les rares rayons traversant la canopée, réfléchissant autour de lui un spectre de couleurs chaudes et vibrantes.

Mais Aifos connaît les légendes et les dangers sur ces créatures, ses spores peuvent assommer d'une seule bouffée d'air un être humain en bonne santé. Elle se couvre la bouche et le nez et attend que celui-ci soit passé.

Elle continue son trajet, voulant piéger Minit à son propre jeu d'être chassée, dans un environnement où l'instinct prime sur l'endurance. Soudain, un craquement de branches alertent ses sens, un Neotapirus, une sorte de tapir géant avec la peau d'un caméléon, se révèle devant elle.

Même son instinct surélevé n'avait pas détecté son camouflage avancé, elle se dit qu'elle doit redoubler d'intensité dans son attention au danger.

Elle décide de trouver un endroit où camper en allant plus profondément dans cette jungle sauvage.

Alors qu'Aifos progressait plus profondément dans la jungle de Seyssinet, elle remarqua une altération subtile dans la composition de la flore. Les arbres ordinaires commencèrent à céder la place à des structures plus étranges et métalliques.

Elle savait, d'après les rares récits des explorateurs qui s'étaient aventurés ici, que la jungle abritait les Veillarbres d'acier, des vestiges d'une ère où la nature et la technologie s'étaient fusionnées de manière inattendue. Ces arbres n'étaient pas simplement des anomalies; ils étaient le cœur battant de cette jungle, un écosystème qui avait évolué pour embrasser les reliques de l'humanité.

Les Veillarbres se dressaient majestueusement, leurs troncs métalliques tordus et leurs branches s'étendant vers le ciel comme des antennes cherchant des signaux perdus. À la place de feuilles, des plaques d'acier minces et flexibles bruissaient doucement au vent, captant la lumière du soleil dans un éclat métallique. Aifos s'approcha d'un de ces arbres, fascinée par sa beauté austère et par l'énergie subtile qu'elle sentait pulser à travers sa structure. C'était comme si l'arbre lui-même veillait sur la jungle, un gardien silencieux de secrets anciens.

En touchant doucement l'écorce froide et lisse d'un Veillarbre, Aifos ressentit une connexion inattendue. Elle avait entendu dire que ces arbres pouvaient stocker des données, des souvenirs du monde d'avant, mais elle n'avait jamais cru ces histoires jusqu'à présent. "Peut-être que vous pouvez m'aider," murmura-t-elle, mi-parlant à l'arbre, mi-à elle-même. Elle savait que c'était une longue chance, mais dans ce monde, les miracles se cachaient souvent dans les ombres de l'impossible.

Alors qu'elle se détournait du Veillarbre, prête à continuer sa quête, un mouvement soudain attira son attention. Des racines métalliques s'agitèrent sous terre, se révélant dans un affichage spectaculaire de défense territoriale. Aifos recula, réalisant que ces arbres n'étaient pas seulement des archives vivantes mais des protecteurs de cette terre. Leur présence ici n'était pas un hasard; ils formaient une barrière contre ceux qui chercheraient à perturber l'équilibre fragile de la jungle.

Heureusement, leur lenteur et leur prévisibilité empêchent Aifos agile de se faire attraper.

Aifos ressent à travers leur lien psychique que Minit ne va pas attendre longtemps avant de la suivre dans cette jungle dense. Cependant, elle compte sur la complexité de cet écosystème pour brouiller sa piste, lui offrant un avantage, même minime, dans leur jeu du chat et de la souris.

Ici, dans l'ombre et la lumière entremêlées, parmi les néo-animaux et les plantes qui défient la nature telle qu'on la connaissait, Aifos trouve un moment de paix précaire, un souffle avant la tempête à venir. Mais elle avance, guidée par son instinct infaillible, prête à affronter ce que cette jungle, et Minit, lui réservent.

