crimes et flagrants délires :...

By catherinedomin

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1964 : l'inspecteur Lenormand, jeune inspecteur de police de 28 ans, enquête sur la disparition d'un notable... More

Petit mot de l'auteure
Chapitre 1 - Disparition inquiétante
Chapitre 2 - A la PJ
Chapitre 3 - Premier indice
Chapitre 4 - Une périlleuse découverte
Chapitre 5 - Une étrange petite clef dorée
Chapitre 6 - Suicide ou assassinat ?
Chapitre 7 - Un heureux événement à venir
Chapitre 8 - Le cadavre parle enfin !
Chapitre 9 - Retour vers le passé
Chapitre 10 - Crue ou pas crue ?
Chapitre 11 - Sur la scène de crime
Chapitre 12 - Les frères Malandain
Chapitre 13 - Marie et Honorine
Chapitre 14 - Des arguments frappants
Chapitre 15 - Petits règlements de compte en famille
Chapitre 16 - De fructueuses investigations
Chapitre 17 - De retour à l'école
Chapitre 18 - Les fantômes du passé
Chapitre 19 - Les résistants
Chapitre 20 -Une filature ratée
Chapitre 21 -Retour peu glorieux !
Chapitre 22 - Une nouvelle piste
Chapitre 23 - Une entrée secrète
Chapitre 24 - L'arme du crime
Chapitre 25 - Une rencontre inattendue
Chapitre 26 - Jumièges
Chapitre 27 - Ce cher Danny !
Chapitre 28 - Les Deudeuches ne sont pas amphibies !
Chapitre 29 - sabotage !
Chapitre 30 - Des vacances en perspective
Chapitre 31 - Escapade à la mer
Chapitre 32 - Branlebas le combat !
Chapitre 33 - Sortez moi de là !
Chapitre 34 - Une grenade dégoupillée
Chapitre 35 - Une situation explosive
Chapitre 36 - Perdus dans le noir
Chapitre 37 - Un plan d'attaque
Chapitre 38 - Souvenirs, souvenirs...
Chapitre 39 - Etat de choc
Chapitre 40 - Autopsie d'un crime
Chapitre 41 - Le journal
Chapitre 42 - Miracle mécanique
Chapitre 43 - La souricière
Chapitre 44 - Coup de filet
Chapitre 46 - Confessions tardives (suite)
Chapitre 47 - Une lumière nouvelle
Epilogue

Chapitre 45 - Confessions tardives

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By catherinedomin

Deux semaines après la résolution de l'affaire de Beaumanoir, le 21 mars 1965, le temps se réchauffa brusquement et un monstrueux orage s'abattit sur la Haute Normandie. C'est ce jour-là que choisit notre enfant pour venir au monde.

Quelle arrivée spectaculaire !

Lorsque Sophie eut ses premières douleurs et perdit les eaux, j'emmenai, un peu paniqué, ma femme dans la Deudeuche ressuscitée. Je roulais à tombeau ouvert vers la maternité, sous une pluie battante et des éclairs. Contrairement à moi, ma femme, garda tout son calme et me demanda de conduire plus doucement. Elle me rassura en disant qu'il n'y avait aucune chance qu'elle accouche dans la voiture et que ce n'était pas la peine de risquer un accident.

Et c'est ainsi qu'un petit Jérôme de trois kilos environ est venu au monde par cette nuit agitée, dans le tumulte de la tempête, et aussi au premier jour du printemps. Evidemment, je trouvai que notre fils était le plus beau bébé du monde.

Et puis, de ma vie, je n'oublierai jamais la journée du lendemain.

En début d'après-midi, j'arrivai au bureau pour annoncer la bonne nouvelle, les yeux cernés, parce que je n'avais presque pas dormi. J'étais très excité et fou de joie et j'avais apporté plusieurs bouteilles de champagne, afin de fêter dignement cet événement crucial.

Mes collègues, ainsi que le commissaire, trinquèrent tous pour fêter cet heureux événements. Je déplorai l'absence de Bertier à cette fête, mais je l'avais prévenu par téléphone de la bonne nouvelle.

Pendant ces joyeuses libations, le téléphone de mon bureau sonna avec insistance, plusieurs fois, ce qui eut le don de nous agacer.

— Oh, ce téléphone ! Faites-le taire, dit l'un d'entre nous en riant.

— Je vais répondre, on ne sait jamais, cela peut être important, dit Renouf.

Il décrocha et son visage exprima une surprise croissante au fur et à mesure de la conversation qu'il entretenait avec son correspondant. Il raccrocha au bout d'un long moment et, se tournant vers moi, il dit :

— C'est Louise Malandain qui souhaitait vous parler. Il est arrivé une catastrophe !

— Ah bon ? Qu'est-il donc arrivé ? demandai-je, surpris, une flûte de champagne à la main.

— Pendant l'orage de cette nuit, la foudre est tombée sur la toiture du manoir, qui a pris feu.

— Quoi ?

— Le toit et le dernier étage de l'aile nord du bâtiment ont brûlé partiellement.

— Oh non ! Ce n'est vraiment pas de chance ! répondis-je, sincèrement contrarié. Une si belle demeure !

