Le Chantage du Roi Alpha

By Marie0609hs

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Je ne comprends pas ce qui m'anime. Non je ne sais pas. S'il s'agit de douleur, de colère ou bien de peur. ... More

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Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Épilogue
Annonce

Chapitre 36

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By Marie0609hs

PDV ÉMILIE

- AARONNNNN !

Mon hurlement déchire l'air qui m'étouffe soudainement. Je sens mes poumons s'endormir, s'éteindre, s'assécher en moi. Comme brûlés.

Je me débats de toutes mes forces contre Inès qui essaye de me calmer alors que le village commence à hurler autour de nous deux.

Le son de l'explosion rebondit en moi, se mêlant au bruit de celles de mon palais il y a deux mois. Et j'ai l'impression de replonger dedans. De sentir à nouveau la mort s'infiltrer dans ma bouche, et me hanter à jamais.

Comme ça a été le cas là-bas.

Mon cœur se fissure. Mes poumons brûlent. Mon air se raréfie. Mais l'adrénaline se met à couler dans mes veines, incontrôlable, et un sursaut d'énergie m'emplit, me permettant alors de me remettre sur mes jambes dénuées de force.

Et je me mets à courir, ce que je croyais alors impossible.

Je ne sais pas ce qui me donne cette énergie nouvelle. Alors que je meurs de l'intérieur. C'est comme si... j'étais aidée.

Par le fond de moi-même.

Je ne sais pas s'il s'agit d'une aide de la Déesse de la Lune, mais je décide de me servir de cette énergie soudaine pour courir et non pour réfléchir. Je ne sens plus mes pieds frapper le sol durement, ni même mon cœur battre.

Plus rien ne vit. Parce qu'Aaron est en danger.

Le feu ravage la maison, menaçant les autres habitations par son ardeur, et menaçant surtout ma vie.

Parce que je ne suis pas stupide.

Le feu n'est pas arrivé par hasard. La maison est régulièrement vérifiée. Alors soit Aaron a fait une mauvaise manipulation... soit une nouvelle personne entre en jeu.

Pour ne plus jamais en ressortir.

J'arrive à toute vitesse devant chez moi, les larmes inondant mon visage. La meute affolée regarde la maison brûler, tandis que les Bêtas se hurlent les uns sur les autres.

Et il n'est pas là.

Ni pour rassurer sa meute, ni pour calmer ses Bêtas et ni pour me soulager moi.

Mes sens s'affolent, ma vue se brouille, le reste infime de mes forces disparaît. Mais malgré ça, mon esprit reste concentré sur un objectif.

Lui.

Celui qui a détruit ma vie. Puis l'a chamboulée. Pour ensuite l'embellir.

Celui qui a donné un nouveau sens, une nouvelle voie, de nouveaux rêves, à ma vie.

Celui qui a tout remis en question du jour au lendemain.

Celui qui m'a fait ressentir toutes les émotions. Absolument toutes.

Celui qui m'a attirée, et celui qui m'a aimée.

Celui qui a été mort en existant toujours.

Comme moi.

Celui qui a vécu un enfer.

Comme moi.

Il y a sept ans, d'après ce qu'il m'a dit sur le retour.

Comme moi.

Celui qui m'a été lié.

Celui qui m'a provoqué les plus diverses et contradictoires des sensations.

Celui qui a été la cause de nombreux choix.

Celui qui m'a toujours priorisée. Même quand nous ne nous entendions pas.

Celui qui a souffert.

Avec moi.

À cause de moi.

Pour moi.

Celui qui m'a montré que les opposés s'attirent. Mais surtout que nous nous ressemblons bien plus que nous ne pouvons le penser.

Celui qui m'a fait croire de nouveau en la vie. Parce qu'au moment de notre rencontre, je comprends désormais que j'étais toujours en train de plonger.

Celui qui a trouvé la force qui était en moi.

Celui qui m'a permis de me relever.

Celui qui m'a aidée et qui a été aidé en retour.

Celui qui m'a donné une place importante dans sa vie.

Celui qui n'a vécu que pour moi jusqu'à maintenant.

Celui qui, aujourd'hui, m'a fait tourner le dos à l'ombre.

Celui qui, aujourd'hui, m'a montré où se trouve le Soleil.

