Sain d'Esprit (Laura Woodward...

By LeodeGalGal

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Ceci est un tome 2, passez votre chemin si vous n'avez pas lu (et apprécié) Les Affaires des Autres ! La tra... More

Préambule
Récapitulatif des personnages (au besoin, sans spoilers pour le tome 2)
Un instant perdu
1. Train-train sanglant (1/2)
1. Train-train sanglant (2/2)
2. De la promiscuité
3. Un os dans le gratin
4. Visite macabre à Butterfly
5. Sans nostalgie, vraiment
6. Relance
7. Au taquet
8. Entre détectives
9. Inspection délicate
10. Apparition
11. Bienveillance brune
12. Garder le cap (1/2)
12. Garder le cap (2/2)
14. Mauvais esprit
15. La compagnie des vivants
16. SOS fantômes
17. Retour à la fac
18. Assaisonnement (1/2)
18. Assaisonnement (2/2)
19. Indésirable
20. Les autres
21. L'expert (1/2)
21. L'expert (2/2)
22. Le chacal
23. Les voies du dépit
24. Enquête et trahisons (1/2)
24. Enquête et trahisons (2/2)
25. Compromis
26. Contre-attaque (1/2)
26. Contre-attaque (2/2)
27. Un autre spécialiste
28. Échos de Dunnes
29. RedWeasel007
30. Triste fin
31. Apprentie sorcière (1/2)
31. Apprentie sorcière (2/2)
32. Introduction posthume
33. Le coût du silence
34. Catharsis
35. Thérapie
36. Orage
37. Chaleur humaine
38. Incendie
39. Persév-errance
40. Qui sème le vent
41. Prise en charge
42. Réminiscences hivernales
43. Encore debout
44. Personne n'est parfait
Postface
L'eau qui dort (chapitre Poisson d'Avril)

13. Interférences

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By LeodeGalGal

Laura passa saluer Donald et Suzy, encore penchés sur un cadavre, puis mit le cap sur Butterfly. Plus elle en approchait, plus elle prenait conscience de son corps ankylosé, de son cœur emballé, d'un léger sifflement dans ses oreilles. Une fois garée, elle essaya de se détendre.

Elle avait participé à un séminaire de relaxation au mois de mars, une sorte de formation obligatoire pour les agents, où on leur avait appris les principes de la pleine conscience, des manières de réguler leur stress par la respiration, des rudiments de méditation. Laura avait essayé de faire des efforts, mais la plupart des techniques la faisaient pouffer (Lloyd aussi) et elle s'était avérée incapable de ne pas penser à autre chose, et généralement à autre chose de drôlement compliqué, même quand elle était censée se concentrer sur la sensation de la paume de sa main posée contre son genou.

De son point de vue, ça avait été un fiasco, mais elle avait mémorisé certains des préceptes de base, et à présent qu'elle était confrontée à une bouffée de stress, elle se sentait prête à tenter n'importe quoi. Au final, elle quitta sa voiture agacée par ces méthodes à la noix, mais peut-être un peu moins centrée sur sa confrontation imminente avec le spectre que quelques minutes plus tôt.

Elle traversa la rue, présenta sa carte à la guérite du gardien et se vit admettre dans l'enceinte de Butterfly. Après avoir signé le registre des visiteurs à l'accueil, elle monta au troisième étage sans se laisser le temps d'y réfléchir.

Elle commençait à prendre ses repères dans les couloirs, sans plus lorgner sur le fléchage sommaire, mais sa nervosité avait grimpé d'un cran et elle avait l'impression d'évoluer dans une dimension tout juste parallèle à la réalité. Elle gagna l'aquarium des infirmières, se signala puis entra dans la salle de réunion.

Déserte.

Elle referma précautionneusement la porte et alla jusqu'au casier du docteur Hornet, où l'attendaient toujours les trois dossiers. Elle les prit, s'assit, et attendit, le souffle court. Elle aurait dû commencer à travailler, bien sûr, mais elle était persuadée que le fantôme surgirait d'un moment à l'autre.

