stay alive

By cristal_sky

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Si June Roberts ne s'était pas sauvée de sa chambre d'hôpital pour aller chercher une boîte de craquelins au... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Épilogue
Nouvelle histoire!
100 000
NOUVELLE HISTOIRE

Chapitre 4

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By cristal_sky

La pluie qui frappe l'unique fenêtre de ma chambre d'hôpital me réveille. J'enlève mon masque d'oxygène, me lève et regarde à l'extérieur.
«Super... Je vais être coincée en-dedans pour toute la journée.»
Les patients peuvent sortir qu'une fois et c'est l'après-midi, de 13h à 14h.
Je soupire et me regarde dans le miroir. Comme d'habitude, ma peau est pâle, presque blanche, ce qui fait ressortir mes yeux d'une teinte turquoise. Mes cheveux bruns foncés se déposent sur mes épaules en ondulant. Je ne me suis jamais trouvé particulièrement jolie ; je suis maigre et je n'ai pas beaucoup de formes. J'ai 16 ans, mais la plupart des gens me prenne pour une fille de 14, et ça me tape souvent sur les nerfs.

Quand Clara, l'infirmière qui s'occupe de moi, entre dans ma chambre avec mon petit déjeuner, je sais pourquoi je ne peux descendre pour le manger à la cafétéria, comme tout le monde. Environ tous les trois jours, un médecin vient faire des tests le matin pour voir si tout est correct.

Après plusieurs questions et une inspection sévère de mon métabolisme, le médecin s'en va en me disant que mon état ne s'est pas aggravé, sans s'améliorer pour autant.

Vers 12h30, je descends au premier étage pour dîner. Là-bas, je me place en fil pour recevoir le repas, des nouilles avec une sauce blanche ayant l'air peu ragoûtante. Devant moi se tient M. Harris, un vieillard très sympathique, avec une petite moustache et des cheveux gris.

- Bonjour June ! me dit-il, s'accotant sur sa canne.

- Salut ! Quoi de neuf, M. Harris ?

- Oh, je vais être changé de chambre aujourd'hui, car ma voisine passe ses nuits à ronfler et je suis incapable de dormir.

- C'est Mme Rogers ? je demande.

- Oui, je te souhaite de ne jamais être sa voisine de chambre. Au revoir !

Après cette conversation palpitante, il prend son repas et va s'asseoir. Je prend aussi mon cabaret et cherche du regard Molly, qui est ma seule véritable amie ici, mais je la trouve nul part. Je m'apprête donc à aller manger seule, quand j'aperçois nul autre qu'Alex Young, assis à une table. Il est branché à une petite machine portative et il porte des pantalons gris et un chandail blanc, les vêtements qu'on nous donne à l'hôpital. Il n'a plus son bandage à la tête, mais encore un au ventre. Malgré cela, je ne peux m'empêcher de le trouver beau, à un tel point que, quand il se retourne et m'aperçoit, ça me prend un moment avant de détourner les yeux.

Super, maintenant il va penser que je l'espionne. Ce qui n'est pas le cas, bien entendu.

- Hey, June ! crie Alex.

Il me fait signe de venir s'asseoir à côté de lui. Et c'est ce que je fais.

- Salut, dis-je en déposant mon cabaret sur la table.

- Ça va ? Je t'ai pas vu ce matin au déjeuner.

- Je passais des tests.

- Des tests pour quoi ? C'est quoi ta...

Il ne termine pas sa phrase.

- Ma maladie ? je demande.

Il hoche la tête.

- J'ai une malformation au cœur.

- Oh.

Nous restons en silence un moment puis Alex, l'air inquiet, dit :

- Et c'est grave ? Je veux dire... T'es pas en phase terminale ?

- Non. Pas encore.

Alex baisse la tête et mange une bouchée de son repas. Je regarde par la fenêtre à côté de nous et m'exclame :

- Tu penses qu'ils ont fais exprès de construire ce McDonald à côté de l'hôpital ? C'est une vraie torture regarder toute cette bonne bouffe !

Alex rit.

- C'est vrai ! continue-je sur ma lancée. Je suis sûre que les architectes se sont dit : « Tiens, pourquoi ne pas construire ce resto directement devant cette fenêtre pour faire envier tous ces malades ?».

Je me tourne vers Alex, qui lui me fixe.

- Quoi ? je demande.

- Rien, dit-il en souriant.

Il regarde par la fenêtre à son tour. Assis à une table extérieure du McDonald, un jeune couple finit de manger, se lève et pars, mais en oubliant une boîte rouge. En l'examinant de plus près, je vois clairement une écriture disant «Joyeux Festin».

