Et si demain

By aureliewhite

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À seulement 22 ans, Jade Beracci porte les cicatrices invisibles d'une vie parsemée d'épreuves impitoyables... More

CHAPITRE I
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII

CHAPITRE II

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By aureliewhite

Décembre 2022, chambre d'hôtel à Londres.

Je me réveille en sursaut, essoufflée, le corps tout moite et les yeux embués. Mon cœur bat la chamade, résonnant dans le silence de la nuit. La sueur colle mes cheveux sur mon front, et il me faut quelques minutes pour reprendre mes esprits. C'était un cauchemar Jade, respire. Déjà 7 ans et pourtant, je continue de revivre cette nuit-là comme si c'était hier. J'aimerais que tout s'arrête et pouvoir oublier la plus grosse erreur de ma vie, mais le passé ne cesse de se répéter en permanence dans le présent.

Je pose délicatement mes mains sur l'intérieur de mes cuisses et comme une douleur fantôme, je ressens encore les fourmillements et cette sensation de brûlure intense qui s'empare d'elles. Je tente de me libérer des draps emmêlés. Mes mains tremblent alors que je me frotte les tempes, cherchant désespérément à chasser les vestiges du cauchemar qui me hante. Mon regard se pose sur Alec, endormi à mes côtés, son visage paisible. Une boule d'angoisse grossit dans ma gorge, et je me rends compte qu'une fois de plus, je ne peux pas affronter ça seule. Je décide de le réveiller, j'ai besoin qu'il me rassure, qu'il m'apaise et me protège, comme je n'ai pas su le faire moi-même ce soir-là. Il émerge lentement de son sommeil, ses yeux s'ajustant à la faible lumière de la chambre.

— Hmmm...Qu'est-ce qu'il se passe bébé ? murmure-t-il d'une voix endormie.

Les mots peinent à sortir de ma bouche, mais je lutte pour les rassembler.

— J'ai fait un cauchemar, Alec. Le même...

Ma voix s'étrangle, incapable de prononcer les mots qui réveillent des souvenirs douloureux.

—  Oh, encore ?!

— Oui « encore. »

— C'était qu'un cauchemar, arrête d'y penser. Ça va aller.

Merci du conseil Alec, autant dire à un stressé de ne pas stresser. Il se tourne brièvement vers moi. Sa main caresse rapidement mon avant-bras, une sorte de geste mécanique empreint de somnolence. Puis il se retourne, replongeant dans le sommeil, sans un mot de plus. Mon cœur se serre, une pointe de déception s'ajoute à l'angoisse persistante. Bon, plus qu'à « arrêter d'y penser, » simple non ? Je reste là, seule avec mes pensées tandis qu'il retourne paisiblement à ses rêves. Je m'enroule dans les draps, cherchant un semblant de chaleur dans leur douceur.

Alec est toujours là pour moi, mais je commence à me demander s'il ne ressent pas le fardeau de mes cauchemars récurrents. Peut-être qu'il est assez patient pour les supporter encore des années, mais peut-être qu'il se demande aussi combien de nuits il devra encore affronter mes propres démons. La culpabilité s'infiltre dans mon cœur, comme une goutte d'encre dans de l'eau claire. J'aimerais tellement pouvoir les chasser ces cauchemars, non seulement pour moi, mais aussi pour lui. Ses gestes d'apaisement, bien que minimes, me laissent dans un sentiment de solitude persistant. On dirait qu'il n'accorde qu'une importance superficielle à mes cauchemars. Je me force à regarder au-delà de ma propre douleur et à considérer sa propre façon de fonctionner et de penser.