L'horloge, au-dessus de la porte, égrenait les secondes d'un tic-tac à l'ancienne. Il restait du café dans le percolateur. Les trois armoires à dossiers, fermées, formaient une barrière sombre en face d'elle. On n'entendait absolument rien à l'extérieur, ni pas, ni conversation, mais par les persiennes, on devinait les branches immobiles d'un arbre, la lumière chaude de la fin de journée. Il n'avait plus plu depuis deux jours, un petit miracle qu'attendaient sans doute la plupart des vacanciers. Laura ne prenait quasi jamais de congés, pour quoi en faire ? Elle se serait ennuyée comme un rat mort.

Pas de fantôme.

Elle rouvrit le premier dossier. Après les notes de Jonathan suivaient celles de James Hornet, une bonne nouvelle. Rapidement, elle tomba sur des mentions du psychiatre décédé. Jerry l'avait vu, deux fois, dans sa chambre. Jonathan lui avait dit qu'il avait "en lui de faire le nécessaire pour s'en sortir". Ce que Jerry avait manifestement interprété comme une invitation à le rejoindre. Non, c'était une des morts subites, pas un suicide. Elle inscrivit les détails des entretiens, ou du moins ce qu'Hornet avait cru bon de consigner, puis repoussa les documents.

Tout ça était inutile. Cet audit. Il ne mettrait rien en évidence de particulier. Une contagion hallucinatoire chez une bande de schizophrènes. Personne ne testait des médicaments expérimentaux sur ces cobayes déments. Il n'y avait pas de virus dans la nourriture ou de défaut de surveillance. Il y avait...

Un courant d'air froid la fit frissonner.

Laura leva les yeux, mais c'était simplement la porte du couloir qui s'ouvrait. Elle étouffa un juron de surprise et se recomposa aussitôt un visage neutre. Il lui fallut un instant pour replacer la personne qui venait d'entrer. Ce n'était ni une infirmière, ni l'un des médecins, mais bien l'éducatrice qu'elle avait entraperçue l'avant-veille, avec ses marionnettes en papier mâché.

Sans doute dans la vingtaine, les cheveux noirs aux mèches violettes et le maquillage appuyé, elle avait une dégaine que Laura trouvait tout à fait déplacée pour un travail en hôpital psychiatrique. Mais dans le fond, elle n'y connaissait rien, et elle tenta d'étouffer ses préjugés.

— Ah bonjour, s'exclama l'intruse en apercevant Laura.

Elle déposa une brassée de feuilles colorées sur la table.

— Je suis Diane. L'animatrice artistique. Vous êtes le docteur Woodward, c'est un honneur de vous rencontrer.

Prise au dépourvu par cette entrée en matière, Laura serra la main que l'inconnue lui tendait.

— Les femmes du front, expliqua celle-ci, devant sa mine désemparée. Vous vous souvenez peut-être pas. Un article dans le magazine pour ados Futur'osons. Ils avaient interrogé des femmes qui faisaient des métiers de mecs. Bon, c'était il y a bien huit-dix ans.

Elle haussa les épaules, sans se départir de son sourire.

— J'me souviens de vous. C'est frappant, médecin légiste, quand on est ado, qu'on regarde toutes ces séries policières. Puis, c'est fascinant aussi, rien à faire, un peu dégueu. C'est l'infirmière-chef qui m'a dit que vous étiez de passage, l'autre jour. Quand vous avez eu cet étourdissement.

Laura se sentit rougir, mais la dénommée Diane classait désormais ses dessins.

— Bon, mais je vais me taire, vous étiez en train de bosser.

Pendant une seconde, Laura songea à s'excuser, se lever et partir. Crevée comme elle était, elle ne parviendrait de toute façon pas à tirer grand-chose des dossiers, et la dénommée Diane semblait vouloir s'attarder. Les chances que Jonathan se montre paraissaient désormais réduites et, en réalité, Laura ne voulait pas qu'il apparaisse devant cette étrangère. Surtout pas.

