Après que Ryder et les chiots eurent révélés la véritable nature de Croc, Erwin s'était isolé dans le jardin, assis aux pieds d'un arbre, il restait perdu dans ses pensées, se sentant trahis, triste et en colère à un point inimaginable envers son petit-fils. Il avait besoin d'être seul pour le moment, il n'en voulait plus à la Pat Patrouille, maintenant qu'il avait bien compris qui était le véritable méchant de l'histoire, mais son vieux cœur saignait en réalisant que cela faisait des années que Croc lui racontait n'importe quoi, se faisait passer pour un gentil chien auprès de lui, alors qu'il était tout le contraire. Il n'y avait pas pire comme trahison pour lui, des larmes silencieuses coulaient de temps en temps le long de ses joues.
Pendant ce temps-là, les chiots avaient passé le reste de la fin de l'après-midi à s'occuper de leur côté dans le salon de la tour, en jouant à des jeux puis, en regardant le film d'animation « Madagascar » des studios Dreamworks, tous éclatèrent de rire devant les bêtises de Marty, le zèbre déganté.
- « La grande gare centrale » ! Répéta Marcus en imitant Marty. « Elle est grande et elle est centrale » ! Marty a le même genre d'humour que moi, c'est délirant !
-J'avoue ! Approuva Chase. Perso c'est Alex le lion que je préfère, il est trop marrant !
P'tit Bou s'était même joint à la soirée cinéma, il était posé bien à son aise sur le pouf, entres les deux pattes du petit Berger-Allemand, appréciant sa chaleur et sa proximité. De temps en temps, il regardait la télévision et inclinait la tête de gauche ou de droite, intrigué par ces drôles d'images qui bougeaient toutes seules.
-On en parle aussi de King Julian, le lémurien débile ?! S'exclama Zuma. Franchement c'est lui mon personnage préféré dans la franchise, avec Maurice il me fait trop rire !
-Si tu te mets à chanter « I Like To Move It » je te préviens, je t'étrangle ! Le menaça Rex. Cette chanson me rentre dans la tête, autant que celle de La Reine des Neiges !
Les autres éclatèrent de rire, même Ryder ne put s'empêcher de rire avec eux, tandis qu'il préparait le diner, dont une gamelle supplémentaire pour le grand-père de Croc, qui resterait donc avec eux jusqu'à Mercredi, le chef de la Pat Patrouille ayant accepté de le ramener chez-lui. D'ailleurs, en songeant à lui qui était seul dehors, dévoré par la colère et le chagrin, Ryder se sentit triste à son tour, Erwin devait se sentir tellement responsable, alors que ce n'était pas du tout de sa faute en réalité.
En regardant par la double portes vitrée du hall, il put l'apercevoir aux pieds de l'arbre, face à la mer et visiblement très mal. Ryder posa les couverts avec lesquels il préparait le diner et décida de sortir le rejoindre, tandis que la nuit commençait déjà à tomber, il s'approcha doucement, pour ne pas l'effrayer et s'assit dans l'herbe à ses côtés.
-Comment vous sentez-vous Erwin ?
Le vieux Doberman redressa la tête, il passa sa patte aux coins de ses yeux et les essuya, avant de renifler.
-Comme quelqu'un qui vient d'apprendre que son petit-fils qu'il a élevé est en fait un sale voyou, qui a pour plaisir de faire du mal aux autres !
Ryder grimaça de tristesse suite à sa réponse et chercha à la consoler :
-Vous n'êtes pas responsable de ce que Croc est devenu plus grand, ce n'est pas de votre faute !
Erwin poussa un soupir de chagrin.
-Mais pourquoi il a fallu que je le prenne avec moi, bon sang ?!
-Parce que vous l'aimiez ! Répondit simplement le garçon. De ce que j'ai compris, Croc était indésiré et ses parents et son frère ainé ne voulaient pas de lui, ça vous a fait de la peine et c'est là que vous avez décidé de le chérir et de l'élever comme s'il avait été votre propre fils !
-Ouais et ce même amour m'a rendu aveugle – sans mauvais jeu de mots – et m'a empêché de voir qui était réellement Croc !
