ALONE [ en réécriture ]

By queen_slana

3.6K 129 1.8K

Chaque jour de son existence était une épreuve. Le quotidien de Lola consistait à se cacher en permanence. En... More

Prologue
Chapitre 01: Rencontre
Chapitre 02: La routine
Chapitre 03: Certains cauchemards ne prennent jamais fin
Chapitre 04: Hôpital de merde
Chapitre 05: Tout ça pour une note
Chapitre 06: Parfois il faut savoir se battre
Chapitre 07: Où suis-je ?
Chapitre 09: Mais c'est la vie
Chapitre 10: Bien plus qu'une simple sortie
Chapitre 11: Un jeu dangereux
Chapitre 12: Retrouvailles
Chapitre 13: Match mouvementé
Chapitre 14: Super soirée
Chapitre 15: Gueule de bois
Chapitre 16: Élégante nouvelle
Chapitre 17: Ne surtout pas s'attacher
Chapitre 18: Nuit agitée
Chapitre 19: Jeu ou réalité ?
Chapitre 20: Concert terrorisant

Chapitre 08: Disparais

128 4 46
By queen_slana

- Lola, il marque une pause pour se retourner vers moi. C'est quoi ta couleur préférée ?

J'en ai marre de ses questions, je veux rentrer chez moi.

Non, tu es mieux ici. Ici tu es en sécurité.

Je suis sûre qu'on peut apercevoir l'ennui dans mes yeux.
J'examine son visage avant de souffler:

- Le bleu marine.

- Et pourquoi ?

Qu'est ce que ça va lui apporter de savoir ça ?

- Car j'aime la couleur de l'océan.

- Il y a une signification à ça ?

Il se redresse et pose sa tête dans le creux de sa main en attendant une explication comme s'il s'intéressait à ce que je disais.

Je roule les yeux discrètement.

- L'océan est un endroit qui cache beaucoup de choses. La surface est claire et belle, mais dans les profondeurs se cachent toute sa noirceur et des créatures qu'on ne pensait jamais découvrir.

Ses yeux sont toujours posés sur moi, il m'écoute attentivement.

- Tu parles toujours de l'océan là ?

- À toi de voir.

Il se lève et fait quelques pas dans ma direction avant de s'asseoir juste en face de moi.

- Parfois on se perd dans les profondeurs mais on revient toujours à la surface.

- Et si au contraire je sombrais au fond de l'eau ?

- Alors quelqu'un viendra te sauver.

J'émets un rire nerveux, il est beaucoup trop optimiste.
Je n'aime pas les gens optimistes. Ils pensent qu'on voit la vie en rose alors que j'ai été obligé de la voir en noir depuis mon enfance.

Peut-être que je les envie tous simplement.
Je les envie d'aimer la vie comme je ne l'aimerais jamais.

- Mais il y a tellement d'autres personnes si importantes dans l'eau, je ne mérite pas d'être sauvée.

- Tout le monde mérite d'être sauvé, on est important de la même manière.

- Est ce que t'es prof de philo ?

Il pouffe et se recoiffe en tournant sur sa chaise.

Il fallait que je détende l'atmosphère, les discussions profondes m'oppressent.

- Tu me trouves poétique ?

- Beaucoup trop. J'affirme en balançant mes pieds.

Il sourit de toutes ses dents et nos yeux se croisent, exactement comme lors de notre premiers cours ensemble.

J'ai presque l'impression de voir ses pupilles se dilater.

- Je vois mon reflet dans tes yeux. murmure-t-il sans me lâcher du regard.

Mon coeur fait un bond à l'intérieur de moi.
Il connaît cette musique, il connaît ma chanson préférée.

Même Josie ne l'a connais pas, mais lui, il l'a simplement deviné.

Aucun mot ne sort de ma bouche, je suis comme tétanisée.

Mon côté gêné ressort et je tourne la tête en direction de la fenêtre.

Je laisse le soleil éblouir mon visage et profite du calme de sa chambre.

Je sens toujours son regard posé sur moi, comme s'il me détaillée.

Un grand bruit fracassant nous fait sursauter.
Des cris s'ensuivent et d'autres choses sont éclatées sur les murs.

Des coups se font entendre et résonnent dans ma tête.

Tout ce brouhaha me ramène chez moi.
Même quand j'essaie de m'enfuir, tout me ramène à cet enfer sans fin.

Le verre qui se brise sur le sol et les insultes me font vibrer de peur.

Ma respiration devient saccadée et tellement forte que Noa s'en rend compte.

Il se précipite vers un petit objet noir et appuie sur l'un des boutons.