Celui qui, aujourd'hui, est ancré dans ma vie jusqu'à la fin.

Celui qui, aujourd'hui, a pris ma défense contre toutes les personnes qui cherchent à me faire du mal.

Mon esprit est concentré sur celui qui représente désormais le fil qui a été utilisé pour recoudre les morceaux de mon cœur brisé. Il est concentré sur celui qui se trouve en ce moment même dans une maison qui flambe comme un brasier.

Un brasier ardent.

Violent.

Meurtrier.

Alors, sans hésitation, je me précipite vers l'incendie. Sous les cris paniqués des loups-garous qui me voient faire.

- ÉMILIE ! hurle Élijah, en courant après moi pour me rattraper.

Mais c'est à peine si je remarque sa présence jusqu'à ce qu'il me coupe vivement la route.

- Qu'est-ce que tu fais merde ?! C'est trop dangereux !

- AARON EST DEDANS ! hurlé-je en forçant le passage.

- C'est trop tard Émilie ! C'est trop tard ! L'explosion n'a pu que le tuer...

- TU MENS ! TU MENS ! TU M'ENTENDS ?! TU MENS.

Les larmes roulent sur mon visage, alors que la maison s'écroule sur ses fondations. Élijah se transforme alors brusquement et me tire avec force loin de l'incendie.

Sauf que je garde mon regard posé sur le bois qui se consume et les vitres qui explosent.

Et sur mon âme qui hurle... mais qui ne plonge pas.

Alors brusquement, mon aura écrase toutes les personnes présentes, et Élijah me lâche, surpris et plus faible que moi.

- ÉMILIE !

- Je ne peux pas être sans lui, Élijah, tu m'entends ?! Je ne peux pas vivre sans lui, je ne peux plus. Je ne sais même pas comment je le pourrais.

Je vois le visage du jeune homme se décomposer sous mon regard empli de larmes.

- Alors je prends le risque. Pour lui. Au prix de tout ce que j'ai.

Et avant qu'il ne puisse comprendre ce que je viens de lui dire, je me précipite vers le manoir en feu.

Mes jambes ne me portent presque plus. Mon énergie restante atteint presque la barre des zéros. Et je ne sais pas pourquoi je ne tombe pas. Je ne sais pas pourquoi mes jambes ne flanchent pas, pourquoi je ne m'évanouis pas sous la douleur qui réside au fond de mon cœur.

Et je sais encore moins où je viens de recueillir l'énergie pour déployer mes grandes ailes. Et encore moins celle pour me jeter à travers une fenêtre explosée sur quelques carreaux, en plein milieu d'un feu qui ronge les poutres et le parquet de bois.

Alors que l'air est tout simplement irrespirable.

Mais ma volonté, elle, puissante.

Et mon amour, lui, indestructible.

Comme le lien qui me lie à celui que je cherche sous les nuées incommensurables de feu.

***

PDV ÉLIJAH

J'hurle.

Tristan crie.

Damien se précipite pour aller la chercher dans les flammes. Mais au moment où il allait entrer dans la maison, une poutre s'écroule juste devant lui, lui barrant tout passage.

Le séparant complètement de sa Luna.

L'armée commence déjà à jeter des seaux d'eau sur la maison tandis que les loups chargés de la sécurité de la meute arrivent avec des canons à eau.

Je me reprends alors et me charge de diriger les opérations. La meute a été entraînée à réagir en cas d'incendie. Sauf que celui-ci n'aurait absolument jamais dû arriver. Absolument jamais.

Je fronce les sourcils mais mon état actuel ne me permet pas de réfléchir. J'ordonne aux Gammas de jeter un maximum d'eau sur le manoir.

Les mères et leurs enfants ont été mis à l'abri en cas de propagation du feu, mais heureusement, celui-ci, contrôlé par les membres de la meute, n'atteint pas les autres demeures.

Mais j'hurle brusquement d'arrêter le bombardement d'eau quand la voix d'Émilie se fait clairement dans mon esprit :

« Arrêtez ! L'eau est trop lourde ! Le manoir s'effondre sur lui-même ! »

Les tirs d'eau cessent. Ils ont tous entendu la voix de leur Luna.