Il semble parfois dénué d'empathie, mais au fil du temps, j'ai appris que cela ne signifie pas forcément qu'il est indifférent. Pour lui, la vie est une série de moment à relativiser. Rien n'est jamais vraiment grave, il n'accorde d'importance qu'à peu de choses, pour ne pas dire à rien. Il est le genre d'homme à ne jamais exprimer pleinement ce qu'il ressent, et à faire comme si tout allait toujours pour le mieux. Malheureusement, ça lui fait parfois défaut parce qu'à force de tout garder pour lui, il devient une véritable bombe à retardement qui lorsqu'elle atteint son paroxysme, explose et détruit tout sur son passage. L'éducation qu'il a reçu de ses parents a fait naître chez lui un énorme problème de distance émotionnelle. Aujourd'hui, il est clairement incapable d'exprimer ses émotions ou ses sentiments. Il comprime tout à l'intérieur de lui-même et arbore un masque joyeux en permanence devant les autres. Alors oui, il a une personnalité rayonnante. Alec c'est le genre d'ami qu'on veut tous avoir, le rigolo, celui qui est toujours là pour aider les autres et s'amuser, mais dans le fond, je sais que son âme est triste.

On s'est rencontrés lui et moi tout juste deux ans après mon agression, c'était ma dernière année avant de partir à l'université, je soufflais un peu après le départ de Tommy à l'autre bout du monde, et j'avais renoncé à vouloir quelqu'un dans ma vie. J'essayais de me reconstruire difficilement, vouant tout mon temps à mes études et au sport, en tentant de ne pas me renfermer sur moi-même.

C'est mon père qui, n'ayant que des filles, a décidé que la meilleure défense contre l'adversité serait de nous apprendre à nous défendre grâce à la boxe. Et quelle réussite... Jusqu'à cette fameuse nuit, je n'avais jamais pris plaisir à aller aux entraînements, je m'étais toujours sentie forcée, et puis c'est devenu ma bouée de sauvetage pour ne pas couler. Les mouvements de la boxe ont infiltré mon quotidien, les soirs de semaine à la salle, les week-ends en stage de perfectionnement ou en compétition, j'y consacrais ma vie, faisant la fierté d'Alan et renforçant l'inquiétude de Caroline, ma mère, vis-à-vis de mes troubles alimentaires.

Sans savoir expliquer pourquoi, j'ai toujours eu une relation compliquée avec elle. Peut-être est-ce dû à l'image que mon père en a fait au fil des années, et aux spectacles qu'en tant qu'enfant, je n'aurais jamais dû voir. Il ne l'a jamais frappé, du moins pas que je sache, mais la violence des mots est souvent plus forte que celle des coups. J'ai passé mon enfance à l'entendre la dévaloriser en permanence, physiquement et mentalement.

Un soir il rentrait et jugeait que son poids était un frein dans leur relation, un autre je la retrouvais allongée sur le sol tenant un sac poubelle dans ses bras parce qu'il jetait tous ses effets personnels qui selon lui « encombraient » la maison, un autre il menaçait de la quitter parce qu'elle finirait par ressembler à ma grand-mère maternelle qu'il détestait. Je n'ai pas eu une enfance malheureuse, mes parents nous ont aimé très fort mes sœurs et moi, mais ils m'ont attribué des rôles que j'aurais souhaité ne jamais avoir. À devoir m'interposer entre eux lorsque les gestes devenaient trop alarmants, j'ai pris des coups pour deux et suis devenue le garde du corps de ma mère et puis je suis devenue psychologue réduite au silence, à devoir garder des secrets bien trop lourds à porter, comme les multiples infidélités de mon père dont il me parlait et dont je ne devais pas parler.

Je sais que ma mère, bienveillante mais alarmée, a beaucoup été attristée au vu de la dégradation de notre relation, et qu'elle s'en est énormément voulue d'assister impuissante, à la manière dont l'anorexie avait pris racine et fleuri dans ma vie. J'aurais voulu lui dire de ne pas culpabiliser, que rien était sa faute comme elle pouvait le penser, lui expliquer pourquoi j'avais subitement arrêté de manger mais ça n'aurait que renforcé son sentiment de culpabilité. Cette nuit-là avec Tommy, je n'ai pas eu la capacité de me défendre ni même de penser ou résister, j'ai été réduite à un objet sans possibilité de recours et sans possibilité d'agir, et ne plus manger me permettait enfin de choisir et de refuser. Une tentative désespérée de reprendre le contrôle, de définir des limites dans un monde qui avait brutalement violé mes frontières. Ce rapport tumultueux à la nourriture m'a permis d'exister pendant un temps. Chaque kilogramme perdu était une affirmation, une déclaration muette que personne ne pouvait me faire de mal si je n'avais rien à perdre. Mais la spirale descendante était un piège, ça me faisait autant de bien que de mal finalement.