La musique Dark Paradise de Lana Del Rey s'enclenche alors.

Il augmente tellement le volume que ça cache les bruits qu'on entendait.

Mon angoisse descend petit à petit et je me laisse emporter par les paroles qui couvrent les cris d'en bas.

La mélodie fait disparaître ma peur.
C'est la seule à pouvoir me calmer.

- Qu'est ce que... c'était quoi ce bruit ?

Mes mains glacées tremblent toujours.

Il soupire en s'affaissant dans son lit.

J'observe son visage épuisé et sa pomme d'Adam qui ressort.

- Mon père est un putain de taré. Il doit sûrement gueuler sur son patron qui ne le paye pas assez.

Il garde les yeux clos mais son sourire a disparu.

C'est la première fois que je le vois comme ça, sans son masque.

Est ce que quelqu'un m'a aussi déjà vu sans mon masque ?
Sans mon sourire habituel que je me force à garder.
Sans les blagues que je fais à chacune de mes phrases pour redonner le sourire à ceux qui me l'ont enlevé.
Sans ma joie de vivre excessive pour raviver un moment de tristesse.

La voix de Noa me fait sortir de mes pensées:
- A quoi tu penses ?

- À rentrer chez moi. Je lui réponds sans même le regarder.

- Tu mens.

Je me mords la langue sous l'effet de surprise.
Je réfléchis à ma réponse en me craquant les doigts mais il me devance:

- Si tu voulais rentrer tu ne serais pas encore ici.

Je m'empresse de regarder ma montre et ouvre de grands yeux quand je me rends compte que le bus a du passer il y a déjà vingt minutes.

- J-j'ai pas vu le temps passer.

Je l'entends pouffer alors je me retourne pour lui lancer un regard noir.

- Je suis pas con. Il susurre en prenant un air blasé.

- La preuve que si. J'ai hâte de rentrer chez moi !

Il se redresse et rapproche sa chaise de moi.

- Regarde moi dans les yeux et dis moi que ta famille te manque.

Je détourne les yeux pour ne pas me laisser déstabiliser.

- Regarde moi j'ai dis. Il murmure à un mètre de moi.

Je me reconcentre sur lui.

- J-j'adore ma famille et... j'ai hâte de les revoir en rentrant.

- C'est ce que je disais, tu mens. Tu mens très mal d'ailleurs.

Je fronce les sourcils.
Avec les autres ça a toujours marché, pourquoi il ne veut pas me croire ?

- Bah vas-y, rentre chez toi du coup.

Mon coeur se resserre rien qu'à l'idée de mettre un pied chez moi.
Je suis fatiguée de me faire engueuler chaque jour de la semaine.
Mais personne ne doit savoir ça.

- Ouais, et j'y vais de ce pas.

Je me lève brusquement pour ne pas éveiller de soupçons.

Il me regarde sortir de la chambre en arquant un sourcil.

- Salut. Je souffle avant de descendre les escaliers à toute vitesse pour ne pas recroiser ses parents.

Je regarde une dernière fois sa maison désordonnée puis m'empresse de sortir.

Les yeux clos, j'essaie de me remémorer le chemin que nous avions emprunté à l'allée.

Le souffle du vent fait voltiger mes boucles quand je commence à marcher.

Des brindilles craquent sous mes pieds et les feuilles de la même couleur que mon uniforme voltigent de partout.

Je rajuste ma jupe carmin en lançant des regards derrière mon dos à plusieurs reprises.

J'aurais préféré être un homme pour ne pas à avoir besoin de développer ce tic quand je marche seule dans la rue.

La manche de ma chemise s'accroche à un buisson et on peut voir un trou dedans quand j'arrive enfin à m'en détacher.

Je soupire d'exaspération en sachant que je devrais jeter cette chemise en rentrant.

Mes pas se font de plus en plus lents mais une lueur d'espoir apparaît en moi quand j'aperçois le bus arriver au loin.

Malgré la douleur dans l'entièreté de mon corps, je force mes jambes à courir et arrête le bus de justesse.

Finalement, il me reste encore un millième de chance.

Je m'assois sur le premier siège, épuisée.
Mon premier réflexe est d'enfoncer mon casque sur ma tête et d'enclencher ma playlist.

Je lâche un léger souffle de buée sur la fenêtre pour dessiner dessus.

Mon index trace des vagues et un corps gisant au fond de l'océan.

Un corps mort, qui ne sert désormais plus à rien.

Un corps mort n'a pas besoin d'être sauvé.

Un corps mort mérite de rester là où il est.

Ce corps mort c'est moi, et chaque jour je meurs un peu plus.