Alors qu'Aifos avance, l'astre s'efface, filtrant à travers le feuillage en tâches tremblantes de lumière. Chaque chuchotement s'amplifie dans le silence croissant de la jungle, signalant la proximité pressentie de quelque présence, peut-être prédatoriale, peut-être personnelle. Arrêtée, son cœur, loin de frémir de frayeur, frappe fort, forgé dans le feu des affronts antérieurs. Son sixième sens, surexcité, lui souffle : "Minit, menace imminente."

"Minit, ma rivale rapprochée," murmura-t-elle, resserrant le lien de son arme. L'air ambiant, animé d'un frisson, fait flotter le fantôme d'un passé partagé, peut-être prélude d'un futur fracturé. Voici venu le moment, pas seulement de s'affronter, mais de faire face à tout ce que Minit évoque pour elle : passé torturé, regrets ruminés, espoirs émiettés.

Respirant avec résolution, Aifos s'enfonce dans le sanctuaire sauvage, silhouette insaisissable. Elle devient d'eau, essence évasive, s'échappant sans effort entre troncs titanesques et lianes languissantes. Sa présence est poésie, effleurement éphémère sur l'écorce dense de la vie vierge.

Minit, en contraste, casse la clairière avec une détermination d'acier. Elle incarne le feu, flamme féroce, forgeant son futur parmi les fougères. Chaque pas, proclamation puissante de sa persévérance imperturbable. Les branches brisées sous ses bottes, les feuilles frissonnent à son passage.

La jungle jauge Minit, une tension traverse l'atmosphère ambiante. Aifos, attentive à cette alarme, anticipe leur affrontement annoncé. Le duel se dessine, délicat dans l'obscurité dense sous le dais.

Les Papillo-giganteum pivotent autour de Minit, mués par la curiosité. Elle avance, insensible au spectacle scintillant. Aifos, en accord, observe, offre son respect. Minit, intraitable, trace sa trajectoire à travers le tissu touffu.

Chaque épreuve émanant de l'écosystème, Minit la maîtrise avec ténacité. Les Arbres-veilleurs tentent de l'entraver avec leurs racines enroulées, mais elle ne dévie pas. Sa quête est claire : capturer Aifos, coûte que coûte.

Aifos et Minit, eau et feu, s'aventurent en parallèle. Leurs sentiers, séparés mais se rejoignant dans un rendez-vous redouté. La jungle, juge silencieux de leur joute, attend l'affrontement ultime.

Elles se frôlent sans jamais se toucher, laissant derrière elles des traces de leur duel tissé dans le vert profond. Aifos, légère comme l'air, file entre les arbres, ses sens en alerte captent chaque signe de Minit. La jungle devient leur échiquier, chaque pas un jeu de l'esprit, chaque choix un mouvement dans leur ballet muet.

Minit, maîtresse des malices, sème ses pièges avec art, tissant des troubles entre les branches. Un fil ici, un craquement là, pièges posés pour piéger Aifos. Mais elle, guidée par une intuition implacable, esquive avec élégance, transformant chaque échec de Minit en victoire silencieuse.

Le combat entre Aifos et Minit, bien plus qu'une lutte physique, devient le théâtre d'une bataille psychique intense. Chacun de leurs mouvements est anticipé, non pas par la vue, mais par la résonance de leur lien partagé. Dans cet affrontement, des éclats de souvenirs communs émergent : les rires, les entraînements, les promesses et les trahisons.

Ces réminiscences tissent un dialogue silencieux, un appel désespéré à la rédemption et à la compréhension. Même dans leur division, le lien qui unit les Veilleurs démontre sa puissance, révélant que leur véritable ennemi n'est pas celui qui se tient en face, mais les ombres de leur passé commun.

Le lien qui les unit vibre d'une tension palpable. Aifos ressent la frustration de Minit, une touche d'excitation dans chaque piège manqué. En écho, Minit perçoit la détermination d'Aifos, son refus de flancher. Cette corde tendue entre elles, vibrante d'années de rivalités et d'amitiés érodées, devient leur canal de vérité, exposant leurs émotions sans fard.