- Tu vois ce que je vois ? demande Alex, ébahi.

- Oh mon dieu ! je m'exclame. Ils ont oublié leur Joyeux Festin !

Le couple embarque dans leur voiture et pars. Je regarde Alex, toute excitée.

- C'est un signe du destin, dis-je.

- Tu penses à ce que je pense ? demande Alex, un sourire en coin.

Je lui réponds par le même sourire espiègle.

- Il est 12h57, j'annonce en regardant l'horloge. Dans trois minutes, on peut sortir.

- Sauf qu'il pleut dehors.

Je n'ai pas pensé à ce détail, mais il a raison ; il pleut des cordes.

- Pense à ce Joyeux Festin ! On peut bien se faire mouiller, ça en vaut la peine.

- Oui, mais on n'a pas le droit d'aller là-bas. On peut pas sortir de la cour de l'hôpital.

- C'est moi ou t'as peur ? je demande en souriant.

- Pffff. N'importe quoi.

- Alors prouve-le.

Il me regarde intensément pendant quelques secondes, puis dit :

- J'espère que tu cours vite.

Il sourit et attend que je le fasse moi aussi, mais je baisse la tête.

- Hum, en fait... Non, je cours pas très vite, à cause de mon cœur et tout...
- Et est-ce que tu m'as vu ? dit-il en riant. Il va falloir que je traîne cette machine débile !

Je souris et nous nous levons d'un bond, laissant nos repas que nous n'avons presque pas touché, et nous dirigeons vers la porte principale.

- Attends ! dis-je juste avant de sortir. Il est 12h59.

Les soixante secondes suivantes ont été les plus longues de ma vie.

Puis, l'horloge indique 13h, et nous partons pour la course de notre vie.

En fait, non. On ne pourrait même pas appeler cela une course.
Imaginez deux adolescents, un boitant en traînant une machine roulante dont il est attaché par des fils, et une autre ayant l'air de faire du jogging sur place en soufflant comme une débile. Les deux se croyant comme des athlètes olympiques qui font un marathon, habillés en tenue d'hôpital.
C'est ce dont nous avons l'air.

De plus, nous n'avons même pas encore traversé la rue que nous sommes trempés jusqu'aux os.

- Allez, June ! crie Alex. On y est presque !

En effet, nous arrivons au McDonald. Nous nous dirigeons à la table et Alex agrippe la boîte. Pendant qu'il l'ouvre, je m'appuie sur la table, à bout de souffle. Mon cœur bat à se rompre.
«Calme-toi, pense-je.»

- Ça va ? demande Alex.

- Oui oui, je réponds, mais ma voix paniquée me trahit.

- Hey, regarde moi.

Il prend mon menton et me redresse la tête. Je plante mes yeux dans les siens, et Alex dit :

- Inspire. Expire.

Je fais ce qu'il me dit et, durant cet instant, il n'y a plus que nous deux, respirant et expirant à l'unisson.
Ma panique disparaît et, peu à peu, mon souffle devient plus doux, mon cœur moins rapide. Alex lève sa main et, d'un geste lent, écarte une mèche de cheveux mouillés de mon visage. Ce contact me donne des frissons jusqu'au bas du dos.

- On a réussi, dit Alex calmement, toujours en me regardant avec ses yeux gris.

Il est plus beau que jamais, ses cheveux cendrés lui colle au visage à cause de la pluie et son regard est si intense que je m'y plongerais.

Je regarde en arrière et vois une infirmière qui nous pointe du doigt. Un agent de sécurité nous aperçoit.

- Vite, dis-je. Mangeons notre trouvaille avant que les gardes arrivent.

Deux agents de sécurité courent dans notre direction, mais ça m'importe peu.
Nous séparons en deux le cheeseburger du Joyeux Festin, prenant chacun une moitié, et nous partageons les frites.

- Je rêve d'un repas comme celui-là depuis des semaines ! je m'exclame, la bouche pleine.

- Regarde, dit Alex.

Il sort le jouet que chaque enfant qui commande un Joyeux Festin a le droit. Celui-ci est un petit ourson rose qui, quand on appuie sur son ventre, joue de la musique.

- Tiens, c'est pour toi, fais Alex qui m'offre l'ourson.

- Wow merci, je vais le garder précieusement.

Nous rions et finissons notre repas en vitesse. Puis, les gardes viennent jusqu'à nous et nous ramènent dans l'hôpital en nous grondant. Ils nous posent pleins de questions, mais c'est Alex qui répond. Moi je n'écoute plus.

Jamais je ne me suis sentie aussi libre.

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