๐‹๐€ ๐ƒ๐€๐๐’๐„ ๐ƒ๐„ ๐‹๐€ ๐‹๏ฟฝ...

By serysss

154 20 14

โžค ๐–ฅป๐Ž.๐’ ๐Š๐€๐ˆ๐‰๐”๐*๐Ÿ–; โžค ๐–ฅป ๐“๐„๐‘๐Œ๐ˆ๐๐„ฬ. โ ๐ฟ๐‘’ ๐‘๐‘œ๐‘ข๐‘ ๐‘‘๐‘’ ๐‘“๐‘œ๐‘ข๐‘‘๐‘Ÿ๐‘’, ๐‘'๐‘’๐‘ ๐‘ก ๐‘™'๐‘–๐‘›๐‘ ๐‘ก๐‘Ž๏ฟฝ... More

โ”โ”โ”โ”โ”โ”โ”โ”โ” ๐€๐ฏ๐š๐ง๐ญ-๐๐ซ๐จ๐ฉ๐จ๐ฌ;
๐ŸŽ๐“‚ƒ ๐๐ฅ๐š๐ฒ๐ฅ๐ข๐ฌ๐ญ & ๐œ๐š๐ฌ๐ญ';
โ”โ”โ”โ”โ”โ”โ”โ”โ” ๐๐จ๐ญ๐ž ๐๐ž ๐ฅ๐š ๐Ÿ๐ข๐ง.

๐ŸŽ๐“‚ƒ ๐‹๐š ๐ฏ๐š๐ฅ๐ฌ๐ž ๐๐ž ๐ฅ๐š ๐ฅ๐ฎ๐ง๐ž;

55 5 5
By serysss











𝐋𝐄𝐒 𝐏𝐀𝐑𝐎𝐈𝐒 𝐓𝐀𝐏𝐈𝐒𝐒𝐄́𝐄𝐒 𝐃'𝐔𝐍 𝐋𝐔𝐗𝐔𝐄𝐔𝐗 papier peint défilaient à toute allure autour d'Altaïs, offrant une symphonie de couleurs givrées ponctuées de motifs floraux et géométriques. Des nuances froides de bleu dominaient, enveloppant l'espace dans une atmosphère à la fois élégante et austère. Sous ses pieds, les tapis persans finement tissés couvraient le sol ivoirin du palais, absorbant le rythme effréné de sa course.

Dans son sillage, les échos des cris des soldats, hurlant son nom avec frénésie, se perdaient dans les palpitations frénétiques de son cœur. Elle se concentrait sur chaque foulée, sur chaque battement de son être, tentant de repousser la douleur brûlante et âpre qui lui nouait la gorge. Chaque pas la rapprochait un peu plus de la liberté, chaque inspiration était empreinte du désir ardent de s'échapper de sa prison dorée.

Elle accéléra, sa détermination lui insufflant une énergie nouvelle. Elle savait que si les gardes la rattrapaient, son escapade prendrait fin, et elle serait condamnée à être étouffée par les murs de sa chambre. Et cela, elle ne pouvait le permettre.

Malgré la froide morsure qui saisissait chacun de ses membres, Altaïs ne fléchit pas dans sa course effrénée. Courir, était son seul échappatoire, son unique moyen de défense contre les griffes acérées de la captivité. D'un geste vif, elle ramena les pans de sa robe saphir contre elle, faisant virevolter ses longs cheveux argentés dans l'air tourbillonnant.

Ses orbes d'acier scrutaient frénétiquement l'environnement qui l'entourait, avides de repérer le moindre échappatoire, le moindre espoir de salut. Chaque passage sombre, chaque angle caché représentait la menace de voir surgir des gardes, mais aussi une opportunité de fuir cette geôle qui étouffait son âme.

Dans sa quête désespérée, elle se lançait en avant, franchissant les couloirs interminables du palais avec une détermination farouche. Chaque battement de son cœur semblait résonner dans l'écho des murs de marbre, une pulsation urgente, une promesse de liberté qui palpitait dans son être.

À quelques mètres seulement d'elle, la fugitif remarqua un couloir qui bifurquait vers les appartements royaux, une lueur d'espoir dans l'obscurité étouffante du palais. C'était là sa porte de sortie, là où les gardes ne pourraient pas la suivre. Mais les plans d'Altaïs, aussi minutieusement élaborés soient-ils, s'effondrèrent sous ses yeux lorsque qu'une dizaine de gardes surgirent du fameux couloir. Il semblait que son impératrice bien-aimée avait eu vent de ses intentions et avait pris des mesures pour contrer sa fuite.

