EMPTY PLACES » Pierre Gasly

By Akhe59

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Seuls les lieux déserts chassent ce goût amer, seul un cœur brisé peut être recollé. More

prologue
un
deux
trois
quatre
cinq
six
sept
huit
neuf
dix
onze
douze
treize
quatorze
quinze
seize
dix-sept
dix-huit
dix-neuf
vingt
vingt-et-un
vingt-deux
vingt-trois
vingt-quatre
vingt-cinq
vingt-six
vingt-sept
vingt-huit
vingt-neuf
trente
trente-et-un
trente-deux
trente-trois
trente-quatre
trente-cinq
trente-six
trente-sept
trente-huit
trente-neuf
quarante
quarante-et-un
quarante-deux
quarante-trois
quarante-quatre
quarante-cinq
quarante-six
quarante-sept
quarante-huit
quarante-neuf
cinquante
cinquante-et-un
cinquante-deux
cinquante-trois
cinquante-quatre
cinquante-cinq
cinquante-six
cinquante-sept
cinquante-huit
cinquante-neuf
soixante
soixante-et-un
soixante-deux
soixante-trois
soixante-quatre
soixante-cinq
soixante-six
soixante-sept
soixante-huit
soixante-neuf
soixante-dix
soixante-et-onze
soixante-douze
soixante-treize
soixante-quinze
soixante-seize
soixante dix-sept
soixante-dix-huit
soixante-dix-neuf
quatre-vingt

soixante-quatorze

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By Akhe59

Isis papillonne des yeux, elle s'étire dans les draps en soupirant de bien-être. Elle a mis du temps à s'endormir à cause de l'excitation de la veille mais son sommeil a été réparateur. Les doux rayons du soleil viennent réchauffer sa peau, elle tourne la tête pour observer Pierre qui dort encore à poings fermés à l'entente de son souffle régulier.

La brune se rapproche de lui, ses bras enlacent son bassin lorsqu'elle vient se coller contre son dos. Elle dépose un doux baiser entre ses omoplates avant d'enfouir son nez dans le creux de son cou. Elle mordille légèrement la peau de son cou faisant gémir Pierre qui ne tarde pas à émerger.

Il lâche un râle en remuant de manière à se tourner vers la brune. Ses yeux bleutés, encore endormis, se plissent pour observer Isis tout en lui rendant son étreinte. Ses doigts remontent le long de sa colonne vertébrale pour venir trouver son cuir chevelu qu'il caresse de ses doigts, sa voix rauque souffle :

- Bien dormi ?

- Comme un bébé, chuchote la brune.

- Tu m'étonnes, sourit Pierre en comprenant son sous-entendu.

- Et toi ?

- J'ai mis du temps à m'endormir, j'étais encore dans l'euphorie du truc.

- Du truc... parle mieux de notre bébé, petit con.

Il lève les yeux au ciel confirmant qu'il le fait exprès pour agacer la brune. Il glisse l'une de ses mains jusqu'au ventre de Isis pour appuyer son propos, elle frisonne lorsque ses doigts frôlent sa peau. Une vague de chaleur l'envahit, elle vient entremêler ses jambes à ceux de Pierre.

- Ça va être le plus beau des bébés, continue-t-il en caressant la hanche de la brune. Tu penses que ça fait combien de temps que...

- Je ne sais pas, souffle Isis. J'ai raté deux cycles, peut-être trois... je ne me souviens pas. Il faut que je prenne rendez-vous pour une prise de sang et il faut que je vois un médecin et que je...

- On va gérer ça ensemble en rentrant à la maison, ça va aller en attendant il faut que tu te reposes.

- C'est ce que je fais depuis le début de cette lune de miel avant même de savoir que j'étais enceinte, sourit la brune amusée.

- J'insiste !

