𝙏𝙒𝙊 𝙒𝙀𝙀𝙆𝙎 𝙏𝙊 𝙋𝙍𝙀...

By kradrissap

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𝑯𝒊𝒌𝒂𝒓𝒊 𝑺𝒖𝒏𝒂, une romantique dans l'âme, amoureuse des rom-coms et de son chat, ne sait plus où elle... More

𝙰𝚅𝙰𝙽𝚃-𝙿𝚁𝙾𝙿𝙾𝚂

𝚃𝚠𝚘 𝚆𝚎𝚎𝚔𝚜 𝚃𝚘 𝙿𝚛𝚎𝚝𝚎𝚗𝚍

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By kradrissap

۵ · ◦ ◦ · ۵

Hikari Suna :

- Je t'aime Anais, murmurait l'homme de l'autre côté de l'écran de la télévision que je fixais avidement.

Pourquoi les films de Noël avaient toujours le même scénario ? Pourquoi je ne pouvais m'empêcher d'y être accro ? Et pourquoi ils ne se passaient jamais dans la réalité ?

Je veux dire, connaissez-vous UNE personne ayant vécu ce genre de compte de fées ?

La brune aux belles boucles face à lui posa un doigt sur sa bouche. Elle avait un beau profil, son nez droit était parfait et ses lèvres pulpeuses s'entrouvrirent légèrement.

- Chut... Je ne peux pas t'ai-

Un bruit sourd retentit coupant la phrase de la femme, et ma concentration au passage. Le chahut venait du jardin de mon frère. J'ai baissé le son alors que la voix de la femme se noyait doucement dans le vacarme ambulant. Je me suis relevée en grommelant sans pour autant quitter l'écran de mes yeux, trop concentrée sur ce qui se passait entre les personnages qui s'embrassaient maintenant langoureusement.

La porte d'entrée s'est ouverte brusquement. Mon frère rentra dans le salon, ses cheveux marrons foncé virant au noir, plaqués sur son crâne, à l'exception de quelques mèches rebelles qui rendaient sa coiffure aléatoire. Ses yeux jaunes éternellement plissés, signe courant de sa flemme à toute épreuve détaillaient l'intérieur du lieu.

Mon regard s'était détaché de mon écran pour le fixer, ahuri.

Il renifla avec dédain en observant le bazar d'habits et assiettes que je n'avais toujours pas rangé depuis mon arrivée.

- On a besoin de toi, Hikari, m'annonça-t-il de but en blanc, avec sa voix monotone et froide, comme si j'étais une personne quelconque a qui il donnait des ordres.

Bonjour d'abord ?

Dans un geste dramatique, j'ai soufflé tout en me laissant retomber contre le dossier du canapé, pas le moins du monde impressionnée par son intervention. C'était du Rintaro tout craché ça, venir jouer le mec mystérieux.

En plus, j'étais à fond dans mon film...

Il m'a jeté un regard noir et glacial afin de m'inciter à m'exécuter sans plus de cérémonie, avant de se détourner pour quitter la pièce.

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression de retomber en enfance, marmonnais-je en roulant des yeux.

J'avais le sentiment d'être une petite fille qui allait vilainement se faire gronder. Pourtant je n'avais rien fais pour provoquer la colère de mon jumeau.

Ça devait juste être quelque chose pour laquelle il avait réellement besoin de moi.

Je me suis levée en jetant un triste coup d'œil vers mon film mis en pause, pour aller mettre mon peignoir ainsi que mes chaussons avant de quitter le petit studio en direction de la maison principale.

C'était la troisième fois que je le voyais en deux jours. Depuis que j'étais arrivée, il avait à peine daigné montrer le bout de son nez. Il faut croire qu'il était très occupé en cette période de fin d'année.

J'avouais être un peu sur le cul à cause de son ordre et de la façon dont il gardait le mystère autour de ce fameux service. Il me connaissait sur le bout des doigts, et savait que j'étais de nature très curieuse. Et il venait de piquer ma curiosité en instaurant cette atmosphère mystérieuse.

La silhouette de Rintaro avait disparu derrière la grande variété d'arbres qui constituaient son jardin. A côté de la piscine à la droite de l'entrée, je pus voir un homme couper une grosse branche d'arbre avec une hache. Une autre branche jonchait le sol, elle devait être la responsable du bruit sourd antérieur. Et les coups infinis de hache sur le bois étaient la raison du vacarme qui ne s'arrêtait pas.

Je me suis renfrognée en fourrant mes mains dans mes poches et cachant ma tête entre mes épaules.

J'aurais dû m'en douter au lieu de penser à une attaque de martiens.

J'ai traversé la petite forêt d'arbres tropicaux en regrettant de ne pas avoir mis quelque chose de plus léger.

- Satané jour le plus long de l'année, pestais-je en sentant mes pieds devenir moites dans mes crocs.

Le 21 Décembre était en effet, le jour le plus long de l'année dans l'hémisphère sud. Et qu'est-ce que je regrettais le froid polaire du mois de décembre au Japon.

Ici, c'était la canicule; pas que j'allais me plaindre de passer ma journée en maillot de bain et à bronzer, mais ce n'était pas très motivant.

Alors que j'étais principalement venue ici en quête de l'inconnu et de changement, et non pour prendre des vacances. La météo m'incitait plus à jouer au lézard toute la journée qu'à l'aventurière courageuse.

J'attrapais mes cheveux bruns foncé qui se collaient à ma nuque et les attachais en un chignon à la va vite.

Je suis arrivée sur le perron de la cuisine, j'ai retiré mes chaussures puis fermé la porte. Le frais de la maison m'assaillit directement et je soupirais de bien être.

Qu'est-ce que j'aimais le froid parfois.

- Tu te manies ? M'engueulait mon frère, dont la voix provenait de la salle à manger.

Je tournais ma tête vers le salon où il faisait encore noir. Les rideaux n'étaient toujours pas ouverts et mes yeux avaient besoin de s'habituer à la pénombre.

J'ai traîné du pas pour le rejoindre dans la pièce avoisinant le salon. La lumière filtrait au travers d'un rideau d'une fenêtre, faisant qu'on y voyait déjà un peu mieux.

- Tu joues au vampire ? Ricanais-je en m'asseyant à la table à laquelle il était assis.

Il ouvrait sa bouche pour râler. Mais une silhouette inconnue se mouvait dans la pénombre attrapant mon attention au passage. Un garçon aux cheveux gris sortit de la cuisine, deux tasses de café à la main. Il m'a observé quelques secondes avec dépit.

- C'est ça ton idée, Rintaro ? S'est-il étonné en s'asseyant à son tour, aux côtés de mon frère.

Sa remarque venait de faire mouche dans mon esprit, et elle avait fauché mon égo au passage.

Mes yeux se plissèrent et mes traits se tordirent de colère pendant qu'ils se mettaient à siroter leurs boissons chaudes.

Étais-je censée être sourde ? Ou avaient-ils besoin de moi pour jouer le poteau de corner ?

Ils maintenaient leur secret et choisissaient d'ignorer mes regards insistants.

Je commençais réellement à être agacée, à force de rester dans l'ignorance, et mon frère le savait pertinemment et aimait s'en jouer.

- Ça, est un être humain, affirmais-je vexée. Et une personne qui t'entend, ajoutais-je à l'adresse de l'inconnu. Je ne suis pas venue pour vous regarder boire un café, m'indignais-je.

Cet homme qui devait avoir notre âge me disait quelque chose, mais je n'arrivais pas à poser la main sur son identité. Il devait être un des collègues à mon frère ou un vieux pote. Pourtant, de ce que je me souvenais, il avait des cheveux blonds.

- Tu voulais de l'aventure, non ? M'interrompit Rintaro avec désinvolte.

J'ai arrêté de maudire l'homme pour tourner un regard curieux vers lui.

Sa remarque était sérieuse mais avec une pointe de moquerie dedans.

Il avait définitivement réussi à piquer ma curiosité.

- On aurait besoin de toi, pendant les prochains jours, reprit-il avec sérieux.

- Voir semaines, corrigeait son acolyte.

Ma bouche s'entrouvrit légèrement pendant qu'ils se jetaient des regard furtifs entre eux.

La tension était palpable dans la pièce, c'était comme si ils allaient me lâcher une bombe entre les mains.

Ils pesaient le pour et le contre pour la dernière fois, sans échanger de mots, seulement grâce à l'aide de leurs yeux avant que Rintaro ne rompe leur contact.

J'assistais à cette scène silencieusement. J'analysais chacune des mimiques de mon frère et de son invité.

- La douane en a après lui, finit-il par dire en pointant son ami du doigt.

Ma bouche s'ouvrit grandement, abasourdie.

Comment avait-il pu attirer les regards de la douane Australienne ?

Le gris grimaçait pendant que je reposais mon regard sur lui. Je l'ai détaillé quelques secondes. Sa frange grise était tournée vers la gauche, ses yeux de la même couleur me fixaient avec appréhension. Pourtant, son attitude était nonchalante, voir de marbre.

Il est bien le pote de Rin, décrétais-je.

Il avait un corps musclé et travaillé, il était grand de taille et ses lèvres étaient plissées pour former une espèce de moue gênée, peut-être que je le fixais un peu trop.

- Je veux bien, mais qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? Demandais-je en me tournant vers mon jumeau.

- Tu comptes bien passer les fêtes ici ? M'interrogea son ami en coupant mon frère qui cherchait une réponse adéquate.

Je l'ai sondé quelques secondes avant d'acquiescer. Plusieurs schémas s'étaient formés dans ma tête, et sans le réaliser, je commençais à comprendre où ils voulaient en venir.

En l'espace d'une seconde, tout devint plus clair dans ma tête.

- Tu veux que je fasse semblant de sortir avec lui ? Saisis-je en brisant cette tension qui se dégonfla comme un ballon de baudruche.

Ils m'ont tout les deux fixés dépités.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Osamu Miya :

- T'es sûre de toi ? Répétait Suna pour la deuxième fois.

Il fixait sa sœur décontenancé. Elle l'avait vraiment pris au dépourvu en acceptant notre requête.

- Tu vas devoir mentir aux autorités, Hikari, lui rappela-t-il. Et tu vas être surveillée pratiquement tout le temps.

Elle a haussé ses épaules avec leste.

- Je ne fais rien de mal en faisant semblant de l'aimer...

Il manquait une case à cette fille.

Elle m'a désigné d'un signe de tête. Ses yeux ont glissé sur moi pendant une fraction de seconde avant de se reposer sur mon meilleur ami.

- En revanche, j'aimerais bien savoir ce qu'il a fait pour en arriver là.