Il serra les dents, avant de ravaler une nouvelle larme, il reprit :
-Pendant tout ce temps, il m'a menti, il m'a manipulé en me faisant croire qu'il était quelqu'un d'autre et moi... moi j'ai été assez stupide pour le croire !
De rage, Erwin balança au loin une pierre, qui trainait sous sa patte et cette dernière alla plonger dans l'herbe haute avec tellement de violence, qu'un peu de terre fut soulevé au passage.
-J'ai passé mon temps à lui enseigner l'honnêteté, la bienveillance et lui, qu'est-ce qu'il a fait de l'éducation que je lui ai donné ? Il l'a délaissé pour devenir l'exact inverse de ce que je voulais faire de lui ! Mais qu'est-ce que j'ai raté avec lui ?!!!
Il se remit à gémir et de nouvelles larmes coulèrent le long de ses joues, il fit tellement de peine à Ryder, que ce dernier décida de le prendre tout doucement contre lui. Erwin se retrouva allongé sur les jambes du garçon, sa tête reposant sur l'une de ses cuisses, tandis que le chef de la Pat Patrouille lui caressait affectueusement la tête et le dos, à travers sa cape vert foncé. Le vieux Doberman se sentit un peu plus apaisé, mais néanmoins toujours tiraillé de chagrin et de colère à l'encontre de son enfant.
-Ce n'est pas de votre faute, répéta Ryder, vous avez fait de votre mieux. Vous avez élevé Croc d'une certaine manière, mais vous savez, vous ne pouvez pas tout contrôler autour de lui, vous ne pouvez pas contrôler ses fréquentations par exemple et vous n'êtes pas non plus responsable des décisions qu'il a pris dans le passé, ni de ses actes.
Erwin écouta Ryder avec attention, toujours avec sa tête sur sa cuisse, il trouva du réconfort dans cette étreinte, lui qui n'était pas trop habitué à avoir des contacts physiques de ce genre avec les humains, puisqu'il n'avait jamais eu de maitres, il se méfiait un peu des humains. Mais il fut forcé de reconnaitre que ce garçon d'une dizaine d'années à peine était vraiment très gentil, très à l'écoute, compatissant et avec la capacité de consoler très facilement les autres.
-Vous pensez que je reste quelqu'un de bien, malgré que j'ai échoué dans l'éducation de mon petit-fils ? Demanda soudain Erwin, le doute faisant lourdement trembler sa voix.
Ryder fut un peu choqué de sa question et cessa ses caresses, tandis que la nuit était pleinement tombée à présent, des étoiles illuminaient le ciel de toutes leur beauté.
-Bien sûr que vous êtes quelqu'un de bien Erwin, que je sache, vous êtes un ancien chevalier, ce qui signifie que vous aimiez protéger la vie des autres aux détriments de la votre et vous êtes maintenant en charge de protéger tous les dragons de Barkingburg ! Vous vous servez aussi de vos pouvoirs pour faire le bien et non le mal autour de vous, donc bien sûr que vous êtes quelqu'un de bien !
Erwin esquiça un léger sourire, le compliment du garçon le rassurait, mais le chagrin dû à la trahison persistait dans son cœur.
-Vous voulez que vous dise un truc, Ryder ? Malgré que je me sois trompé sur lui, je l'aime mon petit-fils !
Il fit une pause dans ses explications, le temps de s'essuyer une nouvelle fois les yeux, avant d'ajouter :
-Je n'ai jamais eu de fils, uniquement une fille et ma compagne est décédée bien avant que je n'ai eu le temps de lui faire d'autres chiots ! J'ai... j'ai moi-même été abandonné quand j'étais bébé, alors... j'ai voulu offrir à Croc ce que moi je n'ai jamais eu à son âge : une famille, un model paternel pour lui apprendre ce qu'est la vie !
Erwin soupira, avant de se redresser des cuisses de Ryder, pour revenir en position assise.
-Ecoutez, Croc est méchant – certes – mais il est de ma famille, il est ma chair et mon sang et je l'aime malgré tout, je ferai n'importe quoi pour lui !