La jungle, plus qu'un simple décor, est le témoin vivant de leur passé. Chaque souffle du vent, chaque murmure des feuilles rappelle des jours plus doux, quand la compétition était pure, non entachée par l'amertume. Ces échos du passé flottent autour d'elles, spectres légers d'une époque révolue.

Leur affrontement silencieux n'est pas seulement une bataille pour la survie, mais une quête de vérité sur leur passé, un chemin vers la compréhension mutuelle. Aifos et Minit, dans leurs pas prudents, tracent un récit de révélations et de défis, un entrelacement d'instinct, de stratégie et de sentiments partagés, qui les conduira, inéluctablement, vers une confrontation finale, où les non-dits trouveront enfin leur écho.

Elle se sent sa présence fugace, elle l'agace, sans laisser de traces, passant çà et là, par-dessus, par dessous, elle désoriente Aifos, elle l'a fait tourner en rond jusqu'à lui donner le tournis, tournicotant en une spirale à la fois mentale et brutalement physique.

Dans cette danse où les deux se chamaillent à distance avec tant d'aisance, c'est comme si elles s'associent dans leur ronde de conflit.

Minit assiége avec ses moult pièges jusqu'à l'avoir à l'épuisement, même dans cette jungle arborescente, mais Aifos ne manque rien, les sens aussi aiguisés que le plus fin acier, elle ne démord pas d'essayer.

Le lien qui les unit vibre d'une tension palpable. Aifos ressent la frustration de Minit, une touche d'excitation dans chaque piège manqué. En écho, Minit perçoit la détermination d'Aifos, son refus de flancher. Cette corde tendue entre elles, vibrante d'années de rivalités et d'amitiés érodées, devient leur canal de vérité, exposant leurs émotions sans fard.

Jusqu'à ce que, épuisée, Minit la coince dans une impasse où l'une des deux carcasses restera et servira de repas à la faune environnante.

Aifos avait prévu qu'elle ne pourrait pas tenir ad vitam æternam, c'est pour ça qu'elle avait décidé de sortir sa lame dans cet endroit précis, au bord d'un précipice, pour limiter les endroits par lesquelles Minit pourrait l'attaquer.

Dans la poussière et l'écho d'une ruine, Minit et Aifos se font face. La tension est palpable, mais derrière, une histoire commune, tissée de moments partagés et de défis affrontés.

Leur relation oscillait entre une rivalité féroce et une camaraderie indéfectible. Au fil des années, elles étaient devenues le reflet l'une de l'autre, deux âmes forgées dans le feu de l'adversité et de la lutte pour la survie. Pourtant, sous cette surface agitée, un courant plus profond les unissait - un mélange d'admiration mutuelle et de ressentiment inavoué.

Le silence qui précédait leur affrontement était chargé de non-dits, de souvenirs d'une époque où leur destin semblait inexorablement lié. Chaque regard, chaque mouvement, était imprégné de l'histoire de leur relation - les jours insouciants de l'enfance, les entraînements épuisants sous le regard exigeant d'Erèp, et les missions où elles avaient risqué leur vie l'une pour l'autre. Ces moments, gravés dans leur mémoire, étaient autant de liens qui les rapprochaient malgré les circonstances qui les avaient poussées sur des chemins divergents.

"Pourquoi nous chasser l'une l'autre, Minit ? Que cherches-tu ?" demande Aifos, la fatigue teintant sa voix.

Minit, les yeux pleins d'une lumière complexe, répond doucement, "Ce n'est pas de la chasse, Aifos. C'est une quête... de sens, de notre véritable essence, loin des attentes du monde."

"Et en me combattant, tu trouves des réponses ?" réplique Aifos, un sourcil haussé.

Minit esquisse un sourire triste : "Non. C'est dans notre combat, notre partage de douleurs et de rêves, que je nous vois le plus clairement. Tu es mon miroir, Aifos, dans ce désordre."

Leurs yeux se rencontrent, un instant de compréhension silencieuse. Aifos, d'une voix basse, presque brisée, murmure : "Nous devions affronter le monde côte à côte. Où est-ce qu'on a foiré ?"