Un sentiment de désespoir l'envahit alors que la réalité de la situation lui apparut de manière cruelle : elle était prise au piège, sans échappatoire possible. Un nœud se forma dans son estomac, sa respiration se fit saccadée alors qu'elle tentait de faire face à cette terrible impasse.
Alors qu'elle s'apprêtait à cesser sa course afin d'éviter la confrontation avec les gardes qui approchaient, son regard s'arrêta soudain sur la rambarde à sa gauche. Une idée germa dans son esprit, une lueur d'espoir fragile.

La voilà, sa porte de sortie.

Malgré sa blessure à l'aile droite, dû à une mauvaise chute lors de son dernier vol, qui l'empêchait de voler, Altaïs pivota brusquement sur le côté et se précipita vers la rambarde sans une once d'hésitation. Elle ne pouvait peut-être plus voler, mais elle pouvait encore user de la magie. Les yeux écarquillés des gardes exprimaient leur surprise et leur désarroi alors qu'ils poussaient des cris d'objection, ahuris face à la témérité de la jeune femme. Lorsqu'ils la virent mettre un pied sur le marbre et bondir dans les airs, une nouvelle onde de stupéfaction les submergea.

Le vide béant qui s'ouvrait sous Altaïs était une menace terrifiante, une faim vorace prête à l'engloutir tout entière. Dans le gouffre abyssal qui s'étendait sous elle, elle sentait le vertige la saisir, ses yeux se perdant dans l'abîme béant qui l'attirait inexorablement. Mais elle ne pouvait se permettre de ressentir de la peur, pas maintenant. D'un geste fébrile, elle joignit ses mains devant elle, murmurant des incantations anciennes, un dernier espoir dans l'obscurité étouffante du palais.
Des runes mystiques surgirent alors, illuminant sa peau d'une lueur blanche éclatante tandis qu'elle continuait son chant avec une intensité désespérée. Ses plumes frissonnèrent sous l'effet de la magie, vibraient dans une danse chaotique, tandis que l'air environnant se glacifiait sous l'emprise de ses paroles envoûtantes.

Elle priait pour que cette dernière réserve d'énergie céleste ne soit pas épuisé, pour qu'elle puisse former un sceau protecteur et empêcher sa chute imminente. Mais malgré ses efforts acharnés, aucun sortilège ne se dessina, aucun sceau protecteur ne vint à son secours.Elle n'avait plus de force, et désormais, elle était vulnérable face au destin qui l'attendait au fond de cette abyssale descente.

Le sol se rapprochait rapidement, menaçant de mettre un terme brutal à sa tentative de fuite. Altaïs se prépara au pire, résolue à affronter son destin avec dignité. Car même si elle devait chuter, même si elle devait finir en bouillie sur le sol dur du palais, cela ne serait jamais pire que d'être privée de sa liberté, de son essence même.
Altaïs était sur le point de mourir, et la perspective était aussi terrifiante que cruelle. Elle allait périr de manière horrible, tout cela parce qu'elle avait osé aspirer à la liberté, une liberté qui lui avait été arrachée depuis trop longtemps. Son souffle était court, son cœur battait la chamade alors qu'elle affrontait l'horreur de sa situation. Fermant les yeux pour échapper à l'effroyable réalité qui l'entourait, elle se laissa submerger par un tourbillon de sensations indescriptibles : l'angoisse, la terreur, la confusion, le vertige, tout se mêlait dans un tourbillon de désespoir.

Mentalement, elle se prépara à ressentir chaque os se briser, chaque muscle se déchirer dans l'impact inévitable qui l'attendait en bas. Et dans un geste de désespoir, elle se mit à implorer la déesse Freya, suppliant pour une chance de vivre plus longtemps. Dans son échange désespéré, elle promit de ne plus jamais négliger les cérémonies au temple, une promesse faite dans un dernier élan d'espoir, même si elle savait que c'était une requête égoïste et désespérée.

La chute semblait interminable, aucun miracle ne venait la sauver, aucune réponse à ses prières ne venait apaiser sa peur dévorante. Elle se préparait à rencontrer la mort dans toute sa froideur impitoyable, si jeune, si belle, son avenir brisé par la cruauté du destin.

Mais contrairement à ce qu'elle pensait, ses prières n'avaient guère été ignorées, et deux mains la saisirent vivement par les hanches. Elle sentit son corps basculer en arrière, et ses fesses rencontrer une surface dure. Et, étrangement, au lieu de se plaindre comme à son habitude, elle poussa un soupir de soulagement. Loués soient Freya pour sa miséricorde, et elle se promit d'honorer sa promesse. Elle se laissa choir sur le sol, en étoile de mer, alors que sa poitrine se soulevait à un rythme effréné.