-Je comprends, dit Ryder, c'est normal mais ces actes ne pourront pas rester éternellement impuni, vous savez !
-J'en ai bien conscience et c'est tout à fait normal qu'il paie pour ces actes, mais...
Le vieux Doberman se tourna vers le garçon et ajouta, sur un ton presque suppliant :
-Lorsque nous le verrons, s'il vous plait, laissez-moi lui parler ! Je... je pense pouvoir le résonner et lui faire changer de ligne de conduite ! Faites-moi confiance, Ryder !
Le garçon prit une moue embarrassé, il ne croyait pas vraiment que Croc soit prêt à écouter son grand-père au point ou il en était dans sa méchanceté, mais lui refuser cette faveur serait cruel de sa part.
-D'accord Erwin, je vous fais confiance !
Le vieux chien se mit à sourire, il se sentait un peu mieux à présent, avoir discuté de ses tracas avec ce garçon lui avait fait du bien. Il appréciait de plus en plus cette Pat Patrouille et ne souhaitait plus qu'une chose : que son petit-fils retrouve la raison et s'en fasse des amis.
L'estomac d'Erwin se mit soudainement à gargouiller, ce qui fit beaucoup rire Ryder, qui regarda l'heure sur son téléphone portable, avant de s'exclamer ensuite :
-Wouah, il est déjà 20h30 ? L'après-midi à filé à une de ces vitesses ! Vous avez faim sinon à ce que j'entends ?
Le grand-père de Croc émit un petit rire.
-Un peu, oui !
-Alors venez ! Dit le garçon en se relevant. J'ai préparé un mélange de purée de pommes de terre avec du steak haché !
Les deux commencèrent à faire le chemin en sens inverse, pour rentrer à la Tour de Contrôle, lorsqu'Erwin interpela une nouvelle fois le chef de la Pat Patrouille :
-Oh fait Ryder ?!
-Oui ? Se retourna le garçon.
-Merci de m'avoir sauvé !
Ce dernier sourit en retour, avant de répondre avec un sourire :
-Je vous en prie Erwin, c'est normal !
Il maintenu sa phrase en suspens, avant d'ajouter, néanmoins sur un ton suspicieux :
-Mais... cela dit, vous ne nous avez toujours pas dit pourquoi vous étiez retenu prisonnier de l'Anti-Patrouille, ni de ce que Anna Pashvalof attendait de vous !
Le vieux chien rougit un peu suite à cette remarque.
-Euh... je... oui, j'imagine que je vous dois des explications là-dessus ! Je... voilà ce qu'on va faire, je vous raconterais tout une fois au diner, d'accord ?
-Très bien ! Approuva Ryder. Mais vous avez intérêt, parce que moi je n'oublierais pas !
Erwin sourit, avant d'emboiter le pas au garçon, juste à temps, car une pluie diluvienne s'abattit soudain sur la Grande-Vallée.
***
Croc se trouvait de nouveau assis sur le bout de falaise du QG de l'Anti-Patrouille, là où les vagues de la mer venait se fracasser sur les flancs, il avait une nouvelle fois le regard vide, tandis qu'il caressait sa Pierre du Feu, plus par réflexe qu'autre chose à présent. Il se trouvait de nouveau perdu dans ses pensées, le regard vide en direction de l'océan, de profondes cernes se dessinant de plus en plus sous ses beaux yeux bleus, tellement il ne parvenait plus à faire des nuits de plus de quatre ou cinq heures. Il ne cessait encore de penser à cette jolie petite Yorkshire qui lui avait sauvé la vie et de tout ce qu'elle lui avait dit : « toi et moi nous sommes les mêmes au fond » ! Il ne comprenait toujours rien à toute cette histoire, ni à ce sentiment de mélancolie qui subsistait dans son cœur depuis ce jour et cela l'énervait au plus haut point, couplé à son manque crucial de sommeil, le rendant très irritable.
Braise se trouvait près de lui, visiblement d'humeur à jouer, il s'approcha de son maitre et lui donna un petit coup de museau dans son dos, comme pour lui signaler sa présence et son envie d'interaction avec lui.