Elle m'a pointé du doigt avec dédain.

C'était officiel, je ne faisais plus parti de cette conversation, bien que j'en étais le coeur.

Rintaro m'a jeté un bref coup d'œil pour me demander mon approbation avant de secouer sa tête sans même attendre mon avis.

- Non.

- Comment ça, non ! S'indigna-t-elle. Si tu veux que je l'aide, j'aimerais au moins savoir ce qu'il a fait ! Vous me devez bien ça avant de me foutre dans la merde !

Elle était un peu trop dramatique. Ça se voyait à des kilomètre qu'elle faisait exprès d'en faire des tonnes. Elle s'attendait à cette réponse de la part de son frère. Elle espérait juste m'impressionner et me faire accepter de lui donner une réponse.

Au fond, elle était juste curieuse de savoir ce qui m'était arrivé. Elle n'avait en aucun cas peur de sa peau.

- Laisse Rin, m'interposais-je, si je voulais qu'elle m'aide, mieux valait aller sans son sens. Mon frère s'est mis dans de salles affaires, sans être réellement responsable de ce qu'on lui reproche. Depuis qu'on a posé nos pieds sur le sol Australien, la douane nous a à l'œil, il est actuellement en garde à vue. Ils croient que je suis son acolyte dans cette histoire. Et ils voulaient connaître la raison de notre venue.

Elle me regardait attentivement et semblait boire mes paroles. J'ai détourné le regard pour fixer un tableau accroché sur un mur.

- Bien sur, l'abruti n'a rien trouvé de mieux que dire que j'allais me marier. Enfin, que je venais faire ma demande en mariage... C'est pourquoi j'ai deux semaines à compter de demain pour trouver quelqu'un, me proposer à cette personne et me marier afin qu'on ne soit pas poursuivi dans le monde entier.

- Je dois... t'épouser ? Fit-elle en clignant des yeux.

Une moue de dégoût rejoint sa mine surprise. Vexé, je me suis rembruni tout en lui jetant un regard noir acerbe.

Elle pouvait quand même faire semblant d'être contente.

Son regard s'est perdu sur la table en bois sur laquelle ses bras reposaient. Un combat semblait faire rage dans sa tête. Puis finalement elle a posé son regard jaune ne laissant paraître aucune émotion sur moi.

- Pourquoi pas...

J'avais la mauvaise impression qu'elle ne faisait pas ça pour moi. Elle voulait juste s'amuser. Et le fait qu'elle prenne ceci à la rigolade me laissait un amer arrière goût dans ma bouche.

Elle s'est levée pour se diriger vers la cuisine. Elle a ouvert les volets électriques pendant qu'on se regardait avec mon meilleur ami.

- T'es sur que c'était une bonne idée ? Risquais-je à demander dans un murmure.

- D'ailleurs ! Me coupa la brune en réapparaissant. C'est quoi ton prénom ?

Je pris ma tête entre mes mains.

Était-elle réellement la personne à qui on venait de mettre mon destin entre les mains ?

- Miya Osamu, grognais-je.

- Mmmh... Ok.

Elle disparut à nouveau nous laissant seuls à regarder l'espace où elle se situait quelques instants plutôt.

Rintaro a haussé ses épaules.

- T'en avais une meilleure ? Et puis elle s'ennuyait. T'inquiète qu'elle va se prêter au jeu, affirma-t-il en se levant à son tour et me donnant une légère tape sur l'épaule.

Le sujet semblait donc clos.

J'ai soupiré, à moitié soulagé et à moitié dépassé par les événements -et les Suna-.

2 semaines pour faire semblant et convaincre tout le monde que nous sommes amoureux.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Hikari Suna :

Je n'avais jamais assisté une table aussi remplie. Sa surface était pleine à craquer de plats tous plus imposants les uns que les autres. Et autour d'elle se trouvait une bonne vingtaine de personnes qui m'étaient quasiment toutes inconnues.

Je jetais un regard furtif vers Yüna, ma meilleure amie. Ses longs cheveux blonds étaient rassemblés en une élégante tresse qu'elle avait attaché pour faire un chignon. Elle discutait avec un vieil homme qui devait être un proche de Osamu. A part mon frère, mon amie et un cousin, je ne connaissais personne ici.

Et pourtant, j'étais toujours autant surprise du nombre de personnes ayant répondu présent à l'inviterions si tardive des garçons.

Cette soirée de Noël était l'annonce officielle de notre -faux- engagement.

Trois garçons possédaient l'âge de mon frère et d'Osamu; apparement, ils étaient de vieux amis.

Ensuite, il y avait de la famille et des connaissances du gris ainsi que son frère jumeau qui était une vraie andouille, comme me l'avait indiqué Rintaro. Ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eaux, et finalement, je n'avais pas eu tort de penser qu'Osamu était censé être blond car son frère l'était.

Et la familiarité avec laquelle il s'était adressé à moi en début de soirée m'avait laissée sur le cul. Mais apparement on devait se connaître depuis des années...

Dans tout ce beau petit monde, se trouvait un homme à une allure glaciale et calculatrice. Il observait chaque invités en silence et son regard me faisait froid dans le dos.

Il était l'homme envoyé par l'état afin d'enquêter sur notre relation.

Je secouais légèrement ma tête en m'asseyant à mon tour à ma place. Certains convives étaient encore debout et discutaient pendant que d'autres avaient choisi de s'asseoir.

J'ai glissé mon regard vers Osamu qui riait à gorge déployée avec un de ses anciens camarades d'école. Il était juste à côté de moi, on était évidemment tout les deux assis en bout de table.

Yüna prit place peu après à mes côtés.
Elle semblait parfaitement dans son élément, elle discutait avec toutes les personnes qu'elle croisait, elle adressait de grands sourires tendres et aimables et n'hésitait pas à faire des blagues pour mettre à l'aise ses interlocuteurs.

Elle m'apportait un immense soutien, rien qu'en me jetant un coup d'œil ou un coup de pied sous la table.

Heureusement que c'était prévu qu'elle nous rejoigne pour ce repas, cela facilitait grandement la couverture de mon faux couple.

Je sentis une main se glisser sur ma cuisse, me faisant frissonner malgré moi. J'ai tourné un regard curieux vers Osamu qui me fixait avec tendresse.

Il jouait parfaitement bien le rôle du mec parfait et amoureux.

Non, on ne risquait absolument pas d'être démasqués. Surtout si je continuais à lui sourire et à le regarder dans le blanc des yeux de la sorte.

Lentement, j'ai entrouverts mes lèvres pour lui murmurer des mots doux.

- Tu es magnifique ce soir, chéri.

Je me délectais de mon jeu d'actrice. J'adorais raconter toutes sortes de choses en essayant de le déstabiliser un maximum. Mais à aucun moment de la soirée j'avais réussi à pouvoir voir un éclair de surprise traverser ses pupilles, même pour une seconde.

Délicatement, j'ai détaché mon regard du sien pour le tourner vers la table et nos invités.

- Nous pouvons procéder au dîner, annonça Osamu d'une voix forte.

Chacun se jeta sur les plats disposés sur la jolie nappe blanche. Le gris a retiré sa main de ma cuisse pour à son tour se servir. Yüna me passa une assiette d'un plat à la bonne odeur sans que j'en connaisse le nom, dont je pris une cuillère.

- Quand aura lieu la cérémonie ? Interrogea une vieille femme, interrompant toutes les conversations.

Lentement, un silence naquit autour de la table en attendant une réponse de ma part, ou de celle du gris.

Inspire, expire. C'est comme on l'a répété.

Je maudissais de tout mon être Osamu à qui j'avais à peine pu parler depuis mercredi, depuis que j'avais accepté sa requête. Je m'étais faite embarquée dans toutes sortes de missions pour une futur mariée et il avait réussi à disparaître pendant ces trois derniers jours.

Le seul mot de sa part était le petit papier où il m'avait souhaité bonne chance pour la suite, qu'il avait déposé avec soin hier soir derrière ma porte. Juste à côté de la petite boîte bleu marine dans laquelle reposait la bague en or, sertie d'un diamant 1.0 carat que je portais actuellement au doigt.

C'était seulement en début d'après-midi qu'on avait pu échanger deux mots au sujet de ce qu'on allait annoncer ce soir. Ou même pour parler de toute cette folie. Je ne connaissais presque rien sur lui. Mis à part qu'il adore le volley-ball comme mon frère et qu'ils étaient dans le même lycée.

Je sortis de ma transe à cause du violent coup de pied que me fourra Yüna après quelques secondes de silence.

- On... On pensait attendre que l'année débute avant le mariage... balbutiais-je. Ça se passera aux alentours du 5 Janvier.

Un doux sourire étira mes lèvres en fin de phrase.

La vieille dame acquiesça d'un air émerveillé. Lentement, elle a tourné sa tête vers un homme qui devait avoir son âge, elle lui dit quelque chose sans que je puisse entendre quoi que ce soit. Le bruit environnant des conversations reprenait son cours sans plus de cérémonie.

- Fais attention, me glissa ma meilleure amie en grimaçant. Ne panique pas, ok ? C'est pas ton genre, me taquina-t-elle.

C'est aussi pas mon genre de me marier à un parfait inconnu, rétorquais-je mentalement.

- Je ne panique pas, marmonnais-je en roulant des yeux.

Je soupirais pendant que je sentais une main épaisse et sèche envelopper mes doigts qui reposaient sur l'accoudoir de ma chaise.

Lentement, j'ai tourné mon regard vers Osamu qui me jeta un regard confiant. En une fraction de seconde, la colère que je ressentais s'apaisa. J'avais l'impression de comprendre ce qu'il me disait, et ce sentiment me réchauffa le cœur.

- Tu t'en sors très bien, me glissa-t-il.

- Merci, répondis-je avec un sourire malicieux.

Et ce n'était également pas mon genre de sentir mon ventre se tordre de la sorte, comme une gamine de 15 ans.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Hikari Suna :

La soirée s'était passée exactement comme prévu. Aucun égard de la part de qui que ce soit avait chamboulé nos plans et tout les invités avaient pris à merveille la nouvelle du mariage, même si la plupart était déjà au courant en arrivant.

- Ça va être mon tour de vous tirer ma révérence ! Saluais-je les dernières personnes présentes dans le salon après être sortie de mes pensées.

Mes paupières commençaient à se faire lourdes et je craignais de m'endormir d'ennui à cause des discussions sans grands intérêts qui fusaient.

Je me suis levée du fauteuil noir en cuir de mon frère. J'ai épousseté ma robe dorée que Yüna m'avait choisi pour l'occasion.