— Les assureurs sont passés aujourd'hui pour évaluer l'ampleur des dégâts. Mme Malandain est allée avec eux dans le bureau de son mari, qui n'a été que partiellement touché. La bibliothèque et tous les livres anciens sont miraculeusement intacts, mais couverts de suie. Elle les a déménagés avec l'aide de son fils pour les mettre à l'abri et c'est en le faisant qu'elle a trouvé au fond de la bibliothèque une boîte fermée à clef. Elle souhaitait l'ouvrir pour savoir s'il y avait des papiers importants, mais elle n'en trouve pas la clef. Elle pense que c'est nous qui l'avons. Ce serait une petite clef dorée.

Je réfléchis pendant quelques secondes et soudain, je me frappai le front !

— La clef ! Bon sang, la clef ! Mais oui ! La fameuse clef dorée que j'ai retrouvée cachée au fond de la barque le jour où j'ai découvert la victime ! J'ai essayé d'ouvrir tous les tiroirs possibles et imaginables dans cette maison avec cette clef, mais elle ne correspondait à aucune serrure. Cependant, l'idée ne m'était pas venue de regarder derrière les livres de la bibliothèque.

— Commissaire ! repris-je, pourriez-vous me donner l'autorisation de récupérer cette pièce à conviction ? Je crois qu'elle est rangée dans les scellés des affaires classées sous le numéro 8. En fait, j'avais totalement oubliée de la rendre à sa propriétaire.

— Je vais y aller moi-même, répondit Renouf, et nous allons nous rendre tous les deux chez les Malandain. C'est la moindre des choses.

Une fois la clef récupérée aux archives, le commissaire m'emmena à Beaumanoir dans sa voiture.

En arrivant là-bas, nous vîmes la bâtisse dont l'aile nord était partiellement recouverte d'une bâche, afin de protéger des intempéries les morceaux de charpente calcinés et l'intérieur du grenier, ou plutôt ce qu'il en restait, ainsi que les pièces en dessous.

Louise Malandain nous accueillit, accompagnée d'André.

— Nous vous prions de nous excuser, mais la maison sent encore le bois brulé, et nous en avons pour des semaines à nous débarrasser de l'odeur. Alors, nous allons nous installer dans le salon. Nous y serons mieux.

— Dans notre malheur, reprit-elle, nous avons eu de la chance, le manoir aurait pu brûler intégralement, mais ce sont seulement, le grenier de l'aile nord au-dessus du bureau et d'une chambre d'amis qui ont été touchés. Mais le bureau, qui était à côté, a été endommagé par la suie, le dégagement de chaleur et par l'effondrement du plafond. Mais heureusement, nous avons pu sauver les livres. Avec l'aide de Daniel, nous avons pu obtenir du conservateur de la bibliothèque de Rouen leur prise en charge rapide pour leur nettoyage et une éventuelle restauration. Cela sera fait la semaine prochaine. Et c'est en les déménageant avec André pour les mettre à l'abri que j'ai trouvé cette boîte, qui était cachée parmi eux.

Une fois que nous fûmes installés dans le salon, la maîtresse de maison alla voir Honorine dans la cuisine pour lui demander de préparer du thé et du café.

Celle-ci revint, portant le plateau. Elle esquissa un geste pour repartir, mais Louise lui fit signe de rester. Elle s'assit donc dignement sur une chaise.

Le commissaire sortit alors la fameuse clef de son sachet. La boîte était posée sur la table basse, quasiment intacte, et une odeur de bois brûlé en émanait encore. C'était une jolie boîte en bois, délicatement ouvragée, et fermée par une serrure.

Louise Malandain prit la clef que le commissaire lui tendait et ouvrit la boîte. Divers papiers s'y trouvaient, ainsi qu'une enveloppe, sur laquelle étaient inscrits les mots "à ouvrir après mon décès".

Elle frémit en lisant ces mots. Elle avait reconnu l'écriture de son mari.

— Monsieur le commissaire, dit-elle je ne me sens pas le courage de l'ouvrir. Auriez-vous la gentillesse d'en lire le contenu à voix haute ?

Renouf ouvrit l'enveloppe et en sortit une liasse de papier jaunis et roussis sur les bords, à la suite de leur exposition à une chaleur intense. Cependant, le texte était resté parfaitement lisible.

Il chaussa ses lunettes et commença à lire à voix haute.

"Chers tous,

Il s'interrompit dans sa lecture et dit :

— Souhaitez-vous vraiment que je lise à voix haute ? le contenu de cette lettre risque d'être personnel, voire difficile à supporter.

— Oui, répondit-elle dans un souffle, qu'on en finisse, même si cela nous cause de la peine !

Le commissaire se racla la gorge et poursuivit donc sa lecture.

« Chers tous,

Une tumeur maligne m'a été diagnostiquée au pancréas, celle-ci n'étant pas opérable, le médecin ne me donne que deux ou trois ans à vivre. C'est déjà cela !