— Alors, tu te la joues suicidaire maintenant, princesse, railla une voix familière, qui n'était autre que celle de Narumi.

Un sourire en coin naquit sur les lèvres d'Altaïs, bien que ce dernier demeurait à peine perceptible. Elle savait qu'elle devait rester discrète, consciente que si il venait à la surprendre dans cet état, elle devrait affronter ses taquineries.

— Mon cher Narumi, ne sais-tu donc pas que l'adrénaline a un excellent effet sur le teint ? rétorqua-t-elle, tout en se redressant. Je n'ai fait que raviver ma mine avant demain !

Les épaules du chevalier furent secouées d'un petit rire, faisant vibrer son épaisse armure argentée posée sur celles-ci. Surplombant Altaïs de toute sa stature, son regard était fixé sur elle avec amusement. Encadrés par de longs cils sombres, ses yeux semblaient être deux pierres précieuses, captivantes et brillantes, reflétant la lumière comme un champ de chrysanthèmes corails sous un soleil éclatant. Leur teinte rose profonde, soulignée par des nuances changeantes selon l'humeur du chevalier, les rendait hypnotiques, divins.

Sa peau claire et ses traits fins lui conféraient une élégance noble, presque aristocratique. Pourtant, l'armure étincelante qui enveloppait son corps attestait de son appartenance à la chevalerie. Une colombe finement gravée ornait le cœur de sa cuirasse, symbole de sa loyauté envers l'Empire de Skydge. Ses ailes immaculées tombait gracieusement derrière lui, tandis que la longue lame affûtée de son épée était soigneusement rangée dans son fourreau, seule la poignée de cuir était visible. Narumi était la métaphore même de la puissance et la force, la justice et la loyauté, une figure imposante et respectée dans les rangs de l'armée par tous. Tous aspiraient à être à sa place, tous enviaient Gen Narumi pour sa puissance, tous convoitaient sa proximité avec Altaïs.

— J'espère que ce que tu vois te plaît, car pour ma part, le spectacle laisse à désirer, gaussa-t-il, un sourire joueur ourlant ses lèvres, en réponse au regard intense d'Altaïs qui l'observait méticuleusement de la tête au pied.

Un sourire narquois prit place sur le visage de la jeune femme tandis qu'elle se redressait, ses jambes encore tremblantes sous le choc de l'incident. Doucement, le commandant vint la stabiliser en saisissant ses bras, veillant à ce qu'elle puisse retrouver son équilibre en s'appuyant sur lui.

— J'ai connu mieux, bien mieux, mais bon cela fera l'affaire

Sa main se posa avec délicatesse sur la joue du chevalier, tandis que ses lèvres se posèrent sur les siennes. La main gantée de Narumi glissa alors sur sa hanche, la rapprochant davantage de lui, tandis que ses ailes immaculées les enveloppèrent, les protégeant des regards trop curieux. Même s'ils étaient seuls, le jeune homme prenait toujours cette précaution pour préserver leur intimité et leur sécurité.

Ses lèvres se posèrent tendrement sur celles de son amante, avant de semer une multitude de baisers légers sur ses joues. Un léger rire s'échappa des lèvres d'Altaïs, vibrant dans l'air.

Mais alors qu'ils étaient perdus dans leur étreinte, les claquements de talons contre la moquette annoncèrent une arrivée imminente. Contrainte de se détacher du chevalier, Altaïs poussa un soupir las, son pouce caressant distraitement la lèvre inférieure de Narumi. Reculant d'un pas, elle lissa sa jupe avant de se tourner pour faire face à sa mère, dont l'expression était empreinte de fureur.

— Petite idiote ! Mais par tous les Dieux, mais qu'as-tu dans le crâne ! vociféra-t-elle, les traits crispés par la colère. Tu n'en as pas marre de faire parler de toi ! Pourquoi ne peux-tu pas m'écouter ne serait-ce qu'une fois dans ta vie et cesser de te donner en spectacle ! Qu'aurais-tu fait si Sir Narumi ne t'avait pas rattraper !

Altaïs esquissa une moue contrariée, mais se retint de protester, sachant qu'attiser davantage la colère de son interlocutrice ne servirait à rien. L'impératrice saisit fermement son bras et la tira près d'elle, avant de faire face au chevalier. Celui-ci s'agenouilla sur le sol, inclinant respectueusement la tête en signe de salutation, attendant que sa souveraine lui donne l'autorisation de se relever. D'un geste vague de la main, elle lui indiqua qu'il pouvait le faire.