Mais du coin de l'oeil, elle apercevait les peintures fantasques qu'annotait Diane, parfois des taches, parfois des personnages, beaucoup de couleurs, l'expression libérée des tourments et des obsessions des patients, sous une forme peut-être plus pure que les discours qu'ils servaient aux blouses blanches.

Rien, bien sûr, n'autorisait Laura à poser la moindre question. Elle réalisait un audit sur des cadavres. Le secret médical pesait sur leurs épaules. Cette fille était une inconnue, dont elle ne savait rien.

— Dites, Diane... Vous arrivez à décrypter l'écriture du Docteur Thornberg ? demanda-t-elle pourtant.

L'animatrice releva les yeux en riant.

— Ah ! Vous aussi vous souffrez ? Imaginez les infirmiers !

Elle secoua la tête.

— Mais je n'ai pas accès aux dossiers. Désolée.

Laura mima la surprise.

— Ah ? Vous n'y inscrivez rien de vos observations ?

La fille aux cheveux violacés esquissa un nouveau geste de dénégation.

— Non. Je les occupe, juste. L'art-thérapie n'est pas vraiment reconnue, pour l'instant. On m'invite à la fin des réunions d'équipe, les infis m'écoutent, en général, mais elles notent pas souvent ce que j'ai à raconter. Les médecins, bah... Ils sont pas encore mûrs, je suppose. Ça viendra peut-être.

Elle leva un dessin vers la lumière, qui représentait plusieurs taches rouges et une tache bleue. Laura y vit un instant l'empreinte d'un fantôme, puis se traita d'idiote. On pouvait voir n'importe quoi, n'importe où, avec un excès d'imagination.

— C'est fou, poursuivit-elle cependant. Je pensais qu'analyser les dessins... c'était assez basique, dans la branche. Mais c'est vrai que je n'y connais rien.

— Certains dessins, sûrement. Et si le docteur Slavek était toujours vivant, je suis sûre qu'il s'y intéresserait. D'autant qu'il y a pas mal de portraits de lui, dans le tas. Mais ceux qui restent... ils n'ont pas tellement le temps, je suppose, surtout en ce moment. Ils voient plus ça comme... une sorte de défoulement pour les patients. Pas une source d'information.

Laura contrôla sa respiration.

— Il y a des portraits du docteur Slavek ? Vraiment ?

— Oui, regardez.

Elle lui exhiba une peinture de plus, qui représentait un personnage difforme, dans les bleus et les gris. Laura faillit demander si celui qui l'avait peint était toujours vivant, se retint in extremis.

— Bon, faut savoir que c'est lui, je suppose, poursuivit Diane. Mais l'artiste est formel. Et j'en ai une douzaine d'autres. C'est un thème à la mode.

Le pire se confirmait.

— Vous n'avez pas connu le docteur Slavek, osa la légiste.

— Non. Ça ne fait que quatre mois que je bosse à cet étage. Je l'ai aperçu, une fois ou l'autre, dans les couloirs, quand j'étais stagiaire chez les dépressifs. Mais j'en ai beaucoup entendu parler, évidemment. Encore aujourd'hui, et pas seulement dans des portraits ratés.

— Ah oui ?

— Pour certains des patients, il n'est pas mort, vous savez. Son esprit est toujours présent.

Laura se composa un masque sceptique.

— Leur maladie comporte une propension à penser ce genre de choses, non ?

— D'habitude ce sont plutôt les extra-terrestres, le Diable, Jésus, des agents infiltrés de la Société ou des célébrités.

Laura fut un instant décontenancée de se retrouver citée en pareille compagnie.

— Mais le docteur Slavek était une sorte de célébrité, non ?

— Pour ses patients, certainement.

Diane eut un sourire tranquille, personnel, et Laura réprima un frisson.

— Ça doit vous affecter, tous ces suicides... Vous deviez connaître certains des patients qui sont morts.

La jeune fille se rembrunit et hocha la tête.