Aujourd'hui tout va mieux, une lumière a émergé dans ma vie et cette lueur porte le nom d'Alec. Il est le seul à être au courant pour Tommy. Aujourd'hui, je peux affirmer avec gratitude que tout va mieux, que le poids des traumatismes passés s'est allégé grâce à sa présence et son amour. Il m'a appris à aimer et à voir ce que la vie a de plus beau à offrir. Je l'ai rencontré lors d'un stage de boxe, entre les sacs de frappe et le grondement étouffé des entraînements, un week-end de septembre. Sur le ring, la force de ses coups traduisait ses maux et naturellement, nos cicatrices visibles et invisibles nous ont rapprochées.

Aux débuts de la relation, la peur s'est infiltrée dans chaque interaction. Tommy avait laissé des cicatrices invisibles sur ma capacité à faire confiance et à m'engager. J'ai eu besoin de temps. J'étais tiraillée entre le désir de me laisser aimer et la terreur de revivre la douleur d'une telle trahison. Alec a persisté. Son amour a commencé à fissurer les murs que j'avais érigés. Et lentement, j'ai commencé à comprendre que l'amour qu'il m'offrait n'était pas une menace, mais un baume apaisant. Maintenant, chaque éclat de bonheur partagé avec lui, est une victoire remportée sur les peurs du passé. L'engagement n'est plus un terrain miné. Et j'ai appris que l'amour peut-être un refuge, même après les tempêtes les plus dévastatrices.

***************

Les cauchemars tumultueux de la nuit ont cédé la place à un réveil calme et serein dans les bras d'Alec. Ce matin, nous quittons de bonne heure notre magnifique hôtel dans le quartier de Soho. Nous rentrons demain et comptons bien profiter de cette dernière journée à Londres.

En sortant de l'hôtel, une pointe de nostalgie traverse nos pensées, mais l'excitation de la journée à venir prend le dessus. À peine dehors, l'air frais de la matinée est instantanément saturé d'une odeur infâme de falafels. Dès le matin, le parfum des épices mélangées, des boulettes frites et des sauces piquantes, flotte dans l'air comme une présence indésirable. Ça nous a vraiment traumatisé pendant tout le voyage. Nous échangeons des regards à la fois amusés et dégoutés. Alec me supplie d'accélérer le pas avant qu'il n'ait la nausée. Il se couvre le nez avec sa doudoune bleu, agrippe son bras autour de ma hanche et me pousse doucement vers la fin de la rue en chuchotant « may day, may day, » comme pour s'éloigner de la zone infestée. Le contraste entre la situation surréaliste et le sérieux d'Alec provoque des éclats de rires partagés. Tout le monde nous regarde avec amusement. Il a vraiment le don pour me faire rire, c'est un enfant. L'odeur commence à s'estomper et Alec relève la tête, un sourire malicieux sur le visage. Il est content.

Nous marchons jusqu'à Oxford Street. L'effervescence caractéristique de cette rue londonienne est accentuée par la période festive de Noël. Le parfum insupportable des falafels laisse doucement place à l'atmosphère magique qui imprègne les rues. En cette période de l'année, les rues sont bondées de touristes bien emmitouflés venus s'imprégner de l'ambiance chaleureuse que Londres a à offrir. La foule joyeuse se mêle au son des chants de Noël, qui s'échappent des haut-parleurs des grands magasins. Nos pas résonnent sur le pavé, impatients de découvrir une dernière fois les vitrines spectaculaires.

Au détour d'une rue, nous nous arrêtons dans un Starbucks prendre deux boissons chaudes et deux cookies fourrés à la pâte à tartiner tout droit sortis du four puis, partons main dans la main en direction de Green Park. Nous avons marché environ 50 milles depuis que nous sommes là, j'ai mal partout, je suis fatiguée mais ça vaut vraiment le coup, je me reposerais plus tard.

