EMPTY PLACES » Pierre Gasly

Akhe59 द्वारा

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Seuls les lieux déserts chassent ce goût amer, seul un cœur brisé peut être recollé. अधिक

prologue
un
deux
trois
quatre
cinq
six
sept
huit
neuf
dix
onze
douze
treize
quatorze
quinze
seize
dix-sept
dix-huit
dix-neuf
vingt
vingt-et-un
vingt-deux
vingt-trois
vingt-quatre
vingt-cinq
vingt-six
vingt-sept
vingt-huit
vingt-neuf
trente
trente-et-un
trente-deux
trente-trois
trente-quatre
trente-cinq
trente-six
trente-sept
trente-huit
trente-neuf
quarante
quarante-et-un
quarante-deux
quarante-trois
quarante-quatre
quarante-cinq
quarante-six
quarante-sept
quarante-huit
quarante-neuf
cinquante
cinquante-et-un
cinquante-deux
cinquante-trois
cinquante-quatre
cinquante-cinq
cinquante-six
cinquante-huit
cinquante-neuf
soixante
soixante-et-un
soixante-deux
soixante-trois
soixante-quatre
soixante-cinq
soixante-six
soixante-sept
soixante-huit
soixante-neuf
soixante-dix
soixante-et-onze
soixante-douze
soixante-treize
soixante-quatorze
soixante-quinze
soixante-seize
soixante dix-sept
soixante-dix-huit
soixante-dix-neuf
quatre-vingt
quatre-vingt-un
quatre-vingt-deux

cinquante-sept

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Akhe59 द्वारा

Isis reste blottie contre le jeune homme ses sanglots se sont arrêtés et Pierre n'ose plus bouger par crainte que la crise reprenne. Sa respiration reste haletante, elle ne dit rien. Elle se contente d'étreindre Pierre avec force, jusqu'à en avoir mal aux bras. Elle déteste se sentir si faible et vulnérable quand ses hallucinations prennent le dessus.

- Je suis désolée, bredouille-t-elle tout bas.

Il ne répond rien, elle sent simplement son souffle heurter son visage lorsqu'il soupire. Isis ne saurait dire si son propre corps se détend ou s'il s'agit de celui de Pierre qui se relâche, mais une chose est sûre ; leur étreinte se desserre.

- Pierre, je...

- Arrête de t'excuser, supplie-t-il.

Sa réponse n'est qu'un souffle, sa voix est douce. Il n'est pas agacé et Isis en est soulagée, il ne veut pas encore partir en courant alors qu'elle ne cesse de s'excuser, même quand ce n'est pas de sa faute comme il vient de le faire comprendre sans le dire explicitement.

- Pierre, tu pleures ?

Il ne cherche pas à nier, il sait qu'elle l'a entendu renifler. Il tentait d'être discret, mais il n'a pas pu retenir ses émotions en la voyant dans un tel état de détresse émotionnelle. Pierre sait pertinemment qu'elle ne le questionnera pas plus, ce n'est pas dans ses habitudes.

- Ça va, rassure-t-il d'une voix éraillée tentant de retenir ses sanglots. J'ai eu peur mais ça va mieux maintenant.

- Ça va mieux, répète Isis tout bas.

Les minutes passent, ils restent enlacés sans bouger, sans se regarder. Au fur et à mesure, Isis se détend. Ses fourmillements disparaissent, elle reprend le contrôle de son corps petit à petit. Elle parvient même à glisser ses doigts jusqu'à la nuque de Pierre qu'elle caresse doucement, lui rendant les papouilles qu'il glisse dans son cuir chevelu.

- J'ai terminé de ranger mes dernières affaires, déclare Isis. Ça fait huit ans aujourd'hui et c'est aussi aujourd'hui que je quitte mon appartement.

Elle s'arrête, elle n'ose pas avouer ses craintes à haute voix. Son nez vient se nicher dans le cou du pilote pour humer son odeur, elle ne veut que se détendre et passer au dessus de ses mauvaises superstitions que Pierre devine bien. Elle a peur qu'un autre malheur arrive dans ce nouveau chapitre de sa vie.

- Ça fait huit ans mais j'ai l'impression que c'était aujourd'hui, articule-t-elle d'une voix faible. Ça fait une éternité que ma vie s'est arrêtée pourtant j'ai finalement l'impression d'avancer un peu...

- C'est le cas, je t'assure.

- J'ai peur de ne pas réussir à vivre comme il faut, j'ai peur de ne pas mériter cette seconde chance, ça n'aurait pas du être moi.

Sa voix se brise, elle s'éloigne pour essuyer ses larmes qui reviennent à l'assaut. A peine a-t-elle le temps d'en essuyer que d'autres dévalent ses joues sous le regard bleuté de Pierre. Il vient seulement de réaliser quelle culpabilité monstrueuse écrase ses épaules depuis toutes ses années.

- Tu n'as pas à t'excuser d'avoir survécu, Isis.