— À peine. En fait, jusqu'à la semaine passée, il n'y avait plus d'activités. C'est sûr que quand ils sont en groupe, ils peuvent se parler, et puis parfois, l'un ou l'autre fait une sortie plus frappante... Ça peut faire contagion. Je comprends bien qu'on ait préféré éviter qu'ils se montent la tête... Mais certains ne sont pas à risque, et ils devenaient agités, à force d'être confinés... Alors le docteur Hornet m'a permis de reprendre à petites doses, et avec les plus stables. On verra. Je ne fais que quelques heures, à cet étage. Je bosse surtout avec les petits vieux du rez de chaussée et les dépressifs du deuxième. Et ceux d'ici... ils sont quand même loin, en général. Pas évident de tisser du lien.

Son regard se perdit un moment dans le vide.

— Mais on apprend à vivre avec la mort, dans ce métier. C'est sûr que ce n'est pas donné à tout le monde.

— A qui le dites-vous, murmura Laura en feignant un sourire.

Diane sembla seulement se souvenir d'à qui elle parlait et lâcha un bref rire.

— Moi je crois que ce n'est qu'un passage, commença la jeune fille. D'ici à ailleurs. Un ailleurs qui n'est peut-être pas aussi défini...

Elle s'interrompit comme la porte s'ouvrait à nouveau, cette fois sur le docteur Hornet. Il parut surpris de les trouver là, en pleine conversation.

— Docteur Woodward, murmura-t-il en lui adressant un signe de tête.

Il paraissait embarrassé et Laura devina qu'il aurait voulu lui parler en privé. Elle empila les dossiers et se leva pour le rejoindre dans le couloir.

— Vous allez mieux, remarqua-t-il lorsqu'ils furent en tête à tête.

— Oui, merci de votre aide.

Il pinça les lèvres, lisant sans doute les signes de sa nuit blanche à ses cernes, son teint blafard, une certaine tension dans sa posture. Elle se promit d'investir dans un nécessaire de maquillage adapté, mais c'était trop tard pour cette fois.

— Vous devriez emporter les dossiers, finit-il par dire. Je comprends votre surcharge... Je ne veux pas m'en faire complice. Jonathan aurait compris.

— J'ai presque terminé, protesta Laura. C'est juste... l'écriture du docteur Thornberg.

Hornet ne put cacher une ombre de sourire.

— Ah. Je comprends... Il n'est pas là aujourd'hui, c'est dommage, je lui aurais demandé de vous traduire. Je suppose que ça doit poser problème pour tous ses dossiers, pas seulement ceux-là. Je m'en voudrais de vous faire revenir... Je peux peut-être jeter un oeil ? Je commence à m'en sortir.

Laura resta silencieuse une seconde. La fatigue l'empêchait de penser droit, mais elle avait besoin, absolument besoin, d'une excuse pour revenir.

— Ne vous embêtez pas, balbutia-t-elle devant son air interrogateur. Je peux repasser demain. Ça me permettra de préparer un peu la question, de lister les abréviations problématiques.

Le psychiatre la dévisagea, incertain. Il soupçonnait d'autres motifs, bien sûr, Laura en était persuadée, mais comment aurait-il pu deviner ?

— D'accord, céda-t-il. Je verrai avec Jens. Il est de garde à partir de demain, je lui dirai de vous trouver un moment.

— Merci.

Hornet jeta un coup d'oeil derrière son épaule, vers la cafétéria où l'animatrice continuait son travail. À son expression, Laura devina qu'il était soucieux, mais elle ne poussa pas son avantage. Ils échangèrent leurs numéros de portable pour faciliter les échanges, puis la légiste leva le camp, déçue, soulagée, épuisée, avec un espoir de dormir et de revenir plus forte le lendemain. 


En quittant Butterfly, Laura avait la certitude que cette Diane se doutait de quelque chose. Ou qu'elle savait quelque chose. Après tout, pourquoi penser que Jonathan ne lui était apparu qu'à elle, en dehors de ses patients ? Il n'était pas impossible qu'il se soit montré à James Hornet ou à leur infirmière-chef, peut-être était-ce même la raison du départ précipité de Susanne Renoir. Qui aurait osé verbaliser l'impossible, mentionner ce qu'il avait vu au détour d'un couloir ?