Il ne restait plus que Rintaro, Osamu, son frère et leurs vieux amis du lycée que j'avais appris à connaître au cours de la soirée.

Ils acquiescèrent et me saluèrent avec de grands sourires. J'ai essayé d'ignorer le regard glacial de Mr Tarakashi, l'homme qui enquêtait sur moi et mon futur époux. Il était assis dans un coin et n'avait pas ouvert la bouche une seule fois, même quand j'avais essayé de lui faire une blague pour détendre l'atmosphère.

J'étais naturellement à l'aise avec tout le monde, mais cet homme me poussait à puiser dans mes ressources pour trouver une remarque qui lui plaisait, et ça avait l'air impossible.

Je progressais vers la salle à manger quand Osamu m'interpella :

- Attends moi chérie !

Un éternel frisson me parcourut, je n'étais toujours pas habituée à ce qu'il m'appelle de la sorte, bien que j'avais proposé cette idée, celle où se donnait des surnoms.

Je me suis tournée vers le groupe d'hommes. Il s'était relevé et zigzaguait entre les fauteuils et la table basse.

Une fois arrivé à mon niveau, il a posé une main au creux de ma hanche.

Je me suis légèrement raidie sur place sans pour autant abandonner mon sourire amusé, collé à mes lèvres.

- Tout s'est bien passé ? M'a-t-il demandé avec douceur, une fois qu'on était sorti de la maison.

On arpentait le petit sentier entouré par la verdure, éclairés par la faible lumière de la lune.

- Tu t'inquiètes pour moi ? Le taquinais-je en tournant ma tête vers la sienne.

Une certaine malice brillait dans mes yeux alors que je le voyais commencer à se raidir. Il a subitement retiré sa main, semblant mal à l'aise. Il serrait ses poings, éventuel signe que j'arrivais à l'agacer.

- Ne t'inquiète pas, c'est moi qui ai accepté de t'aider. Je suis censée être celle qui s'inquiète pour toi, renchéris-je.

Il roulait des yeux et je pouvais voir les muscles de sa mâchoire saillir. On finit par arriver devant le studio.

- À plus !

J'ouvrais la porte pour entrer dans le petit hall, je retirais mes chaussures en soupirant avant de me figer en voyant deux grandes valises déposées dans un coin. L'une était d'un gris sobre, l'autre était noire de taille classique.

- Qu'est-ce que tu racontes ? S'amusait le gris.

Pour la première fois, depuis que je le connaissais, je le voyais sourire mesquinement, enfin non, ce sourire il l'avait déjà adressé un millier de fois à son frère ce soir. Mais à moi ? Jamais.

Je retins ma respiration en le voyant entrer à l'intérieur.

- On dort ensemble à partir de ce soir, m'annonça-t-il visiblement heureux de voir mon visage se décomposer.

C'était une blague, n'est-ce pas ?

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Osamu Miya :

Jamais j'avais autant apprécié de voir la gueule de quelqu'un d'autre que Tsumu se décomposer de la sorte.

Hikari était réellement agaçante, elle trouvait toujours une réponse à tout et ça avait le don de m'énerver beaucoup plus que ce que j'aimerais.

Pouvoir la laisser sans voix sans même le faire exprès était jouissif.

- On est censé se marier dans moins de deux semaines, expliquais-je avec un sourire en coin.

J'ai pris ma valise grise qui attendait quelque part pour m'approcher de sa chambre.

- Et tu ferais mieux de ranger tout ça. L'enquêteur va dormir dans la chambre d'à côté.

- Quoi ? S'insurgea-t-elle en surgissant dans la chambre dans laquelle résidaient toutes ses affaires. Hors de question !

Je roulais des yeux.

- Tu n'as qu'à aller lui dire ça, proposais-je. Dépêche toi en revanche, je doute qu'il ne tarde trop à arriver.

Je sortais toutes mes affaires de la valise pour les fourrer dans le placard qui regorgeait déjà d'affaires appartenant à la brune.

Je l'entendais lâcher un cri de rage après avoir claqué la porte.

Je balançais des affaires salles dans le panier à linge et positionnait ma brosse à dent et mon gel douche dans la petite salle de bain juste à côté.

Elle est entrée dans la chambre comme une tempête en balançant tout dans un coin. Tout représentait les objets et vêtements qu'elle avait laissé traîner dans le salon depuis qu'elle était arrivée.

- Et Yüna dans tout ça ?

- Elle a pris mon ancienne chambre.

- Elle le savait ? S'enflammait ma future épouse. Je vais lui faire bouffer ses cheveux.

- T'es trop dramatique, dis-je ennuyé. Ce n'est pas la fin du monde, ce lit est suffisamment grand pour...

La porte d'entrée claqua brusquement ne me laissant pas finir ma phrase qui avait provoqué des rougeurs sur les joues de la brune.

On s'est tout les deux figés.

- Fonce dans la salle de bain, marmonnais-je en sortant de la chambre qui était dans une pagaille sans nom. Oh monsieur Tarakashi ! Vous voilà. J'allais apporter votre valise dans votre chambre.

- Miya, bonsoir. Ne vous inquiétez pas pour moi.

Mais j'avais déjà pris sa valise que je faisais rouler jusqu'à sa chambre, voisine à la notre.

J'ai donné un coup de pied dans un t-shirt qui jonchait le sol pour l'envoyer dans un coin. Je le récupérerai juste après.

Je suis entré dans la pièce que j'ai éclairé.

- Voilà...votre salle de bain est ici, j'ouvrais une porte pour lui montrer la salle d'eau. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à nous demander, je fis un signe vers la chambre dans laquelle j'allais dormir ce soir.

Il a acquiescé tout en observant la pièce de son regard analyste.

Je me suis baissé puis je suis sorti de la pièce en fermant délicatement la porte.

J'ai récupéré le t-shirt qui traînait ainsi qu'un des soutifs de la noiraude.

- Tiens, je lui ai lancé ses affaires à la figure.

Elle était étalée sur notre lit à jouer à l'étoile de mer. Elle fixait le plafond distraite avant de sursauter à cause de mes projectiles.

Elle s'est redressée choquée.

- T'as pas osé ?

- Osé quoi ? Demandais-je innocemment.

Elle s'est levée en bougonnant quelque chose.

"Tu devrais avoir honte" était ce que j'avais compris.

Elle s'est enfermée dans la salle de bain et a allumé la douche.

J'ai soupiré en me laissant tomber lourdement sur le lit king size. La nuit allait être longue.

Après plusieurs minutes, la porte s'est rouverte. De la vapeur a pénétré la pièce et la brune en sortit, seulement enroulée dans une serviette. Ses longs cheveux noirs trempés étaient remontés en un chignon exécuté à la va vite.

Je me suis extirpé des draps pour aller me laver à mon tour en vitesse.

Quand j'eu finis de me sécher, j'ai regagné notre chambre.

Hikari semblait dormir profondément alors après m'être habillé d'un caleçon et d'un t-shirt, je me suis glissé sous la couette pour pouvoir aller me coucher à mon tour.

Je me suis tortillé pendant quelques minutes en essayant de trouver la position la plus adéquate mais rien à faire, je n'arrivais pas à m'endormir, et la présence de la noiraude à mes côtés ne m'aidait pas.

Je fixais le plafond mal à l'aise quand elle s'est tournée vers moi. Elle faisait semblant de dormir depuis le début ?

- Ça va être comme ça pendant 2 semaines ? Chuchota-t-elle.

- Oui.

Elle a soupiré en se retournant dans sa position initiale.

Elle s'attendait à quoi comme réponse ?!

- Tu n'avais qu'à pas accepter, rétorquais-je amusé. Je comprends toujours pas ce que ça t'apporte. Même Rintaro était surpris que tu acceptes.

Elle a lâché un énième soupir de lassitude, elle s'est remise sur le côté en calant sa tête sur son poignet.

- J'ai démissionné il y'a maintenant 2 semaines de ma boite, commença-t-elle.

Je ne voyais vraiment pas où elle voulait en venir.

- Tu sais pourquoi ? M'interrogea-t-elle de sa voix douce.

- Non, grognais-je sans quitter le plafond des yeux.

- Parce que je m'ennuyais. Tout devenait trop répétitif. J'avais enfin atteint mon objectif, tout se passait bien. Mais... J'avais... besoin de détruire la vie parfaite que j'avais créé pendant des années. Il me manquait quelque chose que je n'arrive toujours pas à trouver et si j'ai choisi de partir, c'est parce que j'aimerais servir à autre chose que faire de l'argent.

Je l'écoutais attentivement, en sentant son souffle caresser mon biceps. Je fixais le plafond de manière stoïque et réfléchissait.

Ça n'avait aucun sens. Comment pouvait-on être à l'aise dans sa vie et le détruire ? C'était débile et immature.

- C'est stupide, décrétais-je.

- Pas autant que ton frère se trompant de valise à l'aéroport, rétorqua-t-elle en faisant allusion à la bêtise de Tsumu.

C'était cette valise qui nous avait mis dans cette situation. Remplie à bloc de produits illégaux. C'était un gros malin qui avait choisi de l'envoyer dans la soute à bagage. Évidemment que l'individu savait ce qu'il faisait. Les autorités Japonaises n'ont pas pu mettre la main sur la personne, alors, ils avaient décidé de laisser la valise dans l'avion pour voir qui allait la récupérer. Mon frère avait tout simplement cru que c'était sa valise.

Bien sûr que Tsumu s'était fait attraper comme un débutant par la douane australienne, lui qui essayait seulement de retrouver sa valise. Mais lui qui prend l'avion constamment pour le volley, il ne pensait pas que ça pouvait lui arriver.

- Ou veux-tu en venir ? Finis-je par dire. T'es quand même à la rue. T'as au moins un job de secours ?

Je l'entendis souffler avec force. Elle était visiblement énervée.

- J'étais la gérante de la boîte. Bien sûr que j'ai des économies. Je pense que j'ai bien plus d'argent que ce que tu pourrais gagner en 10 ans de travail acharné. Ce n'était pas le problème l'argent. J'aimerais juste faire quelque chose qui me plait. Je n'étais pas si heureuse que ça finalement. Je ne suis pas en quête d'aventure comme dit Rintaro, je cherche juste le métier dans lequel je pourrais m'épanouir. Je cherche une passion. Vous avez le volley vous, par exemple.

Je sentais de la déception dans sa voix. Elle s'est détournée de moi pour fixer le mur de son côté du lit.

- M'enfin, c'est compliqué à comprendre. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais ?

- C'est que maintenant que tu te poses la question ?

