Still don't know my name - Labrinth
Chapitre 2 : Quand les chemins se croisent / flashback
L'agent de police guide le jeune délinquant jusqu'aux cellules du commissariat. Il le lâche devant l'une d'elles, le temps de déverrouiller la porte, tout en le gardant à l'œil. Au cas où il tenterait quelque chose. Mais le jeune homme a l'air plus préoccupé par la gueule de bois qui l'attend pour tenter une quelconque tentative d'évasion.
- Aller, entre-là, et tiens-toi tranquille, dit-il en faisant un signe de tête vers la cellule dont la porte à barreaux est maintenant ouverte.
Le jeune homme obéit en se frottant le front. Il jette un regard circulaire à sa chambre temporaire. Elle n'est meublée que d'un banc métallique accroché au mur du fond en béton, un autre similaire, plus large et recouvert d'une couverture épaisse fait office de lit, et un lavabo et des sanitaires se trouvent sur le mur opposé à la couchette.
- Du trois étoiles, commente le prisonnier en se dirigeant vers le banc face à la porte. J'ai eu pire la dernière fois..
- Je peux te mettre ailleurs, si tu ne te sens pas à l'aise ici.. dit l'officier en fixant l'autre prisonnier, qui se trouve à l'extrémité du banc, tapi dans l'ombre.
Le jeune suit son regard mais balaie sa proposition de la main.
- Vous en faites pas shérif, je vais survivre.
L'agent ferme la porte et la verrouille à double tour dans un tintement de clefs assourdissant. Le nouveau venu va s'affaler sur le banc en soupirant, en veillant à garder une distance convenable entre lui et l'autre prisonnier resté silencieux depuis son arrivée, puis il pose sa tête contre le mur derrière lui. Le contact du béton frais sur son crâne lui fait du bien. Il lui semble moins entendre le marteau qu'il a dans la tête durant quelques minutes.
Il ferme les yeux un instant pour se concentrer sur sa respiration quand une vague de nausée lui soulève le cœur. La cellule tourne soudainement autour de lui et il sent venir le mal aise familier qu'il ressent à chaque fois qu'il a trop bu.
- Soit gentil p'tit, et va gerber dans les toilettes avant d'en foutre partout, dit soudainement le prisonnier en levant la tête vers lui. Sinon j'vais gerber aussi.
En sentant un second haut de cœur venir, il se décide à se lever pour suivre son conseil. Mais arrivé aux sanitaires, il sent son corps se détendre et son mal aise s'éloigner, alors il se contente de se passer de l'eau sur le visage pour stimuler son cerveau anesthésié.
Il retourne s'asseoir sur le banc et repose sa tête sur le mur, soulagé de ne pas avoir à rendre le peu de nourriture qu'il a mangé dans la journée.
À chaque fois qu'il sort, c'est la même histoire. Il se fait enrôler dans des fêtes un peu trop arrosées avant de finir la soirée en boîte de nuit, là où -à cause de trop d'alcool et trop d'égo- il finit par se battre avec le premier abruti qui le regarde de travers. Et comme souvent, la police arrive et l'embarque pour qu'il finisse la nuit au poste, afin de réfléchir à ses actes peu reluisants.
C'est devenu une habitude. Ces soirées à boire jusqu'à plus soif ne sont qu'un moyen pour lui d'oublier une vie monotone dont il n'a pas encore trouvé la finalité. Au lycée, la seule chose qui avait de l'importance pour lui était le club de football américain dont il faisait parti. Il avait, il ne savait comment, réussi à décrocher une bourse d'étude pour intégrer une faculté où il a aussi fait parti de l'équipe de football. Les filles, la fête, le sport. Il jonglait entre les trois et les cours l'ont vite lassé.
- C'est quoi ton nom ?
- Jacob.
Il a fini la fac, sans en décrocher son diplôme. Il ne pouvait pas faire une année de plus sans perdre sa bourse d'étude, alors il a enchaîné les petits boulots pour payer son loyer et pour pouvoir continuer les soirées avec ses amis qui eux, avaient réussi leur vie.
- Pourquoi t'es là, Jack ?
Le concerné soupire en sortant de ses pensées nostalgiques.
- Une discussion en boîte de nuit qui a fini en bagarre.
- Oh, un fauteur de trouble ! ricane l'inconnu. Les poulets adorent, ils vont pas t'laisser sortir facilement.
Jacob se contente d'hausser les épaules.
- C'est pas la première fois. Ils sont sympas, en fait.
- J'connais très bien ce genre de soirées qu'on finit au trou. J'y ai trop souvent fini aussi..
- Sérieux ? Demande Jacob en se tournant franchement vers lui.