C'est au tour de Isis de lever les yeux au ciel, elle comprend que Pierre va être aux petits soins comme il l'a démontré la veille. Elle se glisse dans la brèche qu'il vient de créer en murmurant :

- D'accord mais t'as plus le droit aux batailles de guili, c'est fatiguant et ça m'épuise trop.

- Profiteuse... c'est du culot, c'est toi qui m'attaques la plupart du temps !

- C'est faux, rétorque Isis.

- Je n'ai même pas la force de te contredire, rajoute le sportif en se détachant d'elle.

Sa main quitte son ventre et la chaleur qui enveloppait Isis disparaît. Elle effectue une moue boudeuse en voyant Pierre quitter le lit et elle ne peut s'empêcher de le retenir en entourant son bassin de ses bras. Elle se colle contre son dos avant de planter ses dents dans la chair de son cou.

- Aïe, pourquoi tu m'attaques encore ?

- Je n'ai pas eu mon bisous, souffle Isis d'une voix enfantine. Je veux mon bisous.

Elle ne peut pas apercevoir l'effet que provoque ses paroles sur Pierre, elle ne peut pas voir ses lèvres rosées s'étirer en un sourire fier avant qu'il ne rétorque :

- Et tu me donnes quoi en échange ?

- T'as le droit de toucher mes seins.

Pierre s'étouffe à moitié en se tournant vers elle, il est choqué par le naturel de sa répartie. Il l'observe en bouche bée et Isis continue :

- Fais pas le désintéressé alors que c'est la seule chose qui t'intéressait hier.

- Dis que je suis un charo aussi, j'ai pas besoin d'un compromis pour t'embrasser.

Sans attendre, l'une de ses mains se pose derrière la nuque de Isis. Il attire son visage vers le sien avant de capturer ses lèvres dans un échange fiévreux. La brune mordille sa lèvre inférieure tout en faisant glisser ses mains le long du dos musclé de Pierre qui frisonne. Ces dernières finissent par se poser sur les hanches du jeune homme.

Il parvient à s'éloigner d'elle quelques dixièmes de secondes pour reprendre sa respiration avant que la bouche de Isis s'écrase de nouveau sur la sienne. Il grogne légèrement en sentant les doigts de la brune tirer sur l'élastique de son boxer et il soupire tout bas :

- Encore...

- J'en ai envie, souffle Isis en venant parsemer sa mâchoire de baisers. J'en ai même très envie...

- Mon dieu la grossesse c'est quelque chose, gémit le sportif les yeux fermés par le plaisir lorsqu'elle embrasse sa pomme d'adam.

- Tu veux ? supplie la plus jeune.

Sa voix se fait toute petite en sachant que Pierre aura du mal à lui résister. Elle s'arrête de l'embrasser attendant sa réponse, elle entend Pierre soupirer de frustration qu'elle s'arrête ainsi. Cependant, il reprend ses esprits en s'éloignant de la brune pour l'observer. Son pouce trace le contour de son visage en parcourant sa mâchoire. La déception de Isis se lit dans ses yeux, elle effectue une petite moue en comprenant que le pilote n'en a pas envie.

- Je veux toujours de toi mais là je dois rappeler maman, explique-t-il doucement. Ça ne te dérange pas si je lui dis ?

Isis secoue la tête.

- Elle ne dira rien à personne, je veux juste la rassurer. Elle doit être inquiète vu mon état hier soir.

Les sourcils de la brune se froncent attendant que Pierre continue. Il hausse les épaules en avouant :

- Ça se peut que j'ai paniqué au point de pleurer.

- Il a pleuré le Pierrot à sa maman, se moque la jeune femme en venant pincer les joues du numéro dix.

Il lève les yeux au ciel en grognant qu'il n'aurait jamais dû faire un tel aveux. Isis s'engouffre dans cette brèche en se moquant gentiment de lui, elle vient ébouriffer ses cheveux en riant :

- C'est mignon.

- Plus jamais je te raconte des trucs comme ça, maugrée Pierre.