« Laissez-le brûler jusqu'à ce que je vous dise de lancer l'eau. Ne vous inquiétez pas pour moi. Mettez tout le monde à l'abri. Je reviens. »

Je la supplie de revenir sur-le-champ mais elle ne répond plus. Et, impuissant, je dois regarder désespérément le manoir incendié s'écrouler sur ses fondations, avec le reste de la meute.

Les pierres même ne tiennent plus, cèdent sous le poids du bois qui leur tombe dessus. Les vitres se brisent, les portes explosent, rongées par le feu.

Seule la salle de sport doit sûrement être intacte, étant munie de portes coupe-feu.

Mais tout ce qui est visible à la surface disparaîtra. Ce n'est plus qu'une question de minutes.

Cependant je ne peux pas laisser ça. Alors qu'elle se trouve à l'intérieur, au milieu des flammes.

Alors je m'élance.

Mais trop tardivement. Car le premier étage s'effondre soudainement. Engloutissant tout sur son passage.

Dont le couple Alpha.

Sous les cris des loups qui regardent le feu se consumer de lui-même.

C'est fini.

Je le sens.

C'est fini.

Une bonne fois pour toutes.

Car mon cœur et mon âme brûlent. Me certifiant que l'Alpha et la Luna ne vont pas bien. Ou alors qu'ils ne sont plus.

Le lien de la meute s'agite. S'embrase. Se déchaîne.

En moi.

En nous.

Mais je sais que c'est moi qui souffre le plus.

Quand mes genoux ont rencontré le sol, quand mes yeux rougis par les larmes n'ont pu se décrocher des flammes ardentes, quand mon esprit ne voyait qu'elle.

Elle et seulement elle.

La jeune femme qui, d'aucune manière, n'a pu survivre à la chute de tous les étages d'un coup.

Ni elle, ni lui.

C'est impossible.

Plusieurs fois on les a crus invincibles. Plusieurs fois ils ont tous les deux vécu les plus grands dangers. Mais désormais je me rends compte que rien n'est éternel.

Personne.

Ni rien.

Pas elle. Pas lui. Pas eux.

Et l'amour fou que je porte à Émilie Walter non plus.

Je m'en rends compte... désormais que le manoir vieux depuis plusieurs centaines d'années, vient de le démontrer.

Rien n'est éternel.

Je m'en rends compte.

Rien n'est éternel.

Un jour, mon cœur cessera de battre pour une jeune femme qui n'aura jamais voulu de moi. Un jour, il cessera de battre pour celle qui vient de donner sa vie pour retrouver celui qu'elle aime véritablement.

À la folie.

À l'obsession.

À l'addiction.

Ce soir, je m'en rends compte.

Ce soir, la meute s'en rend compte.

C'en est fini de la légende du plus explosif des couples Alpha.

C'en est fini de l'amour le plus destructeur de l'Histoire des loups-garous. Celui où les deux auraient pu perdre la vie de multiples fois.

C'en est fini de cette rage puis de ce pardon, de cette tristesse puis de ce bonheur, de cette haine puis de cet amour.

C'en est fini de ces deux êtres opposés qui n'arrivaient pas à se ressembler.

C'en est fini d'Aaron Parker et d'Émilie Walter.

Une bonne fois pour toutes.

***

PDV ÉMILIE

Les flammes grésillent autour de moi, menaçantes. Puissantes. Invincibles.

Mais je ne crains pas.

Ni le démon enflammé qui cherche à m'engloutir, ni les pierres brûlées et les morceaux de bois calcinés qui me tombent dessus.

Non, je ne les crains pas.

Parce que je crains pire. Bien pire.

J'attrape le bas de mon t-shirt et le déchire pour poser le morceau de tissu sur mes voies respiratoires. Puis je me fends un chemin parmi les flammes en me concentrant pour trouver Aaron.

Je ne sens plus le lien en moi.

Mais je refuse de m'avouer la vérité. Je refuse d'entendre ce que me disent ardemment mon cœur et surtout mon âme.

Aaron n'est plus conscient.

Évanoui ? Ou mort ?...

Rien que d'y penser, tous mes membres tremblent et une unique larme ravage mon visage.

Je ne peux pas laisser ce risque passer. Perdre cette occasion. Perdre l'espoir qui demeure en moi, malgré le fait que mes pas ne m'ont toujours pas permis de le retrouver lui.