Le type acquiesce avant qu'un rire sans joie ne résonne dans la petite cellule. Jacob plisse les yeux pour observer son compagnon avec attention. Le type avait la quarantaine, des yeux clairs et un air de connard vissé sur le visage. Lui aussi devait avoir son lots d'anecdotes médiocres à raconter.
- Le pire dans tout ça, c'est qu't'as dessaoulé avant même d'arriver ici, dit-il de sa voix grave.
Jacob rit en acquiesçant, c'était malheureusement le cas depuis longtemps. Il replace l'arrière de sa tête contre le mur et son regard tombe sur une affiche de recrutement pour l'armée américaine, accrochée dans le couloir menant à l'accueil du poste de police.
- Et toi, qu'est-ce que t'as fait ? demande-t-il en lisant rapidement les mots inscrits sur l'affiche.
- Détention de stup', avoue l'inconnu en se frottant le front. Les flics trouvaient qu'j'en avais un peu trop sur moi.
Ils se regardent dans les yeux et rient de nouveau ensemble la seconde suivante. Ils étaient tous les deux dans de sales draps.
- Ce monde est pas fait pour des marginaux comme nous, se met à philosopher l'inconnu.
Jacob acquiesce une nouvelle fois sans lâcher l'affiche publicitaire des yeux.
- Tu m'rappelles un peu mon frangin. Il traine dans mes combines et fait tout ce que j'lui demande, mais j'sais qu'au fond c'est un gentil.
Jacob le regarde et lui répond un sourire crispé. Lui au moins, il n'est pas au trou avec eux..
- Il va venir te chercher, ton frangin ? Demande Jacob, après un silence.
L'inconnu balaie sa question de la main en dédaignant de la tête.
- Nan.. Il a pas de fric à foutre en l'air dans ma caution. J'vais me tenir à carreau et les poulets me feront sortir quand ils auront pitié du pauvre con que je suis...
Jacob comprend par ces paroles que son compagnon de cellule a une piètre opinion de lui-même. Il était vrai que le type n'avait pas vraiment l'air d'un bon samaritain, avec ses cheveux courts et gras, son air de tueur à gage, sa mâchoire carrée et ses tatouages de taulards sur les bras. Et sa jambe qui tremble lui donne plutôt des allures de junkie en manque.
- Et toi ? T'as l'air d'être un gosse de riches, papa et maman vont pas te laisser dormir dans un taudis pareil, dit-il avec cynisme.
Jacob soupire en haussant les épaules. Ses parents sont effectivement venus le chercher la première fois qu'il a fini en garde à vue. Son père lui avait même fait la morale pendant un moment. Puis ils ne sont plus venus les fois suivantes. Comme il ne savait pas vraiment ce qu'il allait faire de sa vie, Jacob vivait cela comme un échec, et avait la désagréable impression de faire honte à ses parents, qui eux, avaient réussi leur vie. Son père était le directeur de l'une des plus grosse banque de l'Etat. Et sa mère était une aide soignante à la tête de tout un service au Grady Memorial Hospital d'Atlanta. Quant à sa petite sœur.. Elle avait décroché ses diplômes après un dur labeur pour devenir une enseignante brillante et engagée. Il faisait tâche dans cette famille.
- J'ai utilisé mon appel pour joindre ma sœur. Elle viendra peut-être encore me sortir d'ici.. Ou elle laissera la nuit passer pour me forcer à réfléchir.
De l'autre côté du bâtiment, la porte d'entrée s'ouvre sur une jeune femme qui aurait aimé ne pas être au commissariat à cette heure de la nuit. Elle se dirige vers le comptoir où un agent pianote sur un ordinateur avec un air las sur le visage. Il quitte l'écran des yeux pour regarder la nouvelle venue et se redresse sur son siège dans un second temps avant qu'elle n'arrive au comptoir.
- Bonsoir madame, je peux vous aider ? demande-t-il avec un intérêt non dissimulé.
La jeune femme sort sa pièce d'identité de son sac et la fait passer sous la vitre qui la sépare de l'agent maintenant debout et droit comme un i.
- Bonsoir, je viens chercher Jacob Winson, et payer sa caution..
- C'est la deuxième fois qu'il atterrit chez nous cette semaine, commente l'agent après avoir tapé le nom du jeune homme sur son ordinateur. Et la semaine dernière, il est allé trois fois dans le poste Est de la ville.
Il lève les yeux vers elle et croise pour la première fois son regard. Sa couleur peu commune lui fait presque froncer les sourcils. Il doit faire un effort pour les contrôler et détourne les yeux vers la carte de la jeune femme pour vérifier son identité.
Laura Winson
Elle, ne peu empêcher un petit sourire venir étirer ses lèvres. Autant son regard améthyste a attiré un bon nombres de lourdauds, au point qu'elle ait ressenti un certain ressentiment envers la gente masculine pendant une période de sa vie, autant aujourd'hui, voir qu'il était capable de déstabiliser un homme important comme un agent de police l'amusait beaucoup.