Elle ne m'a rien rétorqué. Elle semblait blessée, pourtant je n'avais rien fais.

Qu'est ce que c'est compliqué à comprendre les femmes.

À mon tour je me suis tourné vers le vide à côté de moi.

- Je tiens un magasin d'onigiris dans notre ville natale, au Japon... marmonnais-je.

Elle n'a pas bronché, ce qui m'a laissé supposer qu'elle s'était endormie. Ou alors elle voulait juste m'ignorer.

- Qu'est-ce que t'es venu faire ici ? Finit-elle par dire avec curiosité.

- Moi aussi, j'avais besoin de nouveauté. Je devais passer les fêtes ici avec Tsumu et Rin puis aller faire un safari.

- Stylé, commenta-t-elle imperceptiblement.

Sa voix n'était plus qu'un chuchotis, c'était si je ne l'avais pas imaginée. Je fermais mes yeux tout en songeant à ce qu'elle m'avait dit.

"J'aimerais juste faire quelque chose qui me plait"

- Si tout se passe bien, on pourrait le faire ensemble ce safari, proposais-je.

Même si elle avait sauté à pied joints dans cette situation et en connaissant les règles, je ne pouvais tout de même pas arrêter de penser qu'elle ne devait pas se retrouver ici. Je n'aurais pas du l'embarquer dans tout ça.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Hikari Suna :

J'étais allongée sur le matelas. Figée et rigide, de peur de faire un mouvement, je fixais le rideau blanc en face de moi. Je m'étais habituée à la pénombre de la pièce, et observais la douce lumière de la lune qui filtrait au travers du rideau.

Les seuls bruits qu'on entendait venaient de la pièce voisine, d'où on entendait l'eau qui coulait de la douche. Apparement, mr Tarakashi avait choisi d'en prendre une.

Une sensation familière me creusait les entrailles depuis quelques minutes, c'était un mélange de tristesse et de déception.

Sans le vouloir, j'avais été un peu froide avec Osamu. Mes émotions avaient pris le dessus et je n'avais pas réussi à lui faire comprendre autrement que j'étais blessée.

Pas par lui, mais par moi; par ma vie, mes décisions, mes choix et mes réactions. Je m'en voulais d'être autant sensible parfois et de mal réagir. Mais quelque part j'étais jalouse de lui.

Si je lui avais lancé une pique agacée sur ses revenus, c'était parce que j'essayais de me convaincre moi-même qu'avec de l'argent, j'allais être bien plus heureuse que sans même avec un bon travail.

Et pourtant, le gris semblait heureux, bien qu'il tenait un travail qui ne lui revenait pas trop.

Et ça me flanquait une déprime énorme quand on pensait à tout ce que j'avais sacrifié pour arriver là-bas. La directrice d'une des plus grandes firmes transnationales de Tokyo, c'était ce que j'avais décidé de quitter il y a maintenant plus d'une semaine.

Qu'est-ce que je détestais ce travail. Bien que je n'avais presque plus grand chose à faire et que j'étais pleine aux as, je n'avais jamais été autant heureuse et malheureuse en même temps.

La seule chose qui m'avait sauvé était Yüna. Sans elle, je serais quelque chose de tout à fait différent, j'ignorais quoi, mais j'en étais certaine.

Une autre personne s'immisça dans mon esprit, mais j'ai rapidement effacé son image minable.

Je ruminais sur mon existence et tout ce que j'avais pu rater jusqu'ici quand je me suis rendue compte que le gris avait quitté le lit.

Je ne l'avais presque pas entendu, mais le bruit de la porte m'avait décidée à me tourner pour voir sa silhouette dans le noir, refermant la porte.

Lentement je me suis relevée.

Où va-t-il encore ?

J'étais curieuse de savoir ce qu'il faisait, surtout qu'il était tard maintenant.

Je me suis extirpée du lit avant de mettre mon peignoir et mes pantoufles.

Je suis sortie en silence, pour éviter au mieux que l'agent d'état ne m'entende.

Qu'est-ce que je détestais cette sensation d'être constamment écoutée et surveillée.

J'ai regardé dans le salon puis dans la petite cuisine mais mon futur -faux- mari n'était pas là.

Alors j'ai décidé de sortir, peut être qu'il était allé prendre l'air ?

C'est là que je l'ai trouvé, assis, au bord de la piscine à regarder l'eau qui clapotait.

Les lumières du bassin avaient été éteintes depuis un bon bout de temps maintenant, si bien que seule la lumière de la lune se reflétait dessus. La même douce lumière me permettait de distinguer ses traits.

Je me suis rapprochée de lui, en silence.

- Tout va bien ? Chuchotais-je finalement, quand j'étais à 2 mètres de lui.

Il a vivement tourné sa tête vers moi. Il semblait surpris de me voir et ne m'attendait certainement pas.

- Qu'est-ce que tu fais debout encore ? Je t'ai réveillée ?

Je me suis assise à mon tour en roulant des yeux, après avoir retiré mes chaussures pour tremper mes pieds dans l'eau chaude.

- Je suis grande tu sais ? Il faut que t'arrêtes de t'inquiéter pour moi.

Il s'est renfrogné en marmonnant je ne savais quoi.

Je fixais l'eau qui se mouvait sous mes jambes tandis qu'il me regardait bizarrement. Comme s'il essayait de me sonder.

Le silence nous a regagné, nous laissant seulement bercés par le bruit de l'eau, et celui des vagues qui frappaient la falaise à plusieurs mètres de là.

- Pourquoi as-tu repris l'organisation familiale, si tu n'aimais pas ce métier ?

Il a interrompu ma rêverie me ramenant sur terre. Sa question était remplie de curiosité, comme s'il essayait de me comprendre.

- J'étais la seule en capacité. Depuis que je suis née j'ai été éduquée dans le but de reprendre l'entreprise. C'est pour ça qu'au lycée j'étais à Tokyo. Ils sont très à cheval sur les traditions dans la famille de notre mère. Le premier né allait être l'héritier. Une fille ou un garçon, peu importait.

Son regard semblait me transpercer, une certaine fureur était née dans ses prunelles.

- Rintaro en a toujours eu rien à faire, cela ne l'a jamais affecté plus que ça car il savait que c'était un calvaire. C'est pourquoi il accepte que je sois ici. Il compatit à sa façon, disons, finis-je en souriant tendrement.

J'aimais mon frère jumeau. Plus que tout au monde. Il avait beau être chiant parfois, même presque tout le temps. Mais je tenais à lui énormément.

On avait grandi ensemble. Jusqu'à la fin du collège, on faisait tout ensemble. Même quand il faisait du volley, je me rendais régulièrement à ses entraînements pour l'encourager.

Les années lycées avaient été les pires, et les meilleures de ma vie. Je ne m'étais jamais sentie aussi seule au début. Il m'avait fallu une bonne année pour pouvoir me remettre de son absence.

Bien que mes parents m'avaient poussé à reprendre l'entreprise, j'avais toujours pensé que c'était ce qui me correspondait. C'était que très tard -trop tard- que je m'étais rendue compte que ce n'était pas -ou plus- ce que je voulais.

Eux aussi, ils m'avaient accompagnée, chérie et aimée.

Même si j'avais été dépaysée en arrivant dans la capitale. J'avais fais de merveilleuses rencontres, j'étais entourée et appréciée.

Mais parfois, ça ne suffit pas.

- Tout va bien ? M'interrompait Osamu, inquiet.

Il avait penché son visage à une certaine distance du mien que je ne trouvais pas raisonnable.

Sans que je comprenne pourquoi, je me suis sentie rougir.

Heureusement qu'il faisait noir car sinon, j'aurais voulu m'enterrer six pieds sous terre.

- Oui oui, bégayais-je déstabilisée.

Je me suis légèrement reculée.

J'étais de nature joueuse. Alors que moi, Hikari Suna, la reine de la provocation, me retrouvais perturbée, c'était une première.

J'ai secoué ma tête en frissonnant légèrement.

Il avait haussé un sourcil soucieux. Il ne semblait pas se rendre compte du pouvoir qu'il exerçait sur moi.

De si près, j'arrivais à voir tout les détails de son visage, malgré la pénombre.

Il était beau. J'en perdais mes mots tellement je le trouvais à couper le souffle.

En fait, ça ne devait pas être si étonnant que ça de me voir influencée par son joli minois. Mais c'était tout le contraire.

Je le fixais dans les yeux pendant qu'un éclair de malice apparu dans son regard.

Je me suis sentie devenir encore plus rouge qu'auparavant.

Était-ce moi, où il faisait vraiment chaud d'un coup ?

Puis soudainement, ma vision changea du tout au tout.

Sans que je comprenne comment, je me suis retrouvée dans la piscine. Poussée par l'homme qui rigolait à vive voix.

Mon cœur avait raté un battement pendant une mini-seconde. Puis mon estime de moi qui en avait pris un coup, reprenait les rênes.

- Tu te trouves drôle ?! M'indignais-je.

Il peinait à me répondre, tellement il était envahi par son fou rire.

- Ou.. Oui ! Répondait il tout fier.

Bouillonnante de rage et du désir de revanche, je me suis détournée de lui pour lui faire comprendre que j'étais de mauvaise humeur.

Mon peignoir me collait à la peau, ce qui était vraiment désagréable.

- Roh, ça va ! Tu veux que je t'aide à sortir ? Me demanda-t-il.

Qu'il est mignon... Il me tend le bâton pour se faire battre.

C'était avec une idée bien précise en tête et en masquant mon sourire victorieux que je me suis tournée vers lui. J'exerçais tout le poids de ma haine sur lui rien qu'avec mon regard. Mais il était bien trop hilare pour s'en rendre compte.

Sans douter une seule seconde de mon plan, il m'a tendu sa main.

J'ai levé mon bras, qui était étrangement lourd à cause de l'eau dont le peignoir était rengorgé.

Il a attrapé mon poignet avec fermeté. Il m'a hissé au début puis en voyant que je ne faisais rien pour l'aider, il a ouvert ses yeux. Mais il était déjà trop tard.

Je l'avais déjà tiré avec moi dans l'eau.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Osamu Miya :

Je sortais ma tête de l'eau, toujours sonné.

Ah celle-là, je ne l'ai pas vu venir !

La brune rigolait à vive-voix, toute fière de son action. Je fronçais mes sourcils, pas le moins du monde amusé.

Puis après quelques secondes de réflexions, et à l'observer, mes traits se détendirent.

Elle semblait complètement revenue, son sourire illuminant et ses yeux pétillants étaient de retour.

Et puis, j'étais celui qui l'avait poussé.