- Tu veux en parler ? reprend Isis avec un peu plus de sérieux.

- Je tai déjà tout dit et j'ai été merveilleusement bien rassuré. Maintenant faut que je rassure maman.

Isis acquiesce avant d'embrasser le bout de son nez, elle finit par libérer le jeune homme qui se relève. Elle se laisse retomber dans le lit tout en l'observant se pavaner dans leur chambre. Il récupère un jean qu'il enfile avant d'appeler le room service pour le petit déjeuner. Il commande des pancakes pour Isis la faisant sourire. Lorsqu'il récupère son téléphone pour s'éclipser sur la terrasse, Isis l'interpelle :

- Pierre, est-ce que tu as lu la lettre ?

Ce dernier s'arrête alors que la baie vitrée est ouverte. Il se tourne vers Isis, ses sourcils sont froncés témoignant de son incompréhension.

- Bien sûr que non, l'enveloppe est encore fermée.

- Est-ce que Nathalie t'a dit ce qu'elle contenait ?

- Ouais elle me l'a dit en m'appelant hier. Tu sais on s'appelle tous les jours, elle et moi, lance Pierre alors que le visage de la brune se décompose. Sérieusement Isis, même si elle m'appelait, ça serait la dernière personne que j'aimerais avoir !

- Pourquoi tu me demandes pas de la lire dans ce cas ?

Le silence retombe, Pierre toise la jeune femme du regard. Elle semble nerveuse, elle semble à deux doigts de pleurer ou de s'énerver contre lui.
Il hausse les épaules, cette réponse semble insuffisante pour Isis qui se lève pour se diriger dans la salle de bain.

- J'ai l'impression que t'es indifférent à ça, lance-t-elle. Tout le monde m'aurait dit de l'ouvrir et toi, t'en as rien à foutre.

- Chat, commence Pierre en la suivant dans la salle de bain. Je pense qu'assez de gens t'ont dit quoi faire dans ta vie et je ne veux pas être de cette catégorie.

La brune ne répond rien, elle se contente de retirer sa culotte et sa nuisette de pyjama sous les yeux de Pierre. Elle s'attache les cheveux en un chignon avant que Pierre ne l'arrête en se saisissant fermement de son bras sans toutefois lui faire mal.

- Je ne suis pas avec toi pour te dire quoi faire, continue-t-il en plantant ses yeux bleutés dans les siens. Je suis ton mari, je suis là pour te soutenir et te conseiller pas pour te presser. Si tu veux lire cette lettre, fais-le. Si tu veux attendre, j'attendrais avec toi. Si tu veux la brûler, je peux allumer une cheminée mais je ne vais pas te dire quoi faire. C'est ta décision, d'accord ?

- D'accord, bredouille-t-elle en essuyant ses larmes. C'est juste que ça fait beaucoup de décisions en deux jours. Désolée de m'être emportée...

- T'inquiètes pas, rassure Pierre alors qu'un doux sourire étire ses lèvres. Cette lettre te tracasse, je le vois bien mais ne pense pas que j'en ai rien à foutre si je ne te dis rien. Je suis désolé d'avoir renvoyé les mauvais signaux. Je ne communique pas des masses, c'est vrai. Je sais que c'est difficile aussi pour toi, t'es pas du genre à questionner... mais tu n'es pas obligée de tout garder pour toi.

- Pierre, sanglote-t-elle en se réfugiant dans ses bras. Je t'aime tellement si tu savais.

Il embrasse son front avant de replacer une mèche de ses cheveux, oubliée dans son chignon, derrière son oreille. Il murmure qu'il va la laisser prendre sa douche le temps de passer son appel. Il quitte la salle de bain sans oublier de lui lancer une oeillade malicieuse face à son corps nu.