Avant de reprendre la route, la légiste observa un moment les murs aveugles et la cime des arbres qui dissimulaient l'hôpital psychiatrique aux regards. Une part d'elle-même aurait voulu y rester encore, jusqu'à satiété, mais une autre était bien contente de pouvoir le fuir et d'y laisser ces mystères.

Tout en repartant vers sa campagne, elle songea à cet étrange détachement avec une pointe de déception. Autrefois, cette affaire l'aurait mise en fureur. Aujourd'hui, elle la traitait avec stupeur mais aussi résignation. Il y avait un fantôme à Butterfly. Le nier n'aurait servi à rien. S'insurger, maudire, tempêter, pas davantage. Le monde avait gagné quelques dimensions supplémentaires, un nouveau règne en quelque sorte, qui n'était ni animal, ni végétal. Le règne des autres. Indéfinissable et dangereux parce qu'obéissant à des lois inconnues et peut-être incontrôlables.

Laura ne pouvait faire qu'une chose : tenter de l'appréhender pour mieux le cerner, et mieux s'en protéger. Elle songea à William Willis, le savant qui avait poursuivi Ubis toute sa vie, persuadé qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être, un simple quidam dans une ville provinciale. Il s'était usé à rassembler des preuves, avait publié des livres obscurs, puis terminé la risée du pays. Elle ne se sentait pas l'âme d'un croisé, une volonté d'exposer l'ombre aux yeux de tous, bien au contraire.

D'autres avaient dû essayer, au fil des siècles, mais cela n'avait jamais vraiment marché, en dehors de la persistance d'une croyance désincarnée en des dieux distants. Allan aurait dit que la réponse était en haut, chez l'armée du Dieu unique, qui veillait à la destruction progressive de tout être n'appartenant pas à son dogme. En cela, il y avait probablement de moins en moins de monstres et ceux qui restaient se faisaient de plus en plus petits.

La raison principale pour laquelle Laura ne voulait pas jouer à ce petit jeu, c'est qu'elle avait préféré l'ignorance, et elle refusait que ces créatures envahissent sa vie. Allan pouvait être un dieu, mais c'était tant pis pour lui. De ce qu'elle en savait, de toute façon, ils étaient sur la même longueur d'ondes, sans désir de répandre cette triste information.

Elle dépassa un camion surchargé, entra dans une zone d'autoroute où il n'y avait pas la moindre lumière, et les phares bleutés de sa petite voiture vrillèrent l'obscurité. A gauche et à droite de la route, des buissons d'épineux formaient une frontière entre la civilisation et la campagne, canalisant le flux des véhicules. Il ne restait guère de nature sauvage aussi près de Murmay : tout était champs, hangars, parkings et entreprises. Laura elle-même vivait dans une des premières poches de verdure après la zone urbaine. On voyait le toit d'une usine depuis le fond du jardin et le bruit du chemin de fer lui parvenait par vent du nord.

Elle bifurqua bientôt sur la bretelle de sortie et traversa le village de Ververy. Il faisait désormais complètement noir. Le ciel s'était voilé en dépit de la chaleur, sans doute l'orage ne tarderait-il plus. Elle dépassa les dernières maisons, la pompe à essence et sa boutique toujours ouverte, puis se glissa sous les frondaisons des grands arbres du petit bois avant de déboucher entre deux champs. Une moissonneuse était à l'ouvrage dans les ténèbres, à la sauvette avant l'averse. De ce que lui avait dit son voisin, la saison était humide, mauvaise, il fallait profiter du moindre instant de sécheresse pour sauver son blé. Sans doute devrait-elle emporter le ronronnement des machines dans son sommeil.

Mais la juste dose de Valium efface tout, les ruminations et le tonnerre comme le vacarme agricole, et Laura s'offrit une nuit de sommeil artificielle à l'aide d'un comprimé tout juste périmé. 

Simple précaution.

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