Alors j'ai commencé à lâcher un petit rire, qui devint plus fort et plus sincère.

Elle se tordait dans tous les sens. Ses lèvres étaient étirées si joliment, et elles ne descendaient plus vers le bas comme durant la moitié de la soirée. Enfin, son sourire était sincère et spontané. Ni forcé, ni contrôlé... il était vivant !

Je m'approchais du bord, auquel je me suis accroché pour me hisser en dehors de l'eau.

Mon peignoir était lourd et me collait à la peau de façon désagréable.

Elle sortait juste derrière moi pendant que je m'avançais vers l'intérieur afin de me changer.

Elle a couru pour me doubler et rentrer avant moi, ou alors pour ne pas tremper le parquet de l'intérieur.

Elle avait pris la salle de bain afin de se changer, il ne me restait donc notre chambre.

J'avais à peine fini d'enfiler mon t-shirt que la brune sortait en pestant.

- T'aurais pas pu t'abstenir ? Je me suis lavée les cheveux y'a deux heures !

- Ils avaient besoin d'être rincés, rétorquais-je en mettant mon peignoir à sécher.

Je la voyais se mettre à gesticuler dans tout les sens, elle semblait se retenir de me sauter dessus afin de... faire quoi ? Elle était beaucoup trop menue pour pouvoir me faire quoi que ce soit.

J'ai tourné un regard ennuyé vers elle, qui avait la bouche grande ouverte.

Elle se retenait de faire du bruit à cause de notre voisin de chambre.

Je me suis lavé les mains, songeant à une chose qui pourrait la calmer. Puis une phrase de Rintaro me revint en tête.

- Bon tu viens ? L'appelais-je près de la porte.

Elle a relevé sa tête, maussade mais curieuse.

Elle s'est levée lentement, pour faire genre qu'elle me suivait plus par dépit qu'autre chose.

Pas croyable cette femme.

J'ai attrapé un paquet de spécialités japonaise que j'avais rapporté de ma boutique, dans ma valise avant de sortir de la pièce. J'ai traversé le salon puis je me suis installé sur le petit canapé gris après avoir pris les télécommandes au passage.

J'ai tapoté la place à côté de moi avec ma paume de main.

Surprise, la brune s'est approchée. Elle semblait préoccupée d'un coup et mal à l'aise.

Elle s'est assise délicatement sur le canapé.

- Qu'est-ce que tu veux voir ? Demandais-je, ayant tout de même une idée de ce qu'elle allait me proposer.

C'est avec un sourire enfantin qu'elle attrapa la télécommande.

Moins de deux semaines, pensais-je.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Hikari Suna :

Le bruit des vagues qui roulaient sur la grande étendue de sable blanc accompagnait celui de mes pas qui faisaient crisser le sable sous mon poids.

La douce odeur salée de la mer me picotait le nez tout en me donnant des frissons malgré le soleil qui cognait.

Je courrais à vive allure vers l'eau de la mer qui moussait avant de se retirer.

Je poussais un soupir de soulagement en sentant l'eau tiède tremper mes pieds, allant jusqu'à m'éclabousser au niveau du genoux. Je m'étirais et fermais mes yeux en profitant pleinement du soleil chaud qui caressait mon visage, orienté vers le ciel.

Je me suis retournée pour observer Osamu qui me regardait de loin, il semblait amusé.

D'une main je tenais mon large chapeau de plage, de l'autre je lui faisais de grands signes tandis qu'il s'approchait.

Ce gros veinard avait la chance d'avoir pris des tongues, contrairement à moi qui n'avait rien pris.

Oui, j'étais venue à la plage sans chaussures. Oui, il était 11h. Et oui le sol était brûlant.

Si mes pieds avaient gardé contact avec le sable quelque secondes de plus, j'aurais été bonne pour rentrer avec des cloques.

Je me demandais même si ce n'était pas déjà le cas.

Le gris s'approchait de moi tout en transportant le grand panier dont il s'efforçait de me cacher le contenu. Sa casquette grise sur la tête, il portait un t-shirt noir et un short de bain gris.

Quant à moi, je portais un paréo qui m'arrivait à mi tibias. Caché par l'étoffe était mon maillot noir deux pièces.

Je me suis tournée vers la vaste étendue d'eau qui se mouvait en continu.

Fascinée par ce spectacle, je me suis perdue quelque secondes, voir minutes dans mes pensées, avant d'être brutalement ramenée à la réalité par mon futur -faux- époux.

- Tu viens ? Me glissa-t-il.

J'ai sursauté toute déboussolée.

- Hum.. oui oui, j'ai détaché mes yeux du paysage a contre-coeur.

J'étais partagée entre l'appréhension de passer cet après-midi avec Osamu et la curiosité a l'égard de ce qu'il nous avait préparé.

"Je t'emmène en date demain" M'avait-il annoncé hier soir, avant de s'endormir.

Même si, plus les minutes s'écoulaient depuis notre départ, plus je me doutais de la tournure des événements.

On a marché pendant une bonne dizaine de minutes en longeant la plage, afin de se retrouver à l'écart de toute population même si il n'y avait presque personne sur la berge.

On s'est faufilé entre d'énormes rochers -dont je m'interrogeais sur la provenance- puis on a découvert un petit plateau.

Osamu a posé son énorme sac au milieu du territoire et en a sorti une serviette de plage.

Je suis restée près d'un grand rocher, à l'ombre. Puis une fois la serviette étendue, j'ai tapé un sprint.

Je me suis assise en même temps que le meilleur ami de mon frère qui affichait son éternel sourire désabusé.

- Tu n'en as pas marre de jouer à la gamine...

- Dixit celui qui ne voulait pas me passer ses chaussures, rétorquais-je en levant mes yeux au ciel. Alors, que nous as-tu préparé ? Demandais-je impatiente de voir ce qu'il cachait dans le panier.

C'est avec un sourire malicieux qu'il dévoila le contenu du panier.

Il sortit toutes sortes de mets, préparés par ses soins -selon ses dires- et rangés dans des boîtes hermétiques.

Tout fier de lui, il m'a expliqué comment il s'était organisé et comment il avait trouvé cet endroit.

- C'est vrai que c'est magnifique, commentais-je en regardant le lieu.

On était exposé au soleil, entourés d'énormes rochers formant un cercle irrégulier autour de nous. C'est comme ça qu'une petite crique avait été formé par la présence des rocs.

Après avoir dégusté le délicieux repas de mon futur -faux- conjoint, nous sommes allés nous baigner.

Je passais une très belle journée en sa compagnie, chose plutôt étonnante si on regardait d'où on partait.

Et surtout si on regardait la façon dont je me comportais avec lui depuis Noël.

Je le taquinais sans cesse, à son plus grand malheur, et au plus grand amusement d'Atsumu qui n'hésitait jamais à cacher ses fous rires. Et j'arrivais de plus en plus à le déstabiliser grâce à mes manigances, c'en était à se demander s'il connaissait vraiment mon frère, lui qui était comme moi.

Osamu était plus tranquille que son jumeau mais avait une pointe de folie, il était très compétiteur -voir trop- et pouvait se battre comme un gamin pour quelque chose qu'il n'avait pas. Il était têtu, irréfléchi et immature parfois.

Cependant, il était capable de se montrer à l'écoute et intelligent dans certains cas. Il savait très bien quand il pouvait jouer l'idiot et quand il devait être sérieux.

Nous avons barboté pendant plusieurs minutes au bord de l'eau avant de passer par un petit chemin sous un rocher en suspension, vers l'océan.

Après une bataille d'eau qu'on avait fait tels des gamins et une expédition sous l'eau grâce à nos masques tuba, je me suis rapatriée sur la plage afin de profiter du soleil pour bronzer et lire mon livre. Il était resté barboter dans l'eau puis m'avait rejoins pour sécher sur sa serviette.

Le soleil commençait à décliner quand on décida de plier les bagages.

- T'es sûr que tu ne veux pas d'aide ? L'interrogeais-je en observant la peau de ses épaules rougies et les lanières du sec qu'il posait dessus.

Il avait pris un sacré gros coup de soleil dans l'après-midi et il s'entêtait à vouloir porter le sac de plage.

- Puisque je te dis que ça va, grognait-il en serrant ses dents.

J'ai roulé des yeux tout en le laissant passer devant moi.

Quel homme, pensais-je ironiquement.

On a rebroussé chemin jusqu'à arriver à la petite voiture décapotable qu'il s'était dégoté pour ses vacances.

On a quitté le lieu paradisiaque pour emprunter une nationale vers la maison de mon jumeau.

- Alors c'est sur ? M'excitais-je tandis qu'il raccrochait.

Il avait passé la première partie de la route en appel téléphonique avec je ne savais qui. Le grand sujet de sa conversation : Le safari !

Bien sûr que je ne pouvais pas rater une occasion de découvrir la savane, et si c'était après notre mariage, pourquoi pas ?

- Il me reste quelques détails, mais oui, il tourna sa tête vers moi pour me regarder au travers de ses lunettes de soleil, il me fit un grand sourire.

Comme une enfant, j'ai souri tout en levant mes bras. Avec le vent dans mes cheveux et le soleil qui se couchait, je me sentais comblée, surtout après cette journée presque parfaite.

Pourtant, mon humeur avait changé du tout au tout en rentrant dans l'immense demeure de mon jumeau.

- Je nous y vois déjà ! M'exclamais-je en ouvrant la porte d'entrée de la maison. Entre les kangourous, les...

Mon sourire s'est d'abord éteint, puis mes lèvres se tordirent en une grimace.

Qu'est-ce qu'il fait la ?

Un homme qui avoisinait la trentaine d'années s'est approché de mon fiancé, posté derrière moi. Il portait des lunettes de soleil et un costume noir. Ses cheveux bruns en bataille et son éternel sourire joueur collé au visage...

J'en avais des frissons de dégoût.

T'as pas vu qu'on est à l'intérieur tocard ?

Non mais il se prenait pour qui a porter des lunettes ?!

- Monsieur Miya ? Je suis monsieur Kuruta ! Journaliste pour la presse de Japan News.

Il lui serrait la main vigoureusement pendant que j'essayais de me faire la plus petite possible. Je faisais du mieux que je pouvais pour me cacher derrière la grande silhouette du gris.

J'ai reporté mon regard pendant une infime seconde vers l'autre côté du hall.

Yüna se tenait là, un regard maussade dirigé vers le grand homme. Atsumu adoptait la même mine, il avait l'air d'être prêt à lui sauter dessus.