La seule personne pour laquelle je vis encore.

Je souffle en fermant les paupières le temps d'une milliseconde. Juste pour ne pas sombrer. Alors que je perds espoir, tandis que je m'enfonce de plus en plus dans le manoir en proie aux flammes.

Soudainement, je vois l'escalier de bois s'écrouler devant moi. Celui où tant de confrontations entre nous deux se sont déroulées.

Tant de confrontations mais bien plus encore de regards.

Haineux comme désireux.

Quand j'ai décidé de l'ignorer.

Quand je me suis emportée contre lui et qu'il a fait de même.

Quand j'ai été dévorée du regard tandis que je descendais ces marches le soir de la venue de Peter et de sa compagne.

Ces marches qui brûlent désormais. Emportant à jamais un souvenir qui hante chaque femtomètre carré de leurs lattes de bois.

Et je souffre. Parce que je me rends compte que tout est en train de disparaître.

Tous ces souvenirs depuis que je suis arrivée là.

Tous ces souvenirs tristes et heureux mais qui comptent.

Parce qu'ils ont déterminés mon futur.

Mais je comprends désormais que ce qui est en train de se passer signifie que je suis prête.

À me détacher du passé.

Et à me battre.

Pour le futur.

Pour mon futur.

Pour notre futur.




- AARON ! AARONNNNNNNN !

J'hurle.

À m'en arracher le cœur.

Et je chemine entre les flammes qui ravagent les pièces.

Et puis trois poutres de bois s'effondrent juste devant moi. Manquant de peu de m'emporter avec elles.

Alors que je déglutis en les regardant caresser le feu comme une bûche dans une cheminée, je fronce les sourcils en me rendant compte qu'elles ne s'embrasent pas.

Parce que le bois est mouillé.

Complètement.

Soudainement, la moitié du premier étage chute derrière moi, déversant alors des litres d'eau qui se sont infiltrés par les fenêtres dont les carreaux de verre sont brisés.

Et alors je comprends.

Que le reste des loups nous met en danger. En grand danger. Parce que si j'étais quelques mètres en arrière, je ne serais plus.

Ils sont en train de faire s'écrouler le manoir !

« Arrêtez ! L'eau est trop lourde ! Le manoir s'effondre sur lui-même ! » hurlé-je dans ma tête en espérant qu'ils m'entendent.

Les jets d'eau s'arrêtent soudainement, me montrant qu'ils perçoivent bien ma voix.

« Laissez-le brûler jusqu'à ce que je vous dise de lancer l'eau. Ne vous inquiétez pas pour moi. Mettez tout le monde à l'abri. Je reviens. »

Je ne suis pas sûre de ce que j'avance avec ces deux derniers mots. Parce que je ne sais si dans quelques heures mes poumons se soulèveront encore.

Alors que j'ai de plus en plus de mal à respirer, et que je sens la fumée infiltrer le tissu épais posé sur mon nez et ma bouche.

« Encore un petit effort, Émilie... Tu peux le faire... »

J'essaye de me persuader. De me convaincre. Mais je ne sais pas si je tiendrai encore longtemps. J'en doute même.

Mais je persévérai.

Plusieurs minutes encore.

Et j'aperçois enfin une silhouette allongée sur le sol.

Mais vivante.

- AARON ! hurle-je à nouveau en me précipitant sur l'Alpha, inconscient.

Une poutre lui est tombé dessus, provoquant son évanouissement. Et je ne peux pas la dégager sans me brûler.

Parce que la bûche commence à prendre feu sur le dessus.

Lentement mais sûrement.

Je panique et au moment où j'allais appeler les loups pour lancer l'eau, une voix résonne dans mon esprit.

La voix que je n'ai pas entendue depuis des années et des années.

Pas une seule fois.

La voix à laquelle je ne pensais même plus.

La voix que j'avais tant détestée.

Alors qu'elle fait partie de moi.

- Ne fais pas ça Émilie ! Tu vas vous tuer si tu leur demandes d'envoyer l'eau sur le manoir !

Le plafond crépite au-dessus de moi et s'affaisse de plus en plus. Dans quelques minutes, si je ne bouge pas, je serai écrasée.

Sans retour en arrière possible. Alors que déjà mes paupières lourdes manquent de se fermer sous le manque d'oxygène.