Quelques minutes plus tard, Isis sort de la douche en s'enroulant dans une immense serviette blanche. Elle regagne la chambre en constatant que Pierre est toujours au téléphone sur la terrasse et que le petit déjeuner n'est pas encore arrivé. Ses yeux se posent sur la table de chevet, elle se saisit de cette enveloppe qu'elle déchire avec empressement avant de parcourir l'écriture manuscrite de la lettre.

FLASHBACK MAI 2005

Isis suit les autres enfants de sa classe jusqu'à la sortie de l'école primaire où les parents attendent derrière les grilles. Elle cherche du regard l'assistante maternelle qui s'occupe d'elle mais elle ne la trouve pas.

- Isis, s'exclame Camille. Regarde, il y a ta fausse maman !

Ses yeux sombres se posent sur Nathalie derrière la grillage. Ses cheveux blonds sont évidemment différents de ses cheveux bruns. Isis attend patiemment que la maîtresse lui fasse signe de partir pour rejoindre sa belle-mère qu'elle s'empresse d'étreindre en murmurant :

- J'ai fait un cadeau pour la fête des mamans ! Tu veux le voir ?

- Pas tout de suite, tu me le montreras ce soir, sourit doucement Nathalie sur la route pour rejoindre leur appartement.

Isis questionne la trentenaire sur la route, elle remarque que le chemin est différent de celui qu'elle emprunte habituellement pour regagner la maison. Elle ne dit rien lorsqu'elles pénètrent dans une pharmacie dans une rue parallèle à la leur. Elle observe cette personne en bouse blanche donner une boîte de comprimés à Nathalie avant de quitter la pharmacie.

- T'es malade ? questionne Isis.

- Ce n'est pas bien grave, rassure Nathalie avec un sourire crispé.

La petite fille âgée de six ans dépose son sac à dos pokémon dans l'entrée, elle se hisse sur un tabouret en attendant son goûter que s'empresse de lui donner Nathalie.

- Demain, je viendrais aussi te chercher à l'école.

- Nounou est malade ?

- Non, rassure Nathalie. Je ne travaille pas demain.

Isis acquiesce en plantant ses crocs dans son gâteau, elle boit son verre de lait d'une traite avant de se diriger dans sa chambre pour récupérer des jouets qu'elle ramène dans le salon. Elle s'installe dans le canapé pour jouer avec l'une de ses poupées sans voir que Nathalie avale un cachet.

- Je vais prendre une douche, je reviens, l'entend dire Isis. Et j'arrive après pour que tu me montres ton cadeau.

- Super ! s'exclame la petite avec hâte.

Au bout d'un certain temps passe à jouer avec ses poupées, Isis s'inquiète de ne pas voir revenir sa belle-mère. Elle part à sa recherche dans l'appartement avant de pousser la porte de la salle de bain entrouverte. Ses yeux se posent sur une pile de serviettes ensanglantées, elle ne comprend pas tout. Elle voit simplement Nathalie assise sur la cuvette des toilettes qui lui demande d'aller chercher son sac à main contenant son téléphone portable.

- Tu t'es fait un bobo ? questionne Isis. T'as mal ?

- Ce n'est pas grave, rassure Nathalie. Je vais appeler papa pour qu'il rentre plus tôt.

- Tu pleures parce que t'as mal ?

- Je pleure parce que je suis triste.

- Tu veux un bisous magique ?

Nathalie n'a pas le temps de répondre, la petite fille s'est déjà approchée d'elle pour déposer un baiser sur sa joue.

FIN DU FLASHBACK

FLASHBACK AOÛT 2005

Cachée derrière la porte du couloir, à l'abri des regards, Isis tient fermement sa peluche que Nathalie lui a offerte entre ses doigts. Elle écoute les discussions provenant depuis le salon, elle ne comprend pas tout du haut de ses sept ans qu'elle fêtera le lendemain mais elle voit bien qu'il s'agit d'une dispute. Il suffit d'entendre les cris et de voir le visage colérique de son père, comme lorsqu'il l'a grondé après que Isis ait mangé tout le paquet de bonbons dans le placard.