- 1 550 $ pour la caution.
- C'est le double de la dernière fois, commente-t-elle en remplissant rapidement un chèque de paiement.
- La justice est plus sévère avec les récidivistes, se justifie-t-il en vérifiant le chèque quand elle le lui tend. Pour éviter qu'ils récidivent encore.
Elle se pince les lèvres en évitant de lever les sourcils pour toute réponse. Elle attend patiemment qu'il termine ses vérifications, quand elle le voit hésiter à lui parler de nouveau. Il se jette finalement à l'eau, avec un air gêné sur le visage.
- C'est des lentilles ou.. ?
- C'est leur couleur naturelle, lui répond-elle d'un ton las qui lui indique qu'on lui a trop souvent posé la question.
Il acquiesce pour lui dire qu'il a compris le message.
- C'est très joli, dit-il après un silence.
- Pourriez-vous faire sortir mon frère de cellule, s'il vous plaît... Agent Walsh ? dit-elle pour couper court aux appels qu'il lui faisait.
Il lui fait un signe de tête avant de disparaître, sans demander son reste, dans le couloir qui se situait derrière le comptoir de l'accueil où il était posté.
Elle en profite pour patienter en consultant son téléphone portable. Elle lit rapidement un article sur l'actualité, évoquant un virus nouvellement découvert qui ferait des ravages dans les pays voisins. Elle quitte l'article sans en lire la fin, en se disant qu'avec le peu d'informations qu'ils avaient sur le virus, il n'était pas encore temps de s'en inquiéter, puis elle écrit une réponse sur le groupe de discussion instantanée dont elle fait partie avec une bande d'amis de longue date.
Du mouvement se fait entendre dans le couloir qui mène jusqu'à leur cellule. Jacob et l'inconnu regardent dans sa direction lorsque le shérif apparaît.
- Winson, lève-toi. Tu sors.
Le concerné se lève, surpris de voir que sa sœur ait fait aussi vite pour le sortir de sa geôle, à croire que malgré toutes ses erreurs, elle ne voulait pas le laisser pourrir au trou.
- Ah.. La frangine est là, apparemment, commente son compagnon de cellule en affichant un sourire suggestif. Tu pourras lui dire que même si je sais pas grand chose d'elle, elle a un fan ?
Il rit d'un rire gras tandis que Jacob sort de la cellule sans réagir.
- Hé, m'oblige pas à venir te clouer le bec, Merle ! le gronde l'officier en pointant le concerné du doigt.
- Merle.. Comme le piaf ? demande Jacob en se tournant vers son nouvel ami qui acquiesce. Pas d'bol..
- J'te l'fais pas dire.. marmonne l'ainé des Dixon en crachant par terre pour répondre à l'agent qui a osé le rabrouer.
Les deux prisonniers s'échangent un hochement de tête avant que le plus jeune ne disparaisse dans le couloir avec l'agent Grimes.
Elle relève la tête de son écran en entendant des pas s'approcher d'elle, et est surprise de voir revenir l'agent Walsh, seul.
- Il sera là dans quelques instants, lui explique-t-il en la voyant froncer les sourcils.
Elle opine de la tête sans rien dire, agacée de devoir attendre son frère avec l'agent qui continue de lui envoyer des regards qu'il pense discrets en travaillant sur son ordinateur.
- On fait des formations et des sensibilisations pour enrailler la délinquance, si jamais vous voulez mettre du plomb dans le crâne de votre frère, dit-il en lui tendant une carte, qu'elle attrape après une seconde d'hésitation.
Elle parcoure rapidement le petit carton qu'elle tient dans les mains pour voir qu'il s'agit des coordonnées du poste, et qu'un numéro de téléphone portable a été rajouté en bas au stylo.
Agent Shane Walsh
De nouveaux bruits de pas se font entendre. Laura lève aussitôt les yeux pour lancer un regard contrarié à Jacob qui suit docilement l'agent venu lui rendre sa liberté.
- Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à appeler. Pour n'importe quoi, vraiment, insiste l'agent Shane en plantant ses iris noirs dans ceux de la jeune femme.
Sa proposition lui vaut un regard interrogateur du jeune homme qui fronce les sourcils en remarquant qu'il bombe le torse comme un paon.
- Merci, agent Walsh. Bonne soirée, le salut Laura avant de se tourner vers la porte et de sortir sans tarder.
Jacob lui emboîte le pas sans traîner, après avoir gratifié Shane d'un regard noir pour s'assurer qu'il se tiendra éloigné de sa jeune sœur.
***
Petit retour en arrière, j'espère que ce chapitre vous plaira !
Laura qui rencontre Shane le psychopathe
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À très bientôt pour la suite ~