Je reprends ses esprits et soudainement, je sais quoi faire. Parce que Céleste vient de prendre le contrôle de mon corps. Et dirige désormais les opérations.

Ce qu'elle n'a pas fait depuis des années.

Ce qu'elle n'a en fait jamais fait.

Alors si elle le fait ce soir, c'est qu'elle sait ce qu'elle fait. Alors je lui fais confiance. Malgré les larmes de rages qui sont en train de dévaler mes joues, malgré tous les coups qu'elle m'a envoyé sans raison, malgré le fait qu'elle a plongé là-bas. Alors que moi, j'ai tenu. Je me suis battue.

Pour tous ceux qui comptaient sur moi.

Céleste m'a abandonnée. Et je croyais que c'était pour toujours. Mais à ce moment-là, j'ai oublié. J'ai oublié qu'elle fait partie de moi comme je fais partie d'elle. Que jamais elle n'aurait pu partir complètement.

Alors malgré la douleur que ça me provoque, malgré le fait que le couteau se retourne lentement dans la plaie qui fissure chacune des cellules composant mon corps, je n'ai pas le temps de laisser libre court à ma rancune.

Pour Aaron.

Alors je laisse mes membres au service de mon ange disparue.

De mon ange déchue.

Mais de mon ange qui revêt une force que je n'ai jamais exploitée.

Alors je comprends que c'est elle qui me permet de tenir depuis l'explosion.

Parce que je comprends désormais que Céleste a décidé de se battre. Parce qu'Aaron s'est battu pour nous.

Elle va subir pour lui. Pour cet homme qui m'a délivrée. Qui nous a délivrées toutes les deux.

Sans même le savoir.

Alors ce soir, dès que je lui laisse le plein contrôle, mon corps agit directement : je déchire un autre bout de tissu de mon haut et en couvre le nez et la bouche de l'Alpha.

Puis je ferme les yeux et fais appel à mes pouvoirs d'ange. Je plonge mon âme dans la forêt. Celle qui revêt mes rêves, mon équilibre, mes souvenirs.

Et un coup de vent claque les murs instables de la maison. Chassant le feu vers l'autre bout de la maison.

Je sens mes cheveux gifler l'air, je sens mes yeux devenus verts par la prise de contrôle de Céleste brûler, et le mistral s'élève violemment, tel un cyclone, imperceptible par l'extérieur.

Et qui au lieu de faire s'écrouler le manoir, lui permet au contraire de tenir en maintenant ses fondations.

Mais je ne suis pas invincible. Je ne tiendrai pas longtemps comme ça.

La poutre qui coince Aaron au sol est projetée contre un mur qui tremble et j'étends mes ailes, tandis que le vent s'atténue.

Trop vite.

Je le concentre alors sur Aaron qui se met à flotter, alors que le feu reprend du territoire. Et je me précipite en volant dans le sous-sol, défaillante alors que je suis désormais en apnée complète.

Dans le sous-sol car c'est le seul endroit où je sens encore de l'air frais.

Je passe les battants coupe-feu de la salle de sport et soudainement mes ailes flanchèrent et je m'écroule sur le sol, presque inerte, tandis qu'Aaron s'étale par terre.

Les larmes coulent le long de mon visage et je regarde tremblante le peu de reste de lumières encore fonctionnelles s'éteindre devant moi. Alors que je murmure :

- L'eau... L'eau...

Mais je sais qu'ils ne m'entendent cette fois-ci pas. Et je sais surtout que je ne tarderai pas à perdre connaissance.

Pour un temps indéterminé.

Alors qu'un feu dévastateur m'arpente, me brûle de l'intérieur.

- L'eau...

Je ne sens plus mon cœur battre. Je ne sens plus mes poumons absorber l'air, je ne sens plus l'oxygène me parvenir.

Mais je me bats. Encore et encore.

Comme il s'est battu. Pour moi. En allant me chercher chez les vampires, en allant me défendre devant les personnes qui sont hostiles, en ayant persévérer malgré mes coups de haine.

Et alors, ce soir, je me bats. Pour lui. Contre moi. Au prix de multiples sacrifices. Au prix de cette jambe désormais entourée d'une attelle mais qui me fait tout de même souffrir le martyre.