Minit fait un pas vers elle, les yeux brillants d'une émotion brute. "Peut-être que notre route devait être tortueuse, pleine d'obstacles. Mais ces épreuves nous ont sculptées, Aifos. Je ne peux croire qu'elles nous ont juste éloignées."

Sur ses dernières paroles, Minit saute et sort son fusil-mitrailleur en même temps, pour tirer sur Aifos, tout à fait préparée à ce que Minit agisse de la sorte.

Aifos saute également dans la direction opposée et se protège derrière un arbre de cette dense forêt.

La forêt s'embrase de tirs frénétiques, les balles ricochant sur les troncs centenaires. Aifos, adossée à son abri de fortune, sent l'écorce vibrer sous l'impact des projectiles. Son cœur bat au rythme de cette symphonie guerrière, un tempo effréné qui pulse dans ses veines.

Minit, implacable, avance dans sa direction, chaque pas une déclaration de détermination. Ses yeux brillent d'une lueur presque surnaturelle, reflet de son âme torturée. Elle tire sans relâche, chaque balle un cri silencieux, un appel désespéré à une connexion perdue.

Aifos, dans un éclair de lucidité, comprend que ce combat n'est qu'une façade. Derrière chaque tir, chaque esquive, se cache une douleur partagée, un lien indéfectible qui refuse de se briser. Elles dansent cette chorégraphie mortelle, pourtant si intime, comme si chaque mouvement était une confession.

Minit, de son côté, percevait la lutte intérieure d'Aifos, et cela éveillait en elle des sentiments longtemps enfouis sous les couches de défi et de compétition. Derrière ses gestes brusques et sa détermination se cachait une vulnérabilité, un désir de comprendre et d'être comprise.

Soudain, un cliquetis sinistre résonne. Le chargeur de Minit est vide. Un silence assourdissant s'abat sur la scène, seulement rompu par le souffle haletant des deux guerrières. Aifos, lentement, sort de sa cachette, ses yeux rivés sur ceux de Minit.

Aifos lâche son arme, elle décide de l'affronter au plus proche de ses côtés, au corps à corps, et alors, elles s'échangent des coups, jusqu'à la mort s'il faut. Et tandis que Minit allait mettre un coup décisif dans la nuque d'Aifos, celle-ci l'esquive de justesse et la fait tomber à la renverse. Elle la met en un instant, en un mouvement, dans une position où tout geste l'emmènerait vers une vie réincarnée.

Minit rigole, du même ton que quand elle était enfant pour masquer sa frustration :

"J'abandonne, ça ne m'étonne pas, t'as toujours été plus bonne que moi à l'école."

Elle soupire puis reprend :

"Tu sais, ça va me faire du bien je crois, d'être loin de tout ça, je vais partir loin d'ici, prendre des vacances, et m'éloigner de ces satanés idées insensées de Paix et d'Erèp. Il paraît qu'au Sud, les choses sont meilleures, que le soleil brille moins."

Aifos, sans un mot, à la fois pour cacher ses émotions, à la fois pour ne pas lui montrer qu'elle avait failli perdre, la dégage d'elle et la laisse partir.

"Dis-moi, j'étais la seule d'entre nous à pouvoir te battre, n'est-ce pas ?"

Aifos hoche la tête pour acquiescer.

"Et, de toute façon, tu es la seule parmi nous à être capable de nous tuer ?"

Aifos acquiesça de nouveau et elle rajouta :

"Oui, même si je pense que tu aurais pu le faire, si tu avais vraiment décidé d'affronter ton conditionnement comme je l'ai fait."

"Et bien, tu n'es pas la seule à le faire, miss ! Je le fais déjà bien assez en décidant d'abandonner toute cette foutue histoire !"

Aifos acquiesça de nouveau, un sourire au coin des lèvres, car Minit l'avait appelée miss comme à l'époque, exactement sur le même ton.

Minit lui lance un dernier regard et une dernière parole "Bonne chance pour t'occuper de tout ce bordel !"

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