Un jour, mon dos heurtera enfin le sol, et je pourrais rester dans les profondeurs sans que personne vienne me déranger.

J'agite la tête pour sortir de mes pensées qui ont tendance à prendre trop de contrôle sur moi en ce moment.

Je commence à me lever en reconnaissant les alentours et mon arrêt qui approche.

En descendant du bus, la nuit est à présent pratiquement tombée.

Je prends une grande inspiration en approchant de ma maison.
Je sais déjà ce qui m'attend.

Ma main se pose doucement sur la poignée de la porte d'entrée.

Je tremble à l'idée de l'ouvrir.
Je tremble à l'idée de retrouver mon quotidien.

Je me décide finalement et enfonce la clé dans la serrure avant de la tourner et d'ouvrir lentement la porte.

En mettant un pied dans le salon, c'est comme une montagne qui s'effondre sur moi quand j'entends sa voix.

Je reste figée, en regardant le sol.

Je l'attends.
Plus vite ce sera fait, plus vite je pourrais retrouver ma chambre.

La silhouette de mon père apparaît enfin dans mon champ de vision.

Il est déjà en pyjama et tous les traits de son visage sont froncés.

- Papa je...

Il ne me laisse pas finir ma phrase et attrape mes deux bras de ses mains musclés.

Il me secoue tellement fort je dois me retenir de vomir.

- Qu'est ce qu'il te prends par la tête ? Est ce que ça t'arrive de réfléchir ?!

Il compresse mes bras et finit par me balancer tel un coussin sur un des fauteuils.

Il attrape le premier objet qui lui passe sous la main.
J'ai le malheur que ce soit une altère que ma soeur a sûrement laissé trainer.

Je reçois un premier coup dans la côte gauche et estime son poids.

Je dirais dix kilos.

- Tu sais à quel point on s'est inquiété ?!

Parce que vous vous êtes soudainement souvenu de moi ?

- Tous ce que tu fais c'est de la merde, tes notes sont en chute libre et tu te permets de recommencer tes petites fugues !

Je n'ai jamais fugué, j'aime simplement me perdre dans les endroits calmes de Toronto pour penser à autre chose que les bleus qui hantent mon esprit et mon corps.

Mon bras droit reçoit un autre coup, encore plus intense.

- La prochaine fois que tu fugues, ne reviens pas.

Ne reviens pas.

Mon coeur s'arrête pendant une seconde.

Même si j'ai l'habitude, la douleur de ses paroles reste la même.

C'en est même plus douloureux que les blessures physiques.

Un cri s'échappe de ma bouche quand je reçois un nouveau coup dans le tibias.

- C'est ça, cries. Personne ne viendra t'aider. Tu ne sers à rien à part nous attirer des problèmes.

Mes yeux me piquent tellement que j'ai l'impression qu'ils sont en feu.

- Pourquoi... pourquoi tu me fais ça ?
j'arrive à prononcer entre deux sanglots.

- Parce que rien que de voir ta sale gueule me tape sur le système. Est ce que tu comprends ça ? Tu ne sers à rien à part m'énerver.

Tu ne sers à rien.
Je ne sers rien.
Rien.
Rien du tout.

Ses coups s'enchaînent de plus en plus en vite mais seulement ses mots se baladent dans ma tête

Je n'arrive même plus à regarder son visage.

- Oh d'ailleurs, j'ai vu ton petit carnet.

Mon coeur rate un battement et ma respiration se coupe.
Mon carnet c'est là où je déverse toutes mes pensées. Parfois je parle même de lui, de la douleur qu'il me laisse après chacune de nos confrontations.

Et il l'a lu.

Je lève finalement la tête et aperçois son sourire sadique.

- Si tu souhaites tant disparaître, pourquoi tu ne le fais pas ? Disparais petite garce, disparais.

Disparais.

{ La suite dans le prochain chapitre }

( désolée pour le chapitre un peu court)

Continue Reading

You'll Also Like

235K 6.8K 15
La souffrance, c'est le quotidien de Nyx. Entre les coups de sa tante et le mépris des étudiants de sa fac. Son existence est loin d'être un compte...
4.3K 7 1
Depuis maintenant des siècles nous nous tapissons parmi les humains pour échapper à notre réalité mais surtout à ce que nous sommes, des monstres. Co...
259K 11.9K 58
Abigail, jeune fille de bonne famille, voit son père partir à la guerre. N'ayant aucun autre parent, elle se voit obligée d'aller vivre chez son gran...
5.1K 224 23
Ayant pour seul moyen de survit le vol, Dulce est connue pour être La Voleuse du Mexique. Lev n'a pour but que ces contrats de tueur à gages, le men...