- Je te l'ai dit quand tu t'es mis avec elle, je te l'ai dit que ça serait le modèle de ta fille. Je t'avais prévenu, Cédric ! C'est sa seule figure maternelle et elle est en train de se faire repousser par cette dernière sans comprendre ce qu'il se passe !

- Rachel...

- Ce sont des histoires d'adultes mais je ne laisserais pas Isis en subir les frais. Il faut qu'elle comprenne que la petite n'a rien à voir avec ce qu'il s'est passé... d'ailleurs où est-ce qu'elle est ?

- Elle travaille tard comme depuis...

Un silence s'installe durant lequel son père se laisse tomber dans le canapé, son regard se perd dans le vide. Le visage de Rachel semble s'adoucir lorsqu'elle s'installe à son tour à ses côtés en soupirant. Elle l'écoute continuer d'une voix à peine audible :

- Quand je lui ai dit que le mariage n'était pas une option, elle avait été compréhensive. Mais... je pense que ça a été la goutte de trop... elle ne comprend pas que j'ai Isis et que je ne veuille pas d'autres enfants.

- Vous n'en aviez jamais parlé avant ?

- Jamais, confirme Cédric. Je pensais que c'était clair.

- Et...

- Ça ne sert à rien Rachel, je ne vais pas changer d'avis et c'est le même depuis bientôt sept ans. C'est ma façon de gérer cet accident.

- Pourquoi tu ne veux pas qu'on le gère ensemble cet accident ? C'est son anniversaire demain, on pourrait faire un truc pour la petite...

- Tu veux vraiment qu'on en parle maintenant ?

Isis n'entend pas la réponse de sa tante, elle voit simplement son père se lever du canapé par l'entrebâillement de la porte derrière laquelle elle est cachée. Elle l'observe faire les cents pas avant de déclarer :

- Très bien, j'ai perdu une de mes filles. Je ne la rencontrerai jamais, je vais passer le reste de ma vie à regarder cette enfant en me demandant pourquoi il n'y en a pas deux !

Les deux adultes se toisent du regard, Isis aperçoit la bouche entrouverte de stupeur de sa tante. Elle semble tétanisée sur ce canapé puisqu'elle ne trouve rien à redire.

- Je t'ai demandé de ne pas venir pour son anniversaire et tu te pointes sans prévenir, continue-t-il. Je ne viendrais qu'à Noël, le reste du temps, je la déposerai mais il est hors de question que je te croise ou que tu viennes sur Paris pour la voir !

- Tu ne peux pas m'interdire de la voir, soulève Rachel d'une voix tremblante. C'est ma filleule.

- Quand je te regarde, je la vois, avoue Cédric.

Sa voix se brise, des larmes roulent sur les joues de son père. Il perd son assurance, il n'agit plus comme l'homme d'affaire qu'elle voit revenir du travail tard le soir.

- J'ai peur qu'elle voit la petite comme quelque chose qu'elle ne pourra jamais avoir, conclut Rachel. Je vais m'en aller, je te laisse son cadeau et j'espère que Nat' se comportera mieux avec Isis. Elle n'y est pour rien, ce sont vos choix, ce sont tes choix.

FIN DU FLASHBACK

Isis replie la lettre en soupirant, elle ne s'est pas rendue compte que ses mains se sont mises à trembler, ni que ses yeux sont devenus larmoyants lors de sa lecture. Elle est prise dans un tourbillon de souvenirs. La révélation la frappe de plein fouet, elle ne pourra pas pardonner Nathalie mais soudainement, Isis comprend.

Elle renifle péniblement. Malgré le fait que sa vision soit trouble, elle croise le regard de Pierre qui l'observe appuyé contre la baie vitrée. Elle bredouille son prénom d'une voix faible et sans un mot, Pierre s'approche. Le matelas s'affaisse lorsqu'il s'assoit aux côtés de la brune. Sans attendre, ses doigts s'entremêlent aux siens pour l'empêcher de jouer nerveusement avec son bracelet aux motifs en forme de trèfles.