Je suis sincèrement désolé de vous avoir fait souffrir, et je m'en repens amèrement, maintenant que mes jours sont comptés,. Malheureusement, il me sera impossible de réparer ce que j'ai fait, mais au moins, vous tous, comprendrez peut-être ma conduite, et si vous ne m'accordez pas votre pardon, vous avez droit à la vérité.

Le mal ne se manifeste pas encore vraiment, et je profite de ce répit pour essayer de vivre pleinement pour le peu de temps qu'il me reste, et d'accomplir ce que j'ai projeté de faire.

J'espère que ce délai imparti me permettra de remettre de l'ordre dans ma vie, de réparer mes erreurs et de dévoiler au grand jour les mensonges qui m'ont empoisonné pendant toutes ces années, et aussi une partie de mon existence qui est restée dans l'ombre.

Tout a commencé pendant l'année 1936. Etant entré dans l'entreprise en 1922, j'en suis devenu rapidement le directeur des ventes. A force de travail, j'ai gravi les échelons un à un, jusqu'au jour où mon patron, Jean Berton, m'a proposé de devenir son associé. Confiant, j'ai donc investi une grande partie de mes économies dans le capital de la société. Mon patron, devenu alors mon associé, était un peu plus âgé que moi, mais nous avons noué entre nous une solide amitié.

Entretemps, je t'ai épousée, Louise, toi qui étais ma fidèle secrétaire depuis un an, car nous étions tous les deux tombés amoureux l'un de l'autre.

C'est après la naissance de Pierre, en 1936, que le cycle infernal du mensonge s'est enclenché. Tu étais alors tombée gravement malade. Cette grave dépression qui t'a touchée t'a obligée à aller en maison de repos pendant de longs mois. Je suis donc resté seul, désespéré et désoeuvré. C'est alors que j'ai rencontré Hélène, une nouvelle vendeuse, lors d'une visite de nos magasins. Le coup de foudre a été immédiat et réciproque. Nous nous sommes revus ensuite et nous n'avons pas réfléchi. Elle avait 20 ans, moi 32. Nous avons eu une liaison de quelques mois, mais un jour, elle a donné sa démission et a disparu brusquement, sans explication.

J'ai essayé de l'oublier et cela a été difficile. Et puis, la vie a repris son cours. Une fois rétablie, tu as regagné le domicile conjugal et nous avons eu notre deuxième enfant, André en 1938.

Je croyais alors le bonheur familial revenu, mais la guerre est venue tout défaire. Et voilà qu'un autre cycle de clandestinité a débuté.

En 1940, voyant que la France était perdue, je me suis engagé dans la résistance, Jean Berton m'ayant fait rejoindre le réseau dont il faisait partie. J'avais alors trente-six ans.

Nous avons mené des actions clandestines, tout en continuant à donner le change et à nous occuper de nos affaires. Je dois avouer que je l'ai fait aussi, non seulement pour la France, mais également pour venger la mort de mon père, volontairement écrasé par un camion allemand. Ce drame a entrainé la disparition de ma mère qui en mourut de chagrin quelques mois plus tard.

Alors, nous avons joué double jeu avec les Allemands. Nos magasins, confiés à des personnes sûres, ont continué à fonctionner comme si de rien n'était, afin de donner le change vis-à-vis de l'occupant quand nous étions absents pour des missions ponctuelles. Nous n'avions mis, bien entendu, aucun des membres de nos familles et de nos employés au courant, pour éviter tout risque de représailles ou celui d'être dénoncés et arrêtés. Une forte majorité de la population, à cette époque, était soit pétainiste, soit attentiste et la situation pouvait basculer d'un côté comme de l'autre à tout moment. Rares étaient ceux qui s'étaient vraiment rebellés.

Alors, nous avons décidé, Jean et moi, le contexte devenant de plus en plus dangereux, d'envoyer nos femmes et nos enfants en Suisse via notre réseau de passeurs.

Nous avons su que, quelques temps après, la femme et la fille de Jean ont été séparées des deux garçons et mises dans un train qui fut mitraillé dans la région lyonnaise pendant leur exode. Nous n'avons jamais pu savoir si elles avaient survécu, car elles n'ont jamais été retrouvées dans le chaos de la guerre. Jean fut complètement désespéré et se lança à corps perdu dans des actions de résistance. C'est alors que nous avons tout quitté et sommes entrés entièrement dans la clandestinité. J'ai alors confié Beaumanoir à Justin et Honorine. Je savais que je pouvais compter sur eux les yeux fermés et, malgré ce que j'ai pu dire, je les remercie du fond du coeur pour tout ce qu'ils ont fait pour notre famille.

Nous n'avions pas de maquis où nous pouvions nous cacher et la forêt n'était pas forcément la meilleure solution. Heureusement, les souterrains de Beaumanoir ont pu nous servir quelques fois de cachette et nous avons pu y entreposer des armes que nous avions récupérées lors des parachutages, et nous menions des attaques contre des Allemands ou des opérations de sabotage. Un autre Jean, Jean Le Floch, le fils de Justin et d'Honorine, est venu nous rejoindre. Malheureusement, il sera pris et fusillé peu de temps après, sans avoir parlé. Il n'avait que vingt ans."

Honorine, entendant ces mots, se mit à sangloter.

(à suivre)

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