Mais c'était Rintaro le plus effrayant des trois, positionné dans le fond. Il avait un regard qui me faisait frissonner et la façon dont il tenait sa tête ne me disait rien qui vaille. Il avait adopté la même attitude nonchalante, et pourtant je savais que si c'était possible, il lancerait des missiles grâce à ses yeux.

- Je suis ici pour poser des questions à Hikari.

J'entendais le meilleur ami de mon frère lâcher un grognement interloqué puis le vit se figer.

Etait-ce parce que l'homme m'avait nommé par mon prénom ? Ou alors c'était parce qu'il serrait sa main avec force, comme pour lui souffler un sous-entendu ? Ou bien c'était parce qu'il voulait tout simplement me poser des questions.

En tout cas, cela m'avait fait tousser de nervosité, ou alors je rigolais ?

J'ai attrapé la main d'Osamu pour le tirer vers la cuisine. C'est le regard baissé vers le sol que je suis passée devant mon ex.

- Tout roule Hika ?

Ce surnom me donna la chaire de poule.

Nos trois amis se sont décalés sur mon passage avant de se repositionner afin de créer un barrage. La porte s'est violemment fermée derrière nous.

Puis j'ai lâché sa main pour me masser mes tempes.

Ohhhh je n'étais absolument pas prête à ça.

- Qui c'est ? Me questionna Osamu qui ne semblait plus si amusé de la situation qu'auparavant.

Je me suis tournée vers lui, mon regard désolé braqué sur son visage d'ange.

- Mon ex. Que je n'ai pas vu depuis des années, ajoutais-je. Il doit sans doute vouloir me poser des questions sur ma boîte, vu que je l'ai quitté y'a deux semaines, lui rappelais-je. Il est journaliste, ça lui ferait un bon scoop. Surtout si on pense au fait qu'il se tient dans la même maison que deux anciens joueurs de l'équipe nationale de volley du Japon.

C'était ce que je tentais de me persuader, mais je savais pertinemment que c'était faux. Il n'avait pas fait le voyage Tokyo-Sydney pour tout simplement me poser trois questions et Atsumu et Rintaro avaient déjà eu le droit à des centaines d'interviews depuis les JO.

Non, il y avait quelque chose de beaucoup plus profond qui se cachait là-dessous.

Un silence tendu envahit la pièce, on entendait seulement la clime tourner et l'éternel bruit du frigo.

- Tu... Tu l'aimes toujours ? Bredouilla mon -faux- copain.

- Bien sur que non ! Je l'ai quitté, et il m'a trompé, affirmais-je à moitié vexée et à moitié inquiète. C'est pour ça qu'il n'a rien à faire ici...

Je glissais mes yeux sur l'horloge accrochée à côté du réfrigérateur.

Il était 17h passé.

Mécaniquement, il s'est approché de moi pour poser une main sur mon épaule.

- Ne t'inquiète pas alors...

Puis il s'est détourné de moi pour se diriger vers le hall.

Je l'ai poursuivi, peu certaine de ce qu'il allait faire.

Il a ouvert la porte, comme une personne normale. Bien qu'il serrait ses poings comme s'il essayait de contenir sa colère apparente.

- Pourquoi veux-tu parler à ma fiancé ? Demanda-t-il de but en blanc.

Un éclair de malice joint son regard. Il passa sa langue sur ses lèvres tout en me détaillant.

- Parce qu'elle n'a rien à faire avec un mec comme toi, justifia-t-il en me fixant.

C'était beaucoup trop pour moi. J'en avais la gerbe.

- Et puis, il s'est tourné vers le gris pour l'observer au travers de ses lunettes, je sais que tu l'as juste embarqué dans ce mensonge pour sauver ta peau.

Un autre frisson.

Il en savait beaucoup trop en fin de compte.

- Qu'est-ce que tu crois savoir sur ma vie ? Finis-je par dire moins sûre de moi que ce que j'espérais.

Un sourire mesquin naquit sur ses lèvres, il s'est lentement approché de nous jusqu'à s'arrêter à un mètre de moi.

- Bien plus de choses que ce que tu crois, susurra-t-il.

J'ai fermé mes paupières, en essayant de rester de marbre.

Non, je n'avais pas mal de le voir ici. Non, je n'avais pas été brisé en le quittant, je me demandais presque si je l'avais réellement aimé.

Flashback

La pièce était sombre, des ombres venant de l'extérieure dansaient sur les murs.

Il était face à moi et me fixait avec haine. Si ses yeux pouvaient jeter des lasers, je serais sûrement déjà réduite en cendre. Il avait dans une mains ses lunettes de soleil qu'il avait retiré de son visage, son autre poing se serrait avec force, si bien qu'on voyait ses jointures devenir blanches.

- Je ne veux plus être avec toi, répétais-je froidement.

Je montrais la sortie de mon appartement avec colère.

Bien sûr que j'étais en colère contre lui. Il m'avait trompé, et à plusieurs reprises.

Pourtant ce n'était pas mon cœur qui avait mal mais mon ego.

Finalement, je me souviens que ce soir la, enroulée dans mon plaid sur le canapé, à regarder un autre film à l'eau de rose, je m'étais faite la réflexion que je ne l'avais en vérité jamais vraiment aimé.

Fin Flashback

Et non, si je tremblais, c'était pour une toute autre raison.

J'avais juste peur, peur qu'il découvre le mensonge, peur qu'il le dévoile aux autorités, et peur que tout cela se finisse a cause d'un faux pas. Que le jeu qu'on avait élaboré entre moi et Osamu disparaisse à cause de lui.

J'avais pris beaucoup trop de goût à jouer à ce jeu.

Et après une journée pareille, je voulais que cela dure encore longtemps.

Osamu avait beau être une andouille. Il savait m'écouter et être présent pour moi. Et surtout, parfois, il était romantique.

Kuruta s'est remis droit sans arrêter de sourire stupidement.

- Vous devez seulement répondre à mes questions.

Mon sang s'est glacé.

Il ne va pas voir les autorités après, réalisais-je. En vérité, il leur a déjà parlé.

- Parfait ! Répliquait mon -faux- fiancé très sûr de lui.

Osamu attrapa ma main puis s'est dirigé vers la salle à manger.

Il s'est assis à la table attendant patiemment que l'autre arrive.

Son côté gamin ressortait dans ce cas, mais pitié, qu'est-ce que ça réussissait à me détendre.

Kuruta Haruto, né le 08 Juin, il mesure environ 1m87 et est issu d'une famille de riches.

A son tour, il s'est assis sur une des chaises élégantes de mon frère.

Il ne restait plus que moi debout.

Les autres nous fixaient sans se gêner depuis le pas de la porte. Enfin, ils exerçaient surtout une pression avec leurs yeux sur Haruto.

Je me suis assise à contre coeur. Il sortit son portable, ainsi qu'une liasse de papiers et deux stylos.

- Bien, je vais enregistrer vos dires, si cela ne vous dérange pas.

J'allais rétorquer mais Osamu a posé une main calme sur mon bras.

- Ne t'inquiète pas chérie.

Des frissons me parcoururent, mais ce n'étaient pas les mêmes que ceux provoqués par le grand brun.

Son regard calme et serein fit ralentir les battements effrénés de mon cœur.

J'ai refermé ma bouche qui était grande ouverte puis secoua ma tête.

Inspire, expire.

Il me surprenait à être aussi sérieux et calme. Je découvrais une autre facette de sa personnalité.

- Qui est le plus bordélique Hikari ? Demanda Haruto agacé.

C'est avec difficulté que j'ouvris ma bouche, surtout pour l'admette.

- M.. Moi...

- Vous êtes d'accord avec ça ?

Osamu acquiesça en se retenant de rire devant ma mine contrainte.

J'ai déglutis mal à l'aise.

Qu'est-ce qu'il se passe là ? C'est moi ou le temps s'écoulait beaucoup trop rapidement tout d'un coup.

Comment ça se faisait que je me retrouvais assise à cette table.

Pourquoi est-ce qu'Osamu avait foncé dans le tas ? Parce qu'il avait confiance en nous ?

C'est en me tordant mes mains moites que l'interrogatoire a continué. Et plus le journaliste nous posait des questions, plus elles devenaient indiscrètes.

Ma langue était pâteuse et je transpirais à grosses goutes.

Je n'avais pas le droit de regarder mon voisin de table ce qui rendait plus difficile le fait que nous répondons la même chose.

Il faisait par moment chaud, par d'autre moments, il faisait froid. Le soleil se couchait au travers de la baie-vitrée du salon qui était ouverte sur la mer.

On répondait autant de fois la même chose que le nombre de fois où on se trompait.

- Qui est Top ? Nous questionna le journaliste avec sérieux.

Automatiquement, par souci d'accélérer le processus et parce que j'avais évidemment ma langue bien pendue j'ai rétorqué froidement :

- Moi.

J'entendais les autres s'étrangler à côté de la porte.

Je n'avais pas hésité une seconde.

Juste après avoir refermé ma bouche, j'ai posé ma main sur mes lèvres, ne revenant pas de ce que j'avais dis.

Puis inconsciemment ma tête s'est tournée vers Osamu qui avait parlé en même temps.

"Elle"

Il me pointait toujours du doigt, un sourire au coin des lèvres.

J'ai écarquillé mes yeux pendant quelques secondes.

Il savait ce que j'allais répondre.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Osamu Miya :

Mon pied gauche masqué par la table bougeait frénétiquement, signe de mon stress et de mon inquiétude.

Si on en croyait ce que Kuruta disait, il en savait en effet plus que ce que l'on pensait.

Il fallait que j'anticipe ce qu'allait répondre Hikari, ce qui n'était pas facile à vrai dire, on se connaissait seulement depuis 9jours, et non deux bonnes années comme on l'avait inventé. Et on ne connaissait pas tout les détails sur l'autre.

Je ne pouvais pas me permettre de stresser, pas devant la brune qui était au bord de l'évanouissement. Et je ne pouvais pas me reposer sur elle.

Elle était blanche comme un linge et je me demandais si elle ne m'avait pas menti au sujet de son ex.

Peut-être qu'elle l'aime toujours ?

Ça me faisait de la peine de devoir lui infliger tout cela, mentir à ceux qu'on aime est difficile.

Je le savais très bien vu que j'avais du faire face à des situations similaires ces derniers jours.

En fin de compte, précipiter les choses n'avait pas pris l'autre perche au dépourvu.

Et le fait de trop réfléchir me donnait l'impression que de la fumée allait sortir de mes oreilles -si ce n'était pas déjà le cas-.

- Qui est Top ? Questionna-t-il, de sa même tête neutre et agaçante.

Moi, pensais-je révolté par cette question indiscrete.

Puis mes pensées se sont dirigées vers la brune.