- J'ai jamais su que papa ne voulait pas d'autres enfants que moi et je pensais que Nathalie n'en voulait pas non plus. Je me suis trompée, elle a avorté quand j'avais six ans, avoue-t-elle d'une voix tremblante. Elle était gentille avant... c'est depuis ce jours-là qu'elle a été différente avec moi. J'ai toujours été ce qu'elle n'a jamais pu avoir...

- Je comprends mais tu n'étais qu'une enfant, souffle Pierre. Ce n'est pas sur toi qu'il fallait déverser toute sa colère et sa tristesse... t'y pouvais rien.

- Le soir de... des... des attentats, je me suis disputée avec papa. Je ne voulais pas passer les vacances de Noël avec eux, j'ai dit que je voulais aller en Dordogne pour voir Rachel. J'avais prévu de dormir à la maison et de regarder le match de football avec papa, ça m'a tellement énervée que j'ai appelé Mathieu et Camille pour sortir... je...

Pierre déglutit difficilement, il observe la brune jouer avec ses doigts nerveusement. Elle semble réellement affectée par le contenu de cette lettre puisqu'elle commence à trembler et sangloter sans s'en rendre compte. Le jeune homme l'attire dans ses bras pour une étreinte puissante, il caresse son crâne en l'entendant continuer.

- C'est elle qui savait que j'étais sur les terrasses de la Belle Equipe ce soir-là, elle savait toujours que j'allais à ce restaurant. C'était l'un de mes préférés..... elle a pas voulu que j'aille au procès des attentats en juin deux milles vingt-six... je viens seulement de comprendre qu'elle avait peur que tous les souvenirs ressurgissent... quand elle a vu que ça allait pas mieux, c'est elle qui a fait les démarches pour avoir Joyce... j'ai toujours cru que c'était une initiative de papa. Je ne sais pas comment réagir, avoue Isis d'une voix tremblante.

- Tu n'es pas obligée de lui pardonner, tu n'es pas obligée d'oublier tout ce qu'il s'est passé, ni la manière dont elle t'a traité depuis si longtemps. C'est compréhensible et normal, une lettre ne peut pas effacer autant d'années de douleur.

Elle renifle péniblement en hochant la tête, elle comprend ce que veut dire Pierre. Elle n'est pas obligée d'oublier ou de pardonner, elle resserre simplement son étreinte autour des épaules du jeune homme, son nez vient se nicher dans son cou.

- Maintenant tu comprends que ce n'était pas toi le problème, continue-t-il en embrassant son front. Ça n'a jamais été toi bien au contraire... tu ne t'en rends pas compte mais tu apportes beaucoup de joie autour de toi, tu m'apportes beaucoup et je suis fier de toi parce que ça n'a pas été facile de devenir la personne incroyable que tu es.

Isis dépose ses lèvres dans le cou du pilote pour le remercier, elle se sent soulagée d'un poids immense depuis qu'elle a lu cette lettre. Elle sait. Elle n'est plus dans la crainte de son contenu et comme l'a dit Pierre, elle n'a rien à se reprocher.

- Je t'aime, chuchote Pierre au creux de son oreille.

- Je t'aime aussi, répond la brune. Je t'aime tellement.

Elle ne saurait dire combien de temps elle reste dans cette étreinte qui la rassure. Elle n'ose pas s'éloigner de Pierre, ni bouger. Elle se contente de rester blottie contre son torse dénudé. Elle ne veut jamais que ce moment s'arrête tout comme Pierre qui finit par dire :

- Au fait maman te félicite, chat.

je suis un peu en retard pour répondre à vos commentaires mais merci beaucoup pour tous vos retours 💙🦋 merci d'être toujours là 🥹

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