Merci d'avoir secouru mon impertinente de fille, je vous en serais éternellement reconnaissante et je saurais vous le montrer, dit-elle d'une voix douce, aux antipodes de celle qu'elle employait il y a quelques secondes avec sa fille. Cette dernière haussa les sourcils face au changement de sa mère, et lança un regard offusqué au chevalier. Bien, vous pouvez prendre congé, je n'aurais pas besoin de vous demain soir, donc profitez-en pour vous rendre aux festivités que le village organise pour Yule !

Elle fit volte-face, et s'éclipsa dans le couloir, emmenant sa fille avec elle. Avant de disparaître, Altaïs jetta un dernier regard à Narumi, et lui murmura silencieusement :


« — Nous nous y rendrons ensemble. »





Sous les iris métallisés d'Altaïs, s'étendait la vaste salle de réception, un écrin dédié à la splendeur de la Déesse Freya, protectrice du Saint Empire de Skydge. Les nuances de bleu, allant des teintes les plus pâles aux plus profondes, enveloppaient la pièce d'une aura glaciale et éthérée, évoquant la pureté céleste. Les murs, parés de reliefs délicats et de vitraux aux teintes azurées, ajoutaient majesté et beauté au charme mystique de l'endroit.
La salle se remplissait peu à peu des différents nobles qui peuplaient les contrées, offrant un magnifique panel irisé de couleurs. Ils étaient tous vêtus de tenues où se mêlaient avec grâce les nuances les plus riches, révélant ainsi les couleurs distinctives de leurs familles respectives. Leurs parures chatoyantes, rehaussées de broderies et d'ornements d'une finesse inouïe, témoignaient de leur statut élevé et de la richesse qu'ils aimaient tant exhiber.
L'atmosphère était animée, vibrant de conversation et de rires feutrés.

Les convives se mêlaient avec grâce et aisance, échangeant des salutations polies et des regards complices, créant ainsi une harmonie enivrante dans ce décor somptueux, où le luxe et la noblesse se mariaient dans un ballet étincelant d'élégance et de raffinement.
Les tables débordaient de mets succulents, délicatement disposés sur des plateaux d'argent étincelants. La sélection gastronomique rivalisait avec les exigences des palais les plus fins, proposant une variété de délices allant des fruits de mer délicats aux plats exquis de viandes finement cuisinées. Les flacons de vin, choisis avec soin, étaient disposés tout autour de la salle, attendant d'être dégustés par les connaisseurs avertis.

Dans cette salle grandiose et animée, les nobles se rassemblaient pour savourer les plaisirs culinaires et partager des moments de convivialité. Chaque détail, depuis décoration jusqu'aux mets et vins sélectionnés avec minutie, témoignait du raffinement et de la générosité des hôtes.

Altaïs scrutait désespérément la foule du regard, cherchant sa mère parmi les convives. Elle avait besoin de son autorisation pour assister à la cérémonie dédiée à la déesse Freya. Voyant que sa mère était introuvable depuis sa position, elle prit à contrecœur l'initiative de descendre.
Une profonde inspiration précéda sa descente des quelques marches qui la séparaient de l'animation en contrebas. Elle laissa glisser ses doigts gantés sur la rambarde, laissant derrière elle une fine trace de givre. Altaïs savait pertinemment ce qui allait suivre. À peine aurait-elle franchi la dernière marche que les nobles des différentes familles peuplant les contrées de Skydge l'assailliraient. Telles des rapaces, ils se précipiteraient vers elle dans un seul but : lui présenter leur fils, espérant qu'un d'entre eux soit suffisamment intéressant pour entamer les préparatifs d'un mariage.

Se lier à un membre de la famille royale, et plus particulièrement à la future impératrice, leur permettrait d'étendre leur influence, et c'était tout ce qu'ils désiraient. Pouvoir se vanter d'avoir un fils marié à la prestigieuse Altaïs Dan Empyrée, héritière de la grande Esméralda, impératrice du Saint Empire de Skydge, celle qui avait même le pouvoir de dompter les Dieux, était un honneur inestimable pour eux.

C'était le Saint-Graal de la puissance, le but ultime pour toutes les familles aspirant à accroître leur influence.
Elle poussa un dernier soupir las, franchissant la dernière marche comme si c'était son dernier rempart contre la noblesse Skydgienne. À peine son talon eut-il touché le carrelage que déjà une famille et ses deux enfants se tenaient à ses côtés.

