les draps rose bonbon et les posters au mur ça fait toujours bander, surtout les plus vieux. ils entrent dans la chambre de lola comme on entre dans celle de son amour d'adolescent. celle qu'on a jamais pu approcher. elle met son doigt sur sa bouche, pour ne pas réveiller ses parents. fait glisser ses vêtements avec une timidité feinte. parfois, ils l'aident avec précipitation. plus rarement, ils la laissent faire en tremblant d'excitation.
lui, il est différent. il agit comme un amant. il lui dit
enlève mes vêtements et j'enlèverai les tiens.
et là, c'est comme si ils s'aimaient pour de vrai. ils se découvrent comme le font deux amoureux éloignés depuis cent ans. ils s'embrassent comme si leurs lèvres avaient le goût de la vie et que jamais plus ils ne seraient vivants. ils s'allongent sur le lit comme dans un cercueil parce que, après cette nuit, tout aura les couleurs criardes de la mort.