- Elle, annonçais-je en la pointant du doigt.

Au même moment, comme je m'y attendais elle affirmait :

- Moi !

Puis elle avait posé sa main sur sa bouche avant de tourner une tête étonnée vers moi.

Les autres près de la porte s'étouffaient comme s'ils apprenaient qu'on avait fait quelque chose.

Ma parole ils sont débiles, maugréais-je en leur jetant un coup d'œil derrière la tête de ma future épouse.

La brune me fixait intensément de son regard vert, presque jaune.

Ne me regarde pas comme ça, pensais-je douloureusement.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Hikari Suna :

L'interrogatoire s'est fini plus vite que prévu, et évidemment, on avait commis plus de fautes que de réponses justes.

Sur l'autre moitié des questions, on avait passé plus de temps à s'embrouiller comme un couple de vieux qu'a dire ce qu'il fallait.

Le fait qu'Osamu ait prédis ce que j'allais répliquer m'avait détendue.

Autant profiter de ces derniers instant si on était démasqué.

Alors c'était toute amusée que je le taquinais sur chacune des questions posées, en disant qu'il était le plus chiant, égoïste, matinale et etc...

Je ne le pensais pas forcément.

Mais c'était toujours drôle de le voir se casser la tête à trouver quoi déclarer.

Haruto nous avait posé des questions plus indiscrètes les unes que les autres, ce qui m'avait tout de même agacée.

Mais quand il fut à cours d'interrogations, il avait décrété vouloir faire une pause.

Il est parti comme un voleur de la maison en nous prévenant qu'il allait revenir.

J'avais roulé des yeux tout en claquant la porte de la villa avec force.

La fin de soirée de cette belle journée s'était passée dans les rires et les soulagements de nous cinq.

C'était notre dernière soirée de l'année, si on ne comptait pas celle de demain.

Il nous reste moins de 5 jours d'ici le mariage.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Osamu Miya :

Le soleil se couchait doucement sur la côte Australienne. Le ciel se colorait de teintes plus irréelles les unes que les autres.

- Tu es sûr qu'on est à la bonne adresse Rin ? Demandait Hikari accrochée au bras de sa meilleure amie.

Elle portait une belle combinaison noire avec des paillettes, chic et confortable. Elle avait attaché ses cheveux en un chignon.

Son amie a ses côtés portait une robe rose, en forme de triangle au niveau de sa poitrine et qui descendait jusqu'à ses pieds. Elle avait également arrangé sa coiffure en faisant une belle tresse.

Le brun, ne rétorqua pas et pénétra le domaine sans même nous attendre. Nous étions pantelants devant le grand mur d'enceinte, où était écris en lettres cursives le nom du restaurant.

A l'occasion du 31 Décembre, le dernier soir de l'année, nous dînions dans un restaurant chic. Le plus jeune des Suna avait dit s'occuper de l'organisation, et si on en croyait nos yeux, il n'avait pas été dans le petit.

Atsumu, mon idiot de frère fit un clin d'œil aux filles et dépassa le petit portail qui nous séparait de la propriété privée.

J'ai jeté un coup d'œil à ma future épouse et à son amie.

J'ouvrais ma bouche pour les inciter à avancer mais Hikari me devança.

- On devrait se bouger si on ne veut pas semer ces deux andouilles, déclarait-elle.

Un sourire naquit sur mes lèvres, pour une fois que ce n'était pas moi qui était traité d'idiot.

Elle parlait plus pour Atsumu, son frère était débrouillard contrairement à mon jumeau.

- T'en fais parti Osamu, me prévint-elle sans tourner sa tête vers moi. Donc ne t'égare pas.

C'est comme si elle avait lu dans mes pensées sans avoir à me regarder.

Mon sourire s'est effacé ausis vite qu'il était apparu.

C'est impossible d'être aussi méchante.

On entrait dans le jardin merveilleusement bien entretenu. On suivait le petit chemin de graviers nous menant au bâtiment. On pouvait voir de l'autre côté de la pelouse, la baie de Sydney.

- C'est l'endroit parfait ! Disait Yüna surprise.

- Surtout pour voir les deux d'artifices !

- En effet, commentais-je.

En quelques secondes, nous avons rattrapé Atsumu et Rintaro. Nous sommes entrés dans le hall du restaurant pendant qu'on débattait sur la beauté du lieu.

- J'ai eu un rendez-vous ici avec le manager d'une équipe de Volley-ball, nous intimait Rintaro tout en s'accoudant au bureau d'accueil. Bonsoir, nous avons réservé une table sur la terrasse au nom "Suna", pour 20h30.

Il regardait sa montre en grimaçant, nous étions un peu en retard.

La femme à qui il s'était adressé tapait sur les touches de son ordinateur avant de se lever de sa chaise.

- Veuillez me suivre, elle nous sourit poliment.

On a écouté son ordre et avons traversé l'endroit. Il y avait une salle intérieure, climatisée. Seulement un couple de personnes âgées étaient attablés. C'était à l'extérieur que le monde se trouvait.

Il y avait des dizaines de couverts préparés, certains déjà occupés d'autres individus.

On se trouvait dans un angle, près de la rambarde qui nous empêchait de tomber dans la mer que l'on surplombait.

- Je reviens, nous informa la femme qui disparut.

Nous nous sommes assis autour de la table ronde, j'étais à côté d'Hikari qui à sa droite avait son amie assise. Suna s'est assis à côté de la blonde et mon frère entre moi et le brun .

Un débat fut lancé sur les différents plats qui nous étaient proposés : nous avions des spécialités locales comme venant des quatre coins du monde.

- Je vais prendre ce plat, affirmais-je au serveur qui finissait de prendre nos commandes. Et je prendrais ce verre de vin, je pointais du doigt une bouteille sur la carte.

- Merci, finit l'homme en prenant nos cartes et partant.

Il commençait à faire nuit noire quand nous fûmes servis.

Avec Atsumu, nous avions décidé de nous partager un homard, accompagné de légumes de saison. Le second volleyeur avait décidé de prendre un poulet Parmigiana, une spécialité locale si on en croyait ce que lui avait dit le serveur. Sa sœur avait pris des bâtonnets de crabe et enfin, son amie avait pris une autre spécialité dont j'avais oublié le nom.

- C'est trop bon ! S'exclamait cette dernière en fourrant sa fourchette dans la bouche de son amie sans même lui proposer.

C'est à contre coeur que la brune avait avalé ce qu'elle avait gouté avant d'acquiescer lentement.

- T'as raison, s'étonnait-elle.

- Je peux goûter ! S'écriait Atsumu.

Sans se gêner, il a plonge sa fourchette dans l'assiette de la blonde qui lui jeta un regard noir.

- Ne te gêne pas ! S'indigna-t-elle alors  que Hikari gloussait.

- Oh vous avez raison ! Confirma-t-il. C'est hyper bon ça !

J'allais rétorquer mais fut coupé par mon téléphone qui vibra dans ma poche. Au début, je choisis d'ignorer l'appel mais voyant que mon interlocuteur persistait je me suis levé de table en m'excusant auprès de mes amis. L'appel venait d'un numéro inconnu.

C'est avec curiosité que j'appuyais sur le bouton vert.

- Bonsoir ?

Des voix grésillèrent au travers du combiné avant qu'un raclement de gorge se fasse entendre plus clairement.

- Monsieur Miya Osamu ? Fit une voix masculine que je ne connaissais pas.

- Oui, c'est bien moi. 

Cette voix ne me disait rien qui vaille. J'ai glissé mes yeux sur la table plus loin ou Hikari riait aux éclats.

- Je suis monsieur Seijuro, votre avocat, un goût amer s'était immiscé dans ma bouche. Je m'excuse de vous appeler en pleine soirée mais je pensais qu'il fallait que je vous prévienne de cette bonne nouvelle au plus vite: Vous et votre frère avez été innocenté ! Les autorités ont retrouvé le réel possesseur de la valise. Pourriez-vous informer votre frère de cette annonce ? Il ne me répond pas.

Silence.

Innocenté...

Alors c'était bon ? Je n'avais plus besoin de prétendre et de me marier ?

Bizarrement, à la place de faire un bon de soulagement, mon estomac s'est tordu de manière désagréable.

Ça voulait donc dire que je pouvais faire mes adieux à la brune que je fixais depuis plusieurs secondes.

Pourquoi ? Je pensais que c'en était fini de nous hier. Et pourtant j'avais tout fait pour que les doutes soient toujours présents.

Avais-je fais exprès de saboter l'interrogatoire par pur égoïsme ? Oui...

C'était dur à avouer mais je ne voulais pas laisser Hikari partir.

- Monsieur Miya ? Vous m'entendez.

J'ai raclé ma gorge avant de bredouiller :

- Oui oui je vous entends, m... merci monsieur, bonne soirée.

J'ai raccroché puis j'ai laissé tomber mon bras le long de mon corps.

J'essayais de masquer ma tristesse et retournais à la table.

Ne leur dis pas la vérité, me soufflait une voix au fond de mon cerveau.

Non, ça ne t'apportera que des malheurs quand ils s'en rendront comptes ! Rétorquait une autre voix.

J'ai adopté un grand sourire sur mes lèvres.

- J'ai une bonne nouvelle ! Annonçais-je en m'asseyant.

Mens-leur ! Mens-leur !

La vérité est ta seule amie, c'est un coup du destin, il insiste sur le fait que vous devez être séparés, pense à son bien !

Mon estomac se retournait, mon coeur se brisait et j'avais l'impression de tomber de la terrasse et de plonger dans les abysses de l'océan.

- Devinez qui a été innocenté !

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Hikari Suna :

Je ne pu empêcher mon visage de se décomposer.

Q... Quoi ?

- I.. Innocenté ? Demandais-je en essayant de me dire que je ne devais pas avoir compris ce que disait le gris.

En même temps, Atsumu s'était relevé de sa chaise ne croyant pas un mot de son frère.

- C'est vrai ?! Cria-t-il de joie, malgré les autres clients présents autour de nous.

Ce n'était pas possible.

P... Pourquoi avais-je si mal ?

Je reprenais peu à peu contenance en l'espace de quelques secondes afin de cacher mon malaise.

C'était faux, Hikari, depuis le début ça l'était. C'était une couverture. Tu savais que ça allait arriver.

Je serrais mes poings en contenant mes larmes. Toutes sortes d'émotions me traversaient, j'étais en colère contre moi-même, triste, déçue, je me sentais abandonnée également. Pourtant, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même. J'étais frustrée.

- Oui c'est vrai, répondait sèchement Osamu qui était lui aussi agacé.