Elle avait vu juste, une fois de plus. Altaïs se retrouva baladée de famille en famille, contrainte de supporter d'interminables discussions superficielles, ponctuées de courbettes et de compliments visant à flatter son ego. Elle brûlait d'envie de leur dire d'aller au diable, de leur hurler de la laisser tranquille, de ne pas empiéter sur son espace vital, qu'elle avait des préoccupations bien plus importantes... Mais elle se tut. Elle se contenta de sourire, d'acquiescer à leurs propos et de rire à leurs plaisanteries, même si elles étaient de mauvais goût. Elle jouait le rôle que tous attendaient d'elle : celui de la jeune fille niaise et frivole, ignorant tout de la politique et du monde qui l'entourait. L'opposé de la vérité.

— Et vous ma chère, aurais-je l'honneur de vous compter parmi les inviter de mon prochain banquet ? Entonna l'une des nombreuses mères qui l'entouraient.
Un sourire, plus proche d'une grimace que d'autre chose, s'étira sur le visage d'Altaïs. Elle préférerait sauter de nouveau dans le vide plutôt que de se rendre à ces présentations. Elle ne supporterait pas de passer plus d'une heure entourée de ces femmes qui vantaient les attributs de leurs fils comme s'ils étaient des Don Juan, ou bien comme Narumi.

— Cela aurait-été avec plaisir, mais je ne pense guère pouvoir assurer ma présence.

Un sourire désolé se dessina sur le visage d'Altaïs, remplaçant l'expression d'antan, tandis que son regard vagabondait dans la salle, toujours à la recherche de sa mère. Lorsque ses yeux furent attirés par la grande paire d'ailes qui se déployaient majestueusement, son visage s'illumina d'un éclat nouveau. Elle s'excusa poliment auprès des personnes qui l'entouraient, usant d'un prétexte insignifiant, avant de s'engager résolument vers sa mère.
Elle se frayait difficilement un chemin à travers la foule, tant bien que mal, parvenant à se glisser près d'Esméralda qui se tenait légèrement à l'écart en pleine discussion avec le général Isao.

Comme à son habitude, sa très chère mère était d'une splendeur divine. Sa longue chevelure argentée, joliment bouclée, était relevée en une coiffure haute, mettant en valeur la parure qui ornait son cou. Des diamants étincelants, taillés avec une précision exquise, semblaient capturer la lumière ambiante et la renvoyer sous forme d'éclats hypnotiques. Sa robe, d'un bleu royal éclatant, semblait faite de pétales de saphir tissés avec la plus grande délicatesse. Chaque mouvement de l'impératrice faisait scintiller les joyaux incrustés dans le tissu, créant un spectacle d'une beauté ensorcelante.
Son port altier, sa grâce naturelle, et la puissance qui émanait de chacun de ses gestes, tout en elle respirait l'autorité et la majesté. Elle était la personnification même de la royauté, une figure à la fois vénérée et redoutée. Les yeux de la foule se tournaient instinctivement vers elle, attirés par sa présence imposante et magnétique.
Le général Isao fut le premier à remarquer la présence d'Altaïs. Il la salua d'une révérence gracieuse, faisant tinter doucement les nombreuses médailles ornant son manteau d'amiral, symbole de sa dévotion à la patrie.

— Je vous en prie ! Relevez vous mon général ! C'est putôt moi qui devrait m'incliner devant vous ! J'ai entendu votre dernier exploit à l'ouest, vous êtes la fierté de notre nation !

— Que veux-tu Altaïs ? souffla sa mère, visiblement exaspéré d'être coupé dans sa conversation. Je doute que tu sois venue faire la conversation avec nous par pur plaisir.

— En effet mère, en ce moment même, la fête de Yule à lieu dans le centre du village, et j'aimerais énormèment y aller ! Bien évidemment, je serais accompagné de Sir Narumi afin d'être en sécurité et p-

— Non, et je ne reviendrais pas sur ma décision, ne te rappelles-tu pas du fil à retordre que tu as donné hier aux femmes de chambre alors qu'elles tentaient uniquement de te trouver une robe pour la réception de ce soir. Ne te rappelles-tu pas de l'agitation que tu as engendrée dans le palais à cause de ton caprice ? Et tu oses me demander de sortir ? Son regard cendré, froid et distant, se planta dans celui de sa fille, et dans ce dernier, elle comprit qu'il ne servait à rien de répondre. La frustration s'insinua dans chaque fibre de son être tandis qu'elle pivota sur ses talons et se dirigea d'un pas déterminé vers les balcons. Oh, comme elle maudissait sa mère et cette expression hautaine qui ornait son visage à chaque fois qu'elle croisait son regard !