À l'entrée du parc nous en prenons plein la vue, c'est complètement fou de voir un endroit si calme et si paisible, au beau milieu d'une ville si agitée. Le paysage est incroyable sous ce soleil matinal. Le froid nous glace de la tête aux pieds mais la vision des arbres dénudés, tous recouverts d'une fine pellicule de neige, est tout simplement sublime. La neige craque sous nos pas alors que nous nous aventurons plus profondément dans le parc. Alec enroule son bras autour de ma nuque avec une tendresse qui réchauffe mon cœur. Un frisson agréable traverse ma peau lorsqu'il dépose un doux baiser sur ma tempe.

Nous nous baladons dans les allées, à observer les dizaines d'écureuils qui sautent habilement de branches en branches. Certains visiteurs du parc tentent de les apprivoiser en leur tendant des morceaux de nourriture, et je dois dire qu'ils sont plutôt dociles ici.

— Non, me regarde pas avec tes yeux doux là. Déjà que je suis nerveux quand tu donnes des miettes aux oiseaux, les écureuils, ça peut finir en carnage complet, me dit-il un sourire crispé.

Je fais mine de bouder mais reste tout de même amusée qu'il ait tout de suite anticipé que je puisse vouloir en faire de même.

Nous nous arrêtons devant Buckingham Palace. Il y a beaucoup plus de monde ici, la majesté du palais royal attire une foule impressionnante. Il est difficile de s'imaginer que des gens vivent réellement dans cette immense bâtisse, où tout est une véritable ode au luxe et au raffinement. Nous détournant de l'agitation devant les grilles, nous décidons de prendre une énième photo devant les imposantes grilles en fonte noire.

J'ai rempli ma pellicule en à peine une semaine mais tout est si parfait, j'aimerais ne jamais oublier ces moments à deux dans cette ville incroyable. Je sors mon téléphone et nous nous positionnons devant le palais, cherchant le meilleur angle. Soudain, une voix chaleureuse nous interpelle. Une dame d'un certain âge, emmitouflée dans un manteau bordeaux bien épais, s'approche de nous avec un sourire bienveillant. Rapidement, elle nous propose de nous prendre en photo. Nous acceptons gracieusement son offre et je lui tends mon téléphone.

Alec met son bras autour de mon corps, je pose ma main sur son torse et nous affichons nos plus beaux sourires, tout de même un peu gênés.

— Dis donc les jeunes tourtereaux, vous pourriez montrer un peu plus d'amour quand même. Ce palais a vu passer beaucoup d'histoires romantiques, il serait dommage de ne pas contribuer à la tradition, nous dit-elle, les poings sur les hanches.

Alec et moi échangeons un regard amusé. Nous n'avons pas l'habitude de nous embrasser en public, nous sommes très proches dans la vie de tous les jours, mais seulement lorsque nous sommes tous les deux. Aucun de nos amis, ni même aucun membre de nos familles ne nous a jamais vu nous embrasser et je ne sais pas vraiment pourquoi d'ailleurs, disons qu'Alec est pudique. Où peut-être a-t-il honte ? Allez, arrête de dire n'importe quoi Jade. Nous sommes en vacances, le lieu se prête à un peu plus de romantisme et nous souhaitons faire plaisir à cette vieille dame alors sans même hésiter, Alec retire sa main de sa poche, enroule ses bras autour de mes hanches, me porte et me fait tournoyer dans les airs. Nous éclatons de rire devant cette mise en scène théâtrale.

— Oh ! Voilà qui est beaucoup mieux, mais vous allez me donner le tournis si vous continuez. Arrêtez, arrêtez, nous supplie-t-elle. Olala... ma tête.

Alec s'arrête un instant, nous rions encore puis il m'embrasse quelques secondes avant de me reposer sur la terre ferme. Je reste surprise qu'il se lâche autant alors que nous sommes entourés de centaines de personnes, mais mon cœur déborde d'amour à cet instant.

— Tenez, dit la vieille dame en me rendant mon téléphone. Aimez-vous, la vie est bien trop courte croyez-moi.

Nous la remercions une dernière fois et lui souhaitons de bonnes fêtes avant de reprendre notre route. Je ne peux m'empêcher de jeter un regard curieux à Alec. Son attitude enjouée, ses plaisanteries et sa participation spontanée me surprennent agréablement. Je prends quelques minutes pour jeter un œil aux quelques photos qu'elle vient de prendre, et suis stupéfaite de voir à quel point elles sont belles. Nous parcourons avec Alec, les souvenirs figés sur l'écran. Nous voir tous les deux les joues rosées par le froid, de la fumée sortant de nos bouches et riant sous les rayons du soleil m'emplit de joie.

Nous avons passé le reste de la journée dans le quartier des affaires qui ressemble vaguement à celui de Wall Street, à New York. On est restés émerveillés par tous ces gratte-ciels impressionnants, et nous attendons maintenant de nous envoler pour le 37ème étage de l'un d'entre eux, pour découvrir le Sky Garden, un jardin paysager qui sans surprise, est le plus élevé de toute la ville. Une angoisse discrète monte en moi. Les hauteurs et les espaces ouverts ont toujours été une source d'inconfort pour moi. Dans l'ascenseur, je respire profondément pour calmer mes nerfs. Je lève les yeux vers le ciel, et suis déjà assaillie de vertiges alors que nous n'avons même pas encore bougé. Même si la montée est extrêmement rapide, mes jambes tremblent. Ça va aller Jade. Un petit garçon quelque peu excité, s'amuse à sauter joyeusement dans la cabine. Ok, je vais le tuer. J'essaie de contrôler mes angoisses et m'accroche fermement au bras d'Alec. Mon portable vibre dans ma poche.

De : Alec

> Toujours ok pour avoir des enfants ?

Je lève ma tête vers son visage et fronce le nez dans une grimace approximative, ce qui ne manque pas de le faire rire.

De : Alec

> Mais si, regarde comme il est mignon avec sa tête de Claude François.

Je regarde un instant l'enfant, dont la coupe au bol blonde rappelle en effet le roi du disco français. Son humour pour une fois véritable me surprend, mais il parvient à alléger mon anxiété momentanée. Soudain, l'enfant s'arrête et pose son regard sur Alec. Il commence à le dévisager de manière plutôt franche. Je remarque un froncement de sourcils sur le visage du petit, comme s'il évaluait quelque chose de très sérieux. Sans crier gare, il lève son tout petit doigt vers les tatouages d'Alec.

— Pourquoi tu t'es dessiné dans le cou ? C'est moche, remarque-t-il de façon plutôt directe.

La surprise passe sur le visage d'Alec. J'explose de rire. Il est plutôt mignon finalement. Sa mère s'excuse auprès de lui, elle semble honteuse, mais nous arrivons rapidement au dernier étage et mettons fin à la gêne occasionnée par son garçon. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent alors sur une immense baie vitrée, offrant une vue panoramique imprenable sur Londres. De manière espiègle, Alec tire la langue à l'enfant avant qu'il ne parte avec sa mère.

— Mais t'abaisses pas à son niveau toi aussi, dis-je en lui tapant l'épaule.

— Non mais c'est lui qui m'a cherché oh ! Il a dit que j'étais moche, je te rappel.

— Et c'est faux ? le défié-je un peu.

— Non mais alors toi...

Il enroule son bras autour de ma nuque, penche ma tête en avant et gratte son poing sur le haut de mon crâne, malgré ma tentative de résistance. Je le supplie d'arrêter pendant qu'il se marre. Super, je vais être toute décoiffée.

Toujours main dans la main, nous décidons de nous balader dans les allées du belvédère, en pleine immersion dans cette oasis de verdure. Nous nous arrêtons sur un banc au milieu des plantations, à l'abri de l'effervescence du bar et de la terrasse à l'avant de la tour. Avec un geste tendre, Alec m'attire à lui de sorte qu'allongée, ma tête puisse reposer sur ses jambes. La chaleur de son étreinte me procure un sentiment de sécurité.