J'ai sentis Yuna me foutre un coup de pied.

- C'est génial ça les gars ! Les félicitait-elle avec un sourire chaleureux.

Je la connaissais par coeur, je voyais bien au fond de ses yeux qu'elle était autant dégoûtée que moi, mais elle le cachait très bien, voir trop bien.

- Félicitations, ajoutais-je en relevant les yeux vers les deux jumeaux.

Osamu m'a sourit sincèrement, pendant qu'Atsumu criait :

- C'est ma tournée ! Je la sens bien l'année qui va arriver !

Rintaro nous filmait pendant ce temps, un petit sourire en coin.

Je roulais des yeux, quel en était l'intérêt ?

Il rangeait son portable et nous nous remettions à manger. Atsumu ne s'arrêtait plus de débiter toutes sortes de choses sur les signes que cela représentait qu'il soit annoncé innocent le 31 Décembre, que l'année prochaine était la sienne... Enfin, toutes les belles paroles qu'on a avant de débuter l'année.

J'avais refoulé mes larmes et ma colère au fond de mon cœur, je pleurerais plus tard, le blond avait raison, la nouvelle année approchait à grands pas, je ne pouvais pas la commencer dans cet état d'esprit.

- Et donc, commençait Yüna, on fait quoi pour le mariage ?

Je la voyais déjà râler de devoir appeler la salle de la cérémonie, le traiteur et tout les invités.

Un malaise s'est créé autour de la table pendant quelques secondes. Le silence en disait long sur ce que chacun pensait, ou ne pensait pas.

Je soupirais en choisissant de le briser :

- On annule tout, non ?

J'ai tourné mes yeux vers le gris avec espoir mais il avait acquiescé sans rien dire d'autre.

J'ai baissé mes yeux sur mes doigts que je tordais avant de reprendre mon attitude nonchalante.

- Désolé Yüna, mais va falloir rappeler tout le monde pour annuler.

- T'as intérêt à m'aider, siffla-t-elle.

Elle semblait énervée tout à coup, même un peu trop.

L'atmosphère était devenue pesante autour de la table, il y avait comme des non-dits. C'était mon frère et Atsumu qui animaient principalement la conversation.

Yüna avait les bras croisés depuis cinq minutes et me fusillait du regard, elle avait fini de manger son dessert depuis un bon bout de temps.

Osamu mangeait son dessert en silence et je fixais la nappe blanche qui était tout à coup beaucoup plus intéressante.

Brusquement, Yüna s'est levée de table en faisant crisser sa chaise sur le sol dans un bruit désagréable.

- Je vais aux toilettes, elle m'attrapa violemment le bras, toi, tu viens avec moi.

Je me suis faite embarquer dans le restaurant sans rien pouvoir répliquer. On slalomait entre les tables avant d'arriver dans les toilettes.

- Mais tu n'as pas de cerveau, ma parole ! Fulmina-t-elle une fois la porte fermée.

J'avais l'impression que de la fumée allait sortir de ses oreilles tellement elle enrageait.

Je le regardais stupéfaite.

Donc j'avais bel et bien fais quelque chose.

- T'as pas vu qu'il était dégoûté lui aussi ? Et toi, t'arrives et lui mets un coup de massue sur la tête en plus ! "On annule tout, non ?" T'avais rien d'autre à dire ? Rien ?!

Communes étaient les fois où Yüna s'emportait. Mais rares étaient les fois où Yüna s'emportait contre moi.

Ce sentiment aigre me revint en bouche, ce goût amer et crasseux.

- M... Mais que voulais-tu que je dise ? Il semblait soulagé et... et

- Bien sur que non ! Me coupa-t-elle. Si il t'a souri aussi sincèrement, c'est parce qu'il ne voulait que ton bonheur !

Je clignais des yeux plusieurs fois, ahurie.

Je ne savais pas à quoi elle pensait, mais ce n'était pas drôle.

- Faut que je te prenne rendez-vous chez l'ophtalmo aussi, marmonna-t-elle devant mes yeux ronds.

Elle s'est détournée de moi pour se laver les mains. Je suis restée toute pantelante.

Je ne savais pas quoi faire. Elle avait juste tort, voilà tout. 

Elle était juste dans le déni.

Et moi aussi.

J'aimais Osamu, je ne pouvais plus me le cacher. Mais ça me faisait trop mal de l'avouer.

Alors c'était vraiment ça, avoir le cœur brisé ?

Après s'être séchée les mains, Yüna m'a prit dans ses bras pour me serrer de toute ses forces.

Pendant plusieurs secondes, j'avais pensé qu'elle lisait dans mes pensées.

- Il t'aime aussi.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Osamu Miya :

- Ma parole vous êtes vraiment fait l'un pour l'autre, marmonnait Atsumu en se frappant le front.

Je levais mon regard noir vers lui. Je n'avais aucune envie de rire et il pouvait très bien garder ses sous-entendus que je ne saisissais pas.

- Il a raison Sam, intervint Rintaro ennuyé.

Mes poings se serrèrent. La brune et la blonde venaient de quitter la table, c'est pourquoi les garçons avaient choisi de me communiquer leurs pensées.

Comme si j'en avais besoin !

Alors que je leur jetais des regards lourds de sens, de la musique venant de l'intérieur du restaurant devenait de plus en plus forte.

On voyait certains clients se lever pour justement se rendre sur la piste de danse improvisée, Atsumu semblait avoir déjà trouvé une proie et nous abandonna.

Rintaro s'est levé à son tour en haussant les épaules à mon égard.

- Si tu ne te dépêches pas, tu la perdras.

Sa phrase résonnait dans mon esprit, comme un écho qui ne voulait pas partir.

Je suis resté bredouille pendant quelques secondes avant de me lever à mon tour.

A quoi bon me morfondre ? C'était déjà trop tard.

J'arrivais sur la piste de danse à mon tour, me faufilant entre les gens afin de retrouver mes deux amis.

Puis finalement, je suis tombée nez à nez avec Yüna et Hikari. La première m'a regardé, surprise avant de lâcher son amie et de la pousser légèrement vers moi. Elle s'est éclipsée en quelques secondes, c'était à se demander si elle avait vraiment été là.

Mais mon attention était déjà focalisée sur la soeur de mon meilleur ami.

- T... Tout va bien ?

Elle a acquiescé en m'adressant un grand sourire, un sourire soulagé.

Oui, elle est heureuse de ne plus m'avoir sur les épaules.

- Et toi ?

Je me suis figé, j'allais poursuivre ma route, c'était trop douloureux de la regarder.

- Euh... Oui oui, ne t'inquiète pas.

Son sourire s'est élargi, me collant sur place.

Qu'étais-je censé faire ?

Elle m'a attrapé le bras pour qu'on sorte de la foule. Les lumières avaient été éteintes et tout le monde dansait, chantait.

Certains étaient collés au bar, d'autre sur la terrasse continuaient à discuter autour des tables.

Je jetais un coup d'œil à mon portable.

22h47

Il était déjà si tard ? Comment ça se faisait ?

Elle s'est mis à bouger, comme le soir de Noël où nous avions dansé ensemble.

Mon cœur s'est serré.

- Hikari... Est-ce que.. tu crois que...

Je suis resté en suspens pendant plusieurs secondes. Elle a arrêté de danser pour me fixer de ses beaux yeux jaunes, envoûtants.

C'est le mauvais moment Osamu.

- Tu... tu penses qu'on peut toujours le faire ce safari ?

J'avais rattrapé ma bêtise. Je la regardais toujours dans les yeux, des étoiles étaient apparues et une expression soulagée s'est dessinée sur son visage.

- Bien sur !

Elle s'apprêtait à s'éloigner de moi mais je l'ai rattrapé, je l'ai lentement approché de moi pour que nos visages ne soient plus très loins l'un de l'autre.

- Hi.. Hikari, je ne veux pas te perdre, soufflais-je.

Son visage s'est coloré de plusieurs teintes avant d'enrouler ses bras autour se moi.

- Moi aussi Osamu, dit-elle avec tristesse, moi aussi...

Elle a calé sa tête dans mon cou pendant que je la serrais avec force.

Il n'y avait plus de date limite pour notre mariage. Mais c'était à moi de prendre mon temps, j'allais en créer une autre.

۵ · ◦ ☼ ◦ · ۵

Hikari Suna :

Je détestais le mois de février en général, et pourtant, celui-ci semblait être le meilleur de ma vie.

Depuis notre retour du safari, je vivais avec Osamu.

On ne s'était jamais vraiment déclaré, mais on avait formé un accord tacite, entre nous, le soir du 31. Sans nous le dire à voix haute, nous avions décidé de rester ensemble.

Alors c'est de cette manière que je me suis retrouvée embarquée dans le Nord du Japon, dans notre ville natale a la fin de notre safari.

Je vivais avec Osamu depuis plus de trois semaines, tout se passait à merveilles.

Il m'avait même proposé de travailler avec lui, ce que j'avais accepté avec appréhension. Mais finalement, je me plaisais bien dans sa petite boutique.

Je replaçais des onigiris sur le présentoir pensive.

J'ai jeté un coup d'œil à l'horloge, on n'allait pas tarder à ouvrir.

J'ai détaché le tablier de ma taille puis je me suis dirigée vers les escaliers dans l'arrière boutique. J'ai monté les marches quatre à quatre excitée de réveiller l'autre marmotte.

J'ai ouverts la porte de l'appartement en la claquant contre le mur sans faire exprès.

- Osamu ! On se réveille.

J'ai traversé le petit salon lumineux puis je suis arrivée dans la chambre où nous dormions.

J'ai sauté sur son lit, en ignorant si j'écrasais son corps dissimulé par les couvertures.

Je me suis installée à califourchon sur lui par dessus sa couette. J'ai inspecté son beau visage qui était encore paisible quelques minutes plus tôt.

Il grognait de sa voix du matin. Je roulais des yeux, c'était toujours la même chose.

- S'il te plaît, cinq minutes.

Ou finalement, peut être que quelque chose avait changé...

- Je t'aime, murmurais-je.

Surpris, ses yeux se sont grands ouverts. Il m'a sondé quelques secondes avant qu'un sourire malicieux naisse sur ses lèvres.

Il m'a attrapé les bras pour pouvoir inverser nos positions. Il s'est assis sur en me souriant victorieusement. Il avait fait cela avec tellement de facilité. Il a rapproché son visage du mien :

- Tu peux répéter ?

Et je me suis sentie rougir.

Et qu'est-ce que c'était cliché.

Peut-être que les films de Noël se produisent vraiment...

۵ · ◦ ◦ · ۵

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