-Pas maintenant Braise, j'suis pas d'humeur !
Mais le dragon ne voulait pas l'entendre de cette oreille, il insista et redonna des petits coups de museau dans le dos de Croc, qui cette fois-ci explosa de colère :
-J'AI DIT PAS MAINTENANT, ALORS FOUS-MOI LA PAIX, C'EST CLAIR ?!!!
Il se releva très vite et fit face à Braise sans craintes, la rage se lisant très clairement sur son visage et dans ses yeux fatigués, il était dans un tel état de colère que la Pierre du Feu à son cou se mit à briller intensément d'un coup, il passa sa patte dessus et déguéna une boule de feu dans son autre patte, prêt à l'a lancer sur le pauvre dragon, qui recula aussitôt tellement il avait peur du petit chien enragé qui lui faisait face, des larmes lui montant aux coins des yeux.
En se rendant compte qu'il l'effrayait, Croc se calma et fit disparaitre sa boule de feu d'un revers de patte, la pierre cessant de briller. Il s'approcha de son dragon et lui caressa le museau de ses deux pattes avant, réellement soucieux de son bien-être. C'était fou d'ailleurs à quel point il s'était fortement attaché à ce dragon, alors qu'au départ il ne faisait que le manipuler à grand coup de chamallows, simplement pour arriver à ses fins mais au fil du temps, tout changea, un sentiment de confiance et une amitié sincère naquirent entre Croc et Braise, le chiot éprouvait un réel amour pour le dragon et ce sentiment était réciproque, Braise ferait n'importe quoi pour l'ex-chevalier.
-Excuse-moi Braise, je ne voulais pas te faire peur, c'est juste que... je suis un peu sur les nerfs avec toute cette histoire, tu comprends ?
Il s'assit face au dragon et se massa le coin des yeux, avant de poursuivre, Braise prenant un air soucieux pour lui et l'écoutant le plus sincèrement du monde :
-Je ne sais plus où j'en suis, je... j'ai l'impression de... je ne sais pas, faire une erreur ! Je ne sais plus qui je suis Braise, je croyais le savoir autrefois, mais maintenant... râââh j'en sais rien et c'est justement ça qui m'énerve, je ne comprends rien à tout ce qui se passe dans ma tête et... surtout dans mon cœur depuis le début de l'année !
Voyant bien qu'il était au plus mal, le dragon se rapprocha de lui et frotta son museau contre le ventre de Croc, comme pour lui faire un câlin. Le petit Doberman répondit à son étreinte en lui caressant la joue, le tout en esquiçant un maigre sourire.
-Merci Braise, tu es gentil, je crois que t'es le seul véritable ami que j'ai pour le moment !
Le dragon émit un léger grognement affectueux en réponse, jusqu'à ce que leur petit moment de complicité ne soit soudainement coupé par une forte odeur de tabac, qui agressa Croc au niveau des narines, suivie de l'arrivée de Francesco Subdolo, une main dans une poche de son jean, l'autre tenant une cigarette (pour changer).
-Ah c'est là que tu te caches stupido Doberman (crétin de Doberman) ?!
Croc soupira fortement en le voyant et demanda aussitôt, en se relevant, ne manquant de remarquer la façon dont l'Italien regardait avec une jalousie profonde la Pierre du Feu, autrefois à lui, étinceler autour de son cou :
-Qu'est-ce que vous me voulez ? Si c'est pour récupérer la pierre, vous pouvez aller vous faire voir !!!
-Pashvalof nous demande dans la salle de réunion ! Répondit Francesco sur un ton dédaigneux. Elle veut nous parler et elle m'envoi te chercher !
-Ok, j'arrive dans ce cas !
Sitôt fait, l'ancien maitre de Masha fit demi-tour et retourna à l'intérieur, le tout en grommelant, il n'arrivait toujours pas à accepter que le nouveau porteur de SA Pierre du Feu soit cet abruti de chevalier arrogant à la noix. Croc, pour sa part, poussa un profond soupir de lassitude et décida de se rendre à l'intérieur, ne voulant pas mettre en colère l'a leader de l'Anti-Patrouille.