Nous restons là, face à la vue, à discuter de tout et de rien, à replonger dans le passé pour se rendre compte du chemin parcouru, et à se projeter dans le futur pour se rendre compte de tout ce qu'il nous reste à parcourir. C'est une conversation rare car Alec, d'habitude réservé sur tout ce qui concerne les projets de vie, pour une fois se projette et me surprend à parler mariage et enfants. On ira doucement mais surement, étapes par étapes mais on semble d'accord sur le fait qu'on veuille se dire « oui » et être officiellement reliés l'un à l'autre l'an prochain. Nous ne pensions rester qu'une vingtaine de minutes ici, le temps d'admirer la vue et de faires quelques photos mais nous y sommes finalement restés une bonne heure et demie à discuter.

19h15. Plus amoureux que jamais, nous partons rejoindre le métro pour rentrer à l'hôtel. Il faut que nous dormions tôt car notre avion est à 5h00 demain matin. Le réveil risque d'être difficile. La ville scintille de mille lumières alors que nous descendons les rues animées. Londres va me manquer, je suis tombée sous le charme de cette ville incroyable. Dans la station de métro, il n'y a pas un chat, ce qui est plutôt rare à Londres. Habituellement, on bataille pendant des heures à pouvoir en prendre un, tellement c'est bondé de monde. Cette tranquillité s'accorde parfaitement avec l'atmosphère sereine de la fin de notre voyage.

Sur le quai dépeuplé, Alec s'adosse au mur en carrelage blanc, en attendant patiemment la rame à venir. Je m'approche alors de lui en silence, et face à son mètre quatre-vingt-dix, me hisse sur la pointe des pieds pour enrouler tendrement mes bras autour de sa nuque. Mon souffle effleure délicatement sa nuque, puis je dépose des baisers légers, suivant le tracé de sa mâchoire. Enfin, mes lèvres trouvent les siennes, dans un baiser doux mais passionné. À son tour, il me rend mon baiser, avec un peu plus de fougue cette fois. Mes doigts s'entremêlent dans ses cheveux bouclés. L'instant devient plus électrique quand ses mains glissent sous mon pull col roulé, pour trouver la peau nue de mes hanches.

— Oh putin bébé, tes mains sont glacées !

— Ah ! Tu veux que je te réchauffe ? dit-il, avec un sourire malicieux.

Oh non, ce regard je ne le connais que trop bien. Un frisson me parcourt et je réponds avec un rire joueur.

— Hm... Je ne sais pas monsieur, qu'avez-vous à me proposer ? m'amusé-je, en passant lentement mes doigts un à un sur son torse.

Alec rapproche son visage du mien, ses lèvres effleurant mon oreille.

— Écoutez madame, je vous propose que l'on se presse de rentrer à l'hôtel et que je vous fasse l'amour jusqu'à ce que vous n'en pussiez plus, qu'en dites-vous ? propose-t-il sûr de lui.

Nous entendons le métro qui arrive au loin.

— Et bien... voyons de quoi vous êtes capable, terminé-je en passant discrètement ma main sur son entrejambe.

Je soutiens son regard jusqu'au dernier moment, puis me retourne pleine d'assurance pour monter dans le métro. Il y a énormément de monde à l'intérieur et nous sommes tous serrés les uns les autres.

Collée à Alec, il me toise du regard. Je sais ce dont il a envie et j'en ai envie aussi. Je me retourne dos à lui et colle délicatement mes fesses à son sexe, dont je sens la bosse assez conséquente au travers de son jean. Les à-coups produits par chaque virage et chaque freinage sont une occasion de parfaire cette situation jouissive. Le métro s'ébranle, les secousses du voyage nous rapprochant davantage. Alec agrippe sa main sur le haut de ma jupe juste à côté de ma fesse droite, afin qu'il puisse ajouter encore plus de profondeur à cette danse discrète. La situation m'excite énormément. En faisant attention de ne pas être découverte, je commence à passer ma main dans mon dos, à faire jouer mes doigts sur ses abdos, puis descends jusqu'à son sexe. Les battements de mon cœur s'accélèrent quand soudain, le métro s'arrête. Merde, c'est notre station.