Cette sensation d'impuissance et de colère bouillonnait en elle, telle un torrent furieux menaçant de déborder à tout moment. Chaque pas résonnait avec le poids de ses émotions tourmentées, son cœur battant au rythme d'une rage contenue. Elle se sentait prisonnière de cette toile d'araignée sociale tissée autour d'elle. Elle aurait simplement voulu une bouffée d'air, s'affranchir de ce masque qu'on lui avait imposé depuis petite. Juste le temps d'une soirée.

Elle sentit une veste se poser sur ses épaules, et une présence se glisser à côté d'elle.

— Que fais-tu dehors par ce froid ? Les anciens à l'intérieur t'ont déjà ennuyé ? La voix familière de Narumi l'interpella, l'obligeant à détourner le regard des flocons de neige qui valsaient gracieusement dans le ciel, pour terminer leur chute sur le sol des jardins du palais. Son cœur s'embrasa d'apaisement à la vue de celui qu'elle avait tant désiré voir. Ses yeux étaient les témoins de l'effervescence de ses émotions intérieures, par les larmes qui les faisaient briller. Leurs regards se rencontrèrent, et Narumi saisit rapidement qu'elle avait eu une énième altercation avec sa mère.

— J'en ai marre de cette vie Narumi, j'en ai plus qu'assez de devoir vivre selon les injonctions de ma mère. J'aimerais tellement juste pouvoir vivre librement comme mes frères...Pourquoi as-t-il fallut que je sois la succestrice de l'impératrice, et non une enfant parmis tant d'autres...

Le visage de Narumi, qui affichait à l'ordinaire un air si confiant, se figea dans une expression de consternation. Il sentit un étau se resserrer autour de son cœur alors que les mots de son interlocutrice résonnaient dans l'espace entre eux. Chaque syllabe chargée d'émotion semblait traverser l'air comme une lame, touchant au plus profond de son être. Dans ses yeux assombris par la tristesse, on pouvait lire une compréhension profonde, presque douloureuse, de la souffrance de celle qu'il aimait.

Ses sourcils se froncèrent légèrement, témoignant du poids de son empathie. Il sentait dans ses propres entrailles le fardeau de ses frustrations, comme si elles étaient les siennes. Le silence qui s'ensuivit était lourd, chargé de toute la complexité de leurs sentiments partagés. Il voulait tant trouver les mots justes, ceux qui pourraient apaiser ne serait-ce qu'un peu le tourbillon émotionnel qui l'enveloppait, mais malheureusement, il ne savait pas manier les mots correctement. Alors, il se hissa sur la rambarde et dépolya ses aîles.

— Dans ce cas là, laisse moi te montrer quelle est la vie d'un de tes frères, même si cela ne va durer uniquement le temps d'une soirée. Personne ne constatera ton absence au vu du monde ! Viens avec moi Altaïs, allons fêter ensemble Yule. Narumi, ressentait le besoin irrépressible de réconforter son âme-soeur dans ce moment de vulnérabilité, tendit doucement la main vers elle. Son visage s'illumina d'un sourire empreint de tendresse, un sourire qui se voulait être un baume pour apaiser les tourments qui la rongeaient. Dans ce geste simple mais chargé de signification, il exprimait tout son soutien et sa volonté d'être là pour elle, quelles que soient les épreuves qu'elle devait affronter, ils le feraient ensemble.

Cette main tendue était bien plus qu'un geste physique aux yeux d'Altaïs; elle représentait l'engagement du chevalier à être son roc, son havre de paix dans la tempête, et son partenaire dans sa quête de liberté et de bonheur. Alors, bravant l'interdiction de sa mère et faisant taire ses inquiétudes, Elle saisit doucement la main de son amant, sentant une vague de chaleur réconfortante l'envahir à ce contact.

— Mais Naurmi, tu occultes que mon aîles est blessée, je suis incapable de voler, murmura-t-elle avec amertume

— Ce n'est pas un soucis, je volerais pour nous deux mon ange ! Rétorqua -t-il avec assurance.