Ses mains encadrent son visage, il plante ses prunelles dans les siennes pour s'assurer qu'elle mesure le poids de ses paroles. Pour la première fois depuis plusieurs jours, leurs regards se croisent derrière un rideau de larmes, de voir leurs âmes se déchirer.

- Est-ce que mon père me le dira un jour ?

- Je l'espère si ça peut t'aider à avancer, souffle-t-il en caressant sa joue.

Derrière son faible sourire se cache une tristesse infime, cela n'est pas une compétition mais le constat est devant ses yeux. Isis a bien plus avancé ces derniers mois qu'au cours de ces huit dernières années.

- Je n'y suis jamais retournée mais j'aimerais, explique Isis en baissant les yeux. J'en ai besoin pour tourner la page, je crois que je suis prête à lui dire au revoir...

Ses mains tremblent en disant ses mots si bien que Pierre les enveloppe délicatement dans les siennes pour la rassurer. Ce geste suffit à l'encourager, elle relève son regard vers lui pour murmurer tout bas :

- J'ai jamais dit au revoir à quelqu'un, pas même à maman. J'sais pas comment faire, je... j'ai peur d'y aller et de n'avoir rien à lui dire.

- Ton cœur parlera à ta place, souffle Pierre.

- Même s'il ne bat plus pour lui désormais ?

La brune se pince les lèvres attendant sa réponse qui ne vient pas. Il n'y a que son regard bleuté dans lequel se perdre et le temps semble s'être arrêté jusqu'au moment où ses yeux se posent sur les lèvres rosées de Pierre.

Ces dernières s'approchent inexorablement des siennes pour venir s'y presser dans un tendre baiser. Les paumes brûlantes du jeune homme encadre son visage, il laisse ses lèvres effleurer les siennes avec une infime douceur.

- C'est pas parce que tu m'aimes que tu ne l'aimes plus, lui. Je ne l'ai pas remplacé, j'ai simplement continué à faire ce que Mathieu faisait, c'est à dire t'aimer, souffle Pierre en éloignant sa bouche de la sienne.

Il dépose un dernier baiser sur sa joue, mais Isis le garde près d'elle en pressant sa nuque de ses mains. Elle vient frotter son nez au sien dans un geste affectueux tandis que se croisent leurs regards amoureux et d'un commun accord, le couple finit par se lever.

Il fait nuit noire quand Isis se décide  à partir aux côtés de Pierre. Il est presque dix huit heures lorsqu'ils arrivent dans le onzième arrondissement de la capitale. En remontant la rue de Charonne, Isis sent son cœur s'accélérer considérablement et elle ne peut s'empêcher de presser la main de Pierre dont les doigts sont entremêlés aux siens.

Isis ne pensait qu'il y aurait autant de monde devant le restaurant de la Belle Equipe. Elle pensait que les gens se rendraient au Bataclan et non pas devant cette terrasse. Ses yeux sombres de deviennent rapidement humides face à la multitude de bougies allumées et face aux nombreuses gerbes de fleurs disposées. Des dizaines de mots accompagnent les gestes de commémoration ainsi que des photographies.

- J'aurais dû acheter des fleurs, lâche-t-elle en sentant la panique l'envahir. Je... tout le monde ramène quelque chose et... je... j'ai rien ramené, je... c'est pas... que vont penser les gens...

- Ils ne vont rien penser du tout, l'interrompt Pierre.

Il comprend qu'elle n'est pas convaincue par ce qu'il vient de dire. Il suffit de regarder son regard égaré qu'elle reporte sur Joyce attendant que cette dernière la tire de cet endroit. Isis ne se sent pas à sa place, elle ne se sent pas légitime de se tenir ici sur cette terrasse bien trop souvent présente dans ses cauchemars.

- Isis, regarde-moi.

Sa voix suave la fait tressaillir, elle s'empresse de relever son regard vers ses yeux azurs. Elle se balance nerveusement sur ses jambes, son anxiété ne cesse de s'accroître depuis quelques minutes en même temps que reviennent tous les souvenirs à l'assaut.

- Les fleurs pour Anthoine, commence-t-il tout bas. Si ça ne tenait qu'à moi, je n'en déposerais aucune.

- Mais tu...

- Je le fais chaque année, avoue-t-il. Et je déteste ça, je n'ai pas l'impression que ça me fait avancer de déposer des fleurs. A chaque fois que je les pose, je me demande quand elles vont faner et qui les ramassera pour les jeter... il y a des personnes que ça aide de poser des fleurs, de se rendre sur la tombe d'un proche, d'aller à l'enterrement mais parfois ce n'est pas le cas.

Isis ne peut contenir ses larmes plus longtemps, ces dernières viennt s'échouer sur ses joues. Elle se réfugie dans les bras de Pierre qui l'accueille immédiatement. Il essuie ses larmes en prenant le soin de tirer le bonnet de la brune pour recouvrir ses oreilles rougies par le froid.