Essoufflés mais animés par l'excitation, nous accourons presque sans dire un mot jusqu'à l'hôtel. Nous passons rapidement dans le hall tamisé jusqu'à l'ascenseur, qui nous mènera à notre chambre. À peine les portes ne se referment que, comme pris d'une même impulsion, nous nous sautons mutuellement au cou. Nos mains se cherchent, nos lèvres se trouvent. Alec me porte et me plaque contre le miroir réfléchissant. Ce baiser est brulant et nos langues se mélangent parfaitement. Il quitte un instant mes lèvres pour mes seins, sous mon pull. Il en tient un dans une main et s'amuse à lécher et mordiller l'autre, ce qui ne fait qu'accroître mon plaisir. J'ai terriblement chaud. Il me repose à terre et je caresse son sexe. Il a l'air tellement dur. Je commence à déboutonner son jean.

« Ouverture des portes. »

Nous sursautons tous les deux. Dans un élan de panique, je me relève brusquement. Je suis encore tout essoufflée, quand une dame d'une cinquantaine d'années entre dans l'ascenseur. Un moment de gêne s'installe, les regards se croisent. Alec reste dos aux portes, dans l'espoir de pouvoir discrètement refermer le bouton de son jean. La bosse produite par son sexe est encore clairement visible, mais nous faisons comme si ne rien était. La situation m'arrache un sourire sur le visage. La tension est palpable et cette montée d'étages jusqu'au 11ème ne m'a jamais paru aussi longue. Une fois les portes de l'ascenseur ouvertes, nous souhaitons une bonne soirée à la dame puis, nous éclipsons rapidement jusqu'à la chambre. Alec ferme la porte à clé puis se frotte les mains en me regardant.

— À nous deux, Madame.

— Tu ne veux pas qu'on mange avant ?

J'adore le taquiner, faisant mine de ne plus être excitée.

— Non mais tu rigoles ? On va passer directement au dessert oui. Viens par-là.

Sans crier gare, il me soulève comme un vulgaire sac à patate sur son épaule. Mes éclats de rire remplissent la chambre tandis qu'il me transporte jusqu'au lit, avec une aisance comique. Déposée non sans légèreté sur le lit, je le regarde avec des yeux pétillants. Je m'assieds et retire mon pull, laissant apparaître mes tétons au travers d'une lingerie en dentelle rouge foncé. Il s'agenouille entre mes jambes au pied du lit, me pousse pour que je m'allonge, passe ses mains autour de mes cuisses et me rapproche violemment du bord. Mon souffle devient plus rapide. Il soulève alors ma jupe sur le haut de mes hanches, déchire mon collant noir et écarte mon string.

— Hm... T'es trempée, s'extasie-t-il en découvrant ma chatte, luisante d'humidité.

Je sens son sexe frôler l'entrée de mon vagin de haut en bas et je gémis déjà d'impatience. Il me fait languir, et ça me rend complètement folle.

— Baise-moi Alec, le supplié-je.

Et enfin, il me pénètre entièrement. Il reste un instant, puis se retire avant de commencer des vas et vient plus vigoureux. Je m'accroche fermement aux draps du lit. Nos respirations sont synchronisées au rythme de ses mouvements, et nos regards plongés l'un dans l'autre. Ses coups de reins se font de plus en plus forts et je monte en cadence avec lui. Je n'arrive plus à me retenir.

— Je ne vais pas pouvoir me retenir plus longtemps, lâche-toi, lance-t-il, visiblement au bord de l'extase.

Sous mes gémissements de plus en plus audibles, il accélère alors la cadence de ses mouvements de bassins, et se crispe soudainement. Presque simultanément, nous atteignons l'orgasme. Quelle belle manière de conclure ce magnifique voyage.

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