Alors je rassemble le reste de mes forces et me traîne jusqu'à Aaron pour dégager ses voies respiratoires. Et chercher à écouter son cœur battre.

Et à mon plus grand soulagement, il bat. Parce que la poutre de bois l'a coincé dans un coin écarté, au sol, là où la fumée ne pouvait pas l'atteindre.

Alors je m'étale sur le dos, et, les lumières du monde déjà éteintes dans une nuit sans étoiles, je gaspille les derniers restes de mon énergies pour murmurer aux loups-garous via le lien :

« L'eau... Lancez l'eau... Sauvés. »

***

PDV ÉLIJAH

- Tu aurais dû ! TU AURAIS DÛ ÉLIJAH !

Je baisse la tête les yeux fermés en laissant la colère de mon Alpha déferler comme un ouragan sur moi.

Alors que je n'y suis pour rien. Et je ne tarderai pas à le clamer haut et fort si Aaron continue.

Parce que je suis moi-même en colère.

Furieux.

Je suis jaloux.

Ce sentiment qui vous dévore, vous déchire. Vous dénigre, vous rabaisse. Vous démotive, vous déprime. Ce sentiment qui vous arrache tout ce que vous avez.

Et votre fierté. Et votre confiance en vous.

Je suis jaloux.

J'ai honte mais je le suis.

Je suis jaloux à en mourir. Le feu me consume. La rage me fait m'arracher la peau. La douleur me donne des envies de suicide.

J'ai mal.

Trop mal.

Parce que je suis jaloux.

De l'homme à qui j'ai juré fidélité et loyauté. De l'homme que j'ai promis de servir jusqu'à la fin. De l'homme qui est bien meilleur que moi. Dans tous les domaines.

Je suis jaloux.

Mais pas de ses compétences. Pas de ses talents. Pas de ses capacités, intellectuelles et physiques.

Non.

Je suis jaloux d'autre chose.

Je suis jaloux de lui car il possède ce pion en plus.

Ce nouveau pion.

Entré sur l'échiquier.

Il y a de cela quelques mois.

La Reine blanche.

Elle est arrivée. Elle a débarqué. Du jour au lendemain. Et en quelques heures, elle a renversé ses ennemis. Elle les a dominés. Les a anéantis.

Sans utiliser la violence.

Sans utiliser sa beauté.

Sans utiliser sa pureté.

Non elle les a anéantis en disséminant.

Toute la chaleur et le bonheur qui se trouvent à l'intérieur d'elle. Qui se dégagent d'elle. Et qui battent. Et se battent. Pour leur liberté.

Émilie a combattu. À sa façon. Elle a décidé des priorités. Des avantages. De ce qui était le plus important.

En laissant le bonheur des autres passer devant elle. Avant elle.

Littéralement.

Elle a tout bafoué. Tout dérangé. Elle a tout simplement mis un gros bordel.

Et pour ça, je lui dis merci.

Parce qu'elle a bouleversé les ténèbres dans lesquels nous nous trouvions tous plongés jusqu'au cou. Sans même le savoir. Elle a débarqué et elle s'est battue. Pour nous montrer qu'au bout du tunnel obscur il y a toujours une lanterne.

Qui vous attend.

Autant une heure que dix ans.

Et ça je l'ai appris. D'elle.

Qu'on doit se battre pour la liberté.

Qu'on doit se battre pour se faire entendre.

Qu'on doit se battre pour ce qui compte vraiment.

Alors je lève mon regard déterminé sur mon Alpha.

Et décide de me battre.

Comme elle.

Face au présent.

Pour elle.

- Elle est assez mature pour décider seule.

Aaron qui continuait des tirades se stoppe soudainement devant mes paroles. Je sais qu'il n'a encore jamais entendu autant d'agressivité de ma part. Car moi non plus.

Mais surtout, je sais qu'il ne voit plus le même homme devant lui.

Car oui, je le sais, j'ai changé. Complètement.

Avant je passais par le raisonnement pour me défendre. Aujourd'hui par la violence.

Et je sais qu'il ne comprend pas. Ce qui a pu me changer à ce point.

Car je suis le seul à le savoir. Même Tristan qui a conscience de mon cas ne peut pas le savoir et encore moins le comprendre.

Les yeux d'Aaron restent impassibles mais je sens, au fond, qu'il est secoué, sonné par mon ton.