- Tu me donnes froid, chat.

- Pierre...

- Si tu n'as pas pensé à ramener des fleurs, ce n'est pas grave. Ça ne veut pas dire que Mathieu ne comptait pas à tes yeux. Tout ça, ça va disparaître, lâche-t-il en désignant l'hommage. Le plus important est la manière à laquelle on pense à eux, ceux qui nous quittent ne disparaissent jamais réellement de nos cœurs.

Et Pierre essuie ses nouvelles larmes avant de comprendre que cela ne sert à rien : elle ne cesse de pleurer. Il se contente de l'étreindre avec force durant de longues minutes jusqu'à ce que ses sanglots s'arrêtent et qu'elle s'éloigne volontairement de lui, tout en laissant le harnais de Joyce entre ses doigts. Il l'observe s'éloigner sur quelques mètres, elle prend le temps de lire les quelques mots inscrits.

Pierre comprend qu'elle a besoin de plusieurs minutes rien que pour elle. Il s'agenouille pour caresser Joyce en l'attendant, il en profite pour resserrer son harnais en constatant que ce dernier est trop lâche. Lorsqu'il relève la tête pour chercher Isis, il l'aperçoit aux côtés d'une femme avec qui elle échange quelques mots, non sans émotions.

L'inconnue se tourne dans sa direction tout comme Isis qui vient de le désigner d'un geste de la tête et Pierre comprend qu'il doit les rejoindre. Il s'approche tout en questionnant sa brune du regard quant à l'identité de cette femme qu'elle présente :

- C'est la maman de...

Pierre n'a pas besoin d'entendre la fin de sa phrase, il a déjà compris. Il essaye de ne pas se laisser submerger par la surprise et par les yeux bleutés de cette femme qui ressemblent comme deux gouttes d'eau aux siens. A la place, il passe un bras autour de Isis en rendant un sourire timide à la mère de Mathieu en se demandant ce qu'il pourrait dire.

- Je... je suis désolé... enfin pour... Mathieu, bredouille-t-il d'une voix fébrile.

- T'as l'air d'être un bon garçon, Pierre. Je suis contente que Isis soit tombée sur toi.

Pierre constate qu'elle semble être une femme chargée de bienveillance, encore plus lorsqu'elle déclare avec une extrême douceur en se tournant vers la brune :

- Tu mérites d'être heureuse, Mathieu le serait aussi en le sachant. Prenez bien soin de vous.

Elle les salue une dernière fois avant de s'éloigner, laissant le jeune couple sonné par cette courte discussion. Isis ne dit rien pendant de longues minutes, elle se contente de caresser Joyce du bout des doigts en suivant le pilote pour regagner son appartement avant leur départ pour Las Vegas.

- Ils ont divorcé, lâche-t-elle soudainement.

- Pardon ?

- Les parents de Mathieu, précise-t-elle. Elle me l'a dit.

Pierre n'est pas surpris, mais il ne montre rien. Cette information semble surprendre la brune qui ne dit rien durant une bonne partie du trajet jusqu'au moment où elle s'arrête en plein milieu d'une rue.

- Il y a un tatoueur, juste ici.

Elle désigne la boutique encore ouverte devant le pilote dubitatif. Il ne dit rien, il l'accompagne simplement lorsqu'elle pénètre dans l'intérieur du bâtiment avec une idée en tête. Il l'observe échanger quelques mots avec le tatoueur présent qui la questionne sur ce qu'elle aimerait.

- Juste ici derrière l'épaule, ce n'est pas gênant la cicatrice ?

- Non, il y en a pour un peu plus heure, souligne le professionnel.

Isis acquiesce en s'installant sous les yeux bleutés de son compagnon. Il ne dit pas un mot. Il l'observe simplement grimacer de temps en temps quand l'aiguille transperce sa peau jusqu'au moment où le tatoueur déclare qu'il a terminé.

Isis insiste pour que Pierre observe le rendu final en même temps qu'elle, ses yeux bleutés se posent sur sa peau qui doit encore cicatriser mais il n'est pas difficile pour lui de lire les mots suivants inscrits sur son épiderme :

"Vous n'aurez ni ma haine, ni ma peine seulement ma pitié"

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isisdebeaumont we were seventeen, now I'm twenty-five...

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pierregasly ❤️🫶🏼

leslivresdejade si fière de toi ❤️

user2531 pas de pardon, pas d'oubli 🇨🇵

camille.dpt ❤️‍🩹

Premier chapitre de cette année 2024 que je vous souhaite d'être incroyable et merveilleuse !

J'avoue être un peu dépitée par les retours sur les précédents chapitres, presque 1000 vues et plus de 100 vîtes sur chaque chapitre pour seulement deux personnes qui commentent... peut-être que l'histoire plaît moins ?

Le chapitre est pour -theoxlade & Olorin95 Merci d'être toujours là <3


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