Altaïs sourit tendrement à Narumi, la confiance reflétée dans son regard. Avec une légère hésitation, elle se hissa sur la rambarde, sentant le soutien rassurant du chevalier. Les battements de son cœur s'intensifièrent alors qu'elle sentait l'air frais caresser son visage et que les ailes de Narumi s'ouvraient pour les soutenir. Elle se sentait à la fois excitée et apaisée, comme si chaque battement d'aile la libérait un peu plus des contraintes qui pesaient sur elle. La sensation de légèreté qui l'envahissait était presque palpable, comme si elle flottait dans un monde où rien ne pouvait l'atteindre.

Narumi se laissa alors basculer en arrière. Ses yeux brillaient d'une excitation palpable, capturant l'élan de joie qui l'envahissait. Leurs rires se mêlaient dans l'air, créant une symphonie de gaieté qui remplissait la clairière d'une douce harmonie.

Pour Altaïs, chaque instant de cette évasion était une bouffée d'air frais, une libération des chaînes qui avaient entravé son être depuis trop longtemps. Leur atterrissage en douceur dans les bois marqua la fin de leur envolée éphémère, ramenant Narumi et Altaïs à la réalité terrestre. Une fois ses ailes repliées avec grâce, Narumi se dirigea vers un buisson avec une assurance calculée, suscitant la curiosité dans le regard d'Altaïs. De cet endroit, il extirpa deux longues capes à capuche, comme s'il avait anticipé cette nécessité.

Sans perdre un instant, il enfila la sienne, puis se tourna vers Altaïs pour lui mettre l'autre cape. Avec une habileté et une délicatesse sans pareille, il ajusta la cape autour d'elle, nouant un nœud gracieux avant de rabattre doucement la capuche sur sa tête.

— Comme ça tu pourras profiter du moment sans attirer l'attention sur toi, il déposa un baiser tendre et chaste sur ses lèvres, scellant ainsi leur complicité, avant de saisir sa main avec fermeté. D'un geste déterminé, il l'entraîna à sa suite, courant à travers les sentiers du village avec une énergie débordante. Leurs pas résonnaient dans l'air nocturne, empreints d'une urgence mêlée d'excitation.

Le village était baigné par la lueur douce des torches et des lanternes, une atmosphère envoûtante teintée de mystère et de célébration raisonnant dans les lieux. Les rues pavées étaient ornées de guirlandes fleuries et de rubans aux couleurs chatoyantes, évoquant la fête et l'allégresse qui imprégnaient chaque coin du village. Au loin, on pouvait entendre le son joyeux des tambours et des flûtes, mêlé aux rires et aux chants des villageois qui se rassemblaient pour fêter l'équinoxe de l'hiver.

Altaïs et Narumi, émerveillés par ce spectacle vibrant de vie, se mêlaient avec curiosité aux festivités. Les yeux écarquillés d'émerveillement, la jeune femme semblait littéralement comme un enfant face à un présent, absorbant chaque détail avec une fascination enfantine. Elle s'émerveillait devant les danses envoûtantes des villageois, captivée par les costumes chatoyants et les masques mystérieux qui évoquaient les légendes anciennes.

Ils déambulaient entre les étals colorés, où s'étalaient des fruits juteux et des friandises sucrées, emportés par le parfum enivrant des épices et des herbes fraîches. Ils s'arrêtaient çà et là pour participer aux jeux traditionnels, entraînés par l'excitation contagieuse de la foule. Altaïs se lançait avec enthousiasme dans les compétitions, rivalisant avec les villageois dans des épreuves de force et d'adresse. Ses yeux pétillaient d'excitation alors qu'elle se mesurait à ses adversaires, déterminée à relever chaque défi avec grâce et détermination.

Elle se joignait aux enfants qui tournoyaient autour d'eux, se mêlant à leurs rires enjoués et à leurs cris d'enthousiasme. Ensemble, ils formaient une véritable ronde de joie et d'allégresse, emportés par l'effervescence de la fête et le bonheur simple de partager ce moment avec ceux qu'ils aimaient.

Dans la douce lumière des torches vacillantes, au cœur de la place centrale animée, deux petites filles, leurs yeux pétillants d'excitation, s'approchèrent d'Altaïs avec une énergie contagieuse. Elles saisirent chacune une de ses mains avec une détermination enfantine, l'entraînant presque malgré elle vers le centre de la place, là où régnait une joyeuse agitation.

Altaïs se laissa emporter par leur élan spontané, se retrouvant bientôt au milieu d'un cercle de villageois qui tournoyaient au rythme enjoué de la musique. Les tambours résonnaient dans l'air, leurs rythmes entêtants invitant chacun à se joindre à la danse effrénée.
Au fur et à mesure que les mouvements se faisaient plus rapides, Altaïs sentit sa capuche glisser de ses épaules, laissant échapper ses longs cheveux argentés qui scintillaient à la lueur des flammes. Ils s'épanouissaient autour d'elle, comme une cascade d'argent en mouvement, capturant la lumière dans leur éclatante splendeur.
Les villageois, émerveillés par cette apparition inattendue, se mirent à tourbillonner autour d'elle avec une nouvelle ferveur, leurs rires mêlés au son des instruments. Les cheveux d'Altaïs semblaient danser en harmonie avec la foule, une éclatante démonstration de vie et de liberté au cœur de la nuit étoilée.

Au centre de la place, la statue de la déesse Freya semblait elle aussi s'animer, ses contours de pierre prenant vie sous le feu des torches. Et alors que la danse atteignait son paroxysme, Altaïs se sentit transportée par la magie de l'instant, unissant son cœur et son esprit à ceux de tous les villageois réunis dans cette communion joyeuse.
Dans ce tourbillon de mouvements et de rythmes, Narumi observait Altaïs avec un amour infini, ses yeux brillant d'admiration devant la grâce avec laquelle elle se fondait dans la danse. Son cœur battait en cadence avec le flux de l'énergie qui enveloppait la place, emporté par la magie de cet instant fugace.

Alors qu'Altaïs tournoyait au centre du cercle, ses cheveux argentés semblant capturer la lumière des étoiles, Narumi sentit un élan de fierté et de bonheur l'envahir. Elle était là, au milieu de tous, éclatante de vie et de détermination, incarnant à elle seule la beauté sauvage et indomptable de la nature.

Il se surprit à sourire, incapable de détacher son regard de la vision enchanteresse qu'elle offrait. Chaque mouvement de ses bras, chaque tournoiement de son corps semblait empreint d'une grâce divine, comme si elle était la propre incarnation de la déesse Freya honorée par les villageois ce soir-là.

Et dans cet instant suspendu, alors que la musique résonnait dans l'air et que les étoiles semblaient briller encore plus intensément, Narumi sentit son amour pour Altaïs grandir encore davantage. Elle était sa muse, sa source d'inspiration infinie, et dans cette danse envoûtante, il se sentait plus que jamais lié à elle, prêt à la suivre jusqu'aux confins du monde et à la protéger, elle et son magnifique âme de toutes les menaces.

Dans les méandres de ses pensées, Narumi se rendait compte qu'il était prêt à tout pour elle. Prêt à défier les éléments, à braver les tempêtes, juste pour pouvoir la garder près de lui. Car Altaïs était bien plus qu'une simple compagne, elle était son élan vital, son inspiration quotidienne, et son horizon.

Elle était son présent, illuminant chaque jour de sa présence éclatante, et elle était son passé, tissé dans les souvenirs les plus chers de leur histoire commune. Mais surtout, elle était son futur, une promesse de bonheur et d'accomplissement qui le motivait à avancer, même dans les moments les plus sombres.

Et oui, elle était son soleil, rayonnant de chaleur et de lumière, dissipant les ténèbres qui menaçaient d'envahir sa psyché. Dans ses yeux, il trouvait son étoile du nord, son guide dans l'obscurité, et dans son sourire, il trouvait la force d'affronter tous les défis qui se dressaient sur leur chemin.

Ainsi, dans cette nuit magique où la danse et la musique se mêlaient harmonieusement, Narumi réalisait avec une certitude absolue que tant qu'il aurait Altaïs à ses côtés, il pourrait affronter n'importe quelle épreuve, surmonter n'importe quel obstacle. Et même les Dieux ne pourrait pas se mettre sur son chemin.




LA DANSE DE LA LUNE ❞ by serysss
© édition february 2024

Continue Reading

You'll Also Like

3.8K 382 5
Suite ร  la mort soudaine de leur grand-mรจre, les sล“urs Balfour, qui sont en froid depuis un certain temps, se voient rรฉunis par sa derniรจre volontรฉ...
501 79 10
Depuis l'enfance, Priam et Emery ne cessent de se rencontrer. Une rencontre, Deux rencontres, Trois rencontres... Le destin ne cesse de s'amuser avec...
8.7K 238 30
Adieu. -Qu'est-ce-qui va pas avec toi ? Imaginez que cette phrase ai totalement brisรฉ l'amitiรฉ de Michael Wheeler le garรงon banale et d'Eleven la fi...
161 70 14
J'ai effacรฉ mon ancien compte oรน je les avais dรฉjร  publiรฉ alors les voilร  !