- Qu'est-ce que tu as dit ?...

Je garde mon regard profondément ancré dans le sien. Ce que je n'aurais jamais fait il y a de cela quelques mois.

Non, jamais.

Et je me serais encore moins avancé comme je le fais alors à ce moment-là. Pour oser répéter ma phrase sur le même ton :

- Elle est assez mature pour décider seule.

Aaron ne répond tout d'abord pas, puis il reprend ses esprits et réplique sur le même ton :

- Émilie est ta Luna et ta Reine. Tu te devais de veiller sur elle.

Soudainement, à la plus grande stupéfaction du Roi, je lâche un petit rire avant de souffler, des flammes ardentes dans les yeux :

- Donc c'est ça ? Pour toi, Émilie n'est que ta Reine. Ta Luna... Tu te sers d'elle Aaron ! Tu ne l'aimes pas, contrairement à toutes les paroles glamour que tu lui dis.

En moins de deux, je me retrouve projeté contre un mur, avec une violence qui met directement fin à mon adrénaline.

- COMMENT OSES-TU ?! COMMENT OSES-TU ÉLIJAH ?!

Les yeux rouges, il me relève par la peau du cou.

Avant de plonger son regard furieux dans le mien.

Effrayé.

Parce que je sais que je suis allé trop loin.

Mais arrive alors quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas : Aaron ferme les yeux l'espace de cinq secondes, et les rouvre.

Et je découvre alors qu'ils ont retrouvé leur couleur initiale.

Leur noir.

Profond. Implacable. Impassible.

Ce qui achève de m'effrayer. Une bonne fois pour toutes.

- Tu as tellement changé...

Je sens mon cœur bondir en moi. Notamment quand Aaron serre mes épaules entre ses mains.

- Ressaisis-toi Élijah ! Ressaisis-toi !

Je baisse lentement la tête avant de la relever, un air furieux sur le visage. J'aurais presque préféré qu'il me frappe.

- Tu ne peux pas comprendre.

Aaron s'éloigne doucement de moi avant de s'asseoir à son bureau sans me lâcher ne serait-ce qu'une milliseconde du regard.

- Alors explique-moi.

- Tu ne peux pas comprendre, répété-je.

Aaron ouvre ses mains montrant qu'il s'en fiche.

- On a tout notre temps. Et tu le sais très bien. Alors assieds-toi.

Je baisse le regard sur la chaise que le montre Aaron de la main, mais brusquement je me retourne et sors du bureau en claquant la porte.

Je me précipite dans le couloir avant d'atterrir dehors, sous le soleil. Devant moi se dressent les ruines encore restantes du manoir.

Manoir noir de cendres.

Manoir d'où la voix épuisée d'Émilie a surgi. Faisant renaître notre espoir de les revoir.

Nous avons éteint le feu puis nous nous sommes précipités directement dans la salle de sport. Car nous savons tous que c'est le seul endroit qui a pu les sauver de la mort.

Et ça a été le cas.

Aaron et Émilie ont été amenés à l'hôpital tout de suite après. Et Aaron s'est réveillé quelques jours après. Il y a plus d'une semaine.

Tandis qu'Émilie... est restée là-bas.

Inconsciente.

Mais le pire, c'est ce qui résonne en moi. À chaque pensée, à chaque heure, à chaque minute, à chaque seconde qui passe.

Sa phrase.

Qui me montre qu'il n'y a et n'y aura qu'Aaron.

Pour elle.

À jamais.

Et qu'un autre homme ne prendra jamais sa place. Alors mes derniers espoirs se sont effondrés.

Se sont cassé la gueule.

Se brisant en mille morceaux.

Avec mon cœur. Et mon âme. Et mes cris étouffés. Qui se sont éteints.

Mais je reste Élijah. Malgré ce qu'Aaron peut dire, je continuerai de me battre. Comme elle me l'a appris.

Elle qui reste allongée dans un lit d'hôpital. Et qui garde mon cœur prisonnier dans ses mains douces comme de la soie.

Sans même le savoir.

Me tuant alors, peu à peu...

Moi aussi.



Voilà pour ce chapitre ! Vos avis ? J'espère que l'histoire vous plaît !
Place au